Olivier

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Camp Toussaint 2023 > les Grands Cadets

Les Grands Cadets à Taizé

Départ de l’Œuvre 9 h pour un long trajet mais qui s’est bien passé , petite pause de ravitaillement sous la pluie avant d’arriver au monastère de Taizé.
On nous a directement présenté notre mission, l’endroit, ainsi que le déroulement d’une journée type dans le lieu de culte. Nous avons fait un bilan sur notre rapport avec la religion et la prière, puis nous nous sommes installés. Nous avons directement rencontré des jeunes de notre âge. Nous étions 1600 lycéens français, sans compter quelques étrangers. Le matin, lever tôt pour commencer la journée avec la prière du matin avec les moines et le petit-déjeuner, puis rythmé par un partage biblique et des discussions par petits groupes. Ensuite la prière du midi avant le repas, repas qui n’était pas du goût de tout le monde 😝. Désormais, nous sommes tous des fidèles adeptes du jeu des signes, pratiqué tous les jours avant chaque repas 😁. L’après-midi, service par groupe : un premier groupe qui nettoyait les sanitaire, un autre l’intendance et les derniers qui faisaient les gardiens dans le jardin de la source St-Martin pour faire respecter le silence. S’ensuivit le repas et la prière du soir, avec en majorité des temps de silence et des chants. Mardi il y a eu la célébration de La Croix, elle a été très symbolique et émouvante pour nous, sans oublier bien sûr la célébration des lumières et la messe de la Toussaint. Nos moments préférés étaient L’Oyak, le lieu de détente où l’on passait le reste des soirées avec tous les jeunes de Taizé pour jouer, danser, rigoler… Nous avons fini notre séjour par un bilan qui était très positif : nous commençons bien le début de notre année de Grands Cadets. Ce camp fut très enrichissant, il a fait plus d’un heureux, à savoir tout le groupe des GKD’s. Une très belle expérience et une agréable surprise pour nous tous. Merci à tous 💗

Tabatha

2023-11-24T16:04:54+01:00

Édito novembre 2023 > Sainteté & mérite

Sainteté & perfection
Nous célébrons tous les saints au début du mois de novembre, et cela nous donne l’occasion de mieux comprendre ce que le terme « sainteté » recouvre. Dans notre imaginaire, nous associons volontiers sainteté avec perfection et pureté. Pourtant les femmes et les hommes que nous reconnaissons comme saints, qui ont des statues dans les églises et dont les noms sont inscrits dans le calendrier ou sont utilisés pour désigner des villes, des quartiers ou des rues, ne sont pas des personnes sans défaut. On en connait même qui ont eu des vies quelque peu dissolues avant de se convertir. Et même après leur conversion, les saints ne sont pas devenus des anges et ne se sont pas extraits de l’humanité. Si nous considérons que sainteté doit rimer avec perfection, alors personne ne peut l’être et nous pouvons reprendre la formule biblique qui dit que Dieu seul est saint !

Touts appelés 
à la sainteté
La sainteté est un projet pour tous les baptisés. Nous sommes tous appelés à la sainteté, même si nous ne sommes pas parfaits ni irréprochables de notre vivant. La sainteté peut être considérée comme un horizon auquel nous sommes tous destinés et qui s’accomplira au moment de notre résurrection : ce sera la victoire de l’amour dans nos vies, alors que maintenant nous restons défigurés par le mal et le péché. La sainteté est aussi cette direction que peut prendre nos vies quand nous adhérons à cette perspective d’union à l’amour de Dieu et que nous nous y engageons avec toute notre énergie, tout en sachant que nous sommes loin du but. Être saint est alors un chemin, une dynamique, avec un objectif d’union à Dieu qui reste lointain mais certain, car nous ne sommes pas seuls, l’Esprit même de Dieu, l’Esprit Saint, travaille au cœur de notre existence et fait son œuvre en nous. Notre mission de conversion relève donc plus de l’acceptation, de l’adhésion et de l’abandon que de l’effort pour devenir parfaits par notre propres forces. Les saints que nous honorons tout au long de l’année et tous les saints anonymes que nous célébrons le 1er novembre, sont des exemples qui nous sont offerts et qui nous montrent le chemin de la sainteté, chemin de relation à Dieu, chemin de gratuité et d’amour du prochain au cœur d’existences humaines humbles, paraissant parfois banales.

Amour tout puissant
Cette mise en perspective de la sainteté nous aide à sortir de la logique du mérite. Pour être associé à l’amour de Dieu et être en union avec lui, nous n’avons rien à donner en échange, c’est gratuit ! La toute-puissance de Dieu est précisément dans ce premier pas qu’il fait vers nous. C’est l’amour qui est tout puissant en Dieu, il est gracieux et n’a pas besoin de justification ou de contre-partie. Contrairement à ce que nous pourrions penser dans un premier mouvement, la sainteté est plus à recevoir qu’à acquérir. Si les saints ont accomplis de belles choses et ont eu des vies engagées au services des autres, c’est en réponse à ce cadeau d’amour de Dieu, c’est la conséquence de l’action de l’Esprit Saint en eux, et non pas la cause.

La sainteté comme un processus
Nous sommes donc tous invités à emprunter ce chemin de sainteté, de conversion. C’est un processus : 1) accepter que notre vie ne soit pas parfaite, 2) résister au fatalisme qui nous fait penser que nos erreurs, notre péché, sont plus forts que l’amour de Dieu, 3) reconnaître que l’amour de Dieu nous est offert sans limite et sans mérite, 4) nous tourner humblement vers Dieu pour recevoir son amour, qui s’exprime tout particulièrement dans le pardon si nous sommes conscients que nous avons des choses à nous reprocher, 5) nous émerveiller de ce cadeau de gratuité de l’amour de Dieu, 6) répondre à cet amour offert gratuitement par notre manière de mettre en œuvre l’amour dans notre vie et dans nos relations avec les autres, 7) célébrer cette joie de l’expérience de l’amour reçu et donné, 8) témoigner de ce chemin afin que toutes les femmes et tous les hommes ne passent pas à côté de ce cadeau qui transforme la vie et lui donne tout son sens.

