Olivier

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L’Évangile du mois de mars 2023

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

Le contexte

Matthieu propose cet épisode de la Transfiguration en plein cœur de son Évangile, juste après la confession de foi de Pierre, l’annonce de sa mort et la forte incompréhension de Pierre. Que s’y passe-t-il ? Jésus gravit une montagne, pour une rencontre avec son Père. Il n’est pas seul puisque cinq autres personnes sont avec lui : les trois disciples Pierre, Jacques et Jean qui seront à côtés à Gethsémani, mais aussi les deux grands prophètes de l’Ancien Testament, Moïse et Elie.

Six jours…
Jésus prend donc avec lui trois de ses plus proches compagnons et les invite à monter sur une montagne.
Six jours ? Cette indication de temps est suggestive. C’est le temps qui sépare, dans la liturgie juive, le Yom Kippour, appelé aussi le jour du grand pardon, de la Fête des Tentes (voir mot du mois). Ainsi, durant une semaine, la communauté vit sous des tentes, comme au désert, pour exprimer cette attente d’une nouvelle manifestation de Dieu et de la venue du Messie. Un peu comme les chrétiens durant le temps de l’Avent. Ce n’est pas un hasard. Matthieu évoque explicitement les tentes lorsqu’il fait dire à Pierre : « Je vais dresser ici trois tentes… »

Chacun sa montagne
L’indication de la montée de Jésus sur une montagne est tout aussi intéressante. Attention, n’imaginons pas le Mont-Blanc ou un haut sommet enneigé mais plutôt une colline. Remarquons que les deux figures de l’Ancien Testament, Moïse et Elie renvoient chacun à une montagne, toutes deux bien connues. Moïse est monté au Sinaï où la Loi fut donnée ; Élie est allé sur la montagne de l’Horeb où Dieu s’est manifesté non pas dans le tonnerre mais dans une brise légère ! Sur la montagne, Dieu se révèle. Que va-t-il dire ?

Une reprise du baptême
« Celui-ci est mon fils bien-aimé ». Cette parole divine, nous l’avons déjà entendue au moment du baptême de Jésus par Jean. C’était au début de l’Évangile. Une mention est rajoutée ici : « Écoutez-le ». Notre pédagogue divin insiste sur l’écoute, précisément parce que ce n’est pas le fort des disciples, et nous sommes probablement aussi dans ce cas-là. L’écoute est synonyme d’obéissance, cela ne renvoie pas à un quelconque problème d’audition. Rappelons-nous qu’écouter Jésus, c’est tout simplement faire partie de ses disciples.

La transfiguration nous parle de Pâques
Une nouvelle fois, un épisode de l’Évangile évoque Pâques. Ainsi lorsque Jésus s’approche des disciples qui sont tombés « la face contre terre », il les touche et leur dit : « (R)éveillez-vous ». Puis, à la fin, Jésus leur demande de ne « parler à personne de cette vision avant que le fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Éveillé, ressuscité, réveillé, ces verbes en français renvoient au mystère vécu à Pâques.

En descendant
Nous pouvons imaginer le trouble, l’incompréhension ressentis par les trois disciples. Qu’ont-ils compris de ce son et lumière ? Comme souvent, il faut du temps pour analyser, décrypter les moments spirituels forts d’une existence. Il leur faudra attendre la Passion de leur maître. C’est ainsi que leur reviendra à l’esprit les événements du Thabor (montagne de la transfiguration) durant lesquels le Père leur aura donné les clés de compréhension du ministère et de l’identité de Jésus. Ainsi, après Pâques, ils comprendront que l’Amour du Père a été le plus fort que la mort et qu’ils en avaient eu une preuve par avance.

Pour actualiser
Cette page d’Évangile nous oriente vers Pâques en nous recentrant sur l’essentiel : écouter le Fils bien-aimé du Père. Ah, si nous pouvions devenir de véritables écoutants, à l’écoute de Dieu, de sa Parole et des autres afin d’y déceler les conseils de notre divin maître ! Ah, si nous pouvions à l’occasion de ce temps de carême nous rafraîchir la mémoire afin que reviennent à notre esprit ces épisodes fondateurs qui nous ont permis de dire : Oui, j’y crois. Il m’a parlé, j’ai compris quelque chose de sa grandeur, de sa bonté… Ah, si nous pouvions devenir ou redevenir de véritables pèlerins. La tentation est si grande de faire comme Pierre qui voulait rester là avec son Jésus. Que ce soit pour les autres disciples ou pour nous-mêmes, Jésus nous attend dans notre Galilée, dans notre lieu de mission où déjà il nous précède. Jésus lui-même est descendu de la montagne, alors pourquoi voudrions-nous rester là-haut ?
Didier Rocca

Didier Rocca

Le nom du mois : La fête des tentes
La fête des tentes ou en hébreu la fête de Souccot est l’une des trois fêtes de pèlerinage prescrites par la Torah, au cours de laquelle on célèbre dans la joie l’assistance divine reçue par les enfants d’Israël lors de l’Exode et la récolte qui marque la fin du cycle agricole annuel. Elle est fêtée aux mois de septembre ou octobre et dure une semaine.

