Olivier

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Lettre du Villard – Août 2025

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 août 2025

Bien cher ami
Votre petit mot, dont nous vous remercions, nous confirme que vous avez pu rentrer chez vous en évitant les encombrements que provoquent les chassés-croisés des vacanciers. Vous nous voyez ravis que vous ayez même pris le temps de voir ou de revoir les sites et les monuments remarquables qui se trouvaient sur votre trajet. Ne soyons pas, que diable, étrangers au monde dans lequel nous vivons !
Et maintenant, quelle nouvelle ! Vous nous annoncez que vous allez être détachés pour un an à Shang Haï ! Nous en sommes heureux pour vous, car cela doit s’accompagner d’une promotion, mais vous nous excuserez de regretter ce voyage qui nous prive de la joie de vous voir au Villard pendant quelque temps.
Autre temps, autres mœurs : au xixe siècle, être « shangaîé » consistait à être embarqué de force sur un bateau1… alors qu’aujourd’hui on envoie quelqu’un à Shang Haï pour le promouvoir ! Mais enfin, voyons le bon côté des choses ; vous nous parlerez de Chine, et vous nous permettrez peut-être de comprendre comment cette nation qui, il y a moins d’un siècle, comptait parmi les pays les plus pauvres et qui a connu un nombre invraisemblable de guerres et de révolutions, est devenue un géant qui inquiète même les Américains. Vous nous parlerez aussi de nous, vous nous raconterez comment on nous voit de là-bas, si tant est que l’on sache là-bas ce qu’est la France… Après tout, les Chinois font-ils attention à ce petit pays dont la population ne représente pas 5 % de la leur ? Allez, après cela, croire, comme certains voudraient en donner l’illusion à ceux qu’ils s’emploient à catéchiser, qu’on attache de par le monde une importance aux déclarations et aux protestations de ceux qui sont censés nous représenter !
Enfin, vous serez, avec votre femme, comme Usbek et Rica dans les Lettres persanes2, spectateurs de notre actualité, nous éclairant sur ce qui se vit chez nous avec la distance que donne une différence de culture. Vous nous direz comment nous sommes perçus, vous nous éclairerez sur nous. Il n’est jamais trop tard pour apprendre à « monter sur ses propres épaules ».
Notre ami lyonnais qui nous avait invités hier matin dans son jardin pour un « mâchon »3, a relevé que, s’il était bon d’acquérir l’habitude de prendre du recul, voire de la hauteur pour apprécier les situations dans lesquelles nous nous trouvons, il fallait tout autant se garder de se limiter au point de vue de Sirius. Mimiquet, qui avait interrompu les travaux de peinture qu’il avait entrepris sur votre portail pour découvrir les charmes de l’andouillette tirée à la ficelle, lui ayant demandé qui était ce Sirius-là, Poulenc lui traduisit qu’avoir le point de vue de Sirius consistait à adopter une vision large et bienveillante, en relation avec Sirius, étoile brillante très éloignée de la Terre. Et il a ajouté qu’on ne pouvait se satisfaire de cette seule approche car, ne dit-on pas aussi, que « le diable se cache dans les détails » ? Qu’il suffit de peu de choses pour faire capoter une entreprise ambitieuse ? Mimiquet, a remarqué que cela lui rappelait la fable de l’astronome qui tombe dans le puits qu’il avait apprise à la communale. Ses souvenirs sont un peu inexacts puisqu’il s’agit non d’un astronome mais d’un astrologue4, mais on ne peut lui en vouloir. « Oui, reprit Poulenc, lorsqu’on en reste aux grandes idées, aux grands principes, tout doit pouvoir trouver une solution, mais dès qu’on commence à entrer dans les détails, à définir les mesures pratiques qu’il faudrait prendre, on est bien obligé d’abandonner les rêves. Voyez ce qui se passe chez nous actuellement ; en proclamant lutter pour le bien-être général, c’est-à-dire celui de leurs clientèles, les instances politiques ou syndicales supposées les représenter font avancer le pays dans une situation de blocage politique et financier que nombre de leurs sympathisants ne comprennent pas et n’admettront peut-être pas. »
« Une des erreurs les plus communes, intervint Béraud en se resservant de cervelle de canut5 est de croire dur comme fer qu’il est en tout possible de trouver une solution juste qui satisfasse à la fois aux principes les mieux partagés et aux aspirations du plus grand nombre. La vérité est que dans bien des cas, faute de réelle solution, on assiste à une défaite d’usure ; c’est un armistice de fait, une fin de partie, un dénouement qui ne dénoue rien Oui, le conflit sera enlisé sans vainqueur ni vaincu. La lassitude aura été la solution ». Poulenc a remarqué que ces propos lui rappelaient « 13 jours, 13 nuits »6 qu’il il venait de voir au cinéma de la vallée, notamment ces scènes où les soldats qui défendent l’aéroport de Kaboul contre les marées d’Afghans qui veulent fuir les Talibans les matraquent pour leur en interdire l’accès, car leur excès même interdirait les évacuations en cours. « Si je ne peux être totalement d’accord avec vous sur l’ensemble de votre propos, dit-il à Béraud, je suis bien obligé d’admettre que certaines situations ne peuvent trouver de réponses qui satisfassent à toutes les exigences, à toutes les consciences. Les Marines qui, dans le film, interdisent l’accès à l’aéroport, sont à l’image des forces de sécurité européennes qui repoussent les immigrants. Eux aussi, comme les Afghans en leur temps, fuient l’insécurité, l’intolérance, la misère, l’enfer. Et nos pays ne peuvent pourtant pas les laisser entrer en aussi grand nombre. Le sens de l’Humanité, la morale devraient nous faire accéder à d’autres sentiments que ceux auxquels nous nous résignons, faute de mieux, faute de solution alternative, de solution tout court. En attendant que, comme vous le dites, un rapport de force différent vienne mettre fin à l’armistice ».
Je ne sais, cher ami, si les naturels de l’Empire du Milieu que vous allez bientôt fréquenter partagent ces états d’âme qui agitent le Villard. Après tout, lorsqu’on est sur un porte-avions, on craint moins le clapot que lorsqu’on navigue sur une chaloupe.
Dites-nous quand vous partez ; nous consulterons l’Horoscope chinois. Pour le moment, nous savons seulement que nous sommes dans l’année du Serpent de Bois. Les marges de progression de nos connaissances, comme on dit maintenant, sont encore importantes.
Permettez-nous de penser que nos prières vaudront bien les bâtonnets d’encens qu’on brûle devant le Serpent de Bois.
Recevez le soutien chaleureux de toute la communauté du Villard.