Le véritable sens de la conversion
Avec ce processus nous comprenons un peu mieux ce qu’est la conversion. Plutôt que d’évoquer un changement de religion ou des efforts considérables à accomplir pour mériter quelque chose de la part de Dieu, la conversion est un mouvement. Il s’agit de se tourner vers Dieu, de répondre à son appel, à son amour. C’est une dynamique pour toute notre vie, ce n’est pas uniquement moment particulier, bien qu’il y ait de grandes étapes marquantes dans notre chemin de foi et parfois des choix et des retournements radicaux, mais c’est surtout un mouvement permanent vers Dieu, tel le tournesol qui suit le mouvement du soleil et ne cesse de puiser en lui son énergie. Même le croyant le plus engagé dans sa religion est toujours appelé à se convertir à l’amour de Dieu.

Olivier

2023-11-24T15:56:57+01:00

L’Évangile du mois de novembre 2023

Cet Évangile sera lu lors de la fête du Christ Roi de l’univers qui aura lieu le 26 novembre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Et le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Le contexte
À la fin de l’Évangile, Jésus prononce un discours qui se termine par trois paraboles, celle des Talents, celle des dix jeunes filles sages et celle du Jugement Dernier…

Le faire avant le dire
Jésus parle au futur, mais la scène est à entendre au présent : « Dans notre existence de chaque jour, la vie éternelle est déjà commencée ». Les récits des origines, dans la Genèse, ne disent pas qu’un jour, cela s’est passé ainsi, mais que cela se passe ainsi. De même, cet Évangile ne dit pas qu’un jour, cela se passera ainsi, mais que tous les jours, cela se passe ainsi. À la lumière de ce récit de la fin des temps, chacun peut examiner sa vie présente avec lucidité en se demandant non pas : qu’ai-je penser à tel ou tel sujet, mais : qu’ai-je fait ?

Chèvre ou brebis ?
Ici, pas d’idéologie. Uniquement des actions bien concrètes : donner à manger, donner à boire, visiter les malades, les prisonniers, accueillir les étrangers, habiller ceux qui sont nus. Cette parabole s’adresse à tous, même à ceux qui n’ont pas la foi. Jésus ouvre les portes du Ciel à ceux qui sont capables d’agir avec amour envers leur prochain, leurs proches.

Étonnement…
On peut s’étonner de ces mots qui parlent du Royaume comme d’un cadeau de Dieu, alors que ma représentation de celui-ci me donne à penser qu’il faut le gagner ou le construire…

Construire ou recevoir ?
Ce qui nous est promis comme un don à recevoir, c’est ce que nous aurons essayé de bâtir : de l’amour, de la fraternité… un monde plus humain. La même interrogation est mise dans la bouche des justes et des méchants. Les uns ont servi le Christ sans toujours le savoir. Les autres, sans le savoir, ont refusé de le servir. Ce qui leur est reproché n’est pas leur ignorance, mais l’égoïsme de leur comportement. À quoi me sert ma science des mystères, si je n’ai pas la charité ? dira Paul dans une de ses fameuses lettres.

Un simple constat
On peut entendre les paroles du Christ comme un constat plutôt que comme un jugement : « Tu t’es éloigné de moi ! Va loin de moi, puisque telle est la volonté exprimée par ta vie ! » Alors la prière jaillit comme un cri : « Seigneur, que jamais je ne sois séparé de toi ! » Ceux qui ont choisi la vie s’en iront à la vie sans fin.
Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait
Cette parole du Christ rejoint celle entendue par Paul sur le chemin de Damas : « Je suis celui que tu persécutes ». De ces quelques mots fulgurants découlent tout le message et toute la mission de Paul. Prendre ces paroles au sérieux change une vie. L’autre me dit quelque chose du Christ. Je suis invité à voir dans mon prochain et en particulier dans celui qui souffre une image du Christ. Je peux penser à tel parent, tel voisin, tel collègue de travail… Ceux que j’aime et ceux que je n’aime pas assez… Ceux dont je me préoccupe et me soucie, et ceux que je côtoie dans l’indifférence. J’entends Jésus me dire : Je suis celui, celle que tu viens de nommer. Qu’as-tu fait de ton frère ? Et oui, puisque l’autre est avant tout un frère !

Christ, Roi de l’Univers
Ce passage d’évangile nous montre en effet la figure d’un Roi qui est frère. Non pas un roi lointain, ou hautain, mais un homme que la majesté et la puissance, et même la royauté, rendent proche des êtres humains au point de les appeler frères. Mais Jésus ne se dit pas frère de n’importe qui. Il a sa préférence : les petits. Qui sont-ils ? Ceux qui ont faim ou soif, qui n’ont pas de quoi s’habiller, qui se retrouvent étrangers là où ils vivent, des malades ou, pire, des prisonniers pour quelque motif que ce soit. Jésus cherche des collaborateurs pour exercer une royauté pas comme les autres. À chacun de nous de choisir entre le clan des « bénis de son Père » et celui des « maudits », dont Jésus ne dit jamais qu’ils sont « maudits de Dieu ».

Didier Rocca

2023-10-17T23:08:29+02:00

Lettre du Villard – octobre 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 octobre 2023

