Spiritualité

Édito février 2025 > Le jubilé de l’espérance

En cette année 2025, qui marque un jubilé, l’Église nous propose de prendre un temps d’action de grâces, de prière, de conversion. Cette tradition est très ancienne, on en trouve des références dans la Bible, et Jésus lui-même, dans un épisode de sa vie, lit un rouleau du Premier Testament, dans le livre du prophète Isaïe, qui fait référence au jubilé : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Ce texte renvoie à un livre de Torah, le Lévitique, qui explicite l’année jubilaire : « Ce sera une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. En cette année jubilaire, chacun de vous réintégrera sa propriété, chacun de vous retournera dans son clan. » Si l’on jubile, si l’on est heureux, c’est parce que l’on remet les pendules à l’heure, on a droit à une nouvelle chance, c’est l’occasion de comprendre que nous avons droit au pardon et à l’indulgence de la part de Dieu. Le Seigneur nous invite à nous rappeler aussi que tout ce que nous avons vient de lui, nous ne sommes propriétaires de rien mais nous sommes responsables de ce qui est à notre disposition. Ainsi ce qui prévaut, c’est le partage et la justice.

Pèlerinage
Lors des jubilés, l’Église propose aux chrétiens de vivre une démarche de conversion en se mettant en mouvement, en pèlerinage : manière de vivre sa foi en marchant, en priant avec son corps, avec ses jambes et ses pieds, car cela permet de comprendre que Dieu veux nous faire bouger intérieurement. Être chrétien, c’est entrer dans une démarche de conversion continuelle ; cela fait référence au baptême, à la fête de Pâques, aux sacrements. Lors des jubilés, les croyants sont invités à passer des portes, signe explicite de passage…

Repères
Dans le christianisme, les jubilés on été célébrés à partir du début du xive siècle, d’abord tous les 100 ans, puis tous les 50 ans, ainsi qu’aux quarts de siècle et même lors d’années spéciales en rapport avec la vie de Jésus : ainsi il y a des jubilés dans les années en 33 pour célébrer la résurrection du Christ. Le jubilé de l’an 2000 était extraordinaire car il marquait un passage de millénaire. Pour le jubilé de 2025, le pape François nous propose de nous concentrer sur l’espérance. Cette vertu théologale – qui trouve sa racine en Dieu lui-même – est mise en exergue parce que notre monde en à terriblement besoin ! Nous traversons une période d’incertitudes et de crises qui peut trop souvent entrainer le repli sur soi et la défiance envers les autres.

Espérance
L’espérance ne doit pas être confondue avec l’espoir. L’espérance s’appuie sur un avenir qui devient un cap, une boussole : « La foi chrétienne ne regarde pas à partir du présent vers l’avenir obscur et inconnu ; elle regarde, à partir de l’avenir de Dieu qu’elle espère, vers le présent qu’elle rencontre » (Jürgen Moltmann, théologien protestant). « L’espérance est ancrée dans l’avenir pour inventer le présent » (Christian Salenson). Nous sommes invités à comprendre que la victoire du bien contre le mal est acquise, que la mort est vaincue, que l’amour est plus fort que la haine. Ce n’est pas seulement un vague espoir qui nous rassure et nous aide à tenir le coup face aux difficultés ; c’est beaucoup plus profond. Avec la force de l’espérance qui nous vient de Dieu, nous devenons capables de traverser les épreuves, de prendre des risques, de nous engager. Nous comprenons aussi que la démarche religieuse authentique est une démarche de renouveau, de pardon : nous pouvons avoir fait de mauvais choix, nous sentir pêcheurs et fautifs… cependant, pour Dieu, ce qui compte, c’est que nous désirions faire la vérité et changer. Il ne nous tourne pas le dos, il est bienveillance, indulgence et miséricorde, il nous offre un nouveau départ, il nous ouvre un avenir.

Dimension collective
Dans le cadre de ce jubilé pour toute l’Église, le pape nous invite à comprendre que l’espérance n’est pas une vertu seulement individuelle, mais qu’elle a aussi une dimension collective. Comme groupe, communauté, État, nation, peuple, Église, humanité, nous avons pu faire de mauvais choix, nous laisser entrainer dans des engrenages mortifères, nous avons parfois négligé la justice, la fraternité, le bien commun, mais il n’y a pas de fatalité, il n’est jamais trop tard pour redresser la barre car notre vocation, notre avenir, est de devenir une fraternité. Nous sommes tous embarqués dans la même aventure, nous sommes ensemble pour affronter les défis de notre temps. Nous pouvons redouter ou refuser cette fraternité, mais elle n’en est pas moins réelle et irréductible. Les égarements de notre monde, le repli identitaire, le chacun pour soi, ne sont que des réflexes d’immaturité qu’il nous faudra dépasser pour avancer enfin vers notre destinée commune.

Olivier

2025-01-19T18:53:30+01:00

L’Évangile du mois de février 2025

Luc nous relate ici des conseils donnés à ses disciples et plus largement pour ceux qui croient en lui. Cet Évangile sera proclamé le dimanche 23 février, juste avant la reprise des cours suite aux vacances d’hiver.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous.

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile dans une séquence d’enseignement. Après le discours des béatitudes, Jésus enchaine avec une exhortation sur l’amour des ennemis.

Un oxymore
« Aimez vos ennemis » porte dans les termes qu’il contient une contradiction. Pour les disciples, l’ennemi est celui dont Jésus vient de parler, celui qui les détestera, insultera, ou rejettera. Puis-je aimer lorsque je suis détesté ? Puis-je aimer un ennemi ?

