Spiritualité

Édito novembre 2025 > Témoins plus que maîtres

Le pape Paul VI disait en 1974 lors d’une audience générale : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. Il éprouve en effet une répulsion instinctive pour tout ce qui peut apparaître mystification, façade, compromis. Dans un tel contexte, on comprend l’importance d’une vie qui résonne vraiment de l’Évangile ! » Cette réflexion reste d’actualité et concerne l’Église mais aussi toute l’humanité. On le voit bien avec la méfiance de nos contemporains vis-à-vis des politiciens, des syndicalistes, des journalistes et de toute personne en charge de responsabilité. Si les actes ne sont pas en conformité avec les paroles, alors le message est rejeté en bloc. C’est une invitation à l’exigence personnelle pour tous ceux qui ont des responsabilités.

Appel à l’exigence
Il est bien normal que les gens attendent de la part de ceux qui transmettent des messages qu’ils soient à la hauteur de ce qu’ils annoncent. Sinon ils sont considérés comme des hypocrites ou des menteurs. Nous savons que les messagers sont humains, donc imparfaits et perfectibles, mais ils se doivent de tout faire pour avancer vers l’idéal qu’ils annoncent et pour travailler intérieurement à se conformer à ce qu’ils proposent comme chemin positif et de bonheur. Sinon ils sont des donneurs de leçons qui n’appliquent pas ce qu’ils proposent comme chemin de vie. Cela doit nous engager à essayer de vivre du message, et à tendre vers l’idéal que nous annonçons. Le Christ est le seul qui incarne parfaitement la parole de Dieu, au point que de lui seul nous pouvons dire qu’il n’est pas un messager mais qu’il est lui-même le message. Bien que nous soyons incapables d’incarner parfaitement l’Évangile dans nos vies, nous devons nous rappeler que c’est vers ce but que nous devons tendre, c’est tout le sens de l’appel à la sainteté qui nous est adressé lors de notre baptême.

Appel à l’humilité
Les messagers, pour être dignes du message qu’ils portent, doivent se rappeler qu’ils ne sont pas exempts de défauts et que le message lui-même les dépasse, nécessitant leur propre transformation. Les gens acceptent que les responsables aient des limites et ne soient pas parfaits, mais ils peuvent être profondément blessés si les messagers prétendent incarner parfaitement le message et jugent et condamnent alors qu’ils sont eux-mêmes imparfaits. Le message évangélique n’est pas un critère de condamnation mais une Bonne Nouvelle qui soutient les hommes et les femmes dans leur cheminement, les aide à se relever après une chute et à retrouver courage face aux obstacles. Pour les chrétiens, seul le Christ, le seul homme parfait, pourrait être autorisé à condamner. Pourtant, il n’a jamais condamné, mais a toujours accueilli, accompagné, pardonné et invité à la conversion.

Appel à la sainteté
Nous célébrons en ce mois de novembre la fête de la Toussaint. Les saints sont des femmes et des hommes qui se savaient aimés quoi qu’il arrive, qui savaient que Dieu avait déposé en eux sa force d’amour, son Esprit Saint, et qu’ils pouvaient le faire germer et porter du fruit en aimant les autres et en s’engageant afin de faire grandir la solidarité et la fraternité dans le monde. Les saints ne sont pas des gens parfaits, mais ils ont su se laisser travailler par l’énergie d’amour de Dieu. Ils nous sont donnés comme des signes de ce que nous sommes tous appelés à devenir : d’authentiques témoins de la Bonne Nouvelle. Il y a les saints officiels, reconnus par l’Église, qui ont des statues dans les lieux de cultes et leurs noms dans les calendriers, mais il y aussi tous les saints plus discrets, anonymes, que nous honorons en cette fête de la Toussaint, qui n’ont pas fait l’objet d’un procès de canonisation mais qui sont pour nous des repères. Nous en connaissons certainement dans notre entourage, dans nos familles. Ils sont importants pour nous car ils sont abordables ; nous pouvons nous identifier à eux. Nous savons qu’ils ne sont pas parfaits, ce ne sont pas des anges ni des êtres hors-sol, mais ils ont été capables de faire grandir en eux le cadeau de l’amour de Dieu et de le partager avec nous, même de manière très discrète et banale, dans le quotidien d’une vie normale, sans faire des choses exceptionnelles mais en vivant leur vie de manière extraordinaire. Nous sommes invités à mettre nos pas dans les leurs, à avancer vers une vie toujours plus habitée par la foi, l’espérance et la charité, sans prétention mais sans appréhension non plus devant cet idéal qui nous dépasse et peut nous impressionner. Il est normal – et même plutôt salutaire – que nous soyons pris de vertige devant la Bonne Nouvelle que les chrétiens annoncent, car elle nous propose une perfection de vie qui est au-delà de nos forces humaines. Mais dans la foi nous ne sommes pas livrés à nos propres forces, nous croyons que nous sommes habités par l’esprit d’amour de Dieu qui travaille en nous. La conversion consiste a laisser cette énergie grandir et s’épanouir dans nos vies et dans celle des autres. Pour cela il faut la reconnaître, l’accepter et consentir à la faire fructifier.

Olivier

2025-10-13T18:59:05+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2025

Lisons ensemble un court extrait de l’Évangile de la Passion que nous lirons en cette fin d’année liturgique.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : 
« Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.»

Le contexte
À l’occasion du dernier dimanche de l’année liturgique, nous lisons un extrait de la Passion. Les premiers chrétiens ont reconnu en Jésus dans ce récit les traits du vrai Roi.

