Olivier

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L’Évangile du mois de mai 2023

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde. 
»

Le contexte
Aussitôt après la résurrection, Jésus donne rendez-vous à ses disciples en Galilée. Ils ne sont plus que onze puisque Judas s’est suicidé. C’est alors que Jésus donne un discours d’adieu bref mais particulièrement saisissant. La Tradition place cela quarante jours après Pâques.

À propos des disciples
Les disciples ne semblent pas vraiment prêts à cette rencontre. Le doute qu’ils expriment est révélateur. De fait, comment ne pas se sentir proches de ces disciples qui doutent ? Souvent, la foi s’affermit par des moments de doute que l’on surmonte. En même temps, comment Jésus peut-il confier la « promotion du message évangélique » à des personnes qui l’ont à peine assimilé ? C’est l’occasion de rappeler cette formidable confiance que Dieu fait en l’homme et en l’Église. La mission confiée aux apôtres semble bien être une folie. Mais ils ne sont pas seuls dans cette entreprise : cet engagement n’est pas d’abord le nôtre mais celui de Jésus. Parfois, tel ou tel engagement peut paraitre bien lourd à porter ou à assumer, être animateur à l’œuvre par exemple ou prendre des responsabilités dans une association. En effet, mais n’oublions pas que c’est Dieu qui passe par nous. Il a voulu avoir besoin de nous, alors soyons sans inquiétude, Dieu est avec nous. C’est d’ailleurs le nom que Jésus reçoit dès avant sa naissance de Dieu « Dieu-avec-nous » ou Emmanuel. Ce nom est repris tout à la fin de ce passage : Je suis avec vous.

Au nom du Père, et du Fils 
et du Saint-Esprit
Cette expression est tellement habituelle pour les chrétiens qu’elle peut passer inaperçue dans ce passage d’Évangile. Pourtant, elle est unique dans les quatre Évangiles. « Au nom de » est une formule habituelle dans la Bible qui rappelle l’unicité de Dieu ; en même temps, les trois personnes sont bien nommées et bien distinctes. Lorsque Jésus invite ses disciples à baptiser au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, cela signifie que le baptême nous plonge dans la Trinité, cet Amour qui circule, se donne et se reçoit sans cesse. La Trinité n’est pas incompatible avec l’unité de Dieu parce que ses trois personnes sont unies comme les doigts d’une main.

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps »
Cette dernière phrase de l’Évangile est particulièrement réconfortante. Nous avons là le rapprochement étonnant entre deux durées : l’une à notre mesure : tous les jours, donc chaque jour, et l’autre au-delà de notre portée, la fin des temps. Autrement dit, toute inquiétude quant à la fin des temps est sans consistance puisque la présence du Ressuscité « avec nous » est promise au cœur de notre existence quotidienne. La présence de Dieu n’est pas pour un plus tard mais pour aujourd’hui et toujours.

La boucle est bouclée
Au début de l’Évangile, Jésus arrive et nous dit la proximité de Dieu à notre égard. À la fin de ce même Évangile, Jésus s’en va mais ne nous laisse pas orphelins puisque l’Esprit Saint nous permet d’être avec Dieu par-delà les limites d’espace et de temps.

Didier Rocca

Le nom du mois : Ascension
Jésus qui monte au Ciel (son ascension) exprime son passage du visible à l’invisible. Les récits d’apparition n’ont qu’un but : Montrer que Jésus est vivant, mais de telle sorte qu’on ne le reconnaît pas au premier abord. Il est « ailleurs ». Matthieu lui fait dire : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des siècles. » Mais ce Dieu-avec-nous n’est plus perceptible avec les yeux, seulement par la foi. Gardons-nous bien de concevoir l’Ascension de Jésus comme un déplacement spatial : Jésus ne s’évade pas dans les galaxies. Il est plutôt passé de l’autre côté du voile, ce voile que seul peut percer le regard de la foi. Épreuve pour la foi que ce nouveau corps que l’Esprit va lui donner et que nous appelons Église. D’une certaine façon, l’Église est ce voile qui cache et révèle à la fois. Le mouvement vertical du Christ se double d’un déplacement « horizontal », celui des disciples à la surface du globe. Ascension et envoi sont toujours liés : « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. Partez donc, de toutes les nations faites des disciples. »

2023-05-17T09:32:58+02:00

Camp Hiver 2023 > les Benjamins

Les Benjamins à Larche

Il était une fois un camp de ski avec les BJ’s
Tiens tiens tiens, 4 h après nous voilà arrivés
La neige dès son apparition provoqua bien des sourires
Le soir, Cupidon et son acolyte le policier leur racontèrent
Des péripéties d’amour qui vivent
Le lendemain, chaussage de ski
Puis règles de vie
Pour bien se préparer à vivre en groupe et à notre bon vivre
Après une messe commune avec les GKD’s, des alpinistes en herbe nous ont appris à nous déplacer dans la neige en évitant les obstacles
Cela nous a été fort bien utile pour la suite de ce beau spectacle
En effet, quelles autres représentations peuvent concurrencer nos petits BJ’s sur ce sol glacé ?
Et puis PAF troisième jour les BJ’s sur les pistes
Certains appréhendant cette maîtrise d’autres plus assurés
Mais tous ont joué le jeu et même ceux en plus grande difficulté
Car nos mots qui sonnent vrais sont : dépassement, persévérance et solidarité
L’après-midi une super marche en raquettes pour découvrir la peinture vivante laissée par nos tempêtes
Ensuite encore de la visite !
Avec des voyageurs ayant oublié le nom de leurs affaires
Qu’est-ce qu’on allait faire ?
Les aider à retrouver leur mémoire
Chose promise chose dûe, victoire !
Puis Hop au dodo mais avant ça petit voyage dans le monde de l’âge de glace
Le mardi toc toc toc qui est là ?
Peabody et Sherman ? Encore !
Cette fois-ci c’était escapade en Grèce Antique grâce au chronomat
Entre observations, force et stratégie nos BJ’s ont bien appris avec l’aide d’Ulysse, Pâris, Hector et Achille
Grâce à eux Hélène fut libérée et les cithares sonnaient enfin fraternité
Ça manque un peu de gamelle de ski tout ça… Bonne nouvelle, nous sommes mercredi et c’est enfin l’heure de se rendre à sainte Anne
« Nooon j’ai peur », « c’est trop dur »…
Mais les BJ’S sont forts et n’abandonnent jamais
En effet même si cette journée a été tourmentée par de belles chutes il y a surtout eu de beaux progrès
Car la réussite et le courage n’est pas forcément gagner ou arriver à tout faire mais la vraie victoire se trouve dans le fait de vaincre le mal, nos maux, par l’entraide et le bien
Après le fameux ménage de fin de camp, le bilan et le long trajet du retour
Nos pitchounets sont bien rentrés en terre provençale avec un grand sourire, lui-même partagé par leurs parents
Ayant bien appris de ces belles leçons, ils sont on ne peut mieux prêts à repartir pour de nouvelles aventures
Fin 🙂

