Olivier

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Camp Toussaint 2021 > les Cadets

Les Cadets à Carabelle

Je pense que tous les Cadets seront d’accord pour dire qu’on aurait difficilement pu mieux commencer l’année :
malgré les journées pluvieuses nous laissant enfermés dans la maison, les basses températures la nuit tombée ou encore les dérapages qui parfois plombaient un peu l’ambiance, on a passé cinq jours merveilleux : des liens d’amitié se sont tissés, le noyau du groupe KD se forme donnant des graines d’animateurs qui ne tarderont pas, j’en suis certain, à donner une bonne relève pour les prochains camps et les prochaines années à l’Œuvre. On a eu droit à des jeux animés par les jeunes dans lesquels on s’est amusé comme des fous et des journées de coordination où l’organisation s’est bien déroulée. Même si vous avez parfois pu être un peu immatures (il faut garder un peu d’enfance en soi), nous, les animateurs (et on espère que vous aussi !) avons passé un incroyable camp, et ça, c’est grâce à vous !

Nayef

2021-11-23T09:19:47+01:00

Camp Toussaint 2021 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets à Taizé

Lundi 1er novembre, 18h30, dans le minibus avant d’arriver à St-Sa : « Qui veut bien faire le rétro du camp svp ? »… Ça hésite un peu… « Vas-y, chaud patate, je veux bien le faire ».
Donc voilà, remontons au jeudi 28 octobre.
Ça y est, les GKD’s entrent dans le fourgon, direction une nouvelle aventure : Taizé. Après de longues heures de route et la visite du petit village de Cluny, ils arrivent enfin. Les animateurs leur expliquent le déroulement du camp puis ils partent s’installer dans les chambres. Ensuite, ils se retrouvent pour le repas. Je pense que personne ne regrettera la nourriture de Taizé. Ils sont répartis en deux groupes pour distribuer le gel hydroalcoolique et porter les pancartes silence avant la prière du soir. Ils passent la nuit sur des matelas extrêmement fins et inconfortables et se rejoignent le lendemain matin à 8 h « au Luc », leur lieu de rassemblement. Après la prière du matin et le petit-déjeuner, ils vont dans la tente où a lieu le partage biblique qu’ils feront tous les jours. Le soir, les prières sont longues et ils ont besoin d’aller se défouler après, alors ils se rendent à Oyak, le seul endroit dans lequel on peut mettre de la musique à fond, courir, crier et danser la nuit. Ils ont assisté à l’engagement d’un nouveau frère dans la communauté de Taizé, ils ont prié autour de la croix, ont assisté à une messe différente de celle qu’ils ont l’habitude de voir à l’Œuvre, ils ont rencontré frère Luc, un ancien de l’Œuvre… Mais Taizé n’est pas qu’un endroit de prière, c’est aussi un endroit de partage et de rencontres. Tous les Grands Cadets ont fait des rencontres inoubliables. Ils ont chanté et dansé avec les personnes dans les chambres voisines des leurs, ils ont rigolé avec des personnes venant d’autres villes, et ils ont essayé de parler avec des Espagnols. Que de bons souvenirs. Mais bon, nous sommes déjà le lundi 1er novembre, et il est temps de faire nos bagages et de partir. Une dernière prière, un dernier « repas », le bilan du camp et c’est parti. Quelques larmes ont été versées au moment des au revoir. 6 heures de routes, beaucoup de musique, un pneu à plat et hop, de retour à Marseille. Mais l’esprit de Taizé restera présent, car une des chansons des prières a vraiment marqué le groupe, « Laudate dominum… », et il sera peut-être possible de l’entendre bientôt durant une des prières de l’Œuvre !
Malgré les longues heures de prières, les repas maigres et les lits inconfortables, les GKD’s ont passé un camp génial.
Merci Olivier, Stan, Maya et Alexis. Merci à la communauté de Taizé de nous avoir accueillis. Merci aux Grands Cadets d’avoir été là avec votre bonne humeur.

