Spiritualité

Édito Novembre 2022 > La catholicité

Le terme « catholique » est souvent utilisé pour distinguer les croyants, et désigne une confession particulière parmi les chrétiens, en dialogue avec les orthodoxes et les protestants. Mais cela donne à cette notion un sens qui risque de nous induire en erreur car, dans l’absolu, « catholique », qui veut dire « universel », devrait au contraire nous aider à concevoir l’appartenance religieuse comme quelque chose qui invite à l’unité et rend les croyants solidaires de toute l’humanité. Si nous comprenions bien ce que veut dire «catholique», alors nous devrions l’assumer en dépassant tout ce qui sépare les hommes les uns des autres.

La catholicité
La catholicité ne définit pas une appartenance sociale ou religieuse, mais une mission et une vocation. Vocation qui nous vient du désir de Dieu d’être source d’amour, de paix et de joie pour toute l’humanité. L’Église n’a pas pour mission de s’occuper d’elle-même, de son développement, de son fonctionnement ou de sa survie, elle a pour mission d’être un moyen de vivre l’engagement de Dieu envers toute l’humanité. Moyen merveilleux dans son idéal, fragile dans son incarnation, et en dialogue avec d’autres.

Un seul Dieu
Nous sommes tellement dépendants de nos raisonnements humains, nos réflexes d’appartenance, nos désirs d’uniformisation, nos méfiances vis-à-vis de ceux qui sont différents, que nous avons du mal à entrer dans la logique divine. Dieu nous considère comme ses enfants, et ne fait pas de différence entre nous. Comment pourrions-nous imaginer qu’il y ait plusieurs dieux comme dans un panthéon ou comme dans les récits de fiction où les super-héros se battent entre eux ? Si Dieu est bien celui que nous découvrons dans les grandes religions, alors il n’y en a pas plusieurs, il est unique et universel. Il n’y pas le dieu des juifs, le dieu des chrétiens, le dieu des musulmans, mais il y a des manières juives, chrétiennes, musulmanes, de comprendre, de prier, de communiquer le Dieu unique. Nos différences ne devraient pas être des occasions de division ou d’affrontement, mais plutôt de dialogue, de respect et d’enrichissement mutuel.

Dieu reste un mystère
Dieu est tellement plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer ! Il est le tout-autre, il demeure un mystère que nous ne pourrons jamais saisir dans son intégralité mais qu’il nous revient de scruter et d’interpréter. Nous avons grand intérêt à savoir comment d’autres comprennent Dieu, l’appréhendent, le définissent, le célèbrent. Nous ne pourrons jamais mettre la main sur lui car il n’est pas saisissable, il est autour de nous plus que devant nous, tel un objet. Ce que nous pouvons comprendre ou dire de Dieu nous est offert par lui : il se communique, par l’histoire du peuple hébreu, par l’inspiration des prophètes, des priants et des théologiens, par le discernement éclairé de ceux qui ont des choix à faire. Si, selon la foi des croyants chrétiens, Dieu est une personne, un vis-à-vis, c’est parce que nous sommes en relation uniquement avec des individus, et non pas avec des forces ou des énergies. Nous sommes des êtres incarnés et le choix de Dieu, tel que les chrétiens le comprennent, est de se faire homme pour que nous puissions entrer véritablement en relation avec lui. Dieu, qui est amour, n’est pas une énergie désincarnée et vaporeuse, il est une personne que nous pouvons rencontrer, avec qui nous pouvons véritablement entrer en relation. Dieu se fait proche de nous, en particulier de ceux qui pourraient se croire loin de lui : les mal-vus, les mal-aimés, les méprisés, les personnes différentes ou qui ne rentrent pas dans les cases de la bienséance créées par ceux qui se permettent de juger les autres de haut.

Chercheurs de Dieu
Les croyants de toutes les religions sont des chercheurs de Dieu, qui n’auront jamais fini de chercher, qui ne pourront jamais dire « j’ai trouvé la vérité sur Dieu », mais qui sont invités à continuer leur recherche. Dans cette découverte toujours renouvelée du mystère de Dieu, la rencontre avec d’autres croyants, avec d’autres chercheurs de vérité, même en dehors des courants religieux, est toujours enrichissante et permet de mieux appréhender le mystère de Dieu. Les chercheurs de Dieu ont aussi une mission : celle de partager et d’annoncer ce qu’ils comprennent et croient du Dieu tout autre et très grand. Les chrétiens ont une compréhension exigeante de cette mission, car c’est par la qualité de leur existence, par la charité et la solidarité, par leur engagement contre l’injustice qu’ils doivent témoigner en premier lieu, plutôt que de tenir des beaux discours ou de faire la leçon aux autres.

Olivier

2022-10-20T09:33:26+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2022

C’est parti pour une nouvelle année liturgique ! 
Lisons ce passage qui sera lu le 1er dimanche de l’Avent.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. 
Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Le contexte
L’Évangile de Matthieu est structuré par cinq séquences faites d’un discours et d’une narration sur l’activité de Jésus. Nous en sommes ici au dernier discours appelé discours apocalyptique. Ensuite commencera le récit de la Passion. Il s’agit pour Jésus de dévoiler dans un genre littéraire très courant à son époque la finalité du monde et celle de notre existence.

Les jours de Noé
Cette référence à l’histoire du déluge est double. Nous pouvons la comprendre dans le sens d’une dévastation qui arrive par surprise et qui détruit tout sur son passage. Mais nous pouvons aussi l’entendre comme la mémoire d’un juste qui a construit une arche, qui a accueilli tous les animaux de la création et qui a survécu à l’heure de la tempête. Il suffit d’un Noé, un seul pour que le monde survive.

