Le terme « catholique » est souvent utilisé pour distinguer les croyants, et désigne une confession particulière parmi les chrétiens, en dialogue avec les orthodoxes et les protestants. Mais cela donne à cette notion un sens qui risque de nous induire en erreur car, dans l’absolu, « catholique », qui veut dire « universel », devrait au contraire nous aider à concevoir l’appartenance religieuse comme quelque chose qui invite à l’unité et rend les croyants solidaires de toute l’humanité. Si nous comprenions bien ce que veut dire «catholique», alors nous devrions l’assumer en dépassant tout ce qui sépare les hommes les uns des autres.

La catholicité
La catholicité ne définit pas une appartenance sociale ou religieuse, mais une mission et une vocation. Vocation qui nous vient du désir de Dieu d’être source d’amour, de paix et de joie pour toute l’humanité. L’Église n’a pas pour mission de s’occuper d’elle-même, de son développement, de son fonctionnement ou de sa survie, elle a pour mission d’être un moyen de vivre l’engagement de Dieu envers toute l’humanité. Moyen merveilleux dans son idéal, fragile dans son incarnation, et en dialogue avec d’autres.

Un seul Dieu
Nous sommes tellement dépendants de nos raisonnements humains, nos réflexes d’appartenance, nos désirs d’uniformisation, nos méfiances vis-à-vis de ceux qui sont différents, que nous avons du mal à entrer dans la logique divine. Dieu nous considère comme ses enfants, et ne fait pas de différence entre nous. Comment pourrions-nous imaginer qu’il y ait plusieurs dieux comme dans un panthéon ou comme dans les récits de fiction où les super-héros se battent entre eux ? Si Dieu est bien celui que nous découvrons dans les grandes religions, alors il n’y en a pas plusieurs, il est unique et universel. Il n’y pas le dieu des juifs, le dieu des chrétiens, le dieu des musulmans, mais il y a des manières juives, chrétiennes, musulmanes, de comprendre, de prier, de communiquer le Dieu unique. Nos différences ne devraient pas être des occasions de division ou d’affrontement, mais plutôt de dialogue, de respect et d’enrichissement mutuel.

Dieu reste un mystère
Dieu est tellement plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer ! Il est le tout-autre, il demeure un mystère que nous ne pourrons jamais saisir dans son intégralité mais qu’il nous revient de scruter et d’interpréter. Nous avons grand intérêt à savoir comment d’autres comprennent Dieu, l’appréhendent, le définissent, le célèbrent. Nous ne pourrons jamais mettre la main sur lui car il n’est pas saisissable, il est autour de nous plus que devant nous, tel un objet. Ce que nous pouvons comprendre ou dire de Dieu nous est offert par lui : il se communique, par l’histoire du peuple hébreu, par l’inspiration des prophètes, des priants et des théologiens, par le discernement éclairé de ceux qui ont des choix à faire. Si, selon la foi des croyants chrétiens, Dieu est une personne, un vis-à-vis, c’est parce que nous sommes en relation uniquement avec des individus, et non pas avec des forces ou des énergies. Nous sommes des êtres incarnés et le choix de Dieu, tel que les chrétiens le comprennent, est de se faire homme pour que nous puissions entrer véritablement en relation avec lui. Dieu, qui est amour, n’est pas une énergie désincarnée et vaporeuse, il est une personne que nous pouvons rencontrer, avec qui nous pouvons véritablement entrer en relation. Dieu se fait proche de nous, en particulier de ceux qui pourraient se croire loin de lui : les mal-vus, les mal-aimés, les méprisés, les personnes différentes ou qui ne rentrent pas dans les cases de la bienséance créées par ceux qui se permettent de juger les autres de haut.

Chercheurs de Dieu
Les croyants de toutes les religions sont des chercheurs de Dieu, qui n’auront jamais fini de chercher, qui ne pourront jamais dire « j’ai trouvé la vérité sur Dieu », mais qui sont invités à continuer leur recherche. Dans cette découverte toujours renouvelée du mystère de Dieu, la rencontre avec d’autres croyants, avec d’autres chercheurs de vérité, même en dehors des courants religieux, est toujours enrichissante et permet de mieux appréhender le mystère de Dieu. Les chercheurs de Dieu ont aussi une mission : celle de partager et d’annoncer ce qu’ils comprennent et croient du Dieu tout autre et très grand. Les chrétiens ont une compréhension exigeante de cette mission, car c’est par la qualité de leur existence, par la charité et la solidarité, par leur engagement contre l’injustice qu’ils doivent témoigner en premier lieu, plutôt que de tenir des beaux discours ou de faire la leçon aux autres.

Olivier