Ava

2021-11-23T09:50:23+01:00

Lettre du Villard – octobre 2021

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 octobre 2021

Le Villard, le 15 octobre 2021
Cher ami,

Nous sommes ravis d’apprendre que votre petite famille viendra au Villard pendant les vacances scolaires. L’automne est cette année doux et coloré. Si le froid n’arrive pas trop rapidement, nous pourrons tenter de ramasser des champignons. Vous ferez aussi la connaissance des Poulenc qui viennent d’acheter la maison de Pelotier et qui entendent y vivre à l’année.
Ce couple est d’un commerce agréable. Nos idées sont assez proches sur bien des sujets. Ce sont cependant des gens de certitude, qui sont assurés de ce qu’ils pensent et de ce qu’il faut faire. Vous connaissez naturellement des gens comme ça, qui ont un avis sur tout. Je les admire parfois d’être, comme on dit, droit dans leurs bottes, tant il m’est difficile de prendre un parti trop tranché. Il faut savoir, me direz-vous, distinguer dans les divers aspects d’un sujet celui qui est essentiel pour nous et, dès lors, cesser de le tourner sous tous les angles. Vous conviendrez cependant que certains se déterminent souvent sans même avoir pris le temps de l’examen. Sans avoir pris le temps… ou parce qu’ils craignent d’avoir à sortir de leur « zone de confort ».
Ce qui se passe actuellement dans et autour de l’Église à la suite du rapport de la CIASE illustre bien cette attitude. Les uns s’arc-boutent sur l’idée que les conditions que l’Église demande aux prêtres d’accepter peuvent conduire à des crimes, ou du moins à des désordres. D’autres soutiennent mordicus que c’est le mode de fonctionnement de l’institution qui explique que ces crimes aient pu rester cachés et impunis. Tout un chacun a finalement un avis qui dépend moins du sujet que de ses propres a priori. Et cela ne se réduit pas au seul domaine que nous évoquons ; regardez l’art, la politique… Mais je m’égare.
Nous avions hier improvisé un petit gaudeamus autour de brochettes de petits oiseaux que Mimiquet nous avait offertes et dont nous nous délections en évitant de nous interroger sur leur provenance. La conversation a naturellement fini par rouler sur cette affaire. À Gastinel, qui entendait qu’on reconnaisse à l’Église le mérite d’avoir balayé devant sa porte, les Poulenc, ont objecté qu’en instituant la CIASE, l’épiscopat s’était aventuré au-delà de son domaine d’expérience. Mimiquet était convaincu qu’en n’ayant pas réagi plus tôt, l’institution s’en est faite complice et que la Réforme de Luther avait eu lieu pour moins que ça. Il a fallu Beraud pour calmer le jeu ; « on peut distinguer, dit-il, ce qui est du domaine de la croyance et ce qui est de la sphère de la religion. Ce en quoi croient les chrétiens n’est pas mis en cause par ce qui fait scandale… Il n’en va pas de même de l’institution qui entend, en quelque sorte, mettre en œuvre cette croyance, ni des hommes qui la composent. Le fait qu’une frange de ceux-ci soit indignes et que celle-là n’ait pas toujours été à la hauteur de sa mission, n’affecte pas, à mes yeux, le bien-fondé de la croyance. On comprend cependant que ceux qu’elle dérange ne se privent pas d’entretenir la confusion  »
Ces débordements font penser au mot du philosophe Alain sur la démocratie, qui serait un mode de gouvernement à réserver aux dieux, simplement parce que l’homme est imparfait. Le but à atteindre est incontestable, mais on sait ce que sont les moyens… Et le problème est qu’on oublie souvent la fin en se laissant obnubiler par les moyens, qui, à leur tour, deviennent une fin. Le nouveau curé de la vallée, venu découvrir la chapelle du Villard, nous exhortait justement dans son sermon à nous garder de confondre la fin et les moyens. Il prenait pour exemple la perte du marché de sous-marins que la France devait vendre à l’Australie, se demandant si ce n’était pas une occasion pour reconsidérer la vocation de notre pays. Il faut pouvoir se défendre, bien sûr, mais pour amortir, en quelque sorte, le coût de l’armement, on se met en devoir de le faire partager par d’autres et on s’installe dans un statut de marchand d’armes… Gastinel ne partage pas, bien sûr, cette opinion, car pour lui, la Défense n’a pas de prix, mais Beraud lui a fait remarquer que ce statut de marchand d’armes n’était pas précisément celui qu’on pourrait attendre d’un État qui se targue d’être l’héritier de l’esprit de 1789. Poulenc, qui a fait carrière dans l’industrie, pense qu’il devient urgent de ne plus se satisfaire de l’exercice habituel d’incantation en faveur de la réindustrialisation du pays. La désindustrialisation et les retards technologiques accumulés depuis un demi-siècle font que nos capacités techniques sont limitées et concentrés dans quelques niches. « Je vous crois, fit Mimiquet ; nos ordinateurs sont chinois, mais nos brouettes sont françaises… Voyez les Suisses ! Ils ont su conserver une industrie. Sans parler des Allemands, des Italiens, qui ne sont pas des farceurs ! » Poulenc considère qu’il faut faire renaître une culture industrielle qu’on a laissée perdre. C’est la première condition pour faire repartir l’emploi. Parce que nos industries fermaient l’une après l’autre, on a feint de croire qu’on pourrait transformer des « cols-bleus » en « cols-blancs ». Mais, comme, en même temps, on a laissé par démagogie décliner le niveau de l’enseignement (voyez où nous nous trouvons dans le classement de Shanghaï !), nous sommes submergés d’individus qui brillent plus par leurs prétentions que par leur qualification.
Vous pensez sans doute : « Pourquoi voulez-vous que ce soit simple ? Le monde est naturellement complexe, inorganisé, fait d’aspirations antagonistes… L’homme voudrait bien s’approcher de Dieu au point de se fondre en Lui, mais, dans sa démarche, il se perd souvent en route, ce qui nous renvoie au drame que vit l’Église en ce moment ». N’oublions pas, malgré tout, que nous avons une boussole !
Nous ne pourrons faire autrement, n’est-ce pas, qu’en parler lorsque vous serez au Villard ; dites-moi par téléphone quand vous arriverez pour que je prépare le chauffage de votre maison. Ma femme a prévu pour fêter votre arrivée une soupe d’orties. Il faut bien vous connaître pour vous la proposer !
Nous vous assurons de nos sentiments les plus cordiaux.

 

P. Deladret

2021-10-18T22:03:18+02:00

Édito novembre 2021 > Église constituée de pêcheurs

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église vient d’être rendu public, et nous sommes tous profondément marqués par ce qu’il contient. Les chiffres et tout ce qu’ils représentent de souffrance pour les victimes sont au-delà de tout ce que nous pouvions imaginer. La sidération et l’horreur sont immenses, tout comme la tristesse et la honte pour tous ceux qui sont engagés dans l’Église. Car nous ne pouvons nous désolidariser de l’institution au prétexte que nous ne sommes pas coupables ou que les faits sont anciens. Nous avons été aveugles, maladroits, peut-être même complaisants, sans jamais cautionner les crimes commis mais sans trop chercher à savoir… Je le dis d’autant plus volontiers que notre propre communauté, notre famille de l’Œuvre, n’est pas épargnée par ce fléau. Nous sommes de la même pâte humaine que les coupables désignés et reconnus, et, soyons lucides, il n’en faut parfois pas beaucoup pour basculer dans l’aveuglement qui empêche de considérer la dignité de la personne qui est à côté de nous. Nous sommes aussi de la même pâte humaine que les victimes qui sont rongées par la souffrance et, malheureusement, par la honte.