P. Deladret

  1. Pour compléter les équipages des grands voiliers qui traversaient l’océan Pacifique de San Francisco à… Shang Haï, certains capitaines n’hésitaient pas à faire kidnapper dans des tavernes de pauvres hères soûls qui ne reprenaient leurs esprits que lorsque le bateau était au large…
  2. Lettres persanes, roman épistolaire de Montesquieu, 1721.
  3. Casse-croûte des Lyonnais, composé de cochonnailles, arrosé de beaujolais et de vin du Mâconnais.
  4. « L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits », Jean de La Fontaine, 1668.
  5. Fromage frais battu avec des herbes, de l’ail et de l’échalote.
  6. « 13 jours, 13 nuits », film de Martin Bourboulon, 2025.
2025-08-24T14:49:03+02:00

Camp Été 2025 > les Cadets

Les Cadets autour du lac de Serre-Ponçon

Deux semaines.
Deux semaines de soleil, de cris de joie, de pieds mouillés, de visages barbouillés de crème solaire (quand on y pensait), de courses dans les allées du camping, de discussions de tente, de fous rires sur les bouées tractées, et de bouchons de gourdes disparus.
On a posé nos valises dans trois campings autour du lac de Serre-Ponçon, et on a vécu une belle aventure ensemble. Un mélange de vacances, de vie de groupe et de douce folie, comme seul un camp peut en offrir.
Au programme :
– Du rafting, où nos Cadets ont sauté, nagé, défié le courant et même changé de bateaux en pleine navigation.
– De la bouée tractée, avec des cris qui rivalisaient avec les vagues.
– Du paint-ball version commando (surtout cache-cache, pour certains).
– Une rando très sympa, même sans la vue de carte postale à l’arrivée…
– Et un aqua-park où on a ri, glissé, tombé, re-glissé… et surtout bien profité.
Mais le plus beau, c’était tout le reste :
Les jeux inventés par les enfants, les animateurs devenus scientifiques fous, influenceurs déjantés, mécanos improbables, rappeurs marseillais… Et surtout, les KD’s qui se sont surpassés en prenant les rênes du camp chacun leur tour. Une vraie vie de camp, construite ensemble.
Et puis il y a vous, les enfants, qui avez mis vos couleurs dans chaque instant. Merci à Thibaud, Joséphine, Noé, Gabriel, Marius, Manon, Achille, Oluwaseun, Amaury, Solal, Gaétan, Rémi, Jonas, Titouan, Méliné, Isaac, Antonin, Gaspard, Anna, Noa, Clotilde, Lola, Ludmila, Victoire, Marcus, Théo, Rita, Victor, Emma, Léopold, Noah, Marguerite et Raphaële. Vous m’avez toutes et tous touchée, chacun à votre manière. Parce que ce camp, c’était vous.
Et nous, les animateurs, on vous regarde partir avec un petit pincement au cœur, mais surtout avec l’impatience de vous voir évoluer encore que ce soit en GKD ou en KD.
Merci pour votre confiance. Merci pour votre bonne humeur. Merci pour les danses, les discussions, les jeux, les châteaux de cartes, les tours de magie, les siestes dans les hamacs, les bracelets brésiliens, les blagues, les fous rires…
C’est tout ça qui rend un camp vivant, unique, inoubliable.
Prenez soin de vous, bonnes vacances,
Et à très vite pour de nouvelles aventures ! 💛

