Nous lirons ce passage le dimanche 18 juin, le 11e dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. 
»

Le contexte
Jésus a montré son autorité par des gestes de puissance (guérisons, exorcismes) et il procède à un bilan. Plus que de la pitié, c’est de la tendresse qu’il éprouve pour les foules. Non seulement, elles sont fatiguées et abattues, mais en plus, elles sont comme « des brebis sans berger ». Normal puisque ceux dont c’est le métier, les scribes et les pharisiens, se ferment à la nouveauté du Royaume. Jésus constate ici l’ampleur de la moisson et la pauvreté des moyens. Cela ne vous rappelle-t-il pas notre situation actuelle ?

L’image de la moisson
Elle exprime une échéance décisive et signifie le rassemblement définitif d’Israël. La moisson évoque bien sûr le jugement dernier. Dans sa mission, Jésus perçoit que les choses sont mûres pour faire d’Israël la belle récolte que Dieu attend. Remarquons que la moisson est à la fois terrestre et céleste : 
– terrestre car Jésus œuvre au sein de l’histoire humaine et pour cette tâche, il s’associe des collaborateurs. 
– céleste dans la mesure où Dieu reste le maitre de la moisson. Les ouvriers ne sont pas les propriétaires, ils garderont un esprit de totale disponibilité et prieront pour que Dieu ne cesse de gonfler leurs rangs en vue d’un travail plus fructueux.

Semer ou moissonner ?
Notre éducation nous a souvent conduits à d’abord semer sans chercher de résultats. C’est une belle manière de vivre où la générosité de ses actes est mise en avant.
On peut voir qu’ici les rôles sont inversés. Jésus invite ses disciples à prier pour que Dieu envoie des ouvriers non pas pour semer mais pour moissonner. À nous de comprendre que nous pouvons et même devons être aussi des moissonneurs. Nous sommes clairement invités ici à moissonner ce que Dieu a suscité dans le cœur de telle ou telle personne. Lorsqu’on accompagne des personnes qui se préparent au baptême, c’est très clair.
La moisson n’est pas réservée à quelques-uns, tout le peuple chrétien est appelé à moissonner ce que d’autres ont semé. À chacun de se mettre en position de moissonneur, ainsi on ne voit plus la mission chrétienne comme un effort mais plutôt comme un cadeau. De la même manière que nous sommes les gardiens les uns des autres, nous sommes aussi les moissonneurs les uns des autres, car le fruit que nous voyons chez l’autre, il ne peut pas le cueillir lui-même !

Exorciste et guérisseur
Animé par la tendresse de Dieu et pressé par l’urgence de la mission, Jésus confie à ses douze disciples son pouvoir d’exorciste et de guérisseur. Matthieu nous donne leurs noms avec Pierre en premier. Ici, ils sont appelés « apôtres » ce qui signifie « envoyés ». La mission de l’Église, celle des apôtres, est d’abord la prolongation de la mission de Jésus, chacun la vivant avec ce qu’il est, avec ce dont il a hérité, avec ses talents et ses limites. La mission auprès de la maison d’Israël s’élargira progressivement.

Didier Rocca