2023-02-08T08:54:27+01:00

Lettre du Villard – janvier 2023

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 janvier 2023

Bien cher ami,
La joie qu’a apportée la présence de votre famille au Villard à l’occasion des fêtes de Noël et du Nouvel an ne s’est pas estompée. Vous avez rendu, comment dire, plus léger l’air que nous respirons, le climat dans lequel nous évoluons. Ma femme me confiait que votre venue au Villard nous faisait autant de bien qu’un voyage ! Vous arrivez, avec vos façons de voir les choses, de vous exprimer, avec vos préoccupations, vos rythmes de vie, qui ne sont pas forcément les nôtres. Vous nous dépaysez. Ces rencontres nous font, en quelque sorte, sortir de nous même, de nos idées fixes, de ce que nous croyons être des certitudes. Et c’est en quoi elles nous font du bien, nous rendent heureux. Rien n’est plus fade que ces réunions où on échange beaucoup de banalités parce qu’on n’a rien de nouveau à se dire, ou bien parce qu’on est tous – du moins le croit on – du même avis, ou encore parce qu’on craint de ne pas savoir exprimer avec tact des opinions qui fâcheraient ou même parce qu’on n’est pas vraiment assuré de ce qu’on pense. On se réfugie dans des anecdotes, des souvenirs communs, des histoires que tout le monde connaît. On alimente la conversation de petit bois, pour ne pas prendre le risque qu’elle puisse s’embraser.
Je me suis autrefois posé la question, à la vue d’une photo, parue il y a des décennies dans Paris-Match, d’un repas de la famille Servan-Schreiber ; il n’y avait là que de beaux esprits, journalistes, hommes et femmes politiques, essayistes, gens de lettres et de pouvoir. Je me suis demandé de quoi pouvaient bien parler ces gens là entre eux. Échangeaient-ils des points de vue sur le mouvement hippie alors naissant ? Entrevoyaient-ils ce en quoi l’informatique allait bouleverser nos sociétés ? Esquissaient-ils ce qu’il pourrait advenir du monde lorsque la Guerre Froide serait terminée ? Gatinel, à qui j’ai eu la faiblesse de raconter cette histoire, m’a douché en m’assénant qu’ils parlaient sans doute des mésaventures conjugales de leur cousine Christine ou de la scandaleuse augmentation du prix du foie gras chez Jambier, l’épicier de la rue Poliveau. « Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous le ciel ! dit-il, paraphrasant l’Ecclésiaste, un temps pour se taire et un temps pour parler… Ne confondez pas tout ». Peut être avait-il raison, mais peut être aussi mésestime-t-il l’importance de ce qui peut être dit lors de « dîners en ville ».
Béraud considère que si les conversations qu’il appelle « de convenance » sont là pour masquer l’absence de sujets à partager, nous allons cependant au-devant des autres parce que la solitude nous pèse, parce que nous pensons qu’il n’y a pas grand-chose dans notre jardin intérieur ou bien parce qu’il nous paraît un peu étriqué, ou encore mal entretenu. Ce vieux ronchon pense comme Pascal que « tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos dans sa chambre »1.Soit. Mais alors, pourquoi rompt-il des lances avec Gatinel et taquine-t-il Mimiquet ? Quoi qu’en dise Béraud, l’homme est un animal social. Quelques êtres d’exception peuvent demeurer en repos dans leur chambre, mais, le fait qu’on les trouve exceptionnels n’induit pas qu’ils soient de nature différente. Ils ne sont exceptionnels que parce qu’ils sont de la même essence.
Cela me fait penser à ce que nous disait votre voisin Poulenc en réaction à des déclarations d’écologistes, ses meilleurs ennemis (il a fait toute sa carrière dans la chimie !). Ceux-ci admettaient que telle ou telle mesure qu’ils préconisaient pour lutter contre le réchauffement climatique, n’aurait sans doute pas d’effet réellement sensible sur cette tendance, mais que ce qui était important était d’être exemplaire. La prétention à l’exemplarité chiffonnait Poulenc. On ne constitue un exemple, disait-il, on n’est exemplaire, que si d’autres peuvent comprendre ce qu’on entend promouvoir. Je ne sais pas si Kant aurait approuvé cette opinion. La démarche qu’on adopte « dans le huis clos de notre salle de bains », comme aurait dit Philippe Meyer2 paraît d’autant moins exemplaire qu’elle n’est connue de personne. Poulenc ne philosophait pas. Il ne supportait pas, simplement, qu’on puisse dire aux autres « Suivez mon exemple », sous-entendu : « Moi, je sais ce qu’il faut faire ». Sans doute était-ce la suffisance qui peut se glisser dans la motion d’exemplarité qui le hérissait. Je l’ai calmé en lui proposant quelques synonymes du mot de façon à atténuer l’impression d’arrogance qu’il pouvait avoir. On ne peut cependant nier le rôle des exemples qu’on reçoit et qu’on donne : les bases de l’éducation reposent sur cela. Encore faut-il que celui qui présente l’exemple à suivre ait les compétences suffisantes, car, sans ce pré-requis, que vaut l’exemplarité de ses propos ? On ne se méfie pas toujours de ceux qui nous sont présentés comme exceptionnels ou exemplaires.
Et l’actualité déborde des exemples dont Pierre et Paul ne sont pas avares dès lors qu’il s’agit d’apporter de l’eau au moulin de leur cause ; qu’il s’agisse de la question du financement des retraites, des réponses qu’attendent les problèmes rencontrés par l’accueil des immigrés clandestins, ou des modifications qu’on pourrait apporter aux dispositions concernant la fin de vie… On ne cesse d’invoquer ce qui se fait ailleurs dans le monde à l’appui des thèses qu’on défend. Cela n’éclaire pas vraiment celui qui sait se souvenir que l’histoire d’un pays, l’origine et l’importance de sa population, sa culture, ses religions ancestrales, rendent compte de sa législation et de ses institutions. L’état de notre société n’est pas l’effet du hasard. Et ce qui est excellent à Nauru3 ne va pas forcément correspondre à ce que notre société peut supporter. On peut même se demander, en ce qui concerne, par exemple, la question des retraites, si le recours de tel parti ou syndicat à la comparaison avec ce qu’on observe dans d’autres pays n’est pas l’aveu implicite de la difficulté qu’ils éprouvent pour démontrer les thèses soutenues. Il est un peu paradoxal de vouloir conforter l’exception d’un modèle social en évoquant des exemples par certains aspects contraires. Disons qu’il faut savoir le faire.
Je doute que lorsque vous retournerez au Villard en février cette question ait fini de soulever les passions. Mais venez nous dépayser !
Je vous assure de nos sentiments les plus cordiaux.

P. Deladret

  1. Blaise Pascal (1623-1662), Pensées, 139.
  2. Philippe Meyer. Né en 1947. Chroniqueur, essayiste, écrivain, humoriste.
  3. Nauru. La plus petite république du monde, en Océanie ; 21 km2 ; 10 000 hab.
2023-01-19T16:29:48+01:00

Édito Février 2023 > Jésus, le message

À l’occasion d’une discussion pendant une messe du camp des aînés à Larche fin décembre, nous avons réfléchi à l’identité du Christ. Sujet complexe et mystérieux. Est-il un prophète, un surhomme, un modèle, un messager, le Messie, le Fils de Dieu, Dieu lui-même ? Nous avons résumé le fruit de notre partage avec une formule inédite pour nous, et qui nous a parue bien parlante : Jésus n’est pas un messager, il est le message. Cette manière de dire rejoint et réactualise des formulations traditionnelles : « Le Verbe s’est fait chair » ou « Dieu s’est fait homme ».