L’amour du prochain
Dans l’Ancien Testament, il ne consiste pas à éprouver un sentiment d’affection pour lui. Aimer son prochain, c’est le faire grandir. Jésus nous demande de faire du bien à son ennemi, à le bénir et de prier pour lui. La logique de notre monde est de répondre à la haine par la haine. Pour sortir de cette contagion mortifère, il n’y a que le pardon et l’amour des ennemis.

Plutôt des ennemis de palier…
Nous ne sommes pas confrontés à des ennemis de guerre comme on peut les apercevoir dans des films, mais plutôt à des ennemis de palier. Nous pouvons avoir dans notre entourage une personne qui nous hait ou qui nous calomnie sans raisons. Jésus nous dit : « Cette personne qui te hait, cette personne qui dit toute sorte de mal contre toi, tu dois l’aimer ! »

Mais, comment est-ce possible ?
Si c’est impossible, nous sommes face à un Dieu pervers qui nous fait viser si haut qu’il nous décourage. Si ce n’est pas impossible, c’est donc qu’un chemin praticable s’offre à nous pour aimer nos ennemis. Jésus propose trois pistes : Il nous dit qu’aimer notre ennemi, c’est déjà ne pas le juger, mais aussi ne pas le condamner et enfin s’efforcer de lui pardonner. Ces trois marches vers l’amour de l’ennemi ne peuvent pas être montées uniquement par la force de notre volonté. Ne négligeons pas la grâce de Dieu grâce à laquelle je peux m’engager sur le chemin du pardon. Pour cela, je dois prier pour cet ennemi, une personne pour laquelle Jésus a donné son sang.

Ennemi de qui ?
N’oublions pas aussi que si nous sommes parfois persécutés, nous sommes aussi souvent persécuteurs. Il nous arrive nous aussi de faire du mal sans nous en rendre compte ou en le faisant exprès, d’être l’ennemi de quelqu’un, de dire du mal de lui, de le calomnier, de le jalouser. Jésus nous dit que « la mesure dont nous nous servirons pour les autres servira de mesure aussi pour nous ». Si j’ai fait du mal à une personne sans m’en rendre compte et que je réalise tout à coup mon péché, je serai soulagé si cette personne cherche d’abord à me comprendre, si elle ne m’enferme pas dans mon péché, et si elle m’offre son pardon. Comme le dit Jésus : « Ce que tu veux que les autres fassent pour moi, tu dois le faire pour eux. »

Didier Rocca

Le nom du mois : Miséricorde


Ce mot désigne en hébreu de façon très concrète les entrailles d’une mère qui s’émeuvent lorsqu’elle retrouve son enfant par exemple, mais aussi la bonté, ou encore la fidélité à une relation. C’est aussi en grec le sentiment qui porte à s’émouvoir au spectacle des souffrances d’autrui. Rien à voir avec le sens que l’on prête trop souvent à ce mot, une attitude laxiste sans effet ni consistance, qui manque de clarté et de fermeté et n’a d’autre objectif que de contenter tout le monde.

2025-01-19T18:56:21+01:00

Édito janvier 2025 > Se souvenir de l’avenir

La notion de conversion est souvent associée à la remise en cause du passé, à la relecture culpabilisante des événements, à l’introspection en vue de réparer les fautes commises et de ne pas commettre les même erreurs. La conversion, selon cette acception, tourne le regard vers le rétroviseur et se focalise sur ce qu’il y a en arrière. Cependant, une conception plus salutaire nous est donnée dans le message évangélique : se convertir, c’est être tendu vers une promesse d’amour et vers un avenir de paix. Se convertir, c’est comprendre que Dieu s’engage auprès de nous dans le combat de notre vie, qu’il vient combler les ravins et aplanir les montagnes, qu’il prend partie pour nous, qu’il nous assure la victoire contre le mal et la mort. Cela change tout, car ainsi nous sommes tendus vers l’accomplissement de la promesse et dans une dynamique de confiance.

La vie plus forte
À l’échelle de l’histoire de l’humanité, si nous sommes vivants, de plus en plus nombreux sur terre, avec une espérance de vie en bonne santé toujours plus grande, c’est parce que les forces de progrès et de vie sont extrêmement puissantes dans l’humanité. Lorsque nous traversons des tensions, des crises et des périodes douloureuses ou dramatiques, nous pouvons oublier cela et avoir l’impression que nous sommes sur le déclin et dans une spirale négative. Cependant il nous faut nous rappeler que la victoire de la vie et de la paix est au terme du combat. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter d’agir pour changer les choses et pour avancer, au contraire : cela nous aide à savoir que ce que nous avons à faire pour traverser les crises a du sens car la victoire est assurée. Les guerres ont toujours eu une fin, et la vie, la concorde et la paix ont toujours eu le dernier mot, même si c’est après des périodes terribles et dramatiques. Cette idée de progrès est difficilement concevable pour ceux qui sont dans la souffrance et en pleine crise, mais c’est vrai. Nous ne devons pas nous satisfaire de cette perspective pour nous résigner aux souffrances des victimes de la violence en Ukraine, en Palestine, en Syrie, et j’en passe, mais ceux qui ne sont pas dans la tourmente ont le devoir de souffler sur les braises de l’espérance. Les pires dictatures ont connu une fin, les guerres ont laissé la place à des périodes de paix bien plus importantes et fructueuses que ce qui était imaginable.

Au cœur de la nuit
C’est au cœur de la détresse du monde que Dieu s’incarne dans la nuit de Noël, au cœur de l’obscurité et de l’hiver, dans une famille déplacée, dans des conditions de précarité, dans un contexte de violence… Cependant c’est comme prince de la paix que Jésus est né. Toute sa vie il a annoncé la Bonne Nouvelle dans des situations plus dramatiques les unes que les autres, se faisant proche des plus petits, des plus méprisés, des plus démunis et des blessés de la vie. Jésus nous montre l’engagement de Dieu qui vient au cœur de l’obscurité pour apporter la lumière et combattre le mal. Il ne vient pas combattre les humains, les juger ou les condamner, il vient avec nous pour que le bien l’emporte, pour que nous progressions dans l’accomplissement de notre humanité et que nous devenions véritablement ses fils et ses filles, libres et fraternels.

