Olivier

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Camp Toussaint 2024 > les Benjamins

Les Benjamins à Carabelle

Bienvenue aux nouveaux et ravis de vous retrouver les anciens !
En ce début d’année, déjà beaucoup de choses se sont passées.
Nos Benjamins ont travaillé comme constructeurs et cuisiniers pour chiens,
Joué aux échecs sorciers avec Ginny et Luna, ou même
Animé des stands de fête foraine !
Miyasaki, fondateur des studios Ghibli, leur a aussi rendu visite.
Il a demandé aux Benjamins de l’aider pour une mission importante !
Ni une ni deux, les 35 enfants,
Sur leur balai ont embarqué,

Avec l’objectif d’aider Kiki la petite sorcière dans ses livraisons !

Colis retrouvés et livrés,
Avec Miyasaki, Kiki, Gigi, Tombo et Osono
Rassemblés près de la cheminée, les Benjamins ont visionné le film
Abordant le début de la vie active de la jeune Kiki.
Beaucoup de rires et de jeux à Carabelle,
Entre la rencontre d’amis et la découverte du groupe,
L’autonomie s’est également développée durant ce premier camp.
Les animateurs étaient aussi heureux que les plus jeunes
Et ils espèrent tous vous revoir rapidement !

Zoé

2024-11-18T21:32:16+01:00

Édito décembre 2024 > La mission selon Jésus

Le Christ, dont nous allons célébrer la nativité fin décembre après le temps de l’Avent, nous donne de découvrir ce qu’est la mission voulue par Dieu. Jésus incarne l’engagement de Dieu envers l’humanité, et cela peut inspirer notre propre manière de comprendre et de mettre en œuvre la mission.

Se faire proche
La mission, telle que nous l’appréhendons à la suite du Christ, c’est de se faire proche. Dieu ne nous domine pas, il veut être avec nous, au plus près. Pour que personne ne puisse se considérer comme indigne, il se fait proche des plus petits et des plus pauvres. Les récits de la nuit de Noël nous le montrent : il naît déraciné et pauvre ; on dirait aujourd’hui comme un migrant et un sans-abri. Nous comprenons ainsi que Dieu veut que toute personne, même la plus humble, puisse se sentir rejointe par lui. La mission ainsi comprise implique que nous soyons capables de nous faire proches de tous, non par condescendance mais parce que nous nous reconnaissons nous-même comme des pauvres et que nous assumons notre petitesse et notre fragilité.

Vivre la fraternité
À la crèche, toutes les classes sociales sont réunies, les pauvres, les villageois, les mages étrangers… Notre mission consiste à mettre en œuvre la fraternité universelle. C’est ce que nous rappelons chaque fois que nous prions le Notre Père, nous sommes tous filles et fils du même père. C’est ce que nous célébrons à chaque messe : « … Pour vous et pour la multitude… » Nous sommes invités à lutter contre tout ce qui sépare et divise. Trop souvent on associe religions à divisions alors qu’au contraire elles devraient nous aider à nous relier les uns avec les autres.

Unir le ciel et la terre
Une autre dimension de la mission qui se révèle dès la naissance du Christ, c’est le fait d’abolir la division entre le ciel et la terre. Les anges, êtres célestes par excellence, et les bergers, hommes de basse classe à l’époque, chantent le gloria, ils sont à égalité. Une conception erronée de la religion serait de croire qu’elle sert les échanges entre deux réalités divisées, l’humaine et la divine, tel un commerce ou un marchandage, alors qu’en fait elle nous fait comprendre que ces deux réalités sont unies, comme en Jésus. La mission consiste à accompagner la cohabitation en chacun de nous de l’humain et du divin qui peuvent être en accord et en communion parfaite.

Annoncer une
Bonne Nouvelle
La mission mise en œuvre par Jésus consiste à annoncer une bonne nouvelle. Il ne vient pas pour juger et condamner, mais pour soutenir, relever, encourager. Il indique bien sûr des principes de mesure de nos actes et donne des repères pour faire le bien et cheminer vers un idéal de vie fraternelle, mais il ne les pose pas comme des critères de jugement. Nous comprenons ainsi que la mission à laquelle nous participons consiste à ouvrir un avenir en nous méfiant de nos réflexes de jugement ou de condamnation.

Révéler la présence divine en tous
Le Christ, à l’occasion de toutes les relations qu’il noue avec les femmes et les hommes qui croisent sa route, ne vient pas apporter le divin là où il serait absent ; il vient révéler sa présence au cœur de toute personne. Il insiste sur le fait que cette présence est authentique en ceux qui sont jugés indignes ou impures par les gens bien-pensants. Jésus met souvent en avant des étrangers, des païens, des pauvres, des malades, et il les donne en exemple pour faire comprendre que Dieu ne juge pas sur les mêmes critères que les hommes, qui restent trop souvent à la surface des choses, mais qu’il connaît le cœur des gens et qu’il sait que Dieu habite au plus profond de tous, sans frontière de culture, de classe sociale, de race ou de religion. Dieu est présent dans nos cœurs, sans que nous n’ayons rien à faire pour le mériter. Bien souvent nous ne sommes pas conscients de cette réalité. Nous avons du mal à entrer dans la logique de Dieu et nous croyons qu’il nous faut faire des choses pour mériter que Dieu soit présent en nous, alors qu’il nous précède. La mission consiste à révéler cette présence gracieuse au cœur de toute personne.

