L’Évangile du mois est celui qui sera proclamé le 12 octobre. Il s’agit d’un récit de miracle étonnant…
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre ; Se tenant à distance, ils lui crièrent : « Jésus, Maître, aie pitié de nous ! »
Voyant cela, il leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. »
Et pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. Se voyant guéri, l’un d’eux revint, rendant gloire à Dieu à haute voix. Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et il le remercia. Or lui était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ? Il n’y a donc eu que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ? » Jésus lui dit : « Relève-toi et va ton chemin, ta foi t’a sauvé.»
Le contexte
Dans ce passage, les données géographiques sont importantes. Jésus se dirige vers le Jérusalem, le lieu de sa Passion, vers la lèpre du monde. Il quitte définitivement sa région de Galilée et arrive dans un territoire très particulier, la Samarie, puisque leurs habitants sont des juifs qui ne reconnaissent pas le Temple de Jérusalem. Les samaritains représentent les « mauvais » croyants.
Dix lépreux…
Étonnant de rencontrer dix lépreux… Pas tant que cela. Les maladies de peau en général, et la lèpre en particulier, étaient signe de malédiction pour ceux qui en étaient victimes. C’est pourquoi, il était fréquent qu’ils se regroupent afin d’avoir un semblant de vie sociale.
Une pièce en deux actes…
Les lépreux ne demandent pas formellement la guérison, ni l’aumône. Jésus suivant la Loi les envoie vers les prêtres qui doivent constater la guérison pour les réintégrer dans la communauté des croyants. L’attitude des dix lépreux est donc pleine de foi puisqu’ils font confiance à Jésus avant même d’être guéris. La première partie de cet Évangile insiste donc sur la puissance de la Parole de Jésus et sur la foi des dix lépreux.
En outre, l’un d’eux semble avoir saisi que Jésus est l’unique prêtre et temple. C’est bien devant lui qu’il se prosterne et qu’il glorifie Dieu. Or c’était un Samaritain. Étonnant ! En règle générale, les Samaritains ne s’associent pas aux Juifs. Et inversement. Notons que la lèpre a réuni, à l’écart du monde, des hommes de ces deux clans. L’impureté unit plus les hommes que la pureté. Or le dessein de Dieu et de son Christ n’est-il pas de rassembler les fils perdus ? Hélas, malade ou guéri, un Samaritain ne pourra aller au Temple de Jérusalem : il en est exclu ! Qui aurait pu dès lors le déclarer pur ? C’est donc ici la pointe de notre récit. Le lieu du Temple ne permet ni la guérison, ni une pleine réconciliation. De la même manière, ce Samaritain ne se rendra pas au mont Garizim (là où se trouve le temple des Samaritains). Il est le seul à avoir reconnu en Jésus celui qui instaure ce nouveau règne de Dieu, unissant, dans la foi, juifs et non-juifs.
Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé
C’est une phrase récurrente dans les récits de miracles de Jésus, qui associe foi et salut. Le salut ne réside pas seulement dans la guérison. Il est une renaissance : « Relève-toi », telle une résurrection, un retour à une vie sociale et religieuse qui trouve sa source dans le Christ. Mais il ne s’agit pas d’un retour à une vie passée ou rêvée. La parole de Jésus n’est pas un constat, un diagnostic, mais un envoi. Pour Luc, le véritable salut consiste en cette écoute de sa parole et cette marche à la suite du Christ, celui qui vient révéler la miséricorde de son Père, envers tous ses enfants.
Pour nous aujourd’hui…
Jésus agit partout dans le monde par son Esprit et il ne faut pas s’étonner qu’il le fasse au profit de toute personne quelle que soit sa culture ou sa religion. Les guérisons opérées par Jésus nous invitent à voir dans toute guérison un signe de son action dans le monde. Elles nous invitent aussi à une guérison de notre foi. Guérir notre foi, c’est faire ce passage de la confiance, de la foi en ses œuvres à l’abandon, à la conversion, à la foi en sa personne.
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Didier Rocca