Spiritualité

Édito janvier 2024 > Le sens de l’Épiphanie

Depuis les débuts de l’Œuvre, Jean-Joseph Allemand, son fondateur, a proposé que la solennité de l’Épiphanie soit la plus grande fête pour les jeunes qui fréquentent la maison. Nous la célébrons encore de nos jours avec fidélité, et nous lui donnons un sens qui peut accompagner les jeunes vers une meilleure compréhension de ce que Dieu vient vivre avec chacun de nous en se faisant proche par l’humanité de Jésus.

Union entre le ciel et la terre
À Noël, nous comprenons que Dieu vient habiter notre terre, qu’il noue une relation avec nous, non pas en surplombant notre humanité – soit par le jugement soit par la condescendance – mais en venant partager notre condition, en choisissant de s’identifier aux plus petits, aux plus pauvres et aux plus méprisés. Ainsi aucune femme ni aucun homme ne peut penser qu’il est indigne de la rencontre avec Dieu, puisqu’il a fait le choix de ne pas mettre de distance morale ou sociale avec les personnes qu’il a rencontrées. Dans les récits de la nuit de Noël, ce sont les bergers, les plus bas dans l’échelle sociale de l’époque de Jésus, qui sont montrés comme prenant le relais des anges, les plus haut placés dans la hiérarchie céleste, pour annoncer la naissance du Messie, et pour chanter sa gloire aux personnes venues découvrir ce qui se passait dans l’étable de la nativité. Symboliquement, il n’y a plus de séparation entre le monde de Dieu et le monde des hommes, entre le ciel et la terre, entre le haut et le bas.

Union entre les hommes
À l’Épiphanie, ce sont des mages venus d’Orient – des savants étrangers – qui viennent rendre hommage à Jésus comme prince de la paix. Ils lui offrent des cadeaux en signe d’adoration, et par leur présence, nous donnent de comprendre que le message de Dieu incarné dans l’enfant de la crèche est universel et qu’il abolit les murs de séparation entre les hommes. Jésus, tout en étant un enfant juif, né dans une famille juive et totalement pétri de la foi biblique, nous montre que la vocation du peuple hébreu, aujourd’hui comme hier, est d’être un signe de l’alliance de Dieu avec toute l’humanité, alliance qui ne se réduit pas au peuple juif ou aux bons pratiquants. On peut dire la même chose de l’Église catholique : sa vocation est d’être le signe et le moyen de la relation de Dieu avec tout le monde, sans aucune limite. Elle n’a pas pour vocation de se préoccuper de son fonctionnement ou de sa survie, elle doit être focalisée sur l’accompagnement de la rencontre de l’humanité avec Dieu qui fait le premier pas vers elle. Pour Dieu, nous sommes tous des filles et des fils d’adoption, aimés et accompagnés, guidés et encouragés, appelés à répondre à son alliance en mettant l’amour au cœur de notre vie et dans nos relations avec les autres.

Mise en œuvre pour nous aujourd’hui…
Pour les jeunes de l’Œuvre, cela peut se déployer de diverses manières dans leur vie. Entre autres, en les invitant à comprendre qu’il n’y a pas plusieurs dieux, mais un seul, qu’il est le même pour tous, et que toutes les religions, à leur manière, avec des textes, des rites et des discours différents, sont des moyens pour aider les hommes à mieux comprendre Dieu et à entrer en relation avec lui. De ce fait les jeunes peuvent comprendre que les guerres de religions n’ont pas de sens et qu’il ne devrait pas y avoir de concurrence entre les croyants, sauf celle de la charité ; comme le disait un aumônier juif lors d’une rencontre interreligieuse avec des jeunes : « Si tu veux me prouver que ta religion est la meilleure, alors montre-moi ce que tu fais de bien pour les autres, c’est cela seul qui compte aux yeux de Dieu, et sûrement pas de te battre contre les autres en son nom ! »
Autre éclairage pour les jeunes de l’Œuvre, grâce aux fêtes de la Nativité et de l’Épiphanie : l’accueil du pauvre et de l’étranger. Ils sont présents dans ces récits et leur place est mise en valeur de manière très insistante pour nous faire comprendre que c’est un véritable choix de la part de Dieu. Il désire que tout le monde se sente en capacité d’être rejoint par lui, surtout ceux qui seraient pointés du doigt comme indignes, exclus ou trop mauvais. Personne n’est indigne de la relation et de l’amour de Dieu qui ne fait pas de frontière entre les hommes. Pour nous, cela veut dire que nous nous devons d’être les instruments de ce désir de Dieu de signifier la dignité de toute personne et de travailler à la fraternité universelle sans exclusion. Si nous faisons partie d’un groupe, d’une communauté, d’une religion, d’une Église, ce n’est pas pour nous séparer des autres et mettre des frontières entre nous, c’est pour mieux nous donner les moyens de comprendre et d’expérimenter la fraternité afin de pouvoir lui donner une dimension universelle.
Encore un autre éclairage qui peut nous guider dans toute notre vie, c’est l’abolition de la séparation entre le monde de Dieu et le monde des hommes. Nous ne sommes pas des individus cloisonnés, ni entre nous ni en nous. La dimension spirituelle et religieuse n’est pas séparée de la dimension sociale et politique de notre existence. Les deux registres, bien que très différents, interagissent et sont les deux mouvements d’une même respiration. Notre relation à Dieu nous donne de nous transcender et de donner un sens à notre existence en comprenant qu’elle est unique, impérissable et précieuse, car nous sommes aimés de manière absolue ; et notre relation aux autres est le lieu de la mise en œuvre concrète et incarnée de cet amour. Notre réponse à l’amour reçu de la part de Dieu, c’est d’aimer à notre tour toutes celles et tous ceux qu’il nous est donné de rencontrer au long de notre parcours de vie.