Diviniser l’homme
La mission à laquelle Dieu nous associe consiste à diviniser l’humanité, c’est-à-dire à rappeler la vocation à la sainteté qui concerne tout le monde. Jésus invite ses disciples à découvrir qu’ils sont de nature divine. Nous sommes associés à ce projet. Nous sommes invités à reprendre les mots mêmes du Christ qui s’adresse à Dieu comme à un père, ce qui veut dire que nous sommes de sa famille, donc divinisés. Ce n’est pas de la prétention, cela n’est pas la conséquence de nos mérites, c’est une grâce d’adoption de Dieu qui nous rappelle son projet : que nous soyons ses enfants. Nous sommes donc invités à répondre à ce don gracieux en entrant dans une nouvelle compréhension du sens de notre vie et de nos relations. Nous découvrant ainsi aimés et adoptés par Dieu, nous pouvons répondre à cet amour en nous aimant les uns les autres. Ainsi la mission consiste à incarner cette réalité dans nos propres vies pour en témoigner par la qualité de nos relations interpersonnelles. La mission consiste aussi à savoir discerner cette présence divine en l’homme, à savoir nous émerveiller de ce que Dieu réalise en toute personne.

Olivier

2024-11-18T21:22:00+01:00

Camp Toussaint 2024 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets Carabelle

Chers parents, je peux vous dire que ce camp était loin d’être barbant !Nous avons vécu plein d’aventures et de rebondissements. Entre les présentatrices hilares Corinne et Sandrine, les prisonniers à perpétuité et leur plan d’évasion, les rappeurs Jyeuhair et Dadi et leurs disques cachés, les farfadets malicieux Marmite et Potion, les ouvriers anti-squatteurs Fernandez et Frédériqué, les boxeurs complètement fous Mohammed et Ali et les monstres cachés dans la forêt, on peut dire que c’est du beau monde qu’on a rencontré. Sans oublier Mamà Coco, Miguel, Papà Enrique, Hector et Ernesto de la Cruz, les personnages du film « Coco ». Personnages qu’on a aidé à redevenir célèbres grâce à nos talents en musique, maquillage et équilibre, mais aussi et surtout grâce à notre esprit de détective. Esprit qui nous a permis de retrouver tous leurs objets, mystérieusement disparus car plus personne ne les aimait. Et ce n’est pas tout !
Nos temps libres étaient aussi bien chargés avec au programme : constructions de cabanes, parties de football, basket, ping-pong, concours de hula-hoop, expéditions dans la forêt et confections de scoubidous. On peut dire qu’on n’a pas arrêté de s’éclater. Pendant un temps qui fut passionnant, avec beaucoup de sérieux, nous avons discuté du message chrétien et de Dieu. Le lendemain matin : ménage et bilan. L’aprèm : jeu et trajet. Et on était déjà rentrés… Les souvenirs sont déjà là et la hâte du camp de ski aussi.
À très bientôt les JKD’S, et MERCI.

Ruben

2024-11-18T21:34:34+01:00

L’Évangile du mois de décembre 2024

Cet Évangile sera lu le 1er décembre au premier jour du temps de l’Avent, 25 jours pour se préparer à Noël.
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Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Le contexte
Nous sommes à la fin de l’Évangile de Luc et avant de commencer le récit la Passion, l’évangéliste nous présente un récit de nature apocalyptique. Si ce genre littéraire nous est un peu étranger, les interlocuteurs de Jésus y sont habitués. Ne soyons pas étonnés que les évangélistes en général, et Luc en particulier, s’expriment dans la culture et selon les genres littéraires de son temps. User de ce type de récit permet de réveiller les croyants et de leur rappeler la finalité de leur existence. Jésus parle à ses disciples dans le contexte de la destruction imminente de Jérusalem, qui s’est produite en 70 de notre ère.

Jésus parle de sa venue ?
Mais pourquoi donc Jésus parle-t-il de sa venue, alors qu’il est déjà présent ? Il faut comprendre la double venue de Jésus : sa venue dans la chair au jour de l’Annonciation quand Marie l’a accueilli en elle ; mais il ne faudrait pas oublier son autre venue exprimée dans le Credo quand nous disons : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Il s’agit de sa venue à la fin des temps.

Apocalypse Now ?
Les discours apocalyptiques utilisent souvent un langage symbolique comme les tremblements de terre, les famines, et les signes dans le ciel sont des images symboliques pour décrire des bouleversements majeurs. Ainsi, Jésus exhorte ses disciples à rester vigilants et à persévérer dans la foi, même face aux persécutions et aux épreuves. Ces discours ne sont pas seulement des descriptions un peu déprimantes. Jésus promet une Bonne Nouvelle : malgré les tribulations, les difficultés, les épreuves, le Fils de l’homme viendra avec puissance et gloire.

