Textes Prières

Prière pour les jeunes

Ils vont leur chemin, Seigneur, ces garçons et filles,
comme tes disciples vers Emmaüs.
Tu m’as mis sur leur route. Donne-moi de les rejoindre
comme tu m’as rejoint dans mon histoire,
respectant les méandres, les déviances de ma vie.
Apprends-moi non seulement à les voir,
mais à les regarder. Ces visages chiffonnés, lisses,
ou ceux dont le sourire dit le cœur.
Ces yeux vides, fuyants, ou ce regard pétillant d’étoiles.
Que le soir, je rentre à la maison, lourd d’emporter
avec moi tous ces visages, tous ces regards.
Apprends-moi, Seigneur, à rejoindre ton désir sur eux
en embrassant toute l’étendue de leurs propres désirs.
À ne pas me figer sur ce qu’ils sont, mais à me fixer
sur ce qu’ils ne sont pas encore.
Comme toi avec tes deux disciples, donne-moi
de les aider à apprendre que l’essentiel
est de goûter les choses intérieurement.
Apprends-moi envers eux, Seigneur,
l’infinie patience que tu nous portes.
À être l’agriculteur qui respecte leur terreau
et les délais de leurs moissons.
Quand il m’arrive de les voir comme des puits
bouchés et desséchés, aide-moi alors, Seigneur,
à soulever pierre à pierre pour dévoiler
ce qui était caché à leurs propres yeux.
À être le sourcier de l’eau vive qui dort en eux.
Que je puisse leur dire, comme toi si souvent :
« Lève-toi et marche ».
Que je puisse les inviter à incliner leur cœur
vers cet Autre qui les habite déjà.

Jacques Maréchal

2022-01-15T11:11:41+01:00

Notre regard sur l’autre

La Samaritaine – Il ne dit pas : cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l’atavisme moral et religieux de son milieu, ce n’est qu’une femme. Il lui demande un verre d’eau et il engage la conversation.
Marie-Magdeleine – Il ne dit pas : voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans son vice – Il dit : elle a plus de chance pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur savoir et leur vertu.
La femme adultère – Il ne dit pas : celle-ci n’est qu’une adultère – Il dit : je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus.
La femme malade – Il ne dit pas : celle-là, qui cherche à toucher mon manteau, n’est qu’une hystérique – Il l’écoute, lui parle et la guérit.
La pauvre vieille – Il ne dit pas : cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les œuvres du Temple est une superstitieuse – Il dit qu’elle est extraordinaire et que l’on ferait bien d’imiter son désintéressement.
Les enfants – Il ne dit pas : ces enfants ne sont que des gosses – Il dit : laissez-les venir à moi et tâchez de leur ressembler.
Zachée – Il ne dit pas : cet homme n’est qu’un fonctionnaire véreux qui s’enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres – Il s’invite à sa table et l’assure que sa maison a reçu le salut.
L’aveugle-né – Il ne dit pas, comme son entourage : cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres – Il dit que l’on se trompe complètement à ce sujet et il stupéfie tout le monde ; ses apôtres, les scribes et les pharisiens, en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : Il faut que l’action de Dieu se manifeste en lui.
Le centurion – Il ne dit pas : ce centurion n’est qu’un occupant – Il dit : je n’ai jamais vu pareille foi en Israël.
Nicodème – Il ne dit pas : ce savant n’est qu’un intellectuel – Il lui ouvre la voie vers une renaissance spirituelle.
Le Bon Larron – Il ne dit pas : cet individu n’est qu’un hors-la-loi – Il lui dit ; aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis.
Judas – Il ne dit pas : ce Judas ne sera jamais qu’un traître – Il l’embrasse et lui dit : mon ami.
Saint Pierre – Il ne dit pas : ce fanfaron n’est qu’un renégat – Il lui dit : Pierre, m’aimes-tu ?
Il ne dit pas ; ces grands-prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n’est qu’un pantin, ce procurateur romain n’est qu’un pleutre, cette foule qui me conspue n’est qu’une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des tortionnaires – Il dit : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.
Jésus n’a jamais dit : il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci, dans ce milieu-là. De nos jours, il n’aurait jamais dit : ce n’est qu’un intégriste, qu’un moderniste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, qu’un mécréant, qu’un bigot… Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique de Celui qui fait briller son soleil sur les bons et sur les méchants.

Albert Cardinal Decourtray

2022-01-15T11:08:00+01:00

Prière de Mère Thérésa

Devenons tous des branches authentiques
et riches en grappes de la vigne de Jésus,
en l’accueillant dans nos vies
sous l’aspect qu’il lui plaît de prendre :
en tant que vérité – pour la dire ;
en tant que vie – pour la vivre ;
en tant que lumière – pour être éclairés ;
en tant qu’amour – pour être aimés ;
en tant que chemin – pour le parcourir ;
en tant que joie – pour la donner ;
en tant que paix – pour la répandre ;
en tant que sacrifice – pour l’offrir
dans nos familles et à nos proches.
Ô Jésus, délivre-moi
du désir d’être aimé,
du désir d’être élevé,
du désir d’être honoré,
du désir d’être loué,
du désir d’être préféré,
du désir d’être approuvé,
du désir d’être célèbre,
de la peur d’être humilié,
de la peur d’être méprisé,
de la peur d’être blâmé,
de la peur d’être calomnié,
de la peur d’être oublié,
de la peur d’être lésé,
de la peur d’être ridiculisé,
de la peur d’être soupçonné.

