Spiritualité

Édito février 2021 > La confiance

Méfiance
Durant l’année 2020, la confiance a été mise à rude épreuve. Avec l’épidémie de coronavirus et les restrictions imposées, la peur et l’incompréhension ont pris une place importante dans nos vies, alors que nous étions jusque-là plutôt insouciants. Nous avons été poussés à nous méfier de la proximité avec les autres, par crainte de contaminations, mais nous sommes aussi devenus méfiants vis-à-vis des informations qui nous étaient données. Que la source soit scientifique, politique ou médiatique, nous avons été confrontés à des discours parfois incohérents et à des interprétations « complotistes » qui ont ajouté au flou d’une épidémie que nous ne connaissions pas et dont les évolutions étaient hors de notre maîtrise. Nous recevions des informations contradictoires, venant de sources a priori fiables mais qui, du fait de leur incompatibilité, nous ont poussé à douter de tout. Les spécialistes scientifiques en tout genre avaient des avis divergents, les représentants des partis politiques étaient en opposition quand aux stratégies à mettre en œuvre pour lutter contre la progression de l’épidémie, les médias donnaient la parole à des experts qui ne tenaient pas tous les mêmes discours, des décisions se révélaient avoir été dictées par des impératifs économiques ou techniques cachés au « grand public » mais présentées comme motivées par des choix sanitaires ou scientifiques… Nous ne savions plus à quel saint nous vouer, et nous sommes devenus méfiants par rapport à ce que nous entendions et voyions.

Prudence
Cette prudence vis-à-vis des informations a pu être bénéfique, car nous étions sans doute un peu trop naïfs. On nous faisait avaler des couleuvres depuis trop longtemps et il nous a fallu un électrochoc pour nous réveiller de notre torpeur béate. Mais nous sommes maintenant tombés dans l’extrême inverse, nous sommes devenus méfiants de tout. Les diverses crises qui ont précédé celle de la Covid-19 étaient déjà des signaux précurseurs de cette défiance généralisée. Les gilets-jaunes, qui ont tant monopolisé le paysage médiatique en 2019, relevaient déjà de cette méfiance envers les décideurs et les responsables politiques ou économiques. Les manifestations contre les violences policières dénonçaient l’impunité des exactions commises par ceux qui étaient garants du droit et de la justice. Les condamnations de représentants des religions accusés de crimes pédophiles, ou d’abus de pouvoir envers des religieuses ou des personnes vulnérables, révélaient l’hypocrisie d’individus ou d’institutions qui se devaient d’être exemplaires au nom d’un idéal d’amour et de charité. Dans ce contexte nous sommes devenus prudents, nous savons qu’il nous faut du discernement et nous refusons d’accepter tout et n’importe quoi.

Confiance
La confiance est un équilibre mais un équilibre fragile qui peut être remis en cause par les épreuves de la vie, par les contrariétés, par la maladie, par les troubles relationnels, par les échecs affectifs, par des imprévus ; et le monde d’aujourd’hui, par son rythme et ses évolutions, par la crise que nous traversons, peut vite déstabiliser une personne, l’isoler et la déprimer. Si les religions ont une mission à assumer dans ces temps difficiles que nous traversons, c’est précisément d’être signe de la confiance. Nous devons inscrire cette notion au cœur de notre existence. Non pas une confiance aveugle envers tout ce qui nous vient de l’extérieur, mais une confiance dans notre capacité à nous relever après une chute, à traverser les difficultés, à sortir plus forts d’une épreuve, sans repli identitaire ni haine de l’autre. Les croyants puisent cette confiance dans leur relation à Dieu, source de tout bien et de tout amour. Car, pour les croyants, la confiance va de pair avec la foi en l’action de Dieu au cœur de nos existences.

Le regard de Dieu
La foi repose avant tout sur la compréhension du regard que Dieu porte sur le croyant : un regard qui encourage, qui fait la vérité sans enfermer dans les erreurs ou les échecs, et qui ouvre un avenir. Comme les enfants grandissent grâce au regard bienveillant de leurs parents, les croyants deviennent authentiquement croyants quand ils comprennent l’action bénéfique de Dieu dans leur existence. Ce qui est compliqué, c’est qu’il n’y a pas de magie dans cette intervention de Dieu dans nos vies, tout comme dans l’action du regard des parents. Pourtant on sait combien un regard confiant et un soutien fraternel peuvent aider à traverser les épreuves de la vie et à faire les bons choix. Pour les croyants de toute religion, la prière est le lieu privilégié de cet échange avec Dieu.

Olivier

2021-01-26T20:32:31+01:00

Édito janvier 2021 > Dieu s’est fait frère

Le Verbe fait chair
Le prologue de l’Évangile écrit par saint Jean contient une expression compliquée que l’on retrouve sur l’autel de la chapelle de l’Œuvre : « Le Verbe s’est fait chair ». Le Verbe, la Parole, c’est Dieu dans ce qu’il a de différent de nous. Il est une force de création qui nomme et qui donne vie à ce qu’elle nomme, comme on le découvre dans récit de la Création : « Dieu dit… », et cela est. Dire que le Verbe s’est fait chair, c’est dire que le tout autre, le pur esprit, Dieu, s’est fait homme, comme nous, pour venir nous rencontrer au plus près, sans distance. Et nous découvrons à Noël qu’il se fait le plus petit des hommes, il naît dans des conditions de précarité qui le rendent solidaire de ceux qui vivent le déracinement et la pauvreté : loin de chez lui, dans une pauvre étable, démuni. Tout au long de sa vie publique, Jésus s’est fait proche des pauvres et des blessés de la vie.