Le combat de l’espérance
Ces perspectives positives peuvent paraître lénifiantes et idéalistes. Effectivement, nous ne sommes pas dans le monde des bisounours ; c’est bien pour cela que l’espérance est un combat. Les forces de mort, de pessimisme, de repli sur soi, de rejet de l’autre et de recherche de bouc émissaires sont vivaces dans les périodes de crises, et il nous faut résister à ces tentations qui ne font qu’ajouter du mal au mal, de la souffrance à la souffrance. Résister à la fatalité et au désespoir demande beaucoup de courage et de ténacité, et si nous comptons sur nos seules ressources personnelles nous risquons de nous sentir impuissants. C’est pour cela que les croyants ont besoin d’approfondir et d’alimenter leur foi, c’est-à-dire leur espérance, à la source de vie que les croyants nomment Dieu. C’est ce que nous célébrons au cœur de la nuit de Noël, c’est ce que nous découvrons aussi à l’occasion de la fête de l’Épiphanie qui est solennellement fêtée à l’Œuvre : Dieu se révèle source universelle de vie et d’amour. Il n’est pas réservé à une élite morale, sociale, culturelle ou ethnique, il est pour tous. Autour de l’enfant-Jésus, c’est l’univers entier qui est symboliquement rassemblé. Pour Dieu les frontières n’existent pas ; et lorsque les hommes érigent des murs et des séparations, lui nous inspire afin que nous bâtissions des ponts et des lieux de rencontre, de partage et de fraternité.

Olivier

2024-12-16T16:06:48+01:00

L’Évangile du mois de janvier 2025

Nous lirons cet Évangile le dimanche 19 janvier. Il nous raconte le premier grand « signe » de Jésus opéré durant un mariage à Cana.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Le troisième jour il y eut une noce à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à la noce avec ses disciples. Et voilà que le vin de la noce arrive à sa fin : ils n’avaient plus de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin. » Jésus lui répond : « Femme, vas-tu te mettre dans mes affaires ? Mon heure n’est pas encore venue. » Mais sa mère dit aux servants : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Il y avait là six bacs de pierre que les Juifs gardaient pour leurs purifications ; ils pouvaient contenir chacun 100 ou 150 litres. Jésus leur dit : « Remplissez ces bacs avec de l’eau. » Ils les remplirent jusqu’au bord. Jésus dit alors : « Prenez maintenant et portez-en au responsable de la fête. »
Le responsable de la fête goûta cette eau changée en vin, mais il ne savait pas d’où il venait, seuls les servants qui avaient pris l’eau le savaient. Alors il dit au marié : « Tout le monde sert d’abord le bon vin, et quand les gens sont gais, on donne le vin ordinaire. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ! » C’est ainsi que Jésus fit le premier de ses signes, à Cana en Galilée. Là il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.

Le contexte
Nous sommes au début de la vie publique de Jésus. La première activité de Jésus est sa participation à un repas de noces. Jésus fait donc la fête. Cette présence de Jésus à ces noces sanctifie d’avance, non seulement le mariage, mais aussi nos distractions et notre vie sociale. Ces relations humaines ne sont pas sans importance dans l’optique du Royaume. Elles sont souvent l’occasion de se réjouir, de vivre la fraternité.

Une noce qui en cache une autre
Ce mariage est particulièrement original. Rien n’est dit de la mariée et si peu du marié, les six jarres sont vides, le maître du repas est donc notablement imprévoyant. Les serviteurs, eux, ont bien compris qu’il s’est passé quelque chose d’incroyable, de l’eau transformée en vin. Le maître du repas qui en reste à la surface des choses goûte le nouveau vin sans se demander comment il a pu arriver là (plus de 600 litres !) et nous fait un petit couplet de circonstance : « Tout le monde sert le bon vin en premier mais toi non… ». Sans compter que donner à boire des convives le troisième jour de noces ne semble pas indispensable. Tout ça pour ça !

Et la deuxième noce alors ?
Il nous faut maintenant lire ce passage de manière plus profonde. Le vin qui manque exprime la détresse des hommes loin de Dieu. Tout ce vin est bien nécessaire pour l’humanité entière. Quel gâchis s’il devait être proposé seulement pour quelques invités triés sur le volet. Derrière la mariée se cache donc l’humanité. Le marié est le Christ bien sûr, qui, lui, prend les moyens pour que la noce soit une vraie fête. Le bon vin gardé jusqu’à maintenant est celui de l’amour de Dieu pour l’humanité. Cette relation d’amour est exprimée dans la Bible en termes d’alliance. Jean ouvre donc son Évangile par une invitation : Dieu nous convie à ses noces. Accepterons-nous l’invitation ?

Comment a-t-on su que l’eau était transformée en vin ?
Les disciples ne sont pas au courant de la transformation de l’eau en vin, il a donc fallu qu’un des serviteurs le leur fasse remarquer. C’est lorsque nous sommes au service que nous sommes capables de réaliser la puissance du Christ qui se réalise en termes de transformation : de l’eau en vin, de notre doute à notre foi. Dieu transforme les cœurs, l’eau en vin, la vie terrestre en vie éternelle. C’est dans le service que nous pouvons être témoins de cela. Remarquons l’obstination de Marie.

