Spiritualité

Édito Juin 2022 > Les sacrements

Les sacrements sont des éléments essentiels de la vie chrétienne et ils marquent les grandes étapes de l’existence humaine. Ils sont célébrés en communauté, souvent dans une église, chacun étant différencié par des gestes ou des symboles particuliers : du pain et du vin consommés, un bain dans de l’eau, une onction d’huile, un anneau passé au doigt…

7 sacrements
Les trois sacrements de l’initiation – le baptême, la confirmation et la communion – marquent l’inscription de notre vie dans l’histoire de la relation de Dieu avec l’humanité, ils signifient l’engagement de Dieu dans notre vie : par la plongée dans l’eau baptismale, nous célébrons notre naissance comme enfants de Dieu et notre libération de l’emprise du mal. Par la Confirmation (ou la Chrismation), nous reconnaissons que nous sommes habités par la force de l’Esprit de Dieu qui nous donne de vivre sa mission d’annonce de la Bonne Nouvelle du salut pour tous. Par l’Eucharistie, nous comprenons que nous sommes le temple de Dieu, le lieu qu’il choisit pour habiter le monde et pour se donner ! D’ailleurs, la communion ne signifie pas seulement la « consommation » du corps et du sang de Jésus, mais aussi notre fraternité : c’est tous ensemble que nous formons le corps du Christ agissant aujourd’hui dans le monde. Le sacrement du mariage vient signifier l’engagement de Dieu avec l’humanité : comme les époux se donnent l’un à l’autre et font dépendre leur bonheur de celui d’un autre, Dieu aime l’humanité, il se donne à elle, fait alliance avec elle, et désire son bonheur. Les mariés sont le signe et le moyen de l’engagement d’amour de Dieu pour le monde. Le sacrement de l’ordination signifie la présence du Christ agissant au cœur du monde… Par les diacres, les prêtres et les évêques, Dieu se communique, se révèle proche des plus petits, prenant soin de son peuple, les enseignant pour leur faire comprendre le véritable sens de la vie, travaillant à la communion entre tous. Le sacrement de réconciliation accompagne les chrétiens sur leur chemin : en luttant contre le péché, en nous offrant le relèvement et le pardon, en nous ouvrant un avenir, Dieu nous dit que nous comptons pour lui et qu’il compte sur nous. Enfin le sacrement des malades nous accompagne dans les épreuves de la vie, en particulier celles liées à la maladie, qu’elles soient physiques, psychologiques ou spirituelles… Il vient lutter contre le mal.

Signes et moyens
On dit que les sacrements sont le signe et le moyen de l’engagement de Dieu avec l’humanité. Signes parce qu’ils donnent à voir, de manière symbolique, dans un geste particulier sur une personne précise, ce que Dieu désire vivre avec tout le monde. Et moyens, parce que cet engagement de Dieu se concrétise par la manière de vivre de ceux qui adhèrent et répondent au projet de Dieu. Par exemple, le baptême est signe : par le symbole de la noyade et de la renaissance en étant plongés dans l’eau, il signifie que nous naissons comme enfants de Dieu purifiés du péchés. En même temps il est moyen, car c’est par les baptisés que Dieu agit dans le monde pour le libérer du mal et en faire son royaume d’amour : lorsque les chrétiens s’engagent contre les injustices, lorsqu’ils mettent en œuvre la solidarité et l’accueil, ils sont le moyen par lequel Dieu agit. De même pour les prêtres, qui sont ordonnés au service d’une communauté paroissiale ou autre : ils signifient que Dieu, seul prêtre véritable et accompli, vient vivre l’alliance entre le ciel et la terre, et que c’est en Église que tous les chrétiens sont les héritiers de cette mission. Parmi les chrétiens, certains sont désignés, ordonnés, pour signifier cette dimension qui concerne tout le peuple. Les prêtres, et tous les baptisés associés à ce ministère de prêtre, prophète et roi, sont aussi le moyen de vivre cet engagement de Dieu.

Nous sommes des être incarnés
Les chrétiens sont donc invités à vivre concrètement leur foi par la pratique des sacrements, comme des amoureux vivent concrètement leur amour par des gestes de tendresse, des attentions particulières… L’amour est une force et une source qui se trouve dans le tréfonds de notre cœur, et il est évident que ce ne sont pas les gestes, les mots ou les cadeaux qui le fondent, mais ils sont une manière concrète de l’incarner, de le partager : ils sont signes et moyens de l’amour. Un amour sans geste, sans parole, sans partage, est voué à s’éteindre, car nous sommes des êtres qui avons besoin que le plus profond et le plus spirituel prenne chair. Il en est de même pour les sacrements, ils sont pour nous les signes et les moyens qui nous aident à vivre notre foi comme une relation d’amour avec Dieu et avec toute l’humanité, dans une joie et une communion qui peuvent transcender notre monde et nos existences. C’est pour cette raison que l’Église – et donc l’Œuvre en ce qui concerne les lecteurs de cet humble journal – invite les croyants à célébrer la messe le dimanche, à vivre les grandes étapes de leur vie au rythme des sacrements, car ils nous accompagnent tout au long de notre existence et nous permettent de vivre notre foi et de la mettre en pratique dans la fraternité universelle.

Olivier

2022-05-26T16:37:38+02:00

L’Évangile du mois de juin 2022

Nous lirons ce passage le jour de la fête de la Sainte Trinité, dimanche 12 Juin.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Le contexte
Nous sommes dans l’Évangile de Jean dans ce long discours d’adieu prononcé par Jésus. Il parle à la manière d’un grand frère qui, sur le pas de la porte, donne ses instructions avant de s’absenter pour un long voyage.

