Olivier

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Lettre du Villard – septembre 2020

LETTRE DU VILLARD

Le Villard, le 16 septembre 2020

Bien cher ami,

Je sais que vous n’aimez pas que je vous remercie pour l’attention que vous nous témoignez en poursuivant cette correspondance avec des amis de vacances qui n’oublient pas de vieillir consciencieusement chaque année. Vous n’aimez pas mes remerciements, dites-vous, car, ce faisant, je parais sous-entendre que je suis votre obligé alors que, protestez-vous, le plaisir de notre conversation n’est en rien une obligation. Je ne chercherai pas à savoir si vous êtes poli ou sincère, car vous êtes et l’un et l’autre. Ceci dit, vous avez noté et m’avez fait remarquer le ton un peu morose – de ma dernière lettre ; je le regrette, mais -, que voulez-vous… l’été commençait à montrer des signes d’usure et, surtout, surtout, nous savions que nous n’allions pas vous voir pendant un bon bout de temps.
Nous essaierons d’être plus souriants. Pour lutter contre la morosité qui parfois le gagnait, un de mes amis s’était donné en obligation de trouver chaque jour une bonne nouvelle dans l’actualité ; il parcourait les chiens écrasés, les dépêches diplomatiques, les revues scientifiques, que sais-je, à la recherche d’une nouvelle qui le réjouirait. Il y réussissait, mais non sans mal, me confessa-t-il plus tard, jusqu’au jour où il s’est souvenu d’un texte qu’il avait appris à l’école primaire, dans lequel l’auteur parlait du « Bonheur-de-voir-se-lever-les-étoiles », du « Bonheur-de-la-pluie, qui est couvert d’un manteau de perles », ou du « Bonheur-des-pensées-innocentes »qui est le plus clair d’entre nous. Il s’agit de l’Oiseau bleu, de Maurice Maeterlinck que je me permets de vous conseiller de lire. En contemplant le monde tel qu’il est, il n’a plus eu besoin de s’user les yeux à la lecture des journaux.
Je racontais l’histoire au petit groupe d’amis venus prendre le café sur le balcon en profitant du « bonheur-de-la-douceur-de-l’automne-ensoleillé ». Me Beraud, malgré mes protestations de sincérité, n’a pu s’empêcher de s’exclamer « Se non e vero, e ben trovato »1. Il a cependant ajouté « Votre ami a donc du se réjouir en lisant qu’en 2020, le Jour du dépassement était intervenu trois semaines plus tard qu’en 2019 ». La moue interrogative de Mimiquet l’incita à lui expliquer que ce jour correspondait à la date de l’année où l’humanité est censée avoir dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an ; cela a été imaginé et est calculé par une O.N.G.2. « Donc, poursuit-il, plus le jour du dépassement s’approche de la fin de l’année, moins notre planète s’épuise ; toute la question est de savoir pourquoi nous avons amélioré le score de trois semaines, autrement dit, si cela a quelque chance d’être durable ». J’ai osé avancer que la réduction mondiale de l’activité économique due à l’épidémie de coronavirus ne devait pas être étrangère à la moindre consommation des énergies et qu’il n’était pas certain que cette bonne nouvelle en soit une. Le colonel Gastinel s’est alors lancé dans une de ses diatribes habituelles contre les O.N.G. qui cachant soigneusement l’origine de leurs financements et donc les intentions de ceux qui les animent n’ont, selon lui, d’autre objectif que d’affaiblir le monde occidental, en prônant la décroissance, sous couvert d’écologie. « On ne me fera pas croire, ronchonna-t-il, qu’en se lançant dans la décroissance, on puisse régler la question des ressources. Voyons, le fait que le jour du dépassement soit intervenu en 2020 à 64 % de l’année montre simplement que notre pauvre terre ne peut subvenir qu’à 64 % de sa population, autrement dit à 4,8 milliards d’habitants, alors que nous sommes 7,5 milliards, dont 2 sur lesquels on fait porter toute la responsabilité de la situation et 5,5 qui, non seulement, sont tellement pauvres qu’ils sont bien en peine de faire des économies sur quoi que ce soit mais encore dont le nombre s’accroît de près de cent millions par an. On veut nous faire croire que le problème est culturel en nous donnant mauvaise conscience d’avoir donné à l’humanité le niveau de développement qui est le sien alors que le problème est démographique. J’aimerais bien savoir pourquoi il est pris par ce bout et qui orchestre la manœuvre ». Me Beraud lui faisant remarquer que, quelles que soient les causes de la situation, il valait mieux contribuer à réduire les besoins que de délirer dans une logique complotiste, Gastinel reprit : « C’est certain mais il faut bien voir que le risque est que nous perdions sur les deux tableaux, c’est-à-dire qu’en acceptant des contraintes économiques nouvelles, nous affaiblissions nos sociétés développées sans que cela enraye l’épuisement des ressources naturelles dont ont un besoin croissant les sociétés les plus défavorisées qui grignotent l’effet des progrès de productivité écologique que nous réalisons ». « Nous aurons au moins essayé », lui dit Beraud.
Vous notez dans votre dernière lettre qu’après la coupure des vacances, vous avez trouvé du changement dans le comportement de ceux que vous côtoyez, notamment une certaine distance dans les rapports humains qui ne vous paraît pas seulement due au respect des fameux gestes barrières3 mais qui vous semble traduire, dans la meilleure des hypothèses, la prise de conscience du recul qu’on peut avoir par rapport à la vie menée jusqu’alors, et dans la pire, une exacerbation de l’individualisme. Entre les deux hypothèses, je ne trancherai pas, mais effectivement, le confinement a produit chez certains un effet semblable à celui d’une retraite spirituelle et les a , en quelque sorte, conduits à tamiser leurs relations, s’interrogeant sur la pertinence de toutes les poursuivre. Vous espérez que cette situation n’est que temporaire et que nos semblables retrouveront bientôt le goût, le besoin… et la possibilité, de la vie en société. Je vous suis parfaitement.
Pour terminer sur une note plus légère, je reviendrai sur ce qui me paraît l’expression d’un lamentable conformisme, celui de la modification, consistant en son raccourcissement, du titre du fameux roman d’Agatha Christie4 qui ne convenait plus aux idées de certains de ce temps. Ceci nous renvoie au temps de la Révolution française où les sans culottes s’étaient mis en tête de modifier les noms des communes qui rappelaient « les souvenirs de la royauté, de la féodalité ou de la superstition »5 ; si St-Éloi fut transformé en Loi, ce qui était un moindre mal, Ste-Croix-du-Verdon devint Peiron-sans-Culotte et Le Désir libre fut le nouveau nom de St-Didier-sous-Écouves. On prétend même qu’il fut question de transformer Saint-Cyr en Cinq chandelles… Alors que nous évoquions l’affaire avec nos amis et que Gastinel considérait qu’il aurait suffi de remplacer le mot désormais insupportable par trois points, Me Beraud lui fit remarquer que le remède aurait été pire que le mal et nous raconta l’anecdote suivante tirée des Propos de table de James de Coquet6. Rendant compte d’une manifestation organisée par le Parti communiste, dont Jacques Duclos était alors le secrétaire général (par intérim) et qui avait été un échec, un rédacteur, faisant référence à Jacques Duclos qui, dans sa jeunesse, avait été apprenti pâtissier, avait terminé son article avec la phrase « le pâtissier Duclos l’a eu dans le baba ! » ; il fut convoqué par le secrétaire de rédaction pour modifier son texte car il n’était pas concevable qu’une expression aussi triviale fut accepté dans ce journal que lisaient encore les douairières7 du quartier St-Germain. Le secrétaire de direction fit sauter le mot « baba », laissant le texte en plan en demandant au rédacteur de revoir sa formule : mais l’heure tournait, il fallut bientôt boucler le journal, plus personne ne pensait aux trois petits points… et le texte partit aux rotatives en l’état, si bien que le lendemain, les douairières lurent avec effroi « le pâtissier Duclos l’a eu dans le… ». Il nous a fallu une bonne minute pour venir à bout de l’hilarité de Mimiquet.
Voilà, vous savez tout de ce qui, sans excès, nous agite. J’ai bien noté que vous viendriez au Villard pour les vacances de Toussaint. Grâce à Mlle Raynaud qui a fait le ménage « en grand » selon son expression, la maison est prête pour vous accueillir. N’oubliez pas de nous téléphoner la veille de votre arrivé pour que nous allumions le chauffage, car il commence à faire frisquet la nuit.
N’oubliez pas, non plus, de venir avec vos remarques et vos questions qui nous sont si précieuses.
Croyez en notre indéfectible amitié.

