Spiritualité

Édito novembre 2024 > Des vases d’argile

Les croyants sont parfois déçus par les porte-paroles de leurs religions. On pourrait s’attendre à ce que les messagers soient à la hauteur du message qu’ils ont pour mission de transmettre et qu’ils soient exemplaires. On est particulièrement consternés quand les messagers ont la maladresse d’adresser des invectives culpabilisantes ou de poser des jugements moralisateurs alors qu’eux-mêmes sont loin d’être parfaits et exemplaires. Cela est vrai de toute personne publique qui assume une responsabilité, mais c’est encore plus décevant lorsque le message est un message d’amour, de justice, de bienveillance et de pardon, tel que véhiculé dans les religions.

Des messagers faillibles
Nous avons bon nombre d’exemples de ces personnalités chrétiennes qui étaient adulées, médiatisées, avec leur consentement ou à leur corps défendant, et qui se sont révélées être de pauvres humains avec leur part d’ombre et de péché. Il n’y a pas beaucoup de grandes familles religieuses, de fondations et d’œuvres caritatives fructueuses qui ne soient pas touchées par des révélations de comportements en opposition complète avec le projet évangélique à la base de leur création, de la part de leurs membres et même parfois de leur fondateurs. On peut comprendre que nos contemporains soient terriblement déçus ou en colère lorsqu’ils découvrent que la personne qu’ils considéraient comme un saint vivant pouvait avoir des comportements douteux, blessants, ou pire, pervers ou criminels.

Un trésor dans 
des vases d’argile
Cette découverte que les porte-paroles restent des être faillibles, et parfois capables du pire, nous rappelle que la Bonne Nouvelle chrétienne est un trésor magnifique déposé dans des vases d’argile fragiles que sont les êtres humains. On ne peut pas se réjouir de ce constat réaliste, cependant, il nous permet de nous rappeler que le messager reste le premier destinataire du message, et que ce qu’il a pour mission d’annoncer ou de transmettre ne le met pas en position de supériorité ni de domination mais reste un garde-fou contre l’idolâtrie ou le moralisme.

Contre l’idolâtrie
C’est un repère pour tous les croyants : la perfection dans la sainteté est un appel et une vocation, mais elle n’est pas à la portée des êtres humains que nous sommes. Cela reste pourtant un objectif pour toute notre existence de disciples du Christ, un phare qui donne du sens à ce que nous vivons. Personne n’est capable d’atteindre l’idéal chrétien, mais c’est une vocation pour tous. C’est en gardant le cap sur le but à atteindre que nous pouvons avancer sur le chemin de l’idéal humain et chrétien annoncé par Jésus, et chemin faisant notre route trace un itinéraire qui va dans le bon sens. Mais nous ne pourrons jamais prétendre avoir atteint le but. Personne, hormis Jésus Christ, n’est le saint parfait et irréprochable, ou l’homme idéal. Toute idolâtrie contient en elle-même le risque immense de la blessure de la déception. La conséquence de cette déception, c’est que trop souvent la personne déçue rejette le message à cause de l’imperfection du messager, comme on le dit de manière triviale : on « jette le bébé avec l’eau du bain ». Nous connaissons des personnes qui ont arrêté toute pratique religieuse suite à une grosse déception.

Contre le moralisme
L’acceptation de la fragilité des messagers de l’Évangile est aussi un rappel à tous les responsables et missionnaires : la mission ne consiste pas à regarder les gens de haut, pour les critiquer, les juger ou les condamner, mais elle consiste à annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour et du pardon de Dieu qui chemine avec nous, qui nous accompagne dans notre marche, qui nous encourage dans nos épreuves, qui nous offre son pardon dans nos égarements, qui nous invite à reprendre le bon chemin et à ne pas baisser les bras lorsque nous avons l’impression que le sommet n’est pas à notre portée. Transformer la religion en moralisme revient à la pervertir et à la trahir. Celui qui fait cela n’est plus un messager mais un traître au message et un repoussoir qui empêche la rencontre du Christ. Toute l’énergie que nous pouvons mettre à regarder notre monde de haut pour le condamner, nous devrions la mettre au service des plus petits et des plus pauvres. Plutôt que nous battre les uns contre les autres en nous critiquant, nous sommes invités par le Christ à travailler à plus de fraternité, à plus de justice, à plus de bienveillance. Ainsi notre regard et nos actions seront orientés vers la seule chose essentielle : annoncer l’amour au cœur du monde et dans l’existence de chacun.

Olivier

2024-10-15T16:24:47+02:00

L’Évangile du mois de novembre 2024

Cet Évangile sera lu lors le dimanche 10 novembre, après les vacances de la Toussaint.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Le contexte
À la fin de son Évangile, Marc développe cinq controverses entre Jésus et certains de ses contradicteurs (pharisiens, sadducéens, grands prêtres). Le passage de ce dimanche développe la dernière. Nous sommes au Temple, le cœur religieux de Jérusalem.

Une première lecture
Cet Évangile semble à première vue assez simple à comprendre. Jésus nous invite certainement à ne pas nous laisser séduire par ce qui brille, par ce qui est trop voyant, en particulier dans le domaine de la charité.
On se souvient, à la suite de l’incendie de Notre Dame de Paris, d’entreprises très connues annoncer des dons de plusieurs millions d’euros. Soyons sûrs que de nombreuses veuves ont effectué des dons modestes, discrets et ce sont ceux-là qui comptent aux yeux de Dieu. Ainsi, il y a ceux qui aiment être vus et entendus et cette veuve que l’on ne voit pas et qui ne fait pas de bruit. Ce geste petit, humble a beaucoup de prix pour Dieu.