Qu’entendent-ils ?
On peut s’interroger sur la capacité des disciples à entendre les conseils de Jésus tant ils sont attachés à leur maitre et refusent en eux-mêmes sa fin inéluctable. Savons-nous dans nos propres vies entendre ces voix, celles de ceux qui vont partir comme celle de Dieu en son Esprit ? Jésus mieux que quiconque connait nos résistances. Il nous offre sa parole en acceptant que nous n’en tirions pas un grand profit.

Révélation d’un Dieu relation
Jésus annonce la venue de l’Esprit Saint, une présence continue de Dieu à l’œuvre en chacun. Ce qui est frappant, c’est le lien que Jésus fait entre le Père, l’Esprit, Lui et les croyants. Ainsi, tout ce que possède le Père est au Fils. L’Esprit le reçoit pour le faire connaitre aux croyants. Il ressort de tout cela que nous ne devons jamais voir Dieu à travers l’image d’un roi siégeant sur son trône, même flanqué d’un fils.…

L’Esprit Saint, Esprit de vérité…
L’Esprit se présente sous l’image d’un guide qui conduit les disciples dans le pays de la vérité. Mais attention, la vérité n’est pas un prêt-à-penser mais une personne qui est le « chemin, la vérité et la vie ». La vérité, c’est un chemin est une vie. Au fond, la vérité, c’est que l’Évangile de la croix opère un changement radical de notre compréhension du monde et de Dieu.

Il vous conduira dans la vérité
Le but de l’œuvre de l’Esprit est la glorification du Christ, la révélation de ce qu’il est en vérité. On remarquera que chacune des trois personnes de la Trinité renvoie aux autres. Ainsi, le Christ ne garde rien pour lui, il partage tout ce qu’il est et tout ce qu’il possède.

Pour actualiser…
Toutes ces considérations sur Dieu peuvent nous laisser indifférents. Pourtant, il y a un lien fort entre ce que l’on dit de Dieu et la manière dont on se comprend comme être humain. Dieu nous est révélé dans l’Ecriture comme Trinité, relations, communion de personnes et il nous est donné de participer à cela. Par conséquent, la vie divine à laquelle nous sommes appelés n’est pas une vie éthérée, hors du monde ou dans les nuages. Une vie divine est une existence reliée à Dieu et aux autres dans laquelle le désir de relations vraies, simples, belles et consistantes est premier.

Didier Rocca

Le mot du mois : Glorifier

« Glorifier » Dieu, c’est lui rendre gloire. Ce terme, en référence à Dieu, dans l’Ancien Testament, a une connotation de grandeur et de splendeur. Dans le Nouveau Testament, il signifie « dignité, honneur, louange et adoration ». En assemblant les deux, on comprend que glorifier Dieu, c’est reconnaître sa grandeur et lui rendre honneur en le louant et l’adorant car lui seul en est digne. La gloire de Dieu est l’essence même de sa nature et le glorifier implique de le reconnaître.

2022-05-26T16:39:57+02:00

Édito Mai 2022 > La synodalité

Depuis plus d’un an, l’Église catholique, à l’initiative du pape François, est engagée dans un grand processus de réflexion. Le sujet de ce travail est la synodalité, un mot compliqué pour exprimer l’importance d’avoir un fonctionnement qui ne soit pas pyramidal et hiérarchique, mais selon lequel tout le monde est responsable et a une égale dignité, où tout le monde marche ensemble, en communion. L’objectif affiché par le pape est de faire en sorte que la lutte contre ce que l’on appelle le cléricalisme soit le combat de tous et non pas une décision qui viendrait d’en haut, ce qui alimenterait ce qu’il désire contrecarrer. Tous les chrétiens sont donc invités à prier, à réfléchir en groupe, à poser un regard objectif, critique et bienveillant sur la manière de vivre en Église, à faire des propositions afin que l’Église assume sa mission avec plus de fidélité à l’Évangile et au Christ.

Fidélité à l’Évangile
J’ai eu la chance d’être témoin et participant de plusieurs partages autour de ces questions, et j’ai compris que cette initiative du pape était bienvenue, en particulier en France après les diverses critiques faites à l’encontre de membres de l’Église qui se sont montrés capables des pires abominations envers des enfants, des femmes ou des personnes vulnérables, qui ont été manipulés, sous emprise, blessés dans leur âme, leur esprit ou leur chair. Cette Église qui parfois se permet de rejeter et de condamner les individus en outrepassant sa mission, qui ne consiste pas à juger mais à accompagner, relever, aimer et transmettre le pardon de Dieu. Il est juste de rappeler que l’Église est constituée d’être humains faillibles et fragiles, mais nos contemporains ont raison de vouloir que l’Église soit plus fidèle à ce qu’elle a pour charge d’annoncer et de vivre, surtout s’ils ont l’impression d’être parfois regardés de haut et méprisés par une élite. Il est aussi essentiel que tous les chrétiens puissent véritablement se sentir partie prenante de l’Église qui n’est pas une hiérarchie ni une structure autosuffisante, mais un peuple, une communauté, une famille. Je crois que le rêve du pape est que personne ne puisse se sentir étranger à l’Église qui a pour vocation de rassembler toute l’humanité et qui symbolise le projet de Dieu : nous faire vivre la fraternité universelle.

La fraternité
Dans les diverses rencontres que j’ai vécues autour de cette question, la conclusion fréquente est une invitation à revenir à l’essentiel de l’attitude de Jésus Christ qui nous montre le chemin : vivre avec les autres en fraternité et avoir le souci des plus petits et des plus pauvres. Si l’Église à une mission à remplir, c’est avant tout d’être le signe de ce qu’elle propose : montrer ce qu’est le monde selon le désir de Dieu. Il s’agit d’un monde où nous sommes tous frères, capables de nous réjouir de nos différences en les considérant comme des richesses et non comme des occasions de jalousie ou de concurrence. Un monde dans lequel il n’y aurait pas d’indifférence ni de mépris, un monde dans lequel les injustices seraient révoltantes et la solidarité la norme. Dire cela peut sembler utopique et naïf, mais si l’Église n’est pas le lieu où l’on cherche à vivre cet idéal, alors elle sera une institution comme les autres, qui sera centrée sur son fonctionnement et sa survie.

