Olivier

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Camp Toussaint 2022 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets à Carabelle

Dimanche, les JKD’s sont partis pour 5 jours en camp à Carabelle. Après 1 heure de car, ils arrivent en forme et rencontrent le groupe des Cadets qui sont prêts à partir ! Puis on s’est installés en cercle et nous nous sommes chacun présentés. Nous avons mangé jusqu’à tous se remplir le ventre à force de faire partager les restes. Ainsi vient l’installation des chambres et l’heure du jeu des règles de vie. Pour cette première journée les Cadets et les Jeunes Cadets rencontrent la reine de l’eau et celle du feu qui se bataillent leur territoire. Entre négociations, courses et cachettes, l’après-midi se termine par la victoire de l’équipe de l’eau. Par la suite ils se douchent, ils mangent et se préparent à devenir pirates avec le capitaine Jack et son moussaillon. Ils on pu conquérir des territoires et former le nouvel équipage de ces pirates !
Le 2e jour ils ont eu pour objectif de dépolluer la planète de la pollution sur-abondante. Pour cela Solange et Véronique les ont accompagnés dans une démarche écologique. La journée continue et l’on reconnaît par une musique : « Mais c’était qui ? Mais C’était QUI ? C’EST QUI …C’était Loli, c’était Loli, c’était Lolo, c’était Lola ! » le moment du rassemblement. C’est là qu’arrivent Sullivan et BoB de Monstres et Compagnie. Ils nous ont demandé de les aider à faire peur ! Alors par nos plus sordides idées, nous nous sommes placés à différentes portes et nous avons attendu patiemment qu’ils arrivent pour les effrayer ! Après avoir goûté, s’être lavé et mangé le bon repas préparé par Béa et Robert, les JKD’s n’ont pas oublié que ce lundi est un jour spécial… Halloween ! Et oui certain ont eu très peur des histoires horrifiques et d’autres ont tremblé d’effroi. Après s’être couché, la peur est redescendue. Le lendemain pas le temps d’attendre, Isaac la scientifique embarque les JKD’s dans la Ploch ! C’est le moment de partir et voyager dans l’histoire. Quand la Ploch semble arrivée à sa destination les JKD’s se trouvent face à une famille d’hommes des cavernes. Avec eux ils vont sympathiser et apprendre leurs coutumes comme faire une grotte, un feu, une fresque, mais aussi chasser de jour et de nuit ! Tout au long de la journée les Pierre-JKDs sont restés avec la famille Pierre avec Pierre-Mat, Pierre-Ar, Pierre-Ach, Pierre-Ro et Pierre-Co.
Et maintenant vient le dernier jour… qui commence avec nos bouchers qui ont besoin d’un groupe d’assistants-bouchers pour les accompagner au concours boucherie ! Puis vient l’après-midi où l’on rencontre les militaires anti-moustique. Ils nous rappellent par leur hymne de soldat que : Ça pique, ça pique, ça pique… LES-MOU-STIQUES ! Les QUOI ? Les Mou ! Les Quoi ? les Mou ! Ça pique,ça pique, ça pique… LES MOUSTIQUES ! Enfin, après avoir préparé leurs valises, les JKD’s rencontrent les honorables Indiens pour cette dernière soirée. Entre message codé et course de destruction de village, les JKD’s sont fatigués et sont prêts à dormir une dernière fois à Carabelle. Vient le dernier jour où l’on nettoie, frotte et range. On prend sa valise et on monte dans le car. Arrivé à Marseille, on entend de partout…
Mais c’était qui ? Mais c’était Qui ? C’est QUI ? C’EST QUIIIIII ? LES JKDS ! LES JKDS SONT ARRIVÉS À L’OEUVRE !

Cosima

2022-11-16T21:31:03+01:00

L’Évangile du mois de décembre 2022

Le 30 décembre, nous fêtons la Sainte Famille. 
Lisons quelques lignes de son périple en terre sainte.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ».
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : 
« Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant ». Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazôréen.

Le contexte
Ce passage se situe au début de l’Évangile. La naissance de Jésus nous est racontée à travers la venue des mages à Bethléem. Les voilà partis et la sainte Famille (Jésus, Marie et Joseph) doit s’enfuir dans un endroit sûr après la menace du roi Hérode de tuer tous les enfants de moins de deux ans.

Des songes
Cela fait trois fois en quelques versets que Dieu parle par des rêves pour demander à Joseph de prendre Marie chez lui, pour suggérer aux mages de repartir par un autre chemin et ici pour avertir Joseph de fuir. Remarquons que Dieu ne sauve pas son messie des mains d’un tyran en envoyant des anges pour le protéger, mais par le discernement de ses parents.

L’Égypte
Joseph est parti de nuit en Égypte. Dans la pensée biblique, ce pays est à la fois une terre d’exil comme pour la Sainte Famille et une terre de servitude comme pour les Hébreux qui y ont été opprimés. Lorsque Joseph entre dans ce pays, il ne peut pas ne pas avoir pensé à son prédécesseur Joseph, vendu par ses frères et parti esclave en Égypte. Ce séjour est une fuite mais c’est aussi un préalable à un retour qui réalise la prophétie évoquée par Matthieu : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils ». C’est une citation du prophète Osée. Ainsi est suggéré un lien entre Jésus et Moïse qui sort d’Égypte pour apporter la liberté à son peuple.