Plus qu’un messager
Jésus, dans la foi chrétienne, n’est pas un simple prophète, fut-il le plus grand. Il ne se contente pas d’annoncer la Bonne Nouvelle et de prêcher la parole de Dieu, il l’incarne ! Il n’est pas un messager, mais il est en lui-même le message. Non seulement par ses paroles, mais aussi par ses gestes, ses attitudes, sa vie tout entière. Il nous donne à voir et à comprendre ce que Dieu veut dire à l’humanité, ce que Dieu veut vivre avec l’humanité. Lorsque nous découvrons la vie de Jésus, ses paroles et ses gestes, nous contemplons Dieu qui agit. Il y a des religions pour lesquelles Dieu se révèle par des écritures ; pour les chrétiens, c’est en Jésus qu’il se fait connaître. Il s’auto-révèle en Jésus.

Le message incarné
Jésus assume les missions de prêtre, de prophète et de roi, dans le sens où il est celui qui célèbre la relation des hommes avec Dieu par la prière, les sacrifices et les sacrements, ce qui relève du rôle du prêtre ; de même il est prophète par l’acclamation qu’il fait de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu offert à tous les hommes, par l’annonce du salut et de la résurrection pour chacun, par l’appel à la conversion du cœur de l’homme vers l’amour de Dieu ; et comme roi, il est celui qui s’engage concrètement à lutter pour la justice, contre ce qui défigure l’homme et l’empêche d’être libre. Mais il est plus que celui qui accomplit parfaitement les fonctions de célébration, de prédication et de service, il est véritablement Dieu qui s’identifie à nous, qui nous montre ce que nous sommes réellement pour lui : des filles et des fils qu’il aime et sur lesquels il s’appuie pour que son royaume d’amour se réalise.

Notre mission
Si Jésus est le message, il nous invite à découvrir qu’à notre tour nous pouvons être non seulement des prêtres, des prophètes et des rois à sa manière, mais que nous sommes aussi appelés à incarner le message, à être à notre tour le message de Dieu par notre manière de vivre et de nous engager au service du bien commun. Cette compréhension est vertigineuse et pourtant bien fidèle au désir de Dieu. Ce n’est pas de la prétention, c’est notre vocation… Cet appel n’est pas réservé à une élite mais nous concerne tous, quelles que soient nos cultures, nos origines, nos histoires, nos sensibilités… Nous sommes tous appelés à devenir message de Dieu. Pour ne pas nous décourager, nous pouvons comprendre que cet appel n’est pas seulement individuel, mais qu’il est aussi collectif. C’est en communion les uns avec les autres, en communauté, en Église, que nous pouvons former ce corps de Dieu qui agit au cœur du monde. Ce qui est remarquable dans cette histoire, c’est de découvrir que Jésus, lors de son passage sur terre comme homme historique, a mis cela en œuvre en choisissant pour l’accompagner des hommes et des femmes ordinaires, des personnes qui n’étaient pas parfaites et qui ont eu leur lot d’égarements, d’erreurs et de péchés. C’est précisément parce qu’ils se sont découverts pécheurs pardonnés, qu’ils ont pu accomplir des choses extraordinaires et assumer la mission que Jésus leur avait confiée : annoncer le pardon et l’amour de Dieu.

Notre vocation
Il nous revient de découvrir quelle sera notre manière d’incarner le message de Dieu. C’est ce que l’on appelle la vocation : le chemin propre à chacun et qui sera notre façon de vivre en harmonie avec la Bonne Nouvelle proclamée par Jésus. Il n’y a pas de vocation idéale ou supérieure aux autres, le but étant que chacun découvre la sienne et s’y engage pour faire grandir le royaume de Dieu. Chemin de liberté et de bonheur, chemin de partage et de joie, chemin exigeant et parfois difficile, mais chemin qui donne sens à la vie. Une des grandes missions de l’Œuvre est d’accompagner les jeunes dans cette découverte de leur vocation. En donnant aux jeunes le goût de l’accueil, de l’engagement, du partage, de la fraternité, de la fidélité, de l’ouverture, nous leur permettons d’expérimenter et de découvrir la joie du don de soi et du dépassement. Dans un contexte de sollicitations et d’angoisses multiples, les jeunes ont du mal à faire la part des choses et sont parfois tentés par les mensonges d’un mode de vie centré sur la consommation et les relations virtuelles. Nous croyons que le message de Dieu révélé en Jésus Christ est une réponse aux défis de notre monde et qu’il est étonnamment plein d’actualité pour trouver des repères en ces temps de grands bouleversements.

Olivier

2023-01-19T16:23:00+01:00

L’Évangile du mois de février 2023

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, 
car votre récompense est grande dans les cieux.

Le contexte

Ce texte des Béatitudes ouvre le premier discours de Jésus appelé « le discours sur la montagne ». Ce n’est pas un enregistrement exact des paroles de Jésus, mais plutôt une œuvre littéraire reprenant quelques-unes de ses paroles fortes.