L’option préférentielle 
pour les pauvres
L’autre boussole que nous sommes invités à garder comme priorité absolue, c’est ce que la tradition de l’Église appelle « l’option préférentielle pour les pauvres », qui en fait n’est pas une option mais une obligation : le Christ a fait ce choix premier de partager la vie des pauvres et de se faire proche des blessés de la vie. Comme incarnation de Dieu, il nous indique que l’Église est authentiquement fidèle à la tradition lorsqu’elle prend le même chemin. Le regard de Dieu se pose en priorité sur ceux qui ont le plus besoin d’être aimés et encouragés : on le découvre dans l’histoire de sa relation avec l’humanité, incarnée par l’élection du peuple juif et l’alliance du Seigneur qui reste fidèle à accompagner ce peuple vers plus de liberté et de paix. Pourtant l’histoire nous montre que cela n’a souvent pas été la réalité et que l’institution catholique a tourné le dos à sa mission en se compromettant avec le pouvoir et la richesse, ou, plus récemment, en ne prenant pas en compte les blessures infligées aux plus petits par des prêtres ou des religieux. Si l’Église veut rester vivante et dynamique, il lui faut être fidèle au Christ et décider de manière absolue que la priorité doit aller au souci des plus petits et des plus pauvres. Pour cela il nous faut découvrir ceux qui sont les petits et les pauvres de notre temps, ceux qui sont mal vus, rejetés, laissés pour compte, méprisés : ils ne sont les mêmes aujourd’hui que ceux du temps de Jésus. Nous pouvons rêver d’une Église qui se donnerait pour critère de discernement la priorité pour les plus petits et les plus pauvres, cela pourrait éclairer tous ses choix et ses actions.

L’Œuvre, lieu d’Église
Il me semble que l’Œuvre, lieu de vie englobant la dimension spirituelle, le vivre ensemble et l’accueil des diverses composantes du quartier, est un lieu d’expérimentation de la fraternité, fragile certes, qui a connu des échecs et qui en connaitra encore… Tout cela se travaille au quotidien, par le dialogue, le respect et la bienveillance et en relisant ce qui est vécu sous le regard de l’Évangile afin de garder la bonne inspiration et le bon cap, pour que chacun puisse se réajuster à lui-même, à Dieu, aux autres.

Olivier

2022-04-26T08:32:27+02:00

L’Évangile du mois de mai 2022

Évangile du 3e dimanche du temps pascal..

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Après cela Jésus se manifesta encore à ses disciples à la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
Simon-Pierre, Thomas surnommé le Jumeau, Nathanaël de Cana en Galilée, et les fils de Zébédée étaient là ensemble avec deux autres disciples de Jésus. Simon-Pierre leur dit : “Je vais pêcher” ; et eux lui disent : “Nous y allons aussi avec toi.”Ils sortirent et montèrent dans la barque, mais cette nuit-là ils ne prirent rien. Lorsque déjà le jour se levait, Jésus se tint là sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Jésus les appelle : “Dites donc, les enfants, avez-vous quelque chose à manger ?” Ils lui répondent : “Rien.” Alors il leur dit : “Jetez le filet sur la droite de la barque, vous allez trouver.” Donc, ils le jettent, mais ils n’arrivent pas à le ramener tellement il est plein de poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : “C’est le Seigneur.” Quand Simon-Pierre l’entend dire que c’est le Seigneur, il remet son vêtement, car il est sans rien, et il se jette à l’eau. Les autres disciples arrivent avec la barque ; de fait, ils ne sont pas loin du bord, une centaine de mètres, et ils traînent le filet avec les poissons. Quand ils sont descendus à terre, ils voient un feu de braises préparé avec du poisson dessus et du pain. Jésus leur dit : “Donnez-nous donc des poissons que vous avez pris.” Simon-Pierre monte dans la barque et amène le filet sur le rivage. Il était plein de gros poissons, 153 en tout, mais avec tout ce nombre le filet ne s’était pas déchiré. Alors Jésus leur dit : “Venez donc déjeuner.” Aucun des disciples n’osait lui demander : “Qui es-tu ?” Car ils savaient bien que c’était le Seigneur. Jésus s’avança, il prit le pain et le leur donna, et de même pour les poissons..

Le contexte
Cet épisode se situe quelques jours après la résurrection du Christ. Nous ne sommes plus à Jérusalem mais au bord de la mer de Galilée, région de naissance de la plupart des douze apôtres.

Une thématique
Certains mots de cet Évangile sont très évocateurs : barque, pêche, poissons, disciples, Pierre… On pressent qu’il s’agira d’un texte qui évoque l’Église et sa mission.

À propos des disciples
Sept des douze apôtres sont ici présents, le groupe est donc incomplet. De plus, il fait nuit. L’ambiance est morose. Ces disciples sont des pêcheurs professionnels et ne ramènent aucun poisson ! Ne reconnaissons-nous pas notre Église aujourd’hui ? Pourtant, au cœur de cette nuit, au cœur de l’échec, Jésus vient les aider et permettra aux disciples de trouver du poisson en abondance. Ainsi dans la mission, Jésus nous précède toujours. Nous sommes appelés à collaborer à ce qu’il fait avec confiance et à ne pas désespérer de nous-mêmes même si parfois les fruits paraissent à priori décourageants.