Roxane

2025-08-24T10:23:37+02:00

Camp Été 2025 > les Grands Cadets

Les Benjamins à Orcières-Merlette

Les GKD’s se sont retrouvés à 16 h 30 à l’Œuvre le 15 juillet pour prendre le bateau direction l’Île de beauté, ils ont passé la nuit sur le bateau… une nuit plutôt courte, arrivés à Porto-Vecchio ils se sont installés dans la maison paroissiale qui les a chaleureusement accueillis malgré leur grand nombre : 35. Le temps de ces trois jours ils ont joué, fait une petite balade en ville, et une belle marche pour aller se baigner sous une magnifique cascade.
Après changement de lieu dans un nouveau camping plutôt sympathique. Durant les quatre jours à Cargèse les GKD’s on pue faire une balade en bateau pour découvrir les calanques de Piana avec un magnifique coucher de soleil et ils ont pu se baigner et se régaler dans un lieu incroyable. Le lendemain il sont retournés dans les calanques de Piana sur une magnifique petite plage où ils ont pu sauter, et pour se rincer il sont allés dans une rivière ou ils ont fait des sauts et des glissades sur les toboggans naturels.
Troisième camping, perdu dans la haute montagne corse en face du Monte Cinto. Pas de réseau téléphonique, de la fraicheur, un peu de pluie… Ils ont quand même pu faire leurs jeux et aussi faire une randonnée assez sportive durant laquelle ils sont passés par toutes les météos : le soleil, la pluie, la grêle… une marche bien éprouvante, ils ont aussi fait de la via ferrata.
Arrive le dernier camping, le plus cool : proche de la mer et avec en plus une piscine avec des petits toboggans et jacuzzi. Ils ont célébré la messe au coucher de soleil et profiter d’une baignade de nuit, ils ont aussi fait de la bouée tractée.
Arrive le temps de la conclusion de ce magnifique séjour. Clémentine va poursuivre l’aventure avec les Grands Cadets l’année prochaine, mais Pierre, Noah et Antoni tournent la page après des années vécues à accompagner les plus anciens de ce groupe. Tout le monde est très ému et ils vont se coucher avec le cœur lourd. Puis le dernier jour ils vont prendre le bateau à Bastia. Dernière nuit très courte, couchés en vrac sur la moquette avec la lumière éclairée toute la nuit. Arrivés à Marseille à 10 h ils ont aidé à tout décharger, et pour bien finir ce camp ils ont pu profiter de la piscine de l’Œuvre ! Merci pour ce merveilleux camps et pour tout ce que nous avons partagé ensemble.

Antoni

2025-08-24T10:25:25+02:00

Lettre du Villard – Mai 2025

Lettre du Villard

Le Villard, le 4 mai 2025

Cher ami,
Nous vous remercions pour la belle carte postale que vous nous avez envoyée au cours de votre voyage ; même si nous ne doutons pas de la constance de votre amitié, nous sommes toujours heureux d’en recevoir l’expression. Nous en sommes d’autant plus heureux que cet usage se perd, que l’on ne s’écrit plus, au motif qu’on peut se téléphoner et expédier des messages ou des mails depuis le bout du monde. Soit, mais utilise-t-on vraiment ces moyens lorsqu’on est en voyage ?
Vous étiez donc à Rome ! Et pour Pâques ! Au moment même où le pape François est mort ! Je ne suis pas certain qu’étant sur place vous ayez pu suivre mieux que nous ce qui s’est passé à Rome à ce moment-là tant les médias ont assuré une « couverture » continue de l’événement. Il faut dire que la dégradation de l’état de santé du Souverain Pontife avait laissé le temps de préparer rubriques nécrologiques, analyses, débats et débatteurs. Comme d’habitude, les uns se sont réjouis de ce qui avait été fait pendant son pontificat, d’autres – qui ne veulent rien entendre à ce qu’est l’Église – se sont plaints qu’« il ne soit pas allé plus loin », c’est-à-dire dans le sens qui leur conviendrait, d’autres encore, et c’est, me semble-t-il, plus nouveau, ont regretté qu’il ait voulu orienter plus nettement l’institution dont il était l’inspirateur dans le sens d’un vécu plus authentique de l’Évangile. L’ami Béraud, chez qui nous avons déjeuné le 1er mai à l’invitation de sa femme qui entendait saluer la vertu et l’abnégation de saint Joseph, son saint patron, a remarqué que les médias avaient souvent appelé le pape François « le pape argentin » sans prendre la peine de rappeler qu’il était jésuite, qu’il avait été formé en Amérique du Sud et qu’il s’inscrivait dans la lignée des missions jésuites des Guaranis qui, au xviie siècle ont défendu les Amérindiens contre les colons espagnols, ce qui leur a valu d’être expulsés1. S’ouvre maintenant la période du Conclave dont désormais tout un chacun pense tout connaître depuis que les films Habemus papam et Conclave2 ont, chacun à sa façon, raconté de façon plus ou moins anecdotique ce qui pouvait intervenir pendant cette période de huis clos. Béraud s’est plu à nous raconter des anecdotes sur les conclaves du passé, rappelant qu’en 1270, les cardinaux, qui ne parvenaient pas à se décider, furent bouclés au pain sec et à l’eau ! « Et si ce n’était que ça ! », fit-il en se levant pour prendre dans sa bibliothèque les Mémoires d’Outre Tombe de Châteaubriand. « Chateaubriand, fit-il, était ambassadeur de France à Rome en 1828 et a vécu tant le décès de Léon XII que l’élection de Pie VIII. C’est ainsi que j’ai appris qu’à cette époque les souverains d’Espagne, de France et d’Autriche disposaient du droit d’exclusive, qui était un droit de veto permettant officiellement d’exclure un cardinal susceptible d’être élu ! Les cardinaux de couronne qui représentaient ces États étaient chargés de signifier le veto aux autres cardinaux ! » « Ne me dites pas que ça existe encore… » glissa Gastinel. « Vous vous doutez bien que non, reprit Béraud, mais en 1878, alors que la France n’avait plus de monarque souverain, et que le président du Conseil était le très républicain Jules Simon, elle invoqua le droit d’exclusive pour écarter le cardinal Bilio lors du conclave qui porta Léon XIII sur le trône de Saint-Pierre. Ne me faites pas dire que cela a un rapport avec la promulgation en 1891 par le même Léon XIII de l’encyclique Rerum novarum qui a favorisé le ralliement des catholiques français à la République ! » « Nous vous laisserons la responsabilité du sous-entendu de votre propos », glissa Poulenc. « Mais je n’en ai pas fini avec les Mémoires de mon cher vicomte3. » Il tournait les pages et nous suivions ses gestes enfiévrés. « Voilà, j’y suis », fit-il de façon triomphale « c’est page 182. Chateaubriand raconte sans se troubler qu’il a pu se procurer le Journal officiel et secret du conclave et le communiquer de façon confidentielle au ministre Portalis ! J’espère, ajouta-t-il, que dis-je, je suis convaincu, que le procès-verbal secret du conclave qui va s’ouvrir, que nous ne lirons pas, permettra à ceux qui le découvriront plus tard de se faire une opinion plus élevée du Sacré Collège de 2025. » Poulenc a remarqué que la culture du secret n’était pas propre à l’Église et qu’elle était certainement le principal point commun des hommes politiques qui ont vu dans les obsèques du pape François une opportunité à ne pas négliger pour approfondir quelques contacts. Je leur ai indiqué que j’avais entendu dire qu’au Quai (d’Orsay) on appelle « obsèques de travail » les enterrements des grands de ce monde en marge desquels on peut avoir des conversations discrètes non loin du catafalque. « On se souviendra longtemps, en convint Mimiquet, de l’image des présidents Trump et Zelensky, assis sur deux chaises dans Saint-Pierre comme deux bookmakers échangeant un tuyau ; mais aussi de celles d’autres grands qui auraient bien voulu être considérés comme tels et qui ont été tenus à l’écart… »
Nous pensons que, malgré la diversité croissante des attentes des catholiques d’un monde qui s’est dilaté depuis le temps de Chateaubriand et les différences de culture des cardinaux venus de multiples horizons, ce conclave ne va pas s’éterniser et que les romains ne devront pas mettre les cardinaux au pain sec et à l’eau ! Béraud ayant noté que, comme ceux qui l’ont précédé, ce conclave allait respecter la règle des trois unités4 qu’on recherchait dans le théâtre classique, Mimiquet s’est cru obligé de frapper les trois coups sur le plancher.
Nous attendons, déjà avec impatience, vos réactions au résultat de cette élection.
Soyez assuré de notre estime et de nos sentiments les meilleurs.