Géographie biblique
Dans le passage précédent que l’on entend le jour de l’Épiphanie, les mages venaient d’Orient, probablement de Babylone et Joseph est parti en Égypte. Or, Babylone et l’Égypte sont deux terres d’exil dans l’histoire d’Israël. Ce furent aussi deux lieux de fécondité pour le judaïsme puisque c’est à Alexandrie que fut traduite la Bible hébraïque. Cette ville accueille une grande communauté juive.

Encore des songes…
C’est par un autre rêve que Joseph et sa famille retournent en Galilée. Cette mention du songe exprime l’initiative de Dieu et l’obéissance de Joseph. C’est par un cinquième songe que Joseph conduit sa famille vers leur destination finale : Nazareth !

Un scandale
C’est un drôle de Père qui prévient Joseph et laisse massacrer tous les autres enfants. Il est choquant d’envisager que Jésus puisse avoir été préservé, à la différence des autres enfants. C’est un scandale dans notre compréhension de Dieu, de l’homme. Mais comprenons que Jésus n’est pas épargné, il est mis en réserve provisoirement jusqu’au moment opportun.
Il va assumer plus tard en toute conscience sa mission. Sur la croix, il sera le serviteur souffrant. Il subira le même massacre, d’autant plus que Jésus est l’innocent parfait. Ce sort terrible, il le subira avec le désir vif de partager le sort de ces enfants.

Didier Rocca

Le nom du mois : Nazôréen
Un habitant de Nazareth s’appelle un nazarénien et non pas un Nazôréen ! Nulle part dans la Bible, il est dit que le Messie sera Nazôréen. Deux origines probables pour en comprendre le sens :
– Nazir (comme Samson ou probablement Jean-Baptiste). Même s’il ne l’était strictement, Jésus était totalement consacré à Dieu, de sa naissance jusqu’à sa mort. 
– Nezer : Il est dit dans le livre d’Isaïe qu’un rejeton (nezer) surgira de la souche de Jessé (le père du roi David). Cette promesse s’adresse au-delà de David, à la famille de Jessé. De celle-ci apparemment morte, il fait pousser un rejeton.
On peut donc penser que dans la qualification de Jésus comme Nazôréen, Matthieu a vu une allusion à l’accomplissement de la promesse selon laquelle Dieu, de la souche morte d’Isaïe, aurait donné un nouveau rejeton sur lequel se serait posé l’Esprit de Dieu. Une nouvelle famille va arriver. Au pied de l’arbre mort sort une branche nouvelle, un germe mis en réserve sur la racine et qui va repousser pour une fécondité nouvelle.

2022-11-16T08:46:38+01:00

Camp Toussaint 2022 > les Cadets

Les Cadets à Carabelle

C’est avec joie que nous partons le 26 octobre pour débuter le premier camp de l’année ! Les KD’s arrivent à Carabelle sous la fraîcheur et le soleil ! Après un repas bien copieux, ils retrouvent les Benjamins avec qui ils passeront l’après-midi.
Pendant tout le camp ils rencontrent et aident de nombreux et divers personnages : 118 et 218 qui cherchent une nouvelle relève, des éboueurs qui nous ont aidés afin de savoir quels déchets nous étions, grâce à une immense épreuve où nous devions nous cacher ! Mais aussi des ninjas à la recherche du dragon de feu, d’où nous ne sommes d’ailleurs pas ressortis indemnes (carrément trempés on peut même dire). Puis les kékés sont arrivés et nous avons réappris à siffler de belles chansons, même dans le noir complet et en courant.
Le vendredi, après tant d’attente : les personnages du flambeau, à savoir Ivan, Alexandra, Patoche, Marc, et Annick, sont enfin arrivés ! Ils ont pu débuter leur nouvelle série : une croisière à travers le monde entier. Ils sont donc arrivés au cœur du Zimbabwe, où ils ont découvert la misère et la famine de ce pays. Cela n’a pas été facile, mais à travers diverses épreuves ils ont pu gagner de la nourriture qu’ils ont mis en commun pour pouvoir manger durant toute la journée. Ainsi ils ont pu confectionner leurs propres pizzas, toutes plus décorées les unes que les autres. À la tombée de la nuit, ils ont pu montrer et développer leurs talents, ce qui a généré une hilarité totale.
Ensuite, ils ont pu faire la découverte de Lapinette et Loulou le loup, mais aussi de Marseillais perdus. Et enfin, les créatrices de la Cucaracha, un nouveau jus de fruits, intervinrent chez les Cadets, leurs danses et leur accent resteront gravés en eux. Tout comme l’énorme foot collectif, les séances de sport, les tournois de ping-pong, de basket ou de ballon prisonnier, ou encore la confection de bracelets de perles.
Mais ce qui restera surtout bien gravé dans leurs souvenirs sont les énormes courbatures ! Et tout cela dans l’entraide, l’humour, la joie et la bonne humeur !
On peut dire que tout le monde s’est régalé et nous vous attendons avec impatience pour le camp de ski, où une nouvelle destination des personnages du flambeau vous attend : l’Alaska !

