Tabernacles vivants
Les tabernacles qui sont dans nos églises sont des boîtes décorées qui renferment les hosties consacrées qui n’ont pas été consommées pendant les messes. On appelle cela « la sainte réserve », symbolisée par une lumière permanente, et on la respecte scrupuleusement car, pour les catholiques, c’est le corps du Christ en personne qui s’y trouve. Les croyants prennent souvent le temps de prier devant ces tabernacles, ou même de sortir une hostie pour un temps d’adoration que l’on nomme « du saint sacrement ». Il est touchant de voir combien cette pratique nourrit la foi et permet de vivre spirituellement la présence réelle du Christ dans nos vies. Ce respect des hosties consacrées et du tabernacle ne doit pas nous écarter de ce qu’ils représentent : la présence du Christ dans la vie et le corps des croyants. Car si nous célébrons la messe et que nous consacrons du pain et du vin comme corps et sang du Christ, ce n’est pas en premier lieu pour les conserver et les adorer, mais c’est pour les consommer, pour qu’ils rentrent physiquement dans nos corps et qu’ainsi nous saisissions que Dieu est présent dans toutes les dimensions de nos vies, spirituellement et matériellement. Ainsi nous comprenons que l’authentique tabernacle qui contient le corps du Christ, ce n’est pas un meuble dans une église, mais c’est notre propre corps. Dans l’absolu nous pourrions et devrions faire une adoration devant toute personne qui porte en elle le corps du Christ. Si les croyants prient devant les tabernacles, c’est pour vivre pleinement leur vocation de tabernacles vivants et agissants pour que l’Esprit Saint habite leur vie toujours davantage.

Église corps
Cette même logique vaut pour les églises, bâtiments dans lesquels les croyants se réunissent pour prier et célébrer. D’ailleurs on dit que les chrétiens se réunissent « en Église », ce mot désignant le peuple des fidèles, la communauté des croyants qui comprennent qu’ils forment un seul corps, celui du Christ qui n’agit plus directement mais qui passe par nous pour que sa Bonne Nouvelle s’incarne dans le monde. Si les églises bâtiments ont de l’importance pour les croyants, c’est parce qu’elles leur permettent de vivre symboliquement et physiquement leur mission d’incarnation de Dieu au cœur du monde. Si les chrétiens se retrouvent en communauté pour prier et célébrer dans les églises, c’est pour « faire Église », pour intégrer la parole de dieu et se nourrir de son corps afin d’assumer leur mission de témoignage par leurs paroles et par leurs actes dans le concret de leur vie.

La pratique religieuse
Ce que nous venons de préciser par rapport à l’objet tabernacle ou au bâtiment église vaut pour nos pratiques religieuses. Elles sont des moyens de vivre l’adoration réservée à Dieu et de mettre en œuvre l’authentique pratique religieuse qui consiste à aimer les autres en étant engagé auprès d’eux. Après les mois difficiles que nous venons de vivre, bouleversés dans nos habitudes et nos certitudes par la crise sanitaire et ses conséquences, nous avons bien besoin de nous rappeler que nous avons une mission à accomplir : être témoin de la Bonne Nouvelle que nous a annoncée Jésus et qui nous révèle que Dieu est toujours avec nous, pour nous accompagner dans les étapes de nos vies, pour nous soutenir dans les difficultés, non par magie et en transformant les événements, mais par la présence de son énergie d’amour. Pendant ces quelques semaines de vacances estivales, nous sommes invités à être les témoins de cette espérance auprès de tous ceux que nous allons rencontrer au gré de nos activités.

Avec nos fragilités
Parfois nous avons du mal à nous engager dans la voie de cette mission, souvent par scrupule : nous sommes conscients de nos limites, de nos faiblesses, et nous n’imaginons pas que nous soyons capables d’assumer l’idéal chrétien, et encore moins de l’annoncer, car nous savons qu’il nous est demandé de la cohérence entre ce que nous annonçons et ce que nous vivons. Pourtant, si Dieu a fait le choix de passer par les hommes pour agir dans le monde, c’est en connaissance de cause. Il ne nous dit pas : « Soyez parfaits et annoncez la Bonne Nouvelle chrétienne ». En fait c’est presque l’inverse. Il nous dit plutôt quelque chose comme : « Annoncez la Bonne nouvelle, en sachant qu’elle vous dépasse et que si vous êtes des témoins, ce n’est pas comme des juges mais plutôt comme des pêcheurs pardonnés, comme les destinataires de cette parole que vous annoncez. Ne regardez pas les gens de haut comme si vous étiez sur un piédestal, mais restez conscients que vous êtes de la même pâte humaine, fragiles mais surtout aimés de Dieu, moi dont la puissance d’amour est infinie et peut transformer vos vies. »

Olivier