P. Deladret

  1. « Si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé » attribué à Giordano Bruno, (1548-1600) dominicain, brûlé pour hérésie.
  2. Global Footprint Network, présidée par Mathis Wackernagel.
  3. Gestes barrières : expression créée lors de l’épidémie de 2020 désignant les comportements à adopter pour limiter la diffusion du virus.
  4. Ten little Niggers, 1939.
  5. Décret du 25 vendémiaire, an II.
  6. James de Coquet 1898-1988, grand reporter au Figaro, correspondant de guerre et critique gastronomique. Ses Propos de table ont été publiés dans le Figaro Magazine et chez Albin Michel.
  7. Douairière : Veuve d’un milieu aristocratique.
2020-12-18T08:52:00+01:00

Édito octobre 2020 > Accompagner

On peut résumer la mission de l’Œuvre avec cette formule toute simple : « accompagner les jeunes ». Cette expression recouvre beaucoup de notions et nous pouvons l’expliciter.

Se faire proche
Accompagner, cela signifie marcher à côté, non pas devant comme un guide qui connait et fixe l’itinéraire, pas non plus derrière comme une voiture balai qui ramasse les morceaux et constate les dégâts après que la course est terminée, mais au même pas que l’autre, avec, et non en vis-à-vis. Dans la Bible, il y a une image agricole très significative : il s’agit du joug, une pièce de bois qui unit deux bêtes de somme qui tirent une même charrue. Elles se soutiennent l’une l’autre, et font à deux un meilleur travail que si elles étaient chacune avec leur propre charrue. Le Christ invite ses disciples à prendre sur eux son propre joug, donc à vivre en étant reliés à sa vie, et à comprendre qu’il marche avec eux, qu’il traverse leurs difficultés et leurs joies. C’est ce que l’on découvre tout au long des Évangiles : Dieu se fait homme et partage la vie ordinaire de toute personne, même si sa manière de vivre est extraordinaire. Nous sommes invités à vivre cette qualité de relation à notre tour, en particulier dans l’acte éducatif et dans la mission chrétienne.

Délicatesse et vigilance
Dans le cadre de l’Œuvre, nous avons le souci d’accompagner les jeunes dans leur croissance, en les aidant à être libres – nous avons déjà abordé la notion de liberté dans un précédent édito – tout en leur donnant les repères et les ressources qui leur permettront de traverser l’existence. C’est une attitude qui demande beaucoup de délicatesse, car entre le laisser-faire et le dirigisme, il y a une ligne de crête étroite. Cela demande une grande vigilance, car chaque personne est unique et parce qu’il n’y a pas une recette universelle en matière d’éducation. Pour une même personne, il faut s’adapter selon l’humeur, l’étape dans la croissance ou les événements de la vie.

Bienveillance et exigence
S’il n’y a pas de recette miracle, il y a des principes qui permettent de vivre cette mission. Le principale, c’est la bienveillance. Elle est difficile à quantifier, mais elle est un bon repère : si véritablement je veux du bien à l’autre, alors je saurai être attentif à le faire grandir en liberté, à ne pas le juger tout en lui disant ce que je crois important, à accepter qu’il puisse penser autrement que moi et faire d’authentiques choix. Un autre principe, qui peut paraître paradoxal quand on évoque la bienveillance, c’est l’exigence : la facilité n’est pas bonne conseillère, et il faut savoir donner le goût de l’effort. Cela ne peut se vivre que si l’autre nous voit marcher nous aussi dans cette voie de l’exigence. Il ne s’agit pas d’élitisme, de performance ou de masochisme. Une vie se fonde sur des choix et des engagements, qui sont parfois difficiles mais qui ont du sens car ils ont un objectif. L’accompagnateur se doit d’ouvrir un avenir et une route. C’est plus difficile que de rester dans son canapé ou de tourner en rond, mais c’est le seul moyen de prendre sa vie en main et de ne pas passer à côté de son existence.