Esteban et Clem

2022-11-16T21:34:44+01:00

Camp Toussaint 2022 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets au Lavandou

Pour les camps de la Toussaint nous avons eu la chance de partir 5 jours au Lavandou et plus précisément au camping « Les mimosas » 😁. En ce 1er jour, dès notre arrivée, nous commençons par les règles de vie pour démarrer le camp en toute tranquillité, suite à ça, nous découvrons la magie de ce camping ! Dormir dans des bungalows ! 1er jeu du camp présenté par Sergio, Isao et Luna dans le thème de l’environnement : grâce à ce jeu, nous avons pu découvrir les alentours du camping, nous avons pu bouger et nous régaler, puis la fin, bilan du jeu et enfin le goûter 🍫 ! Pour le 5/7 nous avons pris l’habitude d’aller au city pour jouer au foot, basket et tennis pendant 1 heure, 18 h l’heure des douches 🚿 et après 19 h à table ! Chaque soir c’était la régalade avec les bons plats de Olivier 😋. Pendant 5 jours matin, après-midi et soir ce n’étaient que des jeux amusants, rigolos, réalisés par nous les GKD’s sauf une JAT (journée à thème) réalisée par les animateurs sur le thème du cinéma, très amusante. Pour le dernier jour, les responsables du camping nous ont fait une petite surprise avec un labyrinthe d’horreur 👻 très sympa et assez flippant, un grand merci à eux pour nous avoir accueillis en ce séjour et aussi pour la surprise. Pour résumer on s’est régalés, nous avons passé un super camp, les nouveaux ont été très bien intégrés dans le groupe, tous s’est bien passé pour eux et c’était le kiff, nous remercions les animateurs, Vive l’Œuvre ! 😁

Sergio

2022-11-16T21:37:45+01:00

Lettre du Villard – octobre 2022

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 octobre 2022

Bien cher ami,
Nous espérons que les difficultés pour s’approvisionner en carburant seront à ranger dans les mauvais souvenirs lorsque vous prendrez la route pour le Villard. Il faudra que vous nous téléphoniez pour nous prévenir du jour de votre arrivée. Nous mettrons ainsi en route le chauffage de votre maison ; l’automne est malheureusement peu pluvieux mais le froid commence à s’insinuer dans les demeures inhabitées. Mimiquet est venu hier, ponctuel, faire un tour chez vous, pour balayer les feuilles mortes, redresser les rosiers finissants et cueillir les quelques pommes que les grêles du printemps ont épargnées. Je ne suis pas certain qu’il vous faille demander à Mlle Reynaud de venir faire, sous couvert de ménage, un peu de gymnastique dans votre maison. Quelques grains de poussière ont bien du s’y déposer depuis votre départ, mais si peu. Je suis d’ailleurs toujours surpris d’en voir sur les meubles des maisons inoccupées. Serait-ce le signe de la lente décomposition des matériaux dont la maison est faite ? Je me demandais si ce phénomène ne s’apparentait pas à celui que nous constatons sur nous-même, où la fuite du temps érode peu à peu notre substance.
L’ami Gastinel, devant qui l’autre jour je filais cette métaphore, m’a demandé si ce n’était pas la proximité du Jour des Défunts qui me faisait rouler de semblables pensées. Je lui ai fait remarquer que je trouvais curieux qu’un homme tel que lui, « droit dans ses bottes », comme il dit, se laissât aller à dire le « Jour des Défunts » et non le « Jour des Morts ». Cette euphémisation m’agace car le mot même de « mort » n’est plus supportable dans notre société où l’on cherche à atténuer le caractère brutal, inéluctable, absolu des disparitions. En d’autres temps, on a su regarder en face et on a su faire édifier des monuments aux morts, non aux défunts. Le mot latin1 dont est issu le terme défunt signifie « en avoir fini avec, être libéré » ; le défunt est celui qui est quitte de l’existence, qui a « accompli sa vie ». Mais notre destin n’est-il que de quitter la vie ? C’est tristounet, non ? Ou bien est-il de réaliser, dans le laps de temps qui nous a été imparti, ce qu’il nous est possible d’entreprendre ? Mais alors ! Que d’existences tronquées ! Non, finalement, puisqu’être défunt n’est pas moins tragique qu’être mort, n’utilisons pas d’euphémismes ! Et restons-en à cette belle expression de la Bible qui évoque ceux qui sont « retranché(s) de la terre des vivants »2.
Gastinel, qui n’osait sans doute pas me dire que ce qu’il considérait comme du verbiage le laissait indifférent, fit, en diversion, la remarque qu’il était curieux que le souvenir de la guerre de 14-18, qui avait été à l’origine de l’édification de tant de monuments aux morts, reste aussi présent. Alors qu’il se lançait dans des anecdotes sur les concours à l’issue desquels leur exécution fut attribuée à des sculpteurs de tout acabit, l’ami Béraud venu prendre le café, lui a opportunément rappelé certains passages du roman Au revoir, là-haut3 qui évoquent la vente aux municipalités de monuments aux morts fictifs. Il a poursuivi en faisant état des commentaires qui accompagnent les constatations d’un récent sondage réalisé pour la revue L’Histoire4. Il avait été frappé de lire que 93 % des Français s’intéressaient à l’histoire et que celle de la guerre de 14-18 était devenue une véritable « pratique sociale et culturelle d’envergure ». Les raisons de sa permanence dans la mémoire collective en sont sans doute tout à la fois sa relative proximité dans le temps et le nombre étendu de familles5 qui ont été traumatisées par ses morts et ses blessés. Les 217 000 morts de la guerre de 39-456, n’ont pas laissé les mêmes traces sur les monuments aux morts. « Peut-être, a-t-il poursuivi, que lorsque ceux qui ont connu ceux qui avaient “fait la guerre”, vous, moi, en quelque sorte, auront à leur tour disparu, leurs enfants ne verront-ils plus de raison de commémorer ces conflits ? Parce que nous les connaissions, nous nous sentions concernés ; ils nous avaient fait, parfois par leur seule présence, partager leur passé qui était en quelque sorte devenu un peu du nôtre ». J’ai avancé que d’autres motivations conduiraient peut-être les pouvoirs publics à proroger ces commémorations dans un pays où le fait d’appartenir à une nation commune n’est plus nécessairement perçu comme un bien partagé. Après tout, la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet n’est-elle pas plus clivante, comme on dit aujourd’hui, que celle de la guerre de 14-18 ?
« J’aimerais autant, reprit Béraud, que vous vous absteniez de mettre en exergue tous les clivages de notre société. Le serpent de mer de la réforme des retraites que le Président essaie d’amener dans son filet va sans doute éveiller dans le macrocosme politique des multitudes de raison de s’opposer pour toutes sortes de raisons aussi clivantes l’une que l’autre. Le culte de la différence, la volonté de “faire entendre sa petite musique personnelle”, comme on dit pour euphémiser son ambition, minent les débats à venir ». Vous avez eu l’occasion de me dire, à diverses reprises, à quel point il était nécessaire que les différences s’expriment, que l’on s’enrichissait de la différence des autres… Mais, seriez-vous vraiment opposé à ajouter que tout cela ne vaut que lorsqu’on poursuit un but commun ?
Vous nous avez donné en nous écrivant la joie de nous faire savoir que nous pourrions en débattre bientôt.
Soyez-en remercié. Nous vous assurons de nos sentiments les plus amicaux.