2022-01-15T11:07:19+01:00

Prière d’un père pour son adolescent

Dieu, je suis père et Vous êtes père.
Je viens vous parler de « notre » garçon, comme des pères le font entre eux.
Dieu, Vous savez qu’un de mes enfants me cause des soucis. Je suis devenu inquiet car tout ce qu’il fait est vraiment étrange, inhabituel. Jusqu’à quelques mois, il semblait réaliser ces beaux rêves que sa mère et moi avions caressés à son sujet. Il était sage, il allait souvent à la messe, il était plein de bonne volonté et il nous était tout ouvert.
Mais ces derniers temps il a terriblement changé. Il n’est plus le même.
Nous sentons, Seigneur, que nous ne le satisfaisons plus.
Il semble déçu de ses parents, de lui-même et de Vous.
Nous ne savons plus parler avec lui, il s’est renfermé dans une enceinte fortifiée. C’est lui l’assiégé et il met ses flèches les plus acerbes sur son arc pour la contre-attaque.
Vous devriez parler avec lui, Père. Celui qui est devenu pour nous un mystère écoutera peut-être votre langage des Mystères. Ne serait-il pas à la recherche de votre amour infini, celui qui ne trouve plus sa satisfaction dans notre amour pour lui. Maintenant qu’il rejette ces piliers que pour lui sont nos soins, mettez sous sa vie qui se construit les fondations de Votre Amour.
En ce moment où il observe tous nos efforts avec méfiance, sauvez-le par cette confiance immense que Vous gardez en lui. Donnez-lui la grâce, Seigneur, de rencontrer cet homme qui jettera un pont entre Vous et nous. Donnez à sa mère et à moi-même l’amour indéfectible pour que nous puissions lui donner sans cesse l’affection dont il a besoin. Donnez-nous la patience d’attendre qu’il ait retrouvé son équilibre.
Seigneur donnez-nous le courage de comprendre que toute éducation signifie séparation, et que d’autres voies que les notres peuvent mener notre enfant à sa destination. Seigneur, soyez Vous son père, la où moi, à ma grande douleur, je ne puis plus rien. Je Vous demande de me garder la foi dans cette jeunesse qui pousse, de me garder l’espérance que tout rentrera un jour dans l’ordre et de continuer de l’aimer gratuitement comme Vous l’aimez.
Amen

2022-01-15T11:06:45+01:00

Apprends-moi Seigneur

Seigneur, apprends-moi à faire les choses en aimant les personnes
Apprends-moi Seigneur,
donne-moi de voir les choses à faire sans oublier les personnes à aimer,
et de voir les personnes à aimer sans oublier les choses à faire.
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres.
C’est si difficile
de ne pas vouloir à la place des autres,
de ne pas répondre à la place des autres,
de ne pas décider à la place des autres.
C’est si difficile, Seigneur,
de ne pas prendre ses désirs pour les désirs des autres,
et de comprendre les désirs des autres quand ils sont si différents des nôtres !
Seigneur, donne-moi de voir ce que Tu attends de moi parmi les autres.
Enracine au plus profond de moi cette certitude :
on ne fait pas le bonheur des autres sans eux…
Seigneur, apprends-moi à faire les choses en aimant les personnes.
Apprends-moi à aimer les personnes
pour ne trouver ma joie qu’en faisant quelque chose pour elles,
et pour qu’un jour elles sachent que Toi seul, Seigneur, es l’Amour.

Norbert Ségard

2022-01-15T11:06:16+01:00

Amour et humour

Bien des choses changeraient dans les rapports humains si nous te disions souvent : “donne nous, Seigneur, une tonne d’Amour et deux d’humour.”
Je te le demande puisque tu as dit de te demander. Je sais que, d’une façon ou d’une autre, tu nous exauces déjà.
Je te le demande pour te faire plaisir car j’imagine que tu ne doit pas aimer beaucoup les gens raides, empesés, sérieux en diable. L’expression me plaît : ces gens ne parviennent même plus à se supporter eux-mêmes, tant ils rendent aux autres la vie insupportable.
Je te le demande pour moi, pour mon propre plaisir…
Je te le demande pour ces “autres” qui ne sont pas tellement autre que moi ; j’imagine qu’ils doivent eux aussi, au moins de temps en temps, trouver joie à sourire.
L’humour, je le crois, est l’une des petites sœur de l’humilité, sûrement la sœur cadette de la bonté et la grande sœur de la joie.
Donne moi, Seigneur, de ne pas me prendre toujours au sérieux, de réfléchir avant de parler, mais pas trop, de ne pas corriger tous mes défauts, afin qu’il en reste suffisamment pour que je ne cherche pas ceux des autres. Donne moi, quand même, de dépister un peu les défauts des autres, d’écarter les gros et de m’attarder sur les petits afin que naisse une gentille complicité.
Donne moi de n’être jamais indélicat, de n’être pas exagérément rébarbatif. Donne moi de savoir deviner, de savoir très vite jusqu’ou il est possible d’aller sans aller trop loin… et d’accepter l’humour chez les autres, même s’il est lourd et cuisant pour ma sotte vanité.