Dieu fait frère
On peut traduire l’expression « le Verbe s’est fait chair » par : « Dieu s’est fait frère ». Cela nous ouvre un bel horizon de pensée sur Dieu et sur l’humanité. Dieu, en Jésus, se révèle proche de nous, il va jusqu’à s’identifier aux plus petits et aux plus humbles : « Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Dieu n’est pas dans la violence et la force, il se révèle dans la vulnérabilité et la faiblesse. Il n’est pas un être qui nous domine, qui nous regarde de haut, qui nous condamne ou, pire encore, qui nous met à l’épreuve. Il est solidaire de nos misères et il vient partager notre existence. Il nous accompagne dans nos difficultés, il nous soutient et nous encourage. S’il y a de la puissance en Dieu, ce n’est pas celle de la violence, de la colère ou de la vengeance, c’est celle du courage, de la solidarité, de la fraternité. Rien ne peut empêcher Dieu de nous aimer et de nous vouloir du bien ; c’est dans cet amour absolu que réside sa toute-puissance et sa force. Les sacrements sont pour les chrétiens le lieu où cette énergie de Dieu se révèle au cœur de l’existence humaine : il vient habiter nos vies, il se rend présent aux grandes étapes de notre existence comme dans notre simple quotidien, il nous donne sa force pour que nous puissions assumer nos vies et traverser les épreuves.

Diviniser l’homme
Nous pouvons aller encore plus loin dans la réflexion en reprenant une phrase prononcée lors de la messe, quand le célébrant met un peu d’eau dans la coupe contenant le vin qui va être consacré comme sang du Christ. Il dit : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité ». Dieu se fait homme pour que l’homme soit fait Dieu, c’est une énormité ! Si nous osions dire que nous sommes divinisés nous serions considérés comme des fous ou des prétentieux ! C’est pourtant ce que nous osons affirmer dans la foi. Nous confirmons cette prétention en reprenant les mots de Jésus qui s’adresse à Dieu en l’appelant « Père », c’est la prière quotidienne des chrétiens, « Notre Père ». Nous sommes de même nature que Dieu… Pour le dire plus humblement, nous essayons de prendre conscience de notre filiation divine afin que cela soit de plus en plus effectif, car nous avons à prendre notre part à cette divinité qui nous est proposée. Par notre manière de vivre, par nos gestes, par nos attitudes, par nos choix, nous pouvons signifier que nous adhérons à cette proposition d’adoption que Dieu nous fait.

Et l’homme s’est fait frère
Nous sommes invités à comprendre la volonté de Dieu : c’est que nous soyons véritablement ses enfants, et que par conséquence nous vivions en sœurs et frères. Cela peut paraître simpliste, mais c’est tout le message chrétien, et de toute religion authentique : accepter de nous soumettre à la paternité de Dieu et répondre à son commandement d’amour et de fraternité. Cela est facile à exprimer, mais c’est autrement plus difficile à vivre, car nous sommes des êtres complexes en qui se mêlent des forces contradictoires. Il nous faut « accepter d’être une mixture de grâce et de mal. Restez au soleil en patience : le mal petit à petit s’évaporera et la grâce restera » écrivait Madeleine Delbrêl. C’est une maturation qui s’opère en nous, mais pas sans nous. Il nous est bon d’en être conscients et de nous donner les moyens de combattre le mal en nous laissant éclairer et réchauffer par l’amour de Dieu. C’est le sens de la pratique religieuse : aller à la messe, vivre les sacrements, prendre du temps pour la prière, lire la parole de Dieu, relire sa vie pour discerner l’action de Dieu, suivre des parcours de catéchisme ou de formation, sont des moyens qui nous sont donnés pour alimenter notre relation à Dieu afin qu’il prenne plus de place dans nos vies et que nous arrivions à mettre en pratique son amour en aimant les autres. C’est un programme pour une nouvelle année, et pour toute une vie !

Olivier

2020-12-17T14:28:51+01:00

L’Évangile du mois de janvier 2021

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Quand Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm, aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu ». Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme ». L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ». Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée..

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile. Marc raconte ici ses premières paroles publiques prononcées par Jésus un jour de sabbat. Il n’est pas encore reconnu comme le Messie. Ses interlocuteurs ont de quoi être particulièrement étonnés par ses actions et ses paroles.

Jésus, un enseignant…
Nous découvrons Jésus dans son activité de prophète. Que fait-il ? Il enseigne. On aimerait bien avoir une trace de ce qu’il a raconté. Marc reste silencieux sur le sujet. Jésus connait bien sa matière puisqu’il a été autorisé par ses pairs à commenter les Écritures (approximativement l’Ancien Testament de nos bibles) dans la synagogue. Il est ici ce porte-parole qualifié, choisi par Dieu, qui doit transmettre la Parole et que le peuple doit écouter.

Il parle avec autorité
Attention à ne pas confondre ce talent de Jésus avec la pathologie qui est l’autoritarisme. Dire qu’il parle avec autorité signifie que sa parole fait grandir celui qui l’écoute. Cela signifie qu’il n’y a pas d’écart entre son agir et ses paroles. Marc précise qu’il ne parle pas comme les scribes, « ceux qui disent mais ne font pas ». L’autorité de Jésus ne vient pas d’abord d’un charisme de tribun ou d’une technique de communication bien rodée, elle lui vient de sa capacité à habiter totalement ce qu’il dit. Il est la parole qu’il énonce. Il est en totale cohérence avec ses paroles.