Pour actualiser
Au fond, cet Évangile raconte comment Marie enfante Jésus à la mission. Remarquons les deux phrases de Marie : « Ils n’ont pas de vin », « Faites tout ce qu’il vous dira ». En peu de mots, Marie dit l’essentiel. Elle ne fait rien, elle ne sollicite rien, elle présente seulement la pauvreté des hommes pour que Dieu y mette sa richesse. Elle est parfaitement placée pour que la noce soit belle comme l’Église qui a pour mission de favoriser ce lien d’amour entre Dieu et l’humanité.

Didier Rocca

Le nom du mois : signe


Lorsqu’on parle des noces de Cana, on pense que c’est le premier miracle de Jésus. Or, Jean parle d’un signe et non pas d’un miracle. Quelle différence ? Chez les autres évangélistes qui parlent de miracle, c’est la foi qui produit le miracle. Le paralytique s’entendra dire par Jésus : « Va, ta foi t’a sauvée. »
Pour Jean, la foi est la conséquence du signe posé par Jésus. Ainsi, Jésus change l’eau en vin puis les disciples crurent en lui. Remarquons qu’un signe ne s’impose pas. À certains, le signe peut provoquer la conversion. À d’autres non. La liberté de chacun est sollicitée par le signe.

2024-12-16T16:09:30+01:00

Édito décembre 2024 > La mission selon Jésus

Le Christ, dont nous allons célébrer la nativité fin décembre après le temps de l’Avent, nous donne de découvrir ce qu’est la mission voulue par Dieu. Jésus incarne l’engagement de Dieu envers l’humanité, et cela peut inspirer notre propre manière de comprendre et de mettre en œuvre la mission.

Se faire proche
La mission, telle que nous l’appréhendons à la suite du Christ, c’est de se faire proche. Dieu ne nous domine pas, il veut être avec nous, au plus près. Pour que personne ne puisse se considérer comme indigne, il se fait proche des plus petits et des plus pauvres. Les récits de la nuit de Noël nous le montrent : il naît déraciné et pauvre ; on dirait aujourd’hui comme un migrant et un sans-abri. Nous comprenons ainsi que Dieu veut que toute personne, même la plus humble, puisse se sentir rejointe par lui. La mission ainsi comprise implique que nous soyons capables de nous faire proches de tous, non par condescendance mais parce que nous nous reconnaissons nous-même comme des pauvres et que nous assumons notre petitesse et notre fragilité.

Vivre la fraternité
À la crèche, toutes les classes sociales sont réunies, les pauvres, les villageois, les mages étrangers… Notre mission consiste à mettre en œuvre la fraternité universelle. C’est ce que nous rappelons chaque fois que nous prions le Notre Père, nous sommes tous filles et fils du même père. C’est ce que nous célébrons à chaque messe : « … Pour vous et pour la multitude… » Nous sommes invités à lutter contre tout ce qui sépare et divise. Trop souvent on associe religions à divisions alors qu’au contraire elles devraient nous aider à nous relier les uns avec les autres.

Unir le ciel et la terre
Une autre dimension de la mission qui se révèle dès la naissance du Christ, c’est le fait d’abolir la division entre le ciel et la terre. Les anges, êtres célestes par excellence, et les bergers, hommes de basse classe à l’époque, chantent le gloria, ils sont à égalité. Une conception erronée de la religion serait de croire qu’elle sert les échanges entre deux réalités divisées, l’humaine et la divine, tel un commerce ou un marchandage, alors qu’en fait elle nous fait comprendre que ces deux réalités sont unies, comme en Jésus. La mission consiste à accompagner la cohabitation en chacun de nous de l’humain et du divin qui peuvent être en accord et en communion parfaite.

Annoncer une
Bonne Nouvelle
La mission mise en œuvre par Jésus consiste à annoncer une bonne nouvelle. Il ne vient pas pour juger et condamner, mais pour soutenir, relever, encourager. Il indique bien sûr des principes de mesure de nos actes et donne des repères pour faire le bien et cheminer vers un idéal de vie fraternelle, mais il ne les pose pas comme des critères de jugement. Nous comprenons ainsi que la mission à laquelle nous participons consiste à ouvrir un avenir en nous méfiant de nos réflexes de jugement ou de condamnation.

Révéler la présence divine en tous
Le Christ, à l’occasion de toutes les relations qu’il noue avec les femmes et les hommes qui croisent sa route, ne vient pas apporter le divin là où il serait absent ; il vient révéler sa présence au cœur de toute personne. Il insiste sur le fait que cette présence est authentique en ceux qui sont jugés indignes ou impures par les gens bien-pensants. Jésus met souvent en avant des étrangers, des païens, des pauvres, des malades, et il les donne en exemple pour faire comprendre que Dieu ne juge pas sur les mêmes critères que les hommes, qui restent trop souvent à la surface des choses, mais qu’il connaît le cœur des gens et qu’il sait que Dieu habite au plus profond de tous, sans frontière de culture, de classe sociale, de race ou de religion. Dieu est présent dans nos cœurs, sans que nous n’ayons rien à faire pour le mériter. Bien souvent nous ne sommes pas conscients de cette réalité. Nous avons du mal à entrer dans la logique de Dieu et nous croyons qu’il nous faut faire des choses pour mériter que Dieu soit présent en nous, alors qu’il nous précède. La mission consiste à révéler cette présence gracieuse au cœur de toute personne.

