Spiritualité

L’Évangile du mois de mai 2021

Dimanche 16 mai, nous célébrerons le 7e dimanche du Temps Pascal.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

Le contexte

Ce passage est un extrait de la prière que Jésus fait à son Père. Elle exprime un peu aussi son testament spirituel.

Garde-les en ton nom

Jésus demande au Père de garder les disciples dans la foi et la communion. Dans l’Église, il y a des personnes que j’aime et d’autres moins. Si Jésus prie pour ceux que je n’aime pas, il me faut convertir mon regard.

Qu’ils soient un

Cette expression qui sera répétée plus loin constitue le sommet de la prière de Jésus. Nous pouvons le comprendre de trois manières :

  1. Qu’ils soient unis entre eux et pas divisés.
  2. Que cette unité soit véritablement fondée en Dieu.
  3. Que chacun soit un, c’est-à-dire unifié dans sa personne.

Ce Nom que tu m’as donné

C’est au nom de cette communion avec Dieu que Jésus a gardé ses disciples. Il n’a pas fait que les enseigner, il les a aussi protégés. D’ailleurs, au moment de son arrestation, Jésus veillera à les épargner. On peut trouver curieux qu’au verset précédent Jésus prie le Père de garder les disciples dans son nom puis qu’il dise au passé qu’il les a gardés. En Jésus, il n’y a pas de séparation entre sa prière et son action. Ainsi, il prie ce qu’il fait et il fait ce qu’il prie !

Une joie complète

Cette joie n’a rien à voir avec une quelconque satisfaction matérielle, elle réside dans le sentiment d’une plénitude intérieure. Nous savons ce qui va se passer après la résurrection. Les disciples vont être détestés, parfois persécutés mais ils vont être aussi habités par la joie de ceux qui savent pourquoi ils vivent. En s’adressant à Dieu dans la prière, Jésus parle aussi à ses disciples pour qu’ils restent accrochés à la joie du Christ.

Être du monde

Une des spécificités des disciples est de n’être pas du monde. Autrement dit, leur nationalité devient seconde et tous les humains deviennent des frères en humanité. Comme le dit le cantique, « notre cité se trouve dans les Cieux » non pas au ciel mais en Dieu.

Non pas les enlever du monde mais les garder du Mauvais

Le but ultime de Jésus n’est pas de sauver ses disciples du monde mais de les sauver avec le monde. Ce monde n’est pas une réalité mauvaise en soi mais elle est à transformer. « Jésus n’est pas venu pour condamner le monde mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé ».

Sanctifie-les dans la Vérité

C’est la vérité de la parole qui fait que les disciples ne sont pas du monde tout en demeurant dans le monde. Cette parole de Dieu qu’ils relaient n’est pas la leur, ils ne l’ont pas inventée mais ils acceptent de la partager, de la communiquer au monde avec humilité et persévérance. En régime chrétien, c’est la parole qui sanctifie, qui consacre les personnes. Ainsi, les disciples que nous sommes sont sanctifiés par la parole que nous avons la responsabilité d’offrir au monde. Charge à nous de ne pas la trahir, de la vivre, de l’honorer. Cette parole est une parole vivante et qui donne vie à celui qui l’écoute.

Didier Rocca

Le mot du jour : Nom

Dans la pensée hébraïque, nommer quelqu’un est une façon de définir son être.  Le nom participe de son identité.
Dans le Notre Père, ne disons-nous pas « Que ton nom soit sanctifié » ?
D’ailleurs, dans la bible, changer de nom c’est changer d’identité. Saül devient Paul ; Abram devient Abraham…

2021-04-26T10:56:43+02:00

Édito avril 2021 > Dieu de la vie

Dieu se révèle comme le maître de la vie dans toutes les religions, et dans la Bible en particulier. Il est source de vie, créateur, il prend soin de sa création. Dans les Évangiles, il s’incarne en Jésus Christ et nous donne à découvrir son projet de vie et de salut : il s’identifie à l’humanité souffrante et lui ouvre un avenir, il guérit, il relève, il sauve. Il traverse la mort… C’est ce que nous venons de célébrer lors de la fête de Pâques.

L’Église au service de la vie
L’Église, comme incarnation du corps du Christ, se doit d’être aussi au service de la vie. C’est sa mission, sa priorité. Cependant, aux yeux des gens, cette mission n’est pas toujours perçue et l’attitude de l’Église se réduit parfois au moralisme et au jugement sur la vie des personnes. Sur les grandes questions de morale et d’éthique, il est normal que l’on attende de l’Église qu’elle se positionne et qu’elle s’exprime. Dans l’absolu, les représentants de l’Église peuvent répondre à certaines grandes questions sur la procréation, l’avortement, la fin de vie ou la sexualité, mais ces prises de position peuvent devenir blessantes si les personnes qui les reçoivent les interprètent comme des critères de jugement sur leur vie. En effet, il y a une différence entre l’idéal que nous pouvons promouvoir et la prise en compte de tous les cas particuliers et des situations concrètes que vivent les personnes que nous rencontrons.

Une parole absolue
Si l’on attend de l’Église qu’elle donne une réponse théorique idéale, alors elle ne peut que prôner le respect sans condition de la vie. Il serait choquant de comprendre que Dieu pourrait vouloir autre chose. Dans l’idéal, toute atteinte à la vie doit être évitée, ce qui explique les positions radicales sur l’avortement, l’euthanasie, ou la recherche médicale sur les embryons humains ; si l’on ouvre la boîte de Pandore et que l’on accepte par principe que la vie puisse devenir un objet et qu’elle n’a pas une valeur inaliénable, alors on risque au bout du compte d’en arriver à accepter l’inacceptable : l’eugénisme, la marchandisation de la vie, et toutes les dérives qui ont par exemple été mises en œuvre par le régime nazi, qui s’est arrogé le droit de juger de la valeur de la vie de personnes considérées comme inférieures ou inutiles.