Pardon
Nous demandons pardon à toutes les personnes qui ont été blessées, de près ou de loin, par ces dérives criminelles. Il y a quelques années nous avons envoyé une lettre aux familles et aux anciens de l’Œuvre suite à des révélations de faits anciens commis dans une de nos maisons mais qui ont des répercussions toujours actuelles et douloureuses. Nous sommes désolés que des jeunes et des familles aient été profondément et durablement blessés dans le cadre de nos Œuvres alors que notre mission est d’accompagner la croissance des jeunes dans un cadre bienveillant, sécurisant et encourageant. Nous n’avons de cesse de parler d’un Dieu d’amour qui accueille et qui relève, et pourtant nous sommes capables de blesser et de détruire. Il nous faut en être conscients, non pour nous complaire dans la médiocrité, mais pour lutter contre ce qui peut nous faire trahir notre mission. Nous ne pouvons plus ignorer que les blessures et traumatismes ne s’effacent pas et restent présents dans l’existence des victimes tout au long de leur vie. Nous savons aussi que l’expression de ces souffrances par les victimes, et la reconnaissance des agressions de la part des responsables, sont des moyens d’apaisement indispensables. Parfois les agresseurs ne sont plus là ou ne sont pas capables, enfermés dans leur perversion, de reconnaître leur responsabilité et leurs crimes, mais en leur noms et comme responsables de l’institution dans laquelle ils ont sévi, nous voulons demander pardon. Pardon si nous n’avons pas mis en place des garde-fous contre l’emprise spirituelle et l’emprise affective qui sont à la source des abus physiques. Pardon aussi si nous n’avons pas eu conscience de la gravité des blessures et des répercussions sur toute une vie et son entourage. Oui, nous avons failli. Nous avons oublié que l’Église est d’abord le Peuple de Dieu, pas une structure, une hiérarchie, avec ses privilèges et ses passe-droits. Nous avons oublié que nous cheminions ensemble. Nous avons oublié que le silence que l’Église a opposé aux victimes fut un silence qui les a enfermées dans leur solitude, leur détresse, leur souffrance. Le contexte et les connaissances actuelles nous éclairent sur les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre ces dérives criminelles et les aveuglements complices.

Humilité
Cette prise de conscience peut être prophétique : ce n’est pas parce que nous sommes animateurs, adultes, éducateurs, religieux, prêtres, directeurs de colo, que nous sommes au-dessus des autres. Nous avons une mission, nous avons une parole à transmettre, mais nous n’en sommes pas les propriétaires ni les auteurs, nous en sommes les premiers destinataires. Quand nous donnons des conseils, lorsque nous indiquons un idéal, c’est d’abord à nous-mêmes que nous les adressons. L’Église, lorsqu’elle parle par la voie des prêtres, des diacres, des évêques, du pape ou des chrétiens engagés, ne donne pas des leçons de haut mais se parle à elle-même et transmet une parole dont elle est la première destinataire. Sinon elle risque de tomber dans le jugement et la condamnation, ce qui est une perversion de sa mission. Je me permets une réflexion personnelle : comme prêtre, je peux refuser de donner un sacrement, je peux interdire à une personne de communier, je peux culpabiliser les gens sur leurs choix de vie, leurs orientations sexuelles ou leurs actes passés… Mais quand je fais cela, je me prends pour Dieu ! Comment puis-je justifier une telle attitude alors que celui que j’essaye de suivre, le Christ, Dieu fait homme, ne s’est jamais permis d’enfermer une personne dans son pêché mais lui a toujours offert le pardon et le relèvement. Nous ne sommes pas ministres de la condamnation mais du pardon, et nous sommes nous-mêmes des pêcheurs pardonnés. Le Christ n’a eu des paroles dures que contre les responsables religieux de son époque qui se permettaient de juger et de condamner les autres en instrumentalisant la loi de Dieu. Tout ceci nous invite à œuvrer avec une extrême humilité, tout en veillant à transmettre sans trop la trahir la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu offert à tous. Ce n’est pas parce que les porte-parole sont médiocres et décevants que la parole qu’ils ont la charge de transmettre doit être dévalorisée et rejetée.

Vérité
Nous sommes ravis les jeunes et les familles à continuer à nous faire confiance. Nous mettons en place depuis quelques année, pour les grands jeunes et adultes impliqués dans l’animation des enfants, des sessions de formation destinées à éclairer sur la question des abus et des agressions sexuelles, et nous veillons à ce que chacune des personnes qui a en charge des enfants soit vigilante sur les dérives possibles. Il ne s’agit pas de tomber dans la suspicion continuelle, mais de savoir ne pas accepter tout sans discernement. Les paroles de vérité, même douloureuses, nous font grandir, nous offrent la possibilité d’être de meilleurs éducateurs, et nous permettent de mieux remplir notre mission !

Olivier

2022-01-15T11:23:29+01:00

L’Évangile du mois de novembre 2021

Le dimanche 14 novembre, nous prierons pour nos défunts et nous lirons un Évangile pour le moins bizarre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.