P. Deladret

  1. Defunctus, parfait (participe passé) de defungi, formé à partir du radical fugio : fuir, se libérer de.
  2. Isaïe 53-8
  3. Roman de Pierre Lemaitre, 2013. Albert Dupontel, en 2017, en a tiré un film portant le même nom.
  4. L’Histoire, n° 500.
  5. 1,4 millions de morts sans compter 4,2 millions de blessés et de victimes civiles, pour une population de 39,6 millions d’habitants.
    Pour une population de 41,7 millions d’habitants.
2022-10-20T09:37:24+02:00

Édito Novembre 2022 > La catholicité

Le terme « catholique » est souvent utilisé pour distinguer les croyants, et désigne une confession particulière parmi les chrétiens, en dialogue avec les orthodoxes et les protestants. Mais cela donne à cette notion un sens qui risque de nous induire en erreur car, dans l’absolu, « catholique », qui veut dire « universel », devrait au contraire nous aider à concevoir l’appartenance religieuse comme quelque chose qui invite à l’unité et rend les croyants solidaires de toute l’humanité. Si nous comprenions bien ce que veut dire «catholique», alors nous devrions l’assumer en dépassant tout ce qui sépare les hommes les uns des autres.

La catholicité
La catholicité ne définit pas une appartenance sociale ou religieuse, mais une mission et une vocation. Vocation qui nous vient du désir de Dieu d’être source d’amour, de paix et de joie pour toute l’humanité. L’Église n’a pas pour mission de s’occuper d’elle-même, de son développement, de son fonctionnement ou de sa survie, elle a pour mission d’être un moyen de vivre l’engagement de Dieu envers toute l’humanité. Moyen merveilleux dans son idéal, fragile dans son incarnation, et en dialogue avec d’autres.

Un seul Dieu
Nous sommes tellement dépendants de nos raisonnements humains, nos réflexes d’appartenance, nos désirs d’uniformisation, nos méfiances vis-à-vis de ceux qui sont différents, que nous avons du mal à entrer dans la logique divine. Dieu nous considère comme ses enfants, et ne fait pas de différence entre nous. Comment pourrions-nous imaginer qu’il y ait plusieurs dieux comme dans un panthéon ou comme dans les récits de fiction où les super-héros se battent entre eux ? Si Dieu est bien celui que nous découvrons dans les grandes religions, alors il n’y en a pas plusieurs, il est unique et universel. Il n’y pas le dieu des juifs, le dieu des chrétiens, le dieu des musulmans, mais il y a des manières juives, chrétiennes, musulmanes, de comprendre, de prier, de communiquer le Dieu unique. Nos différences ne devraient pas être des occasions de division ou d’affrontement, mais plutôt de dialogue, de respect et d’enrichissement mutuel.