Avançons un peu
Lorsqu’un évangile n’illustre qu’une petite leçon de morale, soyons sûrs que nous sommes passés à côté de l’essentiel. Ici, Jésus invite chacun à déplacer son regard et à progresser d’un don à l’autre.
Un petit don qui vaut tout, va devenir un seuil vers un autre don, qui est le don de soi, l’investissement de sa vie tout entière. Il y a un fossé entre le fait de donner et celui de se donner. C’est ce que fait cette veuve et c’est ce que fera Jésus un chapitre plus loin, lors de sa Passion. Attention, Jésus ne condamne pas le don des riches, pas de leçon de morale facile. Le but n’est pas de condamner les premiers, ni de louer la seconde, mais plutôt de changer de logique :
La veuve, signe d’attente et d’espérance, accomplit un geste sans parole, un geste prophétique. Elle donne, elle a tout donné, tout ce qu’elle a pour vivre. Ce don évoque un autre don, celui du Christ qui donne sa vie.

Pour actualiser
Quel est ce trésor dans lequel déposer sa vie ?
Déposer sa vie en Dieu, en celui qui donne le premier. Savoir reconnaître que c’est lui qui donne. Savoir en retour lui offrir ce qu’il donne.
Le Christ est allé jusqu’au bout de ce don. Il a donné sa vie, accepté le sacrifice, non pas le sacrifice comme on le pense habituellement, un peu volontariste ou masochiste. Son sacrifice est signe d’adhésion à Dieu. Adhérer à Dieu, c’est adhérer à la vie, à la vie plus forte que la mort. C’est, à la suite du Christ, offrir son humanité. C’est parce que je reconnais que tout me vient de Dieu que je peux à mon tour donner et me donner !
Comme la veuve, chacun est invité à aller jusqu’au bout du don, celui de sa vie donnée à Dieu. À la suite du Christ, offrir son humanité ! Recevant tout de Dieu, chacun peut, à son tour, donner et se donner.
Allons encore un peu plus loin…
Ce passage évoque des dons effectués pour l’entretien du Temple. L’histoire nous apprend que ce Temple sera détruit par l’armée romaine en 70. Ainsi cet argent était destiné à entretenir un édifice qui a quasiment disparu. Finalement, un argent jeté par les fenêtres ou presque.
Cet élément renforce l’idée que Jésus ne voulait pas insister sur la nécessité de donner de l’argent avec discrétion (ce qui est bien utile pour l’église et pour de nombreuses associations) mais plutôt sur l’importance du don de soi à travers la figure de la veuve.
Nous comprenons mieux la pédagogie de Jésus qui appelant ces disciples, valorise cette femme comme pour leur dire : « Prenez exemple sur cette femme, il y a un jour et ce ne sera pas dans bien longtemps, vous devrez faire le même choix qu’elle, celui de donner votre vie ».

Didier Rocca

Le nom du mois : veuve


Les veuves sont fréquemment mentionnées tout au long de la Bible, ce qui démontre leur profonde importance aux yeux de Dieu. Les histoires de résilience et de foi, comme celles de Ruth, Abigail et Tamar, servent de balises d’espoir. La Bible souligne l’importance d’apporter aux veuves de l’empathie, de la compassion et un soutien financier.
Elles nous rappellent que personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager !

2024-10-15T16:24:03+02:00

Édito octobre 2024 > Merci Paul

Depuis septembre 2000, Paul Bony, membre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (société de vie apostolique dont la mission principale est la formation des futurs prêtres), grand spécialiste de la bible, a pris sa retraite et habite avec la communauté. Nous avons célébré ses 100 ans le 23 septembre dernier, et en ce mois d’octobre il rejoint d’autres prêtres, religieux et religieuses dans la maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres à la rue Jeanne Jugan. C’est l’occasion pour nous de lui adresser tous nos remerciements pour ces 24 années passées avec lui.

La curiosité
Paul, tu as toujours été curieux de ce qui se passe dans le monde, dans la société, dans l’Église, dans le diocèse, à l’Œuvre, dans notre communauté. Souvent, avec l’âge, les personnes se replient sur elles-mêmes et deviennent un peu indifférentes à ce qui se passe autour d’elles, mais ça n’a jamais été ton cas. Tu as toujours été sensible à ce que les gens vivaient, comment ils se sentaient, de quoi leur vie intérieure était nourrie. C’est toi qui étais le plus informé sur l’actualité, et tu lisais assidument le journal chaque jour, à la recherche d’analyses permettant de comprendre la vie de nos contemporains, afin de toujours mieux les accompagner.

L’attention aux autres
Tu as toujours été attentionné envers ceux qui partageaient ta vie. Dans la vie communautaire, nous avons été touchés par ta délicatesse, en particulier lorsque tu devinais que l’un de nous traversait une difficulté ou était diminué par la maladie et la vieillesse. Tu as accompagné tes amis ou les membres de ta famille avec fidélité, prenant le temps d’appeler presque quotidiennement certaines personnes isolées, seules ou en détresse, restant à l’écoute malgré ton audition difficile. Ton ministère de formateur ne t’avait pas toujours donné l’occasion d’être dans une activité pastorale directement engagée dans l’action, mais tu as toujours eu le souci d’allier la foi et l’amitié, la prière et l’engagement concret, en particulier dans ton souci des pauvres et dans ton implication dans le mouvement de la Mission ouvrière… Hier encore tu t’inquiétais de savoir comment tu allais pouvoir t’engager pastoralement au service des autres alors que tu t’apprêtais à entrer en maison de retraite ! En tout cela tu nous a stimulés.