Pourquoi parler des Béatitudes ?
L’adjectif « heureux » (en latin béatus) est répété neuf fois dans ce passage. C’est le mot clé du texte. 
Une béatitude évoque ici un cri de joie pour annoncer un message paradoxal puisque le bonheur est dans le manque, dans le besoin de justice, de paix, de consolation. Les béatitudes dressent le portrait du disciple, avec bien évidemment celui de Jésus en filigrane. Doux, pauvre, artisan de paix, Jésus porte en lui toutes ces qualités. 
Regardons cela de plus près…
Heureux vous les pauvres
Attention, ne nous trompons pas, ce qui rend heureux, c’est d’obtenir le royaume des Cieux, ce n’est pas d’être pauvre. Par ailleurs, ceux qui obtiennent le royaume des Cieux, ce sont justement ceux qui ont une âme de pauvre. On peut donc entendre la Béatitude de la manière suivante : « Heureux êtes-vous d’obtenir le Royaume des Cieux, vous qui avez une âme de pauvre, vous qui avez un cœur de pauvre ». Cette béatitude, comme toutes les autres d’ailleurs, se rapporte particulièrement à Jésus ; Il ne possède rien, il meurt nu sur la croix. Jésus est vraiment le pauvre tout au long de l’Évangile.
Heureux les doux
Jésus lui-même dit à ses disciples : « Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur ». La douceur, l’humilité est une vertu essentielle pour qui veut recevoir de Dieu et des autres.
Heureux êtes-vous d’être consolés vous qui pleurez.
La consolation, on la retrouve dans le choix que fait Jésus de résider à Capharnaüm lorsqu’il est en Galilée. Le nom de ce bourg signifie « village de la consolation ». Ainsi, Jésus s’installe à Capharnaüm pour être dans ce lieu carrefour où il va rencontrer beaucoup de gens, et qui aussi est le lieu de résidence de Pierre. Il s’y installe pour consoler. Il est le Consolateur par excellence.
Heureux les miséricordieux
Si on restait fidèle au texte grec, on pourrait presque dire « Heureux êtes-vous d’être miséricordiés vous qui avez fait miséricorde ». À plusieurs reprises, on voit que Jésus fait miséricorde parce qu’il a pitié, ce mouvement qui vient du plus profond des entrailles et qui n’a rien à voir avec de la condescendance.
Heureux les cœurs purs
Qu’est-ce que c’est qu’un cœur pur ? C’est un cœur unifié, c’est-à-dire un cœur qui suit son chemin et qui n’est pas, au contraire, dans l’errance, dans le papillonnage. Un cœur qui ne sait pas où il va, qui va dans tous les sens serait un cœur divisé. Le cœur pur c’est un cœur qui suit une voie, un chemin.
Heureux vous qui avez œuvré pour la paix.
Et la paix c’est aussi une des œuvres de Jésus, non seulement lorsqu’il guérit, lorsqu’il enseigne, qu’il pacifie les cœurs, mais aussi vis-à-vis de la nature, on nous raconte qu’il apaise même la mer, le vent.

La dernière béatitude reprend la notion de justice. En insistant sur le « à cause de moi », Jésus s’identifie à la justice et se signale donc comme le juste par excellence.

Didier Rocca

Le nom du mois : justice
La justice est le style de vie qui ajuste l’être humain à la volonté de Dieu. Être juste ce n’est pas faire juste mais c’est plutôt s’ajuster. C’est de cela dont Jésus parle dans l’expression « faim et soif de justice ».

2023-01-19T16:28:15+01:00

Lettre du Villard – décembre 2022

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 décembre 2022

Bien cher ami,
Réjouissez-vous ! Réjouissez-vous et répandez autour de vous la bonne nouvelle ! La neige est là ! Vous allez me dire qu’il n’est peut-être pas de très bon goût d’emprunter le langage de l’Avent pour parler des précipitations dont nous venons de bénéficier. C’est à voir. Car les mots ne se contentent pas d’être les véhicules des idées. Ils les laissent volontiers monter à leur bord et il n’est pas rare qu’ils les détournent. Parfois ils les influencent ; d’autres fois, ils les déforment et même favorisent des rapprochements d’idées qui nous font glisser d’un ordre de pensée à un autre. Il leur arrive de donner un tour inattendu à la conversation. Je ne m’en plaindrai pas. Grâce à eux, la chute de neige m’entraîne vers l’Avent. Il y a de pires convergences.
Il a donc neigé et je pense que votre petite famille va se préparer avec encore plus de joie à votre migration hivernale vers le Villard. Vous nous direz quand vous pensez arriver pour que nous chauffions votre maison, en espérant, bien sûr qu’il y aura assez d’électricité pour produire un peu de chaleur. En tout état de cause, nous mettons du bois de côté pour vous permettre une flambée… La bûche va devenir le cadeau de Noël de l’année ! « Pauvre France ! » comme dirait Mimiquet. Nous discutions de cela pas plus tard que cet après-midi avec l’ami Béraud qui me faisait remarquer que la situation inimaginable dans laquelle nous nous trouvions plongés nous transformait tous en chauffagistes amateurs. Il a changé il y a deux ans sa vieille chaudière à mazout avec thermosiphon1 pour une chaudière à granulés de bois dernier cri (il a les moyens !) et maintenant, il craint de n’avoir ni suffisamment de granulés pour sa chaudière ni assez d’électricité pour la pompe qui fait circuler l’eau ! « Cela serait simplement gênant », me disait-il, « si ça n’illustrait pas l’inconséquence de notre société. On a décidé de se passer de l’énergie nucléaire pour toutes sortes de bonnes ou de mauvaises raisons sans avoir de solutions de remplacement disponibles et suffisantes. Disponibles et suffisantes par rapport aux besoins immédiats de la population. Il est possible que les détracteurs du nucléaire n’aient pas imaginé qu’un bruit de bottes pouvait, en faisant s’envoler les prix des différentes sources d’énergie, appauvrir la société et l’obliger à modifier ses comportements. C’est possible. Mais ce n’est pas certain car cela ne va-t-il pas dans le sens de ceux qui veulent changer la société en organisant la décroissance ? »
Cela m’a rappelé ce que vous me disiez lorsque vous êtes venus pour les vacances de la Toussaint, devenues, soit dit en passant, vacances d’automne dans notre société christianophobe et non plus simplement laïque. Les affrontements auxquels donnaient lieu les aménagements de réserves d’eau à Sainte-Soline dans les Deux Sèvres vous avaient mis mal à l’aise. Vous comprenez qu’il faille préserver les ressources naturelles mais l’attitude qui consiste à s’opposer à tout aménagement vous paraît comporter sa part de dogmatisme mais aussi de danger. Vous concevez aisément que, dans la mesure où nous avons bien assez et peut-être même trop, il soit préférable, pour préserver nos ressources, de consommer mieux et moins, en évitant cependant d’enclencher la mécanique de la décroissance car on ne sait où elle nous mènerait. « Mais ce sont des préoccupations de nantis, disiez-vous, car on meurt de faim ailleurs ». Utiliser des produits chimiques voire de nouvelles semences vaudra bientôt à qui s’aventurera dans cette voie un lynchage qui risque de pas être seulement médiatique. Je vous avais raconté les difficultés qu’avaient rencontrées au xviie siècle les promoteurs du développement de la culture de la pomme de terre à qui on reprochait de transmettre la lèpre et d’épuiser les sols… Vous vous souvenez sans doute de la visite que nous avons faite du Jardin médiéval de Salagon2 et de l’émotion qui nous avait saisis en prenant conscience du nombre restreint de variétés de légumes et de fruits dont l’Europe disposait avant les Grandes découvertes ; il suffisait d’une ou deux années de mauvaises récoltes d’une céréale essentielle pour que la famine survienne.
Mimiquet, survenu dans ces entrefaites, s’était demandé si la même philosophie qui avait conduit à la mise à l’écart du nucléaire et au risque actuel de pénurie d’électricité ne pouvait pas causer l’apparition de famines dans des pays qui s’aviseraient d’en rester à une agriculture traditionnelle censée être vertueuse. Vous lui avez fait remarquer que la vertu ne résisterait pas à la pression démographique.
Tandis que nous devisions avec Béraud, Gastinel est arrivé pour nous montrer les raquettes à neige qu’il venait d’acquérir – alors même, l’a plaisanté Béraud, que ses anciennes raquettes étaient encore en bon état – il s’en était tiré en affirmant qu’avec celles-ci son pied était mieux tenu et qu’à son âge, n’est-ce pas, on ne plaisantait pas avec la sécurité ! Nous demandant de quoi nous parlions, il nous a, de façon abrupte, asséné que nous discutions sur le sexe des anges. Pour lui, que l’on s’engage dans une démarche de décroissance ou dans une politique de croissance, que celle-ci soit vertueuse ou pas, les ressources nouvelles ainsi dégagées seront toujours dévorées par la croissance démographique dont le freinage n’est pas une priorité pour les moins averties des populations les plus pauvres.
Faute de trouver immédiatement une solution à ce problème brûlant, nous l’avons complimenté pour ses raquettes, nous coulant dans le moule de ceux qui, étant censés savoir, savent surtout détourner la conversation.
Pour ces mêmes raisons, je ne pense pas que nous reprendrons ce débat lorsque vous viendrez nous voir. Mais nous avons par ailleurs tant à nous dire !
J’attends votre coup de téléphone pour craquer l’allumette.
Je vous assure de nos sentiments les plus cordiaux.