Dieu reste un mystère
Dieu est tellement plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer ! Il est le tout-autre, il demeure un mystère que nous ne pourrons jamais saisir dans son intégralité mais qu’il nous revient de scruter et d’interpréter. Nous avons grand intérêt à savoir comment d’autres comprennent Dieu, l’appréhendent, le définissent, le célèbrent. Nous ne pourrons jamais mettre la main sur lui car il n’est pas saisissable, il est autour de nous plus que devant nous, tel un objet. Ce que nous pouvons comprendre ou dire de Dieu nous est offert par lui : il se communique, par l’histoire du peuple hébreu, par l’inspiration des prophètes, des priants et des théologiens, par le discernement éclairé de ceux qui ont des choix à faire. Si, selon la foi des croyants chrétiens, Dieu est une personne, un vis-à-vis, c’est parce que nous sommes en relation uniquement avec des individus, et non pas avec des forces ou des énergies. Nous sommes des êtres incarnés et le choix de Dieu, tel que les chrétiens le comprennent, est de se faire homme pour que nous puissions entrer véritablement en relation avec lui. Dieu, qui est amour, n’est pas une énergie désincarnée et vaporeuse, il est une personne que nous pouvons rencontrer, avec qui nous pouvons véritablement entrer en relation. Dieu se fait proche de nous, en particulier de ceux qui pourraient se croire loin de lui : les mal-vus, les mal-aimés, les méprisés, les personnes différentes ou qui ne rentrent pas dans les cases de la bienséance créées par ceux qui se permettent de juger les autres de haut.

Chercheurs de Dieu
Les croyants de toutes les religions sont des chercheurs de Dieu, qui n’auront jamais fini de chercher, qui ne pourront jamais dire « j’ai trouvé la vérité sur Dieu », mais qui sont invités à continuer leur recherche. Dans cette découverte toujours renouvelée du mystère de Dieu, la rencontre avec d’autres croyants, avec d’autres chercheurs de vérité, même en dehors des courants religieux, est toujours enrichissante et permet de mieux appréhender le mystère de Dieu. Les chercheurs de Dieu ont aussi une mission : celle de partager et d’annoncer ce qu’ils comprennent et croient du Dieu tout autre et très grand. Les chrétiens ont une compréhension exigeante de cette mission, car c’est par la qualité de leur existence, par la charité et la solidarité, par leur engagement contre l’injustice qu’ils doivent témoigner en premier lieu, plutôt que de tenir des beaux discours ou de faire la leçon aux autres.

Olivier

2022-10-20T09:33:26+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2022

C’est parti pour une nouvelle année liturgique ! 
Lisons ce passage qui sera lu le 1er dimanche de l’Avent.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. 
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Le contexte
L’Évangile de Matthieu est structuré par cinq séquences faites d’un discours et d’une narration sur l’activité de Jésus. Nous en sommes ici au dernier discours appelé discours apocalyptique. Ensuite commencera le récit de la Passion. Il s’agit pour Jésus de dévoiler dans un genre littéraire très courant à son époque la finalité du monde et celle de notre existence.

Les jours de Noé
Cette référence à l’histoire du déluge est double. Nous pouvons la comprendre dans le sens d’une dévastation qui arrive par surprise et qui détruit tout sur son passage. Mais nous pouvons aussi l’entendre comme la mémoire d’un juste qui a construit une arche, qui a accueilli tous les animaux de la création et qui a survécu à l’heure de la tempête. Il suffit d’un Noé, un seul pour que le monde survive.

Pris par surprise…
Ils ne se doutèrent de rien, rien de particulier ne signalait l’imminence de la fin. Le fait de manger, boire, se marier, marier ses enfants n’est pas condamné. Ces actions sont décrites pour souligner le caractère ordinaire des occupations de la « génération de Noé ». Autrement dit, il faut nous montrer vigilants et ne pas nous laisser abuser par les discours sur la fin du monde.

Se convertir est urgent. Vraiment !
Ces versets n’ont pas pour but de nous effrayer mais de nous avertir de l’urgence de la conversion. À tout moment, je dois me poser la question de la chanson de Pascal Obispo : « Si l’on devait mourir demain, on ferait quoi ? » Que faire si je savais que ce jour est le dernier de ma vie ? Comme le dit la lettre aux Romains, rejetons les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. Et cela ne peut attendre parce que demain ne m’appartient pas.

Veillez, vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Vigilance, ici, ne veut pas dire méfiance ni inquiétude peureuse : ce serait contraire à la Promesse de Dieu, qui veut notre bonheur et celui de toutes les nations de la terre. Vigilance ne signifie pas non plus attentisme ou défaitisme frileux. Vigilance, ici, veut plutôt dire confiance et conversion. Car le premier à veiller, c’est Dieu. Non pas seulement parce qu’il veille sur nous et sur tous les cheveux de notre tête, mais aussi parce qu’il est à l’affût de la moindre brèche dans les armures de notre orgueil, pour faire couler en nous, par les fissures de nos faiblesses et plus encore celles de nos désirs, l’eau vivifiante de sa miséricorde et de sa grâce. Et oui, ce divin veilleur, patiemment, obstinément, ne peut nous combler que si nous acceptons de lui présenter nos failles. Réveillons-nous !

Résister à cause de l’Évangile
La vigilance ecclésiale n’est pas celle de la peur telle une forteresse assiégée. Bien au contraire, c’est une vigilance qui invite à relever la tête et, au besoin, à entrer en résistance, à cause de l’Évangile, contre tout ce qui, dans le monde, fait du mal à l’humanité et nuit à la Création. C’est résister à cause de l’Évangile, que de donner de son temps et de son énergie au service des plus pauvres, quand tout est fait pour les exclure et les enfoncer davantage dans la misère. C’est résister à la cause de l’Évangile, que de s’engager dans un dialogue vrai avec ceux qui croient ou qui pensent autrement que nous quand tout est fait pour nous diviser, nous stigmatiser et nous marginaliser. Telle est la vigilance de l’Avent : laisser Dieu nous désarmer, rester en tenue de service pour préparer la venue du Prince de la Paix, ne pas craindre de résister, à cause de l’Évangile, à tout ce qui plonge le monde dans les ténèbres.