Tu ne jugeras pas
Lorsque l’Église rappelle l’idéal, ce n’est pas un jugement, c’est une promesse, une direction, un cap proposé pour promouvoir le bon, le vrai, le beau. L’Église est constituées d’hommes imparfaits qui ont eux-mêmes besoin du pardon de Dieu dans leur vie. L’Église peut critiquer des attitudes, alerter sur des comportements, donner son avis sur des conduites à suivre, mais si elle s’autorise à juger les personnes, alors elle outrepasse sa mission, car le seul juge, pour le croyant, c’est Dieu, et son jugement n’est pas le même que celui des hommes. Le jugement des hommes est un jugement de condamnation et de punition, qui réduit la personne à ses actes et qui l’enferme dans ses erreurs. Le jugement de Dieu est une main tendue vers celui qui a chuté, c’est une promesse de guérison possible, d’avenir ouvert, de relèvement, de pardon et de progrès. Si l’Église se permet de juger alors que le Christ lui-même ne l’a pas fait lorsqu’il a rencontré des personnes en état de pêché, alors elle trahit ce Dieu qu’elle prétend servir et elle pervertit la Bonne Nouvelle qu’elle devrait annoncer.

Le respect absolu de toute personne
Accueillir la Bonne Nouvelle, c’est se sentir accueilli soi-même, malgré ses erreurs. Pour être capable de témoigner de l’amour de Dieu il faut se reconnaître pécheur pardonné, et avoir expérimenté le pardon plus fort que ses faiblesses ou ses péchés. Il est facile d’accueillir ceux qui vont bien, qui sont « dans les clous », qui traversent la vie comme un long fleuve tranquille, mais c’est plus difficile d’accompagner ceux qui traversent des difficultés, qui n’ont pas fait les bons choix, qui ont été blessés par la vie, qui ont été séduits par des dieux artificiels. Ce sont pourtant ces personnes qui ont le plus besoin de l’amour de Dieu que l’Église doit transmettre. Il pourrait être facile de les juger et de les enfermer dans des préjugés moralisateurs, mais cela ne ferait qu’augmenter leur malaise et leur mal-être. Être au service de la vie, c’est reconnaître que nous sommes tous de cette même pâte humaine fragile et faillible et que nous avons besoin de nous sentir soutenus, relevés, pardonnés. Être au service de la vie, c’est prendre à bras le corps celles et ceux qui sont dans la difficulté et leur offrir une espérance.

Une nouvelle morale
À la suite du Christ, l’Église et tous les chrétiens qui la constituent ont pour mission de rappeler l’idéal de promotion de la vie, en se rappelant que faire cela, c’est précisément ne jamais réduire la personne au pêché qui détruit sa vie, mais c’est au contraire l’aimer et lui ouvrir un avenir. Il ne s’agit pas de dire que le mal est comme le bien, mais de dire que le mal n’a pas le dernier mot et que toute personne, même celle qui a été engluée dans le mal, peut sortir victorieuse de ce combat.

Olivier

2021-03-27T08:54:23+01:00

L’Évangile du mois d’avril 2021

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

Une fois terminé le sabbat, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums afin d’embaumer le corps. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles vinrent au tombeau au lever du soleil.
Elles s’étaient bien posé la question : « Qui nous roulera la pierre de devant le tombeau ? »
Mais au premier regard, elles virent que la pierre avait été roulée de côté, et il s’agissait d’une pierre énorme.
Elles entrent alors dans le tombeau et elles voient un jeune homme assis à droite, vêtu d’une tunique blanche. Elles sont saisies de frayeur, mais il leur dit : « Ne vous effrayez pas ! Vous cherchez Jésus le Nazaréen, celui qu’on a crucifié ? C’est bien ici qu’on l’avait mis, mais il est ressuscité, il n’est pas ici. Allez dire à ses disciples, et à Pierre, qu’il vous précède en Galilée ; là vous le verrez comme il vous l’a dit »..

Le contexte
Marc vient de relater la mort de Jésus et son ensevelissement la veille du sabbat au soir du vendredi saint. Le samedi sera le temps du silence. Marc n’en dit rien. Même s’il n’y a aucun témoin de la résurrection proprement dite, certaines femmes ont été témoins de la présence du Ressuscité. Comment Marc en parle-t-il ?

Une re-création
Des détails mentionnés par Marc peuvent attirer notre attention : le premier jour de la semaine, au lever du soleil. Nous sommes invités à comprendre que ce qui va suivre évoque l’idée d’une nouvelle création qui complète en quelque sorte celle racontée dans la Genèse.

Qui va déplacer la pierre ?
Remarquons aussi un élément bien étrange : les femmes préparent leur expédition depuis la veille au soir et elles ne s’étaient pas encore posé cette question toute simple : « Qui va rouler la pierre ? » On se dit qu’elles auraient pu y penser avant ! Mais heureusement, la pierre est déjà roulée. Elles peuvent entrer et voient un jeune homme habillé de blanc. Et là, leur étonnement commence : elles venaient embaumer un cadavre et elles rencontrent un ange ! Et ce qu’il leur dit leur révèle la véritable raison de leur périple matinal : non pas embaumer un corps, mais plutôt chercher Jésus. Et l’ange leur délivre alors le message de Pâques : « Vous cherchez Jésus ? Il est ressuscité ; il n’est pas ici ; voyez le lieu où on l’avait placé ».

