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Lettre du Villard – Octobre 2025

Lettre du Villard

Le Villard, le 8 octobre 2025

Bien cher ami,

Mademoiselle Raynaud a failli ne pas s’en remettre ! Venue nous porter votre première lettre de Shang Haï, notre factrice a remarqué que « Finalement, deux semaines pour venir du bout du monde, ça n’a rien d’excessif ! Quand vous voyez le temps qu’il faut pour qu’une carte postale nous arrive de La Salette ! » Comme elle s’apprêtait à reprendre son couplet habituel sur l’insuffisance des moyens qui font que le service public n’est plus ce qu’il était, Mimiquet a opportunément détourné la conversation sur le prix de sa nouvelle moto de trial dont elle se sert pour sa tournée.
Vous voici donc au bord du Huangpu. Vous avez, dites-vous, été immédiatement confronté au problème de la langue, car les espoirs que vous aviez mis dans votre bonne maîtrise de l’anglais ont été rapidement douchés. « Ne parlons pas, dites-vous, du français qui est ici autant pratiqué que peut l’être le grec ancien en France. »
Je ne suis donc pas certain que le spectacle politique qui, chez nous, se joue en ce moment à guichets fermés et qui passionne d’autant plus ceux qui sont dans la salle qu’ils se doutent bien qu’ils auront à acquitter une rallonge au prix du billet à la fin de la représentation, retienne l’attention des gens avec qui vous vivez.
Nous parlions bien évidemment de cela hier à l’apéritif. L’ami Béraud a offert à notre méditation les propos, rapportés par le journal Le Monde, d’un homme de théâtre franco-libanais, Wajdi Mouawad, qui fait remarquer que lorsque les grands dramaturges grecs du passé ne parvenaient pas à conclure leurs tragédies, ils faisaient intervenir un « deus ex machina »1 pour dénouer d’une manière impromptue une situation sans issue. Et Béraud se demandait quels seraient les dieux qui pourraient, sinon trancher, du moins délier les nœuds gordiens2 qui maintiennent inextricables la situation en Ukraine, le devenir de Gaza, voire, dans un plus modeste domaine, les relations au sein de notre microcosme politique français.
« Nos problèmes franco-français, fit Gastinel en se resservant, sont tout de même moins dramatiques que les deux autres que vous citez et qui, malheureusement, ne sont que la partie, sinon émergée du moins médiatisée, des tragédies de notre temps. L’occlusion intestinale française a quelque chance de régresser à l’issue des élections qui interviendront bien un jour ou l’autre. Cela ne réglera pas le problème de la dette publique mais on peut espérer que ceux qui font tout pour que rien ne marche n’occuperont plus le devant de la scène.
« Il y a tout de même des pays, persifla Poulenc, où cela ne se produit pas ; regardez ce qui se passe en Chine, en Russie, en Iran et sans doute en bien d’autres pays qu’ignorent les médias. Les talibans, notamment, ont une bonne longueur d’avance, et ils viennent même de progresser en efficacité en coupant Internet. Voilà des gens qui ont pris la mesure du problème. Circulez, il n’y a rien à voir. Ni à voir, ni à montrer. C’est comme ça qu’on rend la société homogène. »
Béraud reprit en remarquant que les États qu’il citait n’avaient pas de culture démocratique, qu’ils n’avaient jamais connu la démocratie, ni sous les tsars, ni sous les empereurs, pas plus qu’avec les shahs, les sultans et autres despotes plus ou moins éclairés. Ces peuples n’ont pas eu le temps d’apprendre à vivre en démocratie. Notre démocratie occidentale est d’invention récente puisqu’elle n’a guère plus de deux siècles, même si, en Grèce puis à Rome, on a pu trouver un semblant de démocratie dans ce qui n’était que des oligarchies. « Il ne faut pas se raconter d’histoires, continua-t-il. La démocratie ne va pas de soi et on comprend bien que ceux qui, depuis des millénaires, sont conditionnés dans une soumission aux pouvoirs établis ne puissent adopter spontanément des conduites démocratiques. »
« De fait, reprit Poulenc, à quelques exceptions près, les peuples qui se sont émancipés au cours du dernier siècle mettent bien souvent en œuvre une démocratisation qui n’est que formelle ; il y a bien des élections et un parlement mais les relations de clientélisme subsistent et le régime des castes, que remplace le parti unique, prospère. »
Je suis allé dans leur sens en rappelant que, s’il faut parfois peu de temps pour installer un régime qui se dit démocratique, il en faut en revanche beaucoup pour que les gens apprennent à vivre en démocratie. En Europe occidentale, le premier coup d’arrêt à l’absolutisme du monarque a été donné en Angleterre au xiiie siècle, lorsque les féodaux ont obligé le roi à recueillir leur accord pour lever l’impôt3. Mais il a fallu six siècles pour que, petit à petit, un peu partout sur le Vieux Continent, les nations parviennent à gérer les souverainetés qu’ils avaient conquises. Six siècles ! Sans doute a-t-il fallu tout ce temps pour que la culture chrétienne permette aux peuples encore rudes de se libérer de comportements individualistes, serviles ou tribaux qu’ils traînaient comme des avatars du péché originel !
« Je ne comprends pas, fit Béraud, que des gens aujourd’hui ne veuillent pas admettre l’importance qu’a eue le christianisme dans le développement de l’idée même de la démocratie. Prenez le problème par le bout que vous voulez, ce n’est que dans le monde occidental qui émane de la culture européenne, elle-même émanation du christianisme, que les citoyens peuvent s’exprimer et faire prévaloir des décisions qui traduisent un point de vue majoritaire. Si le christianisme n’avait pas façonné cette culture de référence, nous n’aurions pas découvert cette liberté. La preuve ? Eh bien, regardez ailleurs ! »
Je ne suis pas certain que vous puissiez librement vous ouvrir de cela auprès de vos amis chinois. Peut-être suis-je mal informé… Enfin, sachez qu’au Villard nous nous plaisons à croire en cela. Ici, la vie, « simple et tranquille » , évoquée par Verlaine, suit son cours normal. Ce matin, le Villard s’est trouvé enveloppé par un immense troupeau qui descendait de l’estive pour descendre jusqu’à la grand-route où l’attendaient les bétaillères. Le froid gagne un peu plus chaque jour ; les arbres blondissent puis laissent couler leurs feuilles que le vent balaie en larges risées.
Vous devez en rêver dans la touffeur du Huangpu !
Nos pensées vous accompagnent dans votre nouvelle vie ! Faites-la nous partager !
Et soyez assuré de notre indéfectible amitié.