La passion de la parole de Dieu
Tu as fréquenté toute ta vie la Bible et la Parole de Dieu. Ce n’était pas seulement une matière d’enseignement, de recherche ou de publication, c’est une passion. Tu y as puisé l’énergie du service et tu as voulu partager ce trésor pour que les femmes et les hommes de notre temps ne passent pas à côté de la rencontre avec le Seigneur. Nous ne t’avons pas vu une journée sans lire un ouvrage d’exégèse, sans recevoir un colis avec le dernier livre d’un spécialiste de la Bible, en anglais, en allemand ou en hébreu ! Érudit, tu l’es, mais avec l’humilité des authentiques spécialistes, qui n’écrasent pas les gens de leur connaissance, mais savent la mettre à leur service. En cela aussi tu nous a stimulés, et nous étions parfois désolés de ne pas arriver à en faire plus pour donner le goût de la Parole de Dieu aux jeunes de l’Œuvre. Durant ces 15 dernières années, tu ne pouvais plus enseigner à cause de tes difficultés auditives ou visuelles, mais tu as animé une équipe proposant des parcours de lecture biblique, nourrissant de nombreux groupes de partage, qui trouvent dans ces livrets de quoi nourrir leur foi et entrent ainsi dans une lecture vivante de la Parole de Dieu.

Le dialogue comme boussole
Tu as participé, en 1992, à la création de l’Institut de sciences et théologie des religions de Marseille avec Jean-Marc Aveline, qui n’était pas encore archevêque de Marseille, ni cardinal, mais que tu avais connu plus jeune lorsqu’il était entré au séminaire des Carmes à Paris, que tu dirigeais à l’époque. C’est toi qui avais eu l’intuition que la création d’un pôle de formation théologique à Marseille se devait d’honorer l’ouverture au dialogue interreligieux et interculturel. Car tu es un homme de dialogue, pétri de la Parole de Dieu et donc attentif à la rencontre. Tu es de la génération des prêtres qui ont connu la messe en latin puis ont contribué à mettre en œuvre le concile Vatican II avec son ouverture au monde. Tu es un homme libre, par l’action de l’Esprit de Dieu au cœur de ton expérience, ce qui t’a parfois été reproché et a eu des conséquences sur ta « carrière », car la liberté dérange, mais sans jamais que tu sois aigri ni déboussolé car tu as ce repère intérieur de la Parole de Dieu qui donne constance, liberté et joie, au cœur même des épreuves et des injustices.

Merci
Pour tout cela, et pour bien d’autres choses encore, dont la belle et authentique fraternité que tu as partagée avec la communauté des Messieurs de l’Œuvre durant 24 ans, nous voulons rendre grâces et te remercier. Nous savons que ton énergie va rayonner auprès de tes frères prêtres et de cette nouvelle communauté que tu vas découvrir chez les Petites Sœurs des Pauvres. Nous souhaitons qu’ils aient la chance de bénéficier encore longtemps de ta bienveillance et de ton regard malicieux et lumineux sur la vie.

Olivier

2024-09-18T11:26:37+02:00

L’Évangile du mois d’octobre 2024

Nous commentons aujourd’hui l’Évangile qui sera lu le 6 octobre.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

À ce moment se présentèrent des Pharisiens, et ils lui posèrent cette question pour le mettre à l’épreuve : 
« Un mari est-il autorisé à renvoyer sa femme ? » Et lui leur demande :
« Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ? » 
Ils répondent : « Moïse a permis d’écrire un acte de divorce et de renvoyer la femme. »
Jésus leur dit : « Il a écrit là une loi adaptée à votre cœur endurci. Mais Dieu, au commencement du monde, les fit homme et femme. Pour cette raison, l’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair. Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. »
De retour à la maison, les disciples l’interrogent de nouveau à ce sujet et il leur déclare : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre, commet l’adultère à son égard ; et si une femme renvoie son mari et en épouse un autre, elle aussi commet l’adultère. »

Le contexte
Dans le chapitre 10 duquel est tiré cet extrait d’Évangile, Jésus, au cours de son périple en direction de Jérusalem, parle de questions capitales pour la vie de sa communauté. Grâce à une question un peu tordue d’un pharisien, Jésus nous livre en quelques mots sa vision du mariage.

Parité ?
Cette controverse peut nous choquer aujourd’hui par son caractère unilatéral. Si effectivement, il est question ici d’un homme qui répudie sa femme, rien ne nous empêche d’imaginer la situation inverse d’une femme qui pourrait faire la même demande vis-à-vis de son mari. D’ailleurs à la fin du texte, ce qui est valable pour l’homme l’est tout autant pour la femme.

Que vous a commandé Moïse ?
Cette question de Jésus élève déjà le débat d’un cran. Il ne répond pas en utilisant une solution simpliste du type « c’est permis » ou « ce n’est pas permis » mais il interroge l’intention de Moïse qui voulait par cette lettre de répudiation éviter les excès de la part des maris. Ainsi, Jésus ne se met pas contre la loi mais il explique l’intention du législateur. Cela peut nous aider à mieux discerner lorsqu’une question morale se pose à nous.

Rupture et accomplissement
Jésus reprenant le livre de la Genèse dit : « L’homme quittera son père et sa mère et les deux seront une seule chair. » Le mariage parachève le passage entre une rupture, une séparation (de son père, de sa mère) à un accomplissement, à une alliance féconde avec son conjoint. De même que l’homme doit mourir à la vie terrestre pour une vie en abondance dans le cœur de Dieu, ceux qui se marient sont appelés à un double mouvement de rupture et de communion.