La mission donnée par l’ange
Dans un deuxième temps, l’ange va leur donner une mission : « Allez dire à ses disciples, et notamment à Pierre qu’il vous précède en Galilée. Là, vous le verrez, comme il vous l’a dit ».
Pourquoi la mention de Pierre ? Peut-être parce qu’il en a encore plus besoin que les autres, lui qui vient de renier son maître. Et puis brusquement, plus rien ne se passe. Les femmes sortent, s’enfuient toutes tremblantes et en définitive nous dit Marc, elles ne disent rien à personne, car elles avaient peur…
Comme cela nous ressemble ! Comme il est difficile d’être témoin ! On aurait envie de leur dire : « Allez, foncez, faites ce que Jésus vous dit, c’est tellement grand ». Les disciples avaient abandonné Jésus au fur et à mesure que les événements tournaient mal pour lui… Comme il est difficile parfois pour nous de rester fidèles quand les événements tournent mal ou quand on fait l’objet, à cause de notre foi, de dérision. Mais voici maintenant, que ces femmes elles aussi, fuient, affolées par l’expérience qu’elles viennent de faire et par la mission qui leur est confiée. Cela n’est pas bien réjouissant…

La résurrection, nous bouleverse
Ce que Marc veut dire, c’est que l’Évangile n’est pas une Bonne Nouvelle que l’on pourrait accepter « comme ça », pépère, sans en être bouleversé ! La foi chrétienne, ce ne sont pas des valeurs auxquelles il suffirait d’adhérer uniquement quand tout va bien. La foi pascale, c’est l’expérience d’une vie nouvelle, une expérience que seuls ceux qui ont déjà vécu une certaine mort, un certain trouble peuvent saisir au plus profond. La foi pascale, c’est la certitude que de la vie peut jaillir de la mort au sens propre comme au figuré. La foi pascale, c’est l’attachement à une personne qui nous ouvre à une vie vraiment nouvelle.
La réaction des femmes nous rappelle que des mots ne suffisent pas à porter un message, il faut aussi que les messagers soient préparés à le transmettre. Ce qui doit nous rassurer : Vraiment mal partie, cette bonne nouvelle se transmet encore partout dans le monde.

Didier Rocca

Le mot du jour : Pâques

Ce terme signifie « passage » en hébreu. À l’origine, il s’agit du passage du peuple hébreu de l’esclavage en Égypte à la libération en Terre Promise. Cette dynamique de libération prend un sens nouveau dans la résurrection de Jésus puisque Jésus réalise cette Pâque en passant de la mort à la vie. Dans ce mouvement de mort-résurrection que l’on appelle mystère pascal, tout homme y est associé. Telle est l’espérance chrétienne. La mort n’a pas le dernier mot. Dans le Christ, nous mourrons et nous ressusciterons.

2021-03-27T10:07:16+01:00

Édito mars 2021 > Le chemin vers Pâques

Avec le temps du carême qui nous prépare à célébrer les fêtes de Pâques dans quelques semaines, nous sommes plongés dans le mystère chrétien du visage de Dieu révélé par Jésus Christ : pauvre parmi les pauvres, humble parmi les humbles, marginal parmi les marginaux. Non seulement il se fait proche des petits et des exclus, mais il va plus loin, il s’identifie à eux, il vit leur vie. Il s’agit pour Dieu de nous faire comprendre son projet, car s’il partage nos souffrances et nos misères, c’est pour nous ouvrir un avenir, un salut, un relèvement, une guérison. S’il souffre, comme nous, il se révèle aussi victorieux du mal et de la mort, et il nous associe à cette victoire. C’est ce que nous célébrerons à Pâques.

Dieu proche
Durant le temps du carême nous relisons l’itinéraire du Christ qui n’a de cesse de venir rencontrer les femmes et les hommes dans l’affliction afin de leur donner l’espérance. Il annonce la Bonne Nouvelle du salut offert à tous et il l’incarne. Il ne se paye pas de mots, ses paroles deviennent des actes : il guérit, il libère du mal, il soulage et il console. Les récits peuvent parfois être emprunts de magie et de signes extraordinaires mais, au-delà de cette manière de présenter la vie de Jésus, il nous faut entendre ce qu’ils illustrent : un Dieu qui se laisse toucher par la condition douloureuse de l’humanité et qui lui veut du bien.

Nous ouvrir à Dieu
Le temps du carême nous invite à regarder nos existences avec les yeux de Dieu. En faisant la vérité, sans fausse pudeur et sans hypocrisie, en assumant nos faiblesses et nos égarements, en osant nous montrer tels que nous sommes sans le jeu des apparences. Poser sur nos vies le même regard que Dieu, c’est aussi reconnaître qu’un avenir nous est proposé, nous émerveiller que le salut nous soit offert, découvrir que notre péché peut être combattu. Temps de relecture et d’introspection, le carême ne doit pas nous faire tomber dans un nombrilisme mortifère et culpabilisant, mais il peut nous permettre de nous tourner vers Dieu qui nous communique son désir : que nous sachions accueillir sa force d’amour dans nos vies. C’est le véritable sens de la conversion : un mouvement qui nous permet de nous ouvrir à Dieu, avant d’être un effort de l’homme pour se conformer à ce que Dieu lui commande.

Chemin d’humanité
La prière, les efforts de partage et de maitrise de nos instincts qui jalonnent ce temps de conversion en profondeur, sont des moyens pour nous accompagner dans cette dynamique de vie. Nous sommes invités à vivre ces jalons avec joie, comme un entraînement vers plus de liberté, de justice et de solidarité. Être chrétien, c’est prendre le chemin de la véritable humanité telle que voulue par Dieu, loin des égarements de l’homme lorsqu’il se prend pour une divinité et décide de ce qui est bien et mal, esclave de ses pulsions de peur et de ses fantasmes de toute puissance. L’authentique visage de l’homme est dévoilé en Jésus Christ : ouvert, compatissant, vulnérable face à la violence des hommes, solide dans la foi, résistant aux tentations.