Cher ami,
Comme vous le remarquez dans votre dernière lettre, la boutade de Mimiquet, « c’est dans l’imprévu qu’il y a de l’espoir », ne se trouve pas vraiment étayée par l’embrasement récent que la branche armée du Hamas vient de provoquer en se livrant à des actes de terrorisme sur le territoire israélien. C’était tellement imprévu que leurs voisins les plus proches n’avaient rien vu venir. On imagine mal que cet imprévu donne quelque espoir de voir advenir une paix durable. Je ne me sens pas autorisé à donner un avis ; tout au plus vous suggérerai-je, de lire Rachel et les siens1, un livre récent de Metin Arditi, écrivain juif qui s’interroge sur les conditions respectives de vie des juifs et des Palestiniens.
Nous en discutions l’autre jour avec Béraud, dont les sympathies vont plutôt à Israël, et avec Gastinel qui compatit plus volontiers au sort des Palestiniens ; nous prenions une bière en revenant d’une tentative de cueillette de champignons que la sécheresse dissuade d’apparaître. Mimiquet, qui ratissait votre jardin en prévision de votre venue pour les vacances de Toussaint, est naturellement venu nous rejoindre, à peine nous eut-il aperçus. Béraud faisait remarquer, dans un souci d’apaisement, que l’imbrication des territoires juifs et palestiniens n’était pas faite pour favoriser une vie harmonieuse entre deux communautés dont le « vouloir vivre » ensemble n’est pas évident. Et il s’est demandé pourquoi diable cette juxtaposition de territoires avait pu paraître la solution aux problèmes de coexistence d’opposants irréductibles. « On a voulu y croire, peut-être pas les intéressés, mais la communauté internationale. Sans doute, a-t-il poursuivi, a-t-on fait “comme si”, comme si c’était possible, parce qu’on n’avait pas d’autre solution ». Gastinel a acquiescé en déclarant que le refus de l’évidence était souvent l’expression du constat plus ou moins conscient de l’incapacité à trouver une réelle solution à un problème. « Ne croyez-vous pas, ajoutai-je, que le refus des évidences est une des formes de cécité les plus répandues ? Nous avons tous connu des parents qui s’illusionnent sur les aptitudes de leurs enfants, des personnes qui poursuivent des projets de mariages vraisemblablement voués à l’échec, des artisans sans expérience qui montent des entreprises qu’ils ne maîtriseront pas. Le refus de voir les évidences est un des puissants moteurs de l’activité humaine. On croise les doigts, comme on dit. Comme si cela pouvait servir à quelque chose ».
Beraud était plus modéré ; il voyait dans ce refus des évidences l’expression du refus de la fatalité, du déterminisme social, économique, culturel, climatique, etc. Il savait bien, en sa qualité d’ancien notaire, vers où pouvait mener le refus de tenir compte des contingences, mais il trouvait bon qu’il y ait des gens pour croire que les jeux ne sont pas toujours faits d’avance. Gastinel, qui n’accorde pas autant de vertu à cette disposition d’esprit, considère qu’elle est au contraire l’expression de l’orgueil qui a conduit Adam là où nous sommes. Ils s’apprêtaient à rentrer chez eux lorsque Béraud a rappelé, mezzo voce, qu’il n’était pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, selon l’expression attribuée à ce prince2 qui n’a finalement pas trop mal réussi. Il a ajouté que les questions pour le moment sans réponse, comme la désorganisation, certains pensent la décomposition de notre société, mais aussi le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources naturelles ou l’acceptation de la diaspora des migrants vers les pays où ils espèrent améliorer leur sort, demandaient à être abordés sans a priori. Elles ne sont pas résolues mais rien de dit qu’elles ne puissent pas l’être un jour. « Cela me rappelle ce qu’on nous disait des mystères au catéchisme, grommela Gastinel en passant son gilet : ils ne sont pas expliqués mais un jour ils seront explicables ». Béraud répondit par une moue.
Je suis resté un moment encore avec Mimiquet qui n’était visiblement pas pressé de rentrer chez lui. Il faut dire qu’il faisait encore délicieusement bon ; les prairies d’altitude commencent à jaunir car les nuits deviennent fraîches, mais la végétation, comme dit notre ami « ne prend pas le virage de l’automne ». De fait, on voit encore des vaches, là où les bouquetins venaient brouter l’an passé. « Pour rester sur ce que vous disiez, a-t-il continué, je me demande si nous ne prenons pas nos désirs pour des réalités en Ukraine. Je n’ai jamais trop cru que les Russes étaient tombés au point où ils pouvaient se laisser damer le pion par des Ukrainiens, quand bien même ceux-ci seraient tenus à bout de bras par les marionnettes européennes dont l’Oncle Sam agite les doigts. Qu’un pays capable d’envoyer cet été une sonde sur la Lune3 soit mis en échec par un État voisin qui ne lui est pas comparable me paraît inconcevable ». « Peut-être refusez-vous vous-même les évidences », lui dis-je pour le taquiner. « À moins, reprit-il, que Poutine nous refasse le coup de Koutousov, qu’il joue sur le temps comme en 1812 le généralissime russe a, en quelque sorte, joué sur l’espace. La Grande Armée s’est évaporée sur un territoire qu’elle ne pouvait maîtriser. Qui nous dit qu’en jouant sur le temps, les Russes ne vont pas amener les Occidentaux à se lasser de soutenir un conflit qui ne leur apporte jusqu’à présent que des satisfactions morales ? Il me semble avoir lu que même les candidats à la candidature à la présidence des États-Unis commençaient à prendre des distances sur le sujet. Peut-être est-ce électoral, peut-être est-ce temporaire, mais qui dit que d’ici les résultats de ces élections, les Ukrainiens n’auront pas dit « pouce » ! » Enfin ! Cela me dépasse ! » J’ai ajouté que la reprise du conflit en Palestine risquait aussi de détourner l’attention de l’Ukraine et je me suis avancé à lui dire que nous étions tout aussi dépassés que lui, que nos jugements ne provenaient que d’informations que nous savions orientées et que nous n’écoutions que ce que nous étions disposés à entendre. Il m’a surpris, car j’ignorais ses compétences en informatique, en m’assénant que si notre logiciel – disons notre jugement – n’était pas trop mauvais, il pouvait nous permettre de détecter certaines des erreurs qu’il y avait sur le disque dur, c’est-à-dire dans notre mémoire. Vous pourrez prochainement tester l’étendue de ses connaissances en la matière.
Déjà dans la joie de vous revoir bientôt, nous vous prions de croire en nos sentiments les meilleurs (et les plus affectueux, ajoute ma femme).

P. Deladret

  1. Rachel et les siens, publié en 2020.
  2. Metin Arditi, romancier francophone d’origine turque sépharade est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le Turquetto, La Confrérie des moines volants, Le bâtard de Nazareth…
  3. Il s’agit de Guillaume 1er d’Orange-Nassau (1552-1584), dit le Taciturne, qui fut le fondateur de la nation néerlandaise.
  4. La sonde Luna 25, qui s’y est écrasée le 19 août dernier.
2023-10-17T23:09:51+02:00

Lettre du Villard – septembre 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 septembre 2023