Pris par surprise…
Ils ne se doutèrent de rien, rien de particulier ne signalait l’imminence de la fin. Le fait de manger, boire, se marier, marier ses enfants n’est pas condamné. Ces actions sont décrites pour souligner le caractère ordinaire des occupations de la « génération de Noé ». Autrement dit, il faut nous montrer vigilants et ne pas nous laisser abuser par les discours sur la fin du monde.

Se convertir est urgent. Vraiment !
Ces versets n’ont pas pour but de nous effrayer mais de nous avertir de l’urgence de la conversion. À tout moment, je dois me poser la question de la chanson de Pascal Obispo : « Si l’on devait mourir demain, on ferait quoi ? » Que faire si je savais que ce jour est le dernier de ma vie ? Comme le dit la lettre aux Romains, rejetons les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. Et cela ne peut attendre parce que demain ne m’appartient pas.

Veillez, vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.
Vigilance, ici, ne veut pas dire méfiance ni inquiétude peureuse : ce serait contraire à la Promesse de Dieu, qui veut notre bonheur et celui de toutes les nations de la terre. Vigilance ne signifie pas non plus attentisme ou défaitisme frileux. Vigilance, ici, veut plutôt dire confiance et conversion. Car le premier à veiller, c’est Dieu. Non pas seulement parce qu’il veille sur nous et sur tous les cheveux de notre tête, mais aussi parce qu’il est à l’affût de la moindre brèche dans les armures de notre orgueil, pour faire couler en nous, par les fissures de nos faiblesses et plus encore celles de nos désirs, l’eau vivifiante de sa miséricorde et de sa grâce. Et oui, ce divin veilleur, patiemment, obstinément, ne peut nous combler que si nous acceptons de lui présenter nos failles. Réveillons-nous !

Résister à cause de l’Évangile
La vigilance ecclésiale n’est pas celle de la peur telle une forteresse assiégée. Bien au contraire, c’est une vigilance qui invite à relever la tête et, au besoin, à entrer en résistance, à cause de l’Évangile, contre tout ce qui, dans le monde, fait du mal à l’humanité et nuit à la Création. C’est résister à cause de l’Évangile, que de donner de son temps et de son énergie au service des plus pauvres, quand tout est fait pour les exclure et les enfoncer davantage dans la misère. C’est résister à la cause de l’Évangile, que de s’engager dans un dialogue vrai avec ceux qui croient ou qui pensent autrement que nous quand tout est fait pour nous diviser, nous stigmatiser et nous marginaliser. Telle est la vigilance de l’Avent : laisser Dieu nous désarmer, rester en tenue de service pour préparer la venue du Prince de la Paix, ne pas craindre de résister, à cause de l’Évangile, à tout ce qui plonge le monde dans les ténèbres.

Didier Rocca

Le nom du mois : Noé
Sous les ordres de Dieu, il bâtit une arche afin d’échapper au déluge. Lui et sa famille étant les seuls humains épargnés, Noé et sa femme sont considérés comme les ancêtres de toute l’humanité.

2022-10-20T09:36:06+02:00

Édito Octobre 2022 > L’humilité

Lors de la célébration de la création des nouveaux cardinaux à Rome le samedi 27 août dernier, l’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, faisait partie des vingt évêques choisis par le pape pour devenir ses proches collaborateurs. Dans ses différentes interventions publiques, le cardinal Aveline a repris un thème cher au pape François : celui de l’humilité. Bien que les cardinaux soient honorés de la plus haute distinction ecclésiale, ils sont invité à rester humbles et à garder les pieds sur terre, avec leurs frères humains. Leurs beaux vêtements, leurs places privilégiées dans les célébrations religieuses ou publiques, leur médiatisation, sont le signe non seulement d’un honneur mais surtout d’une responsabilité. Ils sont indéniablement des hommes de grande valeur, doués de qualités humaines, intellectuelles ou spirituelles exceptionnelles, mais ils sont aussi et avant tout de la même pâte humaine que tout le monde, sans supériorité par rapport au commun des mortels. D’ailleurs, lorsque l’on regarde leurs histoires personnelles et familiales on voit bien qu’ils sont pour la plupart d’humble condition et que rien ne les destinait à faire partie de l’élite de l’Église catholique ni des grands de ce monde.

Solidarité humaine
Cette commune condition humaine est précisément la racine de l’humilité : nous sommes tous issus de la même terre, du même humus, et si nous avons des responsabilités diverses, des qualités complémentaires et des itinéraires variés, nous avons cette appartenance à la même humanité qui nous rend solidaires et fraternels. Cela doit être d’autant plus vrai dans la vie de l’Église qui se fonde sur le Christ, frère universel par excellence et qui nous dit la proximité de Dieu avec chacune et chacun d’entre nous. L’incarnation est une notion essentielle et originale de la théologie chrétienne : Dieu se fait homme, proche de nous, frère. En Jésus Christ la proximité de Dieu est absolue : il partage la condition de vie des plus humbles et des plus petits. De sa naissance dans une pauvre crèche jusqu’à sa mort ignominieuse parmi les criminels, personne ne peut s’estimer loin de ce Dieu qui partage la vie des plus méprisés et qui accueille tout le monde comme un frère pour nous dire que nous sommes fils et filles du même Père.

