Nous entendrons dimanche 22 septembre cet Évangile qui évoque l’enfance et le service.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Le contexte
Nous sommes en route vers Jérusalem. Jésus, pour la deuxième fois, annonce qu’il va mourir et ressusciter. On voit ainsi un décalage évident entre les paroles de Jésus et la réaction de ses disciples. Pauvre Église, a-t-on envie de dire ! Elle a bien mal commencé…
Qui était le plus grand ?
Alors Jésus répond, et cela vaut pour nous aujourd’hui : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. » Autrement dit, si tu veux être le premier, tu dois te mettre au bout de la queue, être le dernier, et servir. À travers cette phrase lapidaire, le Seigneur inaugure un bouleversement : il renverse les critères qui définissent ce qui compte véritablement. La valeur d’une personne ne dépend plus du rôle qu’elle occupe, du succès qu’elle a, du travail qu’elle exerce, de son compte en banque ; la grandeur et la réussite, aux yeux de Dieu, ont une mesure différente : elles se mesurent sur le service. Pas sur ce que l’on a, mais sur ce que l’on donne. C’est cela qui nous définit vraiment. Au fond, tu veux être important ? Rends service. Voilà le chemin.
À propos du mot « service »
Ce mot apparaît un peu pâle, abîmé par l’usure. Mais dans l’Évangile, il a une signification précise et concrète. Servir n’est pas une expression de courtoisie, c’est faire comme Jésus qui, résumant sa vie en quelques mots, a dit être venu « pour être servi, mais pour servir ». Donc, si nous voulons suivre Jésus, nous devons parcourir la voie que Lui-même a tracée, la voie du service. Notre fidélité au Seigneur dépend de notre disponibilité à servir. Et cela, nous le savons, coûte, parce que « cela a le goût de la croix ». Servir, c’est aider, c’est une manière d’aimer et cela demande des efforts. Mais, au fur et à mesure qu’augmentent le soin et la disponibilité à l’égard des autres, nous devenons plus libres à l’intérieur, plus semblables à Jésus. Plus nous servons, plus nous ressentons la présence de Dieu en nous. En particulier, quand nous servons celui qui n’a rien à nous rendre en retour. En embrassant leurs difficultés et les besoins des plus pauvres, nous découvrons que nous sommes à notre tour aimés et embrassés par Dieu.
La parole et le geste
Jésus, pour illustrer cela, après avoir parlé du primat du service, accomplit un geste. Nous avons vu que les gestes de Jésus sont plus forts que les mots qu’il utilise. Et quel est le geste ? Il prend un enfant et le place au milieu des disciples, au centre, au lieu le plus visible. L’enfant, dans l’Évangile, ne symbolise pas tant l’innocence que la petitesse, pas tant la sagesse que la confiance. Parce que les petits, comme les enfants, dépendent des autres, des grands, ils ont besoin de recevoir. Jésus embrasse cet enfant et dit que celui qui accueille un petit, un enfant, l’accueille. Ce sont à eux que doit s’adresser notre sollicitude : ceux qui ont besoin de recevoir et qui n’ont rien à donner en retour. En accueillant ceux qui sont en marge, délaissés, nous accueillons Jésus parce qu’Il est là. Et dans un petit, dans un pauvre que nous servons, nous recevons également la tendre étreinte de Dieu.
Pour actualiser
Posons-nous quelques questions : moi, qui suis disciple de Jésus, est-ce que je m’intéresse aux petits ou aux puissants ? Ou, comme les disciples ce jour-là, est-ce que je recherche les gratifications personnelles ? Est-ce que je perçois la vie comme une compétition pour me faire une place au détriment des autres ou bien est ce que je crois qu’être le premier signifie servir ?
Pas simple…
Et, concrètement, est-ce que je consacre du temps à des « petits », à une personne qui n’a pas les moyens de donner quelque chose en retour ?
Didier Rocca
PS. Cette réflexion est largement tirée d’une catéchèse du pape François prononcée en septembre 2021