Bien des choses changeraient dans les rapports humains si nous te disions souvent : “donne nous, Seigneur, une tonne d’Amour et deux d’humour.”
Je te le demande puisque tu as dit de te demander. Je sais que, d’une façon ou d’une autre, tu nous exauces déjà.
Je te le demande pour te faire plaisir car j’imagine que tu ne doit pas aimer beaucoup les gens raides, empesés, sérieux en diable. L’expression me plaît : ces gens ne parviennent même plus à se supporter eux-mêmes, tant ils rendent aux autres la vie insupportable.
Je te le demande pour moi, pour mon propre plaisir…
Je te le demande pour ces “autres” qui ne sont pas tellement autre que moi ; j’imagine qu’ils doivent eux aussi, au moins de temps en temps, trouver joie à sourire.
L’humour, je le crois, est l’une des petites sœur de l’humilité, sûrement la sœur cadette de la bonté et la grande sœur de la joie.
Donne moi, Seigneur, de ne pas me prendre toujours au sérieux, de réfléchir avant de parler, mais pas trop, de ne pas corriger tous mes défauts, afin qu’il en reste suffisamment pour que je ne cherche pas ceux des autres. Donne moi, quand même, de dépister un peu les défauts des autres, d’écarter les gros et de m’attarder sur les petits afin que naisse une gentille complicité.
Donne moi de n’être jamais indélicat, de n’être pas exagérément rébarbatif. Donne moi de savoir deviner, de savoir très vite jusqu’ou il est possible d’aller sans aller trop loin… et d’accepter l’humour chez les autres, même s’il est lourd et cuisant pour ma sotte vanité.
Jean Harang