Le personnage de Pierre
C’est Pierre lui-même qui décide d’aller à la pêche. Lorsque Jean s’écrie que Jésus est là, Pierre se jette à l’eau même s’il n’est pas le premier à le reconnaitre. Ensuite, Jésus retrouve Pierre près d’un « feu de braise » quelques jours après avoir été trahi pour son ami près d’un autre feu de braise. Au fond, l’évangéliste veut nous faire comprendre que le lieu de la trahison est ici, aussi le lieu de la miséricorde. Quelques versets après, Jésus confie à Pierre la mission d’être pasteur du troupeau. Que cela est beau ! Personne n’est trop loin pour Dieu. Bienheureuse trahison qui permit à Pierre de bénéficier de la miséricorde de Dieu et d’être envoyé en mission. Pierre aurait pu avoir honte de retrouver Jésus, or, il a plongé ! Un exemple à suivre.

À propos du successeur de Pierre
François est le successeur de Pierre. Il n’est rien sans les autres évêques, sans les autres chrétiens. De la même manière, que Pierre n’était rien sans Jean et les saintes femmes qui ont rencontré et reconnu le Ressuscité, lorsque Pierre est parti à la pêche, il n’est pas parti tout seul ! Tous, nous avons tous à collaborer à la mission de l’Église qui n’est pas la mission du pape mais celle du Christ. Il n’y a rien de plus beau que de se jeter à l’eau. Telle est notre mission commune.

La pêche
Elle consiste à redonner à l’autre de l’espérance, de l’aider dans sa recherche spirituelle, de lui faire connaître le Christ. La pêche consiste aussi à humaniser notre quartier, à le rendre le monde plus humain et donc plus divin. La pêche consiste à ne pas avoir peur de se prendre pour le pape dans son désir d’être proche des plus petits, des plus pauvres. Soyons un peuple de pêcheurs. Les disciples n’ont pêché que 153 poissons, il en reste encore beaucoup.

Didier Rocca

Le nombre du mois : 153

Un dessin vaut mieux qu’un long discours…
La 1re et 2e ligne en rouge forment un petit triangle de trois cailloux figurant le sommet et la pierre angulaire de l’ensemble. Les trois lignes suivantes en jaune (3 + 4 + 5 = 12) désignent les douze apôtres dépendant de la pierre angulaire et appuyés sur elle. Les 12 lignes suivantes en bleu (de 6 à 17) figurent l’Église appuyée sur les 12 apôtres, lesquels se fondent sur la pierre angulaire. Au total, 153 cailloux, lesquels sont 153 « gros poissons ».

2022-04-25T14:53:50+02:00

Édito Avril 2022 > Plus fort que la haine

La période que nous traversons est marquée par un climat international et social très violent. La guerre est à nos portes et nous fait prendre conscience que les divers conflits qui ont marqué ces dernières années, s’ils étaient géographiquement plus éloignés et que nous nous identifiions moins à ces populations qu’à celle d’Ukraine, sont le signe que l’ère de paix et de justice que nous pensions atteinte reste fragile. La violence sociale est aussi un marqueur inquiétant : il suffit d’un prétexte pour que les gens laissent exploser une brutalité qui semble disproportionnée, on l’a vu à la marge des manifestations des gilets jaunes ou lors des mouvements contre les mesures sanitaires, on le voit en Corse en ce moment. La violence reste prégnante et trop souvent une solution instinctive de gestion des conflits.

L’attitude de Jésus
La fête de Pâques que nous allons célébrer nous donne à voir une autre manière de résoudre les conflits, solution apparemment infructueuse mais qui pourtant s’attaque à la racine du mal et refuse d’utiliser les mêmes armes que celles qui sont au service de la violence. Le Christ, en souffrance sur la croix, torturé et condamné à mort alors qu’il est innocent, invoque l’amour et le pardon. Il ne prend pas les armes, n’oppose aucune haine face à ceux qui le font souffrir ou qui le trahissent. Solution qui semble inefficace à première vue, et cependant porte un fruit plus durable que la violence, qui, elle, stoppe le conflit par sidération de l’ennemi sans éteindre le feu de la violence qui couve et qui peut reprendre son inexorable office dès qu’on arrête de l’étouffer.

La force de l’amour
Les personnes qui travaillent dans les milieux violents savent bien que le meilleur moyen de lutter contre le mal à long terme, c’est de le combattre à sa source et de refuser d’utiliser toute manœuvre violente pour le maitriser. Les sociétés qui sont les plus répressives ne sont pas à l’abri de la récidive et de l’escalade de la violence, au contraire. Le régime de la peur et du punitif porte des fruits à court terme, mais en instituant l’usage de la force et de la violence dans les structures de l’État on banalise le mal et on lui donne une légitimité qui engendre son escalade. Ce que le Christ a mis en œuvre n’est pas seulement une attitude de non-violence spirituelle et idéaliste réservée aux personnes qui aspirent à la sainteté : son attitude trouve un écho dans une réflexion humaine sur la gestion des conflits et des relations humaines. En cela la foi et la raison se rencontrent et aboutissent à la même conclusion : pour combattre la haine, la seule solution, c’est l’amour. Cela semble utopique et naïf, mais ce n’est pas une raison pour ne pas y réfléchir à deux fois avant de réagir trop vite face à la violence.

L’autre doit rester 
un prochain
Nous savons d’expérience que la réaction naturelle et instinctive face à la violence est la fuite ou l’affrontement, qui l’une et l’autre entérinent la rupture de la relation. Le Christ nous invite à mettre en œuvre une troisième voie, qu’il illustre avec un exemple choquant qui nous pousse à réfléchir : « Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre ». En fait, il propose de continuer à faire face à l’adversaire, c’est-à-dire de ne pas fuir, mais sans entrer dans le cycle infernal de l’escalade de la violence. Il nous dit qu’il y a plus de courage et de force à ne pas répondre à la violence par la violence tout en maintenant la relation. L’autre doit rester un prochain.