P. Deladret

  1. Deus ex machina : Dieu sorti de la machine, en référence aux dieux qui étaient déposés sur la scène par une grue pour imposer la paix.
  2. Nœud gordien : ce nœud, dit la légende, liait au joug le timon du char du roi Gordias et ne pouvait être défait ; Alexandre en serait venu à bout en le tranchant d’un coup d’épée.
  3. Il s’agit de la Magna carta de 1215.
2025-10-13T21:23:43+02:00

Édito novembre 2025 > Témoins plus que maîtres

Le pape Paul VI disait en 1974 lors d’une audience générale : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. Il éprouve en effet une répulsion instinctive pour tout ce qui peut apparaître mystification, façade, compromis. Dans un tel contexte, on comprend l’importance d’une vie qui résonne vraiment de l’Évangile ! » Cette réflexion reste d’actualité et concerne l’Église mais aussi toute l’humanité. On le voit bien avec la méfiance de nos contemporains vis-à-vis des politiciens, des syndicalistes, des journalistes et de toute personne en charge de responsabilité. Si les actes ne sont pas en conformité avec les paroles, alors le message est rejeté en bloc. C’est une invitation à l’exigence personnelle pour tous ceux qui ont des responsabilités.

Appel à l’exigence
Il est bien normal que les gens attendent de la part de ceux qui transmettent des messages qu’ils soient à la hauteur de ce qu’ils annoncent. Sinon ils sont considérés comme des hypocrites ou des menteurs. Nous savons que les messagers sont humains, donc imparfaits et perfectibles, mais ils se doivent de tout faire pour avancer vers l’idéal qu’ils annoncent et pour travailler intérieurement à se conformer à ce qu’ils proposent comme chemin positif et de bonheur. Sinon ils sont des donneurs de leçons qui n’appliquent pas ce qu’ils proposent comme chemin de vie. Cela doit nous engager à essayer de vivre du message, et à tendre vers l’idéal que nous annonçons. Le Christ est le seul qui incarne parfaitement la parole de Dieu, au point que de lui seul nous pouvons dire qu’il n’est pas un messager mais qu’il est lui-même le message. Bien que nous soyons incapables d’incarner parfaitement l’Évangile dans nos vies, nous devons nous rappeler que c’est vers ce but que nous devons tendre, c’est tout le sens de l’appel à la sainteté qui nous est adressé lors de notre baptême.

Appel à l’humilité
Les messagers, pour être dignes du message qu’ils portent, doivent se rappeler qu’ils ne sont pas exempts de défauts et que le message lui-même les dépasse, nécessitant leur propre transformation. Les gens acceptent que les responsables aient des limites et ne soient pas parfaits, mais ils peuvent être profondément blessés si les messagers prétendent incarner parfaitement le message et jugent et condamnent alors qu’ils sont eux-mêmes imparfaits. Le message évangélique n’est pas un critère de condamnation mais une Bonne Nouvelle qui soutient les hommes et les femmes dans leur cheminement, les aide à se relever après une chute et à retrouver courage face aux obstacles. Pour les chrétiens, seul le Christ, le seul homme parfait, pourrait être autorisé à condamner. Pourtant, il n’a jamais condamné, mais a toujours accueilli, accompagné, pardonné et invité à la conversion.

Appel à la sainteté
Nous célébrons en ce mois de novembre la fête de la Toussaint. Les saints sont des femmes et des hommes qui se savaient aimés quoi qu’il arrive, qui savaient que Dieu avait déposé en eux sa force d’amour, son Esprit Saint, et qu’ils pouvaient le faire germer et porter du fruit en aimant les autres et en s’engageant afin de faire grandir la solidarité et la fraternité dans le monde. Les saints ne sont pas des gens parfaits, mais ils ont su se laisser travailler par l’énergie d’amour de Dieu. Ils nous sont donnés comme des signes de ce que nous sommes tous appelés à devenir : d’authentiques témoins de la Bonne Nouvelle. Il y a les saints officiels, reconnus par l’Église, qui ont des statues dans les lieux de cultes et leurs noms dans les calendriers, mais il y aussi tous les saints plus discrets, anonymes, que nous honorons en cette fête de la Toussaint, qui n’ont pas fait l’objet d’un procès de canonisation mais qui sont pour nous des repères. Nous en connaissons certainement dans notre entourage, dans nos familles. Ils sont importants pour nous car ils sont abordables ; nous pouvons nous identifier à eux. Nous savons qu’ils ne sont pas parfaits, ce ne sont pas des anges ni des êtres hors-sol, mais ils ont été capables de faire grandir en eux le cadeau de l’amour de Dieu et de le partager avec nous, même de manière très discrète et banale, dans le quotidien d’une vie normale, sans faire des choses exceptionnelles mais en vivant leur vie de manière extraordinaire. Nous sommes invités à mettre nos pas dans les leurs, à avancer vers une vie toujours plus habitée par la foi, l’espérance et la charité, sans prétention mais sans appréhension non plus devant cet idéal qui nous dépasse et peut nous impressionner. Il est normal – et même plutôt salutaire – que nous soyons pris de vertige devant la Bonne Nouvelle que les chrétiens annoncent, car elle nous propose une perfection de vie qui est au-delà de nos forces humaines. Mais dans la foi nous ne sommes pas livrés à nos propres forces, nous croyons que nous sommes habités par l’esprit d’amour de Dieu qui travaille en nous. La conversion consiste a laisser cette énergie grandir et s’épanouir dans nos vies et dans celle des autres. Pour cela il faut la reconnaître, l’accepter et consentir à la faire fructifier.