Une dynamique commune
La merveille avec la notion d’accompagnement, c’est que tout le monde avance, l’éducateur tout autant que celui qu’il accompagne. Celui qui se fait proche pour accompagner avec délicatesse et vigilance, avec bienveillance et exigence, progresse tout autant que celui qu’il est supposé aider. Chemin faisant les deux se rendent comptent qu’ils sont en réalité dans la même dynamique : il n’y a pas un plus fort qui aide un faible, ils sont dans le partage et avancent ensemble. Ils ont été obligés de sortir de leur confort, de se mettre en marche et de se soutenir, parcourant de ce fait un nouveau chemin, inconnu pour l’un comme pour l’autre : l’un se trouve en capacité d’avancer et ose aller de l’avant, et l’autre parcours un nouveau sentier, qui n’aurait pas emprunté s’il était resté sur sa propre route.

Olivier

2020-09-23T09:21:19+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2020

Nous entendrons cet Évangile le 25 octobre. Ce sera le 30e dimanche du temps ordinaire..

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Quand les Pharisiens apprirent que Jésus avait fermé la bouche aux Sadducéens, ils vinrent en groupe, et l’un d’eux voulut mettre Jésus à l’épreuve avec cette question : « Maître, quel est le grand commandement de la Loi ? » Jésus lui dit : « “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Il y en a un deuxième tout à fait pareil : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Toute la Loi et les Prophètes tournent autour de ces deux commandements. »

Le contexte
Nous sommes dans la dernière étape de la vie de Jésus, entre son entrée triomphale à Jérusalem et sa Passion. Les discussions se succèdent entre celui que la foule a reconnu comme Messie et les autorités religieuses qui selon elles, sont les seules à pouvoir dire si Jésus dit vrai ou pas. Après avoir raconté trois paraboles, les sadducéens et les pharisiens répondent en posant trois questions à Jésus. Nous en sommes ici à la 3e et dernière.

Une question banale
La Bible contient 613 commandements en tout. Ce nombre est la somme de 365 (nombre de jours dans une année. 365 représente le temps) et de 248 (nombre d’os dans un corps humain). 248 représente l’humain. Autant dire que la Loi juive concerne toute la vie et tout l’homme. Mais quel est le plus grand ? C’est la question posée par ce légiste. Jésus n’établit pas de hiérarchie entre ces 613 commandements, il ne prend ici aucun risque en reprenant un passage bien connu des juifs dans le livre du Deutéronome.

Le « Notre Père » des juifs
Jésus aurait pu répondre à la question posée en citant un des dix commandements. Au lieu de cela, il préfère citer les premiers mots d’une prière juive équivalente au Notre Père. Elle consiste en une profession de foi au Dieu unique. L’originalité de la citation de Jésus vient du fait qu’elle relie l’amour de Dieu avec celui du prochain. Les deux commandements étaient connus puisque présents dans la Bible mais Jésus considère ces deux préceptes comme n’en formant qu’un seul. Le symbole de la croix peut aider à comprendre ce lien fort entre l’amour de Dieu (c’est l’axe vertical) et l’amour du prochain (c’est l’axe horizontal). À l’intersection des deux axes se trouve Jésus, vrai homme et vrai Dieu.

La Loi et les Prophètes
Que ce soit dans la Loi ou parmi les prophètes, le lien entre amour de Dieu et amour du prochain est central. On peut résumer ainsi leur raisonnement : Si vous voulez être les fils du Dieu qui vous a libérés, soyez à votre tour des libérateurs. Aimer n’est donc pas un sentiment, c’est une conduite concrète. Aimer c’est consoler, relever, accompagner, redonner confiance…

« Comme soi-même »
Le Christ reprenant les Écritures nous invite à aimer son prochain comme soi-même. Sans s’idéaliser bien sûr, cette attitude s’appelle l’humilité. Elle honore Celui qui nous a créés et nous rend capables d’aller vers les autres.

Pour actualiser…
Jésus nous invite à faire deux passages. Pour certains, celui qui consiste à saisir que la foi en Dieu nécessite un amour vrai, sincère de tous ceux qui nous sont proches. Pour d’autres, celui qui consiste à passer d’un humanisme authentique, d’une fraternité vécue à la reconnaissance d’une transcendance, d’un Dieu personnel qui nous aime et qui mendie notre amour.

Didier Rocca

Le mot du jour : Preochain

C’est celui qui est proche : physiquement, celui a côté de qui je suis assis, celui avec qui je travaille. Mais il peut être proche par les liens de famille, tel oncle ou telle grand-mère. Le prochain peut être aussi celui que la vie m’envoie, une personne qui traverse la rue, qui se fait violenter sous mes yeux ou encore ce jeune sans domicile fixe qui me demande de l’aide.

2020-09-23T09:23:39+02:00

Camp d’été 2020 > les Benjamins

Les Benjamins

Voilà, c’est fini…

Votre équipe d’animation espère que vous avez passé un super camp. En tout cas, elle, oui ! Par où commencer ? Le départ peut-être…

Vous partiez sûrement avec un petit peu de peur, car deux semaines ça fait beaucoup, vous ne connaissez pas tout le monde, vous allez vivre autant de temps avec plein de gens. Mais je suis sûre que dès votre arrivée, après avoir fait pour la première fois connaissance avec les autres, vous étiez contents d’être là. À Larche, on a pu aller se baigner (enfin, se tremper les petons) à « La Flaque » ! Heureusement qu’elle était là ! On a fait une marche durant laquelle on a pu observer des marmottes de près, écouter des contes de la région. On a fait un tas de jeux durant lesquels on a rencontré des dizaines de personnages aussi farfelus les uns que les autres. On a aussi fait de l’accrobranche, vous vous êtes encouragés (continuez), vous avez ri (ou pleuré), vous avez aimé affronter les lois de la nature et vous prendre pour Tarzan (ou Jane) pour quelques heures. On a pu aussi se baigner au plan d’eau de Jausiers, faire nos plus beaux plongeons ou nos plus belles bombes à partir du plongeoir ! Plouf ! Et bien sûr, manger nos meilleures glaces.

Les colons sont aussi venus nous voir, mais sont repartis joyeux d’avoir rencontré de super mayas comme vous. C’est ainsi que se terminait c’est année, ayant pour thème les civilisations amérindiennes.

Ensuite, nous sommes allés à Orcières, là où nous attendaient un tas d’autres activités et personnages rigolos. On a pu faire deux autres marches, vous avez pu vous acheter des souvenirs de ce camp, vous avez râlé qu’on marchait trop (ahah) ! Mais on est sûr que vous avez aimé faire les aventuriers, prendre les télécabines, voir des marmottes et un aigle. Le pédalo était rigolo aussi, souvenez-vous, nous n’arrivions pas à avancer ! Et quand Poséïdon et ses quatre filles sont venus nous voir ? Vous vous en souvenez ? Vous vous êtes bien battus pour chacune d’elles !