Emma

2023-03-15T22:13:16+01:00

Lettre du Villard – mars 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 10 février 2023

Cher ami,
Nous venons de prendre connaissance avec plaisir des nouvelles que vous nous donnez de votre famille ; nous sommes heureux de savoir que la scolarité de vos enfants suit le cours qu’ils souhaitent et, ce qui ne doit pas vous être indifférent, celui que vous espériez pour eux. Nous partageons donc vos inquiétudes quant à leur maîtrise de Parcoursup1. Nous avons tellement entendu dire que nombre de propositions d’admission que recevaient les lycéens ne correspondaient pas réellement aux demandes initiales ! Nous avons évoqué la question il y a peu de temps avec Me Béraud car un de ses petits-enfants s’est également engagé dans ce parcours. Il est inquiet car il se demande si tout ce système n’a pas été simplement imaginé pour trouver un point de chute aux centaines de milliers de bacheliers produits chaque année, en attendant qu’une partie s’évapore. « Est-ce qu’on n’essaie pas simplement de “caser” les 300 000 étudiants qu’on admet en première année de l’enseignement supérieur et qui s’ajoutent aux 700 000 qui marinent déjà en licence, avant d’aller retrouver les 600 000 qui barbotent dans le “cursus master”2 ? Et après ? Est-ce que les études qu’ils auront faites leur permettront de trouver des emplois ? Car, pour “éponger” la marée d’étudiants, l’Université n’a pas été en peine et a imaginé des licences ou des masters satisfaisant aux préoccupations les plus diverses. Et pourtant ! Tout le monde ne peut, pour gagner sa vie, devenir chercheur en lichénologie s’insurge-t-il. Pourquoi cela ? »
Le colonel Gastinel, dont la fonte des neiges rend les parcours en raquettes de plus en plus capricieux, s’était arrêté ce jour-là chez nous, retenu par le fumet de la carbonnade de porc à la flamande qu’avait préparée ma femme. « Pourquoi ? lui répondit-il, parce que, disons par euphémisme – pour faire plaisir aux gens – on a laissé croire que tout un chacun pouvait accéder au grade de bachelier qui ouvrirait les portes de la réussite sociale. Et pour que cette promesse ne soit pas sans effet, pour qu’on parvienne à attribuer cette peau d’âne à plus de 80 % d’une tranche d’âge, on a simplement cassé le thermomètre en montrant de moins en moins d’exigence pour l’évaluation des compétences. Pour assurer le succès de l’entreprise, on commence dès l’enseignement primaire afin que la scolarité soit un long fleuve tranquille. Et comme ce n’était sans doute pas suffisant, on s’est dit qu’on pourrait peut-être faciliter les candidats en ajoutant des points grappillés dans des disciplines comme la pétanque, la lutte gréco-romaine ou la maîtrise du Platt4 ! »
À Mimiquet qui, devant après le repas nous réparer un bout de clôture, déjeunait également avec nous, d’une moue, exprimait son scepticisme, Gastinel déclara qu’il ne serait pas surpris, d’apprendre, qu’« on » laisse ainsi filer le niveau de façon délibérée, de façon à gommer les avantages culturels dont bénéficient les enfants issus des catégories les plus favorisées. Je l’ai taquiné en le traitant de complotiste, mais il l’a mal pris, nous accusant de jouer les autruches. Béraud, qui n’a pas apprécié d’être inclus dans ce drôle de cheptel, lui a répliqué que pour ce qui était de jouer les autruches il avait été à bonne école dans le milieu militaire dont il était issu. À l’adresse de son interlocuteur qui l’interrogeait du regard, il poursuivit en déclarant sa stupéfaction de découvrir, à propos de la guerre en Ukraine, l’état de l’armée française qui serait incapable de supporter plus d’une quinzaine de jours des combats de haute intensité, comme on dit aujourd’hui pour désigner des opérations de guerre. « Ah ! Ce goût pour les euphémismes, pour cacher le fait que nous n’avons pas de réserves, ni en matériel, ni en munitions. Vos militaires se sont comportés comme des autruches, en niant que le danger puisse subsister ! ». Inutile de vous dire que Gastinel l’a mal pris. Il s’est lancé dans une de ses diatribes dont il est coutumier à l’encontre des politiques qui depuis des décennies et pour acheter la paix sociale, ont affecté des fonds qui auraient dû être consacrés aux fonctions régaliennes de l’État5 au financement de ce qui se rapproche, d’après lui, du « Panem et circenses » de la Rome antique où les jeux du cirque et le service de l’Annone6 évitaient les débordements. Mimiquet lui a simplement fait remarquer en se resservant de carbonnade qu’il ne comprenait pas que des gens d’état-major, s’ils étaient vraiment conscients du fait que l’institution dont ils avaient la charge ne pourrait pas remplir sa mission, n’aient pas démissionné. « La solde, sans doute, grinça-t-il. Heureusement, il nous reste des pompiers pour défiler le 14 juillet ».
« En entendant parler de cirque, intervint Béraud, je ne peux m’empêcher de penser au spectacle que nous donnent, lors des débats sur la réforme des retraites, certains de ceux qui sont censés représenter les électeurs à l’Assemblée. Quelle pantalonnade ! » Ma femme, qui a été traumatisée par sa lecture de déclarations de Chantal Mouffe7, est sortie de sa réserve de « puissance invitante » pour faire remarquer que ces comportements ne lui paraissaient pas à prendre à la légère : « Ils expriment la volonté de montrer que la représentation nationale n’est qu’une imposture, une pitrerie et les acteurs de ce psychodrame n’ont d’autre but que de faire voler en éclat le système après l’avoir bloqué. D’ailleurs, a-t-elle ajouté, ne voit-on pas qu’ici et là on se plaît à insister sur la différence entre pays légal et pays réel, voire entre légalité et légitimité ? » Béraud fit observer qu’effectivement, autant il était possible de définir les modalités d’expression de la légalité, autant la légitimité – qui inclut des paramètres non quantifiables – ne pouvait être mesurée et que les discussions sur la distinction entre légalité et légitimité n’avaient d’autre objet que d’évacuer la démocratie représentative. « Enfin…, dit Mimiquet, si tout ce bazar permet d’éviter la réforme des retraites… On ne doit pas toucher aux acquis sociaux ! » Béraud reprit : « Ah ! Les acquis sociaux ! Vaste débat ! Des aspirations sont devenues des droits. Mais peut-on les considérer gravés dans le marbre sans tenir compte du contexte dans lequel ils ont été réclamés et obtenus ? Il n’est malheureusement pas possible de savoir si le législateur aurait créé ces droits s’il avait pu prévoir que l’évolution des perspectives démographiques et économiques rendrait leur exercice périlleux ». « J’espère que vous ne pensez pas ce que vous dites, grinça Gastinel ; vous savez bien qu’il n’y a pas que les militaires qui se débrouillent pour ne pas voir l’avenir… »
Tout cela nous a éloignés de Parcoursup, n’est-ce pas ? Peut-être pas tellement, finalement. Nous en reparlerons quand vous viendrez. Dites-nous si nous aurons la joie de vous voir pour les vacances de Pâques.
Avec toute notre amitié.