P. Deladret

  1. Thermosiphon : système dans lequel la circulation de l’eau est assurée par la différence de température entre celle de l’eau qui sort de la chaudière et celle qui y retourne refroidie.
  2. Salagon, prieuré et jardins, à Mane près Forcalquier.
2022-12-12T09:54:50+01:00

Édito Janvier 2023 > Jésus, un migrant

La sculpture reproduite ici a été installée sur la place St-Pierre à Rome à la demande du pape François, touché par ce symbole de la misère des rescapés de la migration, qui nous rappelle aussi le nombre immense de celles et ceux qui n’ont pas survécu aux dangers de ces traversées risquées. C’est une invitation à ne pas détourner le regard et à ne pas oublier toutes les personnes qui sont dans des situations de grand danger et d’extrême pauvreté, qui fuient leur pays, non par facilité mais pour survivre, acculées par un contexte insupportable… Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on quitte tout, au péril de sa vie, en acceptant des conditions d’exil inhumaines. Quelle désolation de constater comment ces personnes sont rejetées dans les pays qu’ils ont espéré devenir un refuge…

Dieu se fait pauvre
Pour les chrétiens, il est important de comprendre que Dieu ne se contente pas de prendre soin des plus petits ; avec Jésus il va encore plus loin. Non seulement il se fait proche d’eux mais il se fait l’un d’eux. Nous l’avons célébré à Noël : Dieu se fait homme dans des conditions d’extrême pauvreté et de grande précarité. Tout au long de sa vie publique, Jésus a vécu comme un vagabond, il a partagé la vie des pauvres et des petits, il a été associé à la part de la population la plus méprisée, et il a été condamné à subir le supplice réservé aux pires criminels de son temps. La victoire du Christ contre la mort, le mal suprême, est donc celle de tous les pauvres et de tous les petits. C’est aussi la nôtre, car, si nous nous regardons de manière objective, nous pouvons découvrir que nous sommes aussi des pauvres et des petits, même si nos misères sont plus cachées.

Rencontrer Dieu 
dans les pauvres
Pour les chrétiens, les plus pauvres et les plus petits ne sont pas seulement les sujets d’une attention charitable particulière, mais ils sont pour nous la figure même du Christ qui nous montre le visage de Dieu. En allant à la rencontre des plus petits, les chrétiens vont à la rencontre de Dieu. Les pauvres sont l’incarnation de Dieu. Cette compréhension devrait être pour nous une révolution, au sens fort du terme : une conversion totale de notre regard sur Dieu et sur les hommes. Cela devrait transformer toutes nos interactions humaines, nos conceptions de la société, de la justice, de la collectivité. Nos fonctionnements politiques, professionnels, judiciaires, économiques seraient totalement différents. Nous sortirions des rapports de force qui polluent nos manières de vivre ensemble. Nous arriverions naturellement à trouver des solutions aux problèmes environnementaux, écologiques et sociaux actuels qui traumatisent notre monde. Nous saurions faire les efforts nécessaires pour plus de justice, d’égalité, de sobriété et de fraternité.

Dieu est présent dans chacune de nos vies
Cette Bonne Nouvelle est à la portée de tous, mais il y a encore énormément de résistances en nous. Nous pouvons comprendre la révolution du message de l’Évangile, et pourtant nous n’arrivons pas encore à la mettre en pratique. Il y a un combat qui se joue en nous, ainsi que dans nos structures humaines et ecclésiales. Personne n’est épargné par cette difficulté à incarner l’amour de Dieu. Heureusement, pour mener ce combat, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Dieu est présent dans chacune de nos vies, quelles que soient nos cultures, nos histoires, nos conditions de vie, il veut se donner à tous. C’est bien le symbole de la grande fête de l’Épiphanie si chère à notre Œuvre et dont le tableau placé au chœur de la chapelle illustre le message. Autour de Jésus et de ses parents est rassemblée l’humanité tout entière : les pauvres, les étrangers, les ennemis, les riches, les soldats… Et pour chacune et chacun d’entre nous cela veut dire que Dieu vient nous rencontrer au cœur de nos pauvretés, non pour nous condamner mais pour nous rétablir dans une juste relation d’amour avec lui.

Olivier

2022-12-12T14:29:22+01:00

L’Évangile du mois de janvier 2023

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :  « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. ».

Le contexte
Nous lisons un extrait du sermon sur la montagne qui est un peu le discours-programme de Jésus au début de l’Évangile de Matthieu. Jésus aborde ici un sujet ô combien d’actualité, celui de la réaction à avoir en cas de conflit.