Le Villard, le 15 septembre 2023
Cher ami,
Votre dernière lettre nous apprend que vous quitterez dans quelque temps la ville où vous êtes en poste depuis des années ; une promotion, dites-vous, ne se refuse pas ; d’autant, ajoutez-vous, que vous n’avez pas le choix et que vous saviez, qu’un jour ou l’autre, il vous faudrait accepter une mutation pour accéder à de plus hautes responsabilités. Vous relevez, comme en passant, que cette affectation vous rapproche – un peu – du Villard, ce qui ne peut que nous réjouir. Gastinel, à qui j’annonçai la nouvelle pendant que nous déjeunions chez Madame Arnaud, qui, heureusement pour nous, n’arrive toujours pas à vendre son auberge, trouve que cette habitude qu’ont les administrations et les grandes entreprises de muter régulièrement leurs cadres procède sans doute d’une conception pessimiste de la nature humaine. « Pourquoi, ajouta-t-il, agissent-elles ainsi, si ce n’est parce qu’elles pensent que leurs cadres vont s’endormir, ne plus être imaginatifs, voire se laisser corrompre par des administrés ou des clients ». Béraud, qui, bien entendu, était des nôtres, s’est demandé à haute voix si l’Église catholique elle-même ne partageait pas la même suspicion. « Autrefois, et alors même que le manque de prêtres était moins visible, un curé restait dans sa paroisse sinon une vie, du moins un nombre d’années suffisant pour connaître ses ouailles et en être connu ; il était plus ou moins apprécié, plus ou moins exemplaire et son ministère portait plus ou moins de fruit, mais il restait pour ses paroissiens le pasteur que leur avait donné l’Église. Ne chantait-on pas à l’époque : “Dans tes verts pâturages, tu m’as fait reposer / Et dans tes eaux limpides, tu m’as désaltéré”1. Depuis le Concile, les bergers paraissent devenus des entraîneurs d’écuries de compétition jugés au résultat. C’est la valse des pasteurs et on ne sait plus à qui s’adresser. Comme les militaires ou les percepteurs, ils restent quatre ou cinq ans en poste et les quelques fidèles qui s’accrochent se demandent pourquoi leur évêque paraît s’adonner à ce jeu de pousse-pousse2. Sans doute a-t-il de bonnes raisons, mais le fait que les fidèles ne les connaissent pas, ne les comprennent pas, les conduit à s’interroger sur leur bien-fondé et sur la coresponsabilité qu’on évoque si souvent ». À ce moment-là, mon attention a fait un pas de côté et il m’est revenu une réplique du dernier acte d’Intermezzo3, celle du contrôleur des Poids et Mesures qui confie à Isabelle la douce inquiétude qui s’empare de lui lorsqu’il se demande s’il va être muté à Gap ou à Bressuire, puisqu’à intervalles réguliers, il doit changer d’affectation. Il sait voir des agréments dans cette situation. « Saisissez-vous, dit-il à Isabelle, la délicatesse et la volupté de cette incertitude ? ». Nous suivons, me suis-je dit, des chemins plus ou moins sinueux qui nous conduisent, de notre fait ou à notre corps défendant, d’étape en étape, qu’elles soient géographiques, professionnelles, conjugales, sociales, à Gap ou à Bressuire. Étonnons-nous alors de ne pas toujours percevoir la délicatesse et la volupté de cette incertitude. Il faut dire que l’esthétique giralducienne est un peu particulière.
« Puisque nous évoquons l’Église, et ce que nous ne comprenons pas de son comportement, reprit Gastinel en se resservant de ravioles, les derniers propos du pape en Mongolie me laissent un peu sur ma faim. Que veut-il dire, lorsqu’il recommande aux chinois d’être “de bons citoyens” et “de bons chrétiens” ? De bons chrétiens, passe ; mais de bons citoyens ? Certains considèrent qu’il a ainsi tenu à dire que le gouvernement chinois, et son parti communiste, n’avaient rien à redouter du catholicisme. Peut-être. Est-il possible qu’il soit compris ? Voire qu’il soit cru ? On s’est tellement parfumé de l’idée, comme aurait dit Philippe Meyer4, que Jean-Paul II avait été pour quelque chose dans l’évaporation de l’URSS, qu’on verrait bien le pape François entreprendre discrètement le siège de l’Empire du Milieu… À la place de Xi Jinping, je me méfierais ». « Ne vous inquiétez pas pour lui, poursuivit Béraud. Le mépris du marxisme chinois pour cette aliénation religieuse et européenne qu’est le catholicisme met son bon peuple à l’abri de la tentation de la religion des “longs nez”. Cela n’empêche pas les sourires et les courbettes, parce qu’il vaut mieux vivre en paix tant qu’on n’est pas sûr de ne pas pouvoir l’emporter sur les autres ». Il y avait sans doute moins de sous-entendus au temps de la Croisière Jaune5 reprit Gastinel. En ce temps-là, le Père Teilhard de Chardin6 dont le pape a rappelé la présence dans l’expédition, ne craignait pas de jouer au disc-jockey dans les déserts de Chine ». « Au disc-jockey ! », nous sommes-nous exclamés. « Eh oui, poursuivit-il en savourant son effet. L’expédition était bloquée à Ouroumsti par un de ces seigneurs de la guerre chinois. Elle voulut prévenir par T.S.F. les autorités françaises et ne trouva rien de mieux, pour pouvoir émettre ses messages sans attirer l’attention, que de faire couvrir le bruit du télégraphe par la musique d’un phonographe. Et qui passait les disques ? Le Père Teilhard ! L’historiographe de l’expédition rapporte qu’il remit plusieurs fois sur le plateau « Parlez-moi d’amour, redites-moi des choses tendres… », la chanson qu’interprétait Lucienne Boyer, « de sa voix chaude et un peu rauque, amplifiée vingt fois par le haut-parleur ». « Il ne manquait pas de cordes à son arc ! » lâcha Béraud. « N’oubliez pas que c’était un jésuite ! » conclut Gastinel.
En remontant au Villard, j’ai croisé Mimiquet. Nous avons parlé de choses et d’autres, de l’inquiétude que nous causait l’évolution de notre monde, du réchauffement climatique, de l’amplification des migrations, des conséquences ignorées des manipulations génétiques à prévoir, du terrorisme et j’en passe. Le déjeuner avait été un peu lourd, sans doute, l’épaule d’agneau un peu grasse, les ravioles trop aillées, le Tresbaudon trop capiteux, le génépi de Madame Arnaud trop généreux… Comme je lui disais que je ne voyais pas que les tendances puissent s’inverser, il m’a simplement répondu, en scellant la cigarette qu’il venait de rouler : « Finalement, c’est dans l’imprévu qu’il y a de l’espoir ». Je vous le livre tel quel. En espérant lire prochainement le commentaire que vous en ferez.
Je vous redis toute notre amitié.