Trois tentations
Au tout début de la vie publique de Jésus juste après son baptême, on se souvient que Jésus a été tenté trois fois par le diable :
– « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ».
– « Si tu te prosternes devant moi, tu auras pouvoir sur le monde entier ».
– « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ».
Et le diable, nous dit saint Luc, « s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » Remarquons que ces trois tentations sont ici redoublées non plus par Satan mais par trois autres personnes ou groupes de personnes :
– Les chefs des prêtres quand ils disent « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est l’Elu de Dieu ! »
– Les soldats romains quand ils s’écrient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. »
– Enfin, celui que l’on appelle le mauvais larron qui s’adressant à Jésus lui dit : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! »
À chaque fois, des injures et un appel à descendre de la croix ! Le pouvait-il ? Oui. Le fallait-il ? Non. Cela aurait signifié que Jésus renonce à sa mission de sauveur.

Le Sauveur et roi 
qui ne se sauve pas
C’est ici tout le paradoxe du mystère de la Croix qui s’exprime. Celui que les anges de la nativité annonçaient aux bergers est ici sur une croix, victime des moqueries des uns, impuissant face au jugement des autres.
De fait, si Jésus n’est pas capable de se sauver, de faire appel, en cette circonstance, à la puissance de Dieu, comment peut-on lui donner le titre de Messie ? Sa souffrance et sa passivité prouvent bien pour les personnes présentes au pied de la Croix qu’il ne peut pas se l’attribuer. Pourtant, c’est bien en cette apparente inaction que Jésus se révèle Fils et Christ, intercesseur auprès du Père.

Roi sans terre
Comme l’indique l’écriteau, Jésus est condamné sous le motif de « Roi des Juifs ». Un roi sans terre, sans épée, sans armée que même des soldats bafouent. Sa royauté est bien synonyme de l’injustice dont il est victime. Ni Pilate, ni Hérode ne l’ont reconnu comme roi des Juifs, pourtant, malgré son innocence avérée, Jésus est condamné pour ce motif. Sa royauté est tout autre.

Le « bon » larron
Pour beaucoup, pour les juifs, pour les païens comme pour nous, il est bien difficile d’articuler Jésus comme figure royale avec la Croix. La royauté du Christ est étonnante, non pas despote, capricieux, dictateur mais soumis à la liberté de l’homme.
Le bon larron est la figure du bon disciple. Il a la crainte de Dieu. Objectivement, pécheur, assumant sa responsabilité, honnête par rapport à son divin Maître comme par rapport à lui, il ne lui demande pas de le sauver mais de se souvenir de lui. Et Jésus lui répond : Aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis. Deux façons de comprendre cela :
– Quand tu seras mort, tu seras avec moi dans le Royaume de Dieu.
– Se placer dans cette juste relation avec Jésus, c’est cela le paradis. Pas une question de lieu mais de relation. Par conséquent, le bon larron se met auprès de Dieu alors même qu’il est sur la croix.
Cette deuxième interprétation nous invite à considérer le Royaume non pas comme un objectif à atteindre pour après, mais comme un espace de relations accessible dès aujourd’hui.

Didier Rocca

2025-10-13T19:04:31+02:00

Édito octobre 2025 > Politique & religion

Le climat politique en France n’est pas paisible, et le rapport des religions avec le monde politique est une question complexe. La particularité de la laïcité française insiste sur la séparation des Églises et de l’État, mais elle tombe parfois dans une idéologie antireligieuse qui n’est pas respectueuse de la liberté de conscience ni de la liberté religieuse. Cependant, la question se doit d’être posée car les croyants sont avant tous des citoyens et sont donc partie prenante de la vie de la société. Leurs convictions et leurs conceptions de la vie ne peuvent rester cantonnées à la sphère privée. Les croyants votent, ils travaillent, ils ne sont pas déconnectés de la vie sociale, ils ne sont pas des citoyens au rabais…

Convictions et clivages
Si la laïcité impose la neutralité religieuse à ses représentants, elle ne le demande pas aux citoyens. Une religion qui ne s’incarnerait pas dans des convictions humaines, sociales et politiques n’aurait pas de sens. Nous savons bien que la pratique religieuse ne se réduit pas à la pratique rituelle, mais qu’elle implique aussi des engagements humains et sociaux. La difficulté réside dans le fait que le jeu politique est souvent facteur de clivages et de divisions. Les représentants politique ont des postures à tenir, faute de quoi ils seraient pointés du doigt comme étant sans convictions et inconstants. C’est compréhensible, mais c’est aussi souvent consternant, car du fait de ces postures ils s’interdisent des choix qui seraient bons et justes mais qui ne sont pas dans leur ligne politique, et ainsi, ils se tirent une balle dans le pied, ils se dévalorisent aux yeux des électeurs et ne travaillent plus au bien commun mais à leur survie politique ou à celle de leur parti. Il est souvent difficile de parler politique sans prendre parti et sans entrer dans les clivages idéologiques qui divisent et ne permettent pas des échanges constructifs et apaisés.

