Olivier

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Camp Hiver 2024 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets à Larche

Il était une fois le camp de ski des Jeunes Cadets… Tout a commencé quand nous avons pris le car direction Larche. Quand nous sommes arrivés, la maison nous attendait, nous n’avons pas perdu de temps, une fois bien installés, les skis loués, le séjour a pu commencer.
Le premier soir le feu et l’eau sont arrivés avec le chaman des éléments pour les aider à fusionner. Ils étaient bien embêtés de ne pas y arriver mais bien heureusement les Jeunes Cadets ont mis la main à la pâte pour faire fonctionner le sortilège trouvé.
La première journée de ski s’est bien passée, une bonne douche et un repas bien mérité. Le soir venu les éléments de la veille sont réapparus : les enfants les ont reconnus. Venus avec leurs copains, le feu et l’eau, accompagnés de la terre et du vent qui se plaignaient d’être mis de côté, ils ont, grâce au groupe des jeunes et des plus âgés, réussi à rééquilibrer leurs amitiés.
Le jour suivant le ski c’est toujours aussi excitant. Mais une visite a interpellé nos jeunes si fraîchement réveillés. Une Reine des Glaces venant de Russie séjournait dans sa maison secondaire pour récupérer des talents et sélectionner celui qu’elle préférait. Mais de nouvelles personnes sont arrivées, car elles avaient loué sa maison sur Air-bnb sans qu’elle en soit avertie. Un terrain d’entente a été trouvé et nos jeunes ont présenté leurs talents devant une grande assemblée.
Le camp a fini son déroulement sur de la joie et des bons moments, ils s’en souviendront très longtemps. La neige était excellente malgré une petite tempête un peu pesante, qui ne les a pas empêché de skier tout au long de la journée.
Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, mais ce n’est pas en vain, les souvenirs sont présents dans la tête des enfants. Ne vous inquiétez pas, de nouvelles histoires il y en aura, pleines de rebondissement et d’engouement…

L’équipe des JKD’s

2024-03-20T22:06:43+01:00

L’Évangile du mois d’avril 2024

L’Évangile du mois sera proclamé le 21 avril prochain au cœur du Temps Pascal. Ce sera le dimanche dit du bon berger en référence aux paroles par lesquelles Jésus nous dit qui il est.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Pour prendre un bon départ…
À l’occasion de la fête des Tentes, Jésus se trouve à Jérusalem, au cœur du judaïsme. À la suite d’une guérison, il dialogue avec des pharisiens et prononce un discours scandé par deux paroles fortes : Je suis la porte… Je suis le Bon Berger. Nous lisons ici la deuxième partie de son discours.
La figure du berger
Jésus se présente comme le bon, le beau berger. Selon une image courante dans l’Ancien Testament, le Bon Berger, c’est Dieu. Cela veut dire que Dieu a pour chaque être humain l’attention, l’affection même, que le berger a pour un agneau. Il le guide là où il y a un pâturage et de l’eau, il le met à l’abri la nuit dans une bergerie pour qu’il ne soit ni dévoré par une bête ni volé par un brigand, il le soigne quand il est blessé et le recherche quand il est perdu. La théologie chrétienne au cours des premiers siècles a même largement représenté le Christ comme un berger portant un agneau perdu. Cela était pour eux un bon résumé de son rôle et de l’Évangile.
Une figure paradoxale
Pourtant à l’époque de Jésus, les bergers étaient assez mal vus par les intégristes, car il est difficile d’appliquer à la lettre les commandements de la Loi religieuse quand on est dans la nature. En même temps, les bergers étaient réputés être proches de Dieu par la prière (la nature rend humble et admiratif de la création), et par le chant (comme David).

Jésus en tant que berger donne sa vie. 
Qu’est-ce à dire ?
Donner sa vie, c’est avoir confiance en Dieu. C’est la déposer dans les mains d’un Autre, c’est accepté d’être brebis pour un autre. Les religieux, les personnes mariées déposent ainsi leur vie, ils acceptent de dépendre d’un autre.
Donner sa vie, ce n’est pas mourir, c’est vivre. On pense aux difficultés, à la mort, aux renoncements quand on pense au fait de donner sa vie ! Or, le caractère onéreux du don de soi vient du péché. Donner nous conduit au bonheur même si on en a peur, même si on est égoïste.
Donner sa vie, c’est en même temps la recevoir de nouveau. Elle se révèle alors plus profonde, plus belle. On pourra la recevoir, cabossée peut-être, mais embellie, enrichie, fortifiée !
Donner sa vie, c’est aimer toujours plus loin. On ne peut pas aimer en général, sans aimer en particulier. Mais l’amour auquel nous invite Jésus-Christ va plus loin, voit plus grand. En lui, nos horizons s’élargissent à travers ce jeune que j’anime, à travers cette personne que je visite… Les brebis ne sont pas comptées. Elles sont toujours plus nombreuses que ce que j’imaginais.

Didier Rocca

Le nom du mois : Bon Pasteur
Le Bon Pasteur est un des titres par lesquels Jésus s’identifie. Il fait partie des sept paroles qui commence par « Je suis… » que l’on trouve uniquement dans l’Évangile de Jean et qui font allusion à un aspect de la mission de Jésus : le bon Pasteur est celui qui rassemble, guide, cherche celui qui est perdu et donne sa vie pour les autres. Il fait paître ses brebis ou ramène la brebis égarée.