Le contexte
Avant d’achever son Évangile en racontant la Passion et la résurrection de Jésus, Marc nous propose un récit étonnant sur la thématique de la venue du Fils de l’Homme. De quoi s’agit-il ?

Apocalypse now ?
L’obscurcissement du Soleil et de la Lune ainsi que la chute des étoiles sont des signes apocalyptiques. Pris au sens littéral, ils évoquent la fin du monde mais ce texte peut s’interpréter autrement en se souvenant que le Soleil et la Lune peuvent être des idoles devant lesquelles on s’incline. Ainsi, l’obscurcissement de ces astres signifie la fin de l’idolâtrie. Ainsi, est suggérée non pas la fin du monde mais l’émergence d’un monde nouveau.

La venue du Fils de l’Homme
Cette venue du Fils de l’Homme ne se fera pas en catimini puisqu’elle sera accompagnée de puissance et de gloire. Remarquons que le Nouveau Testament ne parle pas du retour du Christ mais de sa venue. Parler de retour laisserait penser que le Christ est parti. Or, le Christ est vivant par son Esprit. Il est là même s’il est invisible à nos yeux de chair. Bref, le Seigneur est venu, il vient et il reviendra à la fin des temps.

Rassembler les élus
Cela évoque la réconciliation finale après la grande persécution. Il faut avoir en tête que la communauté à laquelle Marc appartient écrit depuis Rome à la fin des années 60 et que la communauté chrétienne est en proie aux persécutions.

La parabole du figuier
Le figuier suggère la fin de l’hiver et la venue du printemps. Demandez à Jean-Marie, il pourra vous le confirmer. Ainsi, l’image suggère qu’après le temps de la persécution, le temps de l’épreuve vient le temps des beaux jours, de la renaissance.

Mes paroles ne passeront pas
De fait, l’Évangile a parlé aux humains de toutes les époques et de toutes les cultures depuis 2000 ans. La Parole est éternelle. Pour chaque génération, elle ne passera pas avant que tout ne soit accompli.

Pour actualiser
La fin des temps ne peut pas être fixée par avance sur notre calendrier. La fin des temps, c’est le Christ crucifié qui, dans la puissance de sa résurrection, vient tout rassembler. Saint Jean-Paul II disait : « Tout ce qui arrivera, jusqu’à la fin du monde, ne sera qu’une expansion et une explicitation de ce qui est arrivé le jour où le corps martyrisé du Crucifié est ressuscité par la puissance de l’Esprit Saint ».
La fin des temps, c’est donc une Bonne Nouvelle ! Difficile à imaginer, ce sera la résurrection générale de tout le cosmos et de chacun d’entre nous.

Et le message concret dans ce passage ?
C’est qu’à travers les vicissitudes de l’Histoire, au terme, il y a la Rencontre avec le Ressuscité pour rentrer dans son Règne.
La règle pour y entrer, le croire tout simplement.
Le rôle des croyants consiste à être porteurs aujourd’hui de cette espérance dans leur quotidien.

Didier Rocca

Le mot du jour : Apocalypse
Ce mot vient du grec « apocalypsis » et signifie « révélation ». Ce genre littéraire apparaît en contexte de crise, surtout au iie siècle avant Jésus-Christ. Il donne naissance à des textes dans l’Ancien Testament et le Nouveau. Ces écrits veulent soutenir la foi et l’espérance des croyants qui passent par l’épreuve de la persécution sous diverses formes. Mais la littérature apocalyptique insiste sur le fait que, si le serviteur n’est pas au-dessus de son maître, il n’est pas au-dessous non plus ! Ainsi, les croyants de l’Apocalypse actualisent dans leur propre destin celui du Christ.