P. Deladret

  1. Plate forme informatique nationale de préinscription en première année de l’enseignement supérieur.
  2. Sources : Ministère de l’Enseignement supérieur ; sous-direction des études statistiques.
  3. Étude des lichens.
  4. Platt : francique lorrain, appelé Platt, langue régionale de Lorraine.
  5. Diplomatie, Défense, Police Justice, Finances.
  6. Service de l’Annone : à Rome, chargé de la distribution devenue progressivement gratuite du blé.
  7. Chantal Mouffe, née en 1943, philosophe pour qui la démocratie est indissociable d’une dimension conflictuelle qui ne peut être éliminée par aucun processus de négociation.
2023-03-15T22:11:03+01:00

Édito avril 2023 > La liberté

On n’associe pas toujours de manière évidente la religion à la liberté. Pour beaucoup de personnes la religion est synonyme de contraintes, de moralisme, de carcan. Pourtant il me semble que la fête que nous nous apprêtons à célébrer au début du mois d’avril peut nous donner à comprendre que la liberté est au centre de ce que les religions nous proposent pour nous aider dans notre vie.

Dieu nous libère
La fête de Pâque est célébrée dans la religion juive et dans la religion chrétienne. Pour les juifs, elle commémore le passage du peuple hébreu à travers la mer Rouge, symbole de libération de l’esclavage imposé par les Égyptiens. Pour les chrétiens, elle célèbre la résurrection du Christ, la victoire de l’amour contre la haine, la libération de l’esclavage de la mort. Ces deux fêtes sont fondatrices et structurent la vie des croyants. La plupart des psaumes de la liturgie juive ainsi que de nombreux écrits de la Torah, et donc du Premier testament dans la Bible chrétienne, font référence à cette libération opérée par Dieu qui se montre sensible aux souffrances du peuple hébreu. Pour les chrétiens qui célèbrent tous les dimanche la résurrection du Christ, il s’agit de faire mémoire de cette victoire de la vie et de découvrir que cette Bonne Nouvelle se réalise dans leur existence actuelle. Cependant, nous avons souvent la fâcheuse habitude de retomber dans une pratique étriquée et moraliste de la religion.

Liberté et les autres
La liberté à laquelle nous sommes invités ne signifie pas que nous devons faire tout ce que nous voulons, car la liberté ne doit pas se vivre au détriment des autres. Nous avons un critère simple de jugement sur les limites de notre liberté : « Est-ce que j’accepterais que quelqu’un me fasse ce que je m’apprête à faire ? » Donc être libre ne veut pas dire faire n’importe quoi sans tenir compte de ce qui nous entoure. Cette limite est importante, car nous sommes des êtres sociaux et nous vivons continuellement en relation et en interaction les uns avec les autres. Il s’agit de vivre avec de la morale, ce qui ne veut pas dire tomber dans un moralisme culpabilisant et mortifère. Les grands tabous et interdits (le meurtre, l’inceste, le viol, le vol…) n’ont pas pour objet de nous contraindre et de nous faire du mal, au contraire, ils sont des limites qui nous sont proposées pour mettre en œuvre notre liberté avec des repères et des guides qui nous aident à vivre avec les autres.

