En ce, monde, Seigneur,
nous avons chacun notre place.
Entraîneur prévoyant, depuis toujours tu nous la destinais.
Tu as besoin de nous ici, nos frères ont besoin de nous
et nous avons besoin de tous.
Ce n’est pas le poste que j’occupe, Seigneur, qui est important,
mais la perfection et l’intensité de ma présence.
Qu’importe que je sois avant ou arrière,
si je suis au maximum ce que je dois être.
*
Voici, Seigneur, ma journée devant moi.
Ne me suis-je pas réfugié sur la touche,
critiquant les efforts des autres,
les deux mains dans les poches ?
Ai-je bien tenu ma place,
et quand tu regardais notre terrain, m’y as-tu rencontré ?
Ai-je bien reçu la passe de mon voisin
et celle de l‘autre, tout au bout de la pelouse ?
Ai-je bien servi mes équipiers sans jouer trop personnel
pour me mettre en valeur ?
Ai-je construit le jeu pour que la victoire soit obtenue
et que tous y contribuent ?
Ai-je lutté jusqu’au bout
malgré les échecs, les coups et les blessures ?
N’ai-je pas été troublé par les manifestations des équipiers et des spectateurs,
découragé par leur incompréhension et leurs reproches,
enorgueilli par leurs applaudissements ?
Ai-je pensé à la partie,
n’oubliant pas qu’aux yeux de Dieu ce jeu des hommes
est le plus religieux des offices ?

Père Michel Quoist