2021-10-18T21:51:13+02:00

Lettre du Villard – septembre 2021

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 septembre 2021

Mon cher,
Est-ce l’effet de la rentrée ? Votre dernière lettre nous donne à penser que vous êtes un peu perturbé par ce que peut devenir la société imparfaite dans laquelle nous ne nous sentons finalement pas mal.
Votre retour au travail vous fait, par exemple, vous interroger sur l’effet que peut avoir l’amplification du télétravail dans la vie des gens. Vous redoutez que le monde des employeurs, privés ou publics, n’y voit l’opportunité d’instaurer des politiques de rémunération plus accommodantes pour lui, d’influencer les cultures d’entreprise, de bousculer les hiérarchies, d’accentuer les clivages entre ceux qui télétravaillent et les autres ; vous vous demandez aussi quelles conséquences cela peut avoir sur la vie d’un couple ou d’une famille où les enfants s’en vont à l’école alors que les parents restent en pyjama devant leurs écrans… Il va bien falloir s’y habituer, mais, vous avez sans doute raison, ce n’est pas le télétravail qui va rendre notre société plus solidaire.
Les nouvelles du Villard sont plus agréables ; la maison de Pelotier, qui était à la vente depuis des années, vient d’être achetée par un couple de retraités, qui déclarent vouloir s’y retirer. Vous aurez ainsi des voisins proches. Ces braves gens fuient, disent-ils, la grande ville et sa soi-disant « boboïsation » où le côté bohème fauché l’emporte souvent sur le côté pseudo-bourgeois. Avec les amis du Villard venus prendre le café, nous commentions hier leur installation. Nous espérons qu’ils résisteront à l’hiver et au retirement qu’il faut aimer pour l’accepter. Ils ne seraient pas les premiers à ne pas avoir pris la mesure de ce qu’implique un tel choix. Nous sommes tous plus ou moins ainsi et, à l’instar de César lorsqu’il a franchi le Rubicon, nous ne savons vraiment ce que nous avons fait que lorsque nous ne pouvons plus reculer. Il y a cependant des exceptions, des circonstances où ce qui se passe était plus que prévisible.
Ainsi Gastinel rappelait-il le départ précipité des troupes américaines d’Afghanistan en raillant l’invraisemblable myopie dont avaient été affectées les opinions publiques occidentales ; « Qui pouvait sérieusement croire que la débâcle n’était pas inéluctable, que l’armée afghane était en mesure de contenir les Talibans ? Les bons esprits n’ont eu de cesse de nous démontrer qu’elle résisterait, puis qu’elle ne se repliait que pour mieux rebondir ; au bout du compte, les plus chanceux ont pu prendre l’avion ». « Les exemples, poursuivit Béraud, ne manquent pas de situations absurdes, simplement parce qu’on a ignoré délibérément la réalité, par sottise ou par principe ».
Mimiquet, venu ratisser les feuilles de votre tilleul, et qui fumait un de ses infects cigarillos, s’invita dans la conversation en soulignant qu’on oublie trop que la réalité ne se plie pas aux idées. Il a cité en exemple l’information qu’il avait lue dans la presse selon laquelle une des causes majeures des feux de forêt de cet été serait la suppression des cendriers dans les voitures. De ce fait, les automobilistes jettent les mégots incandescents par les portières. « On veut, continua-t-il, empêcher les gens de fumer en enlevant les cendriers mais on s’interroge pas sur ce que sera le comportement de ceux qui continuent. Je ne serais pas surpris que pour supprimer les jets de cigarettes, on impose maintenant des glaces fixes ! » Et il lança son mégot dans le tas de feuilles qui peinait à prendre feu.
Ces inconséquences me font penser, glissa Béraud, au mot de Bossuet, dans son Histoire des variations des églises protestantes, qu’un politicien habile a récemment adapté à ses idées. Il a transformé « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer », en « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». Ceci dit, je doute que, quelle que soit la cause d’un de nos malheurs, Dieu s’en rie.
« Revenons aux Talibans, reprit Mimiquet. Que craint-on d’eux ? Ils ne font que mettre en pratique les préceptes de leur religion. Qu’ils tiennent directement d’Allah ! Et ce qui est révélé ne se discute pas, non ? Ils veulent le salut des gens, c’est ainsi ! Qui sommes-nous pour le leur reprocher ? Regardez ce qu’a fait l’Église lorsqu’elle avait les moyens d’imposer sa conception de la Révélation. Leur conviction fait leur force ! » – « Tu pourrais peut-être rajouter, releva Gastinel, que si les islamo-monarchies du Golfe ne leur tenaient pas la main, la force de conviction des Talibans serait sans doute autre. Enfin… rien ne t’empêche d’aller chercher ton salut chez eux. Peut-être ainsi percevras-tu la distance qu’il peut y avoir entre l’énoncé d’une révélation et son interprétation ».
Béraud s’est alors lancé dans une déclaration emberlificotée d’où il ressortait que, s’il était certain qu’une transition écologique rapide permette d’assécher les ressources de ces pétromonarchies qui financent le terrorisme, il serait prêt à voter écolo ! Gastinel a douché sa foi de néophyte en lui rappelant que les Occidentaux, cornaqués par l’angélisme béat de quelques-uns et la duplicité de quelques autres, les avaient depuis longtemps laissés se constituer une pelote dans d’autres secteurs.
Je ne sais ce que vous en pensez, mais j’ai l’impression que notre monde se désintéresse de plus en plus facilement des conséquences de ses actes, que ce soit dans les domaines familiaux, environnementaux, voire politiques. Qu’un sot soit inconséquent est dans l’ordre des choses mais que des sociétés qui ne comptent pas que des sots se refusent à voir ce qui peut advenir passe l’entendement. J’en veux pour exemple la mise en examen de l’ancienne ministre de la Santé par la Cour de Justice de la République  ; peut-être l’incrimination n’est-elle pas infondée, mais où va-t-on, car si les juges ont la possibilité de sanctionner les politiques, qui contrôlera les juges ?
Il est vraiment dommage qu’Audiard ne soit plus là pour proposer sur le sujet une réplique nonchalante et gouailleuse au Belmondo que vous aimiez bien et qui vient de tirer sa révérence.
Dites-nous, vite, pour nous réjouir, que vous viendrez au Villard pour la Toussaint !
Avec toute notre amitié.

 

P. Deladret

2021-09-22T13:49:11+02:00

Édito octobre 2021 > La gloire et le croix

Il existe une fête chrétienne de la « croix glorieuse ». Étrange idée que d’associer la gloire, qui renvoie à des notions positives, joyeuses et belles, à la croix, qui, avant d’être le signe de reconnaissance des chrétiens, est un violent instrument de torture et de mort. Le fondateur de l’Œuvre, Jean-Joseph Allemand, avait une grande dévotion envers la croix et insistait sur l’attachement des jeunes à la croix du Christ. Est-ce un attrait pour la souffrance et le côté morbide ? Je ne le pense pas, car les chrétiens sont appelés à comprendre que Dieu nous veut du bien et qu’il vient lutter contre la mal et ce qui défigure l’humanité. Jésus n’a jamais accepté ni justifié la souffrance ; il l’a toujours combattue. Mais alors pourquoi associer la gloire et la croix ?