Pour actualiser…
Difficile de parler du mariage, tant sont nombreuses les situations douloureuses à ce sujet. En même temps, ces paroles exigeantes du Christ à propos du mariage sont engageantes. Elles nous appellent à offrir à l’autre ce que nous ne pouvons pas nous donner tout seul. Dans le mariage, chacun a à apprendre de l’autre une manière d’être humain qui ne lui est pas naturelle. Aimer une seule personne d’un amour absolu toute sa vie peut paraitre hors de portée mais n’oublions pas que Dieu est avec nous. Si le mariage est en question dans nos sociétés, il est vraiment l’expression de l’amour « jusqu’au bout » auquel nous aspirons tous.

Didier Rocca

Le nom du mois : Mariage


Le mariage est l’un des sept sacrements. Il implique entre un homme et une femme, une communion de corps et d’âme. Les deux aspects sont nécessaires. D’ailleurs, le mariage après la célébration religieuse n’est-il scellé lorsque que les deux mariés se sont donnés corporellement l’un à l’autre. Autrement dit, le mariage se réalise dans le oui échangé mais aussi dans le don des corps.
Jadis chez nous (et encore aujourd’hui dans d’autres cultures) où il était un contrat entre deux familles, le mariage chrétien est l’acte par lequel un homme et une femme consentent à se donner l’un à l’autre.
Ce consentement mutuel quoique fragile et exigeant ne souffre d’aucune condition. C’est ce qui fait sa grandeur !?

2024-09-18T11:57:00+02:00

Édito septembre 2024 > La mission des chrétiens

En ce début d’année qui démarre à l’Œuvre, je vous propose d’essayer de définir ce que peut être la mission des chrétiens. Une manière d’entrer dans cette réflexion, c’est de voir quelle fut la mission du Christ et sa façon de la réaliser. Jésus, le Christ, est plus qu’un prophète, un messager ou un porte-parole, il est en lui-même le message, il incarne la parole de Dieu, il est Dieu. Il est la manière d’être de Dieu au monde, totalement humain et totalement divin, unissant dans sa personne les deux natures, révélant aux hommes ce qu’ils sont appelés à être et en même temps leur faisant découvrir l’authentique visage de Dieu. Sa mission consiste à faire entrer l’humanité dans une relation d’amour avec Dieu, ou plutôt

Incarner la Parole de Dieu
Les chrétiens sont appelés par vocation à se comprendre eux-aussi comme filles et fils de Dieu, images de Dieu, identifiés au Christ qui s’est le premier identifié à nous par son incarnation, par sa vie partagée avec les hommes, par son existence donnée. Ainsi nous comprenons que nous sommes nous aussi appelés à incarner la parole de Dieu, et pas seulement à devenir des prophètes ou des messagers. Il est évident que notre monde a toujours besoin de prophètes et de messagers d’espérance, et heureusement nous en connaissons : ce sont des personnes marquantes faisant autorité et qui ont une valeur d’exemplarité et de cohérence dans leur vie, que ce soit dans le domaine de la politique, de la culture, du sport, des sciences, de l’économie, de l’écologie, de la religion… Elles nous aident à mieux comprendre la marche du monde, à prendre du recul par rapport à ce que l’humanité traverse. Elles nous invitent à mettre en œuvre des manières de vivre plus fraternelles et plus justes pour un meilleur vivre ensemble.

Devenir enfant de Dieu
Les chrétiens ont aussi à assumer une dimension prophétique dans leur manière d’être, mais ils sont invités à une vocation plus profonde : celle d’incarner la parole de Dieu dans leur existence, à se comprendre comme sœurs et frères de Jésus Christ, enfants de Dieu. Il ne s’agit pas de le devenir par notre propre volonté ou à la force du poignet, au prix d’efforts surhumains… Il s’agit de nous laisser travailler par l’Esprit saint qui fait de nous ce que Dieu désire. Si nous avons quelque chose à faire pour répondre à ce désir de Dieu, c’est d’accepter de nous recevoir du Tout-Autre et de moins résister à cette dimension divine qui ne demande qu’à se développer en nous. Comme le disait, à l’école des Pères de l’Église, le cardinal Robert Coffy, ancien évêque de Marseille, qui aimait sculpter le bois : Dieu travaille à révéler en nous ce que nous sommes, à la manière d’un sculpteur, c’est-à-dire non pas en ajoutant de la matière (des choses à faire, des efforts pour acquérir tel et tel mérite dans des pratiques rituelles ou humaines) mais en enlevant ce qui est en trop pour faire advenir la forme cachée dans la masse. C’est un travail de purification, de simplification.

Laisser Dieu agir en soi
Notre mission de chrétiens consiste donc à laisser le Christ apparaître en nous, à lui laisser plus de place dans nos vies pour qu’il puisse agir par nos mains, parler par nos bouches, écouter par nos oreilles, rencontrer les autres par nos corps. C’est à cet idéal que nous sommes appelés. Comme tout idéal, il est normal qu’il ne soit pas totalement réalisé, mais il serait dramatique que nous y renoncions à cause de la distance qu’il y a entre l’objectif et ce qui est à notre portée… Si la barre peut nous sembler trop haute, il n’empêche que le cap est le bon et que nous sommes invités à engager notre vie dans cette direction. Le fait que cela résiste en nous est humain ; pour atteindre le bonheur et la joie parfaite, pour réaliser notre accomplissement, le Seigneur ne nous propose pas une solution de facilité. Cependant, Dieu connait notre nature humaine, il ne veut pas la brimer ou la brider, il ne cherche pas à la contrer mais plutôt à lui donner toute sa dignité. Trop longtemps on a considéré que le croyant devait éteindre tout désir et toute pulsion dans son existence pour devenir un « bon chrétien », alors que le Seigneur s’appuie sur ce qu’il y a de plus profond en nous, il vient nous aider à maitriser notre énergie vitale pour qu’elle soit au service de notre véritable bonheur et au service des autres.