Contre le cléricalisme
Cette solidarité intrinsèque à notre condition humaine est le premier remède contre une maladie de l’Église que le pape nous invite à combattre : la prétention à la supériorité des membres de l’Église institutionnelle – on les appelle les clercs dans le langage religieux – ou, pour le dire avec un mot savant, le cléricalisme. Dans toute institution humaine il y a le risque de voir les chefs prendre une position de supériorité et de domination par rapport aux autres, et l’Église, constituée d’hommes ordinaires, n’est pas préservée de cette tentation. Nombreuses sont les personnes qui se sont senties jugées et parfois condamnées par les représentants de l’institution religieuse : à cause de leur situation de vie, de leurs choix, de leurs erreurs, de leur histoire familiale, ils ont été mal accueillis et peut-être même rejetés. C’est affligeant, car c’est l’inverse que nous devrions mettre en œuvre dans l’Église. Nous avons à prendre notre part de la mission confiée par le Christ qui accueille tout le monde et se fait proche de chacune et chacun. Notre vocation n’est pas de juger et de condamner, mais d’aimer et d’accueillir. Jésus lui-même n’a ni jugé ni condamné, alors comment les personnes qui ont la charge de poursuivre sa mission peuvent le trahir au point de faire souffrir ceux qu’ils ont pour vocation d’aider et d’accompagner ?

Dieu compte sur nous
L’humilité n’est pas de la fausse modestie. Il ne s’agit pas de se dévaloriser ou de se rabaisser en se regardant le nombril pour faire une autocritique qui nous replie sur nous-mêmes. La véritable humilité consiste à avoir l’objectivité de se regarder tel que l’on est et de s’émerveiller que Dieu nous donne sa confiance et fasse le choix de nous confier une part de sa mission. Il n’attend pas que nous soyons parfaits pour nous appeler à le suivre, il ne nous dit pas que nous devons mériter son amour ou sa confiance. Il nous dit que nous avons du prix à ses yeux, et qu’il compte sur nous pour que nous donnions le meilleur de nous-mêmes, avec tout ce qui constitue notre existence : ce qui est grand et beau, et surtout ce qui est plus fragile et douloureux. Il sait bien que nous ne sommes pas parfaits et il ne nous demande pas d’atteindre la perfection par nos propres forces, mais il nous invite à découvrir que son amour en nous peut porter du fruit et nous aider à accomplir des choses qui nous dépassent. C’est merveilleux, parfois vertigineux, mais en même temps très libérateur, car tout ne dépend pas de nous. Les comptes que nous aurons à rendre ne concernent pas notre valeur personnelle, mais ce que nous aurons été capables de faire fructifier de ce que le Seigneur nous a confié.

Olivier

2022-09-19T22:09:15+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2022

Lisons ensemble un court extrait de l’Évangile de la Passion que nous lirons en cette fin d’année liturgique.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain. Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
“Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères – ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

LeSe frapper la poitrine
Un publicain se frappe la poitrine. Ce geste religieux nous le connaissons et le pratiquons. Se frapper la poitrine de sa main droite est un geste de responsabilité qui implique l’intégralité de la personne. Oui, j’atteste que ce que je dis me concerne au plus haut point. C’est de moi dont il s’agit, pas du voisin. Nos liturgies ont conservé ce geste : lorsque nous disons au début de la messe « Oui, j’ai vraiment péché », par trois fois pendant le chant de l’Agneau de Dieu lors de la fraction du pain, et enfin au moment où nous nous souvenons de la déclaration d’un païen : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Se frapper la poitrine pour faire résonner ce qui correspond à la situation du moment, quand je fais ce geste, je participe à rendre compte de la situation dans laquelle je suis, vécue dans la foi. Je parle et j’atteste.

Le pharisien
Le pharisien a de quoi rendre grâce à Dieu puisqu’il n’est pas comme les autres. Il en oublie de rendre grâce aussi pour ce qu’il a de commun avec eux ! Cet homme est seul, se contemplant dans son miroir, tout en faisant la liste exhaustive de ce qu’il fait. Il dresse ainsi en lui-même l’inventaire de ses actions confrontées au rapport qu’il entretient avec la Torah. Cela lui plaît et il a vraiment de quoi être fier. Sa logique verbale procède d’un soi à soi pour soi.

Le publicain
Le publicain, par la collecte à laquelle il participe pour l’occupant romain, a mauvaise presse. Ce sont des collaborateurs et des voleurs d’après la réputation qu’ils se sont faite. Il monte cependant au temple pour prier. Cet homme prend le risque d’être critiqué puisque publiquement de par sa profession, il n’est pas en règle avec la loi.

Nous serons toujours débiteurs
Le péché consiste à croire que nous pouvons être en règle avec Dieu et envers les autres. Un seul l’a été une fois pour toute en notre faveur. Dans la prière nous risquons de passer à côté de la rencontre si notre préoccupation de sainteté se borne à un aspect formel et rhétorique. Le publicain debout dans le temple baisse les yeux et se frappe la poitrine. Il parle à Dieu humblement et en vérité, c’est-à-dire sans faux-semblant. Sa logique verbale procède du soi à soi pour l’autre. Il ouvre son cœur à Celui en qui il croit. Il accepte en quelque sorte de se dévêtir sous le regard bienveillant de son Dieu et dans une confiance très grande. Il n’a rien d’autre à offrir que sa présence : un corps qui parle.

Compter d’abord sur Dieu
En fait, le publicain ne compte pas sur son bilan pour être sauvé, ni pour se prétendre juste. Tout au contraire, il compte sur Dieu. Voici l’attitude qui permet au croyant de se laisser ajuster au salut. Il pourra découvrir par la suite comment ce salut procède dans son histoire personnelle et collective. Il fait bien partie du peuple élu. Celui des deux hommes qui sera justifié de retour dans sa maison est l’homme qui a reconnu que le mérite est du côté de Dieu. Il croit en Lui comme en un Père miséricordieux, lent à la colère et plein de tendresse. Il se frappe la poitrine pour laisser surgir de son existence ce qui intéresse au plus haut degré ce Dieu qui l’a créé par amour, pour vivre l’Alliance. Tout le mérite vient de Dieu.