P. Deladret

  1. Inspiré du Ps 23, 2. De David ! Tout de même !
  2. Jeu consistant à faire glisser des lettres mobiles dans un cadre pour former des mots, une des cases restant vide pour permettre le déplacement des lettres.
  3. Intermezzo, comédie de Jean Giraudoux, 1933.
  4. Philippe Meyer (né en 1947), journaliste, chroniqueur et homme de théâtre.
  5. Expédition automobile menée de 1931 à 1932, de Beyrouth à Pekin, par la Société Citroën.
  6. Pierre Teihard de Chardin (1881-1955), prêtre, jésuite, géologue, paléontologue, théologien, philosophe. Auteur, notamment du Phénomène humain, qui lui valut des démêlés avec les autorités ecclésiastiques qui lui interdirent de publier (non d’écrire ).
2023-09-20T11:42:57+02:00

Édito octobre 2023 > Pécheurs pardonnés

L’originalité de la foi chrétienne réside dans la compréhension que ce qui sauve le monde et l’humanité, c’est le pardon offert de manière absolue par Dieu. Il n’est pas besoin d’être chrétien, ni même croyant d’une autre religion, pour comprendre que la vie est plus belle lorsque l’on bon, juste, et vertueux. Même sans référence religieuse, l’idéal humain tend vers une vie bonne. Les sociétés sont fondées sur des principes de justice et de solidarité. Elles combattent le vol, le meurtre, le viol. Il est heureux que les religions prônent ces principes moraux indispensables et qu’elles invitent les croyants à les mettre en pratique dans une cohérence de vie en conformité avec le message de Dieu. En fait ces « valeurs » humanistes sont le socle commun de toute vie en collectivité et rassemblent les êtes humains. Pour le dire autrement, heureusement que les religions poussent les être humains à être des femmes et des hommes dignes de ce nom, les meilleurs possibles, bons et justes ! Mais ce n’est pas dans cette exigence qu’elles révèlent leur originalité.

La force de l’amour
L’apport des religions n’est pas, comme cela a trop souvent été le cas, de forcer les gens à mettre en pratique ces principes par peur d’une condamnation ou pour obtenir une récompense, avec les notions d’enfer et de paradis qui entrainent les croyants dans la dérive du mérite. Ce qui est original dans la dans la foi chrétienne notamment, c’est la notion de pardon et de conversion. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et nous sommes tous appelés à mettre l’idéal en pratique, même si nous nous en sommes éloignés et que nous avons tourné le dos aux principes moraux des religions et des sociétés. C’est en cela que réside la puissance de Dieu. Ce n’est pas une puissance de force et de violence qui nous obligerait à faire des choses, qui déciderait des événements de notre vie sans respect de notre liberté ; c’est la puissance de l’amour qui n’a de cesse de donner confiance à celui qui se relève après être tombé, d’accueillir celui qui a fait fausse route mais qui revient dans le droit chemin. Dieu est tout puissant dans sa manière de ne jamais cesser de nous aimer et de nous ouvrir ses bras pour nous accueillir et nous rassembler. Bien des paroles, gestes et paraboles du Christ nous le font comprendre. C’est la Bonne Nouvelle chrétienne.

La mission de l’Église
L’Église, comme peuple de Dieu, a pour mission d’incarner cette Bonne Nouvelle ; par son ouverture, par son rappel des gestes et paroles du Christ, par sa manière de lutter contre les inégalités et les violences faites aux plus petits, par son souci de la justice sociale et écologique… Elle n’a pas pour mission de condamner ou de compliquer l’existence des gens par de pesants fardeaux rigoristes ou cultuels. Elle accompagne la marche des hommes vers l’idéal d’amour et de fraternité. Elle a aussi pour mission d’accompagner la marche de Dieu vers cette humanité qu’il aime de manière absolue et qu’il désire rassembler comme une grande famille. Ce qui doit permettre à l’Église de rester au service de cette Bonne Nouvelle, c’est qu’elle se rappelle qu’elle est constituée de femmes et d’hommes qui sont tous de la même pâte humaine, imparfaits, pêcheurs pardonnés. C’est lorsque les missionnaires et évangélisateurs savent se reconnaître bénéficiaires et sujets du pardon de Dieu qu’ils peuvent en parler le mieux et l’offrir à tous. Les apôtres ont vécu cette expérience, en particulier les deux piliers de l’Église que sont saint Pierre et saint Paul. Les grands saints n’ont pas eu une vie linéaire et parfaite. Tous ont expérimenté l’amour et le pardon de Dieu, et ils ont eu le désir de la partager et de lui faire porter du fruit.

La gratuité de l’amour
Si l’on devait réduire la religion à sa plus simple expression, il faudrait que ce soit autour de la notion d’amour et de pardon, ce pardon qui est la fine pointe de l’amour absolu offert par-delà le mal. Avec le pardon nous sommes dans la gratuité extrême, car il est toujours facile d’aimer ceux qui sont aimables, de soutenir ceux qui se comportent bien, d’accueillir ceux qui sont méritants. Mais aimer sans condition, de manière unilatérale, c’est au-delà des forces humaines, et c’est en cela que c’est le propre de Dieu et qu’il a voulu partager cette puissance d’amour avec nous pour que nous dépassions notre condition humaine pour sortir du cycle infernal de la condamnation, de la violence et de la vengeance. La foi chrétienne nous invite à recevoir de Dieu sa puissance d’amour et de pardon pour changer le visage du monde. Cela reste un combat, car nous sommes très rarement capables de mettre en œuvre cet amour de manière aussi radicale que Jésus-Christ qui invoque le pardon sur ceux qui le torturent et le tuent. Mais c’est un chemin qu’il nous est demandé d’emprunter. Chemin difficile et terriblement exigeant, mais qu’il ne faudrait pas abandonner par fatalisme et découragement. En cela nous pouvons comprendre que parler d’amour en évoquant Dieu n’a rien de niais ou de ridicule, car cela demande un courage et une force que nous ne pouvons que recevoir d’un autre, du tout Autre.

Olivier

2023-09-30T09:24:01+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2023

Cet Évangile sera proclamé le 1er octobre, 
ce sera le 26e dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole.»

Le contexte
Nous sommes au chapitre 21 de l’Évangile selon saint Matthieu. Cette parabole suit l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. L’épisode que nous lisons le jour des Rameaux se déroule à la fin de sa vie publique. Deux catégories de personnes sont alors présentées : les soupçonneux qui récriminent contre les paroles, les gestes de Jésus, et les aveugles, les boiteux, le petit peuple d’Israël qui s’émerveille

Une question rhétorique
Jésus pose à ses interlocuteurs une question évidente non pas pour les piéger mais pour leur permettre d’entrer pleinement dans la logique de la parabole. Au fond, Jésus veut leur signifier que cette histoire fictive s’accomplit dans leur vie et qu’ils auraient grand intérêt à le comprendre.