Liberté et désirs
Une autre limite à la liberté absolue découle de la compréhension de ce que nous appelons les désirs. La liberté à laquelle Dieu nous invite est une liberté éclairée, qui a besoin de discernement pour faire la part des choses entre les pulsions et les authentiques désirs et aspirations au bonheur. Nous pouvons facilement être esclaves de nos caprices et de nos pulsions. Il arrive même bien souvent que nous nous fassions du mal et que nous mettions notre existence en péril sous prétexte de recherche de plaisir. Les cas extrêmes sont les diverses addictions et conduites à risques, mais si nous prenons du recul, nous pouvons relire notre vie, nos actions, nos choix et découvrir que nous sommes parfois passés à côté du bonheur par aveuglement et que nous avons été esclaves de nos pulsions.

Liberté et renoncement
La liberté est parfois comprise comme la possibilité de pouvoir toujours tout faire, alors qu’en réalité faire des choses implique de faire des choix, et donc de renoncer à des possibilités incompatibles entre elles. Être libre ne veut pas dire rester à la croisée des chemins et n’en choisir aucun au nom de la liberté et du refus de renoncer. S’engager est source de bonheur et demande une grande liberté, mais cela implique aussi de renoncer et donc d’accepter de ne plus être libre de tout faire. Être libre ce n’est pas faire tout ce qu’on veut, mais c’est vouloir tout ce qu’on fait.

Liberté et bonheur
La liberté envisagée comme fruit du désir de Dieu pour chacune et chacun d’entre nous devrait nous donner des ailes. Cela devrait nous aider à comprendre que Dieu ne cherche pas à nous enfermer dans des projets tout ficelés et déterminés, mais qu’il n’a qu’un désir pour nous, c’est que nous soyons heureux et que nous fassions le bonheur autour de nous. La toute-puissance que nous attribuons à Dieu n’est pas une puissance de contrainte, comme celle d’un marionnettiste qui nous obligerait à faire des choses contre notre propre volonté ; c’est une puissance d’amour qui ne cesse de vouloir notre bonheur et qui nous ouvre toujours un avenir en nous disant qu’il n’est jamais trop tard pour faire les bons choix et pour devenir plus libres.

Liberté et sainteté
Les enfants de Dieu que nous sommes devraient donc être des modèles de liberté vis-à-vis des pensées dominantes et des idées reçues ; des prototypes de personnes capables de s’engager authentiquement dans des relations sans craindre de perdre quoi que ce soit ; des exemples d’individus qui se reconnaissent pêcheurs pardonnés et qui ont le désir de partager la joie de ce pardon avec tout le monde ; des gens qui sont habités par la confiance de ceux qui se savent aimés quoi qu’il arrive et sans condition, et qui n’ont donc rien à prouver ou à gagner mais tout à recevoir et à partager. Nous sommes bien loin de cet idéal, mais nous y sommes tous appelés, et le drame n’est pas d’en être loin mais de renoncer à tendre vers l’idéal. C’est une autre manière de dire que nous sommes tous appelés à la sainteté, c’est-à-dire à la liberté des enfants de Dieu !

Olivier

2023-03-15T22:03:41+01:00

Camp Hiver 2023 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets à Larche

Mardi 21 février à 8 h c’était le départ au ski pour les Jeunes Cadets, après un trajet animé par des blind test et un film, on aperçoit enfin la neige ! Après une rapide pause repas en arrivant à Larche, nous repartons vite pour louer le matériel qui nous servira tout le séjour pour nos exploits ! Le soir après avoir mis au clair les règles de vie et après le dîner les JKD’s ont fait la rencontre de deux gaulois : Mathix et Roxix qui avaient besoin de leur aide pour chasser les sangliers ! Le lendemain, après un réveil matinal, et un petit déjeuner essentiel pour appréhender le reste de la journée, les choses sérieuses peuvent commencer : et voilà tous nos Jeunes Cadets sur leurs skis ! Les différents groupes profitent ensemble des pistes vertes, bleues, rouges et noires toute la journée ! En rentrant vint le moment des douches puis de la messe des Cendres et le soir de jeunes vikings vinrent solliciter nos skieurs d’exception pour les aider à devenir de vrais vikings ! Jeudi et vendredi rebelote, journées de ski classiques, tout le monde progresse à son rythme et la cohésion est à son max ! Et cette fois ce sont d’abord les Romains jeudi soir puis les Grecs vendredi soir qui ont besoin de l’aide des JKD’s ! Et voilà déjà samedi, dernière journée de ski, tous les Jeunes Cadets sont désormais des rois de la glisse, le camp touche à sa fin avec la traditionnelle raclette du dernier soir ! Pour finir cette semaine à la découverte des ethnies de l’Antiquité, ce sont les Égyptiens qui viennent faire le bilan de cette semaine de ski et leur remettre leurs médailles par équipe ! On quitte l’Antiquité… direction le Moyen Âge !