Olivier

2023-12-22T08:50:43+01:00

L’Évangile du mois de janvier 2024

Le 14 janvier, ce sera la grande fête de l’Œuvre mais ailleurs, dans le monde entier, nous célèbrerons le 2e dimanche du temps ordinaire avec un bel Évangile écrit par saint Jean.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Le lendemain, Jean-Baptiste était là de nouveau, et deux de ses disciples étaient avec lui. Jean-Baptiste fixa son regard sur Jésus qui passait et il dit : « Voici l’agneau de Dieu. » Lorsque ces deux disciples l’entendirent, ils allèrent et suivirent Jésus. Jésus se retourna et vit qu’ils le suivaient ; alors il leur dit : « Que cherchez-vous ? »
Ils lui dirent : « Rabbi (c’est-à-dire Maître), où demeures-tu ? » Jésus leur dit : « Venez et vous verrez ! »
Ils vinrent donc pour voir où il restait, et ce jour-là ils demeurèrent avec lui. Il était environ quatre heures de l’après-midi. L’un de ces deux disciples qui avaient écouté Jean et avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon-Pierre. Il alla d’abord trouver son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie ». Et il l’amena à Jésus. Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képhas » (ce qui veut dire Pierre).

Le contexte
Nous sommes au début de l’Évangile de Jean, au lendemain du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain. Et le « Verbe fait chair » ne perd pas de temps puisque ce passage raconte l’appel de ses trois premiers disciples.

Jésus passait…
Les disciples de Jean-Baptiste sont comme nous, en recherche de la Vérité, ils marchent mais ils sentent bien que Jean-Baptiste n’est qu’un intermédiaire qui va leur faire découvrir quelqu’un de plus grand encore. C’est sans mérite de leur part qu’ils rencontrent Jésus. « Jésus passait » nous dit-on. C’est son œuvre principale, passer et nous faire passer avec lui de la mort à la vie.

Où demeures-tu ?
La question des disciples est étonnante. Si tu avais Jésus face à face, quelle question lui poserais-tu ?
Certainement pas celle du lieu où il demeure. Et pourtant, la demeure de Dieu qui intéresse tant les deux disciples est un thème très présent dans la Bible. Pour les juifs, c’est à Jérusalem, dans le Temple, que Dieu trouve son « repos ». C’est là que l’on viendra adorer Dieu et offrir des sacrifices. Plus tard, le peuple sera déporté et le temple détruit. Dès lors on comprendra mieux, ce que l’on sentait déjà confusément : Dieu est là où je me trouve si toutefois j’accepte de l’accueillir. Comment ? En accueillant les autres. Cette « réunion » fraternelle n’est pas forcément concrète : l’amour peut se vivre par la prière. Cette fraternité prend visage dans notre communauté rassemblée à la messe.

Un autre passage…
On va passer de l’Ancienne Alliance (les disciples du Baptiste en sont encore là) à la Nouvelle. « Venez voir », leur dit Jésus. Remarque l’abondance du verbe « voir » dans ce récit : on passe de l’audition à la vue, ainsi on entre dans la demeure de Dieu. Bientôt, il faudra en sortir et, plus tard, aller par le monde pour annoncer un Christ redevenu invisible puisque ressuscité. Le nouveau temple échappe au regard et n’est plus localisable. Il est fondé sur le Oui de Pierre.

Une nouvelle fraternité
Tu remarqueras que cette nouvelle fraternité autour de Jésus se constitue à partir d’une fraternité humaine puisqu’André et Pierre sont déjà frères. Jésus ne supprime pas les liens familiaux, il les élargit à la famille humaine.

Pour actualiser
« Venez et voyez » dit Jésus. Sois attentif cette semaine à ce que Jésus fait pour toi. Dans un même mouvement, communique à tes proches ces découvertes. C’est cela l’évangélisation qui passe toujours par le témoignage ! Ce n’est pas faire de la communication ou de la publicité pour Jésus mais c’est le laisser rayonner dans ta vie et par conséquent, donner à voir cette joie que tu portes !

Didier Rocca

Le nom du mois : agneau
De nos jours, l’agneau évoque un animal bien fragile, tout juste capable de bêler. Pour les disciples de Jean, l’agneau évoque immédiatement l’agneau pascal, égorgé et consommé la veille du départ d’Égypte vers la Terre promise. Cet animal évoque aussi la protection de Dieu : l’ange exterminateur qui viendra ravager l’Égypte passera (Pâque signifie passage) sans donner la mort devant les portes des Hébreux, marquées du sang de cet agneau. C’est donc à la Pâque que renvoie le thème de l’agneau. C’est dans le Christ que va se réaliser tout ce que l’agneau biblique préfigurait. C’est pourquoi à la messe pour parler de Jésus, on dit : « Voici l’agneau de Dieu… »

2023-12-22T08:53:12+01:00

Édito décembre 2023 > Le prince de la paix

En ce mois de décembre, nous entrons dans le temps de l’Avent qui prépare les célébration de Noël, la grande fête de la nativité du Christ, Jésus (« Dieu Sauve), Emmanuel (« Dieu avec nous »), prince de la paix. Et Dieu sait que notre monde a bien besoin de recevoir cette paix et son prince, tant notre actualité nous donne à assister, souvent impuissants, à la violence et à la guerre ; en Afghanistan, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, au Myanmar, en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie, au Yémen, en Éthiopie, en Ukraine, dans le Haut-Karabakh… Une guerre et un drame nouveau effacent les précédents dans les médias, mais les violences se poursuivent et les victimes s’accumulent. Les raisons sont diverses, idéologiques ou économiques, souvent alimentées par la pauvreté, la frustration et l’injustice, mais le résultat pour les populations civiles est dramatique, les poussant à un exode risqué et contribuant à ajouter de la misère à la misère lors de leur arrivée dans des contrées où ils ne sont ni bienvenus ni bien accueillis.

