Textes Prières

Souviens-toi

Nous te louons et nous te bénissons de nous avoir révélé ton amour.
Fais-nous la grâce de marcher d’une manière digne de la vocation
que tu nous as adressée en ton Fils.

Souviens-toi de ton peuple dans le monde entier :
nous te prions pour l’Église qui dort, afin que tu la réveilles ;
pour l’Église sur la croix, afin que tu l’assistes de ta force ;
pour l’Église fidèle, afin qu’elle recherche ta seule gloire.

Souviens-toi de ceux qui détiennent dans le monde le pouvoir et la force :
nous te prions pour tous ceux qui gouvernent,
afin que tu leur apparaisses comme le Maître dont ils sont les serviteurs.
Nous te confions ceux qui gouvernent bien, afin que tu les affermisses,
et ceux qui gouvernent mal, afin que, selon ton bon plaisir,
tu convertisses leur cœur ou que tu mettes un terme à leur pouvoir.

Souviens-toi de ceux qui passent par l’épreuve :
nous te prions pour ceux qui doutent, afin que tu leur donnes la foi ;
pour ceux qui s’égarent, afin que tu les rencontres ;
pour ceux qui sont seuls ou abandonnés, afin que tu leur envoies des frères.

Nous te confions les affligés, les malades, les mourants,
afin que ta force se manifeste dans leur faiblesse.

Dieu tout-puissant, notre Père, qui accueilles avec bonté nos prières,
permets qu’à travers elles nous t’apportions aussi l’offrande de nos vies,
par Jésus Christ, notre Seigneur. Amen.

Karl Barth, théologien protestant (1886-1968)

2022-01-15T10:15:31+01:00

Je connais des bateaux

Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort,
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer une voile au dehors.

Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir,
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés,
Leur voyage est fini avant de commencer.

Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu’ils en ont désappris comment se regarder,
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment sûrs de ne pas se quitter.

Je connais des bateaux qui s’en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l’orage est sur eux,
Je connais des bateaux qui s’égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux.

Je connais des bateaux qui n’ont jamais fini
De s’épouser encore chaque jour de leur vie,
Et qui ne craignent pas, parfois, de s’éloigner
L’un de l’autre un moment pour mieux se retrouver.

Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts,
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil.

Je connais des bateaux qui reviennent d’amour
Quand ils ont navigué jusqu’à leur dernier jour,
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu’ils ont le cœur à taille d’océan.

Mannick
Paroles et Musique : Marie-Annick Rétif – 1980

2022-01-15T10:14:54+01:00

Notre Père qui es aux cieux

N’est-ce pas extraordinaire que nous puissions appeler Dieu « Père » ? Le mot que Jésus emploie est même plus familier, c’est plutôt « Papa ».
La prière nous place, non devant un Dieu terrifiant qui nous regarderait du haut de sa grandeur, mais sous le regard infiniment tendre et aimant d’un Père parfait. Pas de n’importe quel père : un père qui est Dieu. Infiniment proche de nous, Il est aussi « aux cieux », c’est-à-dire le Tout autre. Et ce n’est pas seulement mon Père, mais notre Père même si je prie tout seul, je suis relié à la multitude des hommes qui, tous, sont fils du Père. Je prie toujours avec mes frères.
Que ton nom soit sanctifié
Le nom est bien plus qu’une simple appellation le nom de Dieu, c’est Dieu Lui-même. Par la prière, Dieu nous fait entrer dans sa sainteté. Il nous apprend à la connaître, à la proclamer et à en vivre.
Que ton règne vienne
Tout l’Évangile annonce la venue du Royaume, et les derniers mots de la Bible, « Marana tha », l’appellent avec ardeur. Plus qu’une demande, il s’agit d’un cri de confiance et d’impatience, d’une parole d’Espérance : « Vienne la plénitude de ton règne qui est déjà là, en train de s’accomplir ».
Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel
On pense souvent que cette demande nous impose de nous résigner devant les malheurs que Dieu semble permettre. Comme si Dieu voulait que nous soyons malheureux ! Au contraire Il nous a créés pour nous faire partager son bonheur. Mais Il ne peut pas nous rendre heureux malgré nous. Encore faut-il que nous acceptions de Le suivre. Faire la volonté de Dieu, répondre « oui » à ce qu’il demande, c’est exprimer dans le concret de nos vies que nous avons confiance en Lui : nous sommes sûrs qu’Il veut pour nous le meilleur.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Le pain représente tout ce qui est nécessaire à la vie ; c’est donc plus que le pain : une maison, un travail, des vêtements. C’est aussi, bien sûr, le Pain Eucharistique. Nous demandons ce qu’il nous faut juste pour aujourd’hui parce que nous savons que, demain, le Père continuera de veiller sur nous. « Ne vous inquiétez pas du lendemain, nous dit Jésus, demain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit Sa peine » (Mt 6,34). Pour exaucer cette demande, Dieu a besoin de nous. Il compte sur nous pour soulager la faim de nos frères et offrir à chaque homme de quoi vivre dignement.
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
Lorsque Dieu nous pardonne, est-ce seulement parce que nous pardonnons aux autres ? Heureusement que non. La miséricorde de Dieu nous précède toujours. Nous serions incapables de pardonner à nos frères si Dieu ne nous pardonnait pas le premier. Mais Dieu ne nous impose pas son pardon : si nous Lui fermons notre cœur, son pardon reste à l’extérieur de nous-mêmes, comme un cadeau inutilisé. Le seul moyen d’ouvrir notre cœur pour accueillir le pardon de Dieu, c’est de pardonner.
Et ne nous soumets pas à la tentation
Ce n’est jamais Dieu qui nous tente, qui nous incite à faire le mal, c’est le Tentateur, le diviseur. Jésus Lui-même a connu la tentation, par trois fois, dans le désert : Il sait que pour en triompher nous avons besoin d’être unis au Père. « Veillez et priez, nous dit-il, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26,41)
Mais délivre-nous du Mal
En formulant cette demande, nous savons qu’elle est déjà exaucée : Jésus ressuscité est vainqueur à jamais du Mal. En Lui, déjà, nous sommes sauvés. Même si nous connaissons encore le péché, la souffrance, la maladie, la misère et la mort, nous sommes sûrs que le Mal n’aura pas le dernier mot.