Roxane

2023-03-15T22:17:19+01:00

L’Évangile du mois d’avril 2023

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Au soir de ce premier jour de la semaine, les portes étaient fermées par peur des Juifs là où les disciples étaient réunis. Jésus vint et se tint au milieu d’eux. Il leur dit : « Soyez en paix ! » Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté, et ce fut la joie pour les disciples qui voyaient le Seigneur. Et puis il leur dit de nouveau : « Soyez en paix ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Ayant dit cela, Jésus souffla vers eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous enlèverez les péchés, ils leur seront enlevés ; quand vous les maintiendrez, ils seront maintenus ».
L’un des Douze était Thomas, surnommé le Jumeau ; il n’était pas avec eux pour cette venue de Jésus. Comme les autres lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur », il leur répondit : « Tant que je ne vois pas ses mains avec la marque des clous et que je ne mets pas le doigt dans la marque des clous ; tant que je ne mets pas la main dans son côté, je ne crois pas ».
Et voilà que de nouveau, huit jours plus tard, les disciples étaient à l’intérieur et Thomas avec eux. Alors que les portes étaient fermées, Jésus vint et se tint au milieu. Il dit : « Soyez en paix ». Ensuite il dit à Thomas : « Mets ici ton doigt, regarde mes mains. Avance ta main et mets-la dans mon côté. Cesse de nier, et crois ! » Pour toute réponse Thomas lui dit : « Tu es mon Seigneur et mon Dieu ! » Et Jésus lui dit : « Tu m’as vu et tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient. »

Le contexte
On est au soir de Pâques. Pour la première fois, Jésus ressuscité vient rencontrer ses disciples réunis au Cénacle. Ils sont tous présents sauf Judas bien sûr et… Thomas.

Six verbes importants
Jésus vient, il se tient là, il parle, il montre, il envoie, il insuffle. Avec ces verbes, il y a tout un résumé de la façon dont le Christ ressuscité vit avec ses disciples, depuis ce soir-là et jusqu’à aujourd’hui.

Venir
Tout d’abord, Jésus vient. C’est ce que fait le Fils de Dieu depuis le début, depuis que le Verbe est venu chez les siens et que les siens ne l’ont pas reçu. C’est aussi ce qu’a fait Jésus au bord du Jourdain auprès de Jean-Baptiste, quand celui-ci l’a vu venir à lui et a témoigné : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Venir d’auprès du Père pour manifester au monde de quel amour Dieu l’aime, tel est, depuis le début, le mouvement du Verbe fait chair. Et là, en ce soir où, dans l’Évangile, tout se concentre, voici que Jésus vient.
Comme il vient encore chaque jour, lorsque deux ou trois sont réunis en son nom. Comme il vient encore à nous, même si nos portes sont fermées, même si nos cœurs sont endurcis et nos yeux empêchés de le reconnaître, il vient.

Se tenir là
Jésus vient et se tient là, au milieu d’eux. Il se tient là comme Marie sa mère, quelques femmes et le disciple se tenaient là tout près de la croix, quand tous les autres l’avaient abandonné ou comme, le matin même, Marie de Magdala se tenait dehors, près du sépulcre, en pleurant.
Il se tient là proche et disponible aux recherches, aux espoirs et aux douleurs de son peuple comme auprès des malades de nos hôpitaux ou de nos cliniques.

Parler
Que dit-il ? « Paix à vous ». Ce ne sont pas seulement des paroles en l’air, c’est un acte, le premier que le Vivant accomplit sur ses disciples réunis, apeurés et découragés. Pour Jésus, parler, c’est agir et en prononçant ces mots, Jésus donne effectivement ce que ces mots désignent. « C’est la paix, la mienne, que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ».

Montrer
Jésus vient, il se tient là, il parle et il montre. Mais quoi ? Jésus montre ses mains et son côté. D’abord aux disciples et ensuite à Thomas, qui nous représente tous. Jean ne parle pas des pieds, mais des mains et du côté. Vous vous souvenez que, dans le récit de la Passion de Jésus, Jean est le seul à parler du soldat qui, après la mort de Jésus, lui perça le côté : « Aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau ». Dès le début de l’Église, les premiers penseurs chrétiens ont senti dans ce texte les fondements d’une contemplation des plaies du Christ, qui se développera plus tard en dévotion en son Sacré-Cœur dont notre fondateur Jean-Joseph Allemand était adepte.

Envoyer et insuffler
Jésus vient, il se tient là, il parle, il montre, puis il envoie et il insuffle. « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Pas simplement « de la même manière que », mais plus profondément « dans le prolongement de ». La mission que le Fils donne aux disciples procède de la mission que le Père a donnée au Fils. Et le lien entre ces deux missions, c’est l’Esprit Saint. « Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » ». Jésus souffla sur eux comme Dieu, au commencement du monde, avait insufflé dans le premier homme son haleine de vie. Décidément, ce soir de Pâques est une nouvelle genèse, une nouvelle naissance, une nouvelle création. L’œuvre de la Pâque se réalise.

Didier Rocca

(Je me suis largement inspiré pour ces réflexions d’une homélie de notre archevêque Jean-Marc Aveline prononcée en 2021.)

Le nom du mois : Paix
Au temps de Jésus, il existait la Pax Romana mise en place par l’empereur Auguste. Il s’agissait d’une paix imposée à tous par la peur de représailles terribles. La paix annoncée par Jésus est tout autre. Il s’agit comme souvent d’une grâce qui se manifeste à la fois en nous et vis-à-vis des autres. La paix intérieure est un des fruits de l’Esprit Saint. Elle est un bon critère de discernement qui nous permet de vérifier que nos choix, petits et grands, sont les bons.