Démasqué rapidement
Alors que Jésus est encore un inconnu ou presque, il est en quelque sorte démasqué par un homme à l’esprit impur. Quelle est sa maladie ? Le texte ne le dit pas. Peu importe. Ce qui est frappant, c’est de voir que cet homme dit juste. Effectivement, Jésus est bien « le saint de Dieu ». Mais cet homme, au fond, ne comprend pas ce qu’il dit, sa parole est malade. La parole d’autorité, et donc autorisée, de Jésus ne renvoie pas à une parole certes juste mais vide de sens pour cet homme à l’esprit impur. Autrement dit, toute parole juste n’est pas une parole d’autorité. Il est indispensable que cette parole soit habitée, soit ajustée, qu’elle soit prononcée à un moment opportun pour qu’elle soit bien accueillie et transforme l’existence de ceux qui l’entendent.

L’enseignement en actes
Si nous ignorons totalement ce que Jésus a dit dans la synagogue, nous réalisons que Marc a voulu nous faire partager une partie de son enseignement donné non pas comme un cours magistral mais comme des travaux pratiques. Aujourd’hui, 2000 ans après, ce qui nous bouleverse reste cet enseignement nouveau : Jésus ne confond pas la personne avec son mal. Il est venu pour combattre le mal. Il va demander à l’homme de se taire pour que sa parole malade n’induise pas ses interlocuteurs dans l’erreur.

Pour actualiser
Sommes-nous capables de lutter contre le mal sous toutes ses formes ? Et même, le voulons-nous ? Sommes-nous capables de faire la distinction entre le mal et celui qui le commet ? Qu’en est-il de notre autorité ?

Didier Rocca

Le mot du jour : autorité

Du latin auctoritas, capacité de faire grandir. Celui qui a de l’autorité est donc capable de faire grandir celui qui est sous sa responsabilité. Une autre étymologie suggère que ce mot « autorité » vient du mot « auteur ». Ainsi, avoir de l’autorité rend l’autre auteur, acteur, responsable de sa propre vie.

2020-12-17T17:27:11+01:00

Édito décembre 2020 > Célébrer

L’année 2020 devait être marquée par les célébrations du bicentenaire de l’installation de l’Œuvre à la rue Saint-Savournin, c’était en 1820. La crise sanitaire a bouleversé ce programme et toutes les festivités ont été annulées au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les restrictions et les confinements. C’est un paradoxe de parler de la notion de célébration dans ce contexte. Dans la liste des notions qui définissent la mission de l’Œuvre, cette dimension est essentielle et je l’avais gardée pour le dernier numéro de cette année toute spéciale afin de mettre en valeur son importance.

Rendre le Christ fréquentable

Ce mot, célébrer, a diverses significations. Dans cet édito je voudrais parler de la célébration au sens religieux du terme, bien que les autres définitions ne soient pas étrangères à ce que nous vivons à l’Œuvre. Quand nous disons que l’Œuvre est un lieu de célébration, c’est aussi avec le désir de rendre célèbre, c’est-à-dire fréquentable, le Christ et sa Bonne Nouvelle. Le message chrétien n’a pas pour vocation d’être restreint à la confidentialité de la sphère privée ni confiné dans les murs de nos maisons ; au contraire il doit être annoncé hors les murs, urbi et orbi, pour les chrétiens et pour tout le monde, car il concerne toute l’humanité et vise à changer notre manière de vivre en société. Une conception erronée de la laïcité voudrait qu’elle consiste à réduire l’impact des religions en les cantonnant à une histoire seulement individuelle, alors que la laïcité a pour objet au contraire d’assurer la bonne cohabitation de tous les principes de vie – religieux, philosophiques ou politiques – en leur assurant la liberté d’expression et en évitant toute main-mise de l’un sur les autres. Nous avons le droit de penser par nous-mêmes, nous pouvons avoir des points de vue différents et des orientations particulières, nous avons le devoir de donner le meilleur de nous-mêmes et de vouloir que la société fasse des choix qui nous semblent les plus judicieux, donc nous avons la responsabilité d’exprimer ce que nous pensons être le plus juste, le plus vrai. Pour ce qui est de la décision finale et des grandes orientations de nos sociétés, nous avons aussi le devoir de respecter la pluralité des opinions et nous devons faire confiance à l’intelligence humaine pour que les décisions qui concernent tout un pays soient prises démocratiquement en tenant compte des conseils que tous peuvent exprimer, les religions ayant leur voix particulière à donner dans cette dynamique.

Célébrer la messe

Pour ce qui est de la dimension religieuse de la notion de célébration, la vocation de l’Œuvre est d’accompagner les jeunes afin qu’ils découvrent la joie de célébrer le culte qui revient au Seigneur. Le sommet de cette célébration est vécu lors de la messe du dimanche, car elle récapitule ce qu’est la vie pour un chrétien : nous nous rassemblons, avec toutes nos différences qui sont des richesses à partager, nous faisons corps dans ce lieu que nous appelons Église et qui symbolise l’appartenance à un corps, à une communauté. Nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu, en découvrant qu’elle est une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui. Nous répondons à l’invitation du Christ qui veut partager sa vie avec nous dans le repas eucharistique durant lequel nous communions à son corps, et nous comprenons que nous faisons partie à notre tour de ce corps. Nous sommes invités à sortir de l’église pour vivre cela concrètement tout le reste de la semaine, en mettant en pratique ce que nous avons vécu pendant cette célébration : à savoir l’amour reçu de Dieu que nous partageons avec les autres en les aimant comme Dieu les aime.