2022-01-15T10:13:58+01:00

Dialogue amniotique

La vie existe-elle après l’accouchement ?
Dans le ventre d’une femme enceinte se trouvent deux embryons.
L’un est croyant, l’autre est non-croyant.
Le petit non-croyant :
Comment quelqu’un peut-il croire à la vie après l’accouchement ?
Le petit croyant :
Mais naturellement. Il n’y a aucun doute qu’il y ait une vie après l’accouchement. Notre vie ici n’a de sens que parce que l’on grandit pour nous préparer à la vie après l’accouchement. Nous devons ici prendre de la force pour ce qui nous attend plus tard.
Le petit non-croyant :
Cela n’a aucun sens. Il n’existe pas de vie après l’accouchement. Quelle forme peut avoir une telle vie ?
Le petit croyant :
Ça, je ne peux pas le savoir exactement. Mais c’est sûr qu’il y a plus de lumière qu’ici. Et peut être pourrons nous manger avec notre bouche, courir avec nos jambes et…
Le petit non-croyant :
Arrête un peu avec ces sornettes. Courir ? Ce n’est pas possible. Et une bouche qui mange est une image ridicule. Et pourquoi ? Nous avons notre cordon ombilical qui nous nourrit. Et c’est évident que le cordon ombilical ne peut nous conduire quelque part tellement il est court.
Le petit croyant :
Ce doit être sûrement possible. Ce sera sûrement totalement différent quand nous nous y habituerons.
Le petit non-croyant :
Et personne n’en est jamais revenu. Compris ? Avec l’accouchement finit la vie. C’est aussi simple que cela. Et surtout, la vie n’est rien de plus qu’une grande plaie dans le noir.
Le petit croyant :
Oui, je suis d’accord que nous n’avons aucune représentation de la vie après l’accouchement. Dans tous les cas, nous verrons enfin notre maman. Et elle prendra soin de nous.
Le petit non-croyant :
Maman ? Tu crois à une maman ? Et qui est-elle ?
Le petit croyant :
Elle est tout autour de nous. Nous vivons en elle et par elle. Sans elle, nous n’existerions pas.
Le petit non-croyant :
C’est le top de la confusion ! Je n’ai pas vu le moindre bout de maman ici. La conclusion finale est qu’il n’y en a pas !
Le petit croyant :
Quelquefois, quand un calme bienfaisant apparaît, nous pouvons percevoir son chant. Nous pouvons aussi sentir comment elle caresse notre monde. C’est pourquoi je suis sûr que c’est alors que la vraie vie commence.