2024-03-20T21:54:23+01:00

Camp Hiver 2024 > les Cadets

Les Cadets à Larche

Le camp de ski à Larche a été une expérience inoubliable pour les Cadets. Niché dans la belle maison de Larche, le Sauze a offert des pistes diversifiées pour tous les niveaux et une excellente neige, hormis le jour de tempête où certains ont réussi à skier et d’autres ont fait des boules de neiges et de la luge. Avec un groupe de jeunes dynamiques, nous avons descendu les pistes du Sauze, défiant nos limites et perfectionnant nos compétences en ski. Entre les descentes palpitantes et les moments de convivialité, ce camp a renforcé les liens entre les KD’s et a créé des souvenirs inoubliables pour tous.
Les soirées étaient remplies de jeux et de veillées animées, où nous avons ri et partagé des moments de complicité. Nous avons même eu la visite de présentateurs télé qui sont venus nous rencontrer, ajoutant une touche de glamour à nos soirées. Une soirée particulièrement mémorable a été celle où une reine et un roi sont venus nous rendre visite, organisant une soirée pleine de surprises et de rebondissements. Nous avons été invités à participer à des jeux et à danser jusqu’au « petit matin » lors d’un magnifique bal.
Une journée à thème, inspirée du thème du Petit Prince, a exploré les notions de mort et de renaissance, nous poussant à réfléchir sur la vie et nos propres voyages intérieurs. Mais toutes les soirées n’étaient pas remplies de contes enchantés ; une soirée effrayante jalonnée de contes terrifiants nous a fait sursauter et nous a tenus au bord de nos sièges, même si nous étions confortablement installés avec des bols de popcorn.
Et pour couronner le tout, le dernier soir, des personnages de bande dessinée célèbres comme Titeuf, Nadia et Vomito ont fait une apparition surprise, apportant une touche de fantaisie et de nostalgie à notre colo.
Ce camp a été bien plus qu’une simple semaine de glisse, c’était six jours riches en émotions, en rencontres et en souvenirs qui resteront gravés dans les mémoires des Kd’s et des animateurs, en remerciant Véronique, Marc, et Olive.

Carole

2024-03-20T22:08:19+01:00

Lettre du Villard – mars 2024

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 mars 2024

Bien cher ami,
Vous auriez dû venir plus tôt ! La neige qui s’était retenue de tomber depuis plus d’un mois s’est employée, sitôt avez-vous été là, à rendre à notre vallée son aspect hivernal. Et, ma foi, elle ne paraît pas pressée de disparaître. Nous avons retrouvé la vie recluse qui nous fait tant de bien en nous donnant l’illusion que nous sommes éloignés des fracas du monde. Pour ne pas perdre trop le contact avec la « vraie vie », comme on dit aujourd’hui, nous avons regardé avec Me Beraud la retransmission de la séance du Congrès consacrée à la révision de la Constitution. Beraud ne pouvait concevoir qu’un aussi grand nombre de parlementaires aient voté un texte qui sous-entend que toute vie appelée n’a pas vocation à être vécue. Il se demande si la crainte de perdre l’investiture de leurs partis pour de prochaines élections ne leur a pas fait tordre le cou à leurs convictions. « Prétendre sanctuariser un droit en l’inscrivant dans la Constitution est illusoire, dit-il, car il suffit de la modifier pour revenir à la situation antérieure. La réglementation en vigueur jusqu’alors donnait un cadre assez large pour que des réponses adaptées aux situations puissent être apportées. » Il craint que les conditions d’exercice du nouveau droit ainsi créé aient des incidences en des domaines que le législateur puis le constituant se sont s’est bien gardés d’évoquer. « Une chose est, dit-il, de reconnaître la liberté de faire ; une autre est d’encadrer les façons de l’exercer. » Gastinel, arrivé fourbu de sa randonnée en raquettes, était venu nous inciter à lui proposer un grog. « De mon temps, dit-il, à la Faculté de Droit, on nous apprenait à distinguer les libertés passives des libertés actives ; les libertés passives étaient celles que le législateur, c’est-à-dire la société, accordait, sans s’estimer tenu de donner les moyens de les exercer ; les libertés actives, au contraire, étaient celles dont la société facilitait la mise en œuvre. Prenez le cas de la liberté d’expression ; réduite au droit d’énoncer ou d’écrire ce que l’on pense, ce n’est qu’une liberté “passive” ; elle devient une liberté “active” quand l’État s’engage, par exemple, à faire bénéficier la Presse de tarifs postaux minorés. » « Autrement dit, ajouta Mimiquet venu passer la journée au Villard mais qui s’était réfugié chez nous car le sciage de votre bois ne parvenait pas à le réchauffer, le droit de n’est pas le droit à. » « C’est bien là le problème, reprit Beraud car la modification de la Constitution établit un “droit à” qui va imposer à des tiers une obligation de faire qui ne sera peut-être pas conforme à leurs convictions. Et qui nous dit que l’État n’ayant plus de référence morale – et s’en félicitant – ne va pas bientôt, en aménageant les conditions d’exercice du droit de mourir dans ce qu’il appelle la dignité, amener, dans ce domaine également, des professionnels à des gestes qu’ils n’approuveraient pas ? En faisant comme si la liberté des uns n’avait pas à respecter celle des autres, notre société s’engage (sans le savoir) à arbitrer en permanence entre des intérêts divers. » « On a bien compris, résuma Mimiquet que pour donner des droits à Pierre, on crée des obligations à Paul. » Je n’ai pu m’empêcher de relever que ce n’était pas nouveau mais que la sous-estimation, voire la volonté d’ignorer les conséquences des actes qu’on pose, pour limiter ou différer le débat public, demeurerait sans doute un marqueur de notre époque. Cela se vérifie en de multiples domaines ; on a cru judicieux de démanteler la défense nationale et le conflit en Ukraine nous fait maintenant nous rendre compte que nous sommes désarmés (mais peut-être les Russes ont-ils fait tout pour que nous nous enferrions dans cette erreur de jugement) ; on joue avec la génétique sans se poser la question des conséquences. Et les exemples foisonnent. On se fixe des objectifs qui sont souvent des vues de l’esprit mais qui ont des répercussions financières qu’on ne sait comment assumer. On veut, par exemple, augmenter le budget de la Justice, mais, comme le fait remarquer l’économiste David Thesmar, dans Le Figaro, la simple augmentation – qui nous menace – de 1 % du taux de la dette publique correspondrait à deux fois le budget de la Justice. « Autrement dit, constata Mimiquet, on fait croire qu’on rase gratis et qu’en plus la barbe ne repoussera pas. Les paysans ont bien vu que ce n’était pas en écoutant ce que leur disaient Bruxelles par dogmatisme et Paris par suivisme qu’ils pourraient gagner leur vie. Il leur a suffi de bloquer quelques carrefours et de renverser une ou deux charrettes de fumier pour que ce qui n’était plus possible le redevienne. » « C’est bien ce qui m’inquiète, glissa Gastinel ; je crains que cela ne donne des idées à beaucoup de monde et que les contraintes dues tant aux préoccupations écologiques qu’aux relations internationales dans lesquelles nous nous sommes enfermées, ne poussent bien des catégories professionnelles à renverser la table. On se révolte et ce qui était impossible le devient ! Du moins, on feint de le croire. » Beraud, toujours plus nuancé, pense qu’il a toujours dû en être plus ou moins ainsi et que les pas en arrière ont presque toujours été suivis de pas en avant. « Ce qui est sans doute nouveau, fit-il, c’est que nous avons pris conscience que nous habitons une “Maison commune” comme a dit le Pape et que le champ des possibles est plus réduit que ce que notre seule expérience nous permettait de croire. »
Je leur ai raconté une conversation que nous avons eue récemment en aparté au sujet de la tonalité assez désabusée des propos de nos amis du Villard. Vous m’aviez dit : « Mais faites-leur comprendre que ce sont nos oyats. Oui, des oyats, vous savez… ces plantes qui ont des racines très profondes dont on se sert pour stabiliser les terrains sablonneux ! Autour d’eux le vent et le sable s’écoulent mais la dune finit bien par se reconstituer… » Inutile de vous dire qu’ils vous remercient pour cette comparaison inattendue et qu’ils vous assurent de leurs sentiments les meilleurs.
Croyez en notre fidèle amitié.