Convictions et fraternité
Les croyants ont une vision de l’existence particulière, qui prend en considération la dimension transcendante et spirituelle de la vie ; cela les engage aussi à se positionner sur les grandes questions de société et sur le bien commun. Ils se doivent de veiller à la cohérence de leur vie, et peuvent exprimer leurs convictions ou leurs désaccords, comme tous les autres citoyens. La fraternité et le bien commun sont premiers dans le message chrétien, et cela implique de ne rejeter personne et de travailler à vivre la communion. Parfois cet impératif de fraternité universelle rentre en conflit avec des convictions qui peuvent sembler incompatibles voire intolérables. Les croyants se sentent alors déchirés : comment tenir bon dans l’ouverture aux autres, dans la fraternité, dans la solidarité, dans le souci des plus pauvres, dans l’accueil de l’étranger, et tout à la fois ne pas combattre ceux qui pensent autrement ? Comment arriver à ne pas se fâcher tout en abordant des questions qui fâchent ? Cela peut devenir douloureux et compliqué. Comment trouver la bonne manière de mettre en œuvre la Bonne Nouvelle chrétienne sans tourner le dos à ceux qui ne la comprennent pas ou qui la combattent ? Nous pouvons nous inspirer de l’attitude de Jésus Christ : il n’a rejeté personne, il s’est fait proche de tous, tout en acceptant de se voir rejeté, trahi, jugé, condamné, torturé, tué. Mais cela n’était pas sa volonté, puisque son choix était de montrer l’amour total et universel de Dieu pour tous. Jésus a rencontré les puissants et les hommes forts de son temps, même ceux qui lui étaient opposés, mais il n’a pas changé de cap dans son message de fraternité, de solidarité et d’amour. À l’image du Christ, le chrétien est invité à ne rejeter personne tout en continuant courageusement à se positionner, voire à se révolter contre ce qui est contraire au message évangélique. Cela lui demande un sérieux travail de discernement : il faut distinguer ce qui est relatif de ce qui est vital. Nous pouvons accepter de faire des compromis sur certains points tout en gardant le cap sur l’essentiel. Et surtout il nous faut veiller à ne jamais nous prendre pour Dieu : notre mission n’est pas de juger ou de condamner, mais d’annoncer et de nous engager pour mettre en œuvre dans nos vies ce que nous croyons. Si l’on peut combattre des idéologies, il nous est demandé de ne pas combattre les autres et de ne pas faire l’amalgame entre les idées et les personnes. Sinon comment parler d’amour universel ?

Convictions et liberté
La question se pose alors de savoir si l’on peut, comme chrétien, s’engager en politique ou exprimer des opinions et faire campagne pour un candidat ou un parti politique. Je connaissais un prêtre qui prônait ce qu’il appelait la « chasteté politique » : il avait des convictions, mais comme prêtre il ne voulait pas que ses convictions divisent la communauté qu’il avait pour mission de servir, et donc il n’exprimait pas ses idées politiques, tout en donnant des critères et des repères basés sur l’Évangile, et il votait « blanc », s’abstenant de prendre parti lors des scrutins. Il y en d’autres qui expriment plus ouvertement leurs convictions, prenant le risque de ne plus rassembler toutes les personnes de leur communauté, mais avec sincérité et dans la fidélité à ce que ferait le Christ s’il était à leur place, au risque d’être incompris ou combattus… Il n’y pas de règle, sauf celle de l’amour, du respect et du bien commun. Facile à dire, pas toujours facile à mettre en œuvre.

Olivier

2025-09-15T15:42:35+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2025

L’Évangile du mois est celui qui sera proclamé le 12 octobre. Il s’agit d’un récit de miracle étonnant…

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre ; Se tenant à distance, ils lui crièrent : « Jésus, Maître, aie pitié de nous ! »
Voyant cela, il leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. »
Et pendant qu’ils y allaient, ils furent guéris. Se voyant guéri, l’un d’eux revint, rendant gloire à Dieu à haute voix. Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et il le remercia. Or lui était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ? Il n’y a donc eu que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ? » Jésus lui dit : « Relève-toi et va ton chemin, ta foi t’a sauvé.»

Le contexte
Dans ce passage, les données géographiques sont importantes. Jésus se dirige vers le Jérusalem, le lieu de sa Passion, vers la lèpre du monde. Il quitte définitivement sa région de Galilée et arrive dans un territoire très particulier, la Samarie, puisque leurs habitants sont des juifs qui ne reconnaissent pas le Temple de Jérusalem. Les samaritains représentent les « mauvais » croyants.

Dix lépreux…
Étonnant de rencontrer dix lépreux… Pas tant que cela. Les maladies de peau en général, et la lèpre en particulier, étaient signe de malédiction pour ceux qui en étaient victimes. C’est pourquoi, il était fréquent qu’ils se regroupent afin d’avoir un semblant de vie sociale.

Une pièce en deux actes…
Les lépreux ne demandent pas formellement la guérison, ni l’aumône. Jésus suivant la Loi les envoie vers les prêtres qui doivent constater la guérison pour les réintégrer dans la communauté des croyants. L’attitude des dix lépreux est donc pleine de foi puisqu’ils font confiance à Jésus avant même d’être guéris. La première partie de cet Évangile insiste donc sur la puissance de la Parole de Jésus et sur la foi des dix lépreux.
En outre, l’un d’eux semble avoir saisi que Jésus est l’unique prêtre et temple. C’est bien devant lui qu’il se prosterne et qu’il glorifie Dieu. Or c’était un Samaritain. Étonnant ! En règle générale, les Samaritains ne s’associent pas aux Juifs. Et inversement. Notons que la lèpre a réuni, à l’écart du monde, des hommes de ces deux clans. L’impureté unit plus les hommes que la pureté. Or le dessein de Dieu et de son Christ n’est-il pas de rassembler les fils perdus ? Hélas, malade ou guéri, un Samaritain ne pourra aller au Temple de Jérusalem : il en est exclu ! Qui aurait pu dès lors le déclarer pur ? C’est donc ici la pointe de notre récit. Le lieu du Temple ne permet ni la guérison, ni une pleine réconciliation. De la même manière, ce Samaritain ne se rendra pas au mont Garizim (là où se trouve le temple des Samaritains). Il est le seul à avoir reconnu en Jésus celui qui instaure ce nouveau règne de Dieu, unissant, dans la foi, juifs et non-juifs.

Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé
C’est une phrase récurrente dans les récits de miracles de Jésus, qui associe foi et salut. Le salut ne réside pas seulement dans la guérison. Il est une renaissance : « Relève-toi », telle une résurrection, un retour à une vie sociale et religieuse qui trouve sa source dans le Christ. Mais il ne s’agit pas d’un retour à une vie passée ou rêvée. La parole de Jésus n’est pas un constat, un diagnostic, mais un envoi. Pour Luc, le véritable salut consiste en cette écoute de sa parole et cette marche à la suite du Christ, celui qui vient révéler la miséricorde de son Père, envers tous ses enfants.

Pour nous aujourd’hui…
Jésus agit partout dans le monde par son Esprit et il ne faut pas s’étonner qu’il le fasse au profit de toute personne quelle que soit sa culture ou sa religion. Les guérisons opérées par Jésus nous invitent à voir dans toute guérison un signe de son action dans le monde. Elles nous invitent aussi à une guérison de notre foi. Guérir notre foi, c’est faire ce passage de la confiance, de la foi en ses œuvres à l’abandon, à la conversion, à la foi en sa personne.

.

Didier Rocca

2025-09-15T17:56:48+02:00

Édito septembre 2025 > Une Œuvre chrétienne

L’Œuvre a été fondée par un prêtre de Marseille, Jean-Joseph Allemand, qui a créé une communauté pour les jeunes qui s’étaient investis depuis les débuts de cette aventure et qui étaient devenus ses proches collaborateurs. Il leur a proposé de se mettre au service des enfants en s’engageant dans la vie religieuse. Ceux que l’on appelle les Messieurs de l’Œuvre en sont les successeurs. Ce sont des chrétiens qui ont la charge et la responsabilité de mettre en œuvre les intuitions et la mission proposées par Monsieur Allemand et fondées sur l’Évangile.
La mission de l’Œuvre
Notre fondateur a défini la mission de l’Œuvre par une formule qui n’est pas très compréhensible de nos jours : « Aider les jeunes et les membres de la communauté à se sanctifier ». On pourrait dire avec des mots plus actuels : accompagner les jeunes dans leur rencontre avec Dieu, dans leur croissance humaine, afin qu’ils trouvent le sens de leur vie, qu’ils s’épanouissent, qu’ils grandissent en liberté, qu’ils se découvrent aimés et pardonnés, et qu’ils comprennent que le bonheur est dans l’engagement, le partage et le service. Ainsi ils avancent vers l’idéal que le Christ propose comme chemin vers la vie en plénitude. Monsieur Allemand et les responsables de l’Œuvre à sa suite ont ainsi veillé à accueillir le plus grand nombre de jeunes afin qu’ils trouvent leur chemin de sanctification, et pas seulement les jeunes déjà christianisés. Dans le contexte de la fondation de l’Œuvre en 1799, au sortir de la Révolution française, le christianisme avait perdu de son influence dans la société, et certains jeunes accueillis à l’Œuvre étaient issus de famille éloignées de l’Église. D’ailleurs, dans les anciens registres d’inscription qui sont dans nos archives, on trouve devant un grand nombre de noms de jeunes la mention : « tout à faire », pour dire que les enfants n’étaient ni baptisés ni catéchisés.

Pas seulement
 pour les chrétiens
L’histoire de l’Œuvre couvre les xixe et xxe siècle, et au cours de son histoire elle a connu des périodes où les jeunes inscrits étaient presque tous chrétiens. L’Œuvre pouvait être considérée comme une Œuvre pour les chrétiens. L’époque actuelle, pour ce qui concerne l’appartenance religieuse des jeunes inscrits à St-Sa, présente des similitudes par rapport à l’époque des débuts de l’Œuvre. Certains jeunes inscrits ne sont pas baptisé ni catéchisés, issus de familles aux références religieuses mixtes ou indifférentes à la dimension religieuse. Les parents ne sont pas contre le fait que nous proposions à leurs enfants de découvrir le message chrétien et que nous les accompagnions dans une compréhension de la vie ouverte à la spiritualité, mais cette question n’est pas leur première préoccupation. Il y a aussi au sein de l’Œuvre des animatrices et des animateurs qui cheminent et ne sont pas baptisés ; ils sont cependant conscients que la dimension religieuse est au cœur de la vie de l’Œuvre, et ils sont partie prenante de l’aspect spirituel de notre proposition éducative. Ils avancent eux aussi tout en accompagnant les jeunes qui leur sont confiés. On peut donc dire que l’Œuvre est chrétienne bien que n’étant pas seulement pour les chrétiens ni pour faire des chrétiens, car nous ne pouvons pas obliger une personne à être chrétienne, le respect de la liberté de chacun étant un point fondamental de l’acte éducatif.

Une Œuvre chrétienne
La question de ce qui définit une Œuvre chrétienne est donc légitime. Si le but de l’Œuvre n’est pas de s’occuper exclusivement des jeunes chrétiens ou de convertir au catholicisme ceux qui la fréquentent, qu’est ce qui la définit comme chrétienne ? En réalité, l’Œuvre est chrétienne dans ce qui fonde son action et sa conception de la vie et de l’éducation. Nos manières d’accueillir les jeunes, de les accompagner, de les respecter, d’espérer en eux, de pardonner et d’ouvrir un avenir au-delà de l’échec ou de l’erreur, définissent la catholicité de notre action. À la suite du Christ, nous essayons de recevoir chaque jeune comme une personne unique, aimée et dépositaire de potentialités à faire émerger. À la suite des premiers chrétiens, nous essayons de recevoir chaque jeune comme étant le Christ lui-même, considérant que toute personne humaine est habitée par l’esprit d’amour de Dieu. Ainsi, ce qui fait que l’Œuvre est chrétienne, c’est sa manière d’être plus que le public auquel elle s’adresse. Est-ce un renoncement par rapport à la mission que l’Église nous propose d’assumer ? Bien au contraire ; car le but de l’Église n’est pas de s’occuper d’elle-même ni de faire nombre, mais d’être au cœur du monde le signe et le moyen de la présence et de l’action de Dieu. Cette présence de Dieu dépasse l’appartenance religieuse ou la pratique rituelle. Nous accomplissons notre mission chrétienne lorsque nous témoignons de cette foi en la présence de l’esprit d’amour de Dieu dans toute existence humaine. Dans le cadre de l’Œuvre, nous avons la chance d’exprimer en toute liberté notre foi et notre espérance en cette action de l’Esprit Saint dans le cœur des jeunes, tout en respectant la liberté et le cheminement de chacun. Cette liberté et ce respect nous prémunissent de tout pessimisme et de tout prosélytisme. Nous croyons que chaque jeune est habité par l’esprit d’amour de Dieu qui s’incarne de manière mystérieuse en nous, et qui se révèle lorsque nous arrivons à mettre la fraternité et l’amour au cœur de nos relations. Nous sommes invités, à la suite du Christ, à respecter le cheminement de chacun, à nous émerveillés des fruits de cette présence en chacun, et ce faisant nous avançons nous aussi sur notre propre chemin.