Diviniser l’homme
La mission à laquelle Dieu nous associe consiste à diviniser l’humanité, c’est-à-dire à rappeler la vocation à la sainteté qui concerne tout le monde. Jésus invite ses disciples à découvrir qu’ils sont de nature divine. Nous sommes associés à ce projet. Nous sommes invités à reprendre les mots mêmes du Christ qui s’adresse à Dieu comme à un père, ce qui veut dire que nous sommes de sa famille, donc divinisés. Ce n’est pas de la prétention, cela n’est pas la conséquence de nos mérites, c’est une grâce d’adoption de Dieu qui nous rappelle son projet : que nous soyons ses enfants. Nous sommes donc invités à répondre à ce don gracieux en entrant dans une nouvelle compréhension du sens de notre vie et de nos relations. Nous découvrant ainsi aimés et adoptés par Dieu, nous pouvons répondre à cet amour en nous aimant les uns les autres. Ainsi la mission consiste à incarner cette réalité dans nos propres vies pour en témoigner par la qualité de nos relations interpersonnelles. La mission consiste aussi à savoir discerner cette présence divine en l’homme, à savoir nous émerveiller de ce que Dieu réalise en toute personne.

Olivier

2024-11-18T21:22:00+01:00

L’Évangile du mois de décembre 2024

Cet Évangile sera lu le 1er décembre au premier jour du temps de l’Avent, 25 jours pour se préparer à Noël.
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Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Le contexte
Nous sommes à la fin de l’Évangile de Luc et avant de commencer le récit la Passion, l’évangéliste nous présente un récit de nature apocalyptique. Si ce genre littéraire nous est un peu étranger, les interlocuteurs de Jésus y sont habitués. Ne soyons pas étonnés que les évangélistes en général, et Luc en particulier, s’expriment dans la culture et selon les genres littéraires de son temps. User de ce type de récit permet de réveiller les croyants et de leur rappeler la finalité de leur existence. Jésus parle à ses disciples dans le contexte de la destruction imminente de Jérusalem, qui s’est produite en 70 de notre ère.

Jésus parle de sa venue ?
Mais pourquoi donc Jésus parle-t-il de sa venue, alors qu’il est déjà présent ? Il faut comprendre la double venue de Jésus : sa venue dans la chair au jour de l’Annonciation quand Marie l’a accueilli en elle ; mais il ne faudrait pas oublier son autre venue exprimée dans le Credo quand nous disons : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Il s’agit de sa venue à la fin des temps.

Apocalypse Now ?
Les discours apocalyptiques utilisent souvent un langage symbolique comme les tremblements de terre, les famines, et les signes dans le ciel sont des images symboliques pour décrire des bouleversements majeurs. Ainsi, Jésus exhorte ses disciples à rester vigilants et à persévérer dans la foi, même face aux persécutions et aux épreuves. Ces discours ne sont pas seulement des descriptions un peu déprimantes. Jésus promet une Bonne Nouvelle : malgré les tribulations, les difficultés, les épreuves, le Fils de l’homme viendra avec puissance et gloire.

Pourquoi de tels écrits ?
Les discours apocalyptiques de Jésus révèlent avant tout le sens du mal et les conséquences destructrices du péché humain. Il ne s’agit pas de voir les catastrophes comme des punitions divines, mais de saisir que le péché a des répercussions réelles et graves. L’actualité de ces derniers mois en est la preuve, que ce soit dans le domaine diplomatique, climatique ou social.

Quand le futur se mêle au présent
Malgré les descriptions sombres et inquiétantes, Luc ajoute un message d’espérance. La victoire de Dieu sur le mal est une réalité, et il faut croire que le mal n’aura pas le dernier mot. Plutôt que de chercher des prophéties spécifiques dans les textes apocalyptiques, ces textes peuvent être lus comme une invitation à réfléchir sur notre propre situation et à discerner un sens plus profond à accueillir. Luc en parlant du futur parle aussi de notre présent afin que nous nous efforcions de le transformer.
« Contempler ce que l’on espère pour orienter notre façon de vivre » : c’est ainsi que notre archevêque résume la finalité de ces discours apocalyptiques. Contempler ce que l’on espère, c’est-à-dire la venue du Fils de l’Homme, et nous y préparer et orienter ou réorienter notre manière de vivre aujourd’hui.

Didier Rocca

Le nom du mois : parousie


La parousie peut se définir comme étant le retour en gloire de Jésus à la fin des temps. Toutefois, le terme, issu du grec, évoque plus largement la « présence » de Jésus, en tout temps, depuis la création du monde jusqu’aux fins dernières. Par sa naissance, Jésus est venu une première fois dans le monde mais l’eschatologie chrétienne, à travers ce que nous dit la Bible, nous promet une seconde venue du Christ et l’avènement de son Royaume. D’ailleurs, la liturgie au moment de l’Avent et de Noël invite tout particulièrement à prier pour la seconde venue de Jésus. C’est la raison pour laquelle ce passage d’Évangile nous est proposé durant ce premier dimanche d’Avent.

2024-11-18T21:24:58+01:00

Édito novembre 2024 > Des vases d’argile

Les croyants sont parfois déçus par les porte-paroles de leurs religions. On pourrait s’attendre à ce que les messagers soient à la hauteur du message qu’ils ont pour mission de transmettre et qu’ils soient exemplaires. On est particulièrement consternés quand les messagers ont la maladresse d’adresser des invectives culpabilisantes ou de poser des jugements moralisateurs alors qu’eux-mêmes sont loin d’être parfaits et exemplaires. Cela est vrai de toute personne publique qui assume une responsabilité, mais c’est encore plus décevant lorsque le message est un message d’amour, de justice, de bienveillance et de pardon, tel que véhiculé dans les religions.

