Avec le temps de l’avent qui approche et nous prépare à célébrer Noël, nous sommes amenés à parler aux jeunes de l’incarnation de Dieu en Jésus Christ, et ils nous posent des questions pertinentes. Comment comprendre que Jésus, qui est vraiment Dieu, s’adresse à Dieu comme à un vis-à-vis dans ses prières au Père? Jésus et Dieu ne sont-ils donc pas unis? Le Père serait-il supérieur au Fils dans une hiérarchie divine subtile? Il y aurait donc des sous-dieux? Ou alors Jésus ne serait-il qu’un homme exceptionnel adopté par Dieu pour être un modèle donné aux hommes qui sont loin de la perfection qu’il a su atteindre? Ces grandes questions que nous posent les enfants de l’Œuvre ont été au cœur de débats qui ont déchiré l’Église dans les premiers siècles de son histoire, c’est dire si elles sont complexes. Comment tenir que le Christ est à la foi Dieu et à la foi homme? C’est pourtant ce que nous sommes invités à dire tous les dimanches lorsque nous récitons le Credo: «Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, né de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, consubstantiel au Père. […] Il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme». Les chrétiens croient donc que Jésus est à la foi vrai homme et vrai Dieu. Cela reste un mystère pour nous…

Vrai Dieu

Si Jésus est vraiment Dieu, cela veut dire qu’en le voyant agir, en l’entendant parler, nous voyons et nous entendons Dieu. Jésus nous montre parfaitement ce que Dieu vient vivre avec l’humanité: il se fait proche de nous, il nous accueille quelle que soit notre histoire, notre état de vie, nos origines. Il nous soutient et nous soigne, il nous encourage et nous relève, il nous pardonne et nous ouvre un avenir. Lorsque Jésus parle, c’est Dieu qui s’adresse à nous, lorsqu’il agit, c’est l’action de Dieu qui se révèle. Pour comprendre ce que Dieu vient vivre avec l’humanité il suffit de regarder ce que Jésus met en acte dans ses relations avec les femmes et les hommes de son temps. «Qui voit le Fils voit le Père».

Vrai homme

En découvrant la manière de vivre de Jésus nous sommes aussi invités à contempler ce que l’homme devient lorsqu’il est accompli, lorsqu’il atteint la plénitude de son humanité, lorsqu’il est débarrassé de tout ce qui le défigure et l’aliène. Il est pour nous le prototype de l’homme tel que voulu par Dieu: libre et saint, capable du meilleur, en relation de confiance et d’écoute avec Dieu. C’est ce que nous découvrons dans les Évangiles, tout particulièrement lorsque Jésus d’adresse à Dieu et le prie: il nous donne à voir ce que fait l’homme lorsqu’il a compris que Dieu était pour lui un père plein de tendresse, de compassion, de miséricorde, d’exigence dans l’amour.

Des hommes et des dieux

En Jésus, Dieu se fait homme pour nous dire que nous sommes mystérieusement unis au divin. Jésus nous associe à ce mystère et nous ouvre la voie à une nouvelle compréhension de notre condition: nous sommes, comme lui, de nature humaine et divine, il s’associe à son humanité pour nous unir à sa divinité: «Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité» (phrase prononcée par le prêtre pendant la messe). C’est aussi ce que voulait exprimer Christian de Chergé, un des moines martyrs d’Algérie: «le Verbe s’est fait frère» (en paraphrasant le texte du prologue de l’Évangile de Jean «le Verbe s’est fait chaire», phrase reprise sur le nouvel autel de la chapelle de St-Sa). Il nous revient d’honorer cette part de divinité en devenant véritablement ce que nous sommes déjà en puissance: fils de la lumières et princes de la paix!

Olivier