Nous avons terminé ce beau camp, rempli de rires, de joie, de souvenirs, de pleurs aussi, avec une boum, durant laquelle on a dansé comme des dingues ! Puis est venue la prière du dernier soir, vous savez, celle où la plupart d’entre vous ont pleuré car ils voulaient rester en camp, mais aussi revoir leur famille.

Ce camp vous a fait grandir, vous avez tellement partagé ensemble. Vous êtes bien partis pour former un beau groupe, pour vos années à venir à l’Œuvre. N’oubliez pas tout ce que je vous ai dit le dernier soir… Restez comme vous êtes, faites les efforts qu’il faut faire pour bien vivre en communauté et vous amuser. Profitez de cette expérience unique ! Votre équipe d’animation a été super fière d’être vos animateurs cette année. Vous nous avez bien fait rire. On vous aime.  

Je veux que vous compreniez bien que ce que vous allez vivre pendant vos années à l’Œuvre, c’est exceptionnel. Vous ne retrouverez pas ça ailleurs. Pas une ambiance pareille, pas de tels amis pour longtemps, pas de si bons souvenirs… Tout ce que vous allez vivre sera gravé dans votre p’tite tête.

En attendant, c’en est fini pour moi. Douze ans de bonheur. Je vous donne rendez-vous dans dix ans, quand vous serez peut-être animateurs, et que j’aurai peut-être des enfants, dont vous serez peut-être les animateurs. Prenez soin de vous et de ceux qui vous entourent.

Je vous aime fort,

Lucie

2020-08-27T22:45:46+02:00

Camp d’été 2020 > les Jeunes Cadets

Les Jeunes Cadets

Voilà que se termine le grand camp des jeunes cadets, qui a été plutôt riche en émotions grâce aux diverses personnalités qui se complètent. Nous avons Charlotte à la toison d’or, une grande guerrière qui n’a pas peur de se perdre. Elisa, qui est une petite demoiselle à lunettes et à la voix aiguë, mais méfiez-vous de l’âme de combattante qui s’y cache car elle ne se laissera pas faire. Chloé, contrairement à Élisa, une grande petite demoiselle, discrète mais réfléchie lorsqu’on apprend à la découvrir. Alix, notre futur influenceuse tik tok, très dynamique elle a une énergie comparable à 100 enfants ! Mia, notre artiste, toujours déjantée quand il s’agit d’imaginer, mais finalement on l’adore son petit monde parallèle. Titouan, ou Rose, on ne sait plus depuis que tu adores mettre des jupes, coiffer Maurice avec Bob… Mais on sait que tu deviendras un grand bonhomme ! Samuel, notre grand Sam, c’est fou ce que tu grandis vite, ta petite fossette, elle, ne bouge pas. Valentine la petite commère du groupe ! Toujours le nez fourré dans les histoires, jamais dans les siennes d’ailleurs, mais elle a toujours le sourire et la joie de vivre. Niels, notre petit bébé qui adore pleurnicher à cause de Samuel. Il va falloir manger de la soupe pour rattraper ton frère ! Mais je sais que tu y arriveras parce que tu ne lâches jamais rien. Dalva, si vous pensez que Dalva est blasée, non non elle est heureuse, c’est sa petite carapace: avec ses yeux grossis par ses lunettes et son petit carré, elle donne l’apparence d’une personne simple alors qu’elle est extraordinaire et adorable. Alicia, notre petite voix au grand cœur, et il vaut mieux ça que l’inverse ! Une petite merveille pleine de gentillesse, qui saura développer ses cordes vocales pour se faire entendre j’en suis sûre. Josephine, petite tortue au nez tout mou, toujours aussi agréable et gentille, un très bon public qui ne se lasse pas de rire. Rose, grande boudeuse et joueuse de contrée, qui fait encore quelques erreurs mais je sais que tu réussiras à corriger ça, garde cette joie de vivre. Cléa, notre petite boule de joie et d’histoires incroyables, notre simulatrice de blessure préféré. Gaël, insupportable râleur, adorable casse-pied, il excelle parmi ceux de sa génération, grand gagnant des Hunger games d’ailleurs, mais c’est pour ça qu’on l’aime. Lucien, une petite tête de génie, calculateur et manipulateur alors que c’est tout simplement un génie du ping-pong et manipulateur de carte Magic. Aurélien, notre petit diable, à la force incroyable, tu nous en fais voir de toutes les couleurs, mais au fond on le sait que tu as bon fond. Hector, péteur pro depuis bientôt 4 ans, meilleur joueur de blind test 2020, et aussi, c’est très important, il aime le veau mais pas les brossages de dents. Amandine, un très bon public, une machine à sourire et à rougir aussi… Notre petit soleil aux yeux bleus qui illumine nos journées. César, un amateur de grande lecture, de discrétion et de bonne stratégie quand on doit faire une guerre des bases ! Sacha, au début on pensait que tu faisais semblant de faire l’imbécile pour faire rire tes amis mais au final tu ne fais pas exprès ! Mais de drôlement bête, tu pourrais devenir drôle tout court, il faut juste que tu apprennes quand il faut s’arrêter… Adrien, danseur fou, véritable dico des gros mots, notre petite racaille mais aussi notre petit mec à la réflexion développée quand il se concentre ! Matis, petit kéké aux mèches blondes, amateur de foot, enfin en tant que spectateur, tu feras gaffe tu commences à changer de voix… Abel, puriste discret du Grand J, d’une gentillesse et douceur inégalable malgré sa grande discrétion, sauf quand il s’agit de parler avec Sacha ! Manu, notre allergique, je m’excuse pour toutes les fois où je t’ai proposé un gâteau que tu ne pouvais manger, l’adorable frère de Yann, j’admire ton recul, ta maturité par rapport à tout ça. Félix D, mi prof de tennis, mi footballeur ce Zlatan de Wilbendum saura vous surprendre avec toutes ses qualités qui ne se comptent même plus. Félix G, un mangeur fou, adepte de la carotte au foot et des petits coup en scred, courageux mais pas téméraire, mais sois plus gentil avec ta sœur quand même ! Yann, une ressemblance frappante avec de Bruyne, ce petit homme vous fera tirer vos cheveux, mais vous apportera tellement de rire et de bonheur. Swan, Swan est passionné par 2 choses, son frère, Magic et sûrement d’autres choses mais il en parle très peu, il vous fascinera lorsqu’il vous contera ses histoires. Auguste, footballeur infatigable, toujours propre sur lui et au service des autres, ce petit ange sera toujours là pour vous. Louis, la grande tête en l’air, que dis-je tout entier sur la lune ! Mais ça fait son charme au petit Louis. Luca, petit bagnard au sourire ravageur, grand sportif casse-cou, ne craint rien à part un clou planté dans le sol. Nathanael, notre petit curieux, tout plein de question dont il connaît sûrement les réponses, c’est un bon vivant, toujours heureux de la situation quelle qu’elle soit. Sören, notre petit duc, cultivé et instruit, il étonnera toujours tout le monde par ses belles phrases et son esprit malin. Sandro, notre grand gaillard, toujours positif et plein de culture. Maxime, ma charnière centrale, mon bugle de défense au cœur gros comme ça, on peut voir qu’il fatigue à la rougeur de ses joues, mais c’est ce qui le rend unique.