Pourquoi de tels écrits ?
Les discours apocalyptiques de Jésus révèlent avant tout le sens du mal et les conséquences destructrices du péché humain. Il ne s’agit pas de voir les catastrophes comme des punitions divines, mais de saisir que le péché a des répercussions réelles et graves. L’actualité de ces derniers mois en est la preuve, que ce soit dans le domaine diplomatique, climatique ou social.

Quand le futur se mêle au présent
Malgré les descriptions sombres et inquiétantes, Luc ajoute un message d’espérance. La victoire de Dieu sur le mal est une réalité, et il faut croire que le mal n’aura pas le dernier mot. Plutôt que de chercher des prophéties spécifiques dans les textes apocalyptiques, ces textes peuvent être lus comme une invitation à réfléchir sur notre propre situation et à discerner un sens plus profond à accueillir. Luc en parlant du futur parle aussi de notre présent afin que nous nous efforcions de le transformer.
« Contempler ce que l’on espère pour orienter notre façon de vivre » : c’est ainsi que notre archevêque résume la finalité de ces discours apocalyptiques. Contempler ce que l’on espère, c’est-à-dire la venue du Fils de l’Homme, et nous y préparer et orienter ou réorienter notre manière de vivre aujourd’hui.

Didier Rocca

Le nom du mois : parousie


La parousie peut se définir comme étant le retour en gloire de Jésus à la fin des temps. Toutefois, le terme, issu du grec, évoque plus largement la « présence » de Jésus, en tout temps, depuis la création du monde jusqu’aux fins dernières. Par sa naissance, Jésus est venu une première fois dans le monde mais l’eschatologie chrétienne, à travers ce que nous dit la Bible, nous promet une seconde venue du Christ et l’avènement de son Royaume. D’ailleurs, la liturgie au moment de l’Avent et de Noël invite tout particulièrement à prier pour la seconde venue de Jésus. C’est la raison pour laquelle ce passage d’Évangile nous est proposé durant ce premier dimanche d’Avent.

2024-11-18T21:24:58+01:00

Camp Toussaint 2024 > les Cadets

Les Cadets à Carabelle

Il était une fois, les cadets à Carabelle :
Dans une campagne lointaine, éloignée de Marseille et de l’agitation de la ville, un groupe de 36 jeunes rejoignaient l’accueillante maison de Carabelle.
Dans cette demeure entourée de forêt, de chênes et de champs, ils rencontrèrent le groupe des BJ’s où certains retrouvèrent leurs frères et sœurs. Dès le début du camp la rencontre fut au cœur de leurs journées ! Sans plus attendre ils ont écrit et pensé eux-mêmes les règles de vie qu’ils se sont engagés à respecter tout au long du séjour (ils ne peuvent que s’améliorer 🙂 ! ). Ils eurent l’occasion d’aider 4 pays à s’unir : par équipe ils commencèrent à se déplacer, accrochés les uns aux autres, et durent apprendre à se guider mutuellement. La journée s’acheva par une véritable leçon de survie où les « poissons cadets » devaient survivre face à une attaque de requins dans l’obscurité totale. Au cours de ce séjour, les Cadets ont finalement eu l’occasion de rencontrer plusieurs personnages venus leur demander de l’aide ou bien leur proposer des entraînements spéciaux, parfois même ils eurent affaire à des personnages frauduleux…
Les jeunes ont toujours montré beaucoup d’enthousiasme à l’idée de participer à toutes les activités proposées. Que ce soit sous la pluie, recouverts de boue, forcés à changer de chambre, rampant comme des chenilles : les enfants ont profité au maximum du grand air dans la joie et la bonne humeur !
Finalement, bien que certains se connaissaient déjà, ils ont tous appris à se découvrir et ce fut une grande joie pour eux et pour nous de voir ce groupe se former petit à petit.
C’est avec beaucoup de confiance et d’impatience que nous attendons de vous retrouver au prochain camp pour se surpasser sur les pistes !
Nous vous souhaitons de ne pas oublier tous les bons moments vécu lors du camp, de garder en mémoire tous vos fous-rires, et toutes vos spécificités qui font que vous êtes vous ! À bientôt au camp de ski 🎿 !