P. Deladret

2024-03-20T21:55:15+01:00

Camp Hiver 2024 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets à Larche

Mardi 5 mars : départ de l’Œuvre à 8 h pour les GKD’s et les JKD’s en car pour une arrivée à midi à Larche. Nous avons déjeuné ensemble et après nous avons fait les chambres et puis nous avons loué les skis. Le soir lors de la veillée, trois stylistes/couturières sont venues recruter les GKD pour un défilé, c’était une belle soirée et pour conclure cette journée, nous avons fait une prière commune avec les Jeunes Cadets.
Mercredi 6 mars : premier jour de ski pour les deux groupes, réveil à 7 h, petit déjeuner à 7 h 15 départ de la maison à 8 h 30 pour arriver à l’ouverture des pistes à 9 h. Les JKD’s forment leur groupe de ski par rapport à leur niveau, et les GKD’s skient minimum par trois en autonomie ; déjeuner à 12 h en bas des pistes et retour à 16 h pour les deux groupes. Une fois arrivé à la maison ils prennent le goûter et ensuite direction les douches ; le soir nous avons eu la visite des quatre éléments snow = le vent, Aquata = l’eau, Fenexi = le feu, Era = la terre, Fenexi et Aquata ce sont assemblés pour former un seul et même élément mais Era et Snow n’étaient pas d’accord, ils voulaient les diviser pour qu’ils redeviennent les quatre éléments, et au final ils ont gagné la bataille et sont redevenus les quatre éléments principaux.
Jeudi 7 mars : le ski c’est toujours aussi excitant. Mais une visite a interpellé nos jeunes si fraîchement réveillés. Une Reine des Glaces venant de Russie séjournait dans sa maison secondaire pour récupérer des talents et sélectionner celui qu’elle préférait. Mais de nouvelles personnes sont arrivés « Rick & Morty », car ils avaient loué sa maison sur Air-bnb sans qu’elle en soit avertie. Un terrain d’entente a été trouvé et nos jeunes ont présenté leurs talents devant une grande assemblée.
Vendredi 8 mars : même programme que les jours précédents, réveil, préparation ski, déjeuner, retour à la maison et goûter ! Le soir nous avons eu la visite de 3 grands chefs de cuisine, ils avaient besoin d’une nouvelle équipe pour reprendre leur flambeau car ils devenaient trop vieux.
Samedi 9 mars : dernier jour de ski pour les Grands Cadets ! Cette journée n’était pas mémorable par son temps qui était assez gris et venteux mais plutôt par la poudreuse, absolument divine. En effet une neige immaculée recouvrait les pistes nous laissant déposer les premières traces sur ces dernières. Retour à midi pour manger un taboulé. Pour l’après-midi : les JKD’s sont partie dans un premier car à 15 h et les GKD’s à 15 h 30. Vient ensuite un goûter bien mérité avec gaufres, chocolats et gâteaux au chocolat. Pour nos sportifs la douche s’impose et elle est très vite suivie du ménage de la maison. Enfin, pour ce début de soirée, le repas tant attendu fit sont apparition : la raclette !
Ce fut un moment très convivial où JKD’s et GKD’s ont pu partager leurs expériences et leurs meilleures blagues. Après un petit lavage de dents, on a eu l’arrivée de 3 espions : espion A, espion I et espion T. Ces derniers avaient besoin d’une nouvelle équipe pour prendre la relève.
Dimanche 10 mars : coup dur pour les enfants avec un réveil à 6 h 45. Petit déjeuner rapide à base de Pitch et de jus de fruits et départ à 8 h. Le bus, telle une déneigeuse, a dû traverser la tempête de neige, mais finalement nous sommes arrivés à bon port aux alentours de 12 h 30.