Toute notre vie est célébration

Si le sommet de la vie chrétienne est vécu lors de la messe du dimanche, la célébration de la Bonne Nouvelle chrétienne ne se réduit pas à cette pratique dominicale : elle est le tout de notre vie. Ce que nous vivons tout le reste de la semaine est une manière de célébrer le Seigneur. Par nos gestes, nos paroles, nos regards, nos engagements, nous célébrons dans le quotidien de nos vie l’engagement de Dieu dans le monde. Nous pouvons comprendre cela d’autant mieux en ces semaines de confinement durant lesquelles nous avons été privés de la célébration communautaire de la messe. Cela ne doit pas nous empêcher de vivre toute la semaine comme une manière de célébrer le véritable culte que nous estimons devoir rendre à Dieu : aimer notre prochain, détruire les barrières de la haine et de l’indifférence, combattre les injustices, vivre la solidarité et la fraternité, œuvrer pour la paix. Monsieur Allemand, l’exprimait avec des mots adaptés à la réalité de ce que les jeunes vivent dans nos maisons : jouer et prier sont les deux mouvements d’une même dynamique de célébration !

Olivier

2020-11-17T11:53:51+01:00

L’Évangile du mois de décembre 2020

Cet Évangile sera proclamé le dimanche 13 décembre, le troisième du temps de l’Avent.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean
Voici qu’il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ ». Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas ». « Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non ». Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : “Redressez le chemin du Seigneur”, comme a dit le prophète Isaïe ».
Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

Le contexte
Nous lisons aujourd’hui le début de l’Évangile de Jean. Dans ce prologue, il nous parle de Jean, pas l’évangéliste mais celui qui a baptisé Jésus, un de ses cousins. On le connaît mieux sous le nom de Jean-Baptiste. Pendant ce temps de l’Avent, ce personnage est important parce que sa mission durant sa vie a été de préparer la venue de Jésus. Si Marie l’a porté neuf mois en elle, Jean-Baptiste a parlé beaucoup du Messie pour permettre aux juifs qui l’écoutaient de bien le recevoir quand il se ferait connaître.

Que nous dit-on de Jean-Baptiste ?
C’est un « envoyé de Dieu », on peut dire aussi un prophète. Son prénom Jean signifie Dieu fait grâce.
L’évangéliste nous en parle comme d’un témoin. Il paiera de sa vie son zèle et son courage puisqu’il sera décapité par Hérode. Enfin, son rôle est de rendre témoignage à la Lumière c’est-à-dire au Christ. Autrement dit, il est un peu comme la lune qui reflète la lumière du soleil mais il ne dégage par lui-même aucune lumière.

En dialogue avec les prêtres et les lévites
Jean-Baptiste a un comportement et un discours différents des prêtres qui officient au Temple ; il est normal qu’il soit sollicité pour s’expliquer. Son style ressemble à celui d’Elie, fougueux, radical. Il se présente de façon un peu énigmatique comme « la voix qui crie dans le désert ». C’est une référence au livre d’Isaïe dans l’Ancien Testament. Que veut-il dire ? Ce n’est pas lui qui est important, c’est celui qu’il désigne. Il est comme un poteau indicateur qui indique la bonne route. On le consulte, certes, mais on prend la route, on ne s’y arrête pas. C’est la route qui est importante. Jean-Baptiste est la voix. Ailleurs, il se présente comme l’ami de l’époux. Toujours en relation avec Jésus, à sa juste place.
Baptême d’eau ?
Attention, le baptême proposé par Jean-Baptiste est un baptême de conversion, de purification. Il invite à un changement de vie, à un profond désir de réorienter sa vie pour suivre le chemin de Dieu. Le baptême chrétien englobe aussi cette réalité.

Pour actualiser…
La figure de Jean-Baptiste est un bon exemple de ce qu’est un missionnaire. Il ne se met pas en avant mais il honore le Christ, il est au service de Dieu. Jean-Joseph Allemand conseillait aux jeunes de l’Œuvre de ne vouloir compter pour rien. Manière de dire que si nous accomplissons des choses, si nous apportons nos compétences au service du Christ, au service de l’Œuvre, ce qui compte véritablement c’est que les jeunes soient mis en contact avec le Christ. S’ils nous oublient, ce n’est pas bien grave mais le plus important est que chaque jeune réalise combien il est aimé de Dieu. C’est cela être missionnaire à la manière de Jean-Baptiste ou de Jean-Joseph Allemand. Agir non pas d’abord pour se faire aimer mais pour que Dieu soit connu et aimé.

Didier Rocca

Le mot du jour : Jourdain

Le Jourdain est un fleuve du Moyen-Orient, qui a donné son nom à la Jordanie. Du mont Hermon au Nord à la mer Morte au Sud, le Jourdain s’écoule sur 360 km et sa vallée est la plus basse du monde puisqu’il rejoint la mer Morte à l’altitude de – 421 m sous le niveau des océans. Le peuple hébreu est arrivé en Terre Promise en traversant le Jourdain. Aujourd’hui, le Jourdain est une frontière entre Israël-Palestine et la Jordanie. C’est dans le Jourdain que Jean-Baptiste baptisait. Aujourd’hui, c’est la plus grande réserve d’eau douce dans la région..