Évidemment n’oublions pas les animateurs si différents mais si complémentaires. Louis, un animateur mais avant tout un ami, un adorable petit ronchon, il sera là quand vous aurez besoin de lui, soyez-en certain. Eva, la princesse au petit pois, quel sourire, une resplendissante casse-pied qui saura vous ouvrir son cœur. Emma, toute en grâce et en douceur, discrète mais présente, agit dans l’ombre pour vous sauver quand vous en avez besoin. Sandra, notre petite Sandrouille, la définition parfaite de l’attachiante, une demoiselle au cœur grand comme le monde qui même avec le sang chaud, vous épaulera quand vous en aurez besoin. Arnaud, notre vaillant casse-coup, lui il se souviendra bien de ce grand camp, une dent en moins et un poignet cassé en moins de 3 jours c’est un record ! Mais grâce à tout l’amour des Jeunes Cadets il a su garder le sourire et montrer les talents qu’il adore cacher. Et le meilleur pour la fin : Baptiste notre grand et puissant référent, avec une force de titan et malin comme un singe. même s’il nous fait la misère on l’aime quand même.

Merci à tous pour ce camp, merci d’être tout simplement vous.

Les Jeunes Cadets

2020-08-27T22:34:26+02:00

Camp d’été 2020 > les Cadets

Les Cadets

Cette année, pas de camping pour les KD’s mais plein de nouvelles expériences au rendez-vous !

Attaquer le camp avec 16 heures de marche ne fut pas la meilleure nouvelle pour les KD’s, et le réveil à 4 heures du matin non plus : certains croyaient même à une mauvaise blague des animateurs ! Mais il s’est avéré que nous avions embarqué une petite équipe de 22 marcheurs en herbe, finalement ravis de toucher la neige en plein mois de juillet… C’est là que nous avons vu se former un vrai petit groupe de KD’s : soudés bien comme il faut, toujours partants pour de nouvelles expériences, un brin taquins et, il faut l’avouer, râleurs par principe.

Mais que serait un grand camp sans activités diverses et variées ? Le paint-ball aura eu raison des quatre téméraires voulant affronter les animateurs – bien que Stan ait finalement reçu quelques balles – et le lac à 5 degrés et des poussières se souviendra de ces courageux baigneurs qui faillirent bien manquer la dernière descente du télésiège…

Et puis Orcières avec son fameux city, le hamac dans la salle à manger, le couloir propice au lancer de claquettes et la base nautique un peu pluvieuse…

En somme, les KD’s auront passé quinze jours plein de rebondissements avec le confort de la maison et le joyeux désordre d’une sacrée cohabitation.

Jeanne C.

2020-08-27T22:43:43+02:00

Camp d’été 2020 > les ‍Grands Cadets

Les Grands Cadets

(Sur l’air de Hallelujah de Léonard Cohen)

– GKD il est l’heure de vous remercier. Vous avez changé mes 8 dernières années. Je sais qu’on s’reverra mais vous allez me manquer.

– Vous avez grandi tellement vite. Que j’ai pas vu le temps partir. Vous êtes devenu si grands mes petit BJ.

Refrain : 

Merci à vous, à tous vos sourires

Vous m’avez donné, les plus beaux, merveilleux, souvenirs

– Fabio un garçon qui veut faire le dur. Mais je sais que tu as un cœur pur. Même si Angèle ne l’as pas vu avec ton Katcha.

– Jeanne toi tu es ma petite timide. Assume ce que tu es parce que moi je le sais. Que tu nous apportes toujours que des bienfaits.

– George t’es arrivé en GKD. À chaque camp tu as su nous faire rigoler. Avec tes blessures qui n’ont pas cessé de s’arrêter.

– Matteo des fois tu me casses les pieds. Mais je sais que tu essayes d’évoluer. En essayant de devenir plus mature.

– Zacharie ou Zach t’facon c’est le même gars. Un artiste dans l’âme je t’attends montre-moi. Tu restes toujours zen quelles que soient les galères.

– Maud toi tu as toujours un truc à dire. La pipelette du groupe même quand y’a le silence. Tu es attachiante mais je t’aime quand même.

Refrain

– Elora ton rire est encore dans ma tête. Il commence mais j’sais pas comment tu l’arrêtes. Continue à nous partager toute cette joie. 

– Julien askip c’est un handballeur. Mais j’l’ai pas vu dans son rôle d’acteur. Sauf quand tu doit te déguiser tu me fais rêver.

– Mayumi et Gloria les inséparables. Vous êtes venues tard mais vous avez votre place. Dans le groupe vous vous êtes fondues dans la masse.

– Violette tu seras toujours ma banane. Je sais qu’tu déteste smais j’aime te faire des vannes. Tu es grande en taille mais aussi en bordel aïe.

– Diego tu as toujours ton p’tit commentaire. Qui fait rire la galerie entière. En bonus la voix de canard et tes manières.

– Nayef un conseil fais plus d’trompoline. Malgré une jambe en moins tu gardes le sourire. Tu aimes toujours mettre l’ambiance en toute circonstances.

Refrain

– Siméon tu adores poser des questions. Et même porter des maillots bien moulants. Je sais maintenant que tu n’as pas peur d’être extravagant.

– Victor tu es notre petite mascotte. On t’aime comme tu est surtout garde la côte. Avec nous plus peur d’être dans les hauteurs.

– Antoni tu nous as un peu lâché. Cette année à l’Œuvre tu nous as bien manqué. Tu restes mon p’tit frère dont je serais toujours fière.

