Parmi les missions éducatives de l’Œuvre, la prise de responsabilité a une place de choix. Dès que cela est possible, les jeunes sont invités à être responsables. Cela commence par la responsabilité personnelle, l’autonomie, puis une étape supplémentaire est rapidement mise en œuvre, à savoir la responsabilité vis-à-vis des autres, dans le service, la participation aux tâches quotidiennes, l’organisation d’activités, la prise d’initiatives. Depuis la création de l’Œuvre par Jean-Joseph Allemand, cette notion a été primordiale, sans doute parce qu’elle est un fondement de la construction de la personne et qu’elle permet de grandir dans la confiance et dans la foi. Très tôt dans l’histoire de l’Œuvre, les grands ont eu la charge des plus jeunes.

La confiance

Pour prendre des responsabilités il est nécessaire de grandir dans la confiance, qui est d’abord reçue. Ce sont les autres qui expriment par leurs paroles et leurs actes qu’ils croient en nous. Ce regard encourageant et bienveillant permet de croire en soi et d’être capable de répondre de ses actes en assumant des responsabilités. C’est ce qui fonde une grande partie du travail éducatif : faire comprendre à la personne qu’elle est capable, qu’elle peut réussir, que l’on croit en elle et qu’elle peut s’engager au service des autres. Nous savons bien que la confiance donne des ailes et nous permet de réaliser ce qui aurait paru impossible si nous n’avions pas été encouragés. Si l’on ne faisait pas comprendre à l’enfant que l’on croit qu’il est capable de marcher ou de faire du vélo, il s’arrêterait à la première chute en pensant que ce n’est pas dans ses capacités et qu’il n’est pas fait pour cela. Dans tous les apprentissages nous avons besoin du regard des autres et de leurs encouragements. Avant que la confiance soit intériorisée nous avons besoin de la recevoir des autres.

La foi

Dans un registre plus spirituel on emploie un terme qui a la même racine que la confiance : la foi. Nous exprimons par cela que nous fondons notre vie sur l’invisible, sur ce qui n’est pas palpable ou matériellement prouvé. Combien de femmes et d’hommes ont réalisé des merveilles en s’appuyant sur leur foi… Sans avoir de certitude, ils ont pris des risques, ils se sont engagés dans des missions qui paraissaient folles ou impossibles et ont accompli des œuvres extraordinaires. De manière paradoxale, nous constatons que cette dimension de la foi est dans la nature humaine. Même hors du registre religieux : la vie amoureuse se fonde sur ce qui est invisible pour les yeux. On ne peut pas vérifier l’amour matériellement, c’est un sentiment, une émotion, une énergie qui donne la force de poser des actes. Et Dieu sait combien l’amour est le moteur de l’existence. Dans la religion, la foi est aussi à recevoir de la part de Dieu qui exprime qu’il croit en l’humanité, qu’il ne désespère jamais de l’homme, qu’il le sait capable de se relever et de faire les bons choix. Jésus, à l’occasion de toutes ses rencontres, n’enferme jamais l’homme dans son péché mais lui offre le pardon et la guérison, une promesse d’avenir.

La responsabilité

Le responsabilité est le fruit d’une éducation qui a posé de bonnes fondations afin que le jeune soit capable de répondre non seulement de ses propres actes mais aussi de l’existence des autres. Cela peut être vertigineux, par exemple lorsque l’on est parent et que l’on se sait responsable de la vie d’une personne qui n’existait pas avant qu’elle soit conçue par notre désir d’amour et de vie… Je crois que d’une manière moins impressionnante mais tout aussi belle les animateurs vivent cette expérience de la responsabilité lorsqu’ils accompagnent les jeunes dans les années de leur croissance à l’Œuvre. L’éducateur responsable aide à grandir les autres et ce faisant il poursuit sa propre maturation, c’est non seulement vertigineux mais surtout merveilleux ! Savoir répondre de soi, de ses actes et des autres, c’est cela la responsabilité. C’est une manière de nous ouvrir à ce que l’Église appelle la « communion des saints » : nous ne sommes pas des être isolés dans des bulles, comme cela a été imposé à beaucoup d’entre nous durant le confinement, nous sommes des personnes reliées, nourries par les relations, responsables de nous-mêmes et de ce que nous nous donnons les uns aux autres

Olivier