Olivier

2025-10-13T18:59:05+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2025

Lisons ensemble un court extrait de l’Évangile de la Passion que nous lirons en cette fin d’année liturgique.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : 
« Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.»

Le contexte
À l’occasion du dernier dimanche de l’année liturgique, nous lisons un extrait de la Passion. Les premiers chrétiens ont reconnu en Jésus dans ce récit les traits du vrai Roi.

Trois tentations
Au tout début de la vie publique de Jésus juste après son baptême, on se souvient que Jésus a été tenté trois fois par le diable :
– « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ».
– « Si tu te prosternes devant moi, tu auras pouvoir sur le monde entier ».
– « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ».
Et le diable, nous dit saint Luc, « s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » Remarquons que ces trois tentations sont ici redoublées non plus par Satan mais par trois autres personnes ou groupes de personnes :
– Les chefs des prêtres quand ils disent « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est l’Elu de Dieu ! »
– Les soldats romains quand ils s’écrient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. »
– Enfin, celui que l’on appelle le mauvais larron qui s’adressant à Jésus lui dit : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! »
À chaque fois, des injures et un appel à descendre de la croix ! Le pouvait-il ? Oui. Le fallait-il ? Non. Cela aurait signifié que Jésus renonce à sa mission de sauveur.

Le Sauveur et roi 
qui ne se sauve pas
C’est ici tout le paradoxe du mystère de la Croix qui s’exprime. Celui que les anges de la nativité annonçaient aux bergers est ici sur une croix, victime des moqueries des uns, impuissant face au jugement des autres.
De fait, si Jésus n’est pas capable de se sauver, de faire appel, en cette circonstance, à la puissance de Dieu, comment peut-on lui donner le titre de Messie ? Sa souffrance et sa passivité prouvent bien pour les personnes présentes au pied de la Croix qu’il ne peut pas se l’attribuer. Pourtant, c’est bien en cette apparente inaction que Jésus se révèle Fils et Christ, intercesseur auprès du Père.

Roi sans terre
Comme l’indique l’écriteau, Jésus est condamné sous le motif de « Roi des Juifs ». Un roi sans terre, sans épée, sans armée que même des soldats bafouent. Sa royauté est bien synonyme de l’injustice dont il est victime. Ni Pilate, ni Hérode ne l’ont reconnu comme roi des Juifs, pourtant, malgré son innocence avérée, Jésus est condamné pour ce motif. Sa royauté est tout autre.

Le « bon » larron
Pour beaucoup, pour les juifs, pour les païens comme pour nous, il est bien difficile d’articuler Jésus comme figure royale avec la Croix. La royauté du Christ est étonnante, non pas despote, capricieux, dictateur mais soumis à la liberté de l’homme.
Le bon larron est la figure du bon disciple. Il a la crainte de Dieu. Objectivement, pécheur, assumant sa responsabilité, honnête par rapport à son divin Maître comme par rapport à lui, il ne lui demande pas de le sauver mais de se souvenir de lui. Et Jésus lui répond : Aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis. Deux façons de comprendre cela :
– Quand tu seras mort, tu seras avec moi dans le Royaume de Dieu.
– Se placer dans cette juste relation avec Jésus, c’est cela le paradis. Pas une question de lieu mais de relation. Par conséquent, le bon larron se met auprès de Dieu alors même qu’il est sur la croix.
Cette deuxième interprétation nous invite à considérer le Royaume non pas comme un objectif à atteindre pour après, mais comme un espace de relations accessible dès aujourd’hui.

