Dans un univers post-apocalyptique à la Mad Max, un homme part à l’aventure et tente de retrouver une humanité qui semble perdue dans sa lutte pour sa survie. Le dernier combat… Si on veut décourager les meilleures volontés, on pourrait dire de ce film qu’il est en noir et blanc, sans dialogue, que les décors sont minimalistes et qu’il semble fait avec trois bouts de ficelle et un peu de scotch. Ce serait vrai, mais ça ne dirait rien de la fantaisie, de l’inventivité de la réalisation, le jeu presque théâtral des acteurs, ni de la poésie qui se dégage de ce film de jeunesse de Besson. À découvrir !
Étrangement, « Humanité » est le premier mot qui nous est venu à l’esprit après la projection du premier long métrage de Luc Besson (1983). Une humanité fragilisée, en difficulté dans cet univers de ruines persistant sous un désert de sable (après quelle catastrophe ?), alors que dominent la violence et la brutalité, la loi du plus fort pour survivre. Mais cette violence est reléguée en toile de fond, en périphérie, pour mettre en lumière et au cœur du récit la résistance de deux personnages, par des moments forts, et pourtant simples ; le plaisir d’un repas partagé, d’un mot échangé, le seul du film… et quel mot. L’art, l’amitié et l’humour comme rempart à la bestialité.
La musique est rare, souvent fond sonore issu de la scène même, et date assez bien le film dans les années 1980 avec cette basse qui prend parfois des airs cocasses. En revanche les assez belles images en noir et blanc donnent au film un esthétisme relativement intemporel et adapté au scénario. Beaucoup de silence (le vide des ondes…), et le mutisme subi des personnages dont les cordes vocales ne vibrent plus, créent une ambiance particulière, qui nous installe profondément dans le film, et met en valeur le jeu des acteurs, notamment Jean Bouise, Pierre Jolivet et Jean Reno.
La Femme, dans ce monde dominé par la force, devient objet de convoitise et d’attentions, pas exactement pour son bonheur… On la croise brièvement, bien qu’elle représente évidemment une des facettes de l’expression de cette humanité.
C’est l’acteur Maurice Lamy, l’égoutier ici, qui assurera la transition avec le prochain film à l’affiche le jeudi 9 janvier : Delicatessen (de Jean-Pierre Jeunet, et Marc Caro), dans lequel il continue à explorer les tunnels…
Le dernier combat (1983), de Luc Besson