Suivre le Christ
Jésus Christ a parfaitement mis en œuvre cette attitude, et nous sommes invités à mettre nos pas dans les siens. Nous sommes conscients que l’idéal qu’il a su si bien vivre est hors de notre portée, du moins si nous ne nous appuyons que sur nos propres forces. La foi nous invite à accepter humblement de recevoir de Dieu la force qui nous permettra de dépasser nos résistances, non pas pour devenir des humains supérieurs, mais pour accomplir notre humanité. Chercher à avancer sur le chemin de la sainteté, ce n’est pas autre chose que de devenir de plus en plus humain. Pour les chrétiens, l’humanité atteint sa parfaite consécration en Jésus Christ. Nous savons que nous ne serons jamais parfaits en ce monde, mais nous sommes invités à tendre vers cet accomplissement, avec l’espérance que, pas à pas, notre marche prend sens et que nous cheminons vers la mise en œuvre de notre humanité, en fidélité au projet de Dieu.

Olivier

2022-03-26T08:58:18+01:00

L’Évangile du mois d’avril 2022

Lisons ensemble un extrait de l’Évangile de la Passion que nous entendrons le dimanche des Rameaux.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

C’était déjà environ la sixième heure ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira. À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. » Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste, qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé. C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat. Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

Le contexte

Nous sommes à la fin du récit de la Passion. Le bon larron vient de demander à Jésus de se souvenir de lui quand il sera dans son Royaume. Jésus l’accueille et le bon larron sera au fond le premier sauvé.

Les signes qui accompagnent la mort de Jésus
Le signe des ténèbres rappelle ce que Jésus avait dit : c’est l’heure des Ténèbres en plein midi. De plus, le rideau du temple est déchiré. La séparation entre l’humain et le divin est à jamais abolie.

La mort de Jésus
Dans la bouche de Jésus un grand cri mais c’est un cri de confiance : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » Remarquons que deux paroles de Jésus encadrent le récit de son exécution : une parole de pardon au moment du crucifiement et une parole de remise de soi entre les mains du Père au moment de la mort. Père ? Jésus l’avait appelé ainsi lorsqu’à douze ans, il était venu au Temple et avait dialogué avec les docteurs de la Loi. La boucle est bouclée…

La réaction du centurion
Le centurion romain dit de Jésus que c’est un homme juste, et cela correspond exactement à l’un des traits majeurs du Christ de Luc dans le récit de la Passion, ce qui, en plus, le rapproche des croyants qui ont à vivre ce même itinéraire.

La conversion du peuple
Dans un premier temps, Luc mentionne « le peuple » qui s’était joint aux membres du tribunal religieux pour réclamer la mort de Jésus devant Pilate. Ensuite, il fait remarquer que le « peuple » observait durant la crucifixion mais sans se moquer comme les chefs. À la fin, Luc parle des « foules » qui repartent en se frappant la poitrine. Ainsi, par petites touches est soulignée les premiers fruits de la crucifixion de Jésus au profit du peuple présent lors de sa Passion.

Joseph d’Arimathie
Le récit de la mise au tombeau permet à Luc de caractériser Joseph d’Arimathie comme un homme droit et juste. Son courage le compromet en demandant à Pilate de descendre le corps de Jésus pour l’ensevelir. Après les ténèbres de midi, brillent déjà les lumières du sabbat. « Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l’avait mis ». L’histoire est finie ou plutôt elle ne fait que commencer. Ces lumières nous préparent à recevoir la nouvelle incroyable de la Résurrection.

Récit d’un juste persécuté
En parlant de Juste persécuté, Luc veut faire de Jésus un exemple et un modèle à suivre. C’est ainsi que Jésus le Juste exhorte à la conversion ou que le bon larron nous apprend à prier à l’heure de notre mort. Simon de Cyrène est le type du disciple qui apprend à « porter la croix derrière Jésus ». Le récit de l’Agonie propre à Luc s’ouvre et se clôt par l’exhortation à prier…
Tout dans le récit de Luc indique que la Passion de Jésus n’est pas seulement un événement du passé. Comme lecteurs ou auditeurs, nous sommes invités à suivre et vivre ce « chemin de croix ».

Didier Rocca

Le mot du jour : Heure

Attention à l’époque, les montres, les minutes et encore moins les secondes n’avaient pas été définies. Il faudra attendre pour cela le xvie siècle. À l’époque de Jésus, la journée était divisée en douze heures de jour. La durée de ces heures variait selon les saisons et la latitude. Ainsi, l’été, les heures en journée étaient plus longues. Autour de la fête de Pâques, la 6e heure correspond à peu près à midi et la 9e heure un peu avant 15 h.

2022-03-26T09:01:05+01:00

Édito Mars 2022 > Le péché

Le temps du carême est souvent associé à la conversion et à la notion de péché. Il ne peut se réduire à cela car il est aussi un temps de joie et de retour sur soi pour que nous ne passions pas à côté de l’essentiel dans notre vie. Mais je voudrais en profiter pour insister sur l’attitude que les chrétiens peuvent avoir vis-à-vis du péché.