Les animateurs GKD

2024-03-20T22:11:15+01:00

Lettre du Villard – février 2024

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 février 2024

Le 15 février 2024
Bien cher ami,
Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir, joint à votre gentil petit mot nous annonçant votre prochaine arrivée au Villard, une copie du résumé par le « chatbot » ChapGPT1 de ma lettre précédente que vous lui aviez confiée. Je suis assez impressionné par le résultat. Je ne conserve pas copie de mes lettres, mais celle-ci était encore assez fraîche dans ma mémoire pour que je puisse apprécier le résultat. Disons que l’agent conversationnel a un peu survolé le propos mais qu’il l’a dans l’ensemble correctement résumé. C’est merveilleux et c’est effrayant. On peut supposer qu’avec un chatbot (ou un dialogueur, si vous préférez) plus élaboré, le résumé aurait été moins imprécis, mais on peut aussi imaginer, comme l’a souligné ma femme, horrifiée, que des sous-entendus auxquels je n’ai même pas pensé auraient pu s’y trouver glissés. Je suis effectivement assez impressionné ; peut-être est-ce parce qu’en ce domaine, comme dans d’autres, l’inconnu tétanise, mais au vu des résultats auxquels permettent de parvenir des systèmes encore peu élaborés, on ne peut pas ne pas penser que des personnes mal intentionnées ne vont pas chercher à en trouver des applications malveillantes.
Nous prenions l’autre jour le café sur la terrasse de Me Beraud, dont la femme était allée bridger ; il avait invité à se joindre à nous Mimiquet qui ratissait chez vous les feuilles que la chute de neige inattendue en novembre avait recouvertes pendant deux mois mais que le redoux révélait. Je leur ai parlé du trouble que me causait le document que vous m’aviez envoyé. « Je suis bien d’accord, fit Mimiquet en roulant sa cigarette. Depuis que le correspondant du Dauphiné libéré a appris que l’Est républicain confiait la relecture des textes de ses correspondants à ChatGPT, il ne dort plus, car il se doute bien qu’il va se faire virer. Je me dis sans doute comme vous, que ce qu’on lira ne sera sans doute pas pire que ce qu’il racontait, mais tout de même ! » Gastinel, arrivé sur ces entrefaites et qui n’avait entendu que la dernière phrase de Mimiquet, a observé que le recours à l’intelligence artificielle améliorerait peut-être un peu les textes que la presse locale livre à ses lecteurs. « Je me demande parfois, fit-il, quel lectorat ont en tête ces rédacteurs dont le vocabulaire, la syntaxe et la grammaire sont généralement décalés par rapport au sujet dont ils traitent. À part, peut-être pour les chroniques sportives… » J’ai noté que je le trouvais injuste et qu’il ne fallait pas accuser de trop de maux la presse locale, qui a, au moins, le mérite de nous informer de l’arrivée d’un cirque ou du changement de sens d’une voie de circulation. « Je vous trouve bien restrictif dans l’éloge, glissa Me Béraud, mais notre ami Gastinel me semble en revanche avoir une approche peu inhibée, si je puis dire, des conséquences possibles de certaines applications de l’intelligence artificielle. Et encore ! Parler, comme je le fais, de certaines applications est, peut-être, d’un optimisme déplacé, car qui nous dit que l’I.A. ne contrôlera pas tout, n’influencera pas tout ? Que le résumé de votre texte par un « chatbot » élaboré ne sera pas « enrichi » de façon subliminale par ce qu’il a apprit sur vous à partir de vos recherches sur Wikipedia ou dans votre messagerie électronique ? »
À ce moment est sortie de chez les Poulenc Mademoiselle Reynaud, venue faire le ménage après le départ de leurs enfants qui ont laissé la maison « dans un état pas possible » ; c’est du moins ce qu’elle a dit pour justifier la demi-journée qu’elle a dû leur compter. Dans sa tenue de RoboCop, elle a enfourché son quad et est partie sans plus nous saluer. J’ai repris ma relative défense de la presse locale en soulignant qu’elle n’avait pas l’exclusivité de la cécité. Je leur ai cité l’histoire de Simon Leys2 qui, dès 1971, avait dénoncé les dizaines de millions de morts que le maoïsme avait entraînés en Chine et la « Maolâtrie » de l’Occident mais dont les révélations n’avaient pas été diffusées. Simon Leys a récemment fait l’objet d’une émission de télévision suivie d’un débat ; les intervenants, qui avaient déjà des responsabilités éditoriales en 1971, admettaient qu’ils avaient su ce qu’écrivait Leys, mais que, pour ne pas aller à l’encontre de ce qu’on considérait comme un courant dominant dans l’opinion publique, ils avaient pris le parti de ne pas en parler. Il était ahurissant de constater que les médias, tant de gauche que de droite, avaient respecté cette omerta. « Ah ! çà ! Mais qui était cet “on” et qui “considérait” ? s’est exclamé Gastinel. Il est vraiment navrant d’avoir ainsi la preuve qu’on a sciemment trompé l’opinion publique. Nous nous doutons bien qu’on ne nous dit pas tout, mais que cette désinformation ait été le fait de la quasi-totalité des médias est accablant. Car pourquoi penser qu’il n’en soit pas toujours de même ? » « Et ce n’est peut-être pas entrer dans une logique complotiste, poursuivit Béraud, que de se demander ce qu’“on” essaie de nous faire penser du conflit en Palestine, de la situation en Ukraine, de l’islamisme, de l’aggiornamento actuel de l’Église, du changement climatique, et j’en passe. » Cela me fait penser, intervint Mimiquet, au proverbe chinois qui dit que lorsque le sage lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. On agite devant nous des doigts et nous ne savons même pas qu’il y a au loin la lune.
Comme vous le voyez, Lao-Tseu a maintenant au moins un disciple dans la vallée ! Téléphonez-nous vite pour nous dire à quelle heure vous arriverez, pour que nous mettions en route votre chauffage. Sachez qu’un potage vous attendra, « et plus, si affinités » pour tenir compte de l’appétit de vos enfants.
Avec toute notre amitié.