2022-01-15T10:06:57+01:00

Je Crois

Aujourd’hui, dans la nuit du monde
et dans l’espérance de la Bonne Nouvelle,
j’affirme avec audace ma foi dans l’avenir de l’humanité.
Je refuse de croire que les circonstances actuelles
rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure.
Je refuse de croire que l’être humain ne soit qu’un fétu de paille
ballotté par le courant de la vie,
sans avoir la possibilité d’influencer en quoi que ce soit
le cours des évènements.
Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent que l’homme
est à ce point captif de la nuit sans étoile,
du racisme et de la guerre ;
que l’aurore radieuse de la paix et de la fraternité
ne pourra jamais devenir une réalité.
Je refuse de faire mienne la prédiction cynique
que les peuples descendront l’un après l’autre dans le tourbillon du militarisme
vers l’enfer de la destruction thermonucléaire.
Je crois que la vérité et l’amour sans conditions
auront le dernier mot effectivement.
La vie, même vaincue provisoirement,
demeure toujours plus forte que la mort.
Je crois fermement que,
même au milieu des obus qui éclatent et des canons qui tonnent,
il reste l’espoir d’un matin radieux.
J’ose croire qu’un jour tous les habitants de la terre pourront recevoir
trois repas par jour pour la vie de leur corps,
l’éducation et la culture pour la santé de leur esprit,
l’égalité et la liberté pour la vie de leur cœur.
Je crois également qu’un jour toute l’humanité reconnaîtra en Dieu
la source de son amour.
Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi.
Le loup et l’agneau pourront se reposer ensemble.
Chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne
et personne n’aura plus raison d’avoir peur.
Je crois fermement que nous l’emporterons.
Amen.

Martin Luther King
le 10 décembre 1964

2022-01-15T10:05:55+01:00

Je vous salue, Marie, pleine de grâce

Je vous salue, Marie, pleine de grâce,
Je vous prie pour les Vieux,
Ceux qui sont sans foyer, ceux qui n’ont plus de place
Et qui n’ont plus de feu.
Pour les petits enfants, je vous salue, Marie,
Pour les petits enfants, si la mère est partie.
Ils pleurent dans la nuit, quand la nuit est trop noire.
Ils n’ont plus de baisers, plus de belles histoires,
Si la mère est partie.
Vous qui fûtes bénie entre toutes les femmes
Je vous prie pour les femmes qui prostituent l’Amour
Je vous prie pour les Jeunes qui, se donnant sans âme
Profanent aussi l’Amour.
Pour toute la jeunesse, je vous salue, Marie.
La jeunesse à présent, qui ne sait plus qu’on prie
Qui ne sait plus qu’on aime, qui ne sait plus qu’on rit,
Et qui trouve la drogue en cherchant un abri.
Je vous prie pour les Jeunes qui tombaient pour nos haines
Dont le cri d’agonie est peut-être anathème
Je vous salue, Marie, pour tous les cœurs blasés
Je vous salue, Marie, pour tous les cœurs, brisés,
Je vous salue, Marie, pour tous les cœurs comblés.

Antoine de Saint-Exupery

2022-01-15T10:05:03+01:00

Le jeune homme et la Bible

Un jeune homme s’apprêtait à obtenir son diplôme de fin d’études. Pendant plusieurs mois il avait admiré une belle voiture sport exposée dans un salon d’exposition et sachant que son père pouvait bien la lui offrir, il lui avait déjà dit que c’est ça qu’il voulait comme cadeau.
Comme le jour de la remise des diplômes approchait, le jeune homme s’attendait à voir des signes que son père lui avait déjà acheté la voiture.
Finalement, au matin du jour « j », son père l’appela dans son bureau et il lui dit comment il était fier d’avoir un fils aussi intelligent et formidable, et comment il l’aimait beaucoup. Le père tendit à son fils une boîte dans un emballage cadeau ; curieux mais aussi déçu, le jeune homme ouvrit la boîte et découvrit une belle Bible avec une couverture en cuir.
Très furieux, il éleva la voix contre son père et lui dit ; « avec tout ton argent, tu ne m’offres qu’une Bible ? » et claquant la porte, il sortit de la maison en laissant derrière lui la Sainte Bible.
Plusieurs années ont passé et le jeune homme se trouva couronné de succès dans le monde des affaires, il s’acheta une grande et belle maison et il fonda une famille merveilleuse ; il se souvint de son père qui était devenu très vieux et se dit qu’il devait aller le voir, car il ne l’avait plus revu depuis le jour où il avait obtenu son diplôme.
Juste avant de partir, il reçut un télégramme lui disant que son vieux père venait de mourir et qu’il avait cédé tous ses biens à son fils. Il devait donc partir immédiatement pour s’occuper de son héritage.
Quand il arriva dans la maison de son père, soudain, son cœur fut rempli de tristesse et de regret… il se mit à fouiller dans les dossiers importants de son père et il tomba sur cette Bible à l’endroit même où il l’avait laissée il y a plusieurs années. Il éclata en sanglots, ouvrit la Bible et se mit à tourner les pages.
Et comme il lisait ces paroles, une clef de voiture tomba d’une enveloppe qui était collée à la couverture arrière de la Bible. La clef avait une étiquette avec le nom du concessionnaire automobile, le même concessionnaire qui vendait la belle voiture sport qu’il désirait tant avoir et sur l’étiquette figurait la date du jour de la remise de son diplôme, et ces mots… « tout est payé »

2022-01-15T10:02:57+01:00

Il y eut un orage

Il y eut un orage avec de violents coups de tonnerre
Dieu n’était pas dans les coups de tonnerre.