2023-03-15T22:06:18+01:00

Camp Hiver 2023 > les Cadets

Les Cadets à Larche

Jeudi 16/02 : Il est 8 h 30. C’est le départ pour une aventure glaciale, mais le sourire des Cadets nous a vite réchauffé le cœur. Arrivés à la maison, nous mangeons notre pique-nique. Puis installation dans les chambres, deux groupes se sont créés, l’un va récupérer les skis, pendant que l’autre réapprend à se civiliser au sein d’un groupe, dans une maison commune… et après vice-versa… Les douches s’enchaînent, puis temps libre, entre discussions, musique, foot et jeu de société, le temps passe et il est déjà l’heure du dîner. Allez hop brossage des dents. Puis tout d’un coup un couple d’agents secrets nous a rejoints à la recherche de nouveaux agents secrets pour combattre le mal.
Vendredi 17/02 : Cette deuxième journée a démarré par un réveil énergique en musique. Arrivés à la station les Cadets sont partis skier par groupes selon leur niveau (vert, bleu, rouge et noir). 12 h 15 : l’heure de se régaler avec une bonne salade et faire le plein d’énergie pour répartir en pleine forme pour une après-midi sur les pistes, accompagnés d’un magnifique soleil. Enfin la journée terminée, le roi et ses deux bouffons du village sont venus trouver des remplaçants car ces deux derniers n’avaient plus d’inspiration pour occuper et faire rire le roi.
Samedi 18/02 : Les KD’S ont été réveillés par Patoche, un réveil bien mouvementé ils ont déjeuné avec Patoche, Anik, Alexandra, Marc, Ivan et le petit nouveau William l’influenceur, après ils ont rejoint les pistes avec des défis à faire pendant la journée : skier sur un seul ski, faire la chenille puis un bonhomme de neige, de prendre en photo divers personnages de la station, bloquer le fameux passage sous un pont… Après cette grosse journée de ski ils sont rentrés à la maison pour reprendre des forces avec un bon chocolat chaud, ils ont eu leur temps libre pour jouer au foot, faire le débriefing de la journée de ski et surtout se doucher avant de manger. Après ils ont dû se déguiser en beaufs pour me ressembler. Ils ont regardé un montage de leurs vidéos et photos prises durant la journée et après ils ont eu droit à une boum de fin de journée à thème.
Dimanche 19/02 : Nous voilà au 4e jour, les Cadets sont bien fatigués mais toujours d’attaque. À 8 h 45 le premier groupe se prépare à partir pour une bonne journée de ski. Une fois tous arrivés à la station, les groupes se séparent pour aller chacun de leur côté. Ça y est, la journée de ski commence enfin ! La pause de midi arrive, ils se régalent et discutent de leur matinée et de leurs chutes. Allez hop, c’est l’heure de skier ! Les Kd’s prennent leurs skis, direction les pistes ! Une bonne aprèm s’annonce.
Une fois l’après-midi finie, les groupes arrivent tous petit à petit pour rentrer à la maison. Une fois rentrés, DIRECTION LES DOUCHES ! Après le 5/7, tout le monde passe à table. Le repas se passe bien, c’est déjà l’heure de la veillée. « Nos jours heureux », voici le film qui va animer notre soirée. Le film fini, prière suivie du coucher. Les Kd’s se sont endormis rapidement après cette longue journée, donc « chuuuut » et à demain.
Lundi 20/02 : Et nous voilà déjà au dernier jour de ski, ceux qui avaient appris à skier font déjà des pistes rouges, et les autres progressent toujours plus. On mange un bon taboulé pour être en forme pour les dernières heures de ski ! Puis les valises se font, dans la joie et la bonne humeur. Le soir c’est raclette ! Malheureusement rentre dans la tête de tout le monde « on s’est vus en boîte de nuit »… et on la chante à tue-tête ! Le soir, dernière veillée : les Cadets sont par familles et tentent de gagner une émission télévisée qui leur offrira un voyage à Hawaï ! S’ensuiventt des défis plus rocambolesques les uns que les autres.
Le lendemain, le ménage est à l’attaque, les Cadets font leur adieu à Larche pour cette année. Merci à tous !

Carole, Pierre, Antoni, Esteban, Clémentine

2023-03-15T22:16:59+01:00

Camp Hiver 2023 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets à Larche

Bienvenue au camp Grand Cadet. À travers cette lecture vous allez découvrir la joie qui était de passer quelques jours avec le groupe, nous avons partagé le camp les Benjamins, le début de l’aventure !
Une première expérience pour les Grands Cadets qui avaient la liberté de skier seuls à condition d’être par groupe de 3 minimum. Mais très rapidement naturellement nous formions un groupe unique sur les pistes.
Nous partagions beaucoup de choses et beaucoup de rires. Tous les soirs nous retrouvions les Benjamins, on partageait le repas et les jeux du soir. Ça a été très riche en partage, car les GKD’s et BJ’s ont pu apprendre à faire connaissance tout au long du voyage ; ce qui a aussi permis aux GKD’s d’avoir un premier aperçu de ce qu’était l’animation. Ce qui est d’ailleurs très agréable aussi pour le retour à l’Œuvre car des liens se créent entre les 2 groupes. Entre Grands Cadets, nous jouions aussi, les jeunes devaient avant le camp faire les jeux pour le reste du groupe avec un univers, un thème, des règles bien précises… Ce qui a été très instructif pour les GKD’s, car ça leur a permis de tenir un personnage pendant la totalité du jeu, de s’exprimer devant un public en adaptant leur vocabulaire à des enfants de 9 ans, à apprendre à structurer le déroulé d’un jeu et ainsi à être confrontés à la gestion des enfants durant un jeu.
Ce camps fut riche en partages et découvertes.
Nous sommes très heureux de vous avoir fait partager notre séjour au ski. Maintenant face au cheval et à la Mer en Camargue en avril !