P. Deladret

  1. Cf. le film Mission de Roland Joffé (1986). La musique d’E. Morricone est facilement accessible via You tube.
  2. Habemus papam, 2011, film de Nanni Moretti, et Conclave, 2024, film de Edward Berger.
  3. Il s’agit bien sûr de François-René, vicomte de Chateaubriand.
  4. Unité d’action, unité de temps, unité de lieu.
2025-05-23T11:51:05+02:00

Édito juin 2025 > Église sociale

Le nouveau pape a choisi comme nom Léon, et les commentateurs n’ont pas manqué de dire qu’il s’inscrivait ainsi dans la lignée de Léon XIII, pape qui a donné une impulsion plus sociale à l’Église, en particulier avec l’écriture de l’encyclique Rerum novarum en 1891. Peut-être veut-il aussi faire référence au premier pape qui a pris ce nom, Léon le Grand, qui a tenu tête à Attila, et Dieu sait que des Attila il y en a en responsabilité dans de nombreux pays en ce moment ! Mais je voudrais plutôt partir de l’adjectif « social » pour essayer de voir ce que cela peut vouloir dire pour nous aujourd’hui. Lorsque ce terme est utilisé dans le cadre des réflexions de l’Église, ce n’est pas avec les connotations politiques que nous pouvons craindre. Il ne s’agit pas de prendre partie et de dire que les chrétiens doivent être « socialistes ». L’Église s’adresse à tous et respecte les opinions des croyants. La doctrine sociale de l’Église prend en compte le fait que, si la personne et l’individu doivent être au centre des préoccupations de la mission chrétienne, il n’empêche que nous vivons en société et que nos fonctionnements collectifs ont un impact sur la vie des gens. Les interactions humaines doivent être éclairées par le message évangélique.

La doctrine sociale
Lorsque Léon XIII a donné cette impulsion sociale à l’Église, c’était pour prendre en compte les injustices entre les diverses classes sociales et pour lutter contre les souffrances de beaucoup de travailleurs et de jeunes qui étaient exploités. En cela, le pape signifiait que l’Église se devait d’être fidèle au message évangélique : la bonne nouvelle des juifs, et des chrétiens à leur suite, c’est que Dieu prend parti pour les pauvres et les opprimés. Léon XIII pensait que l’activité pastorale au sein de la société est une mission vitale de l’Église en tant que véhicule de justice sociale et de maintien des droits et de la dignité de la personne humaine. En cela, il a accompagné l’Église dans sa fidélité à la mission de Dieu révélée en Jésus Christ, car si la dimension spirituelle de la religion est essentielle, elle doit être incarnée, et donc liée au soin des personnes, de leur âme, de leur esprit, de leur cœur et de leur corps. Si les croyants se contentent de dire de belles paroles et de faire des imprécations lénifiantes ou moralisatrices sans passer à l’action et sans s’engager pour la justice, la fraternité et la solidarité, ils passent à côté de leur vocation. Notre foi doit nous pousser à l’action. C’est en cela que les responsables religieux et les croyants ont le devoir de s’exprimer et de s’investir pour faire en sorte que le monde devienne meilleur. On imagine bien que cela peut déranger les responsables politiques et économiques, car une parole libre et vraie pose des questions qui ne vont pas toujours dans le sens de leurs idéologies ou de leurs intérêts. L’histoire a été la scène de luttes qui ont parfois été violentes et douloureuses pour ceux qui ont osé se positionner librement contre les détenteurs du pouvoir et de l’argent.