Il y eut un déploiement de la force des armées romaines
Dieu n’était pas dans le déploiement de la force des armées.

Il y eut un cri de vengeance dans la nuit
Dieu n’était pas dans le cri de vengeance.

Il y eut des larmes de désespoir dans une maison
Dieu n’était pas dans les larmes de désespoir.

Il y eut l’arrivée d’un enfant dans une mangeoire.
Comme tout enfant il était germe de vie
Et Dieu était cet enfant
Dieu comme nous, Dieu avec nous.

Il n’était pas là pour arrêter l’orage
Du ciel ou des hommes.
Il était là pour être avec nous
Tout simplement
Pour nous accompagner
Dans nos folies et nos désespérances
Afin qu’elles deviennent amour et espérance.

Il n’était pas là pour tout effacer
Mais pour nous dire :
Je suis avec vous
Dans vos craintes, dans vos espoirs
Dans vos luttes, dans vos souffrances.

Jésus-Dieu avec nous
Non pour faire pour nous, mais pour faire avec nous. Habiter avec nous.

C’est cette folle espérance
Que les bergers sont venus chercher à la crèche
Eux, les exclus du peuple,

Ils ont compris
que cet enfant les accueillait.
L’Espérance avait pris corps

C’est cette folle espérance
Que nous continuons d’accueillir aujourd’hui !

Une folle espérance remise en cause

Malheur à celui qui n’a pas de travail…. !
Malheur à celui qui ne peut payer son loyer… !
Malheur à l’étranger qui veut vivre en famille… !

Exclusions, mensonges, tueries,
Larmes, tristesse, cris.
Jésus en croix ou en enfance
a connu cette ambiance !

Une folle espérance que nous vivons aujourd’hui….

Jésus ressuscité c’est Jésus avec nous :
Notre espérance ne peut mourir.
Avec lui, nous bâtissons la communion des vivants
Qui fait de nous des solidaires
Et brise nos solitudes.

Comme les bergers de la crèche,
Jésus nous relance dans l’avenir
Lorsque nous réveillons la justice, l’accueil et l’amour,
Lorsque nous remettons l’homme au centre des décisions.

Les membres de la
Mission Ouvrière

2022-01-15T10:01:25+01:00

Je ne peux pas dire Père

Je ne peux pas dire PÈRE,
si dans ma vie, il n’y a pas une place pour les autres et leurs besoins.

Je ne peux pas dire NOTRE,
si je ne montre pas cette relation dans ma vie quotidienne.

Je ne peux pas dire QUI ES AUX CIEUX,
si tous mes intérêts et mes activités sont sur cette terre.

Je ne peux pas dire QUE TON NOM SOIT SANCTIFIE,
si moi qui porte son Nom, je ne suis pas saint.

Je ne peux pas dire QUE TON RÈGNE VIENNE,
si je ne veux pas renoncer à ma souveraineté et accepter la justice du règne de Dieu.

Je ne peux pas dire QUE TA VOLONTÉ SOIT FAITE,
si je n’accepte pas la volonté de Dieu dans ma vie ou si je suis irrité à cause de Sa volonté.

Je ne peux pas dire SUR LA TERRE COMME AU CIEL,
si je ne suis pas prêt à me mettre moi-même maintenant à Son service.

Je ne peux pas dire DONNE NOUS AUJOURD’HUI NOTRE PAIN DE CE JOUR, si je ne fais pas sincèrement effort pour le gagner ou si je feins de ne pas connaître les besoins d’autrui.

Je ne peux pas dire PARDONNE NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES, si je continue à garder de la rancune contre quelqu’un.

Je ne peux pas dire DÉLIVRE NOUS DU MAL
si je ne suis pas prêt à lutter dans le royaume spirituel avec l’arme décisive de la prière.

Je ne peux pas dire A TOI LE RÈGNE,
si je n’obéis pas comme un sujet fidèle.

Je ne peux pas dire A TOI LA PUISSANCE ET LA GLOIRE,
si j’ai peur de ce que peuvent dire mes voisins.

Je ne peux pas dire DANS LES SIÈCLES,
si je me tourmente pour les évènements de chaque jour.

Je ne peux pas dire AINSI SOIT-IL,
si je ne puis dire sincèrement « coûte que coûte, ceci est ma prière »

2022-01-15T09:57:47+01:00

Si

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling, traduction de Paul Éluard

2022-01-15T09:58:17+01:00