Difficile solidarité
Le pape François, lors de sa venue à Marseille en septembre, n’a cessé de nous sensibiliser à cette question et nous invite à ne pas rester inactifs face à ces drames qui défigurent l’humanité. Mais comment agir dans le contexte de ces conflits qui ont des racines profondes et qui semblent insurmon-tables ? Il n’y a pas de solution miracle, mais nous pouvons nous associer les uns aux autres pour changer notre manière de nous comporter avec celles et ceux qui, autour de nous, proches de nous, traversent des épreuves. Une illustration frappante nous a été offerte lors de l’accueil des réfugiés ukrainiens au début de l’invasion de leur pays par l’armée russe : ils sont arrivés en masse aux portes de nos pays d’Europe de l’ouest, et pourtant leur prise en charge n’a pas été problématique. Certains diront que c’est parce que le choc culturel avec eux n’était pas trop grand, d’autres que c’est parce que nous pouvions nous identifier à eux alors que les rescapés qui viennent de l’autre côté de la Méditerranée nous semblent plus « étrangers », il n’en demeure pas moins que nous avons su être solidaires et contribuer, chacun à notre mesure, à l’accueil et à la solidarité. Nous le voyons aussi lors des catastrophes et des grands accidents : nous sommes capables de fraternité et même de sacrifices dans ces cas d’urgence. Il ne faudrait pas grand chose pour que le partage des richesses soit plus équitable entre les pays riches et ceux en cours de développement ou encore « pauvres », mais nous ne sommes ni prêts ni motivés pour des engagements à moyen et long terme. La sobriété heureuse à laquelle certains nous invitent va dans ce sens, mais nous ne sommes pas encore parvenus au point d’y consentir collectivement.

Jésus nous ouvre la voie
L’incarnation de Dieu en Jésus peut nous aider à comprendre ce qu’il nous invite à mettre en œuvre. Jésus, hormis les miracles qui sont relatés dans les Évangiles et qui ne sont pas très nombreux, n’a pas eu un pouvoir de décision et d’action énorme en son temps. Il n’a pas créé une ONG ni fondé une famille missionnaire, cependant il nous ouvre une voie pour affronter les questions du mal, de la souffrance, de l’injustice et de la mort. Il ne s’est pas dérobé face à ces grands drames qui marquent l’humanité et nous bouleversent. Sa manière de les combattre a été de se faire proche de celles et ceux qui en étaient victimes, d’abord pour leur signifier sa proximité, sa sollicitude. Il a été plus loin dans la solidarité avec les pauvres et les exclus : il a partagé leur condition, il a souffert le rejet et l’exclusion, il a été trahi, condamné, torturé et tué. Il a porté cette misère du monde qui défigure tant de nos frères en humanité, et avec eux il a été victorieux du mal de la mort, il est sorti vivant du tombeau, il est ressuscité. En Jésus, Dieu se fait l’un de nous pour nous faire comprendre que nous sommes capables de vivre comme lui, de vaincre le mal, de refuser l’engrenage de la violence, de transformer nos cœurs de pierre en cœurs de chair, capables d’aimer plus que de haïr, capables de solidarité plutôt que de replis sur nous-même.

Changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair
Face aux drames qui marquent notre actualité, tout cela semble bien gentil, mais loin de pouvoir inverser le mouvement de violence et d’injustice qui semble d’une puissance inéluctable. Cependant nous ne pouvons justifier notre inaction par l’énormité de ce qu’il faudrait faire. Chacune et chacun à notre mesure, dans le contexte qui est le nôtre, nous pouvons nous laisser inspirer par le prince de la paix dont nous célébrons l’avènement à Noël. Nous pouvons nous rendre solidaires de celles et ceux qui sont nos prochains les plus fragiles et les plus pauvres, nous pouvons partager de notre superflu, et même peut-être de notre nécessaire. Nous pouvons travailler à changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Nous pouvons aider notre monde à comprendre que les solutions de repli et de haine sont dictés par la peur et l’ignorance mais qu’ils ne sont pas une solution face à l’injustice et à la misère. Nous pouvons être des signes de fraternité et de paix en ces temps troublés et incertains.

Olivier

2023-11-24T15:56:40+01:00

L’Évangile du mois de décembre 2023

Cet Évangile sera lu deux fois ce mois-ci, lors du 4e dimanche de l’Avent, le 24 décembre et le jour de la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge, le 8 décembre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit :« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

Le contexte
Luc construit le début de son Évangile comme deux vies parallèles, celle de Jean-Baptiste et celle de Jésus.
Après avoir raconté, la venue au monde de son cousin alors qu’Élisabeth est avancée en âge, Luc poursuit avec l’annonce de l’ange à propos de la naissance de Jésus. Ainsi, il s’attarde sur ce moment absolument inouï au cours duquel Marie apprend qu’elle va devenir la mère du Sauveur. On l’appelle le récit de l’Annonciation.

Curieux s’abstenir…
C’est un Évangile qui ne nous raconte pas d’abord comment cela s’est passé, le texte ayant été écrit au moins une génération après la mort de Jésus. Peu de détails sur l’ange, sur les circonstances de sa venue. Il n’est pas rédigé pour répondre à notre curiosité mais pour comprendre peu à peu qui est cet enfant, qui est ce Dieu qui surprend même les croyants.

Surprises, surprises…
Quelles surprises pour Marie ! Imaginez un peu… Sa vie semblait toute tracée, un mari, c’était presque fait, des enfants à venir, une famille. Bref, une vie comme pour la plupart d’entre nous, nous l’imaginons. Cette rencontre avec l’ange Gabriel, un messager de Dieu a donc de quoi surprendre.
Première surprise : La salutation d’un ange, c’est le début de l’Ave. « Réjouis-toi, Marie le Seigneur est avec toi ». Cela faisait si longtemps que Dieu s’était tu. Plus aucune prophétie, comme si Dieu devenait absent de notre monde. Et s’il reprend ici la parole, c’est à l’adresse d’une jeune fille que rien ne préparait particulièrement.
Deuxième surprise : L’annonce de l’ange est étonnante. Marie apprend qu’elle va être enceinte et va mettre au monde quelqu’un d’exceptionnel, d’unique…
Troisième surprise : Pour qu’il y ait un enfant, il faut bien un père. Ce sera l’Esprit Saint. Que s’est-il passé dans la tête et surtout dans le cœur de Marie ?
Enfin, une quatrième surprise qui donne du poids à l’annonce de l’ange : sa cousine Élisabeth est aussi enceinte. Tout ce que raconte ce message divin doit être vrai. D’ailleurs comme le dit l’ange en terminant : « Rien n’est impossible à Dieu ».