Roxane & Cosima

2024-11-18T21:41:05+01:00

Lettre du Villard – novembre 2024

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 novembre 2024

Mon cher ami,
Je vous adresse ci-joint le certificat de ramonage que m’a remis le fumiste à qui j’avais demandé de votre part de nettoyer votre cheminée ; il vaut mieux ne pas le conserver au Villard car si, par malheur, votre maison prenait feu, la preuve de votre prudente gestion disparaîtrait. En tout état de cause, s’il vous arrive de l’égarer, il vous suffira de vous souvenir que ce fut le jour où Donald Trump fut réélu, disons choisi par une majorité de grands électeurs. Présentée comme inattendue parce qu’improbable, cette élection ne nous a pas outre mesure surpris ; une amie de ma femme, qui partage son existence entre la France et la Floride, et qui ne paraît pas évoluer dans des sphères trumpistes, nous avait en effet écrit dès la fin de l’été que Trump allait être élu car il représentait ce à quoi aspiraient les Étasuniens. La question n’est pas ici de savoir s’ils ont tort ou raison, s’ils voient plus loin que nous ou s’ils sont d’une autre époque, mais de savoir pourquoi, sur le Vieux Continent, et sans doute plus particulièrement en France, une majorité de gens ont pu penser que Trump serait éliminé. Il est tout de même curieux que les grands médias des deux côtés de l’Atlantique n’aient pas été plus clairvoyants qu’une Française, cultivée, certes, mais extérieure aux milieux dits bien informés. Je racontais cela à Gastinel, alors que nous revenions de la chapelle du hameau où venait d’être célébrée la messe pour les défunts. Le curé de la vallée accède encore à notre demande. Jusqu’à quand pourra-t-il « monter » au Villard ? Et jusqu’à quand la vallée aura-t-elle encore un curé ? Nous prions, certes, pour nos parents et amis défunts, pour qu’ils puissent gagner au plus vite le Paradis, s’ils n’y sont déjà. Mais nous avons souvent l’impression, en ces moments-là, qu’aucun de ceux dont les noms nous reviennent à l’esprit n’en est très loin. Sans doute avons-nous oublié les autres. Finalement, quand nous pensons à eux, est ce que nous ne nous replions pas sur nos souvenirs, sur les moments que nous avons vécus ensemble, autrement dit à notre vie, à ce qu’elle a pu avoir de bon et de moins bon. Ce qui n’est déjà pas si mal !
Mais revenons à l’élection de Trump ! Gastinel n’a pas été outre mesure étonné de cette cécité des médias. « Ma foi ! dit-il, ou bien, ils ne savent pas s’informer, ce dont je doute, ou encore, leur grille de lecture des événements les empêche de tirer les conclusions qui découlent de leurs observations, ou encore ils savent très bien ce qu’il en est mais ils orientent leurs commentaires pour faire passer leurs idées dans l’opinion publique ». « Je comprendrais cela de la part des médias d’outre atlantique, intervint Béraud avec qui nous cheminions. Ceux dont les dirigeants n’aiment pas Trump peuvent essayer d’influencer ceux qui les écoutent ou les lisent, mais je saisis moins l’attitude des médias français dont le paysan du Middle West doit se soucier des analyses comme d’une guigne ». « Sans doute, reprit le colonel très en verve, mais qui nous dit qu’ils n’ont pas la conviction qu’il faut éduquer l’opinion publique européenne pour éviter que des clones de Trump ne prennent racine de ce côté-ci de l’Atlantique ? » « Il est vraisemblable, poursuivit Beraud, qu’ils n’entendent pas catéchiser ceux dont les idées sont bien arrêtées, qu’il s’agisse des lecteurs de Mediapart1 ou de Valeurs actuelles 2. Le terrain leur est plus favorable dans les médias d’information générale qui n’affichent pas de conviction particulière mais qui permettent de toucher sans y paraître une population moins avisée ou plus perméable ». « Si je comprends bien ce que vous dites, glissa Mimiquet qui nous avait rejoints après avoir fermé la chapelle, le journal télévisé, le Dauphiné libéré ou La Provence auraient plus d’influence sur l’opinion publique que L’Humanité ou que Le Figaro. Est-ce que, par hasard, vous ne deviendriez pas complotistes ? »3.
À cet instant, glissa au-dessus de nos têtes un planeur qui, franchissant les Crêtes d’Abriès, piquait dans la vallée. « Ça doit être merveilleux de piloter un planeur, continua sans transition Mimiquet. On doit glisser sans bruit, sans effort, porté par les airs… » « On voit bien, coupa le colonel, que tu n’es pas monté dans un planeur. Quel boucan, à bord ! Tu n’imagines pas le sifflement permanent de l’air sur les ailes ; et le bip-bip des capteurs en bout d’ailes qui s’affolent dès qu’on s’approche d’une paroi ou d’un autre appareil… Et je ne parle même pas de l’attention qu’il faut en permanence porter aux sautes d’humeur de l’atmosphère, aux courants qui déportent, aux ascendances inattendues, aux vents rabattants… N’oublie pas qu’un planeur, si léger soit-il, tombe en permanence et qu’il ne tient en l’air que par le savoir-faire de son pilote qui tire parti du milieu dans lequel il évolue pour se maintenir et avancer ». « Ce que vous dites, dit Beraud, me fait tout à fait penser à l’action du Premier Ministre actuel et de son gouvernement qui, pour parvenir à faire voter le budget par le Parlement, continuer de maintenir l’État gouvernable, suivre la direction que lui impose la situation dont il a héritée et éviter le crash, pilotent dans ce climat hostile par petites touches. Des turbulences… Il y en a ! Alors, en pesant un peu sur le manche à balai, on passe sous les fourches caudines des uns ; d’un coup de palonnier, hop ! on freine une dérive à gauche, ou à droite. Et tout ça dans le tohu-bohu de l’assemblée à côté duquel les sifflements du planeur ne sont qu’un murmure ! » La conversation, tombée un instant sur ce constat partagé, reprit lorsqu’en passant devant notre petit cimetière, Beraud s’est demandé si, finalement, nous n’étions pas tous plus ou moins des sortes de planeurs, obligés en permanence à nous maintenir en l’air, en nous appuyant sur ce qui nous environne, pour éviter de nous laisser tomber du fait de notre propre poids. « Et si, ma foi, dit-il, nous prenons un peu d’altitude, ce n’est tout de même pas mal ! »
J’espère que lorsque votre prochaine lettre nous parviendra, le gouvernement tiendra encore l’air !