2020-11-17T12:02:47+01:00

Édito novembre 2020 > Aider à s’engager

Un objectif de l’Œuvre est d’aider les jeunes à devenir capables de s’engager. Notre projet éducatif l’exprime clairement : « Depuis l’origine, l’Œuvre accueille les jeunes pendant leurs loisirs pour les accompagner et les aider à devenir des adultes et des chrétiens pleinement engagés et responsables dans la société actuelle. […] Elle cherche à les rendre capables de vivre heureux et utiles dans la société, capables d’initiative, capables d’assumer leurs responsabilités. Elle les invite au témoignage d’une vie qui soit, pour les autres, source d’Espérance. »

Aller de l’avant

S’engager, c’est aller de l’avant, aller vers les autres, prendre une route, avec ce que cela suppose de risque, de découverte, de renoncement. Pour cela il faut se sentir capable de poursuivre le chemin, il faut sentir que la voie choisie est la bonne, qu’elle sera source de réussite. Cela suppose aussi qu’il faut avoir eu le temps de peser le pour et le contre, car lorsqu’on s’engage dans une direction, on tourne le dos à d’autres possibilités, et il faut faire ce choix en connaissance de cause et pour de bonnes raisons. C’est grâce et avec les autres que l’on devient capable de s’engager. Les éducateurs, les parents, les amis parfois, contribuent à notre croissance ; ils nous renvoient des choses sur nous-même qui nous permettent de croire qu’il nous est possible de nous mettre en route et d’assumer nos choix. Il est nécessaire que la personne qui s’engage ait fait un certain travail sur elle-même car c’est tout son être qui est concerné, corps et âme. Le premier rôle des éducateurs est donc de permettre aux jeunes de sentir qu’ils ont une colonne vertébrale et qu’ils peuvent se tenir debout, capables d’avancer à la rencontre des autres, assez solides pour tenir sur la distance.

Un but à atteindre 

On s’engage avec un objectif, une mission que l’on reçoit et à laquelle on adhère, où que l’on se donne. C’est la vision d’un but à atteindre qui permet de prendre le chemin qui semble le plus approprié pour nous permettre de réaliser notre objectif. L’engagement nous projette en avant et nous ouvre un avenir. Il nous fait sortir de nous-même et tourne notre regard vers l’extérieur : un groupe de personnes à aider, quelque chose à changer dans la société, la résolution d’un problème, la lutte contre une injustice, un service à rendre. La personne qui s’engage a compris que son bonheur se trouvait dans le partage et dans sa capacité à ne pas se regarder le nombril mais à se tourner vers les autres, à se rendre sensible à ce qui se passe autour d’elle et à prendre sa part pour que les choses changent.

L’engagement de Dieu

Pour les chrétiens, l’engagement est l’attitude de Dieu lui-même qui vient à la rencontre de l’humanité. C’est ce que nous allons célébrer lors des fêtes de Noël : l’engagement de Dieu qui se fait proche de nous en Jésus, qui rejoint les hommes, en particulier les plus petits, les plus méprisés, et qui paye de sa personne pour changer le visage du monde. Il ne reste pas dans le ciel ou dans un palais, il met les mains dans la glaise de notre humanité et partage notre condition pour nous montrer notre immense dignité : Dieu nous considère tous comme ses enfants, il nous aime et veut que notre vie soit belle, que nous traversions les épreuves en restant debout, que nous soyons capables de sortir de nos instincts égoïstes de survie pour nous tourner vers les autres. On pourrait dire que la vocation de tout chrétien consiste à accompagner l’engagement de Dieu qui vient à la rencontre de l’humanité. Chacun est responsable de la mise en œuvre de cette mission en inventant son propre chemin de vie. L’Œuvre, comme tous les lieux d’éducation, contribue à sa manière à accompagner les jeunes pour qu’ils entrent dans cette belle dynamique et qu’ils découvrent leur façon propre de s’engager et de contribuer au bien commun.

Olivier

2020-11-01T20:46:04+01:00

L’Évangile du mois de novembre 2020

Le 8 novembre, le dimanche qui suit les vacances de Toussaint, nous lirons la parabole des dix jeunes filles…

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Voyez ce qui se passera alors dans le Royaume des Cieux. Dix jeunes filles ont pris leurs lampes et sont parties à la rencontre du marié. Cinq d’entre elles sont des étourdies, mais les cinq autres savent prévoir. Les étourdies ont pris leurs lampes, mais n’ont pas emporté d’huile en plus, tandis que les prévoyantes ont pris en même temps que leurs lampes une réserve d’huile. Mais voici que le marié se fait attendre ; toutes les filles tombent de sommeil et bientôt elles s’endorment. Au milieu de la nuit on entend un cri : « Voici le marié, sortez pour le recevoir ! » Toutes aussitôt se réveillent et préparent leurs lampes. Les étourdies disent alors aux prévoyantes : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes sont près de s’éteindre. » Mais les prévoyantes répondent : « Il n’y en aurait sûrement pas assez pour nous et pour vous. Allez trouver ceux qui en vendent et achetez-en pour vous. » Les voilà donc parties pour en acheter, et c’est alors que le marié arrive. Celles qui sont prêtes à le recevoir entrent avec lui pour les noces, et on referme la porte. Plus tard arrivent aussi les autres : « Seigneur, Seigneur, disent-elles, ouvre-nous ! » Mais lui répond :« En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas ! Restez donc éveillés car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Le contexte
Avant d’achever son Évangile en racontant la Passion et la résurrection de Jésus, Matthieu nous propose trois paraboles que nous entendrons ces trois prochains dimanches. Aujourd’hui, la parabole des dix vierges ou des dix jeunes filles. Attention, pas de contresens, Jésus ne nous dit pas ici qu’il ne faut pas partager, cela serait contradictoire avec d’autres passages. Le sens de la parabole est tout autre. Cherchons un peu…

Les éléments de la parabole.
Des lampes à huile dont quelques-unes sont sans huile. Des protagonistes qui dorment sans qu’on le leur reproche. Un époux qui arrive à l’improviste. Les insensées qui se retrouvent à la porte. Bizarre, bizarre !