Les deux croix
La croix, si elle est un instrument de torture inventé par les hommes, est aussi un symbole qui associe la verticalité et l’horizontalité. Un homme debout et les bras écartés forme une croix. Le Christ, durant toute sa vie terrestre, a été un homme debout, en marche, les pieds bien sur terre et la tête orientée vers le ciel, signe de la dignité de l’humanité. Ses bras écartés pour rassembler largement toute personne, pour accueillir toute l’humanité, signifient ce désir de Dieu d’être en relation avec chaque personne sans exclusion ni préférence. Les hommes ont été capables de caricaturer ce symbole pour en faire un instrument de violence et de mort, mais il y a un combat entre ces deux croix, celle de la haine et de la torture contre celle de la dignité et de l’amour. Le Christ, au moment de sa passion, a été cloué sur une croix de haine et a lutté contre cette violence en prenant d’autres armes que celles des hommes : il n’est pas entré dans l’escalade mortifère de la vengeance et de la violence, mais il s’est désarmé pour répondre à la haine par l’amour et le pardon. Folie pour les hommes qui, par instinct, combattent le mal par le mal, mais sagesse pour Dieu qui nous aide à comprendre que pour détruire la haine il faut en prendre le contre-pied et s’engager dans la voie de l’amour. Chemin autrement plus difficile et courageux, mais seul moyen de combattre le mal à la racine.

L’amour / la haine
Si les chrétiens parlent de gloire au sujet de la croix du Christ, c’est pour signifier qu’ils reconnaissent cette victoire de l’amour face à la haine. Sur la croix nous adorons l’amour suprême qui est vainqueur du mal et de la mort. Nous sommes tous habités par ces deux croix : le combat a lieu dans notre propre existence. Nous sommes capables d’être des hommes debout pour avancer et les bras écartés pour accueillir les autres, mais nous sommes aussi capables de nous replier sur nous-mêmes, de blesser les autres par haine et par violence, et de les clouer sur une croix. S’attacher à la croix du Christ, cela signifie s’engager dans la voie de l’amour contre la haine, de l’accueil contre le rejet de l’autre, de la dignité contre le repli identitaire.

Attachement à la loi d’amour
Nous avons des formules parfois maladroites ou incompréhensibles pour exprimer cela en langage religieux. Par exemple : « C’est par ses souffrances que le Christ atteint la perfection ». Prise au pied de la lettre cette phrase est révoltante. Qui accepterait de prier un Dieu se satisfaisant de voir l’humanité souffrir et la récompensant à la hauteur de sa capacité à encaisser le mal ? C’est à l’opposé de tout ce que le Christ est venu vivre avec les personnes en souffrance qu’il a rencontrées : jamais il ne leur a dit d’accepter leur souffrance, il n’a jamais valorisé le mal, mais au contraire il a combattu la souffrance, il a guéri les malades, il a relevé les handicapés, il a libéré les possédés… Ce n’est pas la souffrance du Christ qui nous sauve ou qui le rend glorieux, mais c’est son amour donné, même lorsqu’il est confronté au mal. C’est l’obéissance du Christ au projet d’amour absolu de Dieu qui nous sauve : au cœur de la souffrance physique et psychologique que le Christ subit au moment de sa passion, il répond par l’amour et le pardon, il met en œuvre le projet de Dieu et le pousse à la perfection. Il semble anéanti par la haine, il meurt sur la croix de torture des hommes, mais trois jours après il ressuscite, symbole de la victoire totale de l’amour face au mal absolu qu’est la mort physique. Aimer ceux qui nous aiment, vouloir du bien à ceux avec qui tout se passe bien, c’est facile. Prendre soin des personnes en souffrance ou être bienveillant vis-à-vis des étrangers qui ne nous dérangent pas trop, c’est bien vu. Mais aimer nos ennemis, accueillir ceux qui nous dérangent, soigner ceux qui nous semblent responsables de leurs malheurs, prendre soin de ceux qui ont fait du mal, c’est une autre affaire. C’est pourtant à cette perfection de l’amour que nous sommes invités. Cela est souvent au-dessus de nos forces, c’est bien pour cette raison que nous avons besoin de nous laisser habiter par l’amour même de Dieu pour en devenir les porteurs et incarner dans le monde d’aujourd’hui la bonne nouvelle chrétienne. D’un autre point de vue cette compréhension de l’amour absolu de Dieu nous renvoie à notre propre condition humaine : même si nous nous considérons comme indignes de l’amour de Dieu, lui nous dit qu’il nous aime sans condition et qu’il compte sur nous.

Olivier

2021-10-18T21:52:54+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2021

Nous entendrons cet Évangile le 24 octobre, journée de la mission universelle de l’Église.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Puis, comme il sort de la ville avec ses disciples et bon nombre de gens, un mendiant est là assis au bord du chemin ; c’est Bartimée, le fils de Timée, et il est aveugle. Quand il apprend que c’est Jésus de Nazareth, il se met à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! » Beaucoup le sermonnent pour le faire taire, mais il crie encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». On appelle l’aveugle et on lui dit : « Courage, lève-toi, il t’appelle ». L’aveugle laisse son manteau, et d’un bond il est près de Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle répond : « Rabbouni, que je voie ! » Alors Jésus lui dit : « Va ! ta foi t’a sauvé ! » À l’instant même cet homme voit ; et il se met à suivre Jésus sur le chemin.