Didier Rocca

Le nom du mois : Noé
Sous les ordres de Dieu, il bâtit une arche afin d’échapper au déluge. Lui et sa famille étant les seuls humains épargnés, Noé et sa femme sont considérés comme les ancêtres de toute l’humanité.

2022-10-20T09:36:06+02:00

Lettre du Villard – septembre 2022

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 septembre 2022

Cher ami,
Je ne pense pas que vous ayez été informé du décès de Marcel Proal, qui était un ami de votre famille. Il a été « réuni à ses pères » selon la belle formule qu’on trouve dans le Livre des Rois de l’Ancien Testament ; il ne s’est simplement pas réveillé du sommeil des vivants. Nous espérons qu’il a ouvert des yeux émerveillés dans l’au-delà. Et nous voici un peu décontenancés, au Villard, d’avoir perdu le « père Proal ». En l’accompagnant au cimetière, nous nous demandions, avec Béraud et Gastinel, ce qui, en cette disparition, nous affectait. Nous n’étions pas intimes, même si une certaine façon de vivre assez semblable, des amis communs, une sorte de complicité nouée à partir de brins de conversation, avaient fait que nous nous sentions assez proches. Nous pensions à tout ce qui constituait son univers, à sa façon de voir les choses, à ses bons mots, à son bon sens mais nous sentions bien que ce n’était peut-être pas cela qui ferait que, comme on dit, il nous manquerait. Non, aussi curieux que cela paraisse, car je m’exprime sans doute mal, nous constations que ce qui nous affectait était que nous ne pourrions plus avoir de nouveaux moments partagés, de nouveaux souvenirs communs. Notre avenir nous paraissait désormais amputé de la place qu’occupait la sienne dans la nôtre. C’est peut-être banal, direz-vous, mais, avec l’âge, la perspective de perdre des amis nous fragilise. Enfin… Soyez gentil d’envoyer un petit mot à sa veuve ; elle y sera sensible.
Après l’enterrement, nous sommes allés déjeuner au restaurant de Madame Arnaud. Le Dauphiné traînait sur le comptoir. Béraud, en tendant à Gastinel la carte qu’il venait de consulter par principe (car, comme vous le savez, le menu ne change jamais) a jeté un coup d’œil aux titres du journal. Il a simplement relevé, morose, que le décès de la feue reine du Royaume Uni était pour les médias l’aubaine qu’ils attendaient impatiemment. Gastinel a voulu relancer la conversation en disant qu’il était bien difficile d’avoir un avis sur les mérites de cette personne dont on ne connaissait que ce qu’en avaient rapporté d’autres. Béraud, décidément morose, lui a fait remarquer qu’il pouvait au préalable se demander s’il était vraiment nécessaire d’avoir un avis en la matière, comme d’ailleurs sur l’ensemble des sujets qui ne nous concernent pas : « De minimis non curat praetor ! »1 a-t-il glissé. La commande passée, je me suis avancé à dire que, s’il fallait apprécier les gens en fonction de leurs actes, et comparer les actions de récents disparus, j’étais enclin à penser que ce qu’avait fait Gorbatchev était sans doute de plus d’importance pour la planète que ce que la reine avait pu apporter à son pays pendant toutes les décennies de son règne. Gastinel, qui ne porte pas les communistes dans son cœur, n’a pu manquer de relever qu’une personne qui avait su se hisser au premier rang du monde soviétique « ne devait pas être blanc-bleu »2 « Et, a-t-il ajouté, l’éclatement de l’URSS qu’il n’a pas pu ou su éviter n’est-il pas à l’origine de ce qui se passe actuellement en Ukraine ? Alors… Votre grand homme… ! » Béraud lui a fait remarquer que les nations qui, en son temps, ont été affranchies de la « tutelle » de l’URSS n’avaient pas lieu d’être regardantes quant à ce qui avait pu se passer auparavant au sein du Politburo.
En attendant l’arrivée du plat de ravioles, j’ai continué sur les funérailles de la défunte reine en relevant que notre goût pour les petits soldats de plomb avait été comblé par la vue des troupes en uniformes aussi surannés que chatoyants dont le spectacle constitue un des charmes de ces cérémonies qui se rattachent à l’imaginaire culturel des films de Sissi. La nostalgie d’une Europe qui faisait du monde à peu près ce qu’elle voulait a sans doute sa part dans cet attrait pour cette institution monarchique qui, avec son chic et sa morgue en était une des expressions la plus brillante et la plus achevée. « Cela ne signifie pas pour autant, a fait remarquer Gastinel, que ceux qui suivent la saga des “têtes couronnées” soient favorables à un système monarchique ; ils ont simplement la chance d’être les témoins des développements d’un roman dont, un jour, ils pourront être les lecteurs ». La conversation a alors roulé sur notre constat commun que la démocratie était le seul mode de gouvernement intellectuellement défendable. Donner aux citoyens la possibilité de désigner le meilleur d’entre eux est a priori l’organisation politique la moins injuste qu’on puisse concevoir. La difficulté est bien entendu qu’on ne voit que lorsqu’il a reçu l’onction du suffrage universel que le candidat qui paraissait avoir le plus de qualités a bien celles que la fonction exige. Le système n’est pas parfait, a relevé Béraud, mais n’est-il pas moins imparfait que celui qui consiste à accepter qu’une personne, dont on ne vérifie pas les compétences ni la moralité, s’installe de façon héréditaire et indiscutable sur le siège de l’ancêtre qui a conquis par la force, en des temps plus ou moins immémoriaux, le droit de l’occuper ? À Gastinel qui commençait à s’échauffer en cette fin de repas et qui s’insurgeait que Béraud fasse asseoir le système monarchique sur la force et l’usurpation, notre ami a répondu que, grâce au Ciel, et aux révolutions, les monarchies héréditaires européennes avaient perdu leur pouvoir de nuisance. Il l’a cependant invité à s’interroger sur l’origine du pouvoir des nobles féodaux et des aristocrates en général.
J’ai opéré une diversion en leur demandant leur avis sur la réunion du Conseil national de la refondation que le président de la République vient d’installer mais auquel ses adversaires ne veulent pas participer. « Ce défaut d’adhésion, dit Béraud, ne nous renvoie-t-il pas à ce que nous disions quant aux qualités qu’on ne peut découvrir qu’après une élection ? »
Le temps passait ; nous nous sommes séparés en rappelant quelques souvenirs du père Proal.
Sans doute en évoquerons-nous avec vous lorsque vous viendrez pour les vacances de Toussaint. Réjouissez-nous en nous le confirmant.
Avec toute notre amitié.