Des messagers faillibles
Nous avons bon nombre d’exemples de ces personnalités chrétiennes qui étaient adulées, médiatisées, avec leur consentement ou à leur corps défendant, et qui se sont révélées être de pauvres humains avec leur part d’ombre et de péché. Il n’y a pas beaucoup de grandes familles religieuses, de fondations et d’œuvres caritatives fructueuses qui ne soient pas touchées par des révélations de comportements en opposition complète avec le projet évangélique à la base de leur création, de la part de leurs membres et même parfois de leur fondateurs. On peut comprendre que nos contemporains soient terriblement déçus ou en colère lorsqu’ils découvrent que la personne qu’ils considéraient comme un saint vivant pouvait avoir des comportements douteux, blessants, ou pire, pervers ou criminels.

Un trésor dans 
des vases d’argile
Cette découverte que les porte-paroles restent des être faillibles, et parfois capables du pire, nous rappelle que la Bonne Nouvelle chrétienne est un trésor magnifique déposé dans des vases d’argile fragiles que sont les êtres humains. On ne peut pas se réjouir de ce constat réaliste, cependant, il nous permet de nous rappeler que le messager reste le premier destinataire du message, et que ce qu’il a pour mission d’annoncer ou de transmettre ne le met pas en position de supériorité ni de domination mais reste un garde-fou contre l’idolâtrie ou le moralisme.

Contre l’idolâtrie
C’est un repère pour tous les croyants : la perfection dans la sainteté est un appel et une vocation, mais elle n’est pas à la portée des êtres humains que nous sommes. Cela reste pourtant un objectif pour toute notre existence de disciples du Christ, un phare qui donne du sens à ce que nous vivons. Personne n’est capable d’atteindre l’idéal chrétien, mais c’est une vocation pour tous. C’est en gardant le cap sur le but à atteindre que nous pouvons avancer sur le chemin de l’idéal humain et chrétien annoncé par Jésus, et chemin faisant notre route trace un itinéraire qui va dans le bon sens. Mais nous ne pourrons jamais prétendre avoir atteint le but. Personne, hormis Jésus Christ, n’est le saint parfait et irréprochable, ou l’homme idéal. Toute idolâtrie contient en elle-même le risque immense de la blessure de la déception. La conséquence de cette déception, c’est que trop souvent la personne déçue rejette le message à cause de l’imperfection du messager, comme on le dit de manière triviale : on « jette le bébé avec l’eau du bain ». Nous connaissons des personnes qui ont arrêté toute pratique religieuse suite à une grosse déception.

Contre le moralisme
L’acceptation de la fragilité des messagers de l’Évangile est aussi un rappel à tous les responsables et missionnaires : la mission ne consiste pas à regarder les gens de haut, pour les critiquer, les juger ou les condamner, mais elle consiste à annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour et du pardon de Dieu qui chemine avec nous, qui nous accompagne dans notre marche, qui nous encourage dans nos épreuves, qui nous offre son pardon dans nos égarements, qui nous invite à reprendre le bon chemin et à ne pas baisser les bras lorsque nous avons l’impression que le sommet n’est pas à notre portée. Transformer la religion en moralisme revient à la pervertir et à la trahir. Celui qui fait cela n’est plus un messager mais un traître au message et un repoussoir qui empêche la rencontre du Christ. Toute l’énergie que nous pouvons mettre à regarder notre monde de haut pour le condamner, nous devrions la mettre au service des plus petits et des plus pauvres. Plutôt que nous battre les uns contre les autres en nous critiquant, nous sommes invités par le Christ à travailler à plus de fraternité, à plus de justice, à plus de bienveillance. Ainsi notre regard et nos actions seront orientés vers la seule chose essentielle : annoncer l’amour au cœur du monde et dans l’existence de chacun.

Olivier

2024-10-15T16:24:47+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2024

Cet Évangile sera lu lors le dimanche 10 novembre, après les vacances de la Toussaint.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Le contexte
À la fin de son Évangile, Marc développe cinq controverses entre Jésus et certains de ses contradicteurs (pharisiens, sadducéens, grands prêtres). Le passage de ce dimanche développe la dernière. Nous sommes au Temple, le cœur religieux de Jérusalem.

Une première lecture
Cet Évangile semble à première vue assez simple à comprendre. Jésus nous invite certainement à ne pas nous laisser séduire par ce qui brille, par ce qui est trop voyant, en particulier dans le domaine de la charité.
On se souvient, à la suite de l’incendie de Notre Dame de Paris, d’entreprises très connues annoncer des dons de plusieurs millions d’euros. Soyons sûrs que de nombreuses veuves ont effectué des dons modestes, discrets et ce sont ceux-là qui comptent aux yeux de Dieu. Ainsi, il y a ceux qui aiment être vus et entendus et cette veuve que l’on ne voit pas et qui ne fait pas de bruit. Ce geste petit, humble a beaucoup de prix pour Dieu.

Avançons un peu
Lorsqu’un évangile n’illustre qu’une petite leçon de morale, soyons sûrs que nous sommes passés à côté de l’essentiel. Ici, Jésus invite chacun à déplacer son regard et à progresser d’un don à l’autre.
Un petit don qui vaut tout, va devenir un seuil vers un autre don, qui est le don de soi, l’investissement de sa vie tout entière. Il y a un fossé entre le fait de donner et celui de se donner. C’est ce que fait cette veuve et c’est ce que fera Jésus un chapitre plus loin, lors de sa Passion. Attention, Jésus ne condamne pas le don des riches, pas de leçon de morale facile. Le but n’est pas de condamner les premiers, ni de louer la seconde, mais plutôt de changer de logique :
La veuve, signe d’attente et d’espérance, accomplit un geste sans parole, un geste prophétique. Elle donne, elle a tout donné, tout ce qu’elle a pour vivre. Ce don évoque un autre don, celui du Christ qui donne sa vie.