Pardon

Trop souvent, on parle de culpabilité judéo-chrétienne au sujet de cette notion, alors que réduire le message chrétien à du moralisme revient à le dévoyer. Il est évident que les croyants sont invités à avoir une vie bonne, et donc à lutter contre les compromis avec le mal, mais ce n’est pas l’apanage des religions que de prôner la morale et le bien-vivre ensemble. Tout système de vie collective, toute institution invite à la vie bonne, à la justice et à l’honnêteté. Donc si les religions parlent du mal, c’est avec une particularité : la notion du pardon et du relèvement après la chute. Nous découvrons cela tout au long de l’itinéraire du peuple juif accompagné par Dieu qui n’a de cesse de le remettre sur le droit chemin malgré ses égarements, ses erreurs et ses trahisons. Dans la Bible on découvre comment Dieu ne rompt jamais l’alliance alors que le peuple hébreu lui tourne le dos régulièrement et s’obstine à ne pas lui obéir. Le désir de Dieu n’est pas de punir mais de redresser, de remettre sur le droit chemin, et il passe par les prophètes pour mettre en œuvre cette relation avec le peuple élu. Le Christ aussi s’est fait proche des personnes qui étaient loin du droit chemin de la morale juive. Il a partagé leur vie, il a vécu à leur hauteur, il leur a montré que Dieu les aimait de manière inconditionnée et qu’il ne les rejetait pas. Si Jésus parle aux pécheurs et aborde souvent la question du mal, c’est pour mieux combattre le péché et libérer l’homme afin qu’il reprenne sa vie en main.

Liberté

Il peut sembler parfois que nous sommes obsédés par le mal, alors que si nous en parlons, c’est pour le combattre et parce que nous voulons que le bien, le bon et le beau l’emportent dans notre vie. Et pour cela nous devons regarder notre vie en vérité car le péché est ce qui nous défigure, ce qui empêche notre authentique visage d’apparaître au grand jour, et surtout à nos propres yeux. C’est l’écran qui nous sépare de ce que nous sommes appelés à devenir, chaque jour. Nous pouvons faire la comparaison avec le médecin qui s’intéresse aux maladies non par amour des virus, des microbes, des cancers ou des traumatismes, mais pour les combattre et parce que son objectif est de préserver ou faire recouvrer la santé. Ou encore la personne chargée du nettoyage d’un lieu : elle n’est pas passionnée par la saleté mais doit la prendre en compte pour s’en débarrasser. Il en est de même pour le péché. Si nous l’évoquons, si nous en parlons, ce n’est parce qu’il nous intéresse ou que nous en faisons une obsession, mais c’est pour le combattre et nous en libérer.

Accompagner

Sans doute devrions-nous être plus attentifs à notre manière d’évoquer ces questions sensibles. Les personnes que nous rencontrons sont parfois porteuses de fardeaux de culpabilité qui les empêchent d’avancer. Lorsque nous ajoutons du poids sur leurs épaules, nous ne les aidons pas et nous ne sommes pas fidèles au Christ. Si l’Église a un rôle à jouer pour accompagner les personnes qui traversent des périodes douloureuses, ce n’est pas en ajoutant de la culpabilité, mais en soulageant. Nous avons tous des exemples de personnes qui pensent qu’elles sont rejetées par Dieu parce qu’elle n’ont pas suivi la « bonne morale chrétienne ». Elles se sentent jugées et condamnées, alors que personne ne peut s’arroger le droit de condamner un autre individu. On peut juger des actes et des faits, mais la personne ne se réduit pas à ses actes ni à ses gestes. Jésus a critiqué des attitudes, mais il n’a jamais rejeté ou condamné quelqu’un. Si le Christ, Dieu incarné, ne l’a pas fait, comment l’Église, constituée d’hommes pécheurs, pourrait-elle se le permettre ? Elle commettrait un blasphème !

Humilité

C’est avec une immense humilité que nous devrions poser un regard sur l’existence des autres, car nous ne sommes pas meilleurs et surtout parce que nous ne sommes pas à leur place. Que savons-nous de l’itinéraire d’une personne, de son histoire, de l’enchaînement des événements qui l’ont amenée à prendre telle ou telle décision ? Dans la même situation, aurions-nous fait d’autres choix, aurions-nous évité de commettre les mêmes erreurs ? Nous ne pouvons pas le savoir, nous ne sommes pas à leur place. Et si nous regardons notre vie avec objectivité, pouvons-nous dire que nous sommes meilleurs ? Que nous avons plus de mérite que les autres ? Notre mission n’est pas de nous mettre à la place de Dieu, mais de nous mettre au service de son projet : accueillir toute personne comme une sœur ou un frère, fille et fils de Dieu comme nous, aimée de manière inconditionnée, rendue capable du meilleur parce que consciente de cet amour absolu et gracieux qui ne veut que notre bien. Puissions-nous, au long de ce carême, nous convertir à cette manière de vivre selon le désir de Dieu.

Olivier

2022-02-22T08:42:37+01:00

L’Évangile du mois de mars 2022

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole :
Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ? » Mais le vigneron lui répondit : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. »

Le contexte

Luc présente son Évangile comme une longue montée de Jésus vers Jérusalem jalonnée de rencontres, de gestes qui nous permettent, à nous lecteurs, de saisir peu à peu qui il est. Au début du chapitre 13, Jésus est en dialogue au sujet de l’actualité locale du moment…

L’affaire des Galiléens

Au-delà de sa violence, ce fait divers est marquant parce que cette répression a eu lieu dans l’enceinte du Temple et le sang des victimes a été mélangé avec celui des animaux. Or, dans la tradition du judaïsme, ce qui  touche au sang est sacré et ce mélange est une profanation.

La faute à qui ?

Dans ces moments si douloureux, des questions surgissent : « Ceux à qui il arrive malheur, sont-ils plus coupables que les autres ? » ou « cette épreuve est-elle une punition ? ». La question du mal est une question cruciale pour les croyants et Jésus s’empare de ce sujet avec clarté. La faute et la souffrance ne sont pas deux notions qui sont systématiquement reliées. Un bébé qui agonise, un innocent qui meurt nous empêchent de penser ce lien absurde.

