C’est un honneur pour les Marseillais de recevoir le pape le 23 septembre. Certains animateurs et jeunes-aînés de l’Œuvre étaient à Lisbonne cet été pour les Journées mondiales de jeunesse, et nous avons bien constaté le grand intérêt que les foules portent au pape François, cet attrait tournant parfois même à l’idolâtrie. Pourtant François reste un homme simple, nous l’avons compris dans sa manière directe de s’adresser aux jeunes, sans tralala et avec humilité. Il nous a bien rappelé l’essentiel de la Bonne nouvelle de Jésus : Dieu nous aime gratuitement, sans aucune condition. Il nous invite à mettre l’amour dans notre vie, à nous engager, à nous mettre aux service des plus petits, à rester libres, en particulier par rapport aux divers artifices de notre temps, et surtout à ne pas avoir peur. Message limpide et encourageant en ces temps d’incertitude et d’anxiété.

La Méditerranée symbole 
des enjeux pour le monde
Le pape vient à Marseille parce que c’est une ville méditerranéenne, un pont entre l’occident et l’orient, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et que cette mare nostrum qu’est la Méditerranée concentre bon nombre de problématiques majeures de notre temps : rencontre des cultures et des religions, crise écologique, mouvements migratoires liés aux conflits et au dérèglement climatique, inégalités entre les pays, injustices sociales et économiques… Dans ce contexte, François joue son rôle de pape : il ne vient pas pour juger ni donner des ordre ou des solutions toutes faites, mais pour accompagner et rassembler. Et pour cela il veut écouter. À Marseille il va rencontrer des jeunes et des évêques du pourtour méditerranéen et d’Europe, pour entendre leurs inquiétudes, leurs questions, leurs espérances et leurs propositions. Comme pape, son rôle est d’aider les catholiques, les chrétiens, les croyants, les femmes et les hommes de bonne volonté à s’unir et à comprendre que nous faisons partie d’un tout, d’une même grande communauté, et que c’est seulement en vivant une réelle communion dans la compréhension des enjeux de notre temps et dans la recherche de solutions communes que nous pourrons assurer un meilleur avenir aux plus petits et aux générations à venir.

Le rôle du pape
C’est pour nous l’occasion de bien comprendre le rôle du pape, et donc de toute personne ayant une autorité et une responsabilité dans l’Église : il ne s’agit pas de diriger ou d’être « patron », mais d’accompagner et d’être au service de la communion entre les personnes, en gardant le cap du message évangélique de fraternité et de charité. Le pape nous rappelle que nous sommes tous associés à la mission de Dieu qui est d’aimer le monde, tout le monde, et de faire grandir cet amour dans le cœur de tous. Même s’il est le pape des catholiques et qu’il est élu par des représentants de l’Église, sa mission ne concerne pas seulement les catholiques ; elle est universelle car l’Église est universelle, parce que l’amour de Dieu dont l’Église se veut être le sacrement ne connaît pas de frontière et se moque de nos divisions. Nous sommes tous appelé à être rassemblés et unis, c’est le sens du mot « catholique » : la destinée commune et fraternelle de l’humanité unie dans la richesse de sa diversité. Nous sommes encore loin de cet accomplissement, mais il est en maturation et, comme dans les douleurs de l’enfantement la femme ressent beaucoup de souffrance, de même pour notre humanité qui a du mal à discerner son avenir de manière positive et paisible lorsque son présent est préoccupant et dramatique.

La mission de l’Église
La mission, telle que le Pape nous la présente en fidélité avec la grande tradition de l’Église – et bien que trop souvent oubliée, trahie ou réduite à de la propagande ou à du prosélytisme – consiste à déployer le message d’amour de Dieu pour le monde et à incarner cette Bonne Nouvelle. L’Église n’a pas pour vocation de s’occuper d’elle-même en tant qu’institution ou groupe particulier, elle a pour mission de signifier, par ce qu’elle est, le projet de Dieu pour toute l’humanité ; à savoir être un peuple, une communion, comme une famille unie et constituée de personnes différentes mais conscientes d’un destin commun et d’une vocation universelle. L’Église a pour vocation d’être aussi le moyen de ce projet de Dieu, en accompagnant toutes les femmes et tous les hommes sur leur chemin de vie et dans la recherche de leur vocation particulière, en travaillant à promouvoir la justice, la solidarité et la fraternité, en œuvrant à mettre la charité au cœur du monde. C’est ce que le pape François n’a de cesse d’annoncer dans toutes ces interventions, avec courage, car il dit souvent des choses qui dérangent. Il ose exprimer les exigences de justice et de fraternité de l’Évangile devant des personnes qui ont des responsabilités et des pouvoirs politiques immenses et qui ne sont pas sur la même longueur d’onde évangélique, loin s’en faut ! Il nous indique que le chrétien ne peut pas rester dans son canapé à se désoler sur le monde mais qu’il doit s’impliquer, qu’il doit se révolter, qu’il doit transmettre par ses actes et ses paroles la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu qui s’engage au cœur du monde. Il nous dit ce que le Christ exprime par toute son existence : le bonheur est dans le partage et le service, la joie est dans l’engagement et la fraternité. C’est un beau programme pour cette année qui s’ouvre devant nous !

Olivier