Vous avez appris… 
Moi, je vous dis…
Jésus semble se situer en contradiction avec les paroles de l’Ancien Testament. Il risque une parole personnelle qui témoigne de sa pleine liberté. En fait, il ne se place pas en opposition avec sa foi juive et la Loi qu’il pratique mais ses paroles sur l’amour des ennemis visent au plein accomplissement de la Loi.
Tu veux vraiment accomplir la Loi juive, tu veux véritablement respecter ce que Dieu te demande, alors n’en reste pas à une observance scrupuleuse qui est un cadre nécessaire mais fais un pas de plus : Aime ton ennemi. Ce pas de plus, est celui que Jésus a fait durant sa vie.

Aimer son ennemi,
pourquoi cela vient-il si tard ?
Dieu est un bon pédagogue. De la même manière qu’une maman ne va pas donner à son enfant une nourriture solide dès la naissance de son petit, Dieu nous propose un enseignement progressif. D’abord, la loi du talion (voir mot du jour) puis la loi de l’amour total. Il aurait été inimaginable que Dieu exige cela de l’être humain dès le début, la société n’aurait pas été prête à accueillir cela. Dieu s’est adapté à la culture dans laquelle il s’est rendu présent pour progressivement nous amener plus loin.
Tendre la joue, aimer son ennemi, serait-ce possible ?
Jésus de façon provocatrice nous invite à casser la logique du mal. Je te fais mal, tu me fais mal, on se fait la guerre… À un moment, il faut bien qu’un processus de paix voit le jour, c’est cela tendre l’autre joue. Et en pratique, cela marche ; regardez Gandhi en Inde ou Martin Luther King aux États-Unis.
Tu m’as fait (du) mal mais je ne veux pas que cela continue. Alors, j’accepte de ne pas te le rendre pour que cette situation cesse. Même si, par conséquent, je dois vivre une forme d’humiliation. Que ce soit dans nos familles, entre des pays, la paix est à ce prix.

Les paroles de Jésus t’agaceraient-elles ?
Bien évidemment, ce type de paroles peuvent nous agacer. D’abord, parce qu’on se sent si loin de cet idéal évangélique et, en même temps, on sait bien que si tout le monde agissait de la sorte, nous vivrions dans la paix et l’amour. Nous savons ce qu’il faut faire mais nous ne le faisons pas parce que nous attendons que l’autre fasse le premier pas. En fait, c’est cela qui est agaçant. Jésus appuie là où cela fait mal. Incapables de pardonner, nous nous faisons du mal. Dommage !

Attention !
La crise des crimes, délits et abus dans l’Église nécessite que nous comprenions bien les paroles de Jésus. La justice doit être appliquée et tendre l’autre joue ne consiste pas à taire les actes ou attitudes que l’un ou l’autre a pu me faire subir. Il ne peut y avoir de véritable paix sans justice. Jésus demande dans ce discours de casser la spirale mortifère du mal, de la violence. Pour cela, porter plainte est une attitude profondément évangélique qui rend possible la fin de cette violence.

Pour actualiser
Vivre l’Évangile c’est aller à contre-courant. Aimer son ennemi, prier pour lui non pas parce que c’est mon ennemi mais parce que Jésus a versé son sang pour tous, pour moi, pour lui, c’est suivre notre divin maître. Cela ne peut se vivre que dans la prière. C’est difficile mais possible, il suffit d’essayer.

Didier Rocca

Le nom du mois : talion
La loi du talion, consiste en la réciprocité du crime et de la peine. Cette loi (« Œil pour œil, dent pour dent ») caractérise un état intermédiaire de la justice pénale entre le système de la vendetta et le recours à un juge impartial et désintéressé.

2022-12-12T09:53:32+01:00

Camp Toussaint 2022 > les Benjamins

Les Benjamins à Carabelle

Il était une fois les Benjamins, un groupe de jeunes partant 5 jours à l’aventure à Carabelle. Voici leur carnet de bord:
Jour 1 : après une petite mise en place du camp (règles de vie, installation dans les chambres), les Benjamins ont rencontré deux braqueurs qui avaient besoin d’aide. Grâce à une épreuve de mémorisation, ils ont pu embaucher plein de mini-braqueurs. Une bonne nuit et on repart pour une nouvelle journée.
Jour 2 : cette fois-ci les Benjamins sont devenus des profs pour une matinée ! Ils ont appris à franchir des obstacles dans les couloirs pour aller boire le café le plus rapidement pendant la pause, puis se sont affrontés pour atteindre le plus haut grade possible de la profession. L’après-midi, des extraterrestres sont arrivés sur Terre pour élever le niveau cosmique des humains. Un tournoi sportif a également été organisé. Au programme : foot, basket et pétanque ! Le soir, deux pirates se sont disputés le territoire de Carabelle.
Jour 3 : journée de retrouvailles pour nos Benjamins ! En effet, Peabody et Sherman, qu’ils avaient déjà vus lors de la sortie de démarrage, sont revenus les voir. Ils ont pris le Chronomat afin de voyager dans le temps, direction l’Égypte ancienne ! Ils ont fait la rencontre de Jules César et sa servante nommée Servitum ainsi que celle de Cléopâtre et de son serviteur Tapiis, tous en plein conflit. Les Benjamins ont réussi, au fur et à mesure de la journée, à faire régner la paix entre les deux peuples. Ils ont également fait le plein de connaissances sur les deux cultures, assez similaires finalement. Le soir, après un banquet offert par la reine Cléopâtre, Peabody et Sherman ont raccompagné les Benjamins à Carabelle à l’aide de leur Chronomat.
Jour 4 : deux enfants, Léo Fédodo et Théo Dore, ont demandé aux Benjamins de les aider à se motiver pour se réveiller et commencer la journée du bon pied. Sur cette lancée, Stella, fan de roller, et Tristan, skateur d’exception, se sont affrontés pour savoir qui était le boss du skate-park. Plus tard, les Benjamins ont cuisiné des pizzas qu’ils ont partagées pour fêter la fin du camp. Une boom a été concoctée par les animateurs à base de jeux, de bonne humeur, de bonne musique et plein de bons souvenirs !
Jour 5 : dernier jour de l’aventure… Les Benjamins ont préparé le départ (ménage, bilan…). Les KD’s les ont rejoints et, après le déjeuner, des vendeurs sont venus à leur rencontre pour préparer le Black Friday !
C’est sur ces derniers moments pleins de sourires que s’achève ce super camp de Toussaint entre Benjamins.
Un grand merci à Robert, Corinne, Monique et la mascotte, Buzz le chien, ainsi qu’à tous ceux qui ont participé à ce camp.
Les animateurs vous attendent nombreux pour le prochain !