P. Deladret

  1. Chatbot : agent conversationnel ; ChatGPT est un agent logiciel qui dialogue avec un utilisateur de façon que la requête devienne compatible avec son logiciel opérationnel.
  2. Simon Leys, pseudonyme de Pierre Ryckmans (1935-2014), universitaire, sinologue, diplomate, auteur, notamment, du livre Les habits neufs du Président Mao, Ombres chinoises et Images brisées.
2024-02-20T23:09:14+01:00

Édito mars 2024 > Chemin de conversion

Nous sommes dans le temps liturgique du carême, ces 40 jours de préparation aux fêtes pascales, temps de conversion et d’approfondissement de notre relation à Dieu et aux autres. Nous allons aussi accompagner, tout au long de ces six semaines, le Christ dans sa montée vers Jérusalem, lieu de sa passion, de sa mort et de sa résurrection. Il me semble que le récit de la rencontre du Christ avec un lépreux dans l’Évangile de Marc (Mc 1, 40-45) peut nous aider à comprendre ce que Dieu est venu vivre avec l’humanité en se faisant homme.

Le pur et l’impur
Dans ce récit, Jésus est abordé par un lépreux, homme impur par excellence. Ce pauvre homme, tenu de vivre à l’écart des autres dans des lieux retirés de toute vie sociale et communautaire, ose s’approcher du Christ. Jésus ne le rejette pas, mais entend sa demande de guérison et l’accomplit. L’homme, tout joyeux, s’en va annoncer autour de lui cette bonne nouvelle de sa guérison, désobéissant à l’injonction de Jésus de ne rien dire à personne, et mettant le Christ dans une posture intenable, lui imposant de se cacher dans un lieu désert pour ne pas être assailli de demandes de guérisons et de miracles, lui qui se méfie de l’idolâtrie dont il pourrait être l’objet.

Le mérite et la gratuité
Ce court récit nous donne des repères quand au projet de Dieu dans sa relation avec l’humanité : il accueille l’homme considéré comme impur par ses coreligionnaires. Il ne le rejette pas et ne le culpabilise pas, alors qu’à l’époque on considérait qu’un homme atteint de cette grave maladie de peau extrêmement contagieuse était puni pour la laideur de son âme, et que cette malédiction avait pour cause ses grands péchés. Dans la logique religieuse de ce temps, on considérait que la toute puissance de Dieu était agissante sur les événements et les personnes, et que, Dieu étant bon, si une personne souffrait ou était malheureuse, c’était la conséquence de ses mauvaises actions. C’était une façon de placer le religieux sur le registre de la rétribution : le bonheur et le paradis pour les personnes bonnes, le malheur et l’enfer pour les méchants. Jésus – qui pour les chrétiens n’est pas un simple messager ou un prophète parmi d’autres, mais l’incarnation de Dieu, de sa parole, de son message, de son alliance – nous fait sortir de ce registre du mérite. Il ne dit pas que l’homme mérite son malheur, mais il le guérit, signifiant que la maladie, la souffrance, ne font pas partie du projet de Dieu. Et nous comprenons ainsi que la puissance de Dieu n’est pas une force agissant sur les événements ou sur le matériel, mais qu’elle est en œuvre dans la capacité de Dieu d’aimer toute personne sans condition. C’est cet amour gratuit et gracieux qui peut nous permettre de traverser les épreuves, mais il n’agit pas par magie sur les événements eux-mêmes. Les quelques récits de miracles accomplis par Jésus et relatés dans les Évangiles sont des signes de ce désir de Dieu de lutter contre ce qui défigure les êtres humains et les coupe de la relation aux autres. Jésus n’explique pas le mal ni ne le justifie, mais il le combat. La réponse religieuse à la question de la souffrance et de la mort doit être sur ce registre : encourager, accompagner, être là par amour gratuit pour que cet amour porte du fruit en celui qui souffre et qu’ainsi il ne tombe pas dans le découragement et la fatalité, mais soit dans l’espérance, la foi, la charité.

Conversion
Autre repère que nous donne ce récit, et qui est au cœur du message chrétien et de ce que nous nous préparons à célébrer à Pâques : le Christ ne se contente pas de lutter contre le mal dont est atteint ce pauvre lépreux, mais il s’identifie à l’homme méprisé, culpabilisé et exclu : à la fin du récit, c’est Jésus qui ne peut plus entrer ouvertement dans une ville, mais doit rester à l’écart, dans des endroits déserts, comme le lépreux avant sa guérison. C’est un renversement total, qui peut faire penser à celui dont nous avons été témoins lors de la nuit de Noël, durant laquelle les plus pauvres des hommes, les bergers, ont pris le relais des anges, êtres célestes par excellence, pour chanter la gloire de Dieu. Ici, c’est Dieu, en Jésus, qui se retrouve à la place du lépreux. Nous osons exprimer ce renversement en mettant dans la bouche de Dieu ces mots un peu triviaux : « Vous les hommes, vous êtes fous, vous ne comprenez rien. Vous m’utilisez pour rejeter et condamner les gens avec des notions de pureté et d’impureté qui n’ont rien à voir avec mon amour offert à tous. Pour qui vous prenez-vous ? Vous osez instrumentaliser mon message pour agir à l’opposé de ce que j’essaie de vous faire comprendre et de vivre avec vous ! Si vous voulez jouer à ce jeu-là, alors voyez : je me mets du côté des impurs pour vous montrer l’absurdité de votre manipulation, et je partage la vie des exclus et des méprisés pour vous indiquer de qui je veux être proche en priorité. » C’est cela la véritable conversion : comprendre comme Dieu comprend, regarder comme Dieu regarde, aimer comme Dieu aime…

Olivier

2024-02-20T23:02:48+01:00

L’Évangile du mois de mars 2024

Dimanche 10 mars, nous vivrons le quatrième dimanche du Carême. Ce sera l’occasion de lire un Évangile relatant une belle rencontre entre Jésus et un pharisien.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile de Jean. Une rencontre a lieu de nuit avec un juif pieux, un pharisien appelé Nicodème. Cet homme sage vient interroger Jésus pour mieux le connaître et comprendre ce qui lui permet d’accomplir de tels prodiges.

