Le dimanche 14 novembre, nous prierons pour nos défunts et nous lirons un Évangile pour le moins bizarre.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.
Le contexte
Avant d’achever son Évangile en racontant la Passion et la résurrection de Jésus, Marc nous propose un récit étonnant sur la thématique de la venue du Fils de l’Homme. De quoi s’agit-il ?
Apocalypse now ?
L’obscurcissement du Soleil et de la Lune ainsi que la chute des étoiles sont des signes apocalyptiques. Pris au sens littéral, ils évoquent la fin du monde mais ce texte peut s’interpréter autrement en se souvenant que le Soleil et la Lune peuvent être des idoles devant lesquelles on s’incline. Ainsi, l’obscurcissement de ces astres signifie la fin de l’idolâtrie. Ainsi, est suggérée non pas la fin du monde mais l’émergence d’un monde nouveau.
La venue du Fils de l’Homme
Cette venue du Fils de l’Homme ne se fera pas en catimini puisqu’elle sera accompagnée de puissance et de gloire. Remarquons que le Nouveau Testament ne parle pas du retour du Christ mais de sa venue. Parler de retour laisserait penser que le Christ est parti. Or, le Christ est vivant par son Esprit. Il est là même s’il est invisible à nos yeux de chair. Bref, le Seigneur est venu, il vient et il reviendra à la fin des temps.
Rassembler les élus
Cela évoque la réconciliation finale après la grande persécution. Il faut avoir en tête que la communauté à laquelle Marc appartient écrit depuis Rome à la fin des années 60 et que la communauté chrétienne est en proie aux persécutions.
La parabole du figuier
Le figuier suggère la fin de l’hiver et la venue du printemps. Demandez à Jean-Marie, il pourra vous le confirmer. Ainsi, l’image suggère qu’après le temps de la persécution, le temps de l’épreuve vient le temps des beaux jours, de la renaissance.
Mes paroles ne passeront pas
De fait, l’Évangile a parlé aux humains de toutes les époques et de toutes les cultures depuis 2000 ans. La Parole est éternelle. Pour chaque génération, elle ne passera pas avant que tout ne soit accompli.
Pour actualiser
La fin des temps ne peut pas être fixée par avance sur notre calendrier. La fin des temps, c’est le Christ crucifié qui, dans la puissance de sa résurrection, vient tout rassembler. Saint Jean-Paul II disait : « Tout ce qui arrivera, jusqu’à la fin du monde, ne sera qu’une expansion et une explicitation de ce qui est arrivé le jour où le corps martyrisé du Crucifié est ressuscité par la puissance de l’Esprit Saint ».
La fin des temps, c’est donc une Bonne Nouvelle ! Difficile à imaginer, ce sera la résurrection générale de tout le cosmos et de chacun d’entre nous.
Et le message concret dans ce passage ?
C’est qu’à travers les vicissitudes de l’Histoire, au terme, il y a la Rencontre avec le Ressuscité pour rentrer dans son Règne.
La règle pour y entrer, le croire tout simplement.
Le rôle des croyants consiste à être porteurs aujourd’hui de cette espérance dans leur quotidien.
Didier Rocca
Le mot du jour : Apocalypse
Ce mot vient du grec « apocalypsis » et signifie « révélation ». Ce genre littéraire apparaît en contexte de crise, surtout au iie siècle avant Jésus-Christ. Il donne naissance à des textes dans l’Ancien Testament et le Nouveau. Ces écrits veulent soutenir la foi et l’espérance des croyants qui passent par l’épreuve de la persécution sous diverses formes. Mais la littérature apocalyptique insiste sur le fait que, si le serviteur n’est pas au-dessus de son maître, il n’est pas au-dessous non plus ! Ainsi, les croyants de l’Apocalypse actualisent dans leur propre destin celui du Christ.