Soyez assurés de nos amicales pensées.

PJ : certificat de ramonage

P. Deladret

  1. Mediapart : quotidien d’actualité numérique dont la ligne éditoriale est orientée assez nettement à gauche.
  2. Valeurs actuelles : hebdomadaire d’opinion qualifié par Médiapart d’ultra-conservateur.
  3. Complotiste : partisan de la théorie du complot expliquant un événement comme le résultat d’une action planifiée et dissimulée.
2024-11-18T21:26:39+01:00

Camp Toussaint 2024 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets en Camargue

Le camp a débuté par une marche de quatre heures sur les sentiers camarguais, traversant les magnifiques paysages pour rejoindre le « Camping Paradis » aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Durant le trajet, plusieurs péripéties nous sont arrivées ; comme un changement d’itinéraire qui nous a menés à marcher dans l’eau et plusieurs y sont tombés. Une fois arrivés, nous nous sommes installés dans les mobile homes. Le soir, Joseph et Samy ont animé une veillée inspirée de Prison Break, captivant le groupe avec une ambiance amusante qui a lancé les soirées du camp sur une bonne note.
Le samedi matin, Atzel, Théophile et Titouan ont organisé un jeu autour du thème des Jeux Paralympiques. Ce jeu a permis à chacun de se défier dans des épreuves comme un foot attaché en binôme ou encore un basket assis, ce qui nous a aidés à mieux comprendre ce que ces personnes vivent au quotidien. L’après-midi, nous avons exploré le village des Saintes-Maries-de-la-Mer, profitant de l’occasion pour découvrir les traditions locales comme les arènes vues de l’extérieur, et nous sommes montés sur le toit de l’église, ce qui nous a offert une vue sur toute la ville et la Camargue. Le soir, Vadim, Keiji, et Abel ont animé une veillée inspirée des Tortues Ninja, pleine de moments de rires.
Le dimanche devait être une journée de sorties, entre manade et spectacle de tauromachie dans les arènes. Cependant, la pluie en a décidé autrement, et nous sommes restés dans les mobile homes. Joséphine, Inès et Tabatha ont alors improvisé un jeu sur le thème des médecins à travers les mobile homes, faisant preuve de créativité pour animer la matinée. L’après-midi, le groupe a regardé un film sur le parcours de Mark Zuckerberg, suivi d’un temps de réflexion autour du film. Ensuite, nous avons célébré la messe. Puis la soirée s’est conclue par une veillée animée par Anja, Louison, Léon, Andrea, Joseph et Samy, qui ont offert une introduction très réaliste sur le thème de Squid Game, captivant tous les participants dans un univers de suspense.
Lundi, les animateurs ont préparé une journée à thème autour des « Super Zéros ». Divers jeux ont été organisés pour explorer le côté comique et absurde des héros imaginaires. Et la leçon de cette journée à thème est le fait qu’il ne faut pas toujours être en compétition, mais surtout s’entraider, comprendre l’importance de la cohésion du groupe. La journée a fini sur le fait qu’il fallait aussi s’aider soi-même.
Le mardi, jour de départ, a commencé par un grand rangement des mobile homes pour laisser le camping en ordre. Ensuite, un temps de bilan a permis à chacun de partager ses ressentis du camp et voir si les règles de vie avaient été respectées. Avant de partir, les animateurs ont donné à chaque animé deux euros pour acheter de quoi manger en ville favorisant l’entraide les uns envers les autres. Aux alentours de 14 h, nous avons pris la route pour rentrer à Marseille, où nous sommes arrivés vers 16 h.
Ce camp de Toussaint a offert une belle expérience alliant spiritualité, cohésion et créativité, permettant à chacun de s’imprégner des principes de l’Œuvre de Jean-Joseph Allemand dans une ambiance chaleureuse.

Samy

2024-11-18T21:41:24+01:00

Édito novembre 2024 > Des vases d’argile

Les croyants sont parfois déçus par les porte-paroles de leurs religions. On pourrait s’attendre à ce que les messagers soient à la hauteur du message qu’ils ont pour mission de transmettre et qu’ils soient exemplaires. On est particulièrement consternés quand les messagers ont la maladresse d’adresser des invectives culpabilisantes ou de poser des jugements moralisateurs alors qu’eux-mêmes sont loin d’être parfaits et exemplaires. Cela est vrai de toute personne publique qui assume une responsabilité, mais c’est encore plus décevant lorsque le message est un message d’amour, de justice, de bienveillance et de pardon, tel que véhiculé dans les religions.