Jean Harang

2022-01-15T11:05:39+01:00

Aimer

Aimer, c’est être capable de dire :
« Viens faire un tour chez moi ».
Aimer, c’est pouvoir dire à l’autre :
« J’ai besoin de toi ».
Aimer, c’est reconnaître
que l’autre peut avoir raison.
Aimer, c’est être capable de dire :
« Je te félicite ».
Aimer, c’est être capable de dire :
« Excuse-moi ».
Aimer, c’est être capable de pardonner.
Aimer, c’est être capable d’ouvrir la bouche
pour ne dire que la vérité.
Aimer, c’est être capable de tenir sa langue
afin de ne pas offenser.
Aimer, c’est être capable d’encaisser les coups sans vouloir les remettre.
Aimer, c’est être capable de lutter dans la vie
sans écraser les autres.
Aimer, c’est accepter d’être dérangé
par les autres.
Aimer, c’est dire à l’autre qu’on l’aime
sans jamais se lasser.
Aimer, c’est…
Aimer, c’est être capable de dire ensemble :
« Notre Père ».

Marcel Beauchemin

2022-01-15T11:04:56+01:00

Petite parabole…

Un jeune homme entre en rêve dans un magasin.
Derrière le comptoir se tient un ange.
Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous » ?
L’ange répond : « Tout ce que vous désirez ».
Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique Latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Église… »
L’ange lui coup la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici, nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que des graines ! »

2022-01-15T11:04:10+01:00

Il y a les saints d’aujourd’hui

Il y a les saints inconnus qui sont connus de Dieu seul
Il y a les saints du quotidien qui ne sont d’aucun calendrier
Il y a les saints anonymes qui ne sont pas élevés sur les autels

Il y a les saints de jour pour ceux qui sont dans la nuit
Il y a les saints de passage pour ceux qui sont dans le désert
Il y a les saints de cœur pour ceux qui sont dans le désespoir

Il y a les saints veilleurs qui attendent la rencontre
Il y a les saints prophètes qui montrent l’autre rive
Il y a les saints marcheurs qui ouvrent le chemin

Il y a les saints de parole qui disent le Nom
Il y a les saints de silence qui donnent la présence
Il y a les saints de désir qui enfantent

Il y a les saints désencombrés qui possèdent l’unique nécessaire
Il y a les saints lumineux qui brûlent de tout envahir
Il y a les saints limpides qui laissent chanter la source

2022-01-15T11:03:32+01:00

Quelle aventure !

Quelle aventure pour moi ! J’ai porté Dieu.
J’ai entendu de loin : « Le Seigneur en a besoin ».
Et voilà qu’autour de moi tout le monde s’est agité.
Les gens se sont mis à chanter : Hosanna, Hosanna !
Et j’ai porté Dieu.
J’avais entendu dire que Dieu avait besoin des hommes,
mais avait-il besoin d’un âne ?
Et pourtant, j’ai entendu : « Le Seigneur en a besoin ».
Et toutes sortes de pensées ont surgi en moi
les mêmes qui viennent à l’esprit des hommes
quand ils se sentent repérés par le Seigneur.
Je pensais :
ce n’est pas à moi qu’il s’adresse, il y a bien d’autres ânes, plus grands, plus forts.
Il y a même des chevaux, ce serait tout de même mieux pour porter Dieu.
Je me disais : il va être lourd, trop lourd ce Dieu pour un âne.
J’ai déjà bien assez des fardeaux quotidiens.
Pourquoi ne me laissait-il pas tranquille ?
Je m’insurgeais : d’accord, je suis attaché !
Mais au moins je suis à l’ombre, à l’abri des coups et des moqueries,
je n’ai rien demandé.
Qui est ce Seigneur pour importuner ceux qui tentent de vivre cachés !
Mais j’avais entendu : « Le Seigneur en a besoin »
et j’avais compris : « J’ai besoin de toi ».
Que faire ? Que dire ?
Je me suis laissé détacher, je me suis laissé emmener.
Et lui, le Seigneur des seigneurs, s’est fait léger, doux, tendre,
à ce point qu’à un moment j’ai pu croire
que ce n’était plus moi qui portais Dieu mais Lui qui me portait.

Mgr Roger Etchégaray

2022-01-15T11:02:57+01:00