La foule
Bartimée dérange la visite bien préparée par quelques disciples dans la ville de Jéricho (voir mot du mois). Cette foule agglutinée autour de Jésus a un rôle paradoxal puisque, dans un premier temps, elle empêche Bartimée de voir Jésus et de lui parler puis, à la demande du maître, cette foule fait venir Bartimée à Jésus. Cela renvoie au rôle de l’Église dont une des missions est de se faire l’écho des misères des plus petits et d’être au plus près de ces blessés de la vie. Parfois, hélas, l’Église peut être un obstacle et commettre de regrettables contre-témoignages. Le plus souvent, elle est la porte-parole des sans voix comme avec Bartimée.

Confiance, lève-toi, il t’appelle !
Trois actions correspondent aux trois paroles :

  1. « Confiance » et il se débarrasse de ses sécurités, de ses seules richesses. Il lâche alors son manteau. Ce geste ne paraissait pas nécessaire. On peut l’interpréter comme un désir de se dépouiller pour aller au plus vite vers Jésus.
  2. « Lève-toi », ce verbe qui renvoie à la résurrection. Bartimée fait bien davantage que de se mettre debout, il bondit. Cela lui permettra d’être à la même hauteur que Jésus. Un regard pourra être échangé. Voici Bartimée relevé !
  3. « Il t’appelle ». Bartimée répond à un appel de Jésus. Cet appel est indirect puisqu’il est effectué par un des disciples. Une fois encore est signifiée la mission de l’Église, mettre en contact le Christ avec les plus petits, ceux qui sont ou se croient éloignés de Dieu.

Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Bartimée est aveugle et mendiant. De plus, il est assis, au bord du chemin. Il est le prototype de celui qui semble avoir été oublié par Dieu. Que va-t-il demander ? Quel est son profond désir ? De l’argent, la vue ? Un chien d’aveugle ? Sa réponse est claire : il veut voir. Marc joue avec ce verbe qui peut avoir deux sens. S’agit-il d’être soigné de son aveuglement physique ou de sa cécité spirituelle ? Le texte ne le dit pas.

Va ! Ta foi t’a sauvé !
La foi a sauvé Bartimée, elle ne l’a pas seulement guéri. Bartimée est guéri corps et âme à la mesure de sa foi simple et profonde. Jésus ajoute le « va » et non « viens ». Il met l’aveugle dans une situation dynamique. Le terme « sauver » montre qu’il a fait un chemin de disciple. Aussitôt, il obtient la vue. La requête est juste, elle est exaucée. Remarquons que Bartimée suit Jésus sur le chemin, manière de dire que sa mission de disciple est d’emprunter le même chemin que son maître, chemin d’humiliation qui le mènera jusqu’à la croix. Qu’est devenu Bartimée ? On ne le sait pas mais il n’est pas interdit de penser qu’il a fait partie des premiers membres de la communauté chrétienne après l’événement pascal.

Bartimée
Le personnage de Bartimée synthétise les traits du disciple modèle. C’est la seule personne guérie par Jésus qui devient son disciple. La guérison n’est pas décrite en tant que telle. C’est sa transformation intérieure qui devient centrale. La réaction de Bartimée après sa guérison est notable. Il conforme ses gestes à la volonté du Christ.

Didier Rocca

Le mot du jour : Jéricho

Cette ville au bord de la mer Morte est à 400m au-dessous du niveau de la mer. C’est la ville la plus basse du monde. L’ambiance y est insurrectionnelle. Jéricho abrite le palais du roi Hérode.