Des messagers faillibles
Nous avons bon nombre d’exemples de ces personnalités chrétiennes qui étaient adulées, médiatisées, avec leur consentement ou à leur corps défendant, et qui se sont révélées être de pauvres humains avec leur part d’ombre et de péché. Il n’y a pas beaucoup de grandes familles religieuses, de fondations et d’œuvres caritatives fructueuses qui ne soient pas touchées par des révélations de comportements en opposition complète avec le projet évangélique à la base de leur création, de la part de leurs membres et même parfois de leur fondateurs. On peut comprendre que nos contemporains soient terriblement déçus ou en colère lorsqu’ils découvrent que la personne qu’ils considéraient comme un saint vivant pouvait avoir des comportements douteux, blessants, ou pire, pervers ou criminels.

Un trésor dans 
des vases d’argile
Cette découverte que les porte-paroles restent des être faillibles, et parfois capables du pire, nous rappelle que la Bonne Nouvelle chrétienne est un trésor magnifique déposé dans des vases d’argile fragiles que sont les êtres humains. On ne peut pas se réjouir de ce constat réaliste, cependant, il nous permet de nous rappeler que le messager reste le premier destinataire du message, et que ce qu’il a pour mission d’annoncer ou de transmettre ne le met pas en position de supériorité ni de domination mais reste un garde-fou contre l’idolâtrie ou le moralisme.

Contre l’idolâtrie
C’est un repère pour tous les croyants : la perfection dans la sainteté est un appel et une vocation, mais elle n’est pas à la portée des êtres humains que nous sommes. Cela reste pourtant un objectif pour toute notre existence de disciples du Christ, un phare qui donne du sens à ce que nous vivons. Personne n’est capable d’atteindre l’idéal chrétien, mais c’est une vocation pour tous. C’est en gardant le cap sur le but à atteindre que nous pouvons avancer sur le chemin de l’idéal humain et chrétien annoncé par Jésus, et chemin faisant notre route trace un itinéraire qui va dans le bon sens. Mais nous ne pourrons jamais prétendre avoir atteint le but. Personne, hormis Jésus Christ, n’est le saint parfait et irréprochable, ou l’homme idéal. Toute idolâtrie contient en elle-même le risque immense de la blessure de la déception. La conséquence de cette déception, c’est que trop souvent la personne déçue rejette le message à cause de l’imperfection du messager, comme on le dit de manière triviale : on « jette le bébé avec l’eau du bain ». Nous connaissons des personnes qui ont arrêté toute pratique religieuse suite à une grosse déception.

Contre le moralisme
L’acceptation de la fragilité des messagers de l’Évangile est aussi un rappel à tous les responsables et missionnaires : la mission ne consiste pas à regarder les gens de haut, pour les critiquer, les juger ou les condamner, mais elle consiste à annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour et du pardon de Dieu qui chemine avec nous, qui nous accompagne dans notre marche, qui nous encourage dans nos épreuves, qui nous offre son pardon dans nos égarements, qui nous invite à reprendre le bon chemin et à ne pas baisser les bras lorsque nous avons l’impression que le sommet n’est pas à notre portée. Transformer la religion en moralisme revient à la pervertir et à la trahir. Celui qui fait cela n’est plus un messager mais un traître au message et un repoussoir qui empêche la rencontre du Christ. Toute l’énergie que nous pouvons mettre à regarder notre monde de haut pour le condamner, nous devrions la mettre au service des plus petits et des plus pauvres. Plutôt que nous battre les uns contre les autres en nous critiquant, nous sommes invités par le Christ à travailler à plus de fraternité, à plus de justice, à plus de bienveillance. Ainsi notre regard et nos actions seront orientés vers la seule chose essentielle : annoncer l’amour au cœur du monde et dans l’existence de chacun.

Olivier

2024-10-15T16:24:47+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2024

Cet Évangile sera lu lors le dimanche 10 novembre, après les vacances de la Toussaint.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Le contexte
À la fin de son Évangile, Marc développe cinq controverses entre Jésus et certains de ses contradicteurs (pharisiens, sadducéens, grands prêtres). Le passage de ce dimanche développe la dernière. Nous sommes au Temple, le cœur religieux de Jérusalem.

Une première lecture
Cet Évangile semble à première vue assez simple à comprendre. Jésus nous invite certainement à ne pas nous laisser séduire par ce qui brille, par ce qui est trop voyant, en particulier dans le domaine de la charité.
On se souvient, à la suite de l’incendie de Notre Dame de Paris, d’entreprises très connues annoncer des dons de plusieurs millions d’euros. Soyons sûrs que de nombreuses veuves ont effectué des dons modestes, discrets et ce sont ceux-là qui comptent aux yeux de Dieu. Ainsi, il y a ceux qui aiment être vus et entendus et cette veuve que l’on ne voit pas et qui ne fait pas de bruit. Ce geste petit, humble a beaucoup de prix pour Dieu.