Deux fils…
Ils représentent d’un côté les chefs des prêtres et les anciens, et de l’autre les publicains et les prostituées. 
On comprend que le premier fils n’ait pas envie de changer et d’accueillir du nouveau. Il fait partie du paysage religieux de son temps. Pourtant, Jésus a annoncé sans cesse la nécessité de se convertir, de changer de regard, de se déplacer intérieurement. Lui comme nous sommes en route vers un ailleurs et un autrement. La vie n’est pas derrière soi mais devant. Bien sûr, le deuxième fils qui représente ceux qui sont en état de manque et insatisfaits d’eux-mêmes sont mieux placés pour le comprendre, même s’ils sont visités par la tentation de se justifier et de s’absoudre pour se rassurer.

Se déplacer…
Allons-nous sortir de nos routines et nous mettre en route vers ce qui vient nous déranger, nous déplacer ? Jean le Baptiste est toujours là, figure d’une justice que nous n’avions pas soupçonnée. Tout entier tourné vers le Christ qui n’en finit pas de venir à nous, il nous ouvre à cette humanité nouvelle qui ne cesse de nous surprendre. 
Nous croyons connaître le Christ ? Il ne se dévoile à nous que dans la mesure où nous assumons le vide qui, s’il n’est pas là, nous habite. Toujours nouveau, sans cesse il nous déplace, nous renouvelle.

Se mettre en route…
Tel est le chemin du Royaume. Les publicains et les prostituées y entrent en priorité non en raison de ce qu’ils font mais parce qu’ils se mettent en route, sortant d’eux-mêmes, en croyant à cette parole qui leur vient d’ailleurs. Les derniers deviennent les premiers. Notons qu’il n’est pas dit que les chefs des prêtres et les anciens n’entreront pas dans le Royaume, mais ils prennent du retard. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’ils ne croient pas à la parole de Jean, s’estimant déjà impeccables (étymologiquement sans péché). Ensuite parce qu’ils ne se sont pas mobilisés en constatant la foi des collecteurs d’impôts et des prostituées. 
Par contre, voyant la justice de Jean et entendant ses paroles, les publicains et les prostituées ont bougé mais les chefs des prêtres et les anciens, pourtant professionnels de l’accueil de la Parole, ne sont pas allés « travailler à la vigne ». Ainsi, ne nous installons pas dans le déjà-là, mais soyons prêts à partir pour cet ailleurs que figurait déjà la terre promise et que nous appelons le « Royaume », toujours à venir.

Pour actualiser…
La plupart du temps nous vivons enfermés dans nos routines comme dans nos emplois du temps, nos certitudes ou plus généralement nos servitudes. Sans condamner toutes les habitudes que nous avons prises qui pour la plupart sont bonnes et nous permettent d’être « à la hauteur », efforçons-nous de nous mettre à la bonne hauteur, celle de Jésus et des « petits » de l’Évangile. Sans cesse Dieu vient nous visiter, et toutes ces rencontres nous invitent à bouger, à aller au-delà, ailleurs, autrement.
À notre tour, acceptons d’entendre le « lève-toi et marche » qui nous est adressé par le Christ. Il ne s’agit pas d’une mobilisation pour un travail pénible mais plutôt d’une libération. Alors, on y va ?

Didier Rocca

Article écrit à partir d’un article de « Croire aujourd’hui » du Père Michel Souchon en septembre-octobre 2008.

2023-09-20T11:37:15+02:00

Lettre du Villard – août 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 21 août 2023