Martin

2023-03-15T22:18:24+01:00

Lettre du Villard – février 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 février 2023

Le Villard, le 15 février 2023
Cher ami,
Dès réception de votre lettre qui nous annonçait votre prochaine venue au Villard avec quelques amis, j’ai demandé à Mademoiselle Reynaud, comme vous le souhaitiez, de s’assurer que les chambres de l’étage que vous n’avez pas occupées depuis l’été dernier ne nécessitaient pas un peu de ménage. Elle a eu tôt fait de venir, aurige pétaradant, sur le quad1 de son frère car elle ne se risque plus avec sa moto sur la glace qui recouvre la route depuis des semaines. Je me suis enquis auprès d’elle (car les naturels – comme on disait du temps de Bougainville – sont assez flattés d’être crédités de la réputation de connaître l’évolution du temps) de savoir si le bel enneigement se maintiendrait jusqu’à votre venue. Elle n’en doute pas (elle ne doute de rien) mais, m’a-t-elle promis, elle va demander par précaution à sa tante des Maïts de commencer une neuvaine en invoquant Sainte Eulalie. L’interrogation qu’elle a lue sur mon visage lui a donné le plaisir de me raconter l’histoire de cette sainte2 dont une neige inattendue vint recouvrir le corps après son horrible martyre et dont on peut solliciter l’intercession pour faire tomber de la neige, quelle que soit la saison.
Vous me reprochez gentiment dans votre lettre de paraître sans trop d’illusion quant à l’intérêt des conversations qu’on a en société et vous soulignez que c’est souvent avec de petits riens qu’on fait du lien. Vous relevez que ce qui ne justifierait pas toujours d’être échangé traduit le besoin et le plaisir qu’on a de partager un moment de vie. Et vous soulignez que la prétention à vouloir introduire dans la conversation des sujets extérieurs à l’objet de la réunion familiale ou amicale peut ne pas être sans risque. Vous rappelez le diptyque « Un dîner en famille » que Caran d’Ache en 1898 dessina à propos de l’affaire Dreyfus. Il présente deux moments d’un repas d’une famille bourgeoise ; sur le premier dessin, le chef de famille prévient : « Surtout ! ne parlons pas de l’affaire Dreyfus ». Le second montre la famille en train de se battre autour de la table, avec la légende « … ils en ont parlé ». Cette caricature vous fait penser aux opinions tranchées qui agitent bien des dîners actuels ; vous rappelez, sans omettre les débats sur l’opportunité de modifier les régimes de retraite, les controverses qu’animent les complotistes depuis que le Covid s’est répandu dans le monde, et vous notez que les prises de position exprimées actuellement sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie mettent parfois un peu de gêne autour dans certains cercles. Dans un cas comme dans l’autre, notez-vous, la difficulté vient de ce qu’une personne qui s’est intéressée à un sujet pour des raisons qui lui sont propres pense, sans doute de bonne foi, en connaître sinon tous les aspects, du moins ceux qui lui permettent de croire qu’elle est au fait de la question.
Nous constations l’autre jour avec Gastinel, qui a repris ses randonnées en raquettes et qui ne manque pas d’inclure le Villard dans son itinéraire pour y passer à l’heure du café, qu’il nous était bien difficile de pondérer le poids des arguments qui s’affrontent dans les sujets dont le monde bruisse. Nous les entendons, les analysons, mais un « je ne sais quoi » fait que nous privilégions l’un par rapport à l’autre. Il serait intéressant de savoir pourquoi ; s’agit-il de dispositions innées ou d’un conditionnement social ? L’ami Béraud a son idée là-dessus ; « c’est, dit-il, une question de système hépatique : il y a les bileux et les autres ». C’est sans doute un peu abrupt mais l’hypothèse n’est pas à écarter. A-t-on déjà vu un trotskyste flegmatique ? Cette « grille de lecture » qui nous guide ou nous conditionne se retrouve dans nos sujets d’intérêt ou de préoccupation. Pour certains, rien n’est plus important actuellement que la montée des périls en Ukraine, pour d’autres, il s’agit du réchauffement climatique, pour d’autres encore des conséquences possibles pour l’Europe de la croissance vertigineuse des populations pauvres d’Afrique, pour d’autres enfin de l’évolution culturelle chaotique de notre société. Chacun à son avis mais, dans une course d’obstacles, choisit-on l’ordre dans lequel on les aborde ? Mimiquet, qui, venu déneiger l’accès à votre maison, était entré quelques instants chez nous pour se réchauffer, a observé en plaisantant que, si on n’avait pas de chance, la course pouvait s’interrompre dès le premier obstacle… Béraud a poursuivi dans son idée que les opinions que nous estimons énoncées de bonne foi doivent sans doute autant à la nature qu’à la raison. « Nous croyons que nous pesons correctement les arguments mais nous ne nous rendons pas toujours compte que les bras du fléau de notre balance sont inégaux. Il vous est sûrement arrivé d’hésiter avant d’acheter une voiture ou un canapé ; vous avez pesé le pour et le contre, comparé les caractéristiques et puis vous avez choisi le modèle qui vous plaisait, en pensant sans doute que c’était le choix raisonnable. Ne nous prenons pas pour des héros : nous tenons à ce que nos choix ne nous mettent pas mal à l’aise, à ce qu’ils nous plaisent. Et vous voudriez qu’étant incapables de choisir rationnellement un canapé nous ayons l’esprit plus aiguisé pour savoir ce qu’il faudrait faire pour réformer le régime des retraites ! » À Gastinel qui lui faisait remarquer que son scepticisme était sinon désespérant, du moins démobilisateur, il rappela que Socrate avait déclaré que la seule chose qu’il savait était qu’il ne savait rien, autrement dit qu’il fallait apprendre à abandonner nos certitudes pour commencer à réfléchir réellement. Mimiquet, paraphrasant César, dans la pièce éponyme de Pagnol, s’est éclipsé en déclarant « Oh !… Alors ! Si vous faites de la philosophie ! Alors… ».
Au même instant, comme au théâtre de boulevard, la porte s’est ouverte sur Mademoiselle Reynaud qui, en ajustant son casque, m’a prié de vous dire que la reprise de l’inflation et la flambée du prix de son liquide lave-vitres allaient la conduire à vous demander un petit quelque chose en plus… Voilà… Vous êtes prévenu !
Dites-nous quel jour vous pensez arriver pour que nous puissions vous accueillir dignement.
Nous vous assurons de nos pensées les plus amicales.