– Noah tu aimes envoyer des cris. Qui font sursauter mais font aussi partie. De ton personnage de manga qui vit en toi.

– Clea et Elisa je vous connais pas assez. Mais je sais que vous vous êtes bien intégrées. Même si ça a pris du temps vous êtes maintenant des GKD.

– Zoe tu aimes trop faire la tête. Même quand tu sais pas ce qui t’embête. Mais je sais aussi et surtout que tu es parfaite.

– Eliott, le chat, Toto ou Dory. Tu as été pendant 4 ans mon appui. Où on a passé des moments de folie. 

– Maya tu sais même si t’es pas là. Tu fais parti du trio crois-moi. Tu es absente physiquement mais pas moralement.

Eva

2020-08-27T22:44:07+02:00

Lettre du Villard – aout 2020

LETTRE DU VILLARD

Le Villard, le 16 août 2020

Bien cher ami,

Et voilà… Voilà que vous venez de partir et que nous devrons attendre longtemps encore le plaisir de partager avec vous un repas ou une promenade, de parler de tout et de rien, du temps qu’il fait ou qu’il fera, de la fraîcheur du soir ou de l’odeur des foins coupés. Longtemps… J’exagère, puisque vous avez promis de tout faire, malgré les risques de re-confinement, pour venir au Villard pour les vacances de Toussaint, mais, vous le constatez, comme beaucoup de gens âgés, nous attachons beaucoup d’importance au manque que nous éprouvons… Alors, la moindre absence prend la dimension de l’abandon ; je plaisante, bien sûr, mais à peine… Et puis… Est-ce vraiment le propre des seuls gens âgés d’être impatients ou envieux ?
En cette fin de vacances, me remontent en mémoire les dernières pages d’Un singe en hiver d’Antoine Blondin, qu’Henri Verneuil a porté à l’écran, comme on disait autrefois, avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo1. Je me demande si j’ai bien saisi le propos de Blondin, mais je ressens souvent avec un certain désarroi les moments de l’existence où se referme la perspective d’une vie entraperçue différente de celle qui est la nôtre. Quand j’étais enfant, la fin de l’été et de la liberté, dont les vacances étaient pour moi synonyme, me désespérait ; j’occultais tout autant ce que pouvaient avoir de banal ces derniers jours de vacances, que la joie de retrouver les amis et les jeux que nous allions partager. Cette vieille mule de docteur Esmenjaud, à qui j’ai récemment eu la faiblesse confier ces souvenirs, n’a rien trouvé de mieux à me dire que c’était là un signe avant-coureur incontestable du conservatisme qu’il s’autorise à voir en moi en toutes circonstances, la moindre perspective de changement, en quelque domaine que ce soit, me tétanisant, s’il faut l’en croire. Je lui ai laissé la responsabilité de son analyse, en lui faisant simplement remarquer que les vrais conservateurs ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit en ce sens que les motivations de ceux qui poussent des appels frénétiques au changement ne sont peut-être pas très différentes de celles, cyniques, du personnage de Tancrède qui dans Le Guépard2 dit au prince Salina « si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ».
En évoquant cette aspiration au changement, ambiguë chez certains, me revient à l’esprit une conversation que nous avons eue, en revenant de notre cueillette au génépi, au sujet du dernier acte des dernières élections municipales et notamment du taux invraisemblable d’abstention. Nous nous demandions si la faiblesse de la mobilisation des électeurs n’était pas une réaction de protestation aux promesses électorales souvent non-tenues. Vous aviez alors émis l’hypothèse que ce ne sont pas les promesses non-tenues qui provoquent la désaffection des électeurs, mais leur prise de conscience des pesanteurs qui font que, désormais, rien ne peut plus évoluer de façon vraiment significative ; « alors, disiez-vous, on laisse aller ; le fatalisme a gagné les esprits ; on a bien vu que la Gauche, qui s’est convertie au néolibéralisme, n’a pu faire l’économie de politiques d’austérité et que la Droite ignore tout autant ses idées conservatrices que les aspirations à l’ordre de ses partisans. À quoi bon se déranger pour voter puisqu’au bout du compte, on nous sert le même brouet ? ». Le colonel Gastinel vous a fait remarquer que vous y alliez un peu fort car les inflexions même marginales des politiques ne devaient pas laisser indifférents les vrais pauvres et les vrais riches. Vous en aviez convenu, en insistant cependant sur le fait que le contexte international, les pesanteurs économiques, les préjugés, les mentalités, l’obsession du principe de précaution, les opinions qui saturent les « réseaux sociaux » et maintenant la terreur de la « cancel-culture »3 qui monte en puissance conduisent progressivement à paralyser la mise en œuvre de politiques volontaristes. Le colonel, peu convaincu, en était resté à l’idée que l’abstention est le marqueur de l’indifférence, l’électeur se comportant comme si le vote qui lui est demandé ne servait à rien, sans prendre en considération le contexte que vous aviez rappelé ; « sans doute, avait-il dit, si un jour apparaissait ce qui serait ressenti par le plus grand nombre comme une menace majeure, se mobiliserait-on ». J’avais alors noté qu’il était à craindre que cela soit alors trop tard, tant l’indifférence et l’asthénie auront eu le temps de nous calcifier.
J’ai rapporté quelques jours plus tard cette conversation à Me Beraud venu ce soir-là en voisin disputer une partie de boules au grand dam de sa femme (qui se désole que le seul golf de la vallée ne comporte que neuf trous, « et à quarante kilomètres du Villard ! », se plaint-elle). Sa réaction peut vous intéresser en ce sens qu’il s’est demandé si cette indifférence en matière de politique n’avait pas pour même ressort que l’indifférence en matière de religion. « Après tout, regardez, les gens ne vont pas plus à l’église qu’au bureau de vote » – « Mais encore ? » demanda Mimiquet qui faisait équipe ce jour-là avec le colonel. « Je veux dire, reprit Beraud, que nos contemporains ne paraissent pas plus attendre grand-chose du politique que de la religion, déçus qu’ils ont été dans leurs attentes. Notre société ronronne ; on acceptait d’aliéner une part de son indépendance contre un espoir de vie meilleure, mais, pour beaucoup, elle n’est pas venue. Et qui peut nous certifier que la désaffection n’est pas la même en matière de religion ? Je sais bien que la foi n’est pas réductible à la pratique religieuse, mais vous admettrez qu’une partie des gens qui se pressaient autrefois dans les églises attendaient de leurs dévotions une certaine efficacité, qu’il pleuve sur la terre asséchée, que la guerre cesse, que l’enfant guérisse, et derrière cela, que Dieu ne cède pas un pouce de terrain au Mal. Mais aujourd’hui, le peuple demande des comptes, de l’efficacité en quelque sorte, et il n’a pas encore compris que Dieu ne pouvait pas tout. » Mimiquet, conciliant, a remarqué que l’important n’était peut-être pas qu’on prenne des distances par rapport aux dévotions, mais de savoir pourquoi on n’éprouve plus le besoin d’être en relation avec Dieu, pourquoi on cesse d’être habité par la foi.
Me Beraud a poursuivi : « Les athées patentés triomphent ; à leurs yeux, le bon peuple qui allait à la messe et qui s’en détourne est libéré de l’aliénation. Il n’a plus besoin de Dieu ni de la religion pour expliquer ou justifier ceci ou cela. En ignorant ou en niant que Dieu puisse être différent de l’idée qu’il s’en faisait, ou qu’on a pu lui donner, il ne voit plus de raison de participer à la vie de l’Église. Il ne faut pas se voiler la face : souvenez-vous, dimanche dernier, à la messe célébrée par des prêtres en vacances, il n’y avait pas un habitant du hameau ! »
Le colonel qui reste optimiste, pensait qu’avec des hauts et des bas, l’Église est portée depuis des siècles par la relation d’amour et de confiance qu’elle vit avec Dieu, mais Me Beraud ne démordait pas de son idée qu’on ne peut se voiler la face devant les signes de désaffection qui traduisent l’indifférence, antichambre de l’incroyance, c’est-à-dire du désespoir. Nous avons terminé la partie un peu tristes. Je ne suis pas sûr que tout soit aussi tranché ; peut-être avez-vous, vous qui vivez dans de plus vastes communautés, une vision plus large.
J’ai profité de la présence de Mimiquet pour obtenir son accord pour ranger les trois stères de chêne et de charme que Charpenel vient de livrer ; il doit vous envoyer directement la facture. J’espère, sans trop y croire, que lorsque vous viendrez au Villard, nous ne serons plus obligés de nous affubler de ce groin auquel je ne peux pas m’habituer et qu’il faudra bien un jour abandonner, sauf à admettre de chambouler toutes les relations humaines.
Je souhaite que la rentrée de vos enfants et votre reprise professionnelle ne rencontrent pas de trop grandes difficultés et je vous assure de nos fidèles et amicales pensées.