Didier Rocca

2025-10-13T19:04:31+02:00

Lettre du Villard – Septembre 2025

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 septembre 2025

Bien cher ami,
Les préparatifs de votre séjour en Chine expliquent sans doute que vous n’ayez pu trouver le temps de nous envoyer un petit mot et nous comprenons bien cette situation dont nous ne percevons sans doute pas toute la complexité car ce pays impose, paraît-il, certaines formalités auxquelles nous ne sommes pas habitués. Nous pensons que vous êtes maintenant sur le départ et que Mademoiselle Reynaud, notre chère factrice, aura le plaisir de nous apporter bientôt une lettre de Chine en faisant pétarader sa moto de trial.
Vous avez dû lire dans la Presse que des précipitations importantes avaient affecté la vallée ; rassurez-vous, au Villard, il a plu mais nos chemins et nos maisons ont résisté et les torrents sont restés dans leurs lits. Ces pluies ont donné un regain de vitalité à la végétation qui, en certains endroits, a repris des tonalités printanières. On voit cependant, par ci, par là, quelques feuilles de bouleau blondir et tout nous porte à croire qu’au moins en ce qui concerne les couleurs de la végétation, nous aurons un bel automne.
Nous espérons que ces petits bonheurs nous aideront à supporter le spectacle que va nous donner notre pays. Je n’évoque même pas ce qu’avec nos vieux amis du Villard nous ressentons en considérant que notre vaste monde est dans une sorte de dérapage incontrôlé. Les guerres se perpétuent, l’ordre qu’on avait espéré pouvoir être mondial n’est plus reconnu, même pas du bout des lèvres, les droits ne sont plus invoqués que par ceux qui ne peuvent pas montrer leurs forces et les usages, comme ce qu’on appelait les bonnes manières, sont moqués. Mimiquet, lui-même, nous disait qu’il avait l’impression que nous étions dans une luge sur une piste de toboggan dont on ne voyait pas la fin. L’ami Gastinel a tempéré en estimant que nous étions plutôt dans un bobsleigh car cet engin dispose de freins et d’un moyen de direction. Il n’a pas convaincu Béraud qui a relevé que, si les équipiers de bob portaient un casque intégral, c’était bien parce que ce sport était à haut risque. « En tout état de cause, a-t-il ajouté, que ce soit en luge ou en bob, on arrive toujours plus bas que là d’où on est parti. Et c’est bien ce qui nous pend au nez ! » Poulenc, qui n’est pas encore retourné prendre ses quartiers d’hiver à Lyon, est plus sensible qu’eux à l’évolution des idées et des mœurs ; il ne comprend pas l’intérêt de la violence gratuite, de forme comme de fond, de films qu’on propose, ni des situations marginales que mettent en avant nombre de livres qu’on publie. Et il désespère de ceux qui, après s’être hissés à la tête de partis politiques ou d’organisations syndicales, font assaut de propositions que toute personne tenant compte du contexte sinon mondial, du moins européen, trouvera inadaptées. « On est tenté de penser, constata Béraud, que, contrairement à ce qu’on nous a toujours seriné, l’Histoire n’est pas maîtresse de vie1, que l’expérience ne sert pas et que le premier démagogue venu emporte le morceau, pourvu qu’il ait bien ficelé son propos » « Vous êtes un peu rapide, reprit Poulenc. Qu’une part non négligeable de nos compatriotes ne fasse pas souvent l’effort d’étendre ses regards au-delà de ses préoccupations immédiates et s’en remette à ceux qui sont sensés savoir est bien certain, mais faut-il l’accabler pour autant ? Si elle est ainsi, n’est ce pas parce que les conditions d’existence du plus grand nombre, les mille soucis du quotidien, la vie de famille, les problèmes d’emploi, le pouvoir d’achat – et la liste est sans fin – l’empêchent de lever les yeux au-delà de ce qui accapare leur attention ? » « Si vous voulez, l’interrompit Mimiquet, mais tout le monde n’a pas la tête dans le guidon et, si vous aviez raison, il faudrait se poser la question du bien-fondé des élections au suffrage universel. En effet, si les gens ne voient pas plus loin que le bout de leurs chaussures, pourquoi leur donne-t-on la possibilité de confier les responsabilités les plus importantes à d’autres ? » Vous vous souvenez sans doute de notre conversation de l’été dernier au cours de laquelle Béraud soutenait que si le pays était dans l’état dans lequel il était – et qui n’a pas changé – c’était moins aux élus qu’il fallait s’en prendre qu’au corps électoral. « Après tout, disait-il, ne nous plaignons pas des dirigeants politiques ou syndicaux ; ils sont là parce qu’ils ont été choisis ou parce qu’ils représentaient un pis-aller. Finalement, si les propositions des uns et des autres ne sont pas cohérentes n’est ce pas simplement parce que les Français ne savent pas ce qu’ils veulent ? » Vous aviez relevé que les divisions méthodiquement entretenues conduisaient à l’oubli de l’impérieuse nécessité de travailler à l’élaboration de points de convergence. Et vous vous affligiez que ceux qui sont sur le devant de la scène ne rappellent pas, y compris à leurs troupes, le couple que forment les droits et les obligations dans le Contrat social2. « De fait, a convenu Poulenc, si notre pays dégringole en de multiples domaines, cela est dû sans doute autant à ceux qui sont sur la scène qu’a l’assistance qui est assise dans la salle. On peut toujours reprocher aux premiers de ne rien faire, ou de ne pas faire assez, pour renverser ou infléchir la tendance, mais un nombre croissant de personnes croit encore au mirage d’une société où l’on pourrait, comme dans la Rome décadente, vivre de pain et de jeux3. » « Si vous voulez, constata Mimiquet, mais c’est l’histoire de la poule et de l’œuf : quelle est la cause première ? » J’ai suggéré qu’il n’était pas à exclure que cette cause première ne soit pas à rechercher dans la pensée de certains philosophes, animés peut être en sous-main par le Komintern4, qui, dans le milieu du siècle passé, ont distillé toutes sortes d’idées portant à son paroxysme la remise en cause de notre monde occidental. Le capitaine nous fit sourire en citant César, répondant au docteur Venelle dans la pièce de Marcel Pagnol : « Oh ! alors, si tu fais de la philosophie ! Oh aïe, aïe ! »
Nous nous posons bien des questions sur la société que vous trouverez en Chine, mais nous serions surpris que vous nous appreniez que les dirigeants sont les simples exécutants des aspirations du peuple. Enfin… On peut toujours s’amuser de l’idée.
Nous espérons avoir prochainement confirmation de votre installation sur les bords du Huangpu !
Et vous assurons de nos pensées les plus amicales.

P. Deladret

  1. Ciceron, « L’Histoire est maîtresse de vie », De oratore.
  2. Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, 1762.
  3. En latin « Panem et circenses », Juvenal, Poète latin, Ier siècle, Satire X.
  4. Komintern : Nom donné à l’Internationale communiste créée en 1920 par Lénine.
2025-09-15T18:07:32+02:00

Édito octobre 2025 > Politique & religion

Le climat politique en France n’est pas paisible, et le rapport des religions avec le monde politique est une question complexe. La particularité de la laïcité française insiste sur la séparation des Églises et de l’État, mais elle tombe parfois dans une idéologie antireligieuse qui n’est pas respectueuse de la liberté de conscience ni de la liberté religieuse. Cependant, la question se doit d’être posée car les croyants sont avant tous des citoyens et sont donc partie prenante de la vie de la société. Leurs convictions et leurs conceptions de la vie ne peuvent rester cantonnées à la sphère privée. Les croyants votent, ils travaillent, ils ne sont pas déconnectés de la vie sociale, ils ne sont pas des citoyens au rabais…

Convictions et clivages
Si la laïcité impose la neutralité religieuse à ses représentants, elle ne le demande pas aux citoyens. Une religion qui ne s’incarnerait pas dans des convictions humaines, sociales et politiques n’aurait pas de sens. Nous savons bien que la pratique religieuse ne se réduit pas à la pratique rituelle, mais qu’elle implique aussi des engagements humains et sociaux. La difficulté réside dans le fait que le jeu politique est souvent facteur de clivages et de divisions. Les représentants politique ont des postures à tenir, faute de quoi ils seraient pointés du doigt comme étant sans convictions et inconstants. C’est compréhensible, mais c’est aussi souvent consternant, car du fait de ces postures ils s’interdisent des choix qui seraient bons et justes mais qui ne sont pas dans leur ligne politique, et ainsi, ils se tirent une balle dans le pied, ils se dévalorisent aux yeux des électeurs et ne travaillent plus au bien commun mais à leur survie politique ou à celle de leur parti. Il est souvent difficile de parler politique sans prendre parti et sans entrer dans les clivages idéologiques qui divisent et ne permettent pas des échanges constructifs et apaisés.