Pour actualiser
Le publicain confesse qu’il n’est pas à la hauteur de l’amour que le Seigneur a pour lui. En cela, chacun de nous peut se reconnaître pécheur, puisque nous ne pourrons jamais aimer qualitativement Dieu comme Il nous aime et se donne. Ainsi, la sainteté est ce chemin par lequel nous pouvons approcher et expérimenter cet amour jusqu’au jour où il nous embrasera entièrement, dans la fin des temps.

Didier Rocca

Le mot du mois : publicain
Dans l’administration romaine un publicain était un homme d’affaires appartenant généralement à l’ordre équestre, qui par contrat avec l’autorité civile, était autorisé à collecter les taxes en son nom.

2022-09-19T22:11:50+02:00

Édito Septembre 2022 > L’engagement

Il est difficile de parler d’engagement de nos jours. L’incertitude quant à l’avenir, les diverses crises que nous traversons et qui se juxtaposent, qu’elles soient sanitaires, sociales, politiques, géopolitiques, spirituelles, familiales ou religieuses, nous plongent dans une ambiance morose et pessimiste qui peut être source de démission et d’inquiétude. Le premier réflexe quand on est en pleine chute est souvent de se replier sur soi-même. Pourtant l’oiseau apprend dès son premier saut dans le vide à se faire confiance et à faire confiance aux éléments : il lui faut prendre le risque d’ouvrir ses ailes pour ne pas s’écraser au sol comme un caillou. Pour nous aussi, la réaction première face aux difficultés est le repliement, mais cette solution ne nous permet pas de traverser les crises et les difficultés de notre temps. Le repli nous rassure mais il nous enferme et ajoute une crise existentielle aux différentes crises auxquelles nous sommes déjà confrontés, car l’homme n’est pas fait pour vivre seul ni centré sur lui-même, il est un être de relation et de partage. Ainsi nous pourrions concevoir qu’une manière de lutter contre les crises de notre temps serait de prôner l’engagement, car s’engager c’est s’ouvrir aux autres, avoir confiance en ses propres capacités, se projeter vers l’avenir, même si cela représente un risque et ne va pas dans le sens de la facilité.

L’engagement de Dieu
Les religions nous donnent à découvrir et à comprendre que Dieu lui-même s’engage dans une relation risquée avec l’humanité : il se révèle, dans la Bible et en particulier dans les Évangiles, comme le Dieu de la relation. Il fait alliance avec un peuple qui n’est pas moins humain, faillible et pécheur que les autres. Il ne choisit pas le peuple hébreu pour ses vertus morales, spirituelles ou politiques, mais parce qu’il est touché par sa misère et par l’injustice dont il est victime. Dieu ne fait pas un placement avec assurance de retour sur investissement, mais il s’engage à accompagner le peuple juif quoi qu’il arrive, malgré ses faiblesses et dans ses pires épreuves.

L’Église signe de l’engagement de Dieu
Nous pouvons découvrir cet engagement de Dieu envers le monde dans ce que vit l’Église, qui est aussi faillible, et qui renvoie un reflet de ce qu’est le monde : appelée à la sainteté, elle reste pourtant marquée par ce qu’il peut y avoir de plus médiocre dans l’humanité. Mais elle ne baisse pas les bras et ne se replie pas sur elle-même, au contraire elle fait le choix de l’ouverture au monde, elle donne la priorité aux pauvres et aux petits, elle se remet en cause et cherche à se convertir elle-même la première avant de se permettre de juger et de condamner les autres. Ce n’est pas gagné et loin d’être accompli, mais c’est le chemin sur lequel elle est engagée à la suite du Christ, chemin qui a été particulièrement promu lors du concile Vatican II dans les années 1965, chemin que les papes ont poursuivi depuis et que le pape François à la charge prophétique de nous rappeler. Ce chemin ne concerne pas seulement Église, car elle se veut un signe de ce vers quoi doit tendre toute l’humanité. Elle préfigure l’avenir offert à notre monde et elle est le moyen de transformation de ce monde qui est appelé à devenir l’accomplissement du Royaume de Dieu.

L’engagement source de joie
À l’Œuvre, nous avons la chance d’être témoins que l’engagement est source de joie et de sens. C’est un émerveillement de voir des adolescents capables de s’engager au service des plus jeunes, de donner de leur temps et de leur énergie pour accompagner les enfants sur leur chemin de croissance. Le choix n’est pas toujours simple et les épreuves en cours de route restent présentes, car l’engagement n’est pas facile à assumer et il induit des renoncements, mais quelle merveille de voir des jeunes qui découvrent la joie du don de soi et qui comprennent que c’est la source d’un authentique bonheur. Quand certains désespèrent de notre société et ont le sentiment que rien ne va plus, nous pouvons témoigner de la grande espérance qui nous habite lorsque nous voyons de quoi sont capables les jeunes de notre temps. Oui, l’Esprit d’amour de ce Dieu qui s’engage, tel que nous le révèle Jésus Christ, habite notre monde et reste bien présent et actif. Nous sommes invités à accompagner joyeusement l’engagement de Dieu envers le monde par nos propres engagements.

Olivier

2022-08-26T07:44:07+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2022

Nous lirons ce passage le jour de la fête de la Sainte Trinité, dimanche 12 Juin.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant”. Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux”.
Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile”. Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante”. Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé”. Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris 80”.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent.»