Avançons un peu
Lorsqu’un évangile n’illustre qu’une petite leçon de morale, soyons sûrs que nous sommes passés à côté de l’essentiel. Ici, Jésus invite chacun à déplacer son regard et à progresser d’un don à l’autre.
Un petit don qui vaut tout, va devenir un seuil vers un autre don, qui est le don de soi, l’investissement de sa vie tout entière. Il y a un fossé entre le fait de donner et celui de se donner. C’est ce que fait cette veuve et c’est ce que fera Jésus un chapitre plus loin, lors de sa Passion. Attention, Jésus ne condamne pas le don des riches, pas de leçon de morale facile. Le but n’est pas de condamner les premiers, ni de louer la seconde, mais plutôt de changer de logique :
La veuve, signe d’attente et d’espérance, accomplit un geste sans parole, un geste prophétique. Elle donne, elle a tout donné, tout ce qu’elle a pour vivre. Ce don évoque un autre don, celui du Christ qui donne sa vie.

Pour actualiser
Quel est ce trésor dans lequel déposer sa vie ?
Déposer sa vie en Dieu, en celui qui donne le premier. Savoir reconnaître que c’est lui qui donne. Savoir en retour lui offrir ce qu’il donne.
Le Christ est allé jusqu’au bout de ce don. Il a donné sa vie, accepté le sacrifice, non pas le sacrifice comme on le pense habituellement, un peu volontariste ou masochiste. Son sacrifice est signe d’adhésion à Dieu. Adhérer à Dieu, c’est adhérer à la vie, à la vie plus forte que la mort. C’est, à la suite du Christ, offrir son humanité. C’est parce que je reconnais que tout me vient de Dieu que je peux à mon tour donner et me donner !
Comme la veuve, chacun est invité à aller jusqu’au bout du don, celui de sa vie donnée à Dieu. À la suite du Christ, offrir son humanité ! Recevant tout de Dieu, chacun peut, à son tour, donner et se donner.
Allons encore un peu plus loin…
Ce passage évoque des dons effectués pour l’entretien du Temple. L’histoire nous apprend que ce Temple sera détruit par l’armée romaine en 70. Ainsi cet argent était destiné à entretenir un édifice qui a quasiment disparu. Finalement, un argent jeté par les fenêtres ou presque.
Cet élément renforce l’idée que Jésus ne voulait pas insister sur la nécessité de donner de l’argent avec discrétion (ce qui est bien utile pour l’église et pour de nombreuses associations) mais plutôt sur l’importance du don de soi à travers la figure de la veuve.
Nous comprenons mieux la pédagogie de Jésus qui appelant ces disciples, valorise cette femme comme pour leur dire : « Prenez exemple sur cette femme, il y a un jour et ce ne sera pas dans bien longtemps, vous devrez faire le même choix qu’elle, celui de donner votre vie ».

Didier Rocca

Le nom du mois : veuve


Les veuves sont fréquemment mentionnées tout au long de la Bible, ce qui démontre leur profonde importance aux yeux de Dieu. Les histoires de résilience et de foi, comme celles de Ruth, Abigail et Tamar, servent de balises d’espoir. La Bible souligne l’importance d’apporter aux veuves de l’empathie, de la compassion et un soutien financier.
Elles nous rappellent que personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager !

2024-10-15T16:24:03+02:00

Lettre du Villard – octobre 2024

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 octobre 2024

Bien cher ami,
Votre dernière lettre nous apprend que nous aurons le bonheur de vous revoir prochainement au Villard pour les vacances de Toussaint. Ma femme me faisait remarquer que le ministère de l’Éducation nationale qui a passé au rabot laïc la dénomination des vacances de Pâques continue heureusement d’appeler vacances de la Toussaint celles qui approchent. Cette laïcisation n’est pas sans évoquer l’habitude prise par certains historiens de numéroter les années non plus « av. (ou apr.) J.-C. », mais « EC (Ere commune) ou AEC », pour éviter de faire référence à une civilisation ou à une religion particulière… Vous voyez d’où vient le boulet… Mais revenons aux vacances !
Nous savons combien vous êtes sensible à la variété des couleurs que prennent en cette saison les arbres de notre belle vallée. À ce jour, les mélèzes n’ont pas encore leur belle teinte d’automne mais les bouleaux commencent à dorer et les hêtres à flamboyer. Sans doute les uns et les autres attendent-ils votre arrivée pour se montrer tels que nous les aimons. Nous avons rencontré hier, alors qu’avec Béraud nous revenions des champignons, le brave Mimiquet qui, assis sur le banc de la chapelle, contemplait la vallée. « Franchement, nous dit-il, aucun autre paysage ne pourrait me plaire plus que celui-là. » Je rapportai ce mot à nos amis avec qui le soir-même nous partagions la dernière soupe au pistou de la saison en leur disant combien m’avait touché cet émerveillement renouvelé pour ce qui finalement n’était que son cadre de vie. Gastinel a, de façon abrupte, considéré que c’était parce que Mimiquet ne connaissait pas autre chose. Beraud lui a rappelé que du Bellay qui, pour un homme de son temps, avait beaucoup voyagé, préférait son « petit Liré au Mont Palatin »1. « On voyage beaucoup aujourd’hui, poursuivit-il. Il faut reconnaître qu’il est agréable d’accéder à des paysages, des monuments, des œuvres d’art dont on a entendu parler ou dont on ne connaît que les images. Et puis, on se dépayse, on change de cadre de vie, de rythme, de nourriture, que sais-je ? Je suis assez enclin à penser que la frénésie de voyages dont témoignent certains aujourd’hui est moins l’expression de leur curiosité que leur besoin de trouver des dérivatifs à leur existence. Et je le dis parce que j’ai visité pas mal de pays ! » L’ami Poulenc, qui arrivait justement d’un voyage organisé en Chine, ne s’est pas aventuré à discuter de la finalité de son séjour dans le Céleste Empire mais il nous a dit que ce qui l’avait le plus gêné avait été de ne pas connaître la civilisation du pays et donc de ne pas avoir les clés pour comprendre son art. « C’est notre civilisation qui nous donne l’intelligence de ses œuvres, continua-t-il. Lorsque je regarde, par exemple, le tableau du Mariage de la Vierge de Raphaël, je ne comprendrais pas pourquoi est fleuri le rameau que tient Joseph si je ne connaissais pas La légende dorée2. De façon symétrique, je ne sais ce qu’il convient d’admirer dans telle ou telle représentation de Bouddha. Ne parlons pas de la statuaire hindoue dont le sens des postures nous est parfaitement hermétique. J’ignore si ce qui m’est présenté est remarquable et signifiant. » « Est-ce vraiment important ? remarqua Béraud. Après tout, il n’est pas désagréable de se sentir un peu perdu lorsqu’on veut se dépayser. » Gastinel ayant saisi la balle au bond pour souligner le caractère essentiellement récréatif du tourisme actuel, j’ai tiré de ma bibliothèque, pour leur en donner lecture, un article du recueil de textes Voyages qu’écrivit Stephan Zweig3 en 1926, il y a pratiquement un siècle ! Il l’avait intitulé « Voyageurs ou voyagés ». Il s’offusquait déjà du début des voyages « de masse », des voyages contractuels, comme il dit, où tout est organisé. « Or, écrivait-il, à être voyagé de la sorte, on se contente de passer devant de nombreuses nouveautés sans entrer en elles… Il y a… toujours une contradiction entre le confort, l’objectif atteint sans peine et la véritable expérience vécue. » Et il concluait « Préservons ce carré d’aventure… C’est… l’unique moyen de découvrir non seulement le monde extérieur mais aussi notre univers intérieur. » « Que voulez-vous, enchaîna Beraud, il y a trop de monde, et partout, dans les palais, dans les musées, dans les calanques… Le surtourisme nous submerge. L’élévation du niveau de vie de millions d’hommes dans des pays où il n’y avait que des miséreux – on ne va pas le regretter – et la facilité des voyages en avion – çà, on peut le regretter, ne serait-ce qu’en considération de leur empreinte carbone – font que tout est à portée de tous. Vous allez voir que le dernier luxe va être de rester chez soi ! » Je me suis cru autorisé à rappeler que Pascal4 avait déjà noté que « tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre », mais Gastinel a relevé que le confinement lié à la pandémie de Covid 19 que nous avions connu il y a quatre ans n’avait pas rendu les hommes plus heureux, « sans doute, a-t-il ajouté, parce que ce qui relève de la contrainte ne peut avoir les effets de ce qui relèverait du choix ». Nous avions eu l’occasion d’en parler à ce moment-là et nous nous étions retrouvés sur cette constatation que l’homme qui est un animal social ne peut se réaliser dans l’isolement, sinon quelques êtres d’exception, auxquels, avions-nous conclu en souriant, nous n’appartenions pas.
N’étant pas des êtres d’exception de ce type, nous nous réjouissons par avance à l’idée du plaisir de vous revoir. Dites-nous au plus tôt quel jour vous pensez arriver pour que nous mettions en conséquence en route le chauffage de votre maison. Et sachez qu’une assiette de soupe vous attendra !
Croyez en nos pensées les plus amicales.

P. Deladret

  1. Liré : village d’Anjou cité par Joachim du Bellay (1522 ? -1560) dans son poème « Heureux qui comme Ulysse ».
  2. Le mont Palatin est une des collines de Rome couronnées de palais d’empereurs.La légende dorée, ouvrage écrit au xiiie siècle par Jacques de Voragine, archevêque de Gènes, qui raconte la vie probable ou supposée des saints connus en son temps.
  3. La légende du rameau est rapportée le 8 septembre à la date de la Nativité de la Vierge.
  4. Stephan Zweig, 1881-1942, écrivain autrichien.
  5. Blaise Pascal, 1623-1662, philosophe et mathématicien français.
2024-10-15T16:27:03+02:00