2021-09-22T13:46:44+02:00

Lettre du Villard – août 2021

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 août 2021

Bien cher ami,
Nous sommes heureux d’apprendre que votre voyage de retour samedi dernier n’a pas été perturbé par ces manifestations où se retrouvent des centaines de milliers de personnes qui refusent de se faire vacciner contre ce virus qui est en train de dynamiter notre société – ou qui entendent ne pas être obligées de le faire. Sur quoi cela débouchera-t-il ? Vous vous souvenez sans doute de cette soirée où Gastinel et Beraud se sont opposés sur le sujet ; il a fallu tout votre humour pour les calmer avec une formule anglaise qui les a désarçonnés ; le temps qu’il leur a fallu pour décrypter « Let’s agree to defer »1 leur a permis de retrouver leur calme. Il n’empêche qu’on ne peut écarter le risque que la frange de l’opinion publique qui exprime son désaccord au sujet de la vaccination ne fasse pas le lit d’autres exaspérations qu’engendrent des sujets comme l’extension des ZFE2.
Notre cénacle du Villard était réuni hier chez nous car le rafraîchissement du « fond de l’air » nous avait empêchés de déjeuner dehors. Mimiquet, qui revenait d’une cueillette au génépi, s’est déclaré prêt, lui aussi, à saisir l’étendard de la révolte en apprenant qu’un arrêté préfectoral en limitait le ramassage. Me Beraud n’a pas eu de peine à le convaincre qu’il ne fallait pas tout confondre, que les mécontentements des uns et des autres n’avaient pas de cause commune, mais a convenu qu’ils pouvaient s’ajouter et qu’un état dont le chef venait de se faire gifler dans la rue paraissait mal armé pour tous les contenir. Gastinel rétorqua que cette anecdote était peut-être sans réelle portée politique en rappelant qu’en 1899 Émile Loubet3 avait bien reçu sur son haut-de-forme un coup de canne du baron de Christiani sans que cela fasse trembler la République. « Certes, certes », convint Beraud, « mais en ce temps-là le Président apparaissait aux courses d’Auteuil coiffé d’un huit-reflets et non sur les réseaux sociaux en tee-shirt noir ». Mimiquet qui n’avait plus entendu parler de Loubet depuis le certificat d’études remarqua que le coup de canne reçu par Loubet montrait que le huit-reflets ne confortait sans doute pas plus la fonction présidentielle que le tee-shirt. « Je ne suis pas loin de penser comme vous », intervint Beraud, « car ce qui importe, c’est l’opinion qu’on a de la personnalité, du caractère, de l’expérience de celui qui est sous le huit-reflets ou dans la chemise ». « Si vous voulez », enchaîna Gatimel « mais je serais surpris que le résultat de l’élection présidentielle du printemps prochain dépende vraiment de l’opinion qu’auront la majorité des électeurs de la réelle personnalité de celui qui obtiendra le plus de voix. Les gens, bien souvent, ne votent que pour ceux qui tiennent les propos qu’ils veulent entendre ».
Je n’ai pas cru nécessaire de renchérir, aussi me suis-je contenté de souligner qu’un paramètre important serait le taux de participation, et donc d’abstention, l’exemple des élections régionales de juin dernier étant un désastre pour la démocratie. « Croyez-vous ? » interrogea Beraud, « je me demande au contraire si ces résultats ne montrent pas que notre société est parfaitement mature. Je m’explique ; je me plais à penser – pour m’amuser, je vous rassure – qu’une majorité de personnes inscrites sur les listes électorales ne se sont pas déplacées parce qu’elles considéraient que les marges d’actions sont tellement faibles que peu importe qui détient la majorité et qu’il n’est pas nécessaire de tenter de modifier des équilibres instables ; la gauche ne redistribue plus, la droite n’assume pas ses idéaux et tout le monde fait la même tambouille. J’exagère peut être un peu ». Mimiquet rappela que le problème n’était pas nouveau en fredonnant l’air de Clairette de la Fille de Madame Angot 4 « C’n’était pas la peine, (bis) , non pas la peine assurément, de changer de gouvernement ! ».
J’ai glissé que le taux de participation n’était qu’une des expressions de la vitalité démocratique d’un état et que la pluralité des options entre lesquelles un choix pouvait être fait en était une autre. Gastinel est venu m’appuyer en relevant qu’un taux de participation particulièrement élevé n’était pas nécessairement le signe d’une grande vitalité démocratique et qu’il suffisait de voir ce qui se passait dans les pays où la démocratie n’est que de façade, autrement dit l’essentiel des pays de culture non-européenne, pour en être convaincu. « Regardez la Chine ! » continua-t-il. « Xi Jinping a été réélu en 2018 avec 99,66 % des votants ! ». Me Beraud releva qu’on savait très bien ce qu’il en était de la démocratie dans ce pays – qui ne l’avait jamais connue – mais que, dans ce cas précis, il fallait être un peu fair-play et ne pas mésestimer le fait que le parti communiste qui célébrait cette année son centenaire était arrivé à faire en un siècle de la Chine le deuxième pays le plus riche du monde s’il faut en croire le FMI. « … et sans doute aussi, persifla Mimiquet, les Chinois qui lui fournissent les chiffres »… Gastinel s’exclama : « On ne joue pas sur les chiffres avec les médailles obtenues cette année aux J.O. de Tokyo ! Les chinois sont deuxièmes et talonnent les États-Unis pour le nombre de médailles d’or ! Le jour où les chinois s’occuperont sérieusement du Tour de France, ils ne se contenteront plus de finir lanterne rouge comme Ji Cheng en 2014 ». « Espérons, crut bon d’ajouter Mimiquet, que lorsqu’ils lanceront leur Tour de Chine, ils prévoiront des courses en relais ! ».
Il vous reste encore quelques jours, je crois, pour préparer votre rentrée effective. Vivez les pleinement. « Ce qui sauve », comme le confesse Guillaumet à St Ex dans Terre des hommes, « c’est de faire un pas. Encore un pas ».
Avec toute notre amitié.

 

P. Deladret

  1. Nous sommes d’accord sur le fait que nous ne sommes pas d’accord.
  2. Zones à Faible Émission, qui doivent avoir pour effet d’interdire l’utilisation des véhicules à moteur diesel dans des délais assez brefs.
  3. Émile Loubet, président de la République de 1899 à 1906.
  4. Opéra-comique de Charles Lecoq, 1872.
2021-08-24T23:48:10+02:00

Camp d’été 2021 > les Benjamins

Les Benjamins à Orcières

Cette été les Benjamins sont partis une quinzaine de jours à Orcières-Merlette. Entre maison et camping ils ont pu développer leur côté débrouillards, apprendre à être d’avantage bienveillants les uns envers les autres, mais aussi apprendre à vivre en communauté.
Après une journée où les Benjamins étaient en compétition contre leur animateurs, ils se sont vite rendu compte que c’était bien plus rigolo de jouer avec les animateurs et ces derniers ont eux aussi avouer leur défaite et étaient très contents de pouvoir continuer à faire partie des jeux !
Le camping a été aussi une belle épreuve. Une première pour beaucoup d’entre eux ! Planter les tentes, manger dehors, cohabiter avec des pinces oreilles… Mais tout ces petits tracas ont vite été oubliés et la magie d’un groupe soudé a opéré. Grâce à la superbe base nautique les BJ’s, les JKD’s et les KD’s ont pu se réunir pour une journée commune ! Ensemble ils ont eu pour but de créer la plus grande et spectaculaire soirée. Cette journée pleine d’euphorie s’est soldée par une grande soirée dans la maison avec tout les groupes réunis !
Nous sommes tous rentrés avec plein de souvenirs joyeux de ce grand camps, et nous espérons que les Benjamins seront tous présents nombreux pour les prochains !

Jeanne dV

2021-08-24T18:54:29+02:00