Qui est cet enfant ?
Notons les expressions qui disent son identité : Jésus (Dieu sauve), grand, fils du Très-haut, recevant le trône de David son Père, saint, Fils de Dieu. Cela fait beaucoup pour un seul homme. Nous comprendrons progressivement le sens de tous ces termes ancrés dans la mémoire biblique.

Pour actualiser…
Cette scène pleine de surprises nous interroge donc sur les événements imprévisibles qui peuvent arriver dans nos vies. Quelle attitude adopter ? Accepter de se laisser déranger par Dieu, par la vie. Accepter que le projet de Dieu dans ma vies ne soit pas celui que j’avais prévu. Marie en a fait les frais, ou plutôt elle a reçu cette grâce de recevoir tant de surprises. Allons plus loin… Il nous faut même accueillir les surprises, les imprévus comme des marques de la présence de Dieu dans nos vies, tel est le programme que Dieu par Marie nous propose aujourd’hui.

Didier Rocca

Le nom du mois : Annonciation
Les annonciations sont des scènes bibliques typiques. Dieu ou un de ses messagers annoncent à quelqu’un une nouvelle incroyable, souvent une naissance. Cette personne fait valoir que ce n’est pas possible. Il lui est alors donné un signe de ce qui doit arriver, aura véritablement lieu. Nous avons lu l’annonciation de l’ange Gabriel à Marie. Il existe dans les Évangiles une annonce à Joseph durant un songe. L’Ancien Testament n’est pas en reste : dans le livre de la Genèse, Dieu annonce à Abraham et à Sara qu’ils auront un enfant. Ces annonciations attestent de la toute-puissance de Dieu : là où il y a la mort, la stérilité, Dieu peut faire jaillir la vie.

2023-11-24T16:06:55+01:00

Édito novembre 2023 > Sainteté & mérite

Sainteté & perfection
Nous célébrons tous les saints au début du mois de novembre, et cela nous donne l’occasion de mieux comprendre ce que le terme « sainteté » recouvre. Dans notre imaginaire, nous associons volontiers sainteté avec perfection et pureté. Pourtant les femmes et les hommes que nous reconnaissons comme saints, qui ont des statues dans les églises et dont les noms sont inscrits dans le calendrier ou sont utilisés pour désigner des villes, des quartiers ou des rues, ne sont pas des personnes sans défaut. On en connait même qui ont eu des vies quelque peu dissolues avant de se convertir. Et même après leur conversion, les saints ne sont pas devenus des anges et ne se sont pas extraits de l’humanité. Si nous considérons que sainteté doit rimer avec perfection, alors personne ne peut l’être et nous pouvons reprendre la formule biblique qui dit que Dieu seul est saint !

Touts appelés 
à la sainteté
La sainteté est un projet pour tous les baptisés. Nous sommes tous appelés à la sainteté, même si nous ne sommes pas parfaits ni irréprochables de notre vivant. La sainteté peut être considérée comme un horizon auquel nous sommes tous destinés et qui s’accomplira au moment de notre résurrection : ce sera la victoire de l’amour dans nos vies, alors que maintenant nous restons défigurés par le mal et le péché. La sainteté est aussi cette direction que peut prendre nos vies quand nous adhérons à cette perspective d’union à l’amour de Dieu et que nous nous y engageons avec toute notre énergie, tout en sachant que nous sommes loin du but. Être saint est alors un chemin, une dynamique, avec un objectif d’union à Dieu qui reste lointain mais certain, car nous ne sommes pas seuls, l’Esprit même de Dieu, l’Esprit Saint, travaille au cœur de notre existence et fait son œuvre en nous. Notre mission de conversion relève donc plus de l’acceptation, de l’adhésion et de l’abandon que de l’effort pour devenir parfaits par notre propres forces. Les saints que nous honorons tout au long de l’année et tous les saints anonymes que nous célébrons le 1er novembre, sont des exemples qui nous sont offerts et qui nous montrent le chemin de la sainteté, chemin de relation à Dieu, chemin de gratuité et d’amour du prochain au cœur d’existences humaines humbles, paraissant parfois banales.

Amour tout puissant
Cette mise en perspective de la sainteté nous aide à sortir de la logique du mérite. Pour être associé à l’amour de Dieu et être en union avec lui, nous n’avons rien à donner en échange, c’est gratuit ! La toute-puissance de Dieu est précisément dans ce premier pas qu’il fait vers nous. C’est l’amour qui est tout puissant en Dieu, il est gracieux et n’a pas besoin de justification ou de contre-partie. Contrairement à ce que nous pourrions penser dans un premier mouvement, la sainteté est plus à recevoir qu’à acquérir. Si les saints ont accomplis de belles choses et ont eu des vies engagées au services des autres, c’est en réponse à ce cadeau d’amour de Dieu, c’est la conséquence de l’action de l’Esprit Saint en eux, et non pas la cause.