Olivier

2025-08-24T14:46:57+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2025

Nous lirons ce passage le 1er juin, en ce dimanche « coincé » entre la fête de l’Ascension et celle de Pentecôte….

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise.”
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.
Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !”
– Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.
Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

Le contexte
La parabole précédente invitait les disciples à être des gérants généreux en grâce et en miséricorde de Dieu. Le cadre de cet épisode est cette fois plus conflictuel car la suite des versets voit revenir des pharisiens sur le devant de la scène. Cette parabole vient dénoncer un rapport à l’argent, à la Loi et aux autres pervertis. Remarquons que si on peut être en règle dans notre comptabilité, on ne l’est jamais avec Dieu. N’oublions pas aussi le lien fort entre l’amour de Dieu et du prochain.

 

L’un riche, l’autre pauvre
Dans sa parabole, Jésus commence par présenter deux personnages que tout oppose : l’un est riche, l’autre pauvre ; l’un est vêtu de pourpre, l’autre couvert d’ulcères. La pourpre et le lin n’évoquent pas seulement que cet homme vit dans le luxe, mais cela révèle aussi son rang social élevé. Le riche mène grand train alors que le pauvre n’a accès à aucune miette, et n’a que des chiens pour compagnie. Tout oppose donc ces deux personnes. L’un semble comme béni de Dieu avec ses richesses, son statut social tandis que le pauvre semble maudit de Dieu, miséreux et même misérable.

Le riche anonyme 
et le pauvre Lazare
Méfions-nous des apparences entre ces deux hommes. Le prestige de l’homme vêtu richement le placerait du côté de la bénédiction divine à laquelle n’a pas accès celui qui est apparemment maudit aux yeux des hommes. Mais déjà la parabole introduit un point bénéfique non négligeable en faveur du pauvre : il est le seul ici dont nous connaissons le nom. Le riche est et restera anonyme. En prononçant son nom, Jésus introduit Lazare dans une bénédiction : il est un familier de Dieu. Ce riche anonyme peut, quant à lui, porter tous les noms : celui des pharisiens comme celui de l’auditeur, mais aussi le nôtre.

Un père et deux fils :
 une fraternité malade
Deux fils, Lazare et le riche. Un père, Abraham. Un fils qui se croit loin de Dieu parce qu’il a vécu dans la misère la plus totale et un autre, le riche qui se croit proche parce qu’il a vécu dans l’abondance. Cela ne te rappelle rien ? Cet épisode n’est pas sans liens avec la parabole des deux fils puisqu’il est question aussi de fraternité. À deux reprises, le riche s’adresse à Abraham en disant « Père Abraham » ou« Mon Père ». Certes, il implore son pardon mais il n’en tire pas toutes les conséquences. Le riche a une vision réduite de la fraternité. Jamais, il ne s’adresse directement à son frère. Il ne se rend pas compte que Lazare est son frère. Ses richesses l’ont empêché de communiquer et d’entrer en communion avec lui. Un abîme, un fossé, un monde sépare le riche de Lazare. À notre mort, nous serons sans richesses matérielles mais aurons-nous été fraternels grâce à elles de notre vivant ?

Pour actualiser
Jésus, par sa vie pauvre et sa mort sur la croix, nous rappelle que la bénédiction de Dieu n’est pas liée au statut social ou à la réussite mondaine. En avons-nous bien conscience ? De plus, la fraternité, véritable fil rouge de toute la révélation biblique, reste encore à consolider. À notre mesure, efforçons-nous de regarder toute personne comme un frère, une sœur !

.

Didier Rocca

2025-08-24T14:44:51+02:00

Édito juin 2025 > Église sociale

Le nouveau pape a choisi comme nom Léon, et les commentateurs n’ont pas manqué de dire qu’il s’inscrivait ainsi dans la lignée de Léon XIII, pape qui a donné une impulsion plus sociale à l’Église, en particulier avec l’écriture de l’encyclique Rerum novarum en 1891. Peut-être veut-il aussi faire référence au premier pape qui a pris ce nom, Léon le Grand, qui a tenu tête à Attila, et Dieu sait que des Attila il y en a en responsabilité dans de nombreux pays en ce moment ! Mais je voudrais plutôt partir de l’adjectif « social » pour essayer de voir ce que cela peut vouloir dire pour nous aujourd’hui. Lorsque ce terme est utilisé dans le cadre des réflexions de l’Église, ce n’est pas avec les connotations politiques que nous pouvons craindre. Il ne s’agit pas de prendre partie et de dire que les chrétiens doivent être « socialistes ». L’Église s’adresse à tous et respecte les opinions des croyants. La doctrine sociale de l’Église prend en compte le fait que, si la personne et l’individu doivent être au centre des préoccupations de la mission chrétienne, il n’empêche que nous vivons en société et que nos fonctionnements collectifs ont un impact sur la vie des gens. Les interactions humaines doivent être éclairées par le message évangélique.