À la suite du Christ
Il est important que la tradition de l’Église, au sens profond du terme, reste fidèle à l’enseignement du Christ qui incarne l’engagement de Dieu et qui fait grandir l’amour et la justice dans notre monde. On réduit trop souvent la tradition à ce que les soi-disant « traditionalistes » en ont fait : un désir de reproduire des pratiques liturgiques surannées qui remontent à quelques siècles, alors que la tradition est une fidélité à ce que le Christ donne comme signes et moyens pour que le royaume de Dieu advienne. Cette tradition implique donc une traduction et une adaptation aux époques et aux cultures. La tradition ne s’attache pas à des pratiques ou à une langue, mais à un objectif qui reste identique quelque soit la situation, à savoir : faire grandir l’amour et la fraternité. À chaque époque, il y a de nouveaux enjeux et de nouvelles priorités pour mettre en œuvre cet engagement de Dieu. L’écologie intégrale n’était pas une question prioritaire dans le passé, alors que nous savons que c’est aujourd’hui une question qui a des répercussions sur l’accès à l’eau et à l’alimentation, sur la pauvreté, les mouvements migratoires, les conflits…

Paix et synodalité
Pour souligner les enjeux sociaux qu’il considère comme prioritaires pour son pontificat, le nouveau pape a mis l’accent sur la paix et la fraternité lors de sa première prise de parole au balcon de Saint-Pierre à Rome. Contribuer à la réalisation de la Bonne Nouvelle chrétienne implique de discerner les besoins du monde et la volonté de Dieu pour celui-ci. Ce travail de discernement peut s’avérer difficile, car nous pouvons parfois confondre nos désirs personnels avec la volonté de Dieu. C’est pourquoi le pape Léon a insisté sur l’importance de maintenir la synodalité au cœur du fonctionnement de l’Église, reprenant ainsi l’impulsion donnée par le pape François. Le conclave, tel que les cardinaux l’ont vécu, est une mise en œuvre concrète de ce travail collégial de discernement. Loin des batailles de pouvoir, l’élection du pape fut pour les cardinaux une liturgie afin de discerner la volonté de Dieu pour notre monde, notre temps et l’Église. Le fait de se mettre en marche ensemble, en peuple, en communauté, constitue le meilleur garde-fou contre le totalitarisme et la manipulation.

Olivier

2025-05-23T11:41:53+02:00

L’Évangile du mois de juin 2025

Nous lirons ce passage le 1er juin, en ce dimanche « coincé » entre la fête de l’Ascension et celle de Pentecôte….

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean


En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux.

Le contexte

Cette prière de Jésus dans l’Évangile de Jean conclut les discours d’adieu à ses disciples, introduisant ainsi le récit de la Passion. Nous lirons la fin de celle-ci. Dans sa première partie, cette prière vient manifester la solidarité et la communion du Père à l’égard du Fils qui livre sa vie par amour et garantit l’unité des disciples qui devront faire face aux épreuves. Dans ces derniers versets, la prière de Jésus s’élargit au-delà du cercle des premiers disciples. Elle s’adresse à toutes les communautés. Leur unité, fondée en l’amour du Père et du Fils, dit quelque chose de leur identité et leur mission.

Une progression…
Cette prière laisse apparaître un crescendo : que tous soient un, puis qu’ils soient un en nous, qu’ils soient un comme nous, et enfin qu’ils deviennent parfaitement un. L’insistance sur ce thème de permet de comprendre combien cette unité est non seulement vitale, mais représente l’identité même de la communauté des disciples. Son existence doit sa pérennité à son attachement indéfectible au Christ, comme entre ses membres, y compris dans les épreuves et les passions subies.

Comme toi, comme nous
La communauté pleinement en communion devient alors le reflet vivant de l’unité du Père et du Fils. La qualité de cette union prend sa source dans la Révélation. Dans le contexte historique, l’unité représente surtout leur implication à la fois dans le monde et au sein de la communauté. Comme le Père et le Fils sont unis, et cela jusqu’au cœur de la Passion, ainsi les membres de la communauté sont invités à vivre parfaitement de cette communion. L’amour du Père et du Fils devient le ciment des relations communautaires. Comme le Christ est uni au Père, de même le Fils s’unit à ses disciples.

Afin que le monde sache
Cette unité fondamentale représente le témoignage missionnaire de la communauté : pour que le monde croie que tu m’as envoyé, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. L’unité des disciples n’est donc pas un en-soi théorique et encore moins un entre-soi qui enferme. L’amour mutuel, qui prend sa source dans l’amour de Dieu, a pour destination le monde qui pourtant harcèle cette communauté ecclésiale et même qui la persécute.
L’unité fraternelle est à la fois le fruit de l’amour du Christ et la réponse à ses opposants. Car cette union parfaite et accomplie entre les disciples puise sa force dans la croix qui en révèle tout le sens.

Pour que l’amour soit en eux comme moi aussi je suis en eux
La Passion de Jésus qui s’approche est ainsi définie en terme de don : pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. Marchant résolument vers sa Passion, le Christ s’affirme comme celui qui fait vivre sa communauté, garantit son unité et sa communion au Père. La prière de Jésus donne sens à la mission ecclésiale en l’inscrivant dans son amour livré. Dès lors la croix devient don de vie et d’espérance pour des communautés déchirées, en lui ouvrant un avenir, une résurrection promise.

Réflexion tirée du site du père François Bessonnet 
« Au large biblique » avec son aimable autorisation.