La sainteté comme un processus
Nous sommes donc tous invités à emprunter ce chemin de sainteté, de conversion. C’est un processus : 1) accepter que notre vie ne soit pas parfaite, 2) résister au fatalisme qui nous fait penser que nos erreurs, notre péché, sont plus forts que l’amour de Dieu, 3) reconnaître que l’amour de Dieu nous est offert sans limite et sans mérite, 4) nous tourner humblement vers Dieu pour recevoir son amour, qui s’exprime tout particulièrement dans le pardon si nous sommes conscients que nous avons des choses à nous reprocher, 5) nous émerveiller de ce cadeau de gratuité de l’amour de Dieu, 6) répondre à cet amour offert gratuitement par notre manière de mettre en œuvre l’amour dans notre vie et dans nos relations avec les autres, 7) célébrer cette joie de l’expérience de l’amour reçu et donné, 8) témoigner de ce chemin afin que toutes les femmes et tous les hommes ne passent pas à côté de ce cadeau qui transforme la vie et lui donne tout son sens.

Le véritable sens de la conversion
Avec ce processus nous comprenons un peu mieux ce qu’est la conversion. Plutôt que d’évoquer un changement de religion ou des efforts considérables à accomplir pour mériter quelque chose de la part de Dieu, la conversion est un mouvement. Il s’agit de se tourner vers Dieu, de répondre à son appel, à son amour. C’est une dynamique pour toute notre vie, ce n’est pas uniquement moment particulier, bien qu’il y ait de grandes étapes marquantes dans notre chemin de foi et parfois des choix et des retournements radicaux, mais c’est surtout un mouvement permanent vers Dieu, tel le tournesol qui suit le mouvement du soleil et ne cesse de puiser en lui son énergie. Même le croyant le plus engagé dans sa religion est toujours appelé à se convertir à l’amour de Dieu.

Olivier

2023-11-24T15:56:57+01:00

L’Évangile du mois de novembre 2023

Cet Évangile sera lu lors de la fête du Christ Roi de l’univers qui aura lieu le 26 novembre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Et le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

Le contexte
À la fin de l’Évangile, Jésus prononce un discours qui se termine par trois paraboles, celle des Talents, celle des dix jeunes filles sages et celle du Jugement Dernier…

Le faire avant le dire
Jésus parle au futur, mais la scène est à entendre au présent : « Dans notre existence de chaque jour, la vie éternelle est déjà commencée ». Les récits des origines, dans la Genèse, ne disent pas qu’un jour, cela s’est passé ainsi, mais que cela se passe ainsi. De même, cet Évangile ne dit pas qu’un jour, cela se passera ainsi, mais que tous les jours, cela se passe ainsi. À la lumière de ce récit de la fin des temps, chacun peut examiner sa vie présente avec lucidité en se demandant non pas : qu’ai-je penser à tel ou tel sujet, mais : qu’ai-je fait ?

Chèvre ou brebis ?
Ici, pas d’idéologie. Uniquement des actions bien concrètes : donner à manger, donner à boire, visiter les malades, les prisonniers, accueillir les étrangers, habiller ceux qui sont nus. Cette parabole s’adresse à tous, même à ceux qui n’ont pas la foi. Jésus ouvre les portes du Ciel à ceux qui sont capables d’agir avec amour envers leur prochain, leurs proches.

Étonnement…
On peut s’étonner de ces mots qui parlent du Royaume comme d’un cadeau de Dieu, alors que ma représentation de celui-ci me donne à penser qu’il faut le gagner ou le construire…

Construire ou recevoir ?
Ce qui nous est promis comme un don à recevoir, c’est ce que nous aurons essayé de bâtir : de l’amour, de la fraternité… un monde plus humain. La même interrogation est mise dans la bouche des justes et des méchants. Les uns ont servi le Christ sans toujours le savoir. Les autres, sans le savoir, ont refusé de le servir. Ce qui leur est reproché n’est pas leur ignorance, mais l’égoïsme de leur comportement. À quoi me sert ma science des mystères, si je n’ai pas la charité ? dira Paul dans une de ses fameuses lettres.

Un simple constat
On peut entendre les paroles du Christ comme un constat plutôt que comme un jugement : « Tu t’es éloigné de moi ! Va loin de moi, puisque telle est la volonté exprimée par ta vie ! » Alors la prière jaillit comme un cri : « Seigneur, que jamais je ne sois séparé de toi ! » Ceux qui ont choisi la vie s’en iront à la vie sans fin.
Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait
Cette parole du Christ rejoint celle entendue par Paul sur le chemin de Damas : « Je suis celui que tu persécutes ». De ces quelques mots fulgurants découlent tout le message et toute la mission de Paul. Prendre ces paroles au sérieux change une vie. L’autre me dit quelque chose du Christ. Je suis invité à voir dans mon prochain et en particulier dans celui qui souffre une image du Christ. Je peux penser à tel parent, tel voisin, tel collègue de travail… Ceux que j’aime et ceux que je n’aime pas assez… Ceux dont je me préoccupe et me soucie, et ceux que je côtoie dans l’indifférence. J’entends Jésus me dire : Je suis celui, celle que tu viens de nommer. Qu’as-tu fait de ton frère ? Et oui, puisque l’autre est avant tout un frère !

Christ, Roi de l’Univers
Ce passage d’évangile nous montre en effet la figure d’un Roi qui est frère. Non pas un roi lointain, ou hautain, mais un homme que la majesté et la puissance, et même la royauté, rendent proche des êtres humains au point de les appeler frères. Mais Jésus ne se dit pas frère de n’importe qui. Il a sa préférence : les petits. Qui sont-ils ? Ceux qui ont faim ou soif, qui n’ont pas de quoi s’habiller, qui se retrouvent étrangers là où ils vivent, des malades ou, pire, des prisonniers pour quelque motif que ce soit. Jésus cherche des collaborateurs pour exercer une royauté pas comme les autres. À chacun de nous de choisir entre le clan des « bénis de son Père » et celui des « maudits », dont Jésus ne dit jamais qu’ils sont « maudits de Dieu ».