Incarner le visage de Dieu
L’Église a pour vocation d’incarner ce visage de Dieu dans tous les lieux, dans tous les temps, dans toutes les situations, auprès de toutes les femmes et de tous les hommes, sans aucune limite. C’est le sens de la mission : il s’agit de convertir l’humanité à la relation à Dieu, plutôt que de faire changer de religion. Nous devons lutter contre une conception de la mission comprise comme propagande et prosélytisme. La conversion est un mouvement qui concerne en premier lieu ceux qui sont déjà croyants, car nous n’avons jamais fini de nous tourner vers le véritable visage de Dieu. Nous devons nous méfier de la tentation de nous faire un Dieu à notre image, étriqué, qui punit, qui rétribue, qui marchande. C’est dans la contemplation et la fréquentation du Christ que nous découvrons l’authentique visage de Dieu et que nous pouvons discerner comment l’incarner à notre tour.

Inventer la mission
Pour vivre cette mission, il n’y a pas de recette miracle, de mode d’emploi tout établi ou de règle stricte : selon nos dispositions, nos capacités, dans les diverses époques et situations de nos existences, nous avons à inventer notre propre manière d’annoncer par nos gestes et nos paroles cette Bonne Nouvelle. Dieu fait confiance à notre génie pour que nous sachions traduire l’Évangile dans nos vies afin qu’il soit audible et reçu par les femmes et les hommes de notre temps. Il nous faut beaucoup de délicatesse pour annoncer l’idéal chrétien et ce chemin d’accès au bonheur révélé par Jésus Christ sans que nos interlocuteurs se sentent jugés ou condamnés parce qu’ils ont une autre vision ou parce qu’ils ne correspondent pas à cet idéal. Nous ne sommes pas envoyés en mission pour condamner mais pour aimer : ce témoignage de cohérence entre ce que nous annonçons et ce que nous vivons constitue l’essentiel de l’évangélisation.

Olivier

2021-02-17T09:56:04+01:00

L’Évangile du mois de mars 2021

L’Évangile du mois sera proclamé le dimanche 7 mars, le troisième dimanche du carême.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem.
Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment.
Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.
Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.

Le contexte
Ce passage est situé au tout début de l’Évangile de Jean. Jésus vient en pèlerinage à Jérusalem et comme tous les juifs de son temps, il va au Temple pour prier.

Fausses pistes…
On pourrait penser à la lecture de ce passage que Jésus est un indigné ou même un révolutionnaire. Ou encore, Jésus aurait pris un coup de colère et se serait en quelque sorte emporté parce que le bruit des changeurs le choquait ou dérangeait sa prière. 
Voyons cela de plus près…

Le Temple à l’approche de Pâques…
Cette scène se déroule dans un lieu et un temps qui n’ont rien d’anodin. Rappelons que le Temple est le lieu sacré, le lieu saint pour tout Israël. Nous sommes à l’approche de Pâques, des foules arrivent pour célébrer la plus grande fête juive. Rien de plus normal qu’un certain brouhaha autour du Temple puisque les juifs de la diaspora doivent changer leur argent. En effet, il est interdit d’utiliser dans ce lieu des pièces à l’effigie de l’empereur. Et rien de plus normal que soient présentes des bêtes dans le Temple puisque des sacrifices vont s’y succéder.

Les tables des changeurs…
Ces comptoirs ou ces tables dans le temple évoquent l’idée d’un commerce avec Dieu. Le sacrifice pouvait être considéré comme un acte de l’homme pour s’assurer les bonnes faveurs de Dieu. Peut-être que nous donnons à notre présence à la messe ou à nos bonnes actions ce sens-là. Mais attention, nous ne sommes pas en contrat avec Dieu ! La juste relation que Dieu veut nouer avec nous est de l’ordre de l’alliance. Pas de donnant-donnant mais un don tout court entre deux alliés.
Si les tables sont renversées, c’est que Jésus donne un sens nouveau au sacrifice, il donne un nouveau sens au Temple. Le sacrifice n’est pas un investissement qui attend un retour à plus ou moins terme, il est un acte d’amour absolument gratuit qui dit la gratitude envers Dieu.

Gratuit…
Nous le savons, Dieu offre son Fils. En Jésus, Dieu s’offre aux hommes gratuitement et se donne sans attendre de retour. Par conséquent, l’homme peut s’offrir à Dieu pour le remercier, c’est l’action de grâce. L’attitude fondamentale du chrétien n’est donc pas de faire quelque chose pour Dieu dans le but de recevoir mais de prendre conscience de ce que fait Dieu pour nous et de rendre grâce. On comprend alors pourquoi les tables des changeurs sont renversées. Jésus de façon spectaculaire vient nous expliquer en gestes et en paroles la nouvelle manière de vivre avec Dieu. Ce temps de carême est un temps favorable pour convertir notre relation à Dieu. Il n’est pas un prestataire de service qui me rendrait la vie facile mais il est un partenaire d’alliance !