Didier Rocca

 

L’expression du mois : Être disciple

Dans les Évangiles, Jésus s’adresse souvent au groupe des disciples. Ce qui les caractérise est d’être des proches de Jésus qu’il a connus durant sa vie publique. Ne les idéalisons pas, ils nous ressemblent à la fois dans leur générosité et leur enthousiasme mais aussi dans leurs incompréhensions et leurs péchés. Une partie du ministère de Jésus consiste à les former à des pratiques évangéliques comme dans ce passage. Jésus ne les trompe pas, il ne dilue le message. Il demande beaucoup. C’est cela être disciple du Christ : Suivre le Christ « quoiqu’il en coûte ».

2025-05-23T11:40:28+02:00

Lettre du Villard – Avril 2025

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 avril 2025

Bien cher ami,
Nous devrons donc nous passer de votre présence jusqu’aux vacances d’été. Nous comprenons bien que vos grands adolescents aient souhaité que vous les emmeniez découvrir d’autres paysages que ceux de notre vallée. Il vaut mieux voyager jeune, même si on manque alors d’un peu de recul pour apprécier ce qu’on voit. J’en ai touché un mot à nos amis alors que, comme chaque année, nous faisions le ménage de la chapelle du Villard avant les Rameaux. Qu’avais-je dit ! L’ami Béraud, c’est une idée fixe chez lui, considère que, s’il s’agit de connaître un pays, de comprendre son histoire, sa géographie, son économie, sa société, ce n’est pas en allant s’y promener quinze jours qu’on améliorera la connaissance qu’on en a. Les voyages scolaires, comme ceux proposés aux gens du « troisième âge », sont pour lui les expressions les plus achevées du voyage de divertissement, qui, avec un habillage culturel, permet aux uns et aux autres d’ouvrir une parenthèse dans leur existence. Poulenc a mollement acquiescé mais lui a fait remarquer qu’on ne peut, sans se déplacer, ressentir une véritable émotion, éprouver un réel enthousiasme, devant tel tableau ou tel monument ou encore face à tel paysage grandiose. Obstiné, Béraud a repris le fil de son idée, en avançant que ces escapades touristiques ne sont qu’un ersatz des voyages dans lesquels se lançaient seuls des gens aisés, cultivés, aventureux et que n’obnubilait pas le souci du confort. « Le Grand Tour1, a-t-il ajouté, concernait des personnes ayant reçu une éducation leur permettant d’apprécier et de comprendre ce qu’ils découvraient, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. » Gastinel qui tentait d’enlever les toiles d’araignées avec sa tête de loup télescopique, lui demanda ce qui le gênait dans le fait que des gens puissent voyager pour se divertir, pour leur simple plaisir. Béraud a convenu qu’à partir du moment où ils ne se croyaient pas tenus d’avoir ensuite un avis sur tout à partir du peu qu’ils avaient vu, il n’avait pas d’objection à formuler.
Poulenc permit à la conversation de prendre un nouveau cours, en ajoutant, à propos de voyages, et dans une contrée où on ne peut être soupçonné de vouloir découvrir les mœurs des indigènes, qu’il tenait à notre disposition le Guide Michelin France 2025 qui venait d’être édité. Béraud a ronchonné une fois de plus car il avait lu dans la presse que des têtes couronnées – des valeurs établies selon lui – venaient d’être décoiffées alors, qu’à son avis, la mode était maintenant de consacrer les petits malins qui mélangeaient des saveurs improbables et les assaisonnaient de fleurs pour épater les gogos. « Ma foi, dit Gastinel, nous ne fréquentons pas les plus étoilés de ces restaurants, mais j’ai la faiblesse de m’intéresser aux critiques gastronomiques ainsi qu’aux recettes des chefs et à ce qu’ils disent de leurs parcours. Et c’est là ce qui m’interpelle car on remarque que la réussite n’est pas un effet du hasard, que la confiance en soi, que le savoir-faire relationnel et le facteur chance n’auraient rien été dans leur réussite sans l’acquisition d’une maîtrise technique et un travail acharné, mais aussi sans la volonté d’être le meilleur. » En l’entendant, cela m’a fait penser à vos récents commentaires de l’actualité. Vous m’écriviez que vous ressentiez un profond malaise en voyant marginalisé chez nous, dans notre société, le goût de l’effort, du travail bien fait et de la performance. Et que cela vous inquiétait plus que les conséquences sur l’économie mondiale des orientations hasardeuses du président des États-Unis, plus que le caractère insoluble de la situation en Palestine, plus même que le sort de l’Europe paralysée par ce qui se passe en Ukraine, qui sont tous les éléments d’un contexte dont, ni nous, ni notre pays ne pouvons modifier le cours. Alors que, pensez-vous, à notre niveau, il n’est pas dit que nous ne puissions pas orienter le cours des choses. Le catastrophisme d’Extinction-Rebellion2 qui est là pour dire qu’il faut renverser la table si nous ne voulons pas disparaître, vous paraît aux antipodes du courant de pensée qui irriguait notre société depuis des siècles et qui était sous-tendu par l’idée que nous étions capables de nous adapter. On a parfois l’impression, en écoutant certains, qu’ils sont saisis par la grande terreur qui a précédé l’An Mil, et que la fin du monde est proche ! Et puis, ma foi, le monde a continué… Le catastrophisme, le pessimisme, disiez-vous, est une régression. Comme je disais cela à nos amis, Gastinel, m’écoutant vaticiner comme la Pythie3 sur son trépied, a ajouté : « Vous allez penser que je suis complotiste, mais j’ai peine à croire qu’il n’y ait pas, derrière ces mouvements qui mettent en cause notre culture, la volonté de nous faire prendre du retard dans notre développement économique, industriel, voire militaire. Sous ces influences délétères qui sont parées des meilleures intentions, nos sociétés acceptent de porter des handicaps de plus en plus lourds. » « Heureusement, conclut Poulenc, que vous admettez qu’on puisse vous prendre pour un complotiste ! Cela ne vous dédouane pas mais montre que vous êtes conscient que d’autres puissent avoir une autre analyse que la vôtre ! »
Je ne sais quel est votre avis sur la question ; vous aviez remarqué que sont généralement qualifiés de complotistes ceux qui ne pensent pas comme eux mais que, par ailleurs, il y a peut-être des complotistes en quelque sorte de bonne foi, qui sont inconscients des schémas de pensée dans lesquels ils se sont enfermés. Vous aideriez Gastinel – et sans doute nous aussi dans bien d’autres domaines – en essayant de mettre en exergue dans votre prochaine lettre les raisons de nos aveuglements.
Nous vous souhaitons un bon voyage et de bonnes vacances !
Bien à vous.