Convictions et fraternité
Les croyants ont une vision de l’existence particulière, qui prend en considération la dimension transcendante et spirituelle de la vie ; cela les engage aussi à se positionner sur les grandes questions de société et sur le bien commun. Ils se doivent de veiller à la cohérence de leur vie, et peuvent exprimer leurs convictions ou leurs désaccords, comme tous les autres citoyens. La fraternité et le bien commun sont premiers dans le message chrétien, et cela implique de ne rejeter personne et de travailler à vivre la communion. Parfois cet impératif de fraternité universelle rentre en conflit avec des convictions qui peuvent sembler incompatibles voire intolérables. Les croyants se sentent alors déchirés : comment tenir bon dans l’ouverture aux autres, dans la fraternité, dans la solidarité, dans le souci des plus pauvres, dans l’accueil de l’étranger, et tout à la fois ne pas combattre ceux qui pensent autrement ? Comment arriver à ne pas se fâcher tout en abordant des questions qui fâchent ? Cela peut devenir douloureux et compliqué. Comment trouver la bonne manière de mettre en œuvre la Bonne Nouvelle chrétienne sans tourner le dos à ceux qui ne la comprennent pas ou qui la combattent ? Nous pouvons nous inspirer de l’attitude de Jésus Christ : il n’a rejeté personne, il s’est fait proche de tous, tout en acceptant de se voir rejeté, trahi, jugé, condamné, torturé, tué. Mais cela n’était pas sa volonté, puisque son choix était de montrer l’amour total et universel de Dieu pour tous. Jésus a rencontré les puissants et les hommes forts de son temps, même ceux qui lui étaient opposés, mais il n’a pas changé de cap dans son message de fraternité, de solidarité et d’amour. À l’image du Christ, le chrétien est invité à ne rejeter personne tout en continuant courageusement à se positionner, voire à se révolter contre ce qui est contraire au message évangélique. Cela lui demande un sérieux travail de discernement : il faut distinguer ce qui est relatif de ce qui est vital. Nous pouvons accepter de faire des compromis sur certains points tout en gardant le cap sur l’essentiel. Et surtout il nous faut veiller à ne jamais nous prendre pour Dieu : notre mission n’est pas de juger ou de condamner, mais d’annoncer et de nous engager pour mettre en œuvre dans nos vies ce que nous croyons. Si l’on peut combattre des idéologies, il nous est demandé de ne pas combattre les autres et de ne pas faire l’amalgame entre les idées et les personnes. Sinon comment parler d’amour universel ?

Convictions et liberté
La question se pose alors de savoir si l’on peut, comme chrétien, s’engager en politique ou exprimer des opinions et faire campagne pour un candidat ou un parti politique. Je connaissais un prêtre qui prônait ce qu’il appelait la « chasteté politique » : il avait des convictions, mais comme prêtre il ne voulait pas que ses convictions divisent la communauté qu’il avait pour mission de servir, et donc il n’exprimait pas ses idées politiques, tout en donnant des critères et des repères basés sur l’Évangile, et il votait « blanc », s’abstenant de prendre parti lors des scrutins. Il y en d’autres qui expriment plus ouvertement leurs convictions, prenant le risque de ne plus rassembler toutes les personnes de leur communauté, mais avec sincérité et dans la fidélité à ce que ferait le Christ s’il était à leur place, au risque d’être incompris ou combattus… Il n’y pas de règle, sauf celle de l’amour, du respect et du bien commun. Facile à dire, pas toujours facile à mettre en œuvre.

Olivier

2025-09-15T15:42:35+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2025

L’Évangile du mois est celui qui sera proclamé le 12 octobre. Il s’agit d’un récit de miracle étonnant…

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre ; Se tenant à distance, ils lui crièrent : « Jésus, Maître, aie pitié de nous ! »
Voyant cela, il leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. »
Et pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. Se voyant guéri, l’un d’eux revint, rendant gloire à Dieu à haute voix. Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et il le remercia. Or lui était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ? Il n’y a donc eu que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ? » Jésus lui dit : « Relève-toi et va ton chemin, ta foi t’a sauvé.»

Le contexte
Dans ce passage, les données géographiques sont importantes. Jésus se dirige vers le Jérusalem, le lieu de sa Passion, vers la lèpre du monde. Il quitte définitivement sa région de Galilée et arrive dans un territoire très particulier, la Samarie, puisque leurs habitants sont des juifs qui ne reconnaissent pas le Temple de Jérusalem. Les samaritains représentent les « mauvais » croyants.

Dix lépreux…
Étonnant de rencontrer dix lépreux… Pas tant que cela. Les maladies de peau en général, et la lèpre en particulier, étaient signe de malédiction pour ceux qui en étaient victimes. C’est pourquoi, il était fréquent qu’ils se regroupent afin d’avoir un semblant de vie sociale.