Didier Rocca

Le mot du jour : Temple

Le Temple de Jérusalem (en hébreu « Maison de sainteté ») désigne différents édifices religieux construits sur le Mont du Temple dans la Vieille ville de Jérusalem. Dans l’Antiquité, les édifices successifs ont servi de lieu de culte pour les Israélites puis pour les Juifs. Selon la Bible, le premier sanctuaire est construit par les Israélites pour abriter l’Arche d’Alliance. Il est détruit par les armées babyloniennes en 586 av. J.-C. et reconstruit 70 ans plus tard. Il est à nouveau détruit par Rome en 70. Il reste un mur du Temple appelé « le Mur des Lamentations ».

2021-02-17T09:58:38+01:00

L’Évangile du mois de février 2021

L’Évangile du mois est celui du 21 février, ce sera le premier dimanche des vacances d’hiver.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Aussitôt, l’Esprit le poussa au désert et, pendant quarante jours, il y fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus s’en alla en Galilée.
Il proclamait la bonne nouvelle de Dieu en ces termes :
« Les délais sont accomplis, le Règne de Dieu est là, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! »

Le contexte
Nous sommes au tout début de son Évangile. Marc nous donne précédemment en trois petits tableaux, trois axes de son Évangile :

  • Jean-Baptiste annonce la venue de l’Envoyé de Dieu : ce Jésus a été annoncé, préparé par tous les grands témoins de l’Ancien Testament.
  • Jésus descend dans le Jourdain pour ouvrir aux hommes les portes de la véritable Terre Promise : il est le Fils bien-aimé du Père sur qui repose l’Esprit. Jésus vient révéler le mystère de Dieu, le mystère d’amour du Dieu Père, Fils et Esprit.
  • Comme le Messie annoncé par le prophète Isaïe, Jésus est en paix avec les bêtes sauvages comme avec les anges. En lui et par lui va s’accomplir la réconciliation de toute la Création avec son Dieu.

Ce passage est lu lors du premier dimanche du temps de Carême et nous mentionne simplement les 40 jours de Jésus au désert après son baptême.

Quarante
Ce nombre est symbolique : 40 signifie un temps d’épreuve suivi du passage à un stade différent. Les exemples sont nombreux :
40 jours de déluge au temps de Noé,
40 jours de Moïse sur la montagne,
40 ans de marche du peuple hébreu dans le désert, 
40 jours de répit avant la destruction de Ninive,
40 jours durant lesquels Goliath se présente devant l’armée d’Israël, 40 jours de marche pour Elie.
La dernière mention dans la Bible est ce temps de combat spirituel vécu par Jésus.

Tenté
Tu peux être étonné : Jésus est tenté par Satan. Étonnant non ? Mais attention, tenté ne veut pas dire qu’il succombe à la tentation. Le texte n’évoque pas ici les différentes tentations vécues par Jésus. Matthieu et Luc nous éclairent à ce sujet.
1re tentation : Renier son humanité en transformant une pierre en pain.
2e tentation : Se jeter du Temple et mettre Dieu au défi de le protéger.
3e tentation : Se prosterner devant Satan en échange de faveurs.

Trois tentations
Ces tentations nous disent quelque chose de ce que Jésus veut être pour nous, avec nous. La première nous montre que Jésus restera « Dieu avec nous », jusqu’au bout et ne reculera pas devant la mort. Il n’abandonnera pas l’humanité et son humanité.
La deuxième tentation donne le sens profond de sa mort future. Ce ne sera pas un suicide mais un acte d’obéissance au Père. Jésus ne choisira pas sa manière de mourir, il ira jusqu’au bout de sa logique d’amour et en accueillera les conséquences.
Enfin la troisième tentation nous invite à ne rien choisir d’autre que Dieu. Notre disponibilité, notre intelligence, notre énergie doivent être mises au service de Dieu. Attention à la tentation de l’idolâtrie qui consiste, parfois en toute bonne conscience, à consacrer sa vie à tout autre chose.

Pour actualiser
Ces tentations de Jésus résument le combat qu’il devra mener durant toute sa vie ; combat qu’il gagnera définitivement sur la Croix. En cette période troublée de notre histoire, il est bon de se rappeler que ce combat est gagné. Cela fait partie de notre foi que d’y croire. Croire qu’il dépend de chacun de nous d’orienter l’histoire vers cette victoire, « non seulement par la façon dont nous mettons en pratique le programme des Béatitudes, mais aussi par notre fidélité à nous unir à l’offrande du Christ en chaque Eucharistie dans l’espérance que le salut de Pâques, offert à tous puisse être progressivement donné à chacun » (Mgr Aveline, « Éditorial », Église à Marseille, novembre 2020).

Didier Rocca

Le mot du jour : autorité

Du latin auctoritas, capacité de faire grandir. Celui qui a de l’autorité est donc capable de faire grandir celui qui est sous sa responsabilité. Une autre étymologie suggère que ce mot « autorité » vient du mot « auteur ». Ainsi, avoir de l’autorité rend l’autre auteur, acteur, responsable de sa propre vie.

2021-01-26T20:35:53+01:00

Édito février 2021 > La confiance

Méfiance
Durant l’année 2020, la confiance a été mise à rude épreuve. Avec l’épidémie de coronavirus et les restrictions imposées, la peur et l’incompréhension ont pris une place importante dans nos vies, alors que nous étions jusque-là plutôt insouciants. Nous avons été poussés à nous méfier de la proximité avec les autres, par crainte de contaminations, mais nous sommes aussi devenus méfiants vis-à-vis des informations qui nous étaient données. Que la source soit scientifique, politique ou médiatique, nous avons été confrontés à des discours parfois incohérents et à des interprétations « complotistes » qui ont ajouté au flou d’une épidémie que nous ne connaissions pas et dont les évolutions étaient hors de notre maîtrise. Nous recevions des informations contradictoires, venant de sources a priori fiables mais qui, du fait de leur incompatibilité, nous ont poussé à douter de tout. Les spécialistes scientifiques en tout genre avaient des avis divergents, les représentants des partis politiques étaient en opposition quand aux stratégies à mettre en œuvre pour lutter contre la progression de l’épidémie, les médias donnaient la parole à des experts qui ne tenaient pas tous les mêmes discours, des décisions se révélaient avoir été dictées par des impératifs économiques ou techniques cachés au « grand public » mais présentées comme motivées par des choix sanitaires ou scientifiques… Nous ne savions plus à quel saint nous vouer, et nous sommes devenus méfiants par rapport à ce que nous entendions et voyions.