À propos du serpent de bronze
Cet Évangile évoque l’épisode du serpent de bronze évoqué dans l’Ancien Testament. Lors des quarante années passées dans le désert, les Hébreux sont la proie de dangereux serpents et ils sont convaincus que Dieu les leur envoie pour les punir de leurs infidélités. Doute mortel qui prend figure de serpents venimeux. À leur demande, Moïse intercède pour eux. Il fait un serpent en bronze et le fixe à une perche. Le mal intérieur, caché, sera « élevé de terre », rendu visible sous la forme d’un serpent de bronze. Ceux qui avaient été mordus par un serpent pouvaient regarder le serpent de bronze, ils étaient alors sauvés.

Acte de magie ou acte de foi ?
En fait, Moïse, suivant les directives de Dieu, veut faire comprendre au peuple que les actes de magie sont vains. Ce n’est pas le serpent qui sauve mais bien Dieu. Jésus reprend alors cette histoire bien connue de ses interlocuteurs et fait un parallèle entre Moïse qui a dû utiliser un serpent de bronze élevé de terre pour sauver les Hébreux, et le fils de l’Homme, autrement dit lui-même, qui devra lui aussi être élevé de terre par la croix pour que l’humanité soit sauvée. L’évangéliste Jean voit donc dans le serpent de bronze une préfiguration du Christ crucifié.

Une réflexion sur la Croix
Le fait que Jésus consente à la croix est un acte d’amour indépassable, plus fort que la mort qu’il accueille. C’est pourquoi la croix ne sera pas pour lui enfouissement dans la terre, mais exaltation, élévation au-dessus de la terre.
Regarder le Christ crucifié, c’est regarder notre méchanceté et l’amour, son contraire, qui la surmonte. Notre mort est comme prise dans la mort du Christ. Nous pouvons ainsi prendre conscience de notre péché, et de l’amour qui a amené Jésus à s’en faire librement la victime.

Dieu a tant aimé le monde…
Cette Parole de Jésus synthétise en quelque sorte l’esprit du concile Vatican II dont nous fêtons le 60e anniversaire. Pour l’Église et donc pour chacun de ses membres, il s’agit de se mettre non pas dans une posture de jugement, regardant de haut les personnes, mais dans une posture d’accueil et de dialogue. Cela ne relativise pas les exigences de notre foi. Cela met les choses dans un ordre plus juste, plus conforme à l’Évangile. Il s’agit d’aimer le monde :
Aimer le monde, ce n’est pas dire que tout ce qui s’y vit est bon. Il n’y a pas de naïveté dans ces paroles.
Aimer le monde, c’est s’en sentir proche, c’est prier et travailler pour que celui-ci ressemble à ce que Dieu veut en faire. Aimer le monde, c’est collaborer au salut que Dieu nous donne.
Dieu a tant aimé le monde, pas seulement l’Église. Comprendre cela change notre compréhension de l’action de Dieu et de notre mission comme chrétiens.

Didier Rocca

Le nom du mois : les scrutins
Dans la vie démocratique, les scrutins permettent d’obtenir des élus. Dans la foi catholique, les élus sont ceux qui se préparent au baptême et qui après l’appel décisif célébré par l’évêque sont appelés « catéchumènes ».
Les scrutins lors des 3e-4e-5e dimanches de carême sont célébrés par exorcismes. Ces prières par lesquelles Dieu agit, rappellent aux catéchumènes que la liberté est un don que Dieu nous fait si nous acceptons de nous en remettre à Lui, de remettre nos fragilités et nos faiblesses entre ses mains. En disant cela aux catéchumènes, qui dans l’ardeur des commencements peuvent penser qu’ils viendront à bout de tous les obstacles, l’Église le dit aussi à toute la communauté. En effet, l’Église porte en elle l’expérience que le salut est donné gratuitement par Dieu. Elle porte l’expérience de tous ces combats, heureusement perdus, qui ont enfin ouvert la possibilité à l’Esprit saint d’agir. La place est alors ouverte à l’Esprit de Dieu qui seul est la Liberté, qui seul peut conduire vers le grand large. « Lui dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va. »

(D’après un commentaire du Père Christian Salenson
dans la revue Points de repères en 2009)