Une pièce en deux actes…
Les lépreux ne demandent pas formellement la guérison, ni l’aumône. Jésus suivant la Loi les envoie vers les prêtres qui doivent constater la guérison pour les réintégrer dans la communauté des croyants. L’attitude des dix lépreux est donc pleine de foi puisqu’ils font confiance à Jésus avant même d’être guéris. La première partie de cet Évangile insiste donc sur la puissance de la Parole de Jésus et sur la foi des dix lépreux.
En outre, l’un d’eux semble avoir saisi que Jésus est l’unique prêtre et temple. C’est bien devant lui qu’il se prosterne et qu’il glorifie Dieu. Or c’était un Samaritain. Étonnant ! En règle générale, les Samaritains ne s’associent pas aux Juifs. Et inversement. Notons que la lèpre a réuni, à l’écart du monde, des hommes de ces deux clans. L’impureté unit plus les hommes que la pureté. Or le dessein de Dieu et de son Christ n’est-il pas de rassembler les fils perdus ? Hélas, malade ou guéri, un Samaritain ne pourra aller au Temple de Jérusalem : il en est exclu ! Qui aurait pu dès lors le déclarer pur ? C’est donc ici la pointe de notre récit. Le lieu du Temple ne permet ni la guérison, ni une pleine réconciliation. De la même manière, ce Samaritain ne se rendra pas au mont Garizim (là où se trouve le temple des Samaritains). Il est le seul à avoir reconnu en Jésus celui qui instaure ce nouveau règne de Dieu, unissant, dans la foi, juifs et non-juifs.

Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé
C’est une phrase récurrente dans les récits de miracles de Jésus, qui associe foi et salut. Le salut ne réside pas seulement dans la guérison. Il est une renaissance : « Relève-toi », telle une résurrection, un retour à une vie sociale et religieuse qui trouve sa source dans le Christ. Mais il ne s’agit pas d’un retour à une vie passée ou rêvée. La parole de Jésus n’est pas un constat, un diagnostic, mais un envoi. Pour Luc, le véritable salut consiste en cette écoute de sa parole et cette marche à la suite du Christ, celui qui vient révéler la miséricorde de son Père, envers tous ses enfants.

Pour nous aujourd’hui…
Jésus agit partout dans le monde par son Esprit et il ne faut pas s’étonner qu’il le fasse au profit de toute personne quelle que soit sa culture ou sa religion. Les guérisons opérées par Jésus nous invitent à voir dans toute guérison un signe de son action dans le monde. Elles nous invitent aussi à une guérison de notre foi. Guérir notre foi, c’est faire ce passage de la confiance, de la foi en ses œuvres à l’abandon, à la conversion, à la foi en sa personne.

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Didier Rocca

2025-09-15T17:56:48+02:00

Édito septembre 2025 > Une Œuvre chrétienne

L’Œuvre a été fondée par un prêtre de Marseille, Jean-Joseph Allemand, qui a créé une communauté pour les jeunes qui s’étaient investis depuis les débuts de cette aventure et qui étaient devenus ses proches collaborateurs. Il leur a proposé de se mettre au service des enfants en s’engageant dans la vie religieuse. Ceux que l’on appelle les Messieurs de l’Œuvre en sont les successeurs. Ce sont des chrétiens qui ont la charge et la responsabilité de mettre en œuvre les intuitions et la mission proposées par Monsieur Allemand et fondées sur l’Évangile.
La mission de l’Œuvre
Notre fondateur a défini la mission de l’Œuvre par une formule qui n’est pas très compréhensible de nos jours : « Aider les jeunes et les membres de la communauté à se sanctifier ». On pourrait dire avec des mots plus actuels : accompagner les jeunes dans leur rencontre avec Dieu, dans leur croissance humaine, afin qu’ils trouvent le sens de leur vie, qu’ils s’épanouissent, qu’ils grandissent en liberté, qu’ils se découvrent aimés et pardonnés, et qu’ils comprennent que le bonheur est dans l’engagement, le partage et le service. Ainsi ils avancent vers l’idéal que le Christ propose comme chemin vers la vie en plénitude. Monsieur Allemand et les responsables de l’Œuvre à sa suite ont ainsi veillé à accueillir le plus grand nombre de jeunes afin qu’ils trouvent leur chemin de sanctification, et pas seulement les jeunes déjà christianisés. Dans le contexte de la fondation de l’Œuvre en 1799, au sortir de la Révolution française, le christianisme avait perdu de son influence dans la société, et certains jeunes accueillis à l’Œuvre étaient issus de famille éloignées de l’Église. D’ailleurs, dans les anciens registres d’inscription qui sont dans nos archives, on trouve devant un grand nombre de noms de jeunes la mention : « tout à faire », pour dire que les enfants n’étaient ni baptisés ni catéchisés.

Pas seulement
 pour les chrétiens
L’histoire de l’Œuvre couvre les xixe et xxe siècle, et au cours de son histoire elle a connu des périodes où les jeunes inscrits étaient presque tous chrétiens. L’Œuvre pouvait être considérée comme une Œuvre pour les chrétiens. L’époque actuelle, pour ce qui concerne l’appartenance religieuse des jeunes inscrits à St-Sa, présente des similitudes par rapport à l’époque des débuts de l’Œuvre. Certains jeunes inscrits ne sont pas baptisé ni catéchisés, issus de familles aux références religieuses mixtes ou indifférentes à la dimension religieuse. Les parents ne sont pas contre le fait que nous proposions à leurs enfants de découvrir le message chrétien et que nous les accompagnions dans une compréhension de la vie ouverte à la spiritualité, mais cette question n’est pas leur première préoccupation. Il y a aussi au sein de l’Œuvre des animatrices et des animateurs qui cheminent et ne sont pas baptisés ; ils sont cependant conscients que la dimension religieuse est au cœur de la vie de l’Œuvre, et ils sont partie prenante de l’aspect spirituel de notre proposition éducative. Ils avancent eux aussi tout en accompagnant les jeunes qui leur sont confiés. On peut donc dire que l’Œuvre est chrétienne bien que n’étant pas seulement pour les chrétiens ni pour faire des chrétiens, car nous ne pouvons pas obliger une personne à être chrétienne, le respect de la liberté de chacun étant un point fondamental de l’acte éducatif.