Prudence
Cette prudence vis-à-vis des informations a pu être bénéfique, car nous étions sans doute un peu trop naïfs. On nous faisait avaler des couleuvres depuis trop longtemps et il nous a fallu un électrochoc pour nous réveiller de notre torpeur béate. Mais nous sommes maintenant tombés dans l’extrême inverse, nous sommes devenus méfiants de tout. Les diverses crises qui ont précédé celle de la Covid-19 étaient déjà des signaux précurseurs de cette défiance généralisée. Les gilets-jaunes, qui ont tant monopolisé le paysage médiatique en 2019, relevaient déjà de cette méfiance envers les décideurs et les responsables politiques ou économiques. Les manifestations contre les violences policières dénonçaient l’impunité des exactions commises par ceux qui étaient garants du droit et de la justice. Les condamnations de représentants des religions accusés de crimes pédophiles, ou d’abus de pouvoir envers des religieuses ou des personnes vulnérables, révélaient l’hypocrisie d’individus ou d’institutions qui se devaient d’être exemplaires au nom d’un idéal d’amour et de charité. Dans ce contexte nous sommes devenus prudents, nous savons qu’il nous faut du discernement et nous refusons d’accepter tout et n’importe quoi.

Confiance
La confiance est un équilibre mais un équilibre fragile qui peut être remis en cause par les épreuves de la vie, par les contrariétés, par la maladie, par les troubles relationnels, par les échecs affectifs, par des imprévus ; et le monde d’aujourd’hui, par son rythme et ses évolutions, par la crise que nous traversons, peut vite déstabiliser une personne, l’isoler et la déprimer. Si les religions ont une mission à assumer dans ces temps difficiles que nous traversons, c’est précisément d’être signe de la confiance. Nous devons inscrire cette notion au cœur de notre existence. Non pas une confiance aveugle envers tout ce qui nous vient de l’extérieur, mais une confiance dans notre capacité à nous relever après une chute, à traverser les difficultés, à sortir plus forts d’une épreuve, sans repli identitaire ni haine de l’autre. Les croyants puisent cette confiance dans leur relation à Dieu, source de tout bien et de tout amour. Car, pour les croyants, la confiance va de pair avec la foi en l’action de Dieu au cœur de nos existences.

Le regard de Dieu
La foi repose avant tout sur la compréhension du regard que Dieu porte sur le croyant : un regard qui encourage, qui fait la vérité sans enfermer dans les erreurs ou les échecs, et qui ouvre un avenir. Comme les enfants grandissent grâce au regard bienveillant de leurs parents, les croyants deviennent authentiquement croyants quand ils comprennent l’action bénéfique de Dieu dans leur existence. Ce qui est compliqué, c’est qu’il n’y a pas de magie dans cette intervention de Dieu dans nos vies, tout comme dans l’action du regard des parents. Pourtant on sait combien un regard confiant et un soutien fraternel peuvent aider à traverser les épreuves de la vie et à faire les bons choix. Pour les croyants de toute religion, la prière est le lieu privilégié de cet échange avec Dieu.

Olivier

2021-01-26T20:32:31+01:00

Édito janvier 2021 > Dieu s’est fait frère

Le Verbe fait chair
Le prologue de l’Évangile écrit par saint Jean contient une expression compliquée que l’on retrouve sur l’autel de la chapelle de l’Œuvre : « Le Verbe s’est fait chair ». Le Verbe, la Parole, c’est Dieu dans ce qu’il a de différent de nous. Il est une force de création qui nomme et qui donne vie à ce qu’elle nomme, comme on le découvre dans récit de la Création : « Dieu dit… », et cela est. Dire que le Verbe s’est fait chair, c’est dire que le tout autre, le pur esprit, Dieu, s’est fait homme, comme nous, pour venir nous rencontrer au plus près, sans distance. Et nous découvrons à Noël qu’il se fait le plus petit des hommes, il naît dans des conditions de précarité qui le rendent solidaire de ceux qui vivent le déracinement et la pauvreté : loin de chez lui, dans une pauvre étable, démuni. Tout au long de sa vie publique, Jésus s’est fait proche des pauvres et des blessés de la vie.

Dieu fait frère
On peut traduire l’expression « le Verbe s’est fait chair » par : « Dieu s’est fait frère ». Cela nous ouvre un bel horizon de pensée sur Dieu et sur l’humanité. Dieu, en Jésus, se révèle proche de nous, il va jusqu’à s’identifier aux plus petits et aux plus humbles : « Ce que vous avez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ». Dieu n’est pas dans la violence et la force, il se révèle dans la vulnérabilité et la faiblesse. Il n’est pas un être qui nous domine, qui nous regarde de haut, qui nous condamne ou, pire encore, qui nous met à l’épreuve. Il est solidaire de nos misères et il vient partager notre existence. Il nous accompagne dans nos difficultés, il nous soutient et nous encourage. S’il y a de la puissance en Dieu, ce n’est pas celle de la violence, de la colère ou de la vengeance, c’est celle du courage, de la solidarité, de la fraternité. Rien ne peut empêcher Dieu de nous aimer et de nous vouloir du bien ; c’est dans cet amour absolu que réside sa toute-puissance et sa force. Les sacrements sont pour les chrétiens le lieu où cette énergie de Dieu se révèle au cœur de l’existence humaine : il vient habiter nos vies, il se rend présent aux grandes étapes de notre existence comme dans notre simple quotidien, il nous donne sa force pour que nous puissions assumer nos vies et traverser les épreuves.