Le temps…
Il ya de nombreuses manières de considérer le temps qui passe. Pour un chrétien, cette réalité est positive. Le temps ne nous fait pas tourner en rond, il a une finalité : nous préparer à la venue du Seigneur. Ici, Jésus nous transporte dans cette parabole au terme du voyage de l’humanité, quand le Royaume de Dieu sera pleinement accompli. Ce Royaume est représenté par un soir de noce. On peut déjà en déduire que le but de Jésus en racontant cette histoire n’était pas d’inquiéter son auditoire. Au contraire, Jésus veut les inciter à se préparer à l’irruption du Royaume dans leur vie.

Savoir dire « non »
La première leçon à tirer est que la sagesse consiste parfois à dire « non ». Dire « non » à tout ce qui nous éloigne de notre rendez-vous divin ultime, dire « non » à tout ce qui nous fait dévier de notre chemin de sanctification. La vraie sagesse consiste à courir vers l’époux, les yeux fixés vers ce qui est devant, en délaissant ce qui est derrière nous.

Veiller…
De nombreux passages évangéliques nous invitent à veiller. À Gethsémani, Jésus lui-même invite les disciples à veiller avec lui. Plus tard, Pierre nous invitera à cette même vigilance face à notre Adversaire, celui que l’on appelle aussi Satan. Soyons vigilants, veillons, car Jésus (re)vient.
Veiller c’est vivre chaque jour cette ressemblance avec le Père pour laquelle nous avons été créés. Elle est un don du Père, il suffit de la vouloir vraiment de tout son cœur.
Veiller au fond, c’est être toujours prêt à le recevoir. Cette rencontre avec l’époux ne s’effectuera pas qu’à la fin du temps mais à chaque jour du temps. C’est chaque jour qu’il nous modèle à son image.
Veiller ce n’est pas stagner. Comme Jésus, voyons-y une occasion de prier, de connaître Dieu, et de rechercher sa volonté que nous savons bonne.
Veiller c’est témoigner au monde entier que l’évangile est vrai, que Dieu est vivant, et qu’un jour toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur.

Didier Rocca

Le mot du jour : huile

Cette huile évoquée dans cette parabole symbolise le Saint-Esprit qui…
…
est un don de Dieu. Il se reçoit individuellement, il ne se partage pas.
… nous guide dans la prière.                                          … nous rend capable d’aimer de l’amour de Dieu.
… scelle notre identité nouvelle en Christ.                  … nous rend apte au service par le moyen des dons.
… nous communique la joie et la paix de Dieu.          … nous fait grandir spirituellement.

2020-11-01T20:50:08+01:00

Édito octobre 2020 > Accompagner

On peut résumer la mission de l’Œuvre avec cette formule toute simple : « accompagner les jeunes ». Cette expression recouvre beaucoup de notions et nous pouvons l’expliciter.

Se faire proche
Accompagner, cela signifie marcher à côté, non pas devant comme un guide qui connait et fixe l’itinéraire, pas non plus derrière comme une voiture balai qui ramasse les morceaux et constate les dégâts après que la course est terminée, mais au même pas que l’autre, avec, et non en vis-à-vis. Dans la Bible, il y a une image agricole très significative : il s’agit du joug, une pièce de bois qui unit deux bêtes de somme qui tirent une même charrue. Elles se soutiennent l’une l’autre, et font à deux un meilleur travail que si elles étaient chacune avec leur propre charrue. Le Christ invite ses disciples à prendre sur eux son propre joug, donc à vivre en étant reliés à sa vie, et à comprendre qu’il marche avec eux, qu’il traverse leurs difficultés et leurs joies. C’est ce que l’on découvre tout au long des Évangiles : Dieu se fait homme et partage la vie ordinaire de toute personne, même si sa manière de vivre est extraordinaire. Nous sommes invités à vivre cette qualité de relation à notre tour, en particulier dans l’acte éducatif et dans la mission chrétienne.

Délicatesse et vigilance
Dans le cadre de l’Œuvre, nous avons le souci d’accompagner les jeunes dans leur croissance, en les aidant à être libres – nous avons déjà abordé la notion de liberté dans un précédent édito – tout en leur donnant les repères et les ressources qui leur permettront de traverser l’existence. C’est une attitude qui demande beaucoup de délicatesse, car entre le laisser-faire et le dirigisme, il y a une ligne de crête étroite. Cela demande une grande vigilance, car chaque personne est unique et parce qu’il n’y a pas une recette universelle en matière d’éducation. Pour une même personne, il faut s’adapter selon l’humeur, l’étape dans la croissance ou les événements de la vie.