P. Deladret

  1. Celui qui juge n’a pas à s’occuper des causes sans importance !
  2.  Blanc-bleu : se dit d’un diamant de qualité parfaite..
2022-09-19T22:13:38+02:00

Édito Octobre 2022 > L’humilité

Lors de la célébration de la création des nouveaux cardinaux à Rome le samedi 27 août dernier, l’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, faisait partie des vingt évêques choisis par le pape pour devenir ses proches collaborateurs. Dans ses différentes interventions publiques, le cardinal Aveline a repris un thème cher au pape François : celui de l’humilité. Bien que les cardinaux soient honorés de la plus haute distinction ecclésiale, ils sont invité à rester humbles et à garder les pieds sur terre, avec leurs frères humains. Leurs beaux vêtements, leurs places privilégiées dans les célébrations religieuses ou publiques, leur médiatisation, sont le signe non seulement d’un honneur mais surtout d’une responsabilité. Ils sont indéniablement des hommes de grande valeur, doués de qualités humaines, intellectuelles ou spirituelles exceptionnelles, mais ils sont aussi et avant tout de la même pâte humaine que tout le monde, sans supériorité par rapport au commun des mortels. D’ailleurs, lorsque l’on regarde leurs histoires personnelles et familiales on voit bien qu’ils sont pour la plupart d’humble condition et que rien ne les destinait à faire partie de l’élite de l’Église catholique ni des grands de ce monde.

Solidarité humaine
Cette commune condition humaine est précisément la racine de l’humilité : nous sommes tous issus de la même terre, du même humus, et si nous avons des responsabilités diverses, des qualités complémentaires et des itinéraires variés, nous avons cette appartenance à la même humanité qui nous rend solidaires et fraternels. Cela doit être d’autant plus vrai dans la vie de l’Église qui se fonde sur le Christ, frère universel par excellence et qui nous dit la proximité de Dieu avec chacune et chacun d’entre nous. L’incarnation est une notion essentielle et originale de la théologie chrétienne : Dieu se fait homme, proche de nous, frère. En Jésus Christ la proximité de Dieu est absolue : il partage la condition de vie des plus humbles et des plus petits. De sa naissance dans une pauvre crèche jusqu’à sa mort ignominieuse parmi les criminels, personne ne peut s’estimer loin de ce Dieu qui partage la vie des plus méprisés et qui accueille tout le monde comme un frère pour nous dire que nous sommes fils et filles du même Père.

Contre le cléricalisme
Cette solidarité intrinsèque à notre condition humaine est le premier remède contre une maladie de l’Église que le pape nous invite à combattre : la prétention à la supériorité des membres de l’Église institutionnelle – on les appelle les clercs dans le langage religieux – ou, pour le dire avec un mot savant, le cléricalisme. Dans toute institution humaine il y a le risque de voir les chefs prendre une position de supériorité et de domination par rapport aux autres, et l’Église, constituée d’hommes ordinaires, n’est pas préservée de cette tentation. Nombreuses sont les personnes qui se sont senties jugées et parfois condamnées par les représentants de l’institution religieuse : à cause de leur situation de vie, de leurs choix, de leurs erreurs, de leur histoire familiale, ils ont été mal accueillis et peut-être même rejetés. C’est affligeant, car c’est l’inverse que nous devrions mettre en œuvre dans l’Église. Nous avons à prendre notre part de la mission confiée par le Christ qui accueille tout le monde et se fait proche de chacune et chacun. Notre vocation n’est pas de juger et de condamner, mais d’aimer et d’accueillir. Jésus lui-même n’a ni jugé ni condamné, alors comment les personnes qui ont la charge de poursuivre sa mission peuvent le trahir au point de faire souffrir ceux qu’ils ont pour vocation d’aider et d’accompagner ?

