Nous lirons ce passage le jour de la fête de la Sainte Trinité, dimanche 12 Juin.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant”. Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux”.
Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile”. Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante”. Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé”. Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris 80”.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent.»

Le gérant malhonnête
C’est un véritable escroc que met en scène la parabole. Cet homme nous est présenté comme un mauvais gestionnaire coupable d’abus de confiance et de détournement de fonds. Sur le point d’être viré, il ne trouve rien de mieux à faire que de s’attirer les bonnes grâces des débiteurs de son patron, en leur faisant des remises considérables. Au moins, pense-t-il, il aura des gens qui le recevront chez eux quand il sera mis à la porte. Jésus conclut en disant que le maître « félicita son intendant pour son habileté ». La parabole est provocatrice comme souvent. Attention, elle n’invite pas à être malhonnête, mais astucieux. Il s’agit que « les fils de la lumière » (les disciples de Jésus) soient au moins aussi avisés que les gens du monde.

Une vie de relations, non de possession
Suit une séquence de paroles qui commente cette parabole. Comprenez : devant Dieu, vous, les riches, vous ne serez jamais que des gérants, et des gérants bons à mettre dehors si vous gérez mal les richesses qui vous ont été confiées. La seule issue est de gérer votre argent en le partageant. Vous êtes appelés à une vie de relation et non de possession. D’ailleurs l’argent est un bien étranger qui peut vous aliéner. Sa gestion est un lieu d’apprentissage, pour vous préparer à recevoir votre vrai bien : la richesse du Royaume. Dieu ou l’Argent, il faut impérativement choisir ; nul ne peut servir deux maîtres.

Sur le bon usage de l’argent
L’argent ne nous appartient pas, il nous est confié et nous avons à le gérer selon le dessein de celui qui nous l’a confié, à savoir Dieu. Il s’agit d’être « riche pour Dieu ». La parabole met bien en relief cette situation de gérance. L’argent nous est doublement étranger non seulement parce que nous n’en sommes pas les « propriétaires », mais les gestionnaires mais aussi parce qu’il n’est pas notre « vrai bien », seulement le terrain d’exercice où nous faisons la preuve que nous méritons confiance « en de petites choses ». C’est alors « le vrai bien » (la participation active au Royaume de Dieu) qui pourra nous être confié.

Dieu ou l’argent !
Dans la vie quotidienne, le choix entre ces deux réalités n’est pas simple. Il peut s’exprimer ainsi : Quelle est ma préférence ? La possession ou la relation ? Le don ou l’accumulation ? Vais-je mettre le prix dans l’éducation de mes enfants ? Vais-je privilégier des investissements « éthiques » ? Dans quelle mesure, suis-je capable de donner de l’argent, du temps, mes richesses humaines ? En quoi ce que je possède permet des liens plus étroits avec la famille, le quartier, les plus pauvres ? Nous avons qu’un seul maître : Dieu. L’argent peut nous permettre de l’honorer si on est capable de bien l’utiliser et de ne pas passer tout son temps à en gagner.

Didier Rocca