Didier Rocca

2023-10-17T23:08:29+02:00

Édito octobre 2023 > Pécheurs pardonnés

L’originalité de la foi chrétienne réside dans la compréhension que ce qui sauve le monde et l’humanité, c’est le pardon offert de manière absolue par Dieu. Il n’est pas besoin d’être chrétien, ni même croyant d’une autre religion, pour comprendre que la vie est plus belle lorsque l’on bon, juste, et vertueux. Même sans référence religieuse, l’idéal humain tend vers une vie bonne. Les sociétés sont fondées sur des principes de justice et de solidarité. Elles combattent le vol, le meurtre, le viol. Il est heureux que les religions prônent ces principes moraux indispensables et qu’elles invitent les croyants à les mettre en pratique dans une cohérence de vie en conformité avec le message de Dieu. En fait ces « valeurs » humanistes sont le socle commun de toute vie en collectivité et rassemblent les êtes humains. Pour le dire autrement, heureusement que les religions poussent les être humains à être des femmes et des hommes dignes de ce nom, les meilleurs possibles, bons et justes ! Mais ce n’est pas dans cette exigence qu’elles révèlent leur originalité.

La force de l’amour
L’apport des religions n’est pas, comme cela a trop souvent été le cas, de forcer les gens à mettre en pratique ces principes par peur d’une condamnation ou pour obtenir une récompense, avec les notions d’enfer et de paradis qui entrainent les croyants dans la dérive du mérite. Ce qui est original dans la dans la foi chrétienne notamment, c’est la notion de pardon et de conversion. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et nous sommes tous appelés à mettre l’idéal en pratique, même si nous nous en sommes éloignés et que nous avons tourné le dos aux principes moraux des religions et des sociétés. C’est en cela que réside la puissance de Dieu. Ce n’est pas une puissance de force et de violence qui nous obligerait à faire des choses, qui déciderait des événements de notre vie sans respect de notre liberté ; c’est la puissance de l’amour qui n’a de cesse de donner confiance à celui qui se relève après être tombé, d’accueillir celui qui a fait fausse route mais qui revient dans le droit chemin. Dieu est tout puissant dans sa manière de ne jamais cesser de nous aimer et de nous ouvrir ses bras pour nous accueillir et nous rassembler. Bien des paroles, gestes et paraboles du Christ nous le font comprendre. C’est la Bonne Nouvelle chrétienne.

La mission de l’Église
L’Église, comme peuple de Dieu, a pour mission d’incarner cette Bonne Nouvelle ; par son ouverture, par son rappel des gestes et paroles du Christ, par sa manière de lutter contre les inégalités et les violences faites aux plus petits, par son souci de la justice sociale et écologique… Elle n’a pas pour mission de condamner ou de compliquer l’existence des gens par de pesants fardeaux rigoristes ou cultuels. Elle accompagne la marche des hommes vers l’idéal d’amour et de fraternité. Elle a aussi pour mission d’accompagner la marche de Dieu vers cette humanité qu’il aime de manière absolue et qu’il désire rassembler comme une grande famille. Ce qui doit permettre à l’Église de rester au service de cette Bonne Nouvelle, c’est qu’elle se rappelle qu’elle est constituée de femmes et d’hommes qui sont tous de la même pâte humaine, imparfaits, pêcheurs pardonnés. C’est lorsque les missionnaires et évangélisateurs savent se reconnaître bénéficiaires et sujets du pardon de Dieu qu’ils peuvent en parler le mieux et l’offrir à tous. Les apôtres ont vécu cette expérience, en particulier les deux piliers de l’Église que sont saint Pierre et saint Paul. Les grands saints n’ont pas eu une vie linéaire et parfaite. Tous ont expérimenté l’amour et le pardon de Dieu, et ils ont eu le désir de la partager et de lui faire porter du fruit.

La gratuité de l’amour
Si l’on devait réduire la religion à sa plus simple expression, il faudrait que ce soit autour de la notion d’amour et de pardon, ce pardon qui est la fine pointe de l’amour absolu offert par-delà le mal. Avec le pardon nous sommes dans la gratuité extrême, car il est toujours facile d’aimer ceux qui sont aimables, de soutenir ceux qui se comportent bien, d’accueillir ceux qui sont méritants. Mais aimer sans condition, de manière unilatérale, c’est au-delà des forces humaines, et c’est en cela que c’est le propre de Dieu et qu’il a voulu partager cette puissance d’amour avec nous pour que nous dépassions notre condition humaine pour sortir du cycle infernal de la condamnation, de la violence et de la vengeance. La foi chrétienne nous invite à recevoir de Dieu sa puissance d’amour et de pardon pour changer le visage du monde. Cela reste un combat, car nous sommes très rarement capables de mettre en œuvre cet amour de manière aussi radicale que Jésus-Christ qui invoque le pardon sur ceux qui le torturent et le tuent. Mais c’est un chemin qu’il nous est demandé d’emprunter. Chemin difficile et terriblement exigeant, mais qu’il ne faudrait pas abandonner par fatalisme et découragement. En cela nous pouvons comprendre que parler d’amour en évoquant Dieu n’a rien de niais ou de ridicule, car cela demande un courage et une force que nous ne pouvons que recevoir d’un autre, du tout Autre.

Olivier

2023-09-30T09:24:01+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2023

Cet Évangile sera proclamé le 1er octobre, 
ce sera le 26e dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole.»

Le contexte
Nous sommes au chapitre 21 de l’Évangile selon saint Matthieu. Cette parabole suit l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. L’épisode que nous lisons le jour des Rameaux se déroule à la fin de sa vie publique. Deux catégories de personnes sont alors présentées : les soupçonneux qui récriminent contre les paroles, les gestes de Jésus, et les aveugles, les boiteux, le petit peuple d’Israël qui s’émerveille

Une question rhétorique
Jésus pose à ses interlocuteurs une question évidente non pas pour les piéger mais pour leur permettre d’entrer pleinement dans la logique de la parabole. Au fond, Jésus veut leur signifier que cette histoire fictive s’accomplit dans leur vie et qu’ils auraient grand intérêt à le comprendre.