Pour actualiser
Quel est ce trésor dans lequel déposer sa vie ?
Déposer sa vie en Dieu, en celui qui donne le premier. Savoir reconnaître que c’est lui qui donne. Savoir en retour lui offrir ce qu’il donne.
Le Christ est allé jusqu’au bout de ce don. Il a donné sa vie, accepté le sacrifice, non pas le sacrifice comme on le pense habituellement, un peu volontariste ou masochiste. Son sacrifice est signe d’adhésion à Dieu. Adhérer à Dieu, c’est adhérer à la vie, à la vie plus forte que la mort. C’est, à la suite du Christ, offrir son humanité. C’est parce que je reconnais que tout me vient de Dieu que je peux à mon tour donner et me donner !
Comme la veuve, chacun est invité à aller jusqu’au bout du don, celui de sa vie donnée à Dieu. À la suite du Christ, offrir son humanité ! Recevant tout de Dieu, chacun peut, à son tour, donner et se donner.
Allons encore un peu plus loin…
Ce passage évoque des dons effectués pour l’entretien du Temple. L’histoire nous apprend que ce Temple sera détruit par l’armée romaine en 70. Ainsi cet argent était destiné à entretenir un édifice qui a quasiment disparu. Finalement, un argent jeté par les fenêtres ou presque.
Cet élément renforce l’idée que Jésus ne voulait pas insister sur la nécessité de donner de l’argent avec discrétion (ce qui est bien utile pour l’église et pour de nombreuses associations) mais plutôt sur l’importance du don de soi à travers la figure de la veuve.
Nous comprenons mieux la pédagogie de Jésus qui appelant ces disciples, valorise cette femme comme pour leur dire : « Prenez exemple sur cette femme, il y a un jour et ce ne sera pas dans bien longtemps, vous devrez faire le même choix qu’elle, celui de donner votre vie ».

Didier Rocca

Le nom du mois : veuve


Les veuves sont fréquemment mentionnées tout au long de la Bible, ce qui démontre leur profonde importance aux yeux de Dieu. Les histoires de résilience et de foi, comme celles de Ruth, Abigail et Tamar, servent de balises d’espoir. La Bible souligne l’importance d’apporter aux veuves de l’empathie, de la compassion et un soutien financier.
Elles nous rappellent que personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager !

2024-10-15T16:24:03+02:00

Édito octobre 2024 > Merci Paul

Depuis septembre 2000, Paul Bony, membre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (société de vie apostolique dont la mission principale est la formation des futurs prêtres), grand spécialiste de la bible, a pris sa retraite et habite avec la communauté. Nous avons célébré ses 100 ans le 23 septembre dernier, et en ce mois d’octobre il rejoint d’autres prêtres, religieux et religieuses dans la maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres à la rue Jeanne Jugan. C’est l’occasion pour nous de lui adresser tous nos remerciements pour ces 24 années passées avec lui.

La curiosité
Paul, tu as toujours été curieux de ce qui se passe dans le monde, dans la société, dans l’Église, dans le diocèse, à l’Œuvre, dans notre communauté. Souvent, avec l’âge, les personnes se replient sur elles-mêmes et deviennent un peu indifférentes à ce qui se passe autour d’elles, mais ça n’a jamais été ton cas. Tu as toujours été sensible à ce que les gens vivaient, comment ils se sentaient, de quoi leur vie intérieure était nourrie. C’est toi qui étais le plus informé sur l’actualité, et tu lisais assidument le journal chaque jour, à la recherche d’analyses permettant de comprendre la vie de nos contemporains, afin de toujours mieux les accompagner.

L’attention aux autres
Tu as toujours été attentionné envers ceux qui partageaient ta vie. Dans la vie communautaire, nous avons été touchés par ta délicatesse, en particulier lorsque tu devinais que l’un de nous traversait une difficulté ou était diminué par la maladie et la vieillesse. Tu as accompagné tes amis ou les membres de ta famille avec fidélité, prenant le temps d’appeler presque quotidiennement certaines personnes isolées, seules ou en détresse, restant à l’écoute malgré ton audition difficile. Ton ministère de formateur ne t’avait pas toujours donné l’occasion d’être dans une activité pastorale directement engagée dans l’action, mais tu as toujours eu le souci d’allier la foi et l’amitié, la prière et l’engagement concret, en particulier dans ton souci des pauvres et dans ton implication dans le mouvement de la Mission ouvrière… Hier encore tu t’inquiétais de savoir comment tu allais pouvoir t’engager pastoralement au service des autres alors que tu t’apprêtais à entrer en maison de retraite ! En tout cela tu nous a stimulés.

La passion de la parole de Dieu
Tu as fréquenté toute ta vie la Bible et la Parole de Dieu. Ce n’était pas seulement une matière d’enseignement, de recherche ou de publication, c’est une passion. Tu y as puisé l’énergie du service et tu as voulu partager ce trésor pour que les femmes et les hommes de notre temps ne passent pas à côté de la rencontre avec le Seigneur. Nous ne t’avons pas vu une journée sans lire un ouvrage d’exégèse, sans recevoir un colis avec le dernier livre d’un spécialiste de la Bible, en anglais, en allemand ou en hébreu ! Érudit, tu l’es, mais avec l’humilité des authentiques spécialistes, qui n’écrasent pas les gens de leur connaissance, mais savent la mettre à leur service. En cela aussi tu nous a stimulés, et nous étions parfois désolés de ne pas arriver à en faire plus pour donner le goût de la Parole de Dieu aux jeunes de l’Œuvre. Durant ces 15 dernières années, tu ne pouvais plus enseigner à cause de tes difficultés auditives ou visuelles, mais tu as animé une équipe proposant des parcours de lecture biblique, nourrissant de nombreux groupes de partage, qui trouvent dans ces livrets de quoi nourrir leur foi et entrent ainsi dans une lecture vivante de la Parole de Dieu.