Le gérant malhonnête
C’est un véritable escroc que met en scène la parabole. Cet homme nous est présenté comme un mauvais gestionnaire coupable d’abus de confiance et de détournement de fonds. Sur le point d’être viré, il ne trouve rien de mieux à faire que de s’attirer les bonnes grâces des débiteurs de son patron, en leur faisant des remises considérables. Au moins, pense-t-il, il aura des gens qui le recevront chez eux quand il sera mis à la porte. Jésus conclut en disant que le maître « félicita son intendant pour son habileté ». La parabole est provocatrice comme souvent. Attention, elle n’invite pas à être malhonnête, mais astucieux. Il s’agit que « les fils de la lumière » (les disciples de Jésus) soient au moins aussi avisés que les gens du monde.

Une vie de relations, non de possession
Suit une séquence de paroles qui commente cette parabole. Comprenez : devant Dieu, vous, les riches, vous ne serez jamais que des gérants, et des gérants bons à mettre dehors si vous gérez mal les richesses qui vous ont été confiées. La seule issue est de gérer votre argent en le partageant. Vous êtes appelés à une vie de relation et non de possession. D’ailleurs l’argent est un bien étranger qui peut vous aliéner. Sa gestion est un lieu d’apprentissage, pour vous préparer à recevoir votre vrai bien : la richesse du Royaume. Dieu ou l’Argent, il faut impérativement choisir ; nul ne peut servir deux maîtres.

Sur le bon usage de l’argent
L’argent ne nous appartient pas, il nous est confié et nous avons à le gérer selon le dessein de celui qui nous l’a confié, à savoir Dieu. Il s’agit d’être « riche pour Dieu ». La parabole met bien en relief cette situation de gérance. L’argent nous est doublement étranger non seulement parce que nous n’en sommes pas les « propriétaires », mais les gestionnaires mais aussi parce qu’il n’est pas notre « vrai bien », seulement le terrain d’exercice où nous faisons la preuve que nous méritons confiance « en de petites choses ». C’est alors « le vrai bien » (la participation active au Royaume de Dieu) qui pourra nous être confié.

Dieu ou l’argent !
Dans la vie quotidienne, le choix entre ces deux réalités n’est pas simple. Il peut s’exprimer ainsi : Quelle est ma préférence ? La possession ou la relation ? Le don ou l’accumulation ? Vais-je mettre le prix dans l’éducation de mes enfants ? Vais-je privilégier des investissements « éthiques » ? Dans quelle mesure, suis-je capable de donner de l’argent, du temps, mes richesses humaines ? En quoi ce que je possède permet des liens plus étroits avec la famille, le quartier, les plus pauvres ? Nous avons qu’un seul maître : Dieu. L’argent peut nous permettre de l’honorer si on est capable de bien l’utiliser et de ne pas passer tout son temps à en gagner.

Didier Rocca

2022-08-21T21:52:52+02:00

Édito Juin 2022 > Les sacrements

Les sacrements sont des éléments essentiels de la vie chrétienne et ils marquent les grandes étapes de l’existence humaine. Ils sont célébrés en communauté, souvent dans une église, chacun étant différencié par des gestes ou des symboles particuliers : du pain et du vin consommés, un bain dans de l’eau, une onction d’huile, un anneau passé au doigt…

7 sacrements
Les trois sacrements de l’initiation – le baptême, la confirmation et la communion – marquent l’inscription de notre vie dans l’histoire de la relation de Dieu avec l’humanité, ils signifient l’engagement de Dieu dans notre vie : par la plongée dans l’eau baptismale, nous célébrons notre naissance comme enfants de Dieu et notre libération de l’emprise du mal. Par la Confirmation (ou la Chrismation), nous reconnaissons que nous sommes habités par la force de l’Esprit de Dieu qui nous donne de vivre sa mission d’annonce de la Bonne Nouvelle du salut pour tous. Par l’Eucharistie, nous comprenons que nous sommes le temple de Dieu, le lieu qu’il choisit pour habiter le monde et pour se donner ! D’ailleurs, la communion ne signifie pas seulement la « consommation » du corps et du sang de Jésus, mais aussi notre fraternité : c’est tous ensemble que nous formons le corps du Christ agissant aujourd’hui dans le monde. Le sacrement du mariage vient signifier l’engagement de Dieu avec l’humanité : comme les époux se donnent l’un à l’autre et font dépendre leur bonheur de celui d’un autre, Dieu aime l’humanité, il se donne à elle, fait alliance avec elle, et désire son bonheur. Les mariés sont le signe et le moyen de l’engagement d’amour de Dieu pour le monde. Le sacrement de l’ordination signifie la présence du Christ agissant au cœur du monde… Par les diacres, les prêtres et les évêques, Dieu se communique, se révèle proche des plus petits, prenant soin de son peuple, les enseignant pour leur faire comprendre le véritable sens de la vie, travaillant à la communion entre tous. Le sacrement de réconciliation accompagne les chrétiens sur leur chemin : en luttant contre le péché, en nous offrant le relèvement et le pardon, en nous ouvrant un avenir, Dieu nous dit que nous comptons pour lui et qu’il compte sur nous. Enfin le sacrement des malades nous accompagne dans les épreuves de la vie, en particulier celles liées à la maladie, qu’elles soient physiques, psychologiques ou spirituelles… Il vient lutter contre le mal.

