N’est-ce pas extraordinaire que nous puissions appeler Dieu « Père » ? Le mot que Jésus emploie est même plus familier, c’est plutôt « Papa ».
La prière nous place, non devant un Dieu terrifiant qui nous regarderait du haut de sa grandeur, mais sous le regard infiniment tendre et aimant d’un Père parfait. Pas de n’importe quel père : un père qui est Dieu. Infiniment proche de nous, Il est aussi « aux cieux », c’est-à-dire le Tout autre. Et ce n’est pas seulement mon Père, mais notre Père même si je prie tout seul, je suis relié à la multitude des hommes qui, tous, sont fils du Père. Je prie toujours avec mes frères.
Que ton nom soit sanctifié
Le nom est bien plus qu’une simple appellation le nom de Dieu, c’est Dieu Lui-même. Par la prière, Dieu nous fait entrer dans sa sainteté. Il nous apprend à la connaître, à la proclamer et à en vivre.
Que ton règne vienne
Tout l’Évangile annonce la venue du Royaume, et les derniers mots de la Bible, « Marana tha », l’appellent avec ardeur. Plus qu’une demande, il s’agit d’un cri de confiance et d’impatience, d’une parole d’Espérance : « Vienne la plénitude de ton règne qui est déjà là, en train de s’accomplir ».
Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel
On pense souvent que cette demande nous impose de nous résigner devant les malheurs que Dieu semble permettre. Comme si Dieu voulait que nous soyons malheureux ! Au contraire Il nous a créés pour nous faire partager son bonheur. Mais Il ne peut pas nous rendre heureux malgré nous. Encore faut-il que nous acceptions de Le suivre. Faire la volonté de Dieu, répondre « oui » à ce qu’il demande, c’est exprimer dans le concret de nos vies que nous avons confiance en Lui : nous sommes sûrs qu’Il veut pour nous le meilleur.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Le pain représente tout ce qui est nécessaire à la vie ; c’est donc plus que le pain : une maison, un travail, des vêtements. C’est aussi, bien sûr, le Pain Eucharistique. Nous demandons ce qu’il nous faut juste pour aujourd’hui parce que nous savons que, demain, le Père continuera de veiller sur nous. « Ne vous inquiétez pas du lendemain, nous dit Jésus, demain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit Sa peine » (Mt 6,34). Pour exaucer cette demande, Dieu a besoin de nous. Il compte sur nous pour soulager la faim de nos frères et offrir à chaque homme de quoi vivre dignement.
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
Lorsque Dieu nous pardonne, est-ce seulement parce que nous pardonnons aux autres ? Heureusement que non. La miséricorde de Dieu nous précède toujours. Nous serions incapables de pardonner à nos frères si Dieu ne nous pardonnait pas le premier. Mais Dieu ne nous impose pas son pardon : si nous Lui fermons notre cœur, son pardon reste à l’extérieur de nous-mêmes, comme un cadeau inutilisé. Le seul moyen d’ouvrir notre cœur pour accueillir le pardon de Dieu, c’est de pardonner.
Et ne nous soumets pas à la tentation
Ce n’est jamais Dieu qui nous tente, qui nous incite à faire le mal, c’est le Tentateur, le diviseur. Jésus Lui-même a connu la tentation, par trois fois, dans le désert : Il sait que pour en triompher nous avons besoin d’être unis au Père. « Veillez et priez, nous dit-il, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26,41)
Mais délivre-nous du Mal
En formulant cette demande, nous savons qu’elle est déjà exaucée : Jésus ressuscité est vainqueur à jamais du Mal. En Lui, déjà, nous sommes sauvés. Même si nous connaissons encore le péché, la souffrance, la maladie, la misère et la mort, nous sommes sûrs que le Mal n’aura pas le dernier mot.