Jésus refuse d’entrer avec ses interlocuteurs dans un débat sur Dieu et le mal. En revanche, il les renvoie à l’urgence de leur propre foi. Ils n’ont qu’une vie et s’ils ne lui donnent pas du sens, elle disparaitra.

La tour de Siloé

Par la mention de cet accident, Jésus radicalise son propos. Si les Galiléens pouvaient être soupçonnés d’être de mauvais croyants, ici ce n’est pas le cas. Si Pilate est responsable du massacre dans le temple, qui est responsable de l’effondrement de la tour, sinon Dieu ?

Jésus apporte la même réponse : Si vous ne sortez pas de cette compréhension d’un Dieu qui punit les victimes du mal, vous deviendrez les victimes de votre façon de penser !

Comment actualiser ? Demande-toi, si tu savais que la vie s’arrêtait aujourd’hui, que ferais-tu ? Ce que tu ferais alors, fais-le maintenant. N’attends pas !

La parabole du figuier stérile

La stérilité du figuier renvoie au manque de conversion, au fait de rester passif devant le mal. La réaction du propriétaire n’est pas étonnante. Devant la stérilité du figuier, l’attitude la plus raisonnable est de le couper. Il se passe alors quelque chose d’inattendu. Le vigneron intercède auprès du maitre en faveur du figuier. Si le propriétaire est Dieu, le vigneron est le Christ. Il n’a pas été envoyé pour détruire mais pour soigner.Le sens de cette parabole est clair. Si nous ne portons pas de fruit, nous occupons la terre inutilement. De quels fruits s’agit-il ? L’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et la maitrise de soi. Ce sont les fruits de l’Esprit Saint. La parabole reste inachevée car c’est au lecteur d’écrire la conclusion par sa propre vie. Il est toujours temps de se convertir, de changer radicalement de chemin pour s’ouvrir à la joie d’aimer et de partager. Dieu est patient, certainement. Pour autant, comme le dit saint Augustin :

Certes si tu te convertis demain,
Dieu t’a promis sa grâce.
Mais qui t’a promis demain ?

Didier Rocca

Le mot du jour : Figuier et vigne

Si la vigne symbolise Israël, le figuier est un arbre méditerranéen qui donne des fruits, procure de l’ombre et représente la Torah, la Loi de Dieu. Ainsi les interlocuteurs de Jésus peuvent s’identifier soit à l’un, soit à l’autre.

2022-02-22T08:44:31+01:00

Édito Février 2022 > Dieu se donne

Avant la multiplication des pains, Jésus répond à ses disciples inquiets de savoir comment nourrir la foule de plus de 5 000 hommes, sans compter les femmes et les enfants, par la phrase : « Donnez-leur vous-même à manger ». Si on l’interprète par « débrouillez-vous », on comprend que les amis de Jésus soient démunis. D’ailleurs Jésus prend la situation en main et accomplit le miracle que l’on sait. Mais on peut aussi interpréter la formule de Jésus d’une autre manière. Peut-être veut-il dire : « Donner-leur à manger ce que vous êtes, vos personnes »… Cela peut sembler tiré par les cheveux, sauf si l’on connaît la fin des Évangiles et comment le Christ institue le repas de l’Eucharistie en disant à ses apôtres de considérer le pain et le vin du dernier repas pascal comme son corps et son sang. Jésus se donne lui-même comme nourriture. Et d’ailleurs on peut être frappé par le fait qu’à sa naissance l’enfant Jésus est déposé dans une mangeoire, préfiguration de ce repas eucharistique que nous célébrons à chaque messe : « prenez et mangez, ceci est mon corps et mon sang donnés pour vous »… Et le nom du village où Marie donne naissance à Jésus est très suggestif : Bethléem signifie « Maison du pain »…

Sacrifice / Action de grâces
Dieu désire se donner à nous, et en Jésus il nous fait comprendre qu’il n’est pas dans le registre du mérite, mais du don gratuit. Son amour est premier et n’est pas relatif à nos efforts ou à nos bonnes actions, même s’il encourage une réponse de notre part. Les chrétiens sont appelés à se convertir à cette vision révolutionnaire et loin de nos conceptions humaines du marchandage et du mérite. Car Dieu est le tout-autre, il ne fonctionne pas comme nous, il est le seul parfait, le seul saint, celui qui aime totalement, sans limite, le tout puissant en amour. Une vie d’homme ne suffit pas pour comprendre cette relation de Dieu avec l’humanité, et tant que nous n’entrons pas dans cette logique, nous faisons fausse route et nous nous trompons dans nos relations interpersonnelles et dans notre vision de Dieu. Les saints sont des femmes et des hommes qui ont entraperçu cette merveille de la gratuité de l’amour et qui ont su y répondre par une vie de partage et non pas de marchandage. En Jésus, Dieu nous fait comprendre que la notion de sacrifice est totalement inversée : ce n’est pas l’homme qui peut faire des choses pour Dieu en échange d’une récompense ou pour éviter une punition, c’est Dieu qui nous donne tout, qui se donne lui-même. La mort et la résurrection du Christ signent la fin de l’ère des sacrifices et nous ouvre à celle de l’action de grâces. Face à Dieu, l’humanité n’a rien à offrir, elle n’a qu’à recevoir et à faire fructifier l’amour reçu.

