Film de Pawel Pawlikowski (réalisateur du film Ida), 2018

Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible. La petite histoire et la grande histoire se mêlent, avec pudeur et violence. Mais ce que l’on retient de ce film, ce n’est pas tant l’histoire que la manière de nous la raconter et de nous faire entrer dans l’intimité de cet amour passionnel. Les images sont magnifiques, la photo en noir et blanc somptueuse, les cadrages souvent remarquables, dans un écran au format presque photographique, pas loin du 6 x 6 des photos d’époques. La musique structure le film tel une colonne vertébrale.
L’univers des années 1950 est très bien rendu, que ce soit pour les scènes dans les pays de l’Est ou bien à Paris. De longues ellipses sont comme des éclipses (le nom de la boîte de jazz ou le héros gagne sa vie à Paris), qui nous font partager la grande et la petite histoire avec beaucoup de pudeur. Le fond du récit est pessimiste, mais la beauté de la forme et la présence quasi constante de la musique donnent une impression de légèreté et de paix malgré les multiples sujets de tensions qui traversent le récit. Le cinéaste nous fait entrer dans cette relation et cette histoire avec toutes les gammes de son art, une réussite !