Dieu compte sur nous
L’humilité n’est pas de la fausse modestie. Il ne s’agit pas de se dévaloriser ou de se rabaisser en se regardant le nombril pour faire une autocritique qui nous replie sur nous-mêmes. La véritable humilité consiste à avoir l’objectivité de se regarder tel que l’on est et de s’émerveiller que Dieu nous donne sa confiance et fasse le choix de nous confier une part de sa mission. Il n’attend pas que nous soyons parfaits pour nous appeler à le suivre, il ne nous dit pas que nous devons mériter son amour ou sa confiance. Il nous dit que nous avons du prix à ses yeux, et qu’il compte sur nous pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, avec tout ce qui constitue notre existence : ce qui est grand et beau, et surtout ce qui est plus fragile et douloureux. Il sait bien que nous ne sommes pas parfaits et il ne nous demande pas d’atteindre la perfection par nos propres forces, mais il nous invite à découvrir que son amour en nous peut porter du fruit et nous aider à accomplir des choses qui nous dépassent. C’est merveilleux, parfois vertigineux, mais en même temps très libérateur, car tout ne dépend pas de nous. Les comptes que nous aurons à rendre ne concernent pas notre valeur personnelle, mais ce que nous aurons été capables de faire fructifier de ce que le Seigneur nous a confié.

Olivier

2022-09-19T22:09:15+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2022

Lisons ensemble un court extrait de l’Évangile de la Passion que nous lirons en cette fin d’année liturgique.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
“Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères – ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

LeSe frapper la poitrine
Un publicain se frappe la poitrine. Ce geste religieux nous le connaissons et le pratiquons. Se frapper la poitrine de sa main droite est un geste de responsabilité qui implique l’intégralité de la personne. Oui, j’atteste que ce que je dis me concerne au plus haut point. C’est de moi dont il s’agit, pas du voisin. Nos liturgies ont conservé ce geste : lorsque nous disons au début de la messe « Oui, j’ai vraiment péché », par trois fois pendant le chant de l’Agneau de Dieu lors de la fraction du pain, et enfin au moment où nous nous souvenons de la déclaration d’un païen : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Se frapper la poitrine pour faire résonner ce qui correspond à la situation du moment, quand je fais ce geste, je participe à rendre compte de la situation dans laquelle je suis, vécue dans la foi. Je parle et j’atteste.

Le pharisien
Le pharisien a de quoi rendre grâce à Dieu puisqu’il n’est pas comme les autres. Il en oublie de rendre grâce aussi pour ce qu’il a de commun avec eux ! Cet homme est seul, se contemplant dans son miroir, tout en faisant la liste exhaustive de ce qu’il fait. Il dresse ainsi en lui-même l’inventaire de ses actions confrontées au rapport qu’il entretient avec la Torah. Cela lui plaît et il a vraiment de quoi être fier. Sa logique verbale procède d’un soi à soi pour soi.

Le publicain
Le publicain, par la collecte à laquelle il participe pour l’occupant romain, a mauvaise presse. Ce sont des collaborateurs et des voleurs d’après la réputation qu’ils se sont faite. Il monte cependant au temple pour prier. Cet homme prend le risque d’être critiqué puisque publiquement de par sa profession, il n’est pas en règle avec la loi.

Nous serons toujours débiteurs
Le péché consiste à croire que nous pouvons être en règle avec Dieu et envers les autres. Un seul l’a été une fois pour toute en notre faveur. Dans la prière nous risquons de passer à côté de la rencontre si notre préoccupation de sainteté se borne à un aspect formel et rhétorique. Le publicain debout dans le temple baisse les yeux et se frappe la poitrine. Il parle à Dieu humblement et en vérité, c’est-à-dire sans faux-semblant. Sa logique verbale procède du soi à soi pour l’autre. Il ouvre son cœur à Celui en qui il croit. Il accepte en quelque sorte de se dévêtir sous le regard bienveillant de son Dieu et dans une confiance très grande. Il n’a rien d’autre à offrir que sa présence : un corps qui parle.

Compter d’abord sur Dieu
En fait, le publicain ne compte pas sur son bilan pour être sauvé, ni pour se prétendre juste. Tout au contraire, il compte sur Dieu. Voici l’attitude qui permet au croyant de se laisser ajuster au salut. Il pourra découvrir par la suite comment ce salut procède dans son histoire personnelle et collective. Il fait bien partie du peuple élu. Celui des deux hommes qui sera justifié de retour dans sa maison est l’homme qui a reconnu que le mérite est du côté de Dieu. Il croit en Lui comme en un Père miséricordieux, lent à la colère et plein de tendresse. Il se frappe la poitrine pour laisser surgir de son existence ce qui intéresse au plus haut degré ce Dieu qui l’a créé par amour, pour vivre l’Alliance. Tout le mérite vient de Dieu.

Pour actualiser
Le publicain confesse qu’il n’est pas à la hauteur de l’amour que le Seigneur a pour lui. En cela, chacun de nous peut se reconnaître pécheur, puisque nous ne pourrons jamais aimer qualitativement Dieu comme Il nous aime et se donne. Ainsi, la sainteté est ce chemin par lequel nous pouvons approcher et expérimenter cet amour jusqu’au jour où il nous embrasera entièrement, dans la fin des temps.

Didier Rocca

Le mot du mois : publicain
Dans l’administration romaine un publicain était un homme d’affaires appartenant généralement à l’ordre équestre, qui par contrat avec l’autorité civile, était autorisé à collecter les taxes en son nom.

2022-09-19T22:11:50+02:00