Bienveillance et exigence
S’il n’y a pas de recette miracle, il y a des principes qui permettent de vivre cette mission. Le principale, c’est la bienveillance. Elle est difficile à quantifier, mais elle est un bon repère : si véritablement je veux du bien à l’autre, alors je saurai être attentif à le faire grandir en liberté, à ne pas le juger tout en lui disant ce que je crois important, à accepter qu’il puisse penser autrement que moi et faire d’authentiques choix. Un autre principe, qui peut paraître paradoxal quand on évoque la bienveillance, c’est l’exigence : la facilité n’est pas bonne conseillère, et il faut savoir donner le goût de l’effort. Cela ne peut se vivre que si l’autre nous voit marcher nous aussi dans cette voie de l’exigence. Il ne s’agit pas d’élitisme, de performance ou de masochisme. Une vie se fonde sur des choix et des engagements, qui sont parfois difficiles mais qui ont du sens car ils ont un objectif. L’accompagnateur se doit d’ouvrir un avenir et une route. C’est plus difficile que de rester dans son canapé ou de tourner en rond, mais c’est le seul moyen de prendre sa vie en main et de ne pas passer à côté de son existence.

Une dynamique commune
La merveille avec la notion d’accompagnement, c’est que tout le monde avance, l’éducateur tout autant que celui qu’il accompagne. Celui qui se fait proche pour accompagner avec délicatesse et vigilance, avec bienveillance et exigence, progresse tout autant que celui qu’il est supposé aider. Chemin faisant les deux se rendent comptent qu’ils sont en réalité dans la même dynamique : il n’y a pas un plus fort qui aide un faible, ils sont dans le partage et avancent ensemble. Ils ont été obligés de sortir de leur confort, de se mettre en marche et de se soutenir, parcourant de ce fait un nouveau chemin, inconnu pour l’un comme pour l’autre : l’un se trouve en capacité d’avancer et ose aller de l’avant, et l’autre parcours un nouveau sentier, qui n’aurait pas emprunté s’il était resté sur sa propre route.

Olivier

2020-09-23T09:21:19+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2020

Nous entendrons cet Évangile le 25 octobre. Ce sera le 30e dimanche du temps ordinaire..

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Quand les Pharisiens apprirent que Jésus avait fermé la bouche aux Sadducéens, ils vinrent en groupe, et l’un d’eux voulut mettre Jésus à l’épreuve avec cette question : « Maître, quel est le grand commandement de la Loi ? » Jésus lui dit : « “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Il y en a un deuxième tout à fait pareil : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Toute la Loi et les Prophètes tournent autour de ces deux commandements. »

Le contexte
Nous sommes dans la dernière étape de la vie de Jésus, entre son entrée triomphale à Jérusalem et sa Passion. Les discussions se succèdent entre celui que la foule a reconnu comme Messie et les autorités religieuses qui selon elles, sont les seules à pouvoir dire si Jésus dit vrai ou pas. Après avoir raconté trois paraboles, les sadducéens et les pharisiens répondent en posant trois questions à Jésus. Nous en sommes ici à la 3e et dernière.

Une question banale
La Bible contient 613 commandements en tout. Ce nombre est la somme de 365 (nombre de jours dans une année. 365 représente le temps) et de 248 (nombre d’os dans un corps humain). 248 représente l’humain. Autant dire que la Loi juive concerne toute la vie et tout l’homme. Mais quel est le plus grand ? C’est la question posée par ce légiste. Jésus n’établit pas de hiérarchie entre ces 613 commandements, il ne prend ici aucun risque en reprenant un passage bien connu des juifs dans le livre du Deutéronome.

Le « Notre Père » des juifs
Jésus aurait pu répondre à la question posée en citant un des dix commandements. Au lieu de cela, il préfère citer les premiers mots d’une prière juive équivalente au Notre Père. Elle consiste en une profession de foi au Dieu unique. L’originalité de la citation de Jésus vient du fait qu’elle relie l’amour de Dieu avec celui du prochain. Les deux commandements étaient connus puisque présents dans la Bible mais Jésus considère ces deux préceptes comme n’en formant qu’un seul. Le symbole de la croix peut aider à comprendre ce lien fort entre l’amour de Dieu (c’est l’axe vertical) et l’amour du prochain (c’est l’axe horizontal). À l’intersection des deux axes se trouve Jésus, vrai homme et vrai Dieu.

La Loi et les Prophètes
Que ce soit dans la Loi ou parmi les prophètes, le lien entre amour de Dieu et amour du prochain est central. On peut résumer ainsi leur raisonnement : Si vous voulez être les fils du Dieu qui vous a libérés, soyez à votre tour des libérateurs. Aimer n’est donc pas un sentiment, c’est une conduite concrète. Aimer c’est consoler, relever, accompagner, redonner confiance…

« Comme soi-même »
Le Christ reprenant les Écritures nous invite à aimer son prochain comme soi-même. Sans s’idéaliser bien sûr, cette attitude s’appelle l’humilité. Elle honore Celui qui nous a créés et nous rend capables d’aller vers les autres.

Pour actualiser…
Jésus nous invite à faire deux passages. Pour certains, celui qui consiste à saisir que la foi en Dieu nécessite un amour vrai, sincère de tous ceux qui nous sont proches. Pour d’autres, celui qui consiste à passer d’un humanisme authentique, d’une fraternité vécue à la reconnaissance d’une transcendance, d’un Dieu personnel qui nous aime et qui mendie notre amour.

