Durant le temps pascal qui s’étend sur cinquante jours après la solennité de Pâques que nous avons célébrée en grande pompe à l’Œuvre, nous avons l’occasion d’approfondir ce qu’implique cette fête de la victoire de la vie contre la mort, de l’amour contre la haine, de la paix contre la violence. La Pentecôte clôt ce beau temps liturgique en célébrant le don de l’Esprit saint aux apôtres, et par là même à tous les baptisés par le sacrement de la confirmation. Ainsi nous comprenons que nous sommes baptisés pour participer à la mission de Dieu, à savoir annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Dieu en nous
L’Esprit saint est une des trois « personnes » de la trinité, avec le Père et le Fils. Dieu est présent par sa force créatrice et recréatrice, que nous attribuons à la figure du Père ; il se fait proche de nous comme un frère pour partager notre vie, nous accompagner, nous ouvrir un chemin par sa vie offerte, ouverte, donnée en Jésus Christ, que nous appelons le Fils ; et enfin, par l’Esprit saint, nous comprenons que Dieu est présent en chacun de nous. La force d’amour de Dieu est agissante au cœur de toute existence humaine et c’est sa manière d’être au monde aujourd’hui que d’agir par nous. À bien y réfléchir, cela devrait nous donner le vertige, car nous comprenons que Dieu – qui nous connait, qui sait notre fragilité et que nous sommes parfois capables du pire – nous fait confiance : il sait que nous sommes aussi capables du meilleur et il compte sur nous pour que nous agissions afin que le monde corresponde à son projet de paix, de fraternité, de justice et d’amour.

Dieu compte sur nous
Nous comprenons aussi que si le Royaume de Dieu est en marche et grandit, cela ne peut se faire qu’avec notre collaboration. Dieu n’agit que par nos mains, nos vies, nos cœurs. Cela nous donne une responsabilité, car nous sommes invités à nous engager à transformer nos vies pour changer le monde. Nous avons tous à prendre notre part de la mission de Dieu. Heureusement, tout ne repose sur nos petites épaules, nous sommes avec d’autres, en groupe, en Église pour agir, et chacun, comme membre d’un même corps, peut trouver sa place et sa fonction afin de faire croitre ce corps et de rendre l’Église agissante pour faire grandir la justice, la fraternité et la paix.

Amour de Dieu
Cette manière de voir les choses nous permet d’appréhender la notion de « puissance de Dieu ». Elle n’est pas une puissance de magie, qui agirait sur les événements. Sinon tout se passerait parfaitement dans le monde, il n’y aurait pas de catastrophes naturelles, d’accidents, d’handicaps ou de maladies ; sinon Dieu serait un tyran ou un sadique qui déciderait que certaines personnes souffrent et que d’autres vivent dans la facilité. Et dans ce cas-là toute personne intelligente avec un esprit critique et une liberté de conscience arrêterait de l’adorer, et au contraire le détesterait, s’en méfierait et le combattrait. Ce n’est pas non plus une force qui nous obligerait à faire des choses contre notre volonté, sinon il n’y aurait plus d’injustice, ni de crime, ni d’inégalités, mais il n’y aurait plus non plus de liberté, nous serions réduits à êtres des marionnettes ou des animaux dans un troupeau ; ce qui fait notre dignité serait réduit à néant et nous tomberions dans la fatalité avec une vision du destin qui serait un chemin imposé. Ce n’est pas non plus une puissance judiciaire qui nous obligerait à faire des choses pour éviter une punition ou pour gagner une récompense, ce qui nous entrainerait dans le registre du mérite et du marchandage ; nos actions seraient alors calculées pour avoir une contrepartie, et l’amour de Dieu ne serait pas gratuit. Dans cette conception, Dieu ne serait pas tout puissant puisqu’il ne pourrait pas aimer ou sauver une personne qui ferait les mauvais choix ou poserait des actes mauvais. Non, la puissance de Dieu est une puissance d’amour et de pardon inépuisable et gracieuse. Rien ne peut l’empêcher de nous aimer et de vouloir le meilleur pour chacun de nous. Dieu ne cherche pas à nous punir mais plutôt à nous accompagner afin que nous ayons une vie qui soit belle et fructueuse.

Mettre l’amour au centre de nos vies
Cela transforme totalement la vision de nous pouvons avoir de la religion, de Dieu et de la relation que nous avons avec lui. Dieu est source de vie et d’amour. Il n’est pas un juge ou un père fouettard dont nous devrions avoir peur ou qui nous tendrait des pièges. Il n’est pas non plus un marionnettiste qui jouerait avec nous et qui déciderait de ce qui se passe dans nos vies. De ce fait, accepter Dieu dans sa vie, lui laisser de la place, le célébrer, décider de répondre à ce que nous comprenons de ce qu’est une vie de croyant et de pratiquant, c’est mettre l’amour au centre de sa vie et décider de vivre en cohérence avec cet amour que nous concevons comme reçu gratuitement et sans contre-partie. Quand on se sait aimé sans condition et que l’on a compris que cet amour nous accompagne pour traverser les événements de toute notre vie, alors on a envie de lui laisser toute la place, et on comprend que la seule manière de manifester cette acceptation, c’est d’aimer les autres, sans condition et gracieusement. C’est à cela que nous sommes appelés : laisser l’Esprit saint travailler en nous.

Olivier