Aimer comme Dieu aime
Une autre difficulté que nous pouvons éprouver pour rentrer dans cette compréhension du sens de notre vie, vient du fait que nous avons tendance à imaginer qu’il nous faut faire des choses pour mériter une récompense ou pour éviter une punition. Alors que la véritable conversion consiste à lâcher prise, à nous accepter faibles et limités mais aimés, avec tout ce qui constitue notre humanité. Ce qui fait le plus obstacle à l’action de Dieu dans notre vie, ce sont moins nos insuffisances que nos suffisances. Car lorsque le croyant se reconnait pêcheur, alors il se présente sous le regard de Dieu avec la véritable humilité de celui qui sait qu’il a besoin de l’amour et du pardon de son créateur. Le prototype du véritable disciple du Christ, ce n’est pas l’homme parfait, c’est celui qui s’accepte comme un pêcheur pardonné. Ayant expérimenté l’amour et le pardon de Dieu, le croyant peut annoncer cette Bonne Nouvelle à l’humanité. Le chrétien qui a compris en quoi consistait la mission que Dieu lui confie est ainsi prémuni contre le danger qu’il pourrait y avoir à ce qu’il se considère comme supérieur aux autres et autorisé à les juger et à les condamner. La mission du chrétien, c’est d’aimer comme Dieu aime… Tout un programme !

Olivier

2024-08-25T09:50:01+02:00

L’Évangile du mois de septembre 2024

Nous entendrons dimanche 22 septembre cet Évangile qui évoque l’enfance et le service.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Le contexte
Nous sommes en route vers Jérusalem. Jésus, pour la deuxième fois, annonce qu’il va mourir et ressusciter. On voit ainsi un décalage évident entre les paroles de Jésus et la réaction de ses disciples. Pauvre Église, a-t-on envie de dire ! Elle a bien mal commencé…

Qui était le plus grand ?
Alors Jésus répond, et cela vaut pour nous aujourd’hui : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous. » Autrement dit, si tu veux être le premier, tu dois te mettre au bout de la queue, être le dernier, et servir. À travers cette phrase lapidaire, le Seigneur inaugure un bouleversement : il renverse les critères qui définissent ce qui compte véritablement. La valeur d’une personne ne dépend plus du rôle qu’elle occupe, du succès qu’elle a, du travail qu’elle exerce, de son compte en banque ; la grandeur et la réussite, aux yeux de Dieu, ont une mesure différente : elles se mesurent sur le service. Pas sur ce que l’on a, mais sur ce que l’on donne. C’est cela qui nous définit vraiment. Au fond, tu veux être important ? Rends service. Voilà le chemin.

À propos du mot « service »
Ce mot apparaît un peu pâle, abîmé par l’usure. Mais dans l’Évangile, il a une signification précise et concrète. Servir n’est pas une expression de courtoisie, c’est faire comme Jésus qui, résumant sa vie en quelques mots, a dit être venu « pour être servi, mais pour servir ». Donc, si nous voulons suivre Jésus, nous devons parcourir la voie que Lui-même a tracée, la voie du service. Notre fidélité au Seigneur dépend de notre disponibilité à servir. Et cela, nous le savons, coûte, parce que « cela a le goût de la croix ». Servir, c’est aider, c’est une manière d’aimer et cela demande des efforts. Mais, au fur et à mesure qu’augmentent le soin et la disponibilité à l’égard des autres, nous devenons plus libres à l’intérieur, plus semblables à Jésus. Plus nous servons, plus nous ressentons la présence de Dieu en nous. En particulier, quand nous servons celui qui n’a rien à nous rendre en retour. En embrassant leurs difficultés et les besoins des plus pauvres, nous découvrons que nous sommes à notre tour aimés et embrassés par Dieu.

La parole et le geste
Jésus, pour illustrer cela, après avoir parlé du primat du service, accomplit un geste. Nous avons vu que les gestes de Jésus sont plus forts que les mots qu’il utilise. Et quel est le geste ? Il prend un enfant et le place au milieu des disciples, au centre, au lieu le plus visible. L’enfant, dans l’Évangile, ne symbolise pas tant l’innocence que la petitesse, pas tant la sagesse que la confiance. Parce que les petits, comme les enfants, dépendent des autres, des grands, ils ont besoin de recevoir. Jésus embrasse cet enfant et dit que celui qui accueille un petit, un enfant, l’accueille. Ce sont à eux que doit s’adresser notre sollicitude : ceux qui ont besoin de recevoir et qui n’ont rien à donner en retour. En accueillant ceux qui sont en marge, délaissés, nous accueillons Jésus parce qu’Il est là. Et dans un petit, dans un pauvre que nous servons, nous recevons également la tendre étreinte de Dieu.

Pour actualiser
Posons-nous quelques questions : moi, qui suis disciple de Jésus, est-ce que je m’intéresse aux petits ou aux puissants ? Ou, comme les disciples ce jour-là, est-ce que je recherche les gratifications personnelles ? Est-ce que je perçois la vie comme une compétition pour me faire une place au détriment des autres ou bien est ce que je crois qu’être le premier signifie servir ?

Pas simple…
Et, concrètement, est-ce que je consacre du temps à des « petits », à une personne qui n’a pas les moyens de donner quelque chose en retour ?