La doctrine sociale
Lorsque Léon XIII a donné cette impulsion sociale à l’Église, c’était pour prendre en compte les injustices entre les diverses classes sociales et pour lutter contre les souffrances de beaucoup de travailleurs et de jeunes qui étaient exploités. En cela, le pape signifiait que l’Église se devait d’être fidèle au message évangélique : la bonne nouvelle des juifs, et des chrétiens à leur suite, c’est que Dieu prend parti pour les pauvres et les opprimés. Léon XIII pensait que l’activité pastorale au sein de la société est une mission vitale de l’Église en tant que véhicule de justice sociale et de maintien des droits et de la dignité de la personne humaine. En cela, il a accompagné l’Église dans sa fidélité à la mission de Dieu révélée en Jésus Christ, car si la dimension spirituelle de la religion est essentielle, elle doit être incarnée, et donc liée au soin des personnes, de leur âme, de leur esprit, de leur cœur et de leur corps. Si les croyants se contentent de dire de belles paroles et de faire des imprécations lénifiantes ou moralisatrices sans passer à l’action et sans s’engager pour la justice, la fraternité et la solidarité, ils passent à côté de leur vocation. Notre foi doit nous pousser à l’action. C’est en cela que les responsables religieux et les croyants ont le devoir de s’exprimer et de s’investir pour faire en sorte que le monde devienne meilleur. On imagine bien que cela peut déranger les responsables politiques et économiques, car une parole libre et vraie pose des questions qui ne vont pas toujours dans le sens de leurs idéologies ou de leurs intérêts. L’histoire a été la scène de luttes qui ont parfois été violentes et douloureuses pour ceux qui ont osé se positionner librement contre les détenteurs du pouvoir et de l’argent.

À la suite du Christ
Il est important que la tradition de l’Église, au sens profond du terme, reste fidèle à l’enseignement du Christ qui incarne l’engagement de Dieu et qui fait grandir l’amour et la justice dans notre monde. On réduit trop souvent la tradition à ce que les soi-disant « traditionalistes » en ont fait : un désir de reproduire des pratiques liturgiques surannées qui remontent à quelques siècles, alors que la tradition est une fidélité à ce que le Christ donne comme signes et moyens pour que le royaume de Dieu advienne. Cette tradition implique donc une traduction et une adaptation aux époques et aux cultures. La tradition ne s’attache pas à des pratiques ou à une langue, mais à un objectif qui reste identique quelque soit la situation, à savoir : faire grandir l’amour et la fraternité. À chaque époque, il y a de nouveaux enjeux et de nouvelles priorités pour mettre en œuvre cet engagement de Dieu. L’écologie intégrale n’était pas une question prioritaire dans le passé, alors que nous savons que c’est aujourd’hui une question qui a des répercussions sur l’accès à l’eau et à l’alimentation, sur la pauvreté, les mouvements migratoires, les conflits…

Paix et synodalité
Pour souligner les enjeux sociaux qu’il considère comme prioritaires pour son pontificat, le nouveau pape a mis l’accent sur la paix et la fraternité lors de sa première prise de parole au balcon de Saint-Pierre à Rome. Contribuer à la réalisation de la Bonne Nouvelle chrétienne implique de discerner les besoins du monde et la volonté de Dieu pour celui-ci. Ce travail de discernement peut s’avérer difficile, car nous pouvons parfois confondre nos désirs personnels avec la volonté de Dieu. C’est pourquoi le pape Léon a insisté sur l’importance de maintenir la synodalité au cœur du fonctionnement de l’Église, reprenant ainsi l’impulsion donnée par le pape François. Le conclave, tel que les cardinaux l’ont vécu, est une mise en œuvre concrète de ce travail collégial de discernement. Loin des batailles de pouvoir, l’élection du pape fut pour les cardinaux une liturgie afin de discerner la volonté de Dieu pour notre monde, notre temps et l’Église. Le fait de se mettre en marche ensemble, en peuple, en communauté, constitue le meilleur garde-fou contre le totalitarisme et la manipulation.

Olivier

2025-05-23T11:41:53+02:00

L’Évangile du mois de juin 2025

Nous lirons ce passage le 1er juin, en ce dimanche « coincé » entre la fête de l’Ascension et celle de Pentecôte….

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean


En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
« Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux.

Le contexte

Cette prière de Jésus dans l’Évangile de Jean conclut les discours d’adieu à ses disciples, introduisant ainsi le récit de la Passion. Nous lirons la fin de celle-ci. Dans sa première partie, cette prière vient manifester la solidarité et la communion du Père à l’égard du Fils qui livre sa vie par amour et garantit l’unité des disciples qui devront faire face aux épreuves. Dans ces derniers versets, la prière de Jésus s’élargit au-delà du cercle des premiers disciples. Elle s’adresse à toutes les communautés. Leur unité, fondée en l’amour du Père et du Fils, dit quelque chose de leur identité et leur mission.

Une progression…
Cette prière laisse apparaître un crescendo : que tous soient un, puis qu’ils soient un en nous, qu’ils soient un comme nous, et enfin qu’ils deviennent parfaitement un. L’insistance sur ce thème de permet de comprendre combien cette unité est non seulement vitale, mais représente l’identité même de la communauté des disciples. Son existence doit sa pérennité à son attachement indéfectible au Christ, comme entre ses membres, y compris dans les épreuves et les passions subies.