2024-02-20T23:07:42+01:00

Lettre du Villard – janvier 2024

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 janvier 2024

Très cher ami,
Il vous a fallu bien peu de temps pour répondre à nos vœux et nous adresser les vôtres. Vous ne serez pas surpris que je lise dans cet empressement un signe supplémentaire de l’amitié que vous nous portez. Tant de gens voient en effet dans cet échange, qui peut paraître formel, sinon une corvée du moins l’expression d’une obligation, dont on se libère lorsqu’on n’a vraiment rien d’autre à faire ! Je suis pourtant heureux que le respect des traditions nous conduise à ces attentions que véhiculent souvent des mots banals mais qui peuvent faire comprendre à ceux à qui ils sont destinés qu’ils ne nous sont pas indifférents.
Nous discutions tout récemment de cela, avec les amis du Villard. De la façon la plus traditionnelle qui soit, nous « tirions les rois », comme on disait autrefois, en nous demandant par quel effet les traditions se perdent. Le colonel Gastinel, d’humeur assez maussade parce qu’il avait trouvé la fève dans son morceau de gâteau des Rois, a avancé que les traditions se perdaient parce que, dans notre société qui n’accepte plus de règle, le simple respect des usages était perçu comme une contrainte. Sans aller réellement à l’encontre de son propos, Maître Béraud a ajouté que les traditions se perdaient lorsqu’on n’en comprenait plus leur raison d’être. « Je n’en resterais pas là, intervint Poulenc qui, venu se promener en raquettes avec des amis, nous gratifiait de sa présence ; ne continue-t-on pas de trinquer et de se serrer la main, alors que la plupart des gens ignorent l’origine de ces gestes1 ? Non, dit-il, je suis plutôt enclin à penser que les traditions suivent simplement les évolutions de la société. Dans un monde à peu près homogène, constitué de communautés de cultures proches, les traditions devaient être d’autant plus faciles à suivre qu’elles découlaient de modes de vie, de croyances religieuses et d’un rapport à l’environnement qui se ressemblaient. L’irruption d’autres cultures dans notre monde fait qu’un certain nombre de nos traditions n’ont plus de rapport avec la façon dont vit le plus grand nombre. » Mimiquet, avec qui nous étions heureux de trinquer en cette occasion, lui a fait remarquer que tout n’était pas à rattacher à l’irruption qu’il évoquait. « Elle n’est certainement pas sans effet, dit-il, mais elle a bon dos et elle n’explique pas tout. Vous n’allez tout de même nous dire que c’est elle qui provoque l’évaporation des chrétiens, catholiques, protestants et assimilés inclus ! Et qu’elle est la cause de la perte de sens de la fête de Noël pour le plus grand nombre ! »
Je leur ai rappelé notre dernier déjeuner de Toussaint au cours duquel vous aviez développé l’idée selon laquelle notre monde, disons notre société sinon européenne du moins française, évoluait, tout autant sous l’influence d’autres formes de civilisation venues d’ailleurs, que de son propre mouvement. Vous parliez d’une rivière qui s’écoule et dont les gouttes d’eau qui la composent voient avec inquiétude l’érosion des berges sous leur propre effet. Elles sont dans l’incapacité de modifier le cours des choses que déterminent sans doute la nature des terrains qu’elle traverse et la pente qu’elle suit. Vous filiez la métaphore en considérant que ce flot qui nous emportait tendait – du moins nous l’espérons – à nous faire gagner l’océan de notre épanouissement, où nous pourrions, sinon « Vivre sans temps mort, jouir sans entrave »2, du moins connaître la liberté et l’égalité auxquelles nous aspirons.
Gastinel avait à l’époque relevé que cette aspiration à plus de liberté et d’égalité, qui est dans notre nature et dont l’antagonisme est, selon lui, le moteur de notre société, ne trouve à s’exercer que dans un contexte historique et économique particulier dont la pérennité n’est pas certaine. Il nous a fait remarquer que ce qu’on lit dans la presse ces derniers temps incline à penser que cette pérennité est loin d’être assurée. « Mais encore ? » fit Béraud. « Eh ! Ne vous semble-t-il pas que, sous l’effet d’une opinion publique conditionnée, nous sommes de moins en moins égaux et de moins en moins libres ? L’inégalité de traitement entre ceux qui plaisent au courant de pensée dominant, sinon dans le pays du moins dans les médias, et ceux qui n’ont pas l’heur de leur convenir n’est-elle pas flagrante ? Et quelle est notre liberté, alors que les lois mémorielles3, par exemple, nous interdisent d’avoir une autre opinion que celle du législateur à un moment donné de l’Histoire ? Dans un autre domaine, n’entend-on pas les gens du spectacle, disons ceux qui ne sont pas cantonnés aux scènes d’art et d’essai, convenir qu’ils ne pourraient plus jouer tel sketch qui a fait rire le pays entier il y a quelques années ? On presse le législateur d’imposer en tout domaine ce qu’on doit penser de tout ce qui relève de notre conscience ou de nos convictions. Quelle liberté nous avons conquise ! On a reproché autrefois aux religions, puis, plus récemment aux nazis et aux staliniens, d’imposer une pensée unique et d’éliminer ceux dont l’indépendance d’esprit pouvait affecter leur conception de la société… » – « Vous n’allez tout de même pas nous dire que vous le regrettez ! » explosa Poulenc. « Non, bien sûr, reprit Gastinel, je voulais simplement souligner que l’Histoire montre que ceux qui entendent privilégier la société par rapport à l’individu imposent l’adhésion à leurs convictions et que je perçois dans cette réglementation qui nous dit ce qu’il ne faut pas dire un glissement vers quelque chose d’approchant. Que voulez-vous, l’égalité et la liberté ne font pas spontanément bon ménage et le mélange peut devenir détonnant s’il est mal dosé ! » Mimiquet eut le mot de la fin en lançant : « Et dire que nous en sommes arrivés là parce que le colonel a eu la fève ! »
Nous serons cependant heureux de connaître votre point de vue sur le point critique des mélanges…
Nous vous adressons à nouveau nos vœux les plus amicaux, en espérant que vous nous annoncerez bientôt votre venue pour les vacances d’hiver.

P. Deladret

  1. On prétend que ces gestes étaient censés montrer aux personnes qui les échangeaient qu’elles n’avaient pas l’une envers l’autre d’intention homicide ?
  2. Slogan situationniste de mai 1968.
  3. Lois donnant un point de vue officiel sur des évènements politiques.
2024-01-24T13:54:26+01:00

Édito février 2024 > Vivre sans Dieu ?