Signes et moyens
On dit que les sacrements sont le signe et le moyen de l’engagement de Dieu avec l’humanité. Signes parce qu’ils donnent à voir, de manière symbolique, dans un geste particulier sur une personne précise, ce que Dieu désire vivre avec tout le monde. Et moyens, parce que cet engagement de Dieu se concrétise par la manière de vivre de ceux qui adhèrent et répondent au projet de Dieu. Par exemple, le baptême est signe : par le symbole de la noyade et de la renaissance en étant plongés dans l’eau, il signifie que nous naissons comme enfants de Dieu purifiés du péchés. En même temps il est moyen, car c’est par les baptisés que Dieu agit dans le monde pour le libérer du mal et en faire son royaume d’amour : lorsque les chrétiens s’engagent contre les injustices, lorsqu’ils mettent en œuvre la solidarité et l’accueil, ils sont le moyen par lequel Dieu agit. De même pour les prêtres, qui sont ordonnés au service d’une communauté paroissiale ou autre : ils signifient que Dieu, seul prêtre véritable et accompli, vient vivre l’alliance entre le ciel et la terre, et que c’est en Église que tous les chrétiens sont les héritiers de cette mission. Parmi les chrétiens, certains sont désignés, ordonnés, pour signifier cette dimension qui concerne tout le peuple. Les prêtres, et tous les baptisés associés à ce ministère de prêtre, prophète et roi, sont aussi le moyen de vivre cet engagement de Dieu.

Nous sommes des être incarnés
Les chrétiens sont donc invités à vivre concrètement leur foi par la pratique des sacrements, comme des amoureux vivent concrètement leur amour par des gestes de tendresse, des attentions particulières… L’amour est une force et une source qui se trouve dans le tréfonds de notre cœur, et il est évident que ce ne sont pas les gestes, les mots ou les cadeaux qui le fondent, mais ils sont une manière concrète de l’incarner, de le partager : ils sont signes et moyens de l’amour. Un amour sans geste, sans parole, sans partage, est voué à s’éteindre, car nous sommes des êtres qui avons besoin que le plus profond et le plus spirituel prenne chair. Il en est de même pour les sacrements, ils sont pour nous les signes et les moyens qui nous aident à vivre notre foi comme une relation d’amour avec Dieu et avec toute l’humanité, dans une joie et une communion qui peuvent transcender notre monde et nos existences. C’est pour cette raison que l’Église – et donc l’Œuvre en ce qui concerne les lecteurs de cet humble journal – invite les croyants à célébrer la messe le dimanche, à vivre les grandes étapes de leur vie au rythme des sacrements, car ils nous accompagnent tout au long de notre existence et nous permettent de vivre notre foi et de la mettre en pratique dans la fraternité universelle.

Olivier

2022-05-26T16:37:38+02:00

L’Évangile du mois de juin 2022

Nous lirons ce passage le jour de la fête de la Sainte Trinité, dimanche 12 Juin.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

Le contexte
Nous sommes dans l’Évangile de Jean dans ce long discours d’adieu prononcé par Jésus. Il parle à la manière d’un grand frère qui, sur le pas de la porte, donne ses instructions avant de s’absenter pour un long voyage.

Qu’entendent-ils ?
On peut s’interroger sur la capacité des disciples à entendre les conseils de Jésus tant ils sont attachés à leur maitre et refusent en eux-mêmes sa fin inéluctable. Savons-nous dans nos propres vies entendre ces voix, celles de ceux qui vont partir comme celle de Dieu en son Esprit ? Jésus mieux que quiconque connait nos résistances. Il nous offre sa parole en acceptant que nous n’en tirions pas un grand profit.

Révélation d’un Dieu relation
Jésus annonce la venue de l’Esprit Saint, une présence continue de Dieu à l’œuvre en chacun. Ce qui est frappant, c’est le lien que Jésus fait entre le Père, l’Esprit, Lui et les croyants. Ainsi, tout ce que possède le Père est au Fils. L’Esprit le reçoit pour le faire connaitre aux croyants. Il ressort de tout cela que nous ne devons jamais voir Dieu à travers l’image d’un roi siégeant sur son trône, même flanqué d’un fils.…

L’Esprit Saint, Esprit de vérité…
L’Esprit se présente sous l’image d’un guide qui conduit les disciples dans le pays de la vérité. Mais attention, la vérité n’est pas un prêt-à-penser mais une personne qui est le « chemin, la vérité et la vie ». La vérité, c’est un chemin est une vie. Au fond, la vérité, c’est que l’Évangile de la croix opère un changement radical de notre compréhension du monde et de Dieu.

Il vous conduira dans la vérité
Le but de l’œuvre de l’Esprit est la glorification du Christ, la révélation de ce qu’il est en vérité. On remarquera que chacune des trois personnes de la Trinité renvoie aux autres. Ainsi, le Christ ne garde rien pour lui, il partage tout ce qu’il est et tout ce qu’il possède.

Pour actualiser…
Toutes ces considérations sur Dieu peuvent nous laisser indifférents. Pourtant, il y a un lien fort entre ce que l’on dit de Dieu et la manière dont on se comprend comme être humain. Dieu nous est révélé dans l’Ecriture comme Trinité, relations, communion de personnes et il nous est donné de participer à cela. Par conséquent, la vie divine à laquelle nous sommes appelés n’est pas une vie éthérée, hors du monde ou dans les nuages. Une vie divine est une existence reliée à Dieu et aux autres dans laquelle le désir de relations vraies, simples, belles et consistantes est premier.

Didier Rocca

Le mot du mois : Glorifier

« Glorifier » Dieu, c’est lui rendre gloire. Ce terme, en référence à Dieu, dans l’Ancien Testament, a une connotation de grandeur et de splendeur. Dans le Nouveau Testament, il signifie « dignité, honneur, louange et adoration ». En assemblant les deux, on comprend que glorifier Dieu, c’est reconnaître sa grandeur et lui rendre honneur en le louant et l’adorant car lui seul en est digne. La gloire de Dieu est l’essence même de sa nature et le glorifier implique de le reconnaître.