Didier Rocca

PS. Cette réflexion est largement tirée d’une catéchèse du pape François prononcée en septembre 2021

2024-08-25T10:07:14+02:00

Édito juin 2024 > Sport et religion

Avec l’arrivé de la flamme olympique à Marseille et l’ouverture prochaine des J.O. de Paris, nous entrons dans une période durant laquelle le sport et la rencontre des autres auront une grande place. Dans un contexte international traumatisé par les conflits, la violence, les guerres et les inégalités, oser la rencontre et prôner la fraternité a du sens et peut nous aider à comprendre que nous sommes dans l’obligation de vivre ensemble et d’être solidaires si nous voulons trouver des solutions durables pour offrir un avenir viable aux générations futures.

École de la vie
Le sport est aussi l’occasion de redécouvrir de beaux principes de vie, qui ne sont pas sans rapport avec les messages de fraternité, de solidarité et d’engagement que nous transmettent les religions. D’ailleurs, il ne manque pas de références sportives dans les écrits religieux et dans les grands textes fondateurs. Le dépassement de soi, l’effort, le courage, la concentration, l’entrainement, la joie de la réussite et du partage, le sens du collectif… tout cela peut nous aider à vivre et à comprendre le véritable sens de l’existence. S’il y a de la compétition, nous savons d’expérience qu’elle trouve son sens non dans la haine de l’autre – même si nous sommes hélas parfois témoins du dévoiement de ce beau principe et par des violences qui dénaturent l’esprit sportif à sa racine – mais dans l’émulation, pour donner le meilleur de soi-même.

Goût de l’effort
Avec le sport, nous découvrons que la facilité n’est pas bonne conseillère et que savoir se donner de la peine pour atteindre un objectif est source de joie et d’accomplissement. Nous vivons aussi cela dans la vie collective à l’Œuvre, en particulier pendant les camps, et tout spécialement lors des activités sportives ou des randonnées. S’il y a de la peine à faire des effort, il y a un grand bonheur à parvenir à un sommet ou un point d’étape qui nous semblait impossible à atteindre. Ce que nous expérimentons physiquement s’enracine profondément dans notre être et peut nous aider à vivre les grandes étapes et épreuves de notre vie. Quand l’impossible devient possible, alors on comprend ce que veut dire espérance et confiance.

Force du collectif
Avec le sport nous sommes aussi invités à découvrir la force du collectif. Même pour les épreuves individuelles, nous savons bien que c’est en équipe que l’on s’entraine, que l’on progresse, que l’on se stimule. Et pour les sports d’équipe c’est encore plus flagrant. Les qualités d’une équipe reposent sur les capacités individuelles, mais aussi et surtout sur la manière de collaborer, de se soutenir, de s’entraider et de trouver sa juste place en laissant l’autre trouver la sienne. C’est aussi ce que tout groupe et communauté découvre et met en place. Pour les chrétiens, nous parlons de « vivre en Église », dans le sens où nous comprenons que nous faisons partie d’un corps plus grand que la somme de nos individualités et que nous sommes chacune et chacun membres de ce corps, différents, complémentaires, unis sans être identiques.

Joie du partage
Cette force du collectif porte des fruits dans l’entrainement et l’émulation, mais aussi dans la grande joie de vivre ensemble. En cas de victoire c’est évident, mais même en cas d’échec ou de difficulté, le fait d’avoir vécu une expérience extrême avec d’autres, d’avoir traversé les étapes qui mènent à une rencontre décisive, nous fait rentrer dans une dimension particulière du sens de l’existence. C’est aussi ce que vivent les jeunes lors de leur passage à l’Œuvre et en camp. L’expérience de la vie collective, du partage, du service, de l’entraide et de la solidarité, peut fonder une vie tournée vers les autres et en capacité d’engagement.

Honnêteté
Le sport est aussi une école d’honnêteté. S’il faut toujours combattre la triche, l’anti-jeu ou le dopage, les authentiques sportifs savent bien que ce n’est pas par peur du gendarme et de la sanction que l’on résiste à ces facilités, mais parce que si l’on ne vit pas honnêtement sa démarche sportive, alors on passe à côté de ce qu’elle peut nous apporter. Une victoire en trichant n’a pas le même goût qu’une victoire honnête, ni même qu’une défaite en ayant la fierté de s’être donné à fond. Nous sommes souvent tentés par la facilité de la triche, mais nous savons qu’elle ne porte pas de fruit ; tout comme l’argent volé reste souvent de l’argent « sale », que l’on ne dépense pas de la même manière que celui qui a été gagné à la sueur de son front et dont on peut être fier.

Foi, espérance, charité
Le Christ, tout au long de son existence, a fait preuve d’une grande endurance, d’une honnêteté sans faille, d’un esprit collectif incomparable. Il a su passer le relais à d’autres, en leur faisant confiance, même au-delà de leurs échecs ou de leurs failles. En cela il nous ouvre un chemin de vie et nous donne à voir un visage de l’humanité qui peut nous inspirer… Dans les principes fondamentaux du sport on peut retrouver les vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité.

Olivier

2024-05-21T22:42:54+02:00

L’Évangile du mois de juin 2024

Nous lirons ce passage le dimanche 9 juin, le 10e dimanche du temps ordinaire.
À l’Œuvre, ce sera le dimanche des premières communions…

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

En ces temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. » Alors arrivent sa mère et ses frères. (…) Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »

Le contexte
Jésus revient à la maison. Elle se trouve à Nazareth, là où il a vécu une trentaine d’années avec sa famille. Il retrouve les siens après une première série de miracles effectués hors de sa ville natale et qui ont marqué les esprits. L’Évangile de ce jour est composé de deux épisodes qui évoquent les liens que Jésus entretenait avec sa famille.