Octave

2022-11-16T21:34:59+01:00

Lettre du Villard – novembre 2022

Lettre du Villard

Le Villard, le 15 novembre 2022

Bien cher ami,
Vous avez attiré mon attention, dans votre dernière lettre, sur une phrase de Mgr Rodhain1 soulignant que « les idées sont liées aux mots ; si on perd les mots, on risque de perdre les idées ». Vous notez que notre langage courant étant de plus en plus étroit, il n’est pas à exclure que, faute de mots pour porter nos idées, celles-ci ne soient de plus en plus sommaires. D’après le linguiste André Bentolila, dites-vous, 10 % de la population n’utiliserait que 400 à 500 mots, alors que la frange la plus cultivée de la population en maîtriserait plus de 8 000. Étonnez-vous, donc, soulignez-vous, que ceux qui n’ont pu acquérir un large langage aient plus de difficultés que d’autres pour penser par eux-mêmes. Je suis a priori assez d’accord avec votre remarque et j’en faisais part hier à Me Béraud avec qui nous promenions pour repérer le troupeau de bouquetins qui en cette saison descend le vallon de Chillol. Notre ami a cependant pris l’exemple de Mimiquet qui ne doit pas maîtriser plus de 500 mots mais dont le jugement est rarement pris en défaut. Il m’a fait facilement admettre que l’étroitesse du langage avait sans doute plus d’effet sur la pensée spéculative que sur la faculté de raisonner. Gastinel, qui nous avait précédés, nous attendait assis sur un rocher ; il prend en effet depuis quelque temps un peu d’exercice, dans l’espoir de retrouver une agilité de chamois lorsqu’il chaussera les raquettes. Nous ayant demandé de quoi nous discutions, il releva que s’il ne pouvait définir les raisons de l’appauvrissement de notre langage actuel, il lui semblait incontestable que les idées qu’il véhiculait perdaient beaucoup de sens du fait de l’étroitesse du vocabulaire. « De fait, dit-il, le langage est devenu manichéen et les idées vont avec. Voyez comme, dans le domaine politique, on glisse sans s’en trop rendre compte, en suivant la langue des médias, de progressiste à réformiste puis à révolutionnaire, voire à anarchiste. De façon symétrique, on relève dans le langage courant de moins en moins de différence entre conservateur et passéiste, qu’on englobe dans la catégorie des réactionnaires, autrement dit, pour satisfaire au besoin de simplification, des fascistes ».
Vous m’aviez déjà fait remarquer que les modes de raisonnement, les systèmes de pensée, les idées qui avaient mis des siècles pour se décanter, s’affiner et s’enrichir sont rabotés par un langage sommaire qui exclut la nuance. J’ajoute que le hasard ne peut seul rendre compte de ce qui est, de ce que nous connaissons. C’est le produit d’une histoire, d’une culture, de débats, de luttes. Ce qui paraît marqué du sceau de l’évidence n’est pas, non plus, le seul effet d’accidents. Il est sans doute dans l’essence même de l’homme de faire sienne la démarche prométhéenne2 et de vouloir aller au-delà de sa nature pour devenir l’égal des dieux. Béraud, avec qui nous parlons de cela assez souvent (et qui considère que la désobéissance de Prométhée n’est pas sans rappeler celle d’Adam qui voulut acquérir la connaissance qui l’apparenterait à Dieu), comprend volontiers que l’homme entende en permanence élargir le champ des possibles. « Encore faudrait-il, dit-il pour nuancer son propos, qu’il applique le principe de précaution – qu’il n’invoque que quand cela lui convient – et évite de s’engager dans des voies dont l’issue est, si l’on peut dire, nettement incertaine. Certains savants atomistes ne se sont-ils pas repentis d’avoir participé à la mise au point de la bombe atomique ? Quelles seront, poursuivit il, les conséquences des travaux dans le domaine de la génétique ? Ne va-t-on pas nous trouver un jour de bonnes raisons pour commencer à donner au clonage l’expansion à laquelle certains aspirent ? Et quelles vies auront les êtres humains sans père ni mère lorsqu’ils apprendront qu’ils sont issus de mélanges aléatoires de cellules en laboratoire. Rien ne dit que leur situation sera dramatique, mais engager des humains dans cet inconnu me paraît méconnaître un principe de précaution élémentaire. Dans un autre domaine, que peut-il advenir d’une société où de façon concertée, méthodique, voire philosophique, on trouve de bonnes raisons pour progressivement lever les barrières qui faisaient qu’on ne hâtait pas la mort des gens malades ou âgés ? Le meilleur moyen de ne pas s’exposer à des risques collatéraux et imprévus ne serait-il pas d’éviter de faire un premier pas dans cette voie ? Tout ceci pour rejoindre l’opinion de notre ami selon laquelle, si les pratiques de notre société sont ce qu’elles sont, ce n’est pas toujours par hasard. Il me paraît préférable, avant de modifier le cours des choses, de se demander pourquoi et comment on en est venu là. »
« Pourquoi et comment en est-on venu là ? Intervint Gastinel. Je me posais la question dans un tout autre domaine, en lisant que nos bons apôtres politiques s’indignent de l’usage que le gouvernement fait ces temps-ci de l’article 49-3 de la Constitution qui permet de considérer comme adopté un texte lorsqu’une majorité n’a pu se déclarer contre lui. On en vient là, me semble-t-il, parce que la volonté de parvenir à un consensus est étranger à notre culture électoraliste où l’on tient essentiellement à ce que les militants voient bien que les élus restent partisans. Alors, dans leur grande sagesse, les constituants ont prévu que s’il n’était pas question d’escamoter les débats, il fallait pouvoir, lorsque tout le monde s’était bien exprimé, siffler la fin de la récréation et éviter les dérives de la IVe République. C’est d’ailleurs celle que d’aucuns voudraient rétablir sous le nom de VIe République… »
« E pur, si muove ! »3 me dis-je en écoutant Gastinel. Il m’était revenu en mémoire ce que vous me disiez dans votre lettre et qui paraît une citation de Mgr Rodhain : « Ce ne sont pas les conflits qui m’étonnent mais plutôt les harmonies et les accords qui toujours m’émerveillent ».
Écrivez-nous souvent ; nous avons tant besoin de vos émerveillements !
Nous vous assurons de notre amitié.