Diviniser l’homme
Nous pouvons aller encore plus loin dans la réflexion en reprenant une phrase prononcée lors de la messe, quand le célébrant met un peu d’eau dans la coupe contenant le vin qui va être consacré comme sang du Christ. Il dit : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité ». Dieu se fait homme pour que l’homme soit fait Dieu, c’est une énormité ! Si nous osions dire que nous sommes divinisés nous serions considérés comme des fous ou des prétentieux ! C’est pourtant ce que nous osons affirmer dans la foi. Nous confirmons cette prétention en reprenant les mots de Jésus qui s’adresse à Dieu en l’appelant « Père », c’est la prière quotidienne des chrétiens, « Notre Père ». Nous sommes de même nature que Dieu… Pour le dire plus humblement, nous essayons de prendre conscience de notre filiation divine afin que cela soit de plus en plus effectif, car nous avons à prendre notre part à cette divinité qui nous est proposée. Par notre manière de vivre, par nos gestes, par nos attitudes, par nos choix, nous pouvons signifier que nous adhérons à cette proposition d’adoption que Dieu nous fait.

Et l’homme s’est fait frère
Nous sommes invités à comprendre la volonté de Dieu : c’est que nous soyons véritablement ses enfants, et que par conséquence nous vivions en sœurs et frères. Cela peut paraître simpliste, mais c’est tout le message chrétien, et de toute religion authentique : accepter de nous soumettre à la paternité de Dieu et répondre à son commandement d’amour et de fraternité. Cela est facile à exprimer, mais c’est autrement plus difficile à vivre, car nous sommes des êtres complexes en qui se mêlent des forces contradictoires. Il nous faut « accepter d’être une mixture de grâce et de mal. Restez au soleil en patience : le mal petit à petit s’évaporera et la grâce restera » écrivait Madeleine Delbrêl. C’est une maturation qui s’opère en nous, mais pas sans nous. Il nous est bon d’en être conscients et de nous donner les moyens de combattre le mal en nous laissant éclairer et réchauffer par l’amour de Dieu. C’est le sens de la pratique religieuse : aller à la messe, vivre les sacrements, prendre du temps pour la prière, lire la parole de Dieu, relire sa vie pour discerner l’action de Dieu, suivre des parcours de catéchisme ou de formation, sont des moyens qui nous sont donnés pour alimenter notre relation à Dieu afin qu’il prenne plus de place dans nos vies et que nous arrivions à mettre en pratique son amour en aimant les autres. C’est un programme pour une nouvelle année, et pour toute une vie !

Olivier

2020-12-17T14:28:51+01:00

L’Évangile du mois de janvier 2021

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Quand Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm, aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu ». Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme ». L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent ». Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée..

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile. Marc raconte ici ses premières paroles publiques prononcées par Jésus un jour de sabbat. Il n’est pas encore reconnu comme le Messie. Ses interlocuteurs ont de quoi être particulièrement étonnés par ses actions et ses paroles.

Jésus, un enseignant…
Nous découvrons Jésus dans son activité de prophète. Que fait-il ? Il enseigne. On aimerait bien avoir une trace de ce qu’il a raconté. Marc reste silencieux sur le sujet. Jésus connait bien sa matière puisqu’il a été autorisé par ses pairs à commenter les Écritures (approximativement l’Ancien Testament de nos bibles) dans la synagogue. Il est ici ce porte-parole qualifié, choisi par Dieu, qui doit transmettre la Parole et que le peuple doit écouter.

Il parle avec autorité
Attention à ne pas confondre ce talent de Jésus avec la pathologie qui est l’autoritarisme. Dire qu’il parle avec autorité signifie que sa parole fait grandir celui qui l’écoute. Cela signifie qu’il n’y a pas d’écart entre son agir et ses paroles. Marc précise qu’il ne parle pas comme les scribes, « ceux qui disent mais ne font pas ». L’autorité de Jésus ne vient pas d’abord d’un charisme de tribun ou d’une technique de communication bien rodée, elle lui vient de sa capacité à habiter totalement ce qu’il dit. Il est la parole qu’il énonce. Il est en totale cohérence avec ses paroles.

Démasqué rapidement
Alors que Jésus est encore un inconnu ou presque, il est en quelque sorte démasqué par un homme à l’esprit impur. Quelle est sa maladie ? Le texte ne le dit pas. Peu importe. Ce qui est frappant, c’est de voir que cet homme dit juste. Effectivement, Jésus est bien « le saint de Dieu ». Mais cet homme, au fond, ne comprend pas ce qu’il dit, sa parole est malade. La parole d’autorité, et donc autorisée, de Jésus ne renvoie pas à une parole certes juste mais vide de sens pour cet homme à l’esprit impur. Autrement dit, toute parole juste n’est pas une parole d’autorité. Il est indispensable que cette parole soit habitée, soit ajustée, qu’elle soit prononcée à un moment opportun pour qu’elle soit bien accueillie et transforme l’existence de ceux qui l’entendent.