Deux fils…
Ils représentent d’un côté les chefs des prêtres et les anciens, et de l’autre les publicains et les prostituées. 
On comprend que le premier fils n’ait pas envie de changer et d’accueillir du nouveau. Il fait partie du paysage religieux de son temps. Pourtant, Jésus a annoncé sans cesse la nécessité de se convertir, de changer de regard, de se déplacer intérieurement. Lui comme nous sommes en route vers un ailleurs et un autrement. La vie n’est pas derrière soi mais devant. Bien sûr, le deuxième fils qui représente ceux qui sont en état de manque et insatisfaits d’eux-mêmes sont mieux placés pour le comprendre, même s’ils sont visités par la tentation de se justifier et de s’absoudre pour se rassurer.

Se déplacer…
Allons-nous sortir de nos routines et nous mettre en route vers ce qui vient nous déranger, nous déplacer ? Jean le Baptiste est toujours là, figure d’une justice que nous n’avions pas soupçonnée. Tout entier tourné vers le Christ qui n’en finit pas de venir à nous, il nous ouvre à cette humanité nouvelle qui ne cesse de nous surprendre. 
Nous croyons connaître le Christ ? Il ne se dévoile à nous que dans la mesure où nous assumons le vide qui, s’il n’est pas là, nous habite. Toujours nouveau, sans cesse il nous déplace, nous renouvelle.

Se mettre en route…
Tel est le chemin du Royaume. Les publicains et les prostituées y entrent en priorité non en raison de ce qu’ils font mais parce qu’ils se mettent en route, sortant d’eux-mêmes, en croyant à cette parole qui leur vient d’ailleurs. Les derniers deviennent les premiers. Notons qu’il n’est pas dit que les chefs des prêtres et les anciens n’entreront pas dans le Royaume, mais ils prennent du retard. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’ils ne croient pas à la parole de Jean, s’estimant déjà impeccables (étymologiquement sans péché). Ensuite parce qu’ils ne se sont pas mobilisés en constatant la foi des collecteurs d’impôts et des prostituées. 
Par contre, voyant la justice de Jean et entendant ses paroles, les publicains et les prostituées ont bougé mais les chefs des prêtres et les anciens, pourtant professionnels de l’accueil de la Parole, ne sont pas allés « travailler à la vigne ». Ainsi, ne nous installons pas dans le déjà-là, mais soyons prêts à partir pour cet ailleurs que figurait déjà la terre promise et que nous appelons le « Royaume », toujours à venir.

Pour actualiser…
La plupart du temps nous vivons enfermés dans nos routines comme dans nos emplois du temps, nos certitudes ou plus généralement nos servitudes. Sans condamner toutes les habitudes que nous avons prises qui pour la plupart sont bonnes et nous permettent d’être « à la hauteur », efforçons-nous de nous mettre à la bonne hauteur, celle de Jésus et des « petits » de l’Évangile. Sans cesse Dieu vient nous visiter, et toutes ces rencontres nous invitent à bouger, à aller au-delà, ailleurs, autrement.
À notre tour, acceptons d’entendre le « lève-toi et marche » qui nous est adressé par le Christ. Il ne s’agit pas d’une mobilisation pour un travail pénible mais plutôt d’une libération. Alors, on y va ?

Didier Rocca

Article écrit à partir d’un article de « Croire aujourd’hui » du Père Michel Souchon en septembre-octobre 2008.

2023-09-20T11:37:15+02:00

Édito septembre 2023 > Le pape à Marseille

C’est un honneur pour les Marseillais de recevoir le pape le 23 septembre. Certains animateurs et jeunes-aînés de l’Œuvre étaient à Lisbonne cet été pour les Journées mondiales de jeunesse, et nous avons bien constaté le grand intérêt que les foules portent au pape François, cet attrait tournant parfois même à l’idolâtrie. Pourtant François reste un homme simple, nous l’avons compris dans sa manière directe de s’adresser aux jeunes, sans tralala et avec humilité. Il nous a bien rappelé l’essentiel de la Bonne nouvelle de Jésus : Dieu nous aime gratuitement, sans aucune condition. Il nous invite à mettre l’amour dans notre vie, à nous engager, à nous mettre aux service des plus petits, à rester libres, en particulier par rapport aux divers artifices de notre temps, et surtout à ne pas avoir peur. Message limpide et encourageant en ces temps d’incertitude et d’anxiété.

La Méditerranée symbole 
des enjeux pour le monde
Le pape vient à Marseille parce que c’est une ville méditerranéenne, un pont entre l’occident et l’orient, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et que cette mare nostrum qu’est la Méditerranée concentre bon nombre de problématiques majeures de notre temps : rencontre des cultures et des religions, crise écologique, mouvements migratoires liés aux conflits et au dérèglement climatique, inégalités entre les pays, injustices sociales et économiques… Dans ce contexte, François joue son rôle de pape : il ne vient pas pour juger ni donner des ordre ou des solutions toutes faites, mais pour accompagner et rassembler. Et pour cela il veut écouter. À Marseille il va rencontrer des jeunes et des évêques du pourtour méditerranéen et d’Europe, pour entendre leurs inquiétudes, leurs questions, leurs espérances et leurs propositions. Comme pape, son rôle est d’aider les catholiques, les chrétiens, les croyants, les femmes et les hommes de bonne volonté à s’unir et à comprendre que nous faisons partie d’un tout, d’une même grande communauté, et que c’est seulement en vivant une réelle communion dans la compréhension des enjeux de notre temps et dans la recherche de solutions communes que nous pourrons assurer un meilleur avenir aux plus petits et aux générations à venir.