Comme toi, comme nous
La communauté pleinement en communion devient alors le reflet vivant de l’unité du Père et du Fils. La qualité de cette union prend sa source dans la Révélation. Dans le contexte historique, l’unité représente surtout leur implication à la fois dans le monde et au sein de la communauté. Comme le Père et le Fils sont unis, et cela jusqu’au cœur de la Passion, ainsi les membres de la communauté sont invités à vivre parfaitement de cette communion. L’amour du Père et du Fils devient le ciment des relations communautaires. Comme le Christ est uni au Père, de même le Fils s’unit à ses disciples.

Afin que le monde sache
Cette unité fondamentale représente le témoignage missionnaire de la communauté : pour que le monde croie que tu m’as envoyé, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. L’unité des disciples n’est donc pas un en-soi théorique et encore moins un entre-soi qui enferme. L’amour mutuel, qui prend sa source dans l’amour de Dieu, a pour destination le monde qui pourtant harcèle cette communauté ecclésiale et même qui la persécute.
L’unité fraternelle est à la fois le fruit de l’amour du Christ et la réponse à ses opposants. Car cette union parfaite et accomplie entre les disciples puise sa force dans la croix qui en révèle tout le sens.

Pour que l’amour soit en eux comme moi aussi je suis en eux
La Passion de Jésus qui s’approche est ainsi définie en terme de don : pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. Marchant résolument vers sa Passion, le Christ s’affirme comme celui qui fait vivre sa communauté, garantit son unité et sa communion au Père. La prière de Jésus donne sens à la mission ecclésiale en l’inscrivant dans son amour livré. Dès lors la croix devient don de vie et d’espérance pour des communautés déchirées, en lui ouvrant un avenir, une résurrection promise.

Réflexion tirée du site du père François Bessonnet 
« Au large biblique » avec son aimable autorisation.

Didier Rocca

 

L’expression du mois : Être disciple

Dans les Évangiles, Jésus s’adresse souvent au groupe des disciples. Ce qui les caractérise est d’être des proches de Jésus qu’il a connus durant sa vie publique. Ne les idéalisons pas, ils nous ressemblent à la fois dans leur générosité et leur enthousiasme mais aussi dans leurs incompréhensions et leurs péchés. Une partie du ministère de Jésus consiste à les former à des pratiques évangéliques comme dans ce passage. Jésus ne les trompe pas, il ne dilue le message. Il demande beaucoup. C’est cela être disciple du Christ : Suivre le Christ « quoiqu’il en coûte ».

2025-05-23T11:40:28+02:00

Édito mai 2025 > Un tombeau vide

Avec Pâques, fête fondamentale pour les chrétiens, nous célébrons la résurrection du Christ, et cela démarre par la découverte du tombeau vide. Ensuite c’est sur les dires des uns et des autres qui témoignent du retour du Christ que la résurrection devient une Bonne Nouvelle, mais ce sont des croyants qui en parlent, il n’y a pas de preuve historique de la résurrection, ni de la divinité de Jésus. C’est donc sur une absence que repose la foi des chrétiens, ce qui définit l’acte même de croire : il n’y pas de preuve tangible irréfutable et matérielle, cela implique une adhésion personnelle et libre. On ne nous demande pas de croire en l’existence du papier sur lequel est imprimé ce texte, mais pour les sentiments, comme pour la foi, il y a un mouvement intérieur qui permet d’affirmer ou non si l’on croit. Si la foi était démontrable et irréfutable, alors nous n’aurions pas le choix, nous serions obligés de croire, et l’on ne parlerait pas de croyance mais de certitude.

L’invisible
Dans le cadre d’une relation d’amitié ou d’amour, on peut donner des preuves du sérieux de cette relation, on peut poser des gestes et des actes, mais le doute subsiste, c’est ce qui fait la force et la fragilité de ces relations humaines tellement belles mais parfois douloureuses. On peut découvrir que l’on a été manipulé, ou au contraire se rendre compte que l’on a négligé une belle relation par aveuglement, par négligence ou pour un tas d’autres raisons liées à notre histoire et à nos expériences antérieures. Les sentiments ne sont pas visibles en dehors des geste qu’ils font poser.

Le doute
Pour la croyance, comme pour les sentiments, le doute fait donc partie du chemin de la foi. Il est normal que nous posions des questions sur ce qui fonde notre espérance, sur le sérieux de notre expérience spirituelle. Les miracles relatés dans les Évangiles ne sont pas des actes magiques qui obligent les spectateurs à croire, ils sont des signes de la bienveillance de Dieu qui est sensible à la détresse humaine et qui vient lutter contre le mal. D’ailleurs, à plusieurs reprises, la Bible relate que Jésus ne pouvait pas accomplir de guérison là où les gens n’avaient pas la foi. Et même lorsque les miracles paraissent extraordinaires, ils peuvent rester objets de contradiction et d’incrédulité. Cela me fait penser à une rencontre avec le responsable du sanctuaire de Lourdes lorsqu’étant jeune j’avais participé au pèlerinage diocésain avec les personnes malades et handicapées de Marseille. Il nous expliquait que les miracles reconnus officiellement par l’Église ne relevaient pas de la magie mais étaient en fait des guérisons inexpliquées et jamais contre-nature. Et qu’il fallait que le doute puisse exister entre intervention divine et action de forces qui permettaient aux personnes malades de trouver des ressources insoupçonnées et inconnues au moment de la guérison. Il nous précisait qu’avec les années et les progrès de la science, certains miracles pouvaient trouver des explications médicales et psychologiques, mais que le terme de miracle restait justifié car à l’époque où la guérison avait eu lieu, on ne pouvait pas comprendre ou provoquer ce rétablissement. Il y avait quelque chose qui nous dépassait. Que certains parlent de miracle et d’autres de force intérieure ou de « niaque » fait partie de ce doute possible. Il nous disait même que, pour lui, le véritable miracle de Lourdes, comme de beaucoup de lieux de guérisons, c’était que la plupart des malades ne revenaient pas guéris après un pèlerinage mais qu’ils avaient gardé la foi et trouvé des ressources intérieures pour traverse les épreuves.