P. Deladret

  1. Un singe en hiver, roman d’Antoine Blondin, 1959 , La Table ronde, 274 pages.
  2. Le Guépard, roman de Giuseppe Tomaso di Lampedusa , 1959, Le Seuil, 256 pages, qui a inspiré le film de Lucchino Visconti en 1963
  3. Cancel culture : procédé de dénonciation publique (ex MeToo), visant à l’élimination d’une personne, analysé parfois comme une forme d’auto-justice sans débat contradictoire, avec le risque d’intolérance d’opinions divergentes.
2020-12-18T08:51:33+01:00

Édito septembre 2020 > La fraternité

Depuis le début de cette année de célébration du bicentenaire de l’installation de l’Œuvre à la rue St-Savournin, je vous propose d’approfondir la mission et le rôle de notre institution. Dans les précédentes livraisons de Notre Écho de 2020 nous avons insisté sur les rôles éducatif et spirituel de l’Œuvre en tant que lieu de vie qui aide les jeunes à comprendre le sens de leur vie, à discerner leur vocation, à grandir dans la liberté pour savoir prendre des responsabilités. Dans ce numéro de septembre, nous abordons un thème central, celui de la fraternité.

Vivre ensemble

Tous ceux qui ont fréquenté l’Œuvre témoignent que c’est un lieu de partage et de vie fraternelle qui les a marqués. Les amitiés nouées à St-Sa durent souvent longtemps et parfois même toute une vie. Il n’est qu’à voir la joie des anciens ravis de se retrouver lors des grandes fêtes de la maison, et qui disent combien la fraternité découverte lors des années passées à l’Œuvre et pendant les camps les accompagne encore dans leur vie d’adulte. Avant les leçons de vie apprises à l’Œuvre, avant les catéchèses ou les homélies, ce qui marque son empreinte dans la vie des jeunes c’est ce qu’ils vivent concrètement avec les autres. C’est lorsque l’expérience est forte et enrichissante que les mots peuvent venir  expliquer ce qui a été vécu et pour structurer une pensée qui aide à comprendre le véritable sens de la vie. Les grands discours ne servent à rien s’ils ne sont pas en cohérence avec la mise en pratique de la fraternité. C’est l’exigence qui anime tous ceux qui s’engagent au service des jeunes.

Frères universels

La vie fraternelle se fonde sur une conception de l’existence humaine particulière et qu’il nous faut expliciter. Si nous parlons de fraternité, c’est parce que nous nous considérons comme des sœurs et des frères, membres d’une même famille. Pour nous qui sommes chrétiens et qui accompagnons les jeunes dans le chemin d’une existence qui se fonde sur le Christ, la fraternité est la conséquence de l’incarnation de Dieu en Jésus. Le divin se fait tellement proche de l’humain qu’il se fait l’un de nous. Dieu devient notre frère en Jésus, et il partage toute notre vie. Il vient rencontrer tout le monde, sans aucune limite ni restriction. Personne n’est exclu de la rencontre, pas même les mal-vus, les miséreux, les méprisés, les petits. Il vient au plus bas, il se fait très petit, très humble, pour que personne ne puisse se sentir rejeté ou indigne de la rencontre. Il se fait frère universel et nous invite à devenir à notre tour des frères universels.