2022-05-26T16:39:57+02:00

Édito Mai 2022 > La synodalité

Depuis plus d’un an, l’Église catholique, à l’initiative du pape François, est engagée dans un grand processus de réflexion. Le sujet de ce travail est la synodalité, un mot compliqué pour exprimer l’importance d’avoir un fonctionnement qui ne soit pas pyramidal et hiérarchique, mais selon lequel tout le monde est responsable et a une égale dignité, où tout le monde marche ensemble, en communion. L’objectif affiché par le pape est de faire en sorte que la lutte contre ce que l’on appelle le cléricalisme soit le combat de tous et non pas une décision qui viendrait d’en haut, ce qui alimenterait ce qu’il désire contrecarrer. Tous les chrétiens sont donc invités à prier, à réfléchir en groupe, à poser un regard objectif, critique et bienveillant sur la manière de vivre en Église, à faire des propositions afin que l’Église assume sa mission avec plus de fidélité à l’Évangile et au Christ.

Fidélité à l’Évangile
J’ai eu la chance d’être témoin et participant de plusieurs partages autour de ces questions, et j’ai compris que cette initiative du pape était bienvenue, en particulier en France après les diverses critiques faites à l’encontre de membres de l’Église qui se sont montrés capables des pires abominations envers des enfants, des femmes ou des personnes vulnérables, qui ont été manipulés, sous emprise, blessés dans leur âme, leur esprit ou leur chair. Cette Église qui parfois se permet de rejeter et de condamner les individus en outrepassant sa mission, qui ne consiste pas à juger mais à accompagner, relever, aimer et transmettre le pardon de Dieu. Il est juste de rappeler que l’Église est constituée d’être humains faillibles et fragiles, mais nos contemporains ont raison de vouloir que l’Église soit plus fidèle à ce qu’elle a pour charge d’annoncer et de vivre, surtout s’ils ont l’impression d’être parfois regardés de haut et méprisés par une élite. Il est aussi essentiel que tous les chrétiens puissent véritablement se sentir partie prenante de l’Église qui n’est pas une hiérarchie ni une structure autosuffisante, mais un peuple, une communauté, une famille. Je crois que le rêve du pape est que personne ne puisse se sentir étranger à l’Église qui a pour vocation de rassembler toute l’humanité et qui symbolise le projet de Dieu : nous faire vivre la fraternité universelle.

La fraternité
Dans les diverses rencontres que j’ai vécues autour de cette question, la conclusion fréquente est une invitation à revenir à l’essentiel de l’attitude de Jésus Christ qui nous montre le chemin : vivre avec les autres en fraternité et avoir le souci des plus petits et des plus pauvres. Si l’Église à une mission à remplir, c’est avant tout d’être le signe de ce qu’elle propose : montrer ce qu’est le monde selon le désir de Dieu. Il s’agit d’un monde où nous sommes tous frères, capables de nous réjouir de nos différences en les considérant comme des richesses et non comme des occasions de jalousie ou de concurrence. Un monde dans lequel il n’y aurait pas d’indifférence ni de mépris, un monde dans lequel les injustices seraient révoltantes et la solidarité la norme. Dire cela peut sembler utopique et naïf, mais si l’Église n’est pas le lieu où l’on cherche à vivre cet idéal, alors elle sera une institution comme les autres, qui sera centrée sur son fonctionnement et sa survie.

L’option préférentielle 
pour les pauvres
L’autre boussole que nous sommes invités à garder comme priorité absolue, c’est ce que la tradition de l’Église appelle « l’option préférentielle pour les pauvres », qui en fait n’est pas une option mais une obligation : le Christ a fait ce choix premier de partager la vie des pauvres et de se faire proche des blessés de la vie. Comme incarnation de Dieu, il nous indique que l’Église est authentiquement fidèle à la tradition lorsqu’elle prend le même chemin. Le regard de Dieu se pose en priorité sur ceux qui ont le plus besoin d’être aimés et encouragés : on le découvre dans l’histoire de sa relation avec l’humanité, incarnée par l’élection du peuple juif et l’alliance du Seigneur qui reste fidèle à accompagner ce peuple vers plus de liberté et de paix. Pourtant l’histoire nous montre que cela n’a souvent pas été la réalité et que l’institution catholique a tourné le dos à sa mission en se compromettant avec le pouvoir et la richesse, ou, plus récemment, en ne prenant pas en compte les blessures infligées aux plus petits par des prêtres ou des religieux. Si l’Église veut rester vivante et dynamique, il lui faut être fidèle au Christ et décider de manière absolue que la priorité doit aller au souci des plus petits et des plus pauvres. Pour cela il nous faut découvrir ceux qui sont les petits et les pauvres de notre temps, ceux qui sont mal vus, rejetés, laissés pour compte, méprisés : ils ne sont les mêmes aujourd’hui que ceux du temps de Jésus. Nous pouvons rêver d’une Église qui se donnerait pour critère de discernement la priorité pour les plus petits et les plus pauvres, cela pourrait éclairer tous ses choix et ses actions.

L’Œuvre, lieu d’Église
Il me semble que l’Œuvre, lieu de vie englobant la dimension spirituelle, le vivre ensemble et l’accueil des diverses composantes du quartier, est un lieu d’expérimentation de la fraternité, fragile certes, qui a connu des échecs et qui en connaitra encore… Tout cela se travaille au quotidien, par le dialogue, le respect et la bienveillance et en relisant ce qui est vécu sous le regard de l’Évangile afin de garder la bonne inspiration et le bon cap, pour que chacun puisse se réajuster à lui-même, à Dieu, aux autres.