Le rôle du pape
C’est pour nous l’occasion de bien comprendre le rôle du pape, et donc de toute personne ayant une autorité et une responsabilité dans l’Église : il ne s’agit pas de diriger ou d’être « patron », mais d’accompagner et d’être au service de la communion entre les personnes, en gardant le cap du message évangélique de fraternité et de charité. Le pape nous rappelle que nous sommes tous associés à la mission de Dieu qui est d’aimer le monde, tout le monde, et de faire grandir cet amour dans le cœur de tous. Même s’il est le pape des catholiques et qu’il est élu par des représentants de l’Église, sa mission ne concerne pas seulement les catholiques ; elle est universelle car l’Église est universelle, parce que l’amour de Dieu dont l’Église se veut être le sacrement ne connaît pas de frontière et se moque de nos divisions. Nous sommes tous appelé à être rassemblés et unis, c’est le sens du mot « catholique » : la destinée commune et fraternelle de l’humanité unie dans la richesse de sa diversité. Nous sommes encore loin de cet accomplissement, mais il est en maturation et, comme dans les douleurs de l’enfantement la femme ressent beaucoup de souffrance, de même pour notre humanité qui a du mal à discerner son avenir de manière positive et paisible lorsque son présent est préoccupant et dramatique.

La mission de l’Église
La mission, telle que le Pape nous la présente en fidélité avec la grande tradition de l’Église – et bien que trop souvent oubliée, trahie ou réduite à de la propagande ou à du prosélytisme – consiste à déployer le message d’amour de Dieu pour le monde et à incarner cette Bonne Nouvelle. L’Église n’a pas pour vocation de s’occuper d’elle-même en tant qu’institution ou groupe particulier, elle a pour mission de signifier, par ce qu’elle est, le projet de Dieu pour toute l’humanité ; à savoir être un peuple, une communion, comme une famille unie et constituée de personnes différentes mais conscientes d’un destin commun et d’une vocation universelle. L’Église a pour vocation d’être aussi le moyen de ce projet de Dieu, en accompagnant toutes les femmes et tous les hommes sur leur chemin de vie et dans la recherche de leur vocation particulière, en travaillant à promouvoir la justice, la solidarité et la fraternité, en œuvrant à mettre la charité au cœur du monde. C’est ce que le pape François n’a de cesse d’annoncer dans toutes ces interventions, avec courage, car il dit souvent des choses qui dérangent. Il ose exprimer les exigences de justice et de fraternité de l’Évangile devant des personnes qui ont des responsabilités et des pouvoirs politiques immenses et qui ne sont pas sur la même longueur d’onde évangélique, loin s’en faut ! Il nous indique que le chrétien ne peut pas rester dans son canapé à se désoler sur le monde mais qu’il doit s’impliquer, qu’il doit se révolter, qu’il doit transmettre par ses actes et ses paroles la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu qui s’engage au cœur du monde. Il nous dit ce que le Christ exprime par toute son existence : le bonheur est dans le partage et le service, la joie est dans l’engagement et la fraternité. C’est un beau programme pour cette année qui s’ouvre devant nous !

Olivier

2023-08-22T09:01:18+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2023

Nous entendrons dimanche 24 septembre la parabole des ouvriers de la 11e heure.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

Jésus disait cette parabole à ses disciples : « Le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire. Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste”. Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?” Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés”. Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi”. Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers”. Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : “Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !” Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?” C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

Une attitude proprement divine
Dieu est de sortie, est en recherche ! Dieu est un père qui nous appelle et ce n’est pas une question d’heure puisqu’il nous cherche en permanence. Dieu est en sortie permanente et son souci est que tous, nous soyons appelés. Il donne l’occasion à chacun de dire « oui, je viens ».

Pour un même salaire
Ce salaire identique pour tous est le salut. Cela parait évident mais la parabole souligne l’incompréhension de certains vis-à-vis de ce qu’ils considèrent être une injustice. Le paradoxe est grand. Dieu le seul Juste est considéré comme Injuste !

Appelés chacun à son heure
Nous le savons d’expérience, nous n’avons pas tous été appelés en même temps, il y a les ouvriers de la première heure, on peut penser au peuple de la première alliance ! Ensuite, les ouvriers de la troisième heure… et ceux de la onzième heure. Ces derniers ne sont pas des fainéants mais personne ne les a embauchés. À eux, il ne leur promet rien. Ils sont dans la foi aveugle. Nous n’avons pas été appelés en même temps, les raisons sont multiples et au fond sans importance. Ce qui compte, c’est de saisir la main que Dieu nous tend. Se désoler de ne pas avoir travaillé assez tôt à la vigne du Seigneur est vain. Ce qui compte est de travailler de tout son cœur quand nous y sommes. Ces ouvriers existent dans la vraie vie. Pensons à tous ces journaliers qui attendent du travail devant les magasins de bricolage et qui doivent endurer le soleil ou le froid, le risque d’avoir à présenter des papiers dont ils ne disposent pas. Cette parabole n’est pas si imaginaire qu’elle n’y parait. Et nous comprenons facilement que travailler ou attendre le travail sont des activités qui ne sont pas économiquement comparables mais qui relève du même principe : Se préparer à recevoir un salaire.

La bonté de Dieu
On aurait envie de dire à Dieu : « Mais, cesse d’être si bon », mais ce comportement ne révèle-t-il pas notre péché, notre jalousie. Or, Dieu ni ne pense, ni n’agit comme nous.

Se réjouir du bonheur que Dieu procure chez les autres
L’intendant veut qu’Israël, les ouvriers de la première heure, voient qu’il fait grâce. Dieu se manifeste comme un Dieu de grâce. Pas de bonus pour les méritants ! Ainsi, il dévoile le péché des premiers. Oui, Dieu se montre trop bon et cela doit nous rassurer et non nous désoler. Cette pièce reçue du maitre n’est pas un dû, mais un don. Ainsi, sans cesse, sans se décourager, comme le Père de la parabole du prodigue, Dieu nous cherche. Quand nous répondons, il nous reçoit dans son Royaume et nous offre le seul vrai salaire qui compte : le salut !

Didier Rocca

2023-08-22T09:25:05+02:00