P. Deladret

  1. Jean Rodhain, 1900-1977, ecclésiastique, un des fondateurs du Secours catholique.
  2. Prométhée : dans la mythologie grecque, titan ayant volé le feu aux dieux pour le donner aux hommes qui en étaient dépourvus.
  3. « Et pourtant, elle (la Terre) tourne ! » Attribué à Galilée qui relativisait ainsi son abjuration.
2022-12-12T09:55:08+01:00

Édito Décembre 2022 > La joie de partager

Le démarrage d’une nouvelle année avec des jeunes qui s’engagent dans l’animation aux service des plus petits est toujours un émerveillement. En particulier pour ceux qui ont la chance d’avoir connu ces nouveaux animateurs dans leurs jeunes années, puisqu’ils ont eux-mêmes été des enfants qui ont fréquenté l’Œuvre et y ont grandi. Quelle joie de voir un jeune prendre de l’envergure, devenir responsable et capable d’engagement, avec le désir de se tourner vers les autres et de rendre service. Beaucoup d’adultes désespèrent de la jeunesse et posent un regard très critique sur les comportements des adolescents de notre époque, mais ce n’est pas notre cas, car nous avons l’immense privilège de partager la vie de jeunes qui nous montrent un tout autre visage : ils sont reconnaissants pour ce qu’ils ont vécu et reçu dans le cadre de l’Œuvre, ils ont compris que le véritable sens de la vie n’était pas dans l’accaparement ou l’égoïsme, mais dans le don et le partage, ils ont découvert la joie de l’engagement et du service. Ils sont effectivement dans un monde difficile, marqué par l’incertitude quant à l’avenir de notre mode de vie, par une croissance infernale et par des enjeux qui leur interdisent l’insouciance qui est habituellement l’apanage de la jeunesse : dérèglement climatique, crises sociales, géopolitiques, sanitaires et financières, augmentation vertigineuse de la population mondiale, réduction ou épuisement des ressources naturelles, mouvements de population à cause des conflits armés et de la grande précarité. Et malgré ce contexte anxiogène qui pourrait entrainer le repli et l’égoïsme, et sur lesquels surfent des courants politiques et idéologiques irresponsables et cyniques, les jeunes restent capables de se révolter, de s’engager, de croire en l’avenir, en eux-mêmes et dans les autres.

Partage et gratuité
Pour ma part, je peux témoigner que cette expérience a été fondatrice pour ma vocation de religieux et de prêtre : j’ai compris, grâce à l’animation, que le véritable sens de la vie est dans le partage. J’ai découvert, en étant animateur à 16 ans, combien il y avait de joie à avoir une vie tournée vers les autres. Cette expérience m’a ouvert au discernement vers la vie religieuse et l’ordination comme prêtre. Jusque-là, les gens importants pour moi, et pour qui j’étais important, étaient les membres de ma famille proche, et Dieu sait qu’ils m’ont donné de l’amour et des repères par leur éducation. Avec ces racines profondes j’ai découvert le véritable visage de Dieu, sa bonne nouvelle et sa proposition d’une vie belle et épanouie habitée par la force de son amour. Mais, avec l’expérience de l’animation, j’ai eu l’impression d’ouvrir une porte et de découvrir le monde réel, non comme un monde dangereux et effrayant, mais comme un formidable lieu d’épanouissement, de découverte et de partage. Quelle explosion de sentiments positifs que de contribuer à la joie des jeunes, à leur épanouissement, à leur croissance ! Jamais ma vie n’avait eu autant de sens que dans cette expérience de l’engagement gratuit au service des jeunes de l’Œuvre. Après cela, j’ai cherché à mettre en œuvre dans mon existence cette nouvelle réalité : une vie n’a de sens que dans le don. Mais en écrivant cela je ne suis pas assez précis, car ce terme de « don » peut être compris comme unilatéral et ne rend pas témoignage à la véritable découverte : en fait celui qui donne reçoit plus que ce qu’il donne, surtout s’il est dans une démarche de don « gratuit ». La contrepartie, bien que non-financière, est largement plus grande que ce qui est donné. Il est donc plus précis de dire que la vie n’a de sens que dans le partage, en particulier quand il est sans calcul et sans arrière-pensée. C’est lorsqu’on décide de ne rien recevoir en échange que ce que l’on reçoit est le plus grand. Si tout le monde avait la chance de faire cette découverte, alors même les personnes les plus égoïstes feraient le choix d’une vie de partage, de solidarité et de fraternité, car ils y gagneraient le maximum, bien plus que dans la recherche des biens matériels, dans les plaisirs éphémères ou dans le pouvoir sur les autres.

Le véritable sens de la vie
À bien y réfléchir, l’égoïsme, le repli identitaire et la méfiance des autres sont des formes de pauvreté. Les personnes qui sont dans cette logique négative passent à côté de leur vie et de l’authentique sens de l’existence. Le Christ, Dieu fait homme, n’a eu de cesse de faire comprendre cela à l’humanité et a mis en œuvre cette réalité dans sa vie et dans toutes ses relations. Il nous dit que Dieu nous aime et désir pour nous une vie de partage et d’amour. L’Église a toujours eu à cœur de répondre aux urgences de son époque, et c’est l’origine de la création, en leur temps, des institutions de santé, d’éducation et de solidarité qui ont fait la fierté des chrétiens. Aujourd’hui la plupart des urgences humanitaires et sociales sont prises en charge par les institutions publiques, et c’est une excellente chose, mais pour la question du sens de la vie, du partage et de la fraternité, il y a une urgence à laquelle l’Église peut apporter une réponse et une contribution. C’est sur ces questions et leurs conséquences que les croyants sont attendus et doivent s’engager. Et comme par effet domino, les préoccupations de notre temps seront prises en compte, puisque par solidarité et par fraternité, l’humanité va trouver des solutions pour lutter contre les inégalités, la pauvreté, l’épuisement des ressources, la violence…

Olivier

2022-11-16T08:44:21+01:00