Une Œuvre chrétienne
La question de ce qui définit une Œuvre chrétienne est donc légitime. Si le but de l’Œuvre n’est pas de s’occuper exclusivement des jeunes chrétiens ou de convertir au catholicisme ceux qui la fréquentent, qu’est ce qui la définit comme chrétienne ? En réalité, l’Œuvre est chrétienne dans ce qui fonde son action et sa conception de la vie et de l’éducation. Nos manières d’accueillir les jeunes, de les accompagner, de les respecter, d’espérer en eux, de pardonner et d’ouvrir un avenir au-delà de l’échec ou de l’erreur, définissent la catholicité de notre action. À la suite du Christ, nous essayons de recevoir chaque jeune comme une personne unique, aimée et dépositaire de potentialités à faire émerger. À la suite des premiers chrétiens, nous essayons de recevoir chaque jeune comme étant le Christ lui-même, considérant que toute personne humaine est habitée par l’esprit d’amour de Dieu. Ainsi, ce qui fait que l’Œuvre est chrétienne, c’est sa manière d’être plus que le public auquel elle s’adresse. Est-ce un renoncement par rapport à la mission que l’Église nous propose d’assumer ? Bien au contraire ; car le but de l’Église n’est pas de s’occuper d’elle-même ni de faire nombre, mais d’être au cœur du monde le signe et le moyen de la présence et de l’action de Dieu. Cette présence de Dieu dépasse l’appartenance religieuse ou la pratique rituelle. Nous accomplissons notre mission chrétienne lorsque nous témoignons de cette foi en la présence de l’esprit d’amour de Dieu dans toute existence humaine. Dans le cadre de l’Œuvre, nous avons la chance d’exprimer en toute liberté notre foi et notre espérance en cette action de l’Esprit Saint dans le cœur des jeunes, tout en respectant la liberté et le cheminement de chacun. Cette liberté et ce respect nous prémunissent de tout pessimisme et de tout prosélytisme. Nous croyons que chaque jeune est habité par l’esprit d’amour de Dieu qui s’incarne de manière mystérieuse en nous, et qui se révèle lorsque nous arrivons à mettre la fraternité et l’amour au cœur de nos relations. Nous sommes invités, à la suite du Christ, à respecter le cheminement de chacun, à nous émerveillés des fruits de cette présence en chacun, et ce faisant nous avançons nous aussi sur notre propre chemin.

Olivier

2025-08-24T14:46:57+02:00

Camp Été 2025 > les Benjamins

Les Benjamins à Orcières-Merlette

Voilà que s’achève déjà le dernier camp de l’année.
Deux semaines qui se sont envolées plus vite que jamais.
En arrivant à Orcières vous n’étiez que connaissances,
Mais vous êtes rentrez à Marseille avec la faculté d’être un groupe comme grande puissance.
Car oui, les rencontres faites pendant ce camp
Sont maintenant des personnes avec qui vous passerez sûrement beaucoup de bons moments.
Grandir dans le même groupe et devenir amis,
C’est le commencement du reste de votre vie.
Aujourd’hui, nous rentrons chez nous avec des souvenirs pleins la tête,
Ou de « refs » comme vous dites :
Counounou, les danses, « pan ! le loup est mort » et autres chansons, vos talents de chasseurs de mouches, les scoubidous à gogo, et bien d’autres encore.
Grâce à tout cela nous avons bien ri, même très fort !
Rien n’aurait été possible sans vous,
Alors merci pour tout.
Ce camp ne marque pas la fin mais bien le début,
Le début du groupe que vous êtes devenus.
Merci aussi aux animateurs d’avoir tout donné,
Et ce tout au long de l’année,
Car ces moments resteront à jamais gravés dans nos mémoires !
Dans l’attente de vous revoir,
Vos animateurs bien aimés
Vous souhaitent un bel été !

Zoé

2025-08-24T10:23:57+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2025

Nous lirons ce passage le 1er juin, en ce dimanche « coincé » entre la fête de l’Ascension et celle de Pentecôte….

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.”
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.
Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !”
– Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.
Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

Le contexte
La parabole précédente invitait les disciples à être des gérants généreux en grâce et en miséricorde de Dieu. Le cadre de cet épisode est cette fois plus conflictuel car la suite des versets voit revenir des pharisiens sur le devant de la scène. Cette parabole vient dénoncer un rapport à l’argent, à la Loi et aux autres pervertis. Remarquons que si on peut être en règle dans notre comptabilité, on ne l’est jamais avec Dieu. N’oublions pas aussi le lien fort entre l’amour de Dieu et du prochain.

 

L’un riche, l’autre pauvre
Dans sa parabole, Jésus commence par présenter deux personnages que tout oppose : l’un est riche, l’autre pauvre ; l’un est vêtu de pourpre, l’autre couvert d’ulcères. La pourpre et le lin n’évoquent pas seulement que cet homme vit dans le luxe, mais cela révèle aussi son rang social élevé. Le riche mène grand train alors que le pauvre n’a accès à aucune miette, et n’a que des chiens pour compagnie. Tout oppose donc ces deux personnes. L’un semble comme béni de Dieu avec ses richesses, son statut social tandis que le pauvre semble maudit de Dieu, miséreux et même misérable.

Le riche anonyme 
et le pauvre Lazare
Méfions-nous des apparences entre ces deux hommes. Le prestige de l’homme vêtu richement le placerait du côté de la bénédiction divine à laquelle n’a pas accès celui qui est apparemment maudit aux yeux des hommes. Mais déjà la parabole introduit un point bénéfique non négligeable en faveur du pauvre : il est le seul ici dont nous connaissons le nom. Le riche est et restera anonyme. En prononçant son nom, Jésus introduit Lazare dans une bénédiction : il est un familier de Dieu. Ce riche anonyme peut, quant à lui, porter tous les noms : celui des pharisiens comme celui de l’auditeur, mais aussi le nôtre.

Un père et deux fils :
 une fraternité malade
Deux fils, Lazare et le riche. Un père, Abraham. Un fils qui se croit loin de Dieu parce qu’il a vécu dans la misère la plus totale et un autre, le riche qui se croit proche parce qu’il a vécu dans l’abondance. Cela ne te rappelle rien ? Cet épisode n’est pas sans liens avec la parabole des deux fils puisqu’il est question aussi de fraternité. À deux reprises, le riche s’adresse à Abraham en disant « Père Abraham » ou« Mon Père ». Certes, il implore son pardon mais il n’en tire pas toutes les conséquences. Le riche a une vision réduite de la fraternité. Jamais, il ne s’adresse directement à son frère. Il ne se rend pas compte que Lazare est son frère. Ses richesses l’ont empêché de communiquer et d’entrer en communion avec lui. Un abîme, un fossé, un monde sépare le riche de Lazare. À notre mort, nous serons sans richesses matérielles mais aurons-nous été fraternels grâce à elles de notre vivant ?