Le dialogue comme boussole
Tu as participé, en 1992, à la création de l’Institut de sciences et théologie des religions de Marseille avec Jean-Marc Aveline, qui n’était pas encore archevêque de Marseille, ni cardinal, mais que tu avais connu plus jeune lorsqu’il était entré au séminaire des Carmes à Paris, que tu dirigeais à l’époque. C’est toi qui avais eu l’intuition que la création d’un pôle de formation théologique à Marseille se devait d’honorer l’ouverture au dialogue interreligieux et interculturel. Car tu es un homme de dialogue, pétri de la Parole de Dieu et donc attentif à la rencontre. Tu es de la génération des prêtres qui ont connu la messe en latin puis ont contribué à mettre en œuvre le concile Vatican II avec son ouverture au monde. Tu es un homme libre, par l’action de l’Esprit de Dieu au cœur de ton expérience, ce qui t’a parfois été reproché et a eu des conséquences sur ta « carrière », car la liberté dérange, mais sans jamais que tu sois aigri ni déboussolé car tu as ce repère intérieur de la Parole de Dieu qui donne constance, liberté et joie, au cœur même des épreuves et des injustices.

Merci
Pour tout cela, et pour bien d’autres choses encore, dont la belle et authentique fraternité que tu as partagée avec la communauté des Messieurs de l’Œuvre durant 24 ans, nous voulons rendre grâces et te remercier. Nous savons que ton énergie va rayonner auprès de tes frères prêtres et de cette nouvelle communauté que tu vas découvrir chez les Petites Sœurs des Pauvres. Nous souhaitons qu’ils aient la chance de bénéficier encore longtemps de ta bienveillance et de ton regard malicieux et lumineux sur la vie.

Olivier

2024-09-18T11:26:37+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2024

Nous commentons aujourd’hui l’Évangile qui sera lu le 6 octobre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

À ce moment se présentèrent des Pharisiens, et ils lui posèrent cette question pour le mettre à l’épreuve : 
« Un mari est-il autorisé à renvoyer sa femme ? » Et lui leur demande :
« Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ? » 
Ils répondent : « Moïse a permis d’écrire un acte de divorce et de renvoyer la femme. »
Jésus leur dit : « Il a écrit là une loi adaptée à votre cœur endurci. Mais Dieu, au commencement du monde, les fit homme et femme. Pour cette raison, l’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair. Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. »
De retour à la maison, les disciples l’interrogent de nouveau à ce sujet et il leur déclare : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre, commet l’adultère à son égard ; et si une femme renvoie son mari et en épouse un autre, elle aussi commet l’adultère. »

Le contexte
Dans le chapitre 10 duquel est tiré cet extrait d’Évangile, Jésus, au cours de son périple en direction de Jérusalem, parle de questions capitales pour la vie de sa communauté. Grâce à une question un peu tordue d’un pharisien, Jésus nous livre en quelques mots sa vision du mariage.

Parité ?
Cette controverse peut nous choquer aujourd’hui par son caractère unilatéral. Si effectivement, il est question ici d’un homme qui répudie sa femme, rien ne nous empêche d’imaginer la situation inverse d’une femme qui pourrait faire la même demande vis-à-vis de son mari. D’ailleurs à la fin du texte, ce qui est valable pour l’homme l’est tout autant pour la femme.

Que vous a commandé Moïse ?
Cette question de Jésus élève déjà le débat d’un cran. Il ne répond pas en utilisant une solution simpliste du type « c’est permis » ou « ce n’est pas permis » mais il interroge l’intention de Moïse qui voulait par cette lettre de répudiation éviter les excès de la part des maris. Ainsi, Jésus ne se met pas contre la loi mais il explique l’intention du législateur. Cela peut nous aider à mieux discerner lorsqu’une question morale se pose à nous.

Rupture et accomplissement
Jésus reprenant le livre de la Genèse dit : « L’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair. » Le mariage parachève le passage entre une rupture, une séparation (de son père, de sa mère) à un accomplissement, à une alliance féconde avec son conjoint. De même que l’homme doit mourir à la vie terrestre pour une vie en abondance dans le cœur de Dieu, ceux qui se marient sont appelés à un double mouvement de rupture et de communion.

Pour actualiser…
Difficile de parler du mariage, tant sont nombreuses les situations douloureuses à ce sujet. En même temps, ces paroles exigeantes du Christ à propos du mariage sont engageantes. Elles nous appellent à offrir à l’autre ce que nous ne pouvons pas nous donner tout seul. Dans le mariage, chacun a à apprendre de l’autre une manière d’être humain qui ne lui est pas naturelle. Aimer une seule personne d’un amour absolu toute sa vie peut paraitre hors de portée mais n’oublions pas que Dieu est avec nous. Si le mariage est en question dans nos sociétés, il est vraiment l’expression de l’amour « jusqu’au bout » auquel nous aspirons tous.

Didier Rocca

Le nom du mois : Mariage


Le mariage est l’un des sept sacrements. Il implique entre un homme et une femme, une communion de corps et d’âme. Les deux aspects sont nécessaires. D’ailleurs, le mariage après la célébration religieuse n’est-il scellé lorsque que les deux mariés se sont donnés corporellement l’un à l’autre. Autrement dit, le mariage se réalise dans le oui échangé mais aussi dans le don des corps.
Jadis chez nous (et encore aujourd’hui dans d’autres cultures) où il était un contrat entre deux familles, le mariage chrétien est l’acte par lequel un homme et une femme consentent à se donner l’un à l’autre.
Ce consentement mutuel quoique fragile et exigeant ne souffre d’aucune condition. C’est ce qui fait sa grandeur !?

2024-09-18T11:57:00+02:00