Didier Rocca

Le mot du jour : Preochain

C’est celui qui est proche : physiquement, celui a côté de qui je suis assis, celui avec qui je travaille. Mais il peut être proche par les liens de famille, tel oncle ou telle grand-mère. Le prochain peut être aussi celui que la vie m’envoie, une personne qui traverse la rue, qui se fait violenter sous mes yeux ou encore ce jeune sans domicile fixe qui me demande de l’aide.

2020-09-23T09:23:39+02:00

Édito septembre 2020 > La fraternité

Depuis le début de cette année de célébration du bicentenaire de l’installation de l’Œuvre à la rue St-Savournin, je vous propose d’approfondir la mission et le rôle de notre institution. Dans les précédentes livraisons de Notre Écho de 2020 nous avons insisté sur les rôles éducatif et spirituel de l’Œuvre en tant que lieu de vie qui aide les jeunes à comprendre le sens de leur vie, à discerner leur vocation, à grandir dans la liberté pour savoir prendre des responsabilités. Dans ce numéro de septembre, nous abordons un thème central, celui de la fraternité.

Vivre ensemble

Tous ceux qui ont fréquenté l’Œuvre témoignent que c’est un lieu de partage et de vie fraternelle qui les a marqués. Les amitiés nouées à St-Sa durent souvent longtemps et parfois même toute une vie. Il n’est qu’à voir la joie des anciens ravis de se retrouver lors des grandes fêtes de la maison, et qui disent combien la fraternité découverte lors des années passées à l’Œuvre et pendant les camps les accompagne encore dans leur vie d’adulte. Avant les leçons de vie apprises à l’Œuvre, avant les catéchèses ou les homélies, ce qui marque son empreinte dans la vie des jeunes c’est ce qu’ils vivent concrètement avec les autres. C’est lorsque l’expérience est forte et enrichissante que les mots peuvent venir  expliquer ce qui a été vécu et pour structurer une pensée qui aide à comprendre le véritable sens de la vie. Les grands discours ne servent à rien s’ils ne sont pas en cohérence avec la mise en pratique de la fraternité. C’est l’exigence qui anime tous ceux qui s’engagent au service des jeunes.

Frères universels

La vie fraternelle se fonde sur une conception de l’existence humaine particulière et qu’il nous faut expliciter. Si nous parlons de fraternité, c’est parce que nous nous considérons comme des sœurs et des frères, membres d’une même famille. Pour nous qui sommes chrétiens et qui accompagnons les jeunes dans le chemin d’une existence qui se fonde sur le Christ, la fraternité est la conséquence de l’incarnation de Dieu en Jésus. Le divin se fait tellement proche de l’humain qu’il se fait l’un de nous. Dieu devient notre frère en Jésus, et il partage toute notre vie. Il vient rencontrer tout le monde, sans aucune limite ni restriction. Personne n’est exclu de la rencontre, pas même les mal-vus, les miséreux, les méprisés, les petits. Il vient au plus bas, il se fait très petit, très humble, pour que personne ne puisse se sentir rejeté ou indigne de la rencontre. Il se fait frère universel et nous invite à devenir à notre tour des frères universels.

Double mouvement

La vie à l’Œuvre, comme dans tout lieu d’Église, est comparable à une respiration, avec deux mouvements indissociables, inspiration / expiration : relation à Dieu, relation aux autres. Les deux s’alimentent, s’éclairent, se conjuguent. « Ici on joue, ici on prie ». Plus nous comprenons qui est Dieu et ce qu’il vient vivre avec l’humanité, plus nous arrivons à nous aimer les uns les autres. Plus nous célébrons et prions Dieu, plus nous arrivons à mettre en pratique joyeusement les exigences d’une vie authentiquement chrétienne. Plus nous rencontrons les autres avec liberté et confiance, plus nous comprenons et expérimentons dans notre chair le projet de Dieu. Plus nous vivons la fraternité, plus nous nous approchons de Dieu. Plus nous nous nourrissons de l’énergie qui vient de Dieu, plus nous arrivons à mettre l’amour dans notre vie. Il n’y a pas d’ordre pour vivre ce double mouvement vital. Pour certains la porte d’entrée se trouve dans la prière ou l’étude des écritures, pour d’autres c’est la solidarité, le soin des plus pauvres ou l’expérience de la vie en collectivité, pour certain c’est un événement, un choix déterminant à poser, pour d’autres un déclic intellectuel. Dans chacune de nos vies il y a des étapes et des dispositions diverses selon ce que nous vivons. À un moment de notre vie ce qui primera sera l’expérience, à un autre moment ce sera la réflexion, à un autre la spiritualité… Qu’importe, il n’y a pas de chemin tout tracé ou de passage obligé.

Signe et moyen

La vie fraternelle est donc à la fois le moyen et le signe de notre vie chrétienne. Le moyen lorsque c’est l’expérience de l’amour partagé qui nous donne de comprendre ce qui fonde une vie authentiquement humaine et chrétienne. Le signe lorsque c’est pour nous la conséquence et la mise en pratique d’une compréhension renouvelée de la Bonne nouvelle révélée par Dieu en Jésus Christ. En tout état de cause, un critère de discernement pour savoir si nous sommes sur la bonne voie dans notre réflexion au sujet du sens de la vie réside dans le lien indissoluble entre vie spirituelle et vie fraternelle. Pour le dire autrement, le chrétien est celui qui se sait aimé et qui sait aimer.

Olivier

2020-08-27T19:03:18+02:00