Pour actualiser
Jésus, par sa vie pauvre et sa mort sur la croix, nous rappelle que la bénédiction de Dieu n’est pas liée au statut social ou à la réussite mondaine. En avons-nous bien conscience ? De plus, la fraternité, véritable fil rouge de toute la révélation biblique, reste encore à consolider. À notre mesure, efforçons-nous de regarder toute personne comme un frère, une sœur !

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Didier Rocca

2025-08-24T14:44:51+02:00

Camp Été 2025 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets à Orcières-Merlette

Samedi 5 juillet : Tout commence avec un départ… retardé de 3 heures. Pas grave, les JKD’s en profitent pour poser les bases : règles de vie obligatoires, parce qu’un camp sans règles, c’est pas un camp 🧠. Les présentations s’enchaînent autour des âges, classes, phobies et petites folies de chacun. Le ventre vide se fait sentir, alors direction le repas collectif avec les BJ’s dans la salle de foot en salle. 🍽️
Enfin, c’est le grand départ ! Le trajet se passe dans une bonne énergie : ça sent bon le camp réussi. Arrivés au camping, place au goûter, puis à un tuto montage de tentes. Après l’installation, c’est le rituel du 5/7 : douches et temps libre. Mais la soirée prend une tournure étrange : un alien et un mystérieux homme en costard, nommé « X » venu tout droit de la CIA, rendent visite au camp. Malgré l’aide des JKD’s… l’alien s’échappe. Mais pour combien de temps ?
Dimanche 6 juillet : On attaque fort avec une activité VTT pour certains, pendant que d’autres accueillent un cow-boy et un shérif au camping 🤠. L’après-midi, baignade courageuse dans une piscine à la température glaciaire 🥶💧. Après la messe et le repas, le soir, les Men in Black débarquent, bien décidés à capturer l’alien échappé la veille…
Lundi 7 juillet – Première JAT (journée à thème) : Phinéas et Ferb sont en froid, et leurs amis – Perry, Dr Henz (qui a besoin d’eux pour une expérience) et le colonel Francis – sollicitent l’aide des JKD’s pour les réconcilier. Le matin, place aux souvenirs ; l’après-midi, les duos se forment pour raviver l’amitié. Mission réussie : un vaisseau est construit pour l’expérience de Dr Henz 🚀.
Mardi 8 juillet : Première rando ! Direction la « Cascade de la Pisse » (oui, oui, c’est vraiment son nom). Une balade à travers des paysages magnifiques, avec marmottes et vaches 🐮. Le soir, cinéma à la belle étoile 🌟 !
Mercredi 9 juillet : Journée pleine de jeux et de rencontres improbables : facteurs épuisés, Pokémon déchaînés et fermiers un peu clichés 🎲.
Jeudi 10 juillet : C’est l’heure de quitter le camping. Après un bon repas et des jeux partagés avec les BJ’s, les JKD’s découvrent leur nouvelle maison. Les farfadets arrivent à Orcières pour le grand festival 🎉.
Vendredi 11 juillet : Deuxième randonnée, cette fois dans le Parc national des Écrins. Encore des vaches 🐄, des marmottes, et même un chien-guide de rando improvisé. Le soir, place au théâtre : les JKD’s dévoilent leur créativité sur scène 🎭.
Samedi 12 juillet : Visite d’un parc animalier le matin 🦃🐐, puis l’univers de Clash Royale envahit le camp pour une bataille épique. Le soir, changement d’ambiance : les princesses Disney nous emmènent dans leur monde enchanté 👑✨.
Dimanche 13 juillet :
Accrobranche pour une partie du groupe pendant que l’autre profite du lac tout proche. On échange les rôles l’après-midi 🔁. Retour à la maison pour une messe partagée avec les BJ’s, puis veillée histoires : du rire, des frissons, et des souvenirs 📚🔥.

Lundi 14 juillet JAT : Le jeu du Calamar. Une journée à thème sous le signe de Netflix et d’une compétition éprouvante 🦑. Les JKD’s doivent rembourser leurs dettes de calamars pour pouvoir réouvrir leur restaurant. Le soir, montée à la station pour assister au feu d’artifice 🎆 du 14 juillet.
Mardi 15 juillet : On quitte la maison… donc c’est ménage collectif 🧹 ! Retour au camping pour le repas, les jeux, la baignade et surtout… la veillée tribunal : là où le mal est soigné par le mal ⚖️.
Mercredi 16 juillet : Le matin, les JKD’s animent leur premier jeu : les Lolirock. Après-midi shopping à la station 🛍️, et le soir, visite d’étranges vendeurs de bandes dessinées…
Jeudi 17 juillet : Sortie nautique : paddles, kayaks, pédalos… une balade sur l’eau aussi fun que rafraîchissante. L’après-midi, les JKD’S ont eu la visite de deux sumos, qui nous ont fait découvrir que dans ce sport, il n’y a pas que la force brute qui compte. Le soir, boum avec les BJ’s pour fêter tout ça 💃🕺 !
Vendredi 18 juillet : Paintball au programme pour bien finir ce grand camp 🫟 ! L’après-midi est consacrée aux jeux d’eau, au volley et à la baignade à la base de loisirs. Le soir, on refait le film du camp à travers les meilleures photos et souvenirs. Un beau moment d’émotion.
Samedi 19 juillet : Dernier réveil. Les JKD’s nettoient leurs salles, font le bilan du camp, et prennent le dernier repas tous ensemble. Puis c’est l’heure du retour…
👋 Bonjour les parents, au revoir cher camp. Merci pour cette belle aventure ❤️ !

Maxime

2025-08-24T10:22:19+02:00