Bien cher ami,
Nous avons quelque mal à admettre que vos vacances d’été au Villard sont terminées. Nous savons bien que vous êtes partis ; nous vous avons vu fermer vos volets, nous vous avons accompagné jusqu’à la dernière maison du hameau et nous avons agité nos mouchoirs jusqu’à ce que vous soyez hors de vue… Mais combien de fois aussi nous surprenons-nous à penser : « Il faudra que nous lui en parlions demain » ? Sans doute avons-nous passé tellement de temps ensemble, échangé tant d’idées, refait tant de fois le monde entre le café et le génépi, que tout ce vécu partagé a encore renforcé notre complicité.
Cela n’est pas évident ; vous remarquiez il y a quelques jours qu’il n’était pas rare que des affections ou des amitiés s’accommodent mieux de la distance qui gomme la rugosité des caractères et limite les occasions de friction ; l’éloignement dissuade les réactions trop rapides, les mouvements d’humeur, les propos non mouchetés1. A contrario, la proximité demande des précautions. L’ami Gastinel, avec qui nous prenions une bière au retour d’une promenade à Soleille-Bœuf (ce n’est plus de notre âge !), vous dirait qu’il est préférable de ne pas vivre déboutonné. Mais il convient que ce n’est plus à la mode et que l’air du temps est de s’abstenir de se contenir. Cet état d’esprit est, pour lui, un avatar du « Il est interdit d’interdire » consubstantiel de l’esprit de mai 68. Cela parut alors le fin du fin de la pensée contestataire, mais, remarque Gastinel, ce n’est pas d’aujourd’hui, ni de mai 68 que nous supportons mal la contrainte. Alexandre Vialatte2 aurait pu écrire que ce slogan remonte, comme l’homme, à la plus haute Antiquité. Simplement, ceux à qui l’idée venait à l’esprit la rangeaient, après en avoir bien étudié les divers aspects, dans leur cabinet noir tant cela leur paraissait étranger aux impératifs de la vie en société. Maitre Beraud, que la seule perspective d’une balade exténue mais que la simple proposition d’un verre d’eau fraîche revigore, était venu nous rejoindre sur notre terrasse. En posant son Panama, il a confirmé Gastinel dans son opinion en lui citant Cioran3 : « N’a de conviction que celui qui n’a pas approfondi ». Sans doute Cioran visait-il ceux qui ont facilement une opinion sur tout, mais je ne mettrai pas ma main au feu que nombre de professions de foi que nous entendons ne soient pas des sortes de villages à la Potemkine4 des convictions de leurs auteurs. Et, in fine, nous sommes-nous vraiment posé la question de nos propres convictions ?
En tout état de cause, la vie en société passe par le respect de règles communes et il faut bien accepter les habitudes, disons la marge d’autonomie, dont au jour le jour, les amis, les camarades de travail, les enfants ou le conjoint ont besoin. La qualité de la relation que nous avons avec eux passe par cette reconnaissance qui ne va pas toujours de soi. Une marque d’électroménager n’avait-elle pas pris comme slogan : « La qualité, c’est de résister au quotidien ».
Revenant sur les propos de Gastinel, Béraud a fait remarquer que les réactions d’une partie de la classe politique à une petite phrase jetée par un membre du gouvernement lui paraissaient traduire une conception désespérée de la démocratie. Dire qu’on ne peut parler de tout avec tout le monde lui paraît exprimer non seulement un certain sectarisme mais aussi une vision plutôt affligeante de la démocratie ; « Si je décide de ne pas parler à un tel ou à tel autre, c’est soit parce que je pense que je ne le convaincrai jamais de mes arguments, soit parce que je considère qu’il est malhonnête ». « Mais qui es-tu, toi, pour juger ? » poursuivit Béraud, trop heureux de paraphraser le Pape dont la venue est annoncée à Marseille prochainement. « Refuser de s’entretenir avec un tel ou tel autre, reprit-il, me paraît bien éloigné du vouloir vivre ensemble, comme on dit aujourd’hui ».
Mimiquet qui était venu se mettre à l’ombre avec nous, s’est immiscé dans la conversation. Il a tenté un parallèle avec les conversations que nous avions eues dans les semaines qui ont suivi l’assassinat de ce malheureux professeur qui avait montré à ses élèves des caricatures peu flatteuses pour l’islam. Et il nous malicieusement demandé si nos opinions n’étaient pas aussi fluctuantes que celles des personnes dont nous nous gaussons : « Je ne sais lequel de vous avait dit à l’époque qu’on ne peut rire de tout avec tout le monde pour la raison majeure que pour que la société conserve une certaine unité, il fallait peut-être s’autocensurer en certains domaines, un peu comme on s’oblige à être poli face à des personnes qui nous agacent ». Beraud lui a répliqué que la question était moins de savoir de quelle façon se réglait le différend que de qualifier l’attitude de celui qui se refusait au débat. Quel que soit le cas, le refus traduit un sectarisme qui lui-même découle d’une incapacité à trouver des arguments pertinents.
Gastinel, vous vous en êtes rendu compte, a mal vécu les émeutes de juin et ne cesse de ressasser ces moments qui ont mis le pays sinon à sang du moins à feu. Il est moins remonté contre les malfaiteurs qui ont cassé les vitrines, volé les objets, voire lancé des boules de pétanque contre les policiers, que contre ceux qui, en faisant mine de ne pas jeter de l’huile sur le feu, les animent et les attisent. Leur analyse de la société les conduit à la rejeter dans son ensemble, depuis son organisation politique jusqu’aux rapports au sein de la famille. Alors, tous les moyens sont bons. Se remémorant Cioran, il craint qu’ils ne puissent aller au-delà de ces convictions mortifères pour la société du simple fait de leur incapacité à se remettre en question. « Question de système hépatique, sans doute », soupire-t-il. Mimiquet est moins inquiet ; il croit que la majorité des gens, sans forcément se concerter, leur opposera une résistance passive dans laquelle cette rage s’évanouira.
Et vous, cher ami, qu’en pensez-vous ? Je crains parfois de vous déranger en vous faisant partager nos états d’âme. Mais… si on ne peut en parler aux amis…
Nous espérons que la reprise de vos activités vous laissera le temps d’un petit mot.
Soyez assurés de nos sentiments les plus amicaux.

P. Deladret

  1. Mouchetés… comme le fleuret dont on couvre la pointe d’un bouton pour ne pas blesser l’adversaire.
  2. Alexandre Vialatte, 1901-1971, écrivain, traducteur, journaliste et chroniqueur.
  3. Émil Cioran, 1911-1995, philosophe et écrivain Roumain. Citation tirée de De l’inconvénient d’être né.
  4. Villages dont seules les façades étaient construites à l’instigation de Potemkine pour impressionner favorablement l’Impératrice lors de ses déplacements..
2023-08-22T09:26:32+02:00

Camp Été 2023 > les Benjamins

Les Benjamins à Orcières-Merlette

Entre jeux, baignades, rencontre avec les chèvres et découverte de la nature, les Benjamins ont passé deux semaines à se créer des souvenirs inoubliables. Chacun d’eux, à sa manière, a contribué à la réussite de ce camp et cette année. Alors merci à :
Louca et Louna, le duo de cousins aussi fous qu’adorables.
Milo, ton petit cœur sensible ne t’empêche pas d’avoir toujours la forme.
Emile, le dessinateur de génie qui nous vouvoie mais on sait pas pourquoi.
Djouma, notre douce kaïra.
Marie, la comédienne du groupe.
Lucien, et son acolyte le doudou élastique.
Joyce, ton accent marseillais nous fait rêver.
Joan, ta banane donne la pêche au groupe.
Camille B, la footballeuse cachée.
Mélanie et Valentin, le duo inséparable de chanteurs.
Simon, grâce à toutes tes anecdotes on se couchera moins bêtes.
Isaac, toujours prêt à aider les autres.
Élouan, notre petit singe avec ses doudous par milliers.
Jean, toujours debout on sait jamais trop pourquoi.
Victor, toujours un peu fatigué mais on sait qu’au fond tu kiffes.
Madeleine, toujours en train de rire avec tes cheveux blonds, tu rayonnes.
Inès et Capucine, nos bonhommes au féminin.
Marlo, s’il faut battre l’équipe adverse t’es présent mais avec toujours beaucoup de fair-play.
Nathanael, et tes accents qui nous font mourir de rire.
Antonella, la reine des bracelets en tout genre.
Ève, l’ange gardien des Benjamins.
Ferdinand, tes quoicoubeh sont mythiques.
Léon A-V, le futur styliste j’espère que tu nous coudras nos prochains costumes.
Shance, le gourmand qui sait apprécier la bonne cuisine de Monique.
Shane, la belle bouille nous a bien fait rire.
Numa, ton sens du partage nous a fait chaud au cœur.
Nina, la grande sœur des Benjamins.
Ulysse, le roi des mélanges de nourriture douteux.
Rudy, toujours à photographier les copains.
Léon L, le pitre du groupe.
Victorine, tu fais souvent ta voix de bébé mais au fond on sait que tu es une des grandes du groupe.
Mathis, le pro des grimaces.
Louise G, ta douceur est une de tes grandes qualités, reste comme tu es.
Félix, ta joie de vivre est contagieuse.
Louise J-L, tu sais employer les bons mots pour réconforter les autres.
Armel, toujours en train de se taper une barre.
Garance, toujours sérieusement mais avec tout de même un brin de folie.
Camille C, l’encyclopédie des BJ.
Gaïa, toujours détendue, aucun problème ne peut t’atteindre.
Octave, un peu maladroit mais toujours bienveillant, tu arbitres les sports collectifs comme personne et entendre ton rire bruyant nous met du baume au cœur, alors merci.
Emma, toujours partante pour une conversation profonde autour de la spiritualité ou le médiéval, ton imagination débordante nous a fait rêver tout au long de l’année, alors merci.
Enzo, le mec toujours à fond à 100 %, heureusement que tu es là pour me rappeler parfois de rire au lieu de me prendre la tête et de partager ta joie de vivre à l’ensemble du groupe, alors merci.
Ruben, l’homme de la nature avec les pieds qui sentent le camembert, ta douceur nous comble le cœur du groupe comme celui des animateurs, t’es un mec en or avec un cœur pur, alors merci.
Matilde, matoche, ma chipette, toujours là pour faire rire les enfants avec ses déguisements de folie, ta petite taille n’empêche pas ta grande bouche et ton grand cœur, alors merci.
Un immense merci au groupe des Benjamins, à ses animateurs, sa directrice et tous les bénévoles qui nous ont accompagné cette année.
À l’année prochaine !

