Luc nous relate ici des conseils donnés à ses disciples et plus largement pour ceux qui croient en lui. Cet Évangile sera proclamé le dimanche 23 février, juste avant la reprise des cours suite aux vacances d’hiver.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous.

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile dans une séquence d’enseignement. Après le discours des béatitudes, Jésus enchaine avec une exhortation sur l’amour des ennemis.

Un oxymore
« Aimez vos ennemis » porte dans les termes qu’il contient une contradiction. Pour les disciples, l’ennemi est celui dont Jésus vient de parler, celui qui les détestera, insultera, ou rejettera. Puis-je aimer lorsque je suis détesté ? Puis-je aimer un ennemi ?

L’amour du prochain
Dans l’Ancien Testament, il ne consiste pas à éprouver un sentiment d’affection pour lui. Aimer son prochain, c’est le faire grandir. Jésus nous demande de faire du bien à son ennemi, à le bénir et de prier pour lui. La logique de notre monde est de répondre à la haine par la haine. Pour sortir de cette contagion mortifère, il n’y a que le pardon et l’amour des ennemis.

Plutôt des ennemis de palier…
Nous ne sommes pas confrontés à des ennemis de guerre comme on peut les apercevoir dans des films, mais plutôt à des ennemis de palier. Nous pouvons avoir dans notre entourage une personne qui nous hait ou qui nous calomnie sans raisons. Jésus nous dit : « Cette personne qui te hait, cette personne qui dit toute sorte de mal contre toi, tu dois l’aimer ! »

Mais, comment est-ce possible ?
Si c’est impossible, nous sommes face à un Dieu pervers qui nous fait viser si haut qu’il nous décourage. Si ce n’est pas impossible, c’est donc qu’un chemin praticable s’offre à nous pour aimer nos ennemis. Jésus propose trois pistes : Il nous dit qu’aimer notre ennemi, c’est déjà ne pas le juger, mais aussi ne pas le condamner et enfin s’efforcer de lui pardonner. Ces trois marches vers l’amour de l’ennemi ne peuvent pas être montées uniquement par la force de notre volonté. Ne négligeons pas la grâce de Dieu grâce à laquelle je peux m’engager sur le chemin du pardon. Pour cela, je dois prier pour cet ennemi, une personne pour laquelle Jésus a donné son sang.

Ennemi de qui ?
N’oublions pas aussi que si nous sommes parfois persécutés, nous sommes aussi souvent persécuteurs. Il nous arrive nous aussi de faire du mal sans nous en rendre compte ou en le faisant exprès, d’être l’ennemi de quelqu’un, de dire du mal de lui, de le calomnier, de le jalouser. Jésus nous dit que « la mesure dont nous nous servirons pour les autres servira de mesure aussi pour nous ». Si j’ai fait du mal à une personne sans m’en rendre compte et que je réalise tout à coup mon péché, je serai soulagé si cette personne cherche d’abord à me comprendre, si elle ne m’enferme pas dans mon péché, et si elle m’offre son pardon. Comme le dit Jésus : « Ce que tu veux que les autres fassent pour moi, tu dois le faire pour eux. »

Didier Rocca

Le nom du mois : Miséricorde


Ce mot désigne en hébreu de façon très concrète les entrailles d’une mère qui s’émeuvent lorsqu’elle retrouve son enfant par exemple, mais aussi la bonté, ou encore la fidélité à une relation. C’est aussi en grec le sentiment qui porte à s’émouvoir au spectacle des souffrances d’autrui. Rien à voir avec le sens que l’on prête trop souvent à ce mot, une attitude laxiste sans effet ni consistance, qui manque de clarté et de fermeté et n’a d’autre objectif que de contenter tout le monde.