Double mouvement

La vie à l’Œuvre, comme dans tout lieu d’Église, est comparable à une respiration, avec deux mouvements indissociables, inspiration / expiration : relation à Dieu, relation aux autres. Les deux s’alimentent, s’éclairent, se conjuguent. « Ici on joue, ici on prie ». Plus nous comprenons qui est Dieu et ce qu’il vient vivre avec l’humanité, plus nous arrivons à nous aimer les uns les autres. Plus nous célébrons et prions Dieu, plus nous arrivons à mettre en pratique joyeusement les exigences d’une vie authentiquement chrétienne. Plus nous rencontrons les autres avec liberté et confiance, plus nous comprenons et expérimentons dans notre chair le projet de Dieu. Plus nous vivons la fraternité, plus nous nous approchons de Dieu. Plus nous nous nourrissons de l’énergie qui vient de Dieu, plus nous arrivons à mettre l’amour dans notre vie. Il n’y a pas d’ordre pour vivre ce double mouvement vital. Pour certains la porte d’entrée se trouve dans la prière ou l’étude des écritures, pour d’autres c’est la solidarité, le soin des plus pauvres ou l’expérience de la vie en collectivité, pour certain c’est un événement, un choix déterminant à poser, pour d’autres un déclic intellectuel. Dans chacune de nos vies il y a des étapes et des dispositions diverses selon ce que nous vivons. À un moment de notre vie ce qui primera sera l’expérience, à un autre moment ce sera la réflexion, à un autre la spiritualité… Qu’importe, il n’y a pas de chemin tout tracé ou de passage obligé.

Signe et moyen

La vie fraternelle est donc à la fois le moyen et le signe de notre vie chrétienne. Le moyen lorsque c’est l’expérience de l’amour partagé qui nous donne de comprendre ce qui fonde une vie authentiquement humaine et chrétienne. Le signe lorsque c’est pour nous la conséquence et la mise en pratique d’une compréhension renouvelée de la Bonne nouvelle révélée par Dieu en Jésus Christ. En tout état de cause, un critère de discernement pour savoir si nous sommes sur la bonne voie dans notre réflexion au sujet du sens de la vie réside dans le lien indissoluble entre vie spirituelle et vie fraternelle. Pour le dire autrement, le chrétien est celui qui se sait aimé et qui sait aimer.

Olivier

2020-08-27T19:03:18+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2020

Proclamé le 6 septembre, l’Évangile de ce mois sera le 23e dimanche du temps ordinaire. Nous célébrerons à cette occasion les baptêmes des jeunes de l’œuvre et des adultes qui devaient avoir lieu lors de la nuit de Pâques et qui ont été reportés à cause de la crise sanitaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Si ton frère a péché, va le reprendre toi seul avec lui. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes de façon que toute l’affaire se règle en présence de deux ou trois témoins. S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église, et s’il n’écoute pas l’Église, qu’il soit désormais pour toi comme un païen ou un publicain.
En vérité je vous le dis : tout ce que vous liez ici sur terre sera lié dans le ciel, et ce que vous déliez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis également que si deux d’entre vous se mettent d’accord ici, sur terre, pour demander quoi que ce soit, mon Père dans les cieux fera qu’ils l’obtiennent. Car dès que deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux.

Le contexte
Cet extrait nous propose une partie du quatrième discours de Jésus qui aborde la question du pardon. La communauté devra s’organiser après le départ de Jésus lorsque des tensions inévitables apparaitront. Il leur donne quelques indications valables aussi pour nous.

Progressivité
Jésus enseigne que si un frère commet une faute contre moi, s’il m’offense, je dois user de charité envers lui et, avant tout, lui parler personnellement, en lui expliquant que ce qu’il a dit ou fait n’est pas bon. Et s’il ne m’écoute pas ? Jésus suggère une intervention progressive : d’abord, retourner lui parler avec deux ou trois personnes, afin qu’il soit plus conscient de l’erreur qu’il a faite ; s’il persiste, le dire à la communauté ; et à la fin, il faut lui faire percevoir la fracture et la séparation qu’il a provoquées, en diminuant la communion avec ses frères dans la foi.
Les étapes de cet itinéraire indiquent l’effort que le Seigneur demande à la communauté pour accompagner celui qui se trompe, afin qu’il ne se perde pas. Il faut d’abord éviter le bruit des faits divers et le potin de la communauté – c’est la première chose, éviter cela. Cette attitude est faite de délicatesse, de prudence, d’humilité, d’attention à l’égard de celui qui a commis une faute, en évitant que les paroles blessent et tuent le frère. Car, on le sait d’expérience, les paroles aussi peuvent faire très mal ! Quand je médis, quand je fais une critique injuste, je blesse très profondément mon frère.

Discrétion
Lui parler seul à seul permet de ne pas impressionner inutilement le pécheur. C’est à la lumière de cette exigence que se comprend aussi la suite qui prévoit l’implication de quelques témoins, puis de la communauté. Le but est d’aider la personne à se rendre compte de ce qu’elle a fait, et que par sa faute elle a offensé non seulement une personne, mais tous. Le but est aussi de nous aider à nous libérer de la colère ou du ressentiment, qui ne font que du mal.

Tous pécheurs
En réalité, devant Dieu nous sommes tous pécheurs et nous avons besoin du pardon. Tous. Jésus en effet nous a dit de ne pas juger. La correction fraternelle est un aspect de l’amour et de la communion qui doit régner dans toute communauté chrétienne, c’est un service réciproque que nous pouvons et devons nous rendre les uns aux autres. Corriger le frère est un service, qui n’est possible et efficace que si chacun se reconnaît pécheur et reconnaît qu’il a besoin du pardon du Seigneur. La même conscience qui me fait reconnaître la faute de l’autre, me rappelle d’abord que j’ai moi-même fait des fautes et que je fais si souvent des fautes.
Au début de la Messe, nous sommes invités à reconnaître devant le Seigneur que nous sommes pécheurs, en exprimant par les paroles et par les gestes le repentir sincère du cœur. Et nous disons : « Aie pitié de moi, Seigneur. Je suis pécheur ! » Nous ne disons pas : « Seigneur, aie pitié de celui-là qui est à côté de moi qui est pécheur ». Tous nous avons besoin du pardon du Seigneur. C’est l’Esprit-Saint qui parle à notre esprit et nous fait reconnaître nos fautes à la lumière de la parole de Jésus. Nous devons toujours nous rappeler cela.

Je suis là au milieu de vous
Jésus est présent lorsque se renouent les liens entre deux personnes. Lorsque ensemble, nous prenons la décision d’aller l’un vers l’autre pour le bien de la communauté, Jésus est là et nous soutient. La démarche quoique délicate nous relie au Christ.

Didier Rocca

Le mot du jour : Deux ou trois

Dans cet extrait d’Évangile ou dans d’autres, l’auteur sacré insiste sur la présence de « deux ou trois » témoins. Pourquoi donc ? Dans la loi juive, pour qu’un témoignage soit validé, il faut absolument qu’il soit prononcé par « deux ou trois » personnes. Seul le témoignage de Dieu ou du Christ ne nécessite pas d’autres témoins.

2020-08-27T19:54:10+02:00