Le 30 décembre, nous fêtons la Sainte Famille. 
Lisons quelques lignes de son périple en terre sainte.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ».
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : 
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant ». Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazôréen.

Le contexte
Ce passage se situe au début de l’Évangile. La naissance de Jésus nous est racontée à travers la venue des mages à Bethléem. Les voilà partis et la sainte Famille (Jésus, Marie et Joseph) doit s’enfuir dans un endroit sûr après la menace du roi Hérode de tuer tous les enfants de moins de deux ans.

Des songes
Cela fait trois fois en quelques versets que Dieu parle par des rêves pour demander à Joseph de prendre Marie chez lui, pour suggérer aux mages de repartir par un autre chemin et ici pour avertir Joseph de fuir. Remarquons que Dieu ne sauve pas son messie des mains d’un tyran en envoyant des anges pour le protéger, mais par le discernement de ses parents.

L’Égypte
Joseph est parti de nuit en Égypte. Dans la pensée biblique, ce pays est à la fois une terre d’exil comme pour la Sainte Famille et une terre de servitude comme pour les Hébreux qui y ont été opprimés. Lorsque Joseph entre dans ce pays, il ne peut pas ne pas avoir pensé à son prédécesseur Joseph, vendu par ses frères et parti esclave en Égypte. Ce séjour est une fuite mais c’est aussi un préalable à un retour qui réalise la prophétie évoquée par Matthieu : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ». C’est une citation du prophète Osée. Ainsi est suggéré un lien entre Jésus et Moïse qui sort d’Égypte pour apporter la liberté à son peuple.

Géographie biblique
Dans le passage précédent que l’on entend le jour de l’Épiphanie, les mages venaient d’Orient, probablement de Babylone et Joseph est parti en Égypte. Or, Babylone et l’Égypte sont deux terres d’exil dans l’histoire d’Israël. Ce furent aussi deux lieux de fécondité pour le judaïsme puisque c’est à Alexandrie que fut traduite la Bible hébraïque. Cette ville accueille une grande communauté juive.

Encore des songes…
C’est par un autre rêve que Joseph et sa famille retournent en Galilée. Cette mention du songe exprime l’initiative de Dieu et l’obéissance de Joseph. C’est par un cinquième songe que Joseph conduit sa famille vers leur destination finale : Nazareth !

Un scandale
C’est un drôle de Père qui prévient Joseph et laisse massacrer tous les autres enfants. Il est choquant d’envisager que Jésus puisse avoir été préservé, à la différence des autres enfants. C’est un scandale dans notre compréhension de Dieu, de l’homme. Mais comprenons que Jésus n’est pas épargné, il est mis en réserve provisoirement jusqu’au moment opportun.
Il va assumer plus tard en toute conscience sa mission. Sur la croix, il sera le serviteur souffrant. Il subira le même massacre, d’autant plus que Jésus est l’innocent parfait. Ce sort terrible, il le subira avec le désir vif de partager le sort de ces enfants.

Didier Rocca

Le nom du mois : Nazôréen
Un habitant de Nazareth s’appelle un nazarénien et non pas un Nazôréen ! Nulle part dans la Bible, il est dit que le Messie sera Nazôréen. Deux origines probables pour en comprendre le sens :
– Nazir (comme Samson ou probablement Jean-Baptiste). Même s’il ne l’était strictement, Jésus était totalement consacré à Dieu, de sa naissance jusqu’à sa mort. 
– Nezer : Il est dit dans le livre d’Isaïe qu’un rejeton (nezer) surgira de la souche de Jessé (le père du roi David). Cette promesse s’adresse au-delà de David, à la famille de Jessé. De celle-ci apparemment morte, il fait pousser un rejeton.
On peut donc penser que dans la qualification de Jésus comme Nazôréen, Matthieu a vu une allusion à l’accomplissement de la promesse selon laquelle Dieu, de la souche morte d’Isaïe, aurait donné un nouveau rejeton sur lequel se serait posé l’Esprit de Dieu. Une nouvelle famille va arriver. Au pied de l’arbre mort sort une branche nouvelle, un germe mis en réserve sur la racine et qui va repousser pour une fécondité nouvelle.