L’enseignement en actes
Si nous ignorons totalement ce que Jésus a dit dans la synagogue, nous réalisons que Marc a voulu nous faire partager une partie de son enseignement donné non pas comme un cours magistral mais comme des travaux pratiques. Aujourd’hui, 2000 ans après, ce qui nous bouleverse reste cet enseignement nouveau : Jésus ne confond pas la personne avec son mal. Il est venu pour combattre le mal. Il va demander à l’homme de se taire pour que sa parole malade n’induise pas ses interlocuteurs dans l’erreur.

Pour actualiser
Sommes-nous capables de lutter contre le mal sous toutes ses formes ? Et même, le voulons-nous ? Sommes-nous capables de faire la distinction entre le mal et celui qui le commet ? Qu’en est-il de notre autorité ?

Didier Rocca

Le mot du jour : autorité

Du latin auctoritas, capacité de faire grandir. Celui qui a de l’autorité est donc capable de faire grandir celui qui est sous sa responsabilité. Une autre étymologie suggère que ce mot « autorité » vient du mot « auteur ». Ainsi, avoir de l’autorité rend l’autre auteur, acteur, responsable de sa propre vie.

2020-12-17T17:27:11+01:00

Édito décembre 2020 > Célébrer

L’année 2020 devait être marquée par les célébrations du bicentenaire de l’installation de l’Œuvre à la rue Saint-Savournin, c’était en 1820. La crise sanitaire a bouleversé ce programme et toutes les festivités ont été annulées au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les restrictions et les confinements. C’est un paradoxe de parler de la notion de célébration dans ce contexte. Dans la liste des notions qui définissent la mission de l’Œuvre, cette dimension est essentielle et je l’avais gardée pour le dernier numéro de cette année toute spéciale afin de mettre en valeur son importance.

Rendre le Christ fréquentable

Ce mot, célébrer, a diverses significations. Dans cet édito je voudrais parler de la célébration au sens religieux du terme, bien que les autres définitions ne soient pas étrangères à ce que nous vivons à l’Œuvre. Quand nous disons que l’Œuvre est un lieu de célébration, c’est aussi avec le désir de rendre célèbre, c’est-à-dire fréquentable, le Christ et sa Bonne Nouvelle. Le message chrétien n’a pas pour vocation d’être restreint à la confidentialité de la sphère privée ni confiné dans les murs de nos maisons ; au contraire il doit être annoncé hors les murs, urbi et orbi, pour les chrétiens et pour tout le monde, car il concerne toute l’humanité et vise à changer notre manière de vivre en société. Une conception erronée de la laïcité voudrait qu’elle consiste à réduire l’impact des religions en les cantonnant à une histoire seulement individuelle, alors que la laïcité a pour objet au contraire d’assurer la bonne cohabitation de tous les principes de vie – religieux, philosophiques ou politiques – en leur assurant la liberté d’expression et en évitant toute main-mise de l’un sur les autres. Nous avons le droit de penser par nous-mêmes, nous pouvons avoir des points de vue différents et des orientations particulières, nous avons le devoir de donner le meilleur de nous-mêmes et de vouloir que la société fasse des choix qui nous semblent les plus judicieux, donc nous avons la responsabilité d’exprimer ce que nous pensons être le plus juste, le plus vrai. Pour ce qui est de la décision finale et des grandes orientations de nos sociétés, nous avons aussi le devoir de respecter la pluralité des opinions et nous devons faire confiance à l’intelligence humaine pour que les décisions qui concernent tout un pays soient prises démocratiquement en tenant compte des conseils que tous peuvent exprimer, les religions ayant leur voix particulière à donner dans cette dynamique.

Célébrer la messe

Pour ce qui est de la dimension religieuse de la notion de célébration, la vocation de l’Œuvre est d’accompagner les jeunes afin qu’ils découvrent la joie de célébrer le culte qui revient au Seigneur. Le sommet de cette célébration est vécu lors de la messe du dimanche, car elle récapitule ce qu’est la vie pour un chrétien : nous nous rassemblons, avec toutes nos différences qui sont des richesses à partager, nous faisons corps dans ce lieu que nous appelons Église et qui symbolise l’appartenance à un corps, à une communauté. Nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu, en découvrant qu’elle est une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui. Nous répondons à l’invitation du Christ qui veut partager sa vie avec nous dans le repas eucharistique durant lequel nous communions à son corps, et nous comprenons que nous faisons partie à notre tour de ce corps. Nous sommes invités à sortir de l’église pour vivre cela concrètement tout le reste de la semaine, en mettant en pratique ce que nous avons vécu pendant cette célébration : à savoir l’amour reçu de Dieu que nous partageons avec les autres en les aimant comme Dieu les aime.

Toute notre vie est célébration

Si le sommet de la vie chrétienne est vécu lors de la messe du dimanche, la célébration de la Bonne Nouvelle chrétienne ne se réduit pas à cette pratique dominicale : elle est le tout de notre vie. Ce que nous vivons tout le reste de la semaine est une manière de célébrer le Seigneur. Par nos gestes, nos paroles, nos regards, nos engagements, nous célébrons dans le quotidien de nos vie l’engagement de Dieu dans le monde. Nous pouvons comprendre cela d’autant mieux en ces semaines de confinement durant lesquelles nous avons été privés de la célébration communautaire de la messe. Cela ne doit pas nous empêcher de vivre toute la semaine comme une manière de célébrer le véritable culte que nous estimons devoir rendre à Dieu : aimer notre prochain, détruire les barrières de la haine et de l’indifférence, combattre les injustices, vivre la solidarité et la fraternité, œuvrer pour la paix. Monsieur Allemand, l’exprimait avec des mots adaptés à la réalité de ce que les jeunes vivent dans nos maisons : jouer et prier sont les deux mouvements d’une même dynamique de célébration !

Olivier

2020-11-17T11:53:51+01:00