P. Deladret

  1. Nom donné au xviiie siècle au long voyage que faisaient en Europe des fils de « bonne famille » pour compléter leurs connaissances livresques en découvrant d’autres sociétés.
  2. Extinction-rebellion : mouvement social écologiste radical s’exprimant notamment par la désobéissance civique.
  3. La Pythie, de Delphes, assise sur un trépied sous lequel fumaient des feuilles de laurier, répondait de façon sibylline dans un état sans doute second aux questions qui lui étaient posées.
2025-04-21T17:14:32+02:00

Camp Printemps 2025 > les Benjamins

Les Benjamins à Carabelle

Lors d’une belle matinée de printemps
Le début de cette aventure, ce camp
Tous ensemble, unis et sans se douter
Qu’une belle expérience à jamais sera ancrée.

De bébé à médecins à dieux grecs,
Des périples nombreux et complexes
Qui nous ont divertis et amusés,
De quoi passer de bien bonnes journées.

Surtout avec le retour d’un ami,
Celui que l’on appelle Miyazaki
Rejoint par Totoro et ses amis,
Pour vivre ensemble une journée de folie.

Merci à vous pour ce camp merveilleux,
J’espère que vous vous êtes épanouis.
Merci à vous pour ce camp joyeux,
J’espère que vous en êtes ravis.

En espérant vous voir cet été !

Niels

2025-04-21T16:54:34+02:00

Édito mai 2025 > Un tombeau vide

Avec Pâques, fête fondamentale pour les chrétiens, nous célébrons la résurrection du Christ, et cela démarre par la découverte du tombeau vide. Ensuite c’est sur les dires des uns et des autres qui témoignent du retour du Christ que la résurrection devient une Bonne Nouvelle, mais ce sont des croyants qui en parlent, il n’y a pas de preuve historique de la résurrection, ni de la divinité de Jésus. C’est donc sur une absence que repose la foi des chrétiens, ce qui définit l’acte même de croire : il n’y pas de preuve tangible irréfutable et matérielle, cela implique une adhésion personnelle et libre. On ne nous demande pas de croire en l’existence du papier sur lequel est imprimé ce texte, mais pour les sentiments, comme pour la foi, il y a un mouvement intérieur qui permet d’affirmer ou non si l’on croit. Si la foi était démontrable et irréfutable, alors nous n’aurions pas le choix, nous serions obligés de croire, et l’on ne parlerait pas de croyance mais de certitude.

L’invisible
Dans le cadre d’une relation d’amitié ou d’amour, on peut donner des preuves du sérieux de cette relation, on peut poser des gestes et des actes, mais le doute subsiste, c’est ce qui fait la force et la fragilité de ces relations humaines tellement belles mais parfois douloureuses. On peut découvrir que l’on a été manipulé, ou au contraire se rendre compte que l’on a négligé une belle relation par aveuglement, par négligence ou pour un tas d’autres raisons liées à notre histoire et à nos expériences antérieures. Les sentiments ne sont pas visibles en dehors des geste qu’ils font poser.

Le doute
Pour la croyance, comme pour les sentiments, le doute fait donc partie du chemin de la foi. Il est normal que nous posions des questions sur ce qui fonde notre espérance, sur le sérieux de notre expérience spirituelle. Les miracles relatés dans les Évangiles ne sont pas des actes magiques qui obligent les spectateurs à croire, ils sont des signes de la bienveillance de Dieu qui est sensible à la détresse humaine et qui vient lutter contre le mal. D’ailleurs, à plusieurs reprises, la Bible relate que Jésus ne pouvait pas accomplir de guérison là où les gens n’avaient pas la foi. Et même lorsque les miracles paraissent extraordinaires, ils peuvent rester objets de contradiction et d’incrédulité. Cela me fait penser à une rencontre avec le responsable du sanctuaire de Lourdes lorsqu’étant jeune j’avais participé au pèlerinage diocésain avec les personnes malades et handicapées de Marseille. Il nous expliquait que les miracles reconnus officiellement par l’Église ne relevaient pas de la magie mais étaient en fait des guérisons inexpliquées et jamais contre-nature. Et qu’il fallait que le doute puisse exister entre intervention divine et action de forces qui permettaient aux personnes malades de trouver des ressources insoupçonnées et inconnues au moment de la guérison. Il nous précisait qu’avec les années et les progrès de la science, certains miracles pouvaient trouver des explications médicales et psychologiques, mais que le terme de miracle restait justifié car à l’époque où la guérison avait eu lieu, on ne pouvait pas comprendre ou provoquer ce rétablissement. Il y avait quelque chose qui nous dépassait. Que certains parlent de miracle et d’autres de force intérieure ou de « niaque » fait partie de ce doute possible. Il nous disait même que, pour lui, le véritable miracle de Lourdes, comme de beaucoup de lieux de guérisons, c’était que la plupart des malades ne revenaient pas guéris après un pèlerinage mais qu’ils avaient gardé la foi et trouvé des ressources intérieures pour traverse les épreuves.