La liberté
Il est donc naturel et même peut-être bénéfique, que nous puissions avoir des périodes de doute et de remise en cause de notre foi. Cela fait partie du processus. Entre ce que l’on a appris étant un enfant crédule et notre expérience d’adulte libre et responsable avec une certaine expérience de la vie, il est normal que nous ayons besoin de remettre en cause les choses imposées pour qu’elles prennent du sens, qu’elles soient remises en perspective et répondent à une certaine logique. Ce n’est pas un péché de douter ou de se poser des questions, au contraire. L’Église précise même aux croyants que pour prendre une décision qui soit juste et bonne, ils doivent suivre leur conscience. Ils ont le devoir d’éclairer cette conscience pour ne pas être motivés par des pulsions ou des instincts, ils ont sans doute besoin de prendre conseil et de prendre du recul – et la spiritualité et la foi chrétienne donnent des repères qui permettent de faire ce travail de discernement – mais au bout du compte, ce que l’Église nous dit, c’est qu’elle respecte la décision d’une personne même si cette décision ne rentre pas totalement dans les clous de la doctrine officielle. La liberté de l’homme est première. On pourrait même dire que le désir de Dieu pour l’humanité, si l’on peut prétendre savoir ce que Dieu veut – ce qui est révélé tout au long de la vie de Jésus dans ses rencontres et ses relations – c’est que l’homme soit libre. Libre au sens fort du terme : libéré des tous les esclavages, intérieurs, extérieurs, politiques et mêmes religieux, afin qu’il accède à sa plénitude et à son accomplissement.

Olivier

2025-04-21T16:48:13+02:00

L’Évangile du mois de mai 2025

L’Évangile du mois sera proclamé le 18 mai durant le temps pascal, ces 50 jours qui prolongent la grande fête de Pâques.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean


Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants ,c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.  Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

Le contexte

Cet extrait se situe durant le dernier repas de Jésus entre l’annonce de la trahison de Judas et celle du reniement de Jésus. On a le sentiment que le départ de Judas apporte un soulagement qui détend l’atmosphère. Maintenant qu’il n’est plus là, Jésus peut commencer le discours des adieux à ses disciples. Tel un maitre spirituel, Jésus commence ici son testament spirituel.

Le Fils de l’Homme a été glorifié
Dans l’Évangile de Jean, la gloire évoque la vérité ultime d’une personne. Jésus a donc été glorifié dans le geste du lavement des pieds, clé de lecture du sens de sa présence parmi nous. Par conséquent, « Dieu a été glorifié en lui », Jésus lavant les pieds de ses disciples, il glorifie Dieu, Dieu se révélant ainsi dans le service du prochain.

Petits enfants
Cette mention a bien évidemment un caractère affectueux. On peut entendre aussi cela au premier degré. Au moment où Jésus va mourir, ses disciples peuvent se considérer comme des enfants orphelins puisque leur divin maitre va mourir.

Un commandement nouveau ?
Rien de nouveau sous le soleil ! S’aimer les uns les autres n’a rien d’un commandement original. En fait, dans l’Ancien Testament, l’amour du prochain se confond avec la justice, ici, Jésus donne un sens nouveau à un commandement ancien. Il s’agit d’aimer jusqu’à laver les pieds de ses proches.

Commander d’aimer ?
Si par définition l’amour est gratuit, comment peut-il se commander ? Et s’il se commande, ce n’est plus de l’amour. La seule façon de sortir de cette impasse est de ne pas considérer l’amour comme un sentiment mais comme une action. Jésus ne nous commande pas d’éprouver de l’affection pour telle ou telle personne mais de nous mettre concrètement au service de notre prochain. Ce n’est pas la même chose !

Comme je vous ai aimés
Le modèle de l’amour se trouve dans l’attitude de Jésus avec ses disciples. Pour le définir en une phrase, c’est l’action que j’entreprends pour faire grandir mon prochain dans toutes les dimensions de sa personne. C’est en étant enracinés dans l’amour de Dieu que nous pouvons aimer notre prochain. Remarquons que Jésus ne dit pas « aimez-moi comme je vous ai aimés ». L’amour n’est pas un commerce mais une circulation : « Comme je t’aime, aime ton prochain »

Être disciple ?
Ce n’est pas le raisonnement, ni la foi qui définit le disciple mais d’abord l’amour. Oui, l’amour est la marque du disciple, c’est d’ailleurs ce que nous avons pu expérimenter. Remarquant telle ou telle personne particulièrement aimante, au service, nous avons compris qu’elle était une disciple de celui au nom de qui elle servait, aimait.

Ces réflexions ont été librement inspirées à partir du livre d’Antoine Nouis
« Le Nouveau Testament » Commentaire intégral. Volume 1.

Didier Rocca

 

L’expression du mois : Être disciple

Dans les Évangiles, Jésus s’adresse souvent au groupe des disciples. Ce qui les caractérise est d’être des proches de Jésus qu’il a connus durant sa vie publique. Ne les idéalisons pas, ils nous ressemblent à la fois dans leur générosité et leur enthousiasme mais aussi dans leurs incompréhensions et leurs péchés. Une partie du ministère de Jésus consiste à les former à des pratiques évangéliques comme dans ce passage. Jésus ne les trompe pas, il ne dilue le message. Il demande beaucoup. C’est cela être disciple du Christ : Suivre le Christ « quoiqu’il en coûte ».

2025-04-21T17:12:48+02:00