Zoé

2023-08-22T09:13:52+02:00

Édito septembre 2023 > Le pape à Marseille

C’est un honneur pour les Marseillais de recevoir le pape le 23 septembre. Certains animateurs et jeunes-aînés de l’Œuvre étaient à Lisbonne cet été pour les Journées mondiales de jeunesse, et nous avons bien constaté le grand intérêt que les foules portent au pape François, cet attrait tournant parfois même à l’idolâtrie. Pourtant François reste un homme simple, nous l’avons compris dans sa manière directe de s’adresser aux jeunes, sans tralala et avec humilité. Il nous a bien rappelé l’essentiel de la Bonne nouvelle de Jésus : Dieu nous aime gratuitement, sans aucune condition. Il nous invite à mettre l’amour dans notre vie, à nous engager, à nous mettre aux service des plus petits, à rester libres, en particulier par rapport aux divers artifices de notre temps, et surtout à ne pas avoir peur. Message limpide et encourageant en ces temps d’incertitude et d’anxiété.

La Méditerranée symbole 
des enjeux pour le monde
Le pape vient à Marseille parce que c’est une ville méditerranéenne, un pont entre l’occident et l’orient, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et que cette mare nostrum qu’est la Méditerranée concentre bon nombre de problématiques majeures de notre temps : rencontre des cultures et des religions, crise écologique, mouvements migratoires liés aux conflits et au dérèglement climatique, inégalités entre les pays, injustices sociales et économiques… Dans ce contexte, François joue son rôle de pape : il ne vient pas pour juger ni donner des ordre ou des solutions toutes faites, mais pour accompagner et rassembler. Et pour cela il veut écouter. À Marseille il va rencontrer des jeunes et des évêques du pourtour méditerranéen et d’Europe, pour entendre leurs inquiétudes, leurs questions, leurs espérances et leurs propositions. Comme pape, son rôle est d’aider les catholiques, les chrétiens, les croyants, les femmes et les hommes de bonne volonté à s’unir et à comprendre que nous faisons partie d’un tout, d’une même grande communauté, et que c’est seulement en vivant une réelle communion dans la compréhension des enjeux de notre temps et dans la recherche de solutions communes que nous pourrons assurer un meilleur avenir aux plus petits et aux générations à venir.

Le rôle du pape
C’est pour nous l’occasion de bien comprendre le rôle du pape, et donc de toute personne ayant une autorité et une responsabilité dans l’Église : il ne s’agit pas de diriger ou d’être « patron », mais d’accompagner et d’être au service de la communion entre les personnes, en gardant le cap du message évangélique de fraternité et de charité. Le pape nous rappelle que nous sommes tous associés à la mission de Dieu qui est d’aimer le monde, tout le monde, et de faire grandir cet amour dans le cœur de tous. Même s’il est le pape des catholiques et qu’il est élu par des représentants de l’Église, sa mission ne concerne pas seulement les catholiques ; elle est universelle car l’Église est universelle, parce que l’amour de Dieu dont l’Église se veut être le sacrement ne connaît pas de frontière et se moque de nos divisions. Nous sommes tous appelé à être rassemblés et unis, c’est le sens du mot « catholique » : la destinée commune et fraternelle de l’humanité unie dans la richesse de sa diversité. Nous sommes encore loin de cet accomplissement, mais il est en maturation et, comme dans les douleurs de l’enfantement la femme ressent beaucoup de souffrance, de même pour notre humanité qui a du mal à discerner son avenir de manière positive et paisible lorsque son présent est préoccupant et dramatique.

La mission de l’Église
La mission, telle que le Pape nous la présente en fidélité avec la grande tradition de l’Église – et bien que trop souvent oubliée, trahie ou réduite à de la propagande ou à du prosélytisme – consiste à déployer le message d’amour de Dieu pour le monde et à incarner cette Bonne Nouvelle. L’Église n’a pas pour vocation de s’occuper d’elle-même en tant qu’institution ou groupe particulier, elle a pour mission de signifier, par ce qu’elle est, le projet de Dieu pour toute l’humanité ; à savoir être un peuple, une communion, comme une famille unie et constituée de personnes différentes mais conscientes d’un destin commun et d’une vocation universelle. L’Église a pour vocation d’être aussi le moyen de ce projet de Dieu, en accompagnant toutes les femmes et tous les hommes sur leur chemin de vie et dans la recherche de leur vocation particulière, en travaillant à promouvoir la justice, la solidarité et la fraternité, en œuvrant à mettre la charité au cœur du monde. C’est ce que le pape François n’a de cesse d’annoncer dans toutes ces interventions, avec courage, car il dit souvent des choses qui dérangent. Il ose exprimer les exigences de justice et de fraternité de l’Évangile devant des personnes qui ont des responsabilités et des pouvoirs politiques immenses et qui ne sont pas sur la même longueur d’onde évangélique, loin s’en faut ! Il nous indique que le chrétien ne peut pas rester dans son canapé à se désoler sur le monde mais qu’il doit s’impliquer, qu’il doit se révolter, qu’il doit transmettre par ses actes et ses paroles la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu qui s’engage au cœur du monde. Il nous dit ce que le Christ exprime par toute son existence : le bonheur est dans le partage et le service, la joie est dans l’engagement et la fraternité. C’est un beau programme pour cette année qui s’ouvre devant nous !

Olivier

2023-08-22T09:01:18+02:00