La liberté
Il est donc naturel et même peut-être bénéfique, que nous puissions avoir des périodes de doute et de remise en cause de notre foi. Cela fait partie du processus. Entre ce que l’on a appris étant un enfant crédule et notre expérience d’adulte libre et responsable avec une certaine expérience de la vie, il est normal que nous ayons besoin de remettre en cause les choses imposées pour qu’elles prennent du sens, qu’elles soient remises en perspective et répondent à une certaine logique. Ce n’est pas un péché de douter ou de se poser des questions, au contraire. L’Église précise même aux croyants que pour prendre une décision qui soit juste et bonne, ils doivent suivre leur conscience. Ils ont le devoir d’éclairer cette conscience pour ne pas être motivés par des pulsions ou des instincts, ils ont sans doute besoin de prendre conseil et de prendre du recul – et la spiritualité et la foi chrétienne donnent des repères qui permettent de faire ce travail de discernement – mais au bout du compte, ce que l’Église nous dit, c’est qu’elle respecte la décision d’une personne même si cette décision ne rentre pas totalement dans les clous de la doctrine officielle. La liberté de l’homme est première. On pourrait même dire que le désir de Dieu pour l’humanité, si l’on peut prétendre savoir ce que Dieu veut – ce qui est révélé tout au long de la vie de Jésus dans ses rencontres et ses relations – c’est que l’homme soit libre. Libre au sens fort du terme : libéré des tous les esclavages, intérieurs, extérieurs, politiques et mêmes religieux, afin qu’il accède à sa plénitude et à son accomplissement.

Olivier

2025-04-21T16:48:13+02:00

L’Évangile du mois de mai 2025

L’Évangile du mois sera proclamé le 18 mai durant le temps pascal, ces 50 jours qui prolongent la grande fête de Pâques.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean


Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants ,c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.  Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

Le contexte

Cet extrait se situe durant le dernier repas de Jésus entre l’annonce de la trahison de Judas et celle du reniement de Jésus. On a le sentiment que le départ de Judas apporte un soulagement qui détend l’atmosphère. Maintenant qu’il n’est plus là, Jésus peut commencer le discours des adieux à ses disciples. Tel un maitre spirituel, Jésus commence ici son testament spirituel.

Le Fils de l’Homme a été glorifié
Dans l’Évangile de Jean, la gloire évoque la vérité ultime d’une personne. Jésus a donc été glorifié dans le geste du lavement des pieds, clé de lecture du sens de sa présence parmi nous. Par conséquent, « Dieu a été glorifié en lui », Jésus lavant les pieds de ses disciples, il glorifie Dieu, Dieu se révélant ainsi dans le service du prochain.

Petits enfants
Cette mention a bien évidemment un caractère affectueux. On peut entendre aussi cela au premier degré. Au moment où Jésus va mourir, ses disciples peuvent se considérer comme des enfants orphelins puisque leur divin maitre va mourir.

Un commandement nouveau ?
Rien de nouveau sous le soleil ! S’aimer les uns les autres n’a rien d’un commandement original. En fait, dans l’Ancien Testament, l’amour du prochain se confond avec la justice, ici, Jésus donne un sens nouveau à un commandement ancien. Il s’agit d’aimer jusqu’à laver les pieds de ses proches.

Commander d’aimer ?
Si par définition l’amour est gratuit, comment peut-il se commander ? Et s’il se commande, ce n’est plus de l’amour. La seule façon de sortir de cette impasse est de ne pas considérer l’amour comme un sentiment mais comme une action. Jésus ne nous commande pas d’éprouver de l’affection pour telle ou telle personne mais de nous mettre concrètement au service de notre prochain. Ce n’est pas la même chose !

Comme je vous ai aimés
Le modèle de l’amour se trouve dans l’attitude de Jésus avec ses disciples. Pour le définir en une phrase, c’est l’action que j’entreprends pour faire grandir mon prochain dans toutes les dimensions de sa personne. C’est en étant enracinés dans l’amour de Dieu que nous pouvons aimer notre prochain. Remarquons que Jésus ne dit pas « aimez-moi comme je vous ai aimés ». L’amour n’est pas un commerce mais une circulation : « Comme je t’aime, aime ton prochain »

Être disciple ?
Ce n’est pas le raisonnement, ni la foi qui définit le disciple mais d’abord l’amour. Oui, l’amour est la marque du disciple, c’est d’ailleurs ce que nous avons pu expérimenter. Remarquant telle ou telle personne particulièrement aimante, au service, nous avons compris qu’elle était une disciple de celui au nom de qui elle servait, aimait.

Ces réflexions ont été librement inspirées à partir du livre d’Antoine Nouis
« Le Nouveau Testament » Commentaire intégral. Volume 1.

Didier Rocca

 

L’expression du mois : Être disciple

Dans les Évangiles, Jésus s’adresse souvent au groupe des disciples. Ce qui les caractérise est d’être des proches de Jésus qu’il a connus durant sa vie publique. Ne les idéalisons pas, ils nous ressemblent à la fois dans leur générosité et leur enthousiasme mais aussi dans leurs incompréhensions et leurs péchés. Une partie du ministère de Jésus consiste à les former à des pratiques évangéliques comme dans ce passage. Jésus ne les trompe pas, il ne dilue le message. Il demande beaucoup. C’est cela être disciple du Christ : Suivre le Christ « quoiqu’il en coûte ».

2025-04-21T17:12:48+02:00