P. Deladret

  1. Quad : Quadricycle à moteur tout terrain non carrossé.
  2. Sainte Eulalie de Merida, vers 304, fêtée le 10 décembre, dont l’histoire est rapportée dans la Cantilène de Sainte Eulalie (vers 880), premier texte en langue d’oïl.
2023-02-08T08:55:40+01:00

Édito Mars 2023 > La conversion

Le temps du carême qui nous prépare à célébrer les fêtes de Pâques est un moment fort de conversion personnelle, fraternelle et spirituelle. Je vous propose de réfléchir ensemble à cette notion de conversion et de découvrir à frais nouveaux comment les chrétiens sont invités à la vivre.

Un effort surhumain
Une conception très répandue est de penser que la conversion consiste à faire des efforts, parfois surhumains ou contre-nature, pour atteindre Dieu, comme s’il nous fallait gravir une immense montagne et faire de l’escalade dans des conditions extrêmes. L’objectif serait impossible à atteindre, mais il nous faudrait quand même nous donner du mal pour essayer d’aller le plus haut possible. Nous devrions mettre toutes nos forces et nos capacités à faire des efforts énormes, avec un sentiment de culpabilité immense devant nos échecs et notre impossibilité à atteindre l’objectif. Nous ne pourrions que nous sentir nuls et médiocres aux yeux de Dieu qui nous regarderait du haut de sa puissance comme des incapables. Certains parmi nous arriveraient à grimper plus haut que d’autres, ils seraient des héros, des modèles, mais ils seraient tellement exceptionnels et leurs sacrifices tellement grands, que nous ne pourrions qu’en ressentir encore plus de déception quant à notre incapacité à faire aussi bien qu’eux. Dans cette conception, le résultat est la culpabilité et le sentiment d’infériorité.

Un retournement
Une conception qui me semble mieux correspondre à ce que Jésus nous révèle du désir de Dieu serait plutôt une invitation faite à l’homme qui avance dans son existence de se retourner et de découvrir que Dieu est juste là, derrière lui, un peu en retrait, mais tout proche et qu’il ne désire qu’une chose, c’est que l’homme se retourne vers lui et oriente sa marche dans la direction qu’il lui propose. Dans cette conception, c’est Dieu qui s’engage dans une relation avec l’humanité, il fait le premier pas, il nous rejoint là nous sommes, là où nous en sommes, et il nous invite à nous engager dans cette relation. Il vient à notre rencontre, et respecte notre liberté. Si nous désirons le suivre, si nous comprenons que la direction qu’il nous invite à prendre est la meilleure pour nous et qu’elle nous permettra d’avoir une vie qui a du sens, et d’être heureux, alors nous deviendrons capables de cheminer avec lui, traçant une nouvelle route, peut-être sinueuse et difficile, mais pleine de sens. Selon cette manière de concevoir la conversion, on comprend qu’elle n’est pas d’abord un effort pour atteindre Dieu qui serait loin de nous, mais un retournement pour accueillir Dieu qui vient à notre rencontre.

Une vie de carême : se retourner…
Les quarante jours que dure le carême nous donnent l’occasion de mettre en œuvre de manière plus radicale ce que notre vie de chrétien devrait être en permanence : retournement sur notre manière de vivre, sur nos priorités et sur ce qui peut-être nous empêche d’être libres. Cela s’exprime par le terme de « jeûne » ou de « pénitence », qu’il faut comprendre comme un moyen pour se purifier de ce qui nous fait du mal et pour nous orienter vers une vie plus simple, plus unifiée et plus juste. On pourrait dire ce que c’est une invitation à se donner de la peine pour se faire du bien, comme un temps de « détox » pour utiliser un mot à la mode. Le carême est aussi un temps de retournement vers les autres, en essayant d’être plus attentifs aux situations de malheurs et d’injustices qui nous entourent, et desquelles nous pouvons parfois nous rendre complices. On appelle cela le partage, la solidarité, l’aumône. C’est la raison qui explique que le carême souvent est l’occasion d’actions d’entraide et de solidarité. Le troisième retournement proposé durant le temps du carême est plus spirituel : le retournement vers Dieu. En donnant un peu plus de temps à la prière, à la lecture de la Bible, à la célébration des sacrements, nous prenons le moyen de nous rendre compte de la présence de Dieu auprès de nous, nous entrons en relation avec lui et nous pouvons vivre la pratique religieuse comme le double mouvement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.

Chemin de sainteté
Par le baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté. Comme pour la conversion, nous avons besoin de transformer notre manière de concevoir ce que la sainteté représente pour nous. Si c’est un chemin de perfection qu’il faut emprunter en vue d’un idéal à atteindre par nos propres forces, alors là encore nous risquons de trébucher sur l’écueil de la culpabilité et du moralisme. La sainteté telle que le Christ nous la présente est plutôt l’ouverture à une alliance avec lui. Il nous aime gracieusement, il fait le premier pas, et nous invite à entrer dans cette relation d’amour avec une promesse de sa part : « Tu ne seras pas seul sur ta route, je t’aiderai à donner le meilleur de toi-même et je t’accompagnerai dans les épreuves et les difficultés pour que tu poursuives ton chemin ». Les saintes et les saints qui nous sont donnés comme exemples ne sont pas des femmes et des hommes désincarnés et héroïques, ce sont des personnes normales qui ont entendu cette promesse de Dieu et qui ont décidé d’y répondre, avec ce qu’elles étaient. Les saints nous montrent que c’est possible de dire « oui » à Dieu.

Olivier

2023-02-08T08:51:49+01:00