Pratique religieuse
La démarche religieuse est transformée par cette compréhension. Nos pratiques, nos prières, nos liturgies, nos actions, n’ont pas pour but de nous attirer les bonnes grâces de Dieu, comme des sacrifices offerts à la divinité. Ce sont des réponses à la bonté de Dieu qui se donne à nous, qui se communique à l’humanité en se faisant homme, qui nous nourrit de son amour. Nos pratiques religieuse sont des célébrations de l’amour reçu et accepté. La fine pointe de la pratique religieuse, le résultat ultime de l’action de l’Esprit Saint en nous, c’est de nous aider à vivre ensemble et d’être unis, c’est que nous devenions capables à notre tour de donner sans compter. Ce qui est merveilleux, c’est que ce fruit de l’amour qui transforme nos relations peut être obtenu par d’autres voies que par la voie proprement chrétienne : nous connaissons tous des personnes qui vivent avec d’autres références religieuses, parfois même sans référence religieuse, mais avec une idéologie humaniste, sociale, philosophique ou politique, et qui mettent en pratique dans leur vie interpersonnelle l’amour, l’ouverture, la fraternité, la solidarité… Signe, pour les croyants, de l’action de l’Esprit qui travaille le monde de l’intérieur et porte du fruit partout, même dans les personnes qui ne connaissent pas les messages religieux tels que nous les concevons.

Jésus Christ
En Jésus, Dieu se donne et nous donne à voir comment nous pouvons être authentiquement humains dans la réception de ce don : nous sommes filles et fils de Dieu, aimés sans condition, appelés à nous aimer les uns les autres comme des sœurs et des frères. C’est toute la complexité du mystère de Jésus : il est à la fois Dieu qui se fait connaître et nous communique sa Bonne Nouvelle, et il est tout autant l’homme accompli qui nous ouvre le chemin du véritable sens de notre existence, à savoir la fraternité. Il est normal que nous ayons du mal à comprendre la nature du Christ : il a fallu plus de sept siècle de débats au début de l’histoire de l’Église pour que les chrétiens arrivent à exprimer de manière juste et équilibrée la double nature humaine et divine en Jésus, totalement homme et totalement Dieu, consubstantiel à Dieu et consubstantiel à l’humanité pour le dire avec les « gros mots » théologiques. Et ce qui reste le plus énorme et difficile à concevoir pour nous, c’est que nous sommes nous aussi de cette double nature, humaine et divine… Lorsque nous aurons véritablement intégré les conséquences de cette réalité, alors nous atteindrons notre accomplissement, nous réaliserons ce que nous sommes : filles et fils de Dieu.

Olivier

2022-01-25T19:43:56+01:00

L’Évangile du mois de février 2022

Luc nous relate ici des paroles très connues de Jésus appelées les Béatitudes.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Le contexte

À la différence de Matthieu, Luc nous présente le discours des béatitudes au pied de la montagne. Jésus développe ici le programme qu’il avait évoqué dans la synagogue de Nazareth au tout début de sa vie publique : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres ».

Heureux les pauvres
Jésus ne dit pas qu’y a plus de bonheur dans la pauvreté que dans l’aisance, il déclare ses disciples heureux au creux de leur pauvreté, de leurs privations, de leur faim et de leurs larmes.
Les pauvres sont déclarés heureux non pas parce qu’ils seraient meilleurs que les autres mais parce que Dieu veut faire de son règne une manifestation de sa justice et de son amour pour ceux qui sont dans la détresse. Le privilège des pauvres a son fondement en Dieu et non dans leurs supposées vertus.

Heureux ceux qui ont faim ! Heureux ceux qui pleurent !
On mesure le caractère paradoxal de cette déclaration. Ici, Jésus ne fait pas l’apologie du malheur, il annonce un royaume dans lequel les derniers seront les premiers. Heureux ceux qui ont faim de relations vraies, consistantes.
Dans l’Évangile, les larmes sont proches de l’amour. Elles sont comme un baume adoucissant nos cœurs endurcis. Ces deux dernières béatitudes nous obligent. Si nous voulons être témoins du royaume, commençons par rassasier ceux qui ont faim et consoler ceux qui pleurent.

Heureux quand on vous hait…
La mention importante est « à cause du Fils de l’Homme ». Cette béatitude ne s’applique pas lorsque nous sommes méprisés à cause de notre mauvais comportement mais pour les actions qui nous ont causé du tort à cause de Jésus.
Comment être heureux lorsqu’on est détesté, exclu ou insulté ? Il n’y a pas d’explication. Si cela arrive, c’est une grâce, celle des béatitudes. On peut penser à tous ceux qui vivent le rejet à cause de leur foi.

Quel malheur…
Attention, en regard, des quatre béatitudes, il y a quatre avertissements prononcés par Jésus. Ce ne sont pas des malédictions. Jésus ne veut pas notre malheur. Il nous dit simplement qu’un certain nombre de comportements peuvent nous éloigner du bonheur qu’il veut pour nous. Ainsi, ne rien attendre des autres, être complimenté en permanence, vivre en totale indépendance conduit au malheur.

Paradoxes
Jésus manie souvent dans l’Évangile le paradoxe. Il faut mourir pour vivre… Heureux ceux qui pleurent… Cette manière de parler est bien en cohérence avec sa vie. Il meurt sur la croix par amour pour l’humanité. Il donne sa vie à ceux qui voulaient la lui retirer. C’est le langage de la croix.

Didier Rocca

Le mot du jour : Béatitudes

Les Béatitudes (du latin qui signifie, « le bonheur ») sont le nom donné à une partie du sermon sur la montagne rapporté dans l’Évangile selon Matthieu et à une partie du sermon dans la plaine de l’Évangile selon Luc (l’évangile du moins au chapitre 6, versets 20 à 23). Elles sont au nombre de huit dans l’Évangile selon Matthieu et de quatre dans l’Évangile selon Luc où elles sont suivies par quatre « malédictions ». Il existe d’autres béatitudes dans les Évangiles (Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu) ou dans des sources juives antérieures aux évangiles.

2022-01-25T19:46:23+01:00