Dans les églises, les hosties consacrées durant la messe sont conservées dans un petit meuble qui s’appelle un tabernacle, éclairé par une lumière qui indique qu’il contient ce que l’on nomme « la présence réelle ». Pour les croyants, cette présence réelle, c’est celle de Dieu incarné, car pendant la célébration de l’eucharistie le pain sans levain devient, par la consécration et la reprises des gestes et des paroles de Jésus lors de son dernier repas avec les disciples, le corps du Christ. Les croyants ont donc un grand respect pour ces hosties consacrées et gardent précieusement celles qui n’ont pas été consommées lors de la célébration de la messe. C’est devant le tabernacle que les croyants s’inclinent lorsqu’ils rentrent dans une église, et ils sont invités à prier particulièrement devant cette présence réelle : c’est ce que l’on appelle l’adoration eucharistique. Il existe un objet liturgique spécial pour exposer une hostie consacrée et permettre aux croyants de prier, c’est l’ostensoir ; les jeunes de l’Œuvre le découvrent lors du temps d’adoration proposé entre la messe et le loto lors de la grande fête de l’Épiphanie célébrée début janvier.
Dieu en nous
Cette présence réelle et sacramentelle est une invitation à comprendre que si l’hostie consacrée est consommée par les croyants, c’est pour qu’ils deviennent eux-mêmes des tabernacles, c’est-à-dire que Dieu repose en eux, présence réelle et vivifiante. À la sortie de la messe nous devrions nous prosterner les uns devant les autres comme on salue le tabernacle… La présence réelle au cœur de nos existences est encore plus importante que celle qui repose dans le tabernacle, car Dieu agit en nous afin que la Bonne Nouvelle transforme le monde de l’intérieur par l’intermédiaire de nos actes et de notre manière de vivre. C’est pour cela qu’il faut vite sortir de l’église à la fin de la messe pour aller mettre en œuvre et en pratique la présence réelle de Dieu en aimant nos sœurs et frères en humanité.
Dieu en tous
Cette présence réelle dans nos vies déborde donc la communion eucharistique : « Chaque fois que vous êtes réunis en mon nom, je suis présent au milieu de vous » dit le Christ dans l’Évangile. Si la participation à la messe nous fait vivre physiquement cette présence par la consommation de l’hostie, il est bien évident que ce n’est pas de la magie et que ce symbole très fort nous renvoie à la présence de Dieu au cœur de chacune de nos vies, même en dehors de la communion sacramentelle. Il est bien évident que Dieu n’a pas besoin de notre participation à la messe pour être présent dans nos cœurs et pour agir par nos vies. Si la communion a une utilité et une efficacité, c’est parce qu’elle nous aide à comprendre avec notre corps, dans l’expérience physique de la consommation de l’hostie, que Dieu habite en nous. Pour les croyants pratiquants, la communion et la participation aux sacrements est un rappel et un signe de ce qu’ils vivent intérieurement sans toujours s’en rendre compte : par l’amour que nous mettons en œuvre dans nos relation avec les autres, nous laissons Dieu émerger de nos vies, nous le rendons présent. C’est aussi le sens du mot communion qui évoque la relation aux autres dans une qualité intérieure qui produit l’unité. Quand nous « faisons Église », que nous sommes ensemble et que nous mettons l’amour au centre de nos relation, nous communions à cette présence réelle de Dieu.
Dieu dans les plus petits
Dans notre manière de mettre l’amour au cœur de notre vie et de toutes nos relations, nous rendons la présence de Dieu réelle dans le monde. En cherchant à incarner l’amour dans toute notre existence, nous trouvons Dieu enfoui dans la profondeur de notre être. En allant à la rencontre de l’autre, en particulier le plus petit, le plus pauvre, le plus méprisé, le plus défiguré, nous rencontrons Dieu et nous découvrons qu’il est présent dans chaque personne que nous croisons. Cette présence réelle est tellement déroutante et improbable qu’elle semble en contradiction avec une conception mondaine de Dieu et de son rapport à l’humanité, au point que bien souvent nous avons du mal à la comprendre et à l’accepter. Que Dieu soit présent dans ce qui brille et qui est grand, c’est humainement logique, car nous projetons sur Dieu nos rêves de grandeur et de réussite, mais qu’il se révèle dans ce qui est petit et fragile nous demande un déplacement énorme… C’est pourtant bien ce que Jésus nous donne à comprendre par son incarnation. À Noël, Dieu nous fait découvrir sa manière d’être au monde, et elle nous déstabilise. Nous sommes invités à nous laisser déplacer par l’originalité du message chrétien : Dieu n’est pas présent dans la force, dans la violence, dans la puissance mais dans la fragilité, dans l’amour, dans la paix et dans la fraternité.
Olivier