Olivier

2022-04-26T08:32:27+02:00

L’Évangile du mois de mai 2022

Évangile du 3e dimanche du temps pascal..

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Après cela Jésus se manifesta encore à ses disciples à la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta.
Simon-Pierre, Thomas surnommé le Jumeau, Nathanaël de Cana en Galilée, et les fils de Zébédée étaient là ensemble avec deux autres disciples de Jésus. Simon-Pierre leur dit : “Je vais pêcher” ; et eux lui disent : “Nous y allons aussi avec toi.”Ils sortirent et montèrent dans la barque, mais cette nuit-là ils ne prirent rien. Lorsque déjà le jour se levait, Jésus se tint là sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Jésus les appelle : “Dites donc, les enfants, avez-vous quelque chose à manger ?” Ils lui répondent : “Rien.” Alors il leur dit : “Jetez le filet sur la droite de la barque, vous allez trouver.” Donc, ils le jettent, mais ils n’arrivent pas à le ramener tellement il est plein de poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : “C’est le Seigneur.” Quand Simon-Pierre l’entend dire que c’est le Seigneur, il remet son vêtement, car il est sans rien, et il se jette à l’eau. Les autres disciples arrivent avec la barque ; de fait, ils ne sont pas loin du bord, une centaine de mètres, et ils traînent le filet avec les poissons. Quand ils sont descendus à terre, ils voient un feu de braises préparé avec du poisson dessus et du pain. Jésus leur dit : “Donnez-nous donc des poissons que vous avez pris.” Simon-Pierre monte dans la barque et amène le filet sur le rivage. Il était plein de gros poissons, 153 en tout, mais avec tout ce nombre le filet ne s’était pas déchiré. Alors Jésus leur dit : “Venez donc déjeuner.” Aucun des disciples n’osait lui demander : “Qui es-tu ?” Car ils savaient bien que c’était le Seigneur. Jésus s’avança, il prit le pain et le leur donna, et de même pour les poissons..

Le contexte
Cet épisode se situe quelques jours après la résurrection du Christ. Nous ne sommes plus à Jérusalem mais au bord de la mer de Galilée, région de naissance de la plupart des douze apôtres.

Une thématique
Certains mots de cet Évangile sont très évocateurs : barque, pêche, poissons, disciples, Pierre… On pressent qu’il s’agira d’un texte qui évoque l’Église et sa mission.

À propos des disciples
Sept des douze apôtres sont ici présents, le groupe est donc incomplet. De plus, il fait nuit. L’ambiance est morose. Ces disciples sont des pêcheurs professionnels et ne ramènent aucun poisson ! Ne reconnaissons-nous pas notre Église aujourd’hui ? Pourtant, au cœur de cette nuit, au cœur de l’échec, Jésus vient les aider et permettra aux disciples de trouver du poisson en abondance. Ainsi dans la mission, Jésus nous précède toujours. Nous sommes appelés à collaborer à ce qu’il fait avec confiance et à ne pas désespérer de nous-mêmes même si parfois les fruits paraissent à priori décourageants.

Le personnage de Pierre
C’est Pierre lui-même qui décide d’aller à la pêche. Lorsque Jean s’écrie que Jésus est là, Pierre se jette à l’eau même s’il n’est pas le premier à le reconnaitre. Ensuite, Jésus retrouve Pierre près d’un « feu de braise » quelques jours après avoir été trahi pour son ami près d’un autre feu de braise. Au fond, l’évangéliste veut nous faire comprendre que le lieu de la trahison est ici, aussi le lieu de la miséricorde. Quelques versets après, Jésus confie à Pierre la mission d’être pasteur du troupeau. Que cela est beau ! Personne n’est trop loin pour Dieu. Bienheureuse trahison qui permit à Pierre de bénéficier de la miséricorde de Dieu et d’être envoyé en mission. Pierre aurait pu avoir honte de retrouver Jésus, or, il a plongé ! Un exemple à suivre.

À propos du successeur de Pierre
François est le successeur de Pierre. Il n’est rien sans les autres évêques, sans les autres chrétiens. De la même manière, que Pierre n’était rien sans Jean et les saintes femmes qui ont rencontré et reconnu le Ressuscité, lorsque Pierre est parti à la pêche, il n’est pas parti tout seul ! Tous, nous avons tous à collaborer à la mission de l’Église qui n’est pas la mission du pape mais celle du Christ. Il n’y a rien de plus beau que de se jeter à l’eau. Telle est notre mission commune.

La pêche
Elle consiste à redonner à l’autre de l’espérance, de l’aider dans sa recherche spirituelle, de lui faire connaître le Christ. La pêche consiste aussi à humaniser notre quartier, à le rendre le monde plus humain et donc plus divin. La pêche consiste à ne pas avoir peur de se prendre pour le pape dans son désir d’être proche des plus petits, des plus pauvres. Soyons un peuple de pêcheurs. Les disciples n’ont pêché que 153 poissons, il en reste encore beaucoup.

Didier Rocca

Le nombre du mois : 153

Un dessin vaut mieux qu’un long discours…
La 1re et 2e ligne en rouge forment un petit triangle de trois cailloux figurant le sommet et la pierre angulaire de l’ensemble. Les trois lignes suivantes en jaune (3 + 4 + 5 = 12) désignent les douze apôtres dépendant de la pierre angulaire et appuyés sur elle. Les 12 lignes suivantes en bleu (de 6 à 17) figurent l’Église appuyée sur les 12 apôtres, lesquels se fondent sur la pierre angulaire. Au total, 153 cailloux, lesquels sont 153 « gros poissons ».

2022-04-25T14:53:50+02:00