« Peut-on vivre sans Dieu ? » C’est la question que nous nous sommes posée avec les aînés lors d’une soirée discussion pendant le camp de ski à Larche à Noël. Ça a été l’occasion d’un bel échange. Nous nous sommes d’abord posé la question de ce que signifiait « vivre », et nous avons fait la distinction entre « donner du sens à sa vie » et « survivre » – c’est-à-dire les choses élémentaires comme se nourrir, se vêtir, s’abriter, se protéger des intempéries, des dangers et des ennemis potentiels, être en bonne santé, se reproduire… Et nous sommes convenus que la réponse est assez claire sur cette question de la survie, que nous partageons avec le monde animal : il est tout à fait possible de se passer de Dieu, de spiritualité ou de religion pour cela. Par contre, pour ce qui est de la question de donner du sens à sa vie, la réflexion est importante et la réponse moins évidente.
Dieu / Religion / Spiritualité
Nous avons alors approfondi la question, en distinguant Dieu, la religion et la spiritualité. Nous ne pouvons que constater que beaucoup de nos contemporains ne se retrouvent pas dans les religions, et qu’ils s’en passent sans pour autant être de mauvaises personnes. Donc, oui, effectivement, on peut vivre vivre sans religion. Pas besoin de religion pour avoir des principes et des repères dans son existence, et pour bien vivre avec les autres.
Pour ce qui est de la spiritualité, nous constatons que c’est une dimension importante dans la vie de beaucoup de personnes, mais que cette notion est tellement large qu’elle peut être, pour certain, déconnectée de la transcendance et du rapport au divin. C’est parfois un rapport à soi-même qui est recherché dans certains courants spirituels ou pratiques de méditation, un rapport à la nature, à la respiration, à la contemplation…

Envisager Dieu
Pour ce qui est de « vivre sans Dieu », nous ne pouvons répondre à cette question que si nous arrivons à préciser ce que nous entendons par « Dieu ». Lors de nos échanges, nous nous sommes posé la question de savoir si ce que nous nommons Dieu est un grand marionnettiste qui décide de tout ce qui se passe sur terre et dans nos vies, et nous ne nous sommes pas reconnus dans cette conception qui induit une religion magique qui ne rendrait pas les personnes libres. Nous ne nous sommes pas reconnus non plus dans une vision d’un Dieu qui serait un juge, qui pèserait nos vies à la balance pour voir si nous mériterions, selon nos actions bonnes ou mauvaise, la récompense ou la punition. Dans ce que nous avons compris du message chrétien, la justice de Dieu n’est pas une justice de condamnation, mais une justice de rétablissement dans la dignité, de réaction contre l’injustice, de lutte contre le mal en nous pour mettre en valeur le bien, le bon et le vrai.

Dieu, source de tout amour
Nous en sommes arrivés à la conclusion que ce que nous appelons Dieu, c’est la source de tout amour, qu’il est présent dans toute personne, dans toutes les relations, et qu’il n’a pas de frontière, pas même celles que nous savons si bien dresser entre croyant et non-croyant, entre pratiquant et non-pratiquant, ou entre les religions. Si Dieu est amour, alors sa puissance se révèle dans sa capacité à se donner à tout le monde et à être totalement gratuit, en dehors de toute notion de mérite. La force de l’amour, ce n’est pas d’agir sur les événements ou les éléments, mais de transformer les cœurs. Ainsi nous pouvons répondre, après toutes ces précisions, que personne ne peut vivre sans Dieu, c’est-à-dire sans amour. Même si les gens ne se reconnaissent pas dans les discours des religions ou les conceptions de Dieu proposées par les grands courants spirituels, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas habités par l’amour de Dieu. Nous nous devons de respecter leur conception d’une vie sans Dieu, mais, comme croyants, nous ne pouvons pas cesser de croire que Dieu est présent dans leur vie et qu’il est la source de ce qui y est beau, bon et vrai. Notre mission consiste aussi à savoir nous émerveiller de cette présence de Dieu en chaque personne humaine.

Mettre en pratique l’amour reçu
Cette manière de voir les choses peut nous permettre aussi de comprendre pourquoi les croyants donnent une grande importance à la religion : elle est le moyen de toujours mieux comprendre la bonne nouvelle chrétienne et de la vivre concrètement par des pratiques religieuses qui ne sont pas dans le registre du mérite – comme s’il fallait être un bon pratiquant des rites religieux pour être aimé de Dieu – mais parce que nous avons besoin que notre foi soit vécue concrètement, physiquement et communautairement, car nous sommes des êtres incarnés pour qui l’essentiel passe par notre corps. Les pratiques rituelles et religieuses ne sont pas des fins en soi, elles aident les croyants à toujours mieux comprendre qu’ils sont habités par l’amour, et que la réponse à cet amour reçu gracieusement se manifeste dans l’amour donné gratuitement aux autres.

Dieu, une personne
Cette acception de Dieu comme amour peut sembler incompatible avec la personnification de Dieu dans les grandes religions monothéistes. Pour les croyants c’est très cohérent : l’amour se donne à voir et se vit en nous, mais aussi et surtout dans les relations que nous établissons les uns avec les autres. Le récit biblique inaugure, avec le peuple hébreu, cette relation entre le Dieu d’amour et les hommes, le plus souvent par l’intermédiaire des prophètes. Pour les chrétiens, cette relation interpersonnelle entre Dieu et l’humanité s’accomplit pleinement dans son incarnation en Jésus. Par sa proximité avec nous, Jésus amène l’humanité à comprendre et à accueillir ce qu’il désire que nous vivions avec lui et les uns avec les autres : une relation de confiance, de fraternité, de filiation qui transforme toutes nos relations humaines en relation d’amour.

Olivier

2024-01-30T18:45:34+01:00