Jésus étouffe
La première scène est particulièrement étonnante. Jésus est là et on ne peut même pas manger. C’est quand même incroyable, la plénitude du Royaume de Dieu, le Christ en personne est là et on ne peut pas manger ! Celui que Jean appellera le « pain de vie » empêche par sa présence à ses proches de pouvoir manger. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. De plus, sa famille ne reconnait pas en lui le Messie, mais le petit charpentier qu’il a toujours été à la suite de Joseph. La foule l’oppresse et le considère comme un faiseur de miracles, comme une bête de foire. Bref, le début de la vie publique de Jésus est ici mal perçu.
Cela devrait nous rassurer chacun dans nos missions respectives : parents, personnes consacrées ou en recherche, nous aimerions parfois que notre chemin soit plus facile, que nos familles soient plus conciliantes avec nous.

Tel maitre, tels fils…
Ne prétendons pas vivre autrement que notre Seigneur Jésus-Christ. Accueillons les embûches de nos vies pour ce qu’elles sont, sans leur donner trop d’importance. Si nous regardions plus souvent les plus petits que nous devons servir, nous relativiserions davantage nos contrariétés, nos difficultés dans la mission ou dans nos vies. Et avec nos familles, acceptons de parfois être incompris, une occasion de plus de grandir en humilité.

Il a perdu la tête
Sa famille se fait du souci, « il a perdu la tête » dit l’un de ses proches. Le raisonnement est simple : Jésus est de chez nous, il est donc à nous, il est donc pour nous. C’est un phénomène classique d’appropriation que nous vivons quand nous profitons d’un membre de notre famille pour obtenir un piston ou de l’argent. Or, les miracles les plus impressionnants n’ont pas été exécutés à Nazareth mais ailleurs. Une forme de déception atteint sa famille puisqu’à leurs yeux, il est de chez eux mais il les ignore.

Un nouveau critère de choix
Dans le deuxième petit épisode, Jésus élargit considérablement la notion de famille. Elle n’est plus liée à l’appartenance à un même arbre généalogique mais au partage de la même foi. Font partie de la famille de Jésus « ceux qui font la volonté du Père ». On peut comprendre la circonspection de son entourage et nous, la joie de faire partie de sa famille.

Didier Rocca

Le nom du mois : Nazareth
Que reste-t-il aujourd’hui de ce Nazareth du temps de Jésus ? S’il n’existe plus aucune maison datant de l’époque du Christ, les nombreuses grottes creusées à même la roche sont encore visibles de nos jours. Parmi elles, la « maison de la Vierge » et la grotte de l’Annonciation, des lieux bénis que la tradition célèbre depuis des siècles comme ceux des évènements rapportés dans les Évangiles.

2024-05-20T21:31:27+02:00

Édito mai 2024 > Dieu, Esprit saint

Durant le temps pascal qui s’étend sur cinquante jours après la solennité de Pâques que nous avons célébrée en grande pompe à l’Œuvre, nous avons l’occasion d’approfondir ce qu’implique cette fête de la victoire de la vie contre la mort, de l’amour contre la haine, de la paix contre la violence. La Pentecôte clôt ce beau temps liturgique en célébrant le don de l’Esprit saint aux apôtres, et par là même à tous les baptisés par le sacrement de la confirmation. Ainsi nous comprenons que nous sommes baptisés pour participer à la mission de Dieu, à savoir annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Dieu en nous
L’Esprit saint est une des trois « personnes » de la trinité, avec le Père et le Fils. Dieu est présent par sa force créatrice et recréatrice, que nous attribuons à la figure du Père ; il se fait proche de nous comme un frère pour partager notre vie, nous accompagner, nous ouvrir un chemin par sa vie offerte, ouverte, donnée en Jésus Christ, que nous appelons le Fils ; et enfin, par l’Esprit saint, nous comprenons que Dieu est présent en chacun de nous. La force d’amour de Dieu est agissante au cœur de toute existence humaine et c’est sa manière d’être au monde aujourd’hui que d’agir par nous. À bien y réfléchir, cela devrait nous donner le vertige, car nous comprenons que Dieu – qui nous connait, qui sait notre fragilité et que nous sommes parfois capables du pire – nous fait confiance : il sait que nous sommes aussi capables du meilleur et il compte sur nous pour que nous agissions afin que le monde corresponde à son projet de paix, de fraternité, de justice et d’amour.

Dieu compte sur nous
Nous comprenons aussi que si le Royaume de Dieu est en marche et grandit, cela ne peut se faire qu’avec notre collaboration. Dieu n’agit que par nos mains, nos vies, nos cœurs. Cela nous donne une responsabilité, car nous sommes invités à nous engager à transformer nos vies pour changer le monde. Nous avons tous à prendre notre part de la mission de Dieu. Heureusement, tout ne repose sur nos petites épaules, nous sommes avec d’autres, en groupe, en Église pour agir, et chacun, comme membre d’un même corps, peut trouver sa place et sa fonction afin de faire croitre ce corps et de rendre l’Église agissante pour faire grandir la justice, la fraternité et la paix.

Amour de Dieu
Cette manière de voir les choses nous permet d’appréhender la notion de « puissance de Dieu ». Elle n’est pas une puissance de magie, qui agirait sur les événements. Sinon tout se passerait parfaitement dans le monde, il n’y aurait pas de catastrophes naturelles, d’accidents, d’handicaps ou de maladies ; sinon Dieu serait un tyran ou un sadique qui déciderait que certaines personnes souffrent et que d’autres vivent dans la facilité. Et dans ce cas-là toute personne intelligente avec un esprit critique et une liberté de conscience arrêterait de l’adorer, et au contraire le détesterait, s’en méfierait et le combattrait. Ce n’est pas non plus une force qui nous obligerait à faire des choses contre notre volonté, sinon il n’y aurait plus d’injustice, ni de crime, ni d’inégalités, mais il n’y aurait plus non plus de liberté, nous serions réduits à êtres des marionnettes ou des animaux dans un troupeau ; ce qui fait notre dignité serait réduit à néant et nous tomberions dans la fatalité avec une vision du destin qui serait un chemin imposé. Ce n’est pas non plus une puissance judiciaire qui nous obligerait à faire des choses pour éviter une punition ou pour gagner une récompense, ce qui nous entrainerait dans le registre du mérite et du marchandage ; nos actions seraient alors calculées pour avoir une contrepartie, et l’amour de Dieu ne serait pas gratuit. Dans cette conception, Dieu ne serait pas tout puissant puisqu’il ne pourrait pas aimer ou sauver une personne qui ferait les mauvais choix ou poserait des actes mauvais. Non, la puissance de Dieu est une puissance d’amour et de pardon inépuisable et gracieuse. Rien ne peut l’empêcher de nous aimer et de vouloir le meilleur pour chacun de nous. Dieu ne cherche pas à nous punir mais plutôt à nous accompagner afin que nous ayons une vie qui soit belle et fructueuse.

Mettre l’amour au centre de nos vies
Cela transforme totalement la vision de nous pouvons avoir de la religion, de Dieu et de la relation que nous avons avec lui. Dieu est source de vie et d’amour. Il n’est pas un juge ou un père fouettard dont nous devrions avoir peur ou qui nous tendrait des pièges. Il n’est pas non plus un marionnettiste qui jouerait avec nous et qui déciderait de ce qui se passe dans nos vies. De ce fait, accepter Dieu dans sa vie, lui laisser de la place, le célébrer, décider de répondre à ce que nous comprenons de ce qu’est une vie de croyant et de pratiquant, c’est mettre l’amour au centre de sa vie et décider de vivre en cohérence avec cet amour que nous concevons comme reçu gratuitement et sans contre-partie. Quand on se sait aimé sans condition et que l’on a compris que cet amour nous accompagne pour traverser les événements de toute notre vie, alors on a envie de lui laisser toute la place, et on comprend que la seule manière de manifester cette acceptation, c’est d’aimer les autres, sans condition et gracieusement. C’est à cela que nous sommes appelés : laisser l’Esprit saint travailler en nous.

Olivier

2024-04-16T15:26:10+02:00

L’Évangile du mois de mai 2024

Lecture des Actes des Apôtres

Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

Le contexte
Nous ne lisons pas ce mois-ci une page d’Évangile mais un passage des Actes des Apôtres, deuxième tome des écrits de Luc, l’évangéliste qui raconte ce jour si particulier au cours duquel est née l’Église…

Pentecôtes
En ce jour de Pentecôte, il y avait du monde à Jérusalem… Normal, de nombreux juifs étaient venus en pèlerinage à Jérusalem pour célébrer cette fête (voir mot du mois). Les disciples étaient réunis tous ensemble. Pour décrire cette expérience unique, Luc convoque des images bibliques bien connues, le feu, le vent. Surtout, il nous dit que les apôtres se mirent à parler en d’autres langues. Arrêtons-nous sur cela : parler la langue de l’autre… Parfois, nous sommes de la même famille, de la même communauté et nous sommes incapables de nous comprendre. L’Esprit Saint nous donne de parler et d’entendre la langue de l’autre. Il nous délivre des incompréhensions liées au langage. Quelle Bonne Nouvelle !

Venus de si loin…
Le récit de Luc détaille l’origine géographique des pèlerins. Certaines régions sont des points chauds du globe : Soudan, Syrie, Ukraine, Libye et j’en passe. Comment ne pas être touché par l’actualité de ces contrées d’Europe et du Proche Orient ? Se pourrait-il que l’Esprit Saint permette à tous les habitants de ces régions de se parler et même de se comprendre ? Non pas avec une même langue comme à Babel. Mais que chacun puisse se faire comprendre dans la langue de l’autre. On imagine les conséquences dans la vie du monde : une paix durable, une fraternité retrouvée. Ce migrant trouvera-t-il un Crétois parler sa langue pour lui permettre d’envisager un avenir meilleur ? Ce réfugié ukrainien pourra-t-il dialoguer dans sa langue avec un Égyptien pour lui redonner courage ? De la même manière, dans tous les conflits, qu’ils soient entre personnes ou entre États, saurons-nous nous montrer dociles à l’Esprit Saint pour parler et entendre la langue de l’autre ?

Tous, nous les entendons parler dans nos langues les merveilles de Dieu
L’Esprit Saint n’agit pas individuellement. Il souffle sur tous. Effectivement. Mais il ne peut être reçu que par chacun. Si comme le note Luc, certains se moquent et prennent les apôtres pour des ivrognes, soyons, grâce à l’Esprit Saint, frères en humanité de ces pèlerins du monde entier. Si notre monde manque de quelque chose, c’est surtout de fraternité, de solidarité, d’amour vécu concrètement. Que l’Esprit Saint en ce jour de Pentecôte nous fasse devenir vraiment des frères à l’image du Fils de Dieu fait homme qui s’est fait frère !.

Didier Rocca

Le nom du mois : Pentecôte
Pour les juifs, Pentecôte renvoie au don de la Loi sur le mont Sinaï sur des tables de pierre grâce à Moïse.
Pour les chrétiens, Pentecôte rappelle le don de l’Esprit